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La vie de Chopin en musique, voyage au cœur des sonorités musicales de Chopin

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Dans le bel écrin de la cours intérieure du Château de Valmousse situé du côté de Lambesc, dans l’arrière-pays aixois, quelques notes du Nocturne en do dièse mineur s’envolent du piano. C’est la fin de journée : nous est présenté dans ce lieu magique  ‘Chopin, une vie en musique’, spectacle mêlant théâtre et musique brossant l’histoire du plus romantique des compositeurs tant dans son œuvre que dans son vécu.

Côté jardin, Alexandra Lescure, concertiste, vêtue d’un manteau à capuche noir fait glisser ses doigts agiles sur l’instrument : elle sera George Sand, également les muses de Chopin. Côté cours, Etienne Kippelen, professeur et musicologue, assis dans un fauteuil XIXème, face à une table surmontée d’un encrier et d’une plume bordant une feuille blanche, et d’une lampe de chevet, se lève : « j’ai 38 ans, il me reste un an à vivre » s’exclame-t-il en préambule d’une voix puissante et chaude, nous transportant dans l’univers du compositeur. Chopin, c’est lui !

Vêtu d’un manteau beige et d’un frac crème, il nous confie ses interrogations et ses hésitations, la nostalgie de sa Pologne natale, ses doutes et ses craintes, sa passion pour George Sand et sa jalousie irrépressible, ses joies et ses réussites, ses rencontres avec les plus grands : Delacroix, Musset ou Lamartine. Nous sommes à Paris, à l’époque de la Restauration, dans les salons où musiciens, poètes et peintres se retrouvent. Il devient célèbre avec ses Mazurkas, Polonaises et Valses, il est adulé dans les salons.

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George Sand, vêtue à la garçonne, est là : celle qui aime les plaisirs de la chair a de multiples amants et Chopin tombe immédiatement sous le charme de l’aventurière féministe, amoureux transi que la jalousie mine et embarrasse, le plongeant dans un état de mélancolie furieuse : la scène où le comédien prend la plume et se met à griffonner le papier d’une blancheur étincelante parle d’elle-même, également quand debout face public, ses mains se tordent dans un signe de colère contenu, son corps longiligne tressautant d’une rage blanche. On parle du couple en les accueillant d’un « Monsieur Sand et Mademoiselle Chopin » ironique. De quoi agacer Chopin et plaire à George.

La présence magnifique d’Etienne Kippelen, son charisme, son jeu tout en finesse et justesse, la précision de ses gestes et postures, ses déplacements millimétrés, son articulation parfaite, tout concourt à la réussite de son étonnante et exaltante -voire exaltée parfois- incarnation du compositeur auquel il prête ses traits anguleux et sa grande taille, quelques traits d’humour bienvenus ponctuent ses textes d’allusions à notre époque. Le public se prend d’empathie pour Chopin le souffreteux et écoute le récit de sa vie, de son exil et arrivée à Paris à son voyage à Majorque où il tombe gravement malade en passant par la leçon de piano donnée à une jeune pianiste et sa rencontre avec Sand.

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La scène de la leçon de piano est superbement mise en scène et Alexandra Lescure se plaît à jouer l’élève espiègle qui aimerait séduire le maître, minaudant au piano avec ses doigts mutins. Elle n’est pas en reste lorsqu’elle interprète voluptueusement une Sand cabotine et séductrice qui fait tourner la tête aux hommes.  Alexandra déploie une palette de jeu éclatante, exprimant toutes les nuances des mélodies de Chopin avec grâce, agilité, finesse et sensibilité au piano : l’émotion qui transpire de son interprétation est magnifiée par le jeu théâtral qui sert merveilleusement la musique.

Au fur et à mesure que la nuit tombe, le spectateur plonge toute ouïe dans les méandres du romantisme, les notes envoutantes s’entrelaçant et s’imbriquant avec intelligence au récit de la vie de Chopin. Le pari de faire se rencontrer texte et musique, de marier récit théâtralisé d’une vie et compositions musicales, est ici habilement réussi : les mots répondent aux notes et le jeu théâtral se confond pour mieux se fondre avec la musique.

Le public hypnotisé s’immerge avec délectation dans cet univers qui nous rappelle ô combien la musique est la flamme de la vie, éclairant notre désespérance de sa beauté infinie, dépassant toute raison et morale pour ouvrir notre imagination vers les émotions les plus pures et soulager notre âme humaine torturée dans l’extase de l’éternité d’un instant. Inoubliable. Diane Vandermolina

‘’CHOPIN UNE VIE EN MUSIQUE’’

De et avec : Alexandra Lescure (piano et jeu) et Etienne Kippelen (jeu)

d’après des textes de Chopin, Sand, Liszt, Musset, Verlaine/ Mise en scène : Myrtille Buttner

Programme (1h20)

Etude n°12 opus 10

Prélude n°20

Scherzo n°2

Nocturne en do dièse mineur, opus posthume

Valses opus 64

Mazurkas opus 17 n°4 et opus 6 n°2

« Marche funèbre » de la Sonate n°2

BON A SAVOIR

Le château accueillera par ailleurs dans les mois qui suivent une résidence de jeunes artistes issus des conservatoires et écoles de musique pour préparer un spectacle pluridisciplinaire à l’adresse des collégiens du département, résidence placée sous la houlette d’Alexandra Lescure et d’Etienne Kippelen.

Rmt News Int • 11 octobre 2021


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