RMTnews International

The culture beyond borders

‘Voy’, le bien-nommé

image_pdfimage_print
Share Button

VOY Au delà des mots
Véronique Truffot/Tao Ye
Durée 1h/tout public
Cité de la musique 4 rue Bernard Du Bois 13001 Marseille
Création Européenne 21 et 25 Janvier 2011 20h30

‘Voy’, le bien-nommé

‘Voy, au-delà des mots’, plus qu’une banale création artistique, est la réelle expression d’une rencontre entre deux arts, deux personnes, deux cultures et deux univers distincts. Le spectacle -présenté à la cité de la musique la troisième semaine de janvier à l’occasion d’une quinzaine dédiée à la Chine- est la résultante de la collaboration entre une artiste française, Véronique Truffot, et un artiste chinois, Tao Ye.

La compositrice propose un voyage sensoriel dans les tréfonds de l’âme humaine, sans paroles : des sons, bruitages et onomatopées servent de fil conducteur à la danse de Tao Ye. Le jeune danseur chorégraphe chinois au professionnalisme indéniable offre à découvrir une danse contemporaine asiatique très corporelle, proche par endroits du Hip hop, rappelant aussi les arts martiaux chinois – notamment dans la gestique et les mouvements des bras. Le duo nous plonge dans un univers sensible et subtile, laissant échapper des solos, autant d’hommages à la beauté du piano de Véronique ou à la souplesse incroyable des acrobaties de Tao. Des instants de grâce bienvenus, renforçant, complétant et amplifiant le sentiment d’harmonie qui se dégage du travail des deux artistes.

Véronique, au piano, effleure les touches, les caresse et les bouscule, dans une envolée lyrique envoutant le spectateur, le transportant vers un monde dans lequel derrière le soupir tourmenté et fébrile de la maturité, le spectateur entrevoit la légèreté enjouée et cocasse de l’enfance, latente en chacun de nous. Une interprétation magistrale, émotionnellement puissante, poignante, ne laissant place à aucune improvisation. Tous les mouvements et gestes du danseur, quant à eux, ont été pensés et réglés au millimètre prêt. Une précision et maîtrise des acrobaties et enchainements épatantes. Tao fait ici preuve de créativité lorsqu’il laisse apparaitre, de derrière le rideau noir de jais, son pied, comme sorti de nulle part, pour mimer les bruitages enfantins de Véronique – passage délicieux et jouissif- ; voire de théâtralité, quand il apparait vêtu d’une veste noire, allant et venant tel un amant en cavale.

Hélas, les mouvements et chorégraphies deviennent redondants du fait de la répétition de certains gestes et enchainements. De même, cette création -dont les lumières sont pourtant en totale adéquation avec le son et l’image- souffre d’un trop grand nombre de noirs – certes liés aux changements de costumes du jeune danseur-, en altérant le rythme. Un petit bémol qui ne vient pas entacher la qualité de ce spectacle original pouvant dérouter un public peu habitué à ce mélange d’arts venus d’Extrême Orient et d’Occident, servi par la musique singulière de Véronique. Le spectateur peut s’étonner d’un manque de chorégraphie – et pour cause être la notion de danse en Asie est fort différente de celle développée en Occident- et/ou d’un excès de piano – ce dernier étant quasiment omniprésent sur scène à l’exception du solo de Tao.

Ceci dit, le spectacle a reçu un accueil formidable du public enchanté par cette complicité palpable sur scène, connivence de deux êtres dont les arts se complètent merveilleusement bien. Un accord exemplaire à saluer, s’achevant par un mouvement d’une ingénuité touchante, expression d’une candeur émouvante, quand Tao prend Véronique par les mains – les lui ôtant délicatement du piano – pour la faire venir sur l’avant scène, tous deux escortés d’une nuée d’applaudissements enthousiastes. DVDM

Rmt News Int • 28 janvier 2011


Previous Post

Next Post