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The culture beyond borders

VOY Au delà des mots

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VOY Au delà des mots
Véronique Truffot/Tao Ye
Résidence Cité de la musique Marseille 17-21 janvier 2011
4 rue Bernard Du Bois 13001 Marseille
Création Européenne 21 et 25 Janvier 2011 20h30
Renseignements : 04 91 39 28 28

Deux semaines avant le nouvel an chinois – qui aura lieu le 3 février et placera cette année 2011 sous le signe du Lapin-, la cité de la musique organise une quinzaine dédiée à la création chinoise, entre tradition et modernité. Elle accueille en résidence le jeune chorégraphe-danseur Tao Ye et la compositrice-pianiste Véronique Truffot. Ces derniers se sont rencontrés lors d’une première création à Pékin du spectacle « VOY, au-delà des mots ». Leur présentation est suivie le 28 janvier (20h30) d’une rencontre autour de la musique chinoise traditionnelle servie par une conférence et un concert d’artistes chinois et français en résonnance avec la calligraphie, la peinture. Une exposition d’instruments est par ailleurs visible dans le hall de la Cité de la musique.

Voy, au-delà des mots : une création qui dépasse les frontières du langage et les différences culturelles

Véronique Truffot, compositrice et pianiste depuis une vingtaine d’années, a redécouvert le piano, qu’elle avait délaissé après ses études au conservatoire d’Aix en Provence, grâce à un professeur de chant extraordinaire. En effet, Véronique soucieuse d’exprimer ses émotions dans une langue universelle sans pour autant déflorer ce qu’elles ont de plus intimes et personnelles a choisi de travailler une forme de chant particulier. A l’instar du babillage des bébés, les sons qu’elle émet ne sont ni des mots ni des paroles mais des onomatopées et autres bruitages accompagnant avec justesse les notes qu’elle égrène au piano. ‘ Je souhaite partager l’intensité de l’émotion et les mots orientent souvent vers une interprétation qui n’est pas toujours voulue. Les onomatopées permettent de rentrer dans l’émotion par la bonne porte et je reste très attachée à la mélodie, à laquelle peuvent se rattacher les auditeurs.’ D’où ce choix volontaire de l’artiste qui suggère une mélodie universelle et permet une compréhension immédiate des émotions qu’elle laisse transparaitre dans ses compositions.

La barrière de la langue s’estompe et disparait au fil de l’écoute de son œuvre composée en 2006 puis réadaptée en juin 2010 à l’issue de sa rencontre avec le jeune chorégraphe chinois de 25 ans – dont elle avait vu le travail sur You Tube, magie des nouvelles technologies- lors d’une résidence en Chine, à La Plantation, lieu dirigé à Pékin par Philippe Bouvier. Une rencontre issue du hasard. Une rencontre providentielle. ‘Dès qu’il a commencé à improviser et danser sur ma musique, il en a tout de suite saisi le sens. Une compréhension immédiate. Les barrières de la langue- il parle peu anglais- se sont effacées et cette rencontre m’a confortée dans l’idée que l’art n’a pas de frontières, qu’au-delà des différences culturelles, au-delà des mots, nous pouvons nous comprendre et travailler ensemble.’ C’est par ailleurs le fil conducteur de cette création. Une création traversée par des émotions profondes et puissantes, tristes et ‘dark’ – pour reprendre l’expression de Véronique-, des émotions qu’elle travaille, qui l’envahissent, qu’elle vit pour mieux s’en vider, afin de mieux les coucher sur sa partition. Un exercice d’écriture mêlant improvisation, ressenti et réécriture pour offrir au public une musique des plus touchantes et d’une intensité rare.

Une création alliant avec art et goût la musique et la danse contemporaine

Tao Ye, jeune artiste chinois, originaire de Chongqing, désormais grande métropole chinoise, au centre du pays, bordant la rivière Yang-Tse, fait parti de la centaine de danseurs contemporains que compte la Chine aujourd’hui. Après avoir fait parti de la Shanghai Army Song & Dance, de la Jin Xing à Shanghai puis de la Beijing Modern Dance Company- la plus réputée en Chine-, il a créé sa propre compagnie de Danse, en 2008, le Tao Dance Theater. Sa vocation pour la danse lui est venue l’âge de 12 ans lorsqu’il regardait une émission sur le yoga. Étonné par l’extrême souplesse de l’artiste, il a essayé de reproduire les mouvements et s’est rendu compte de la souplesse de son corps, héritée de sa mère, ‘une très belle femme, avec une belle voix et un corps parfait de danseuse’. Auparavant, comme tous les enfants en Chine, leur formation scolaire dès 4 ans les amenait à côtoyer les arts : danse, art martiaux… mais cette émission et la création d’une école de danse dans sa ville ont bouleversé sa vie.

‘Ma grand mère était haute fonctionnaire et ne voulait pas que je rentre dans cette école. La danse était considérée comme un art féminin, ce n’était pas pour les garçons. Mais la famille de mon père était versée dans les arts martiaux. Il y avait un coté pour, un coté contre et je sentais que je devais exploiter mon don. De plus, je ne supportais plus les disputes de mes parents. Il fallait que je parte de chez mes parents. Cette école avait un internat, c’était une occasion de fuir les violences familiales et les punitions. Elle était très chère : c’était un gros sacrifice pour ma famille mais ils m’ont laissé le choix, ils m’ont demandé mon avis.’ C’est ainsi que le jeune homme a réalisé ‘le rêve de sa mère et le regret de sa grand-mère. La danse est un choix du destin, c’est la danse qui m’a choisi, ce n’est pas un choix personnel’ ajoute-t-il.

Un destin providentiel qui a permis au jeune homme de se faire un nom et d’exercer son art avec talent. Sa danse très corporelle se rapproche par instants du Hip Hop, danse urbaine qu’il n’a pourtant jamais étudiée. Son corps suit avec souplesse et harmonie les notes distillées par Véronique, sa danse ouvre un dialogue quasi fusionnel avec la musique. Une création à découvrir jusqu’au 25 janvier à la cité de la musique. Réservez vite ! DVDM

Rmt News Int • 21 janvier 2011


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