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The culture beyond borders

L’arbre qui cache la forêt

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Le Théâtre du Petit Matin tourné vers l’écriture contemporaine et le dire des femmes fermera définitivement ses portes au 31 décembre 2019. Créé par Nicole Yanni en 1986, le petit théâtre a accueilli de nombreux artistes régionaux et offert son plateau à des auteurs de talent, parmi eux Fabrice Melquiot pour ne citer que lui. Pourtant, au lendemain de l’année capitale de la culture, à l’instar de nombreux petits lieux marseillais,  le TPM a perdu les maigres subventions que lui donnait la ville de Marseille au nom d’une politique culturelle tournée vers le divertissement plutôt que la culture.

Divertissement versus Culture

Elles sont nombreuses les structures culturelles qui ont pâti des choix politiques d’une Mairie plus encline à subventionner de grands événements : ces derniers sont fort couteux (citons le cas de la Redbull Crashed Ice) mais leur forte valeur ajoutée (en termes de valorisation de l’image de Marseille) contribue au rayonnement symbolique (voire économique) de la ville et MP2013 a accéléré ce phénomène. La soirée du concours Miss France 2019 au Dôme ce 14 décembre dernier -retransmise en live à la TV- n’est que la suite logique de cette politique où des événements tape-à-l’œil (citons MPG2019 qui vient de s’achever…) mis en avant avec une débauche de moyens (feux d’artifice, grands rassemblements festifs et tout le toutim) et à grands renforts de publicité (matraquage en règle avec le concours des médias) est préféré aux actions certes de moindre envergure en terme de retombées médiatiques, plus confidentielles, mais à haute valeur sociale et culturelle.

La fermeture du TPM, un énième lieu qui tire le rideau

Une bonne demi-douzaine de théâtres ont mis la clé sous la porte depuis 2013 : le Off-4èmeMur, le Carpe Diem, l’Athanor, le TCM, le théâtre de Tatie et maintenant le TPM…  sans oublier ceux qui ont changé de main et de mission, le Gyptis devenu un cinéma et les Bernardines accolées au Gymnase, voire le Lenche devenu une salle du théâtre de la Joliette.  En l’espace de 6 ans, Marseille a perdu au bas mot une dizaine de lieux de culture qui n’ont pas été remplacés par l’ouverture de nouveaux espaces. Et nous ne parlons ici que des théâtres….

A quand une mobilisation générale des acteurs de la culture pour une meilleure répartition des dotations ?

Car avec l’argent de nos impôts mis dans le concours de Miss France 2019, combien de petits théâtres auraient pu avoir de quoi payer son loyer annuel et/ou ses factures d’électricité ? Les petits lieux ne réclament pas des sommes incroyables mais de quoi pouvoir sortir la tête de l’eau afin de mieux travailler à leur mission de démocratisation de l’art, chacun dans son domaine de prédilection. Et si tous ces lieux faisaient route solidairement face à la mairie pour réclamer un peu de considération ? Le Toursky a réussi ce tour de force* et son exemple montre que la lutte peut s’avérer payante.

Il serait aujourd’hui plus que souhaitable que tous les acteurs culturels se rassemblent au-delà de leurs divergences et de leurs égoïsmes afin de forcer les édiles à prendre en considération leur travail et développer une politique culturelle digne de ce nom, à l’image de la diversité des français qui au-delà de leurs différentes appartenances culturelles, sociales et professionnelles, luttent contre la réforme des retraites. D’autant plus que les élections municipales approchent à grand pas.

DVDM

*Nous avons suivi la lutte du Toursky que vous pouvez retrouver ici : http://mprovence.com/recit-combat-culture-theatre-toursky/

 

Rmt News Int • 18 décembre 2019


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