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The culture beyond borders

Pour la Culture et les arts

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Voici trois semaines que nous sommes confinés en raison de l’épidémie de COVID19 qui secoue le monde. Face à l’arrêt de nombreuses activités jugées non essentielles, les inquiétudes légitimes sont légions et le monde de la Culture n’y échappe pas.

Qu’il s’agisse des intermittents du spectacle inquiets du renouvellement ou non de leur droit, des structures culturelles dont les charges fixes non compensées par d’éventuelles recettes grèvent des budgets déjà contraints, des organisateurs d’événements ou de festivals qui ne savent où aller faute de directive étatique allant ou non dans le sens d’une annulation des manifestations culturelles estivales dont les répercutions en région PACA seraient terribles en terme économique et touristique.

Bref, nous sommes face à beaucoup de questions et si peu de réponses claires en dehors d’une poignée de mesures d’urgence décidées récemment que ce soit le report de la date anniversaire pour les intermittents ou encore le recours à une aide pour les associations culturelles quel que soit leur domaine artistique. Pour en savoir plus, il suffit de consulter les sites du Ministère de La Culture, des Dracs, des Régions, des Départements, des Villes, du Pôle Emploi, d’Audiens, du Sinavi, du Pam, de La Sacem, de La Sacd… dont vous dépendez selon votre situation et là encore, j’en oublie.

Je ne sais de quoi l’avenir de notre culture sera fait, ni comment le monde culturel tel que nous le connaissons survivra à cette longue période d’inactivité et aux pertes financières coextensives à cette inactivité, mais je sais une chose : la culture et l’art survivront à cette épidémie comme les œuvres d’art et les livres ont survécu à l’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie, aux autodafés et autres destructions perpétrées par la main de l’homme au fil des siècles.  La question n’est pas celle de la fin de la culture et des arts –leur diffusion se poursuit déjà sur la toile à grands renforts de partages sur les réseaux sociaux et d’initiatives originales et gratuites- mais celle de la fin de notre modèle culturel français tel qu’il est.

Ce qui inquiète à juste titre les artistes, structures et opérateurs culturels de France est la potentielle remise en cause d’un système de soutien à la création artistique qui permettait aux artistes de pouvoir se consacrer à leur art sans s’inquiéter d’avoir à travailler à côté. Cela est vrai pour la culture adoubée par les tutelles et les artistes en relevant, bien moins pour les structures et artistes ne faisant pas partie du sérail (et ils sont légions, mais ici, tel n’est pas le propos). Cette image idyllique véhiculée permettait à la culture française – ah ! La fameuse exception française- d’être un modèle d’exemplarité à suivre et dont certains pays à l’instar de Taïwan s’inspirent.

Ce modèle imparfait certes mais unique survivra-t-il à la crise que nous connaissons ou la culture ne sera-t-elle qu’une variable d’ajustement lorsque le pays se remettra en marche, et là, ce système risque de se désagréger pour le plus grand malheur de tous les acteurs culturels du pays. Car même si ce modèle dans le choix de l’attribution des aides peut être largement perfectible afin d’être plus équitable entre tous ceux qui participent à la culture – nous savons que, ce choix est souvent pensé dans un entre soi excluant ceux qui de naissance ou de fait ne font pas parti de l’élite culturelle, n’ayant pas travaillé avec un tel ou une telle – s’il disparait, ce serait la fin d’un grand nombre d’organisateurs de spectacles, de structures et d’artistes.

Alors, peut-être qu’avant de penser au pire, nous pourrions nous interroger sur la culture et les arts que nous souhaitons offrir en partage aux générations futures. Voulons-nous leur laisser une image d’une culture nombriliste et boursoufflée réservée à une seule élite de connaisseurs ou celle d’une culture aseptisée visant à abrutir le petit peuple ? N’y a-t-il entre ces deux extrêmes qui représentent tous deux une culture d’Etat (c’est-à-dire imposée par nos gouvernants et voulue par eux en notre nom sans nous consulter) une culture véritablement populaire, originale et plurielle, faisant appel à notre intelligence et à nos émotions que nous pourrions tous partager et apprécier ? N’est-ce pas cette culture que nous devrions soutenir plus et faire fleurir au lieu de la délaisser? Celle-là même que portent de nombreux artistes sans prétention, qui œuvrent dans l’intimité et la confidentialité, et qui ont pourtant tant de choses à nous transmettre si nous prenions la peine de les mettre en lumière.

Mon propos ne signifie pas d’exclure quelle que culture que ce soit mais plutôt penser une répartition plus équitable des aides entre les différentes cultures existantes sans privilégier l’une au détriment de l’autre ni mépriser l’une au profit de l’autre. Recomposer une culture et des arts plus fraternels, pour tous, avec tous. DVDM

Rmt News Int • 7 avril 2020


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