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The culture beyond borders

Une rentrée 2016 en demi-teinte

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Après une trêve estivale de courte durée, voici venu le temps de la rentrée… Une rentrée teintée de morosité pour certains lieux qui -à l’image du Lenche en cours d’absorption par le théâtre de la Joliette- ne peuvent proposer une saison 2016/2017 complète, faute de subsides.

Vous avez sûrement pris connaissance cet été de la pétition lancée par un habitué du Lenche ainsi que des articles parus dans les journaux locaux sur cette fusion Lenche-Minoterie, arguant que la ville de Marseille au nom de la mutualisation des moyens  a préféré confier la direction du Lenche aux directeurs de la Joliette plutôt qu’à Guy Robert, un ancien de la Minoterie par ailleurs, désigné comme successeur à la tête du Lenche par son créateur, Maurice Vinçon lui-même, en septembre 2015! Or le Lenche, le Mini théâtre et la Friche du Lenche, c’est -à quelques sièges près- une jauge pouvant accueillir 190 spectateurs sur les trois espaces. Et ce n’est pas rien dans une ville comme Marseille qui compte pléthore de salles de 49 places…

Pour mémoire, le Lenche est une structure vieille de plus de 40 ans, pouvant s’enorgueillir d’une reconnaissance par les médias de la qualité de ses actions et de ses projets théâtraux, avec un soutien marqué aux jeunes créateurs et un travail de fond effectué dans le domaine du théâtre amateur, face à un public fidèle et mélangé. Alors que va-t-il advenir de ce lieu ? Les deux annexes théâtrales vont-elles fermer ? Et que vont devenir les salariés du Lenche au sein du pôle Lenche-Joliette ? Ces questions se posent avec d’autant plus d’acuité que les tutelles ne verseront pas un centime de plus à la nouvelle structure en dehors des subventions réduites et/ou stagnantes déjà votées.  En effet, cette année, une baisse drastique des subventions allouées au Lenche et à ses deux annexes théâtrales a été votée par le Conseil Départemental, dirigé par Martine Vassal.

Nous assistons –encore- à la fin annoncée d’un lieu « mythique » marseillais qui n’existera plus tel que nous le connaissions. En un sens, il rejoint d’autres lieux qui, à l’image du Carpe Diem (toujours dans le même secteur du 2/3), ont fermé leur porte faute de soutien des tutelles. Et ce, même s’il ne ferme pas stricto sensu. La ville de Marseille et consorts, après avoir confié la direction des Bernardines à Dominique Bluzet en charge du Gymnase, du Jeu de Paume et du Grand Théâtre de Provence, et poussé le GRIM et le GMEM à fusionner, installés désormais à la Friche belle de Mai, continue ainsi sur sa lancée avec le Lenche et le théâtre de la Joliette au nom d’une mutualisation des moyens (entendez plutôt : économies de moyens ) qui n’est en rien synonyme de Fédération ni même un gage de Diversité en terme d’offre culturelle.

La vie théâtrale marseillaise « officielle »* risque fort à moyen et long terme de ressembler à un désert culturel où les spectateurs auront le choix entre les mêmes têtes et les mêmes artistes, dans des espaces différents gérés par une poignée de personnes qui, au fil de l’usure du temps, proposeront in fine les mêmes spectacles. Seule fusion réussie à ce jour, celle de l’Odéon et de l’Opéra de Marseille, ces derniers ayant déjà eu une histoire commune de longues années durant. Fort heureusement, il nous reste les petits théâtres où il est encore possible de faire des découvertes mais aux vues de leurs difficultés financières, la question de leur survie dans les années à venir se pose encore plus cruellement.

Alors, oui, la rentrée est belle et bien morose et l’heure est grave !  Car, avec cette création de monopoles qui diminuera de facto la pluralité de l’offre culturelle, cette dernière se réduira peu à peu à peau de chagrin. Sans une culture digne de ce nom où s’exprimeraient un foisonnement de propositions artistiques et d’œuvres diverses, qu’adviendra-t-il de notre humanité déjà bien écornée par la montée des extrémismes en tout genre ? DVDM

*par officielle, j’entends l’offre culturelle proposée par les lieux de spectacles adoubés et reconnus par les tutelles et les médias tels que les théâtres nationaux, les scènes nationales, les théâtres municipaux ou les structures de plus de 80 places largement subventionnées par les tutelles.

Rmt News Int • 8 septembre 2016


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