RMTnews International

The culture beyond borders

Mars en Baroque : conférence sur le thème Imaginaire héroïque et amoureux (27 juin, 15h30)

Share Button

Dans le cadre du festival Mars en Baroque qui débute le 16 juin et s’achèvera le 5 juillet, la Salle Musicatreize, 53, Rue Grignan, 13002 Marseille accueillera Benito Pelegrín. Ce dernier proposera une conférence sur le thème IMAGINAIRE HÉROÏQUE ET AMOUREUX le 27 juin à 15h30 (Entrée libre). Le soir, à 19 heures, en l’église Saint-Théodore, 3, Rue des Dominicaines, 13001-Marseille, Imaginario, le concert de María Cristina Kiehr, accompagnée par Ariel Abramovich à la vihuela, clôturera la journée dans des airs de la Renaissance espagnole.

La forge d’un peuple en chansons.

        Au Moyen-Âge, toute l’Europe connaît des chansons de geste, chantées et récitées, qui se fragmentent en courtes ballades. Mais l’Espagne est le seul pays à perpétuer la pratique de ces brefs romances castillans, à les conserver par l’imprimerie : le Romancero. Le Siècle d’Or porte ces romances théâtraux comme le romancero du Cid, sur la scène. Théâtre national et populaire où se retrouvaient toutes les classes de la société, unies ou uniformisées ainsi par une même idéologie contradictoire : religion catholique du pardon et religion de l’honneur et de la vengeance. Des héros exemplaires sont offerts à l’admiration et à l’identification du public. Dont des figures altières de femmes, telle Chimène, demandant au roi Ferdinand la tête de Rodrigue :

Roi qui ne fait la justice

Ne devrait jamais régner,

Ni manger sur nappe blanche,

Ni avec la reine coucher. […]

Ni voir grandir sa lignée.

Ou Rodrigue, refusant le baiser d’allégeance au roi Alphonse s’il ne jure solennellement en public et devant Dieu de n’avoir pas trempé dans l’assassinat de son frère dont il hérite la couronne de Castille :

 —Pour baiser la main d’un roi,

Je ne me sens honoré ;

Si mon père l’a baisée,

Je me sens déshonoré.

       Parallèlement, les Cancioneros, avec un même succès, cultivaient des villancicos, des villanelles, verdoyant et ravissant versant populaire, souvent irrévérencieux, telle cette chanson qui, aux pressants galants de nonne oppose la nonnain aguicheuse :

—Ne me les montre plus

Car tu me tues !

La nonne était dans le parloir,

Ses blancs tétons sous le voile noir.

— Arrêtez !

Vous me tuez !

      Ces refrains émaillaient aussi le théâtre qui offrait de la sorte, à l’Espagnol, des modèles de conduite, un code de l’honneur, un art de vivre et un savoir vivre héroïque et galant. Les chansons nobles perpétuaient le culte de l’amour courtois, qu’on appellera en Europe « L’amour à l’espagnole », que regrettent Mesdames de Sablé et de Sévigné, et dont témoignent des airs chez Molière, Campra, Hændel, Rameau. Sœur Juana Inés de la Cruz en exprime le paradoxe masochiste dans un sonnet à sa bien-aimée María Luisa, Vice-reine du Mexique :

J’idolâtre Lysi mais point je ne prétends

Que Lysi puisse un jour répondre à ma tendresse,

Car juger accessible le corps d’une déesse

Injurie son respect et l’ardeur que j’en sens.

Ne point prendre jamais est ce que j’entreprends

Car je sais qu’en regard d’une telle maîtresse

Nul prix ne suffirait ; et c’est grande faiblesse

Que d’agir à rebours de ce que je comprends.

Sa vertu est pour moi d’essence si sacrée,

Espérer la fléchir est une telle injure

Que, s’il devait un jour advenir que, moins pure,

Plus sensible à mes feux, elle cède, je crois,

En voyant sa beauté aussi mal employée,

Que j’aurais des regrets de la savoir à moi.

                                                                          (Traductions B. Pelegrín)

La conférence sera illustrée d’extraits de romances et d’airs chantés par Victoria de los Ángeles. B.P.

 Plus d’Infos sur le programme : MARSENBAROQUE

Rmt News Int • 9 juin 2021


Previous Post

Next Post