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La Presse écrite, un outil essentiel à la Démocratie

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Témoignages

En 1974, j’avais 24 ans, je suis entrée au journal La Marseillaise, alors en qualité de correctrice, un métier qui n’existe plus. Le soir, un des correcteurs descendait à l’atelier où les ‘corrigeurs’ travaillaient aux rotatives. Là, sur place, on vérifiait l’orthographe de ‘La morasse’, la première  et dernière page de la dernière édition, celle de Marseille. Les lettres en plomb étaient délicatement prélevées et changées. Un travail d’artiste. L’odeur, l’ambiance, les bureaux enfumés, les discussions à bâtons rompus, les parties de babyfoot au bar d’en face, me manquent.

Le 3e jour, arrivée en retard, je monte m’excuser dans le bureau du Directeur : «On se tutoie ? » me dit-il, et, à mon grand étonnement : «Tu es en retard ? Et alors ? ça ennuie tes collègues ? C’est à eux qu’il faut le demander, pas à moi. Si ça ne les ennuie pas, moi non plus. »

En deux minutes, cet homme qui avait deux fois mon âge m’avait appris ce qu’étaient la liberté et le respect de l’autre.

Dernièrement, un de mes amis écrivains, qui a longuement écrit pour la presse et notamment pour le journal La Marseillaise, me disait : « C’est vraiment le seul, LE SEUL journal qui n’a jamais repris un de mes textes. Le seul. Une liberté totale. »

C’est cela le journal La Marseillaise, c’est la ligne de conduite éditoriale, une déontologie sans faille du métier de journaliste.

Danielle Verna-Dufour

Au-delà de La Marseillaise, il me parait essentiel, de ne pas jeter à la porte ceux qui ont lutté corps et âme pour leur survie et y sont parvenus, coûte que coûte. Et cela leur a coûté. Mais le journal s’est relevé, plus fort. Quand des millions sont dépensés pour aider les entreprises à ne pas couler pour cause de confinement, que veut-on ? La mort du journal ? Au-delà de ce quotidien, il est vital de ne pas museler la presse écrite. Que deviendrait Marseille et sa métropole avec un unique son de cloche ? Qu’adviendrait-il de la démocratie ?N’oublions pas la Liberté que ce journal défend. N’oublions pas ces journalistes qui ont déterré ‘des cadavres’, des affaires sales. N’oublions pas le peuple qui n’existerait plus… ou si peu.

 

Marseille sans le journal la Marseillaise serait orpheline. Ne le permettons pas.

Au nom du pluralisme

« Un projet de reprise porté par le groupe Maritima Médias impliquant les salariés et les Amis de « La Marseillaise » est sur les rails. La révélation ce mardi, d’une possible offre concurrente, renforce la détermination à le faire aboutir.

Après l’annonce de la mise en liquidation des éditions des Fédérés, société éditrice de La Marseillaise, le 13 juillet avec poursuite d’activité pour 3 mois, un appel d’offres a été lancé pour trouver un repreneur avant le 14 août.

Rapidement, le groupe Maritima Médias, qui possède la première radio indépendante de la région, une TV locale et une plateforme numérique, a pris contact avec les salariés.

Objectif : participer à la création d’une nouvelle société apte à prolonger la trajectoire de développement de La Marseillaise interrompue par la crise du coronavirus et le refus des banques d’accorder un prêt garanti par l’État. En effet, après un exercice 2019 au quasi-équilibre, notre titre a notamment investi pour renouveler sa présence sur Internet, poursuivre sa mission d’information et continuer à faire grandir ses événements.

La nouvelle société éditrice de La Marseillaise serait une SAS associant Maritima Médias, des investisseurs privés et une société coopérative d’intérêt collectif, elle-même composée par des salariés, les Amis de La Marseillaise et des collectivités soucieuses de la défense du pluralisme. Le projet prévoit de conserver le même niveau d’emplois, mais aussi le périmètre actuel de la zone de diffusion et la ligne éditoriale de notre titre.

« Maritima Médias propose de conserver deux entités économiques distinctes. Chacune avec son histoire et sa culture, l’objectif est de mutualiser certains moyens de production et de commercialisation pour mettre en œuvre des stratégies de développement du CA et de rentabilité, commune, au travers d’offres commerciales pluri médias enrichies. Pour Maritima Médias, il ne s’agit pas d’absorber le quotidien régional mais bien de créer des synergies dans tous les domaines », précise le groupe dont l’avocat a rencontré les salariés qui ont pu échanger avec lui au début du processus.

Protéger le pluralisme

La révélation ce mardi, d’une possible offre concurrente (par Jean-Christophe Serfati, le PDG de la Provence et Xavier Niel, fondateur d’Iliad ndlr), qui équivaudrait à la disparition de La Marseillaise quotidienne et la suppression de très nombreux emplois, a suscité une vive émotion parmi le personnel et les Amis du journal mais aussi renforcé la détermination à faire aboutir le projet porté par le groupe Maritima Médias.

De son côté, Thierry Debard, le directeur du groupe Maritima Médias entend poursuivre sereinement la concrétisation de l’offre qu’il porte aux côtés des différents participants au projet et qu’il juge la plus cohérente. « Nous avons un projet sérieux, un projet qui préserve le niveau d’emploi et l’identité de La Marseillaise. Un projet de marque globale qui intègre la marque forte qu’est La Marseillaise. » Il souligne également la garantie pour le pluralisme de la presse que représente la pérennisation de La Marseillaise. « Veut-on revivre l’appauvrissement du paysage médiatique locale qu’a constitué la fusion du Méridional et du Provençal ? », interroge-t-il.

Dans l’attente de la date limite pour le dépôt des offres, les soutiens de La Marseillaise ne restent pas l’arme au pied. Personnalités ou anonymes, ils sont très nombreux à continuer à signer l’appel « Mobilisation, soutien, vigilance, pour La Marseillaise »*, lancé par le cinéaste Robert Guédiguian et le résistant Marcel Thomazeau.

Ils sont très nombreux également à répondre à l’appel aux dons** des Amis de La Marseillaise. « Hier nous avons reçu 4 800 euros en un seul jour c’est remarquable au cœur de l’été », se félicitