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Le Festival d’Art Lyrique de Salon-de-Provence célèbre le Centenaire de Maria Callas

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Le Festival d’Art Lyrique de Salon-de-Provence, dans sa 18ème édition, s’apprête à rendre un vibrant hommage à l’une des plus grandes artistes lyriques de tous les temps : Maria Callas. Du 10 au 13 Août 2023, cet événement d’exception prendra ses quartiers au majestueux Château de l’Empéri – Cour Renaissance, Montée du Puech, Salon-de-Provence, pour des soirées qui s’annoncent empreintes d’émotion et de magie musicale.

Le festival, placé sous la direction éclairée de Jacques Bertrand, fondateur s Bertrand, qui se définit comme un homme de l’ombre, s’est entièrement dédié à honorer la mémoire de Maria Callas, la cantatrice grecque légendaire, à l’occasion du centenaire de sa naissance. Dans ce cadre enchanteur à l’acoustique exceptionnelle, véritable boite à musique dans un écrin somptueux, les amateurs d’opéra auront la chance de vivre des moments uniques, célébrant le talent inégalable de cette diva aux talents multiples.

Rencontre avec Jacques Bertrand, fondateur du Festival International d’Art Lyrique de Salon

 A l’occasion de cette édition anniversaire en Hommage à la Callas, nous avons eu l’immense honneur de nous entretenir avec Jacques Bertrand, fondateur du festival à la carrière bien remplie, producteur pendant 30 ans, ancien directeur du théâtre de la Colonne à Miramas. Le passionné d’Opéra travaille depuis un an à la réalisation de cette édition exceptionnelle qui espérons-le trouvera son public.

En effet, le festival souffre de l’après-covid, les amateurs d’art lyrique se font moins nombreux et se déplacent bien moins qu’avant la pandémie. Sur les 450/500 fauteuils, « on a du mal à avoir 250 personnes, on a divisé par deux. J’espère que cette année sera meilleure car les gens, jusqu’à l’année dernière, avaient encore peur de venir. Cette année, on a l’impression que les feux sont aux verts. J’espère qu’on va retrouver 80% de notre public. Même à Venise où j’habite, les meilleurs endroits ont perdu une grande part de leur clientèle cet hiver : il y a une peur du danger de la promiscuité. »

Jacques Bertrand, fondateur et directeur du Festival International d’Art Lyrique de Salon

 Jacques Bertrand dont le festival est ouvert à tous les publics, avec sa tarification douce, souhaiterait proposer plus de représentations mais son budget étant contraint, il ne peut se permettre de proposer des œuvres moins connues et opte pour une programmation d’œuvres mondialement connues. Un choix artistique qui l’honore puisque cette année il propose une édition entièrement consacrée à la Callas. « Chaque année nous décidons de donner une orientation au festival. Par le passé, nous avons célébré Mozart, le bicentenaire de la naissance de Verdi etc.… et cette année, il se trouve que c’est le centenaire de la naissance de Maria Callas, nous avons décidé de lui rendre hommage ».

Une passion pour la Callas

 De son propre aveu, « ce n’était pas la plus belle voix, mais elle a révolutionné l’opéra et c’était une grande tragédienne » nous explique celui qui a eu la chance de la rencontrer chez elle à Paris avant sa mort. Avec nostalgie, il nous raconte cette entrevue et l’amitié qui la liait à Di Stefano.

 « J’ai rencontré 4 fois la Callas, j’étais un ami intime de celui qui a été probablement, un peu, sûrement, son amant, il était son compagnon, son confident. Elle a fait toute sa vie avec lui et ne pouvait pas respirer sans prononcer son nom, c’était Guiseppe Di Stefano, le ténor. D’ailleurs tous les enregistrements de la Callas sont faits à 90% avec Di Stefano. Il y a 30 ans, la Fnac de Paris organise une signature au travers de toutes ses filiales de France et Di Stefano me demande si je pouvais le véhiculer et l’accompagner dans toutes les FNAC où il allait pour faire des conférences et signer des autographes. Nous sommes partis tous les deux pendant deux mois pour faire ce tour de France ; on a longuement parlé de Callas pendant ces deux mois. Il m’a dit qui elle était probablement et qui est très différent de l’image qu’on se fait d’elle. A la fin de la tournée, il me dit mais tu la connais ? Non. Alors on va aller rue Georges Mandel, je lui passe un petit coup de téléphone. Il m’a emmené dans son appartement où elle est morte à Paris : on s’est salué, elle a été polie, elle m’a demandé deux trois choses du métier, on a parlé de la tournée de Di Stéfano qu’elle trouvait formidable. Puis je suis reparti, on n’était pas amis. Elle parlait parfaitement le Français. »

 Avec émotion, il poursuit : « J’ai eu la chance de l’entendre dans « Norma » en 1964 où j’ai fait la queue pendant une nuit avec mon frère au Palais Garnier, de 9h du soir à 11h du matin, ouverture des locations. On n’a pas eu de bonnes places. Puis l’année suivante, je l’ai entendue chanter « Tosca» à l’Opéra de Paris et puis je l’ai entendue, et là ce fut un moment d’une intense émotion, d’une ferveur, d’une déception, à son concert d’adieu en 1973 au théâtre des Champs Elysées avec Di Stefano. Je n’ai jamais entendu un succès pareil pour personne. On acclamait la carrière de Callas et sur scène, il y avait une tonne de roses rouges. Puis, elle a arrêté et est morte trois ans plus tard dans son appartement parisien où elle ne voyait personne ou presque. »

  « Je n’aurai servi à rien » Maria Callas

Dans une interview, « elle disait : personne ne vient plus me voir, personne ne m’adresse la parole, je n’aurai servi à rien » et en perspective avec ce que me disait Di Stefano, « elle n’a jamais été capricieuse, c’est un truc que les journaux ont monté en épingle, évidemment, c’était une star alors Christian Dior, ou Chanel, lui donnait un sac à main ou une montre à porter : c’est encore valable aujourd’hui. Comme disait Di Stefano, Callas n’a été qu’une folle furieuse de la perfection, ce n’était probablement pas la plus grande voix du siècle mais c’était la plus grande artiste. Elle donnait vie à Tosca, elle rentrait sur la scène, elle était Floria Tosca. »

 « Maria Callas a sauvé l’Opéra » Jacques Bertrand

Par ailleurs, « elle ne supportait pas les enregistrements de studio car on coupe en rondelle les opéras, on va commencer par les chœurs, les duos, les ensembles, etc… «Quand je fais mon premier jour d’enregistrement, je commence par la mort de Tosca : qu’est-ce que cette histoire de me faire mourir avant même que j’existe ? » s’exclamait-elle. « En effet, dans le découpage commercial, les gens qui produisent un disque saucissonnent l’œuvre puis le technicien remet tout ça dans l’ordre après. Oui, elle était perfectionniste et il y a des anecdotes extraordinaires à ce propos. Quand elle attaquait un ouvrage d’opéra, elle savait tout : elle n’imaginait pas chanter Norma sans savoir qui était la druidesse Norma, elle créait le rôle, et dans ce domaine, elle a été la plus grande, la meilleure. Et encore aujourd’hui inégalée. Elle a sauvé l’opéra de l’abîme dans lequel on l’avait jeté, c’était devenu ringard l’Opéra, avec de grosses dondons, des ténors ventripotents, qui se plantaient devant et chantaient leur truc puis repartaient etc… Callas a compris cela et même si elle a eu des difficultés vocales, sa voix l’a trahie à plusieurs reprises. Comparée à toutes ces grandes voix de l’époque, Freni, ou encore la Tebaldi, dont Toscanini disait qu’elle était un ange sur la terre car elle avait tout basé sur la beauté intrinsèque de la voix, Callas était appelée la Divine : elle jouait un rôle. Et en 20 ans, elle a abordé 52 rôles différents ! » énonce-t-il.

Mihaela Dinu et Stephanie Portelli et Roberta Paroletti au piano

Un Hommage Enchanté à la Diva du Lyrique

Les festivités débuteront le 10 Août à 21h00 avec une projection sur écran géant dans la cour du château du magnifique film « Maria by Callas » réalisé par Tom Volf en 2017. Ce film retrace la vie et la carrière de Maria Callas d’une manière poignante, offrant aux spectateurs une plongée captivante dans l’univers de cette artiste extraordinaire « avec des documents inédits, certains colorisés, d’autres restaurés, où Callas elle-même raconte sa vie » précise Jacques Bertrand, fondateur du Festival et Président de l’association Mezza Voce, qui évoquera également la vie de la cantatrice, rendant hommage à sa carrière légendaire.

Tosca

La soirée du 12 Août à 21h30 promet un moment musical inoubliable avec l’opéra fétiche de Maria Callas, « Tosca », en trois actes de Giacomo Puccini dans une mise en scène de Stefano ORSINI. Cette représentation promet de faire revivre toute la passion et l’émotion intenses qui ont marqué les interprétations de Maria Callas. « « Tosca » est l’opéra dans lequel Maria Callas a quasiment débuté sa carrière et c’est avec Norma, un des rôles qu’elle a le plus chanté » développe notre interlocuteur en fin connaisseur de l’art lyrique. Sur scène, des solistes talentueux tels que Mihaela DINU « soprano connue dans toute l’Europe, avec plus de 700 représentations », dans le rôle de Floria Tosca, Diego DE SANTIS, un ténor « à la carrière florissante  qui a chanté sous la direction de Ricardo Mutti », dans le rôle de Mario Cavaradossi, et Clorindo MANZATO, « un grand baryton italien », dans l’incarnation diabolique du Baron Scarpia, se produiront accompagnés du Chœur de l’Opéra de Parme, « un des plus beaux chœur européen qui était jusqu’à récemment aux Chorégies d’Orange », et de l’Orchestra Sinfonica « Cantieri d’Arte », dirigés par le Maestro Stefano GIAROLI. Ce dernier « a commencé sa carrière en faisant des spectacles dans des petites villes en Italie. Quand il y a eu la crise en 2008, les grandes maisons n’avaient plus le budget pour faire appel à certains chefs et orchestres. Il faut savoir que l’Opéra, c’est dans l’ADN de l’Italie : on ne peut pas annuler un Opéra comme on le fait en France. Et de fil en aiguille, par le bouche-à-oreille, ils se sont tournés vers Giaroli : il amenait les chœurs, les costumes et l’orchestre pour 80 000€ au lieu de 300 000€. Petit à petit, il y a eu plein de gens qui se sont agrégés à sa compagnie qui aujourd’hui est la première compagnie itinérante en Italie ».

Pour la petite histoire, c’est « Mihaela DINU qui s’occupe de l’organisation du festival avec moi et du recrutement des chanteurs: nous arrivons à avoir des artistes de très haut niveau parce qu’on a développé de longues amitiés, je suis dans le métier depuis 50 ans, et que les chanteurs apprécient de venir à Salon, dans ce cadre magnifique, pour apporter leur contribution au festival. Cette année, la plupart sont italiens car c’est un ouvrage spécifiquement italien : les chanteurs italiens le maîtrisent complétement et, en France, c’est plus compliqué de bâtir un projet en si peu de temps car je n’ai pas trois mois de répétition, ni le budget d’une grosse production. Quand on organise un festival, on est obligé de construire un spectacle de qualité dans un laps de temps et un budget, tous deux contraints. On est sur la production depuis septembre, c’est-à-dire presque un an car on doit choisir les chanteurs et le chef, voir leur disponibilité, les rencontrer etc… pour qu’on puisse répéter en juillet avant le filage puis la représentation d’août. Et là, je peux vous dire que notre budget est passé. »

Les plus grandes héroïnes incarnées par la Callas

En clôture du festival, le 13 Août à 21h30, un Grand Concert Lyrique intitulé « Les Grandes Héroïnes de Maria Callas » viendra enchanter le public. Mihaela DINU (soprano), Stéphanie PORTELLI (soprano), Jean GOYETCHE (ténor) et Clorindo MANZATO (baryton) se produiront accompagnés au piano par Roberta Paroletti du Gran Teatro La Fenice Di Venezia. Ce concert sera l’occasion de rendre hommage aux héroïnes mythiques que Maria Callas a si brillamment interprétées tout au long de sa carrière, nous plongeant dans l’univers fascinant de l’opéra : avec des airs de « la Gioconda, rôle dans lequel Callas a débuté à Vérone, un ouvrage que j’aurais adoré monter mais on n’a pas le public ici, le Trouvère, la Force du destin etc… »

Et pendant toute la durée du festival, du 8 au 14 Août, une exposition exceptionnelle intitulée « Les Visages d’un Mythe » se tiendra à l’Espace Culturel Robert de Lamanon. Cette exposition, d’entrée libre, présentera plus d’une centaine de photos de Maria Callas, la montrant telle qu’elle était au quotidien et sur scène. Capturant son aura intouchable, son élégance et sa prestance presque irréelles, ces clichés offriront aux visiteurs un aperçu unique de cette véritable tragédienne grecque. L’association Mistral de Venise et l’association Mezza Voce se sont unies pour offrir au public cette occasion rare d’admirer la beauté et la puissance d’expression de Maria Callas, véritable icône du monde lyrique.

En somme, le Festival d’Art Lyrique de Salon-de-Provence, dans cette 18ème édition en hommage à Maria Callas, s’annonce comme un événement inoubliable pour tous les passionnés de musique et d’opéra. Au cœur d’un cadre majestueux, avec une programmation riche et des artistes exceptionnels, ces soirées lyriques sauront captiver les spectateurs et perpétuer la mémoire de cette cantatrice légendaire. Venez célébrer l’art lyrique dans toute sa splendeur et rendre hommage à une diva inégalée lors de ce festival unique en son genre. Diane Vandermolina

 

En aparté

 Pensées de Jacques Bertrand sur l’évolution du milieu de l’Opéra

Le monde de l’Opéra a été très impacté par les années covid, du fait de son public vieillissant, mais également des coupes budgétaires effectuées ou encore de la stagnation des subventions. De nombreux opéras ont fermé leur porte bien avant la fin de la saison cette année et de nombreuses productions ont été annulées, le nombre de représentations par opéra ayant depuis plusieurs années drastiquement baissées : un Opéra comme « Carmen » a fait l’objet de seulement 5 représentations lors de sa venue à Marseille alors qu’il affichait complet et qu’il aurait fait le plein avec deux dates supplémentaires. Hélas, la venue d’un Opéra et le choix des solistes sont planifiés depuis deux, voire trois ans, en amont.

 De même, les coûts de production d’une œuvre lyrique chiffrent très vite, nous rappelle Jacques Bertrand : entre la création des décors et des costumes, la régie générale et la régie lumière, le transport du matériel et des artistes, leur hébergement et le coût des cachets des artistes et de l’orchestre, sans oublier les techniciens et toutes les personnes impliquées dans une production lyrique, les sommes deviennent très rapidement astronomiques d’autant plus qu’« on a suicidé l’Opéra en supprimant les troupes permanentes » rappelle-t-il et que certains cachets d’artistes sont trop élevés : « Pavarotti, paix à son âme, demandait 200 000 dollars par représentation sinon il ne venait pas. » nous dévoile-t-il.

 « J’ai connu tout le renouveau de l’Opéra de Paris avec Liebermann qui avait rendu à l’Opéra de Paris sa place aux côtés du Met, de Covent Garden, de la Scala… Liebermann me disait « pourquoi je vais chercher des grandes stars qui me bouffent la moitié du budget ? Si j’arrive à hisser le théâtre à ce niveau international, ces gens-là baisseront leurs cachets pour venir y chanter. Car ce qui est important pour un artiste, c’est aussi d’avoir chanté dans les plus grands théâtres. Domingo disait que s’il était invité même sans être payé dans une maison prestigieuse, il irait chanter » poursuit-il.

 Jacques Bertrand regrette que le nombre de représentations soit aussi réduit, et, lui qui a connu la belle époque des longues séries de représentations, il s’interroge sur ce choix : en effet, une production lyrique ne serait-elle pas plus « rentable » si elle était jouée sur une longue série ? « Certains frais restent les mêmes quel que soit le nombre de représentations – les frais fixes comme le transport, les décors, les costumes…- et le coût par représentation est amorti si on fait 6 représentations au lieu de 3. De plus, on a des accords avec les chanteurs quand il y a plusieurs représentations, les cachets groupés sont inférieurs au montant de 3 cachets successifs par exemple ». Hélas, les maisons d’opéra préfèrent réduire la voilure par crainte d’un public raréfié.  DVDM

Programme

Le Programme du Festival d’Art Lyrique de Salon-de-Provence au Château de l’Empéri – Cour Renaissance Montée du Puech, 13300 Salon-de-Provence « Hommage à Maria Callas »

10 Août 2023

Projection du film : « Maria by Callas », à 21h00 (sur Invitation – à retirer à la billetterie au Théâtre Armand)

Évocation de la vie de Maria Callas par Jacques Bertrand

12 Août 2023

« Tosca » à 21h30 (entrée 45€) de Giacomo Puccini, Opéra en trois actes

Les solistes seront accompagnés par le Chœur de l’Opéra de Parme et l’Orchestra Sinfonica « Cantieri d’Arte », sous la direction musicale du Maestro Stefano GIAROLI, mise en scène Stefano ORSINI.

13 Août 2023

« Les Grandes Héroïnes de Maria Callas » à 21h30 (entrée 35€), Grand Concert Lyrique

Les solistes seront accompagnés au piano par Roberta Paroletti du Gran Teatro La Fenice Di Venezia

Exposition « Les Visages d’un Mythe » : du 8 au 14 août 2023 (entrée libre) Espace Culturel Robert de Lamanon 120 rue Lafayette 13300 Salon-de-Provence

Informations pratiques

Billetterie du Festival d’Art Lyrique de Salon-de-Provence

Places Numérotées

Théâtre Armand 04.90.56.00.82 (renseignements et réservation sur place ou par téléphone)

Site de la ville de Salon-de-Provence

Placement libre (sur les rangs réservés Billetweb)

Billetweb (*Hors soirée du 10 août 2023 )

https://www.billetweb.fr/festival-dart-lyrique-de-salon-de-provence

Site : https://festivalartlyriquesalon.fr

Rmt News Int • 30 juillet 2023


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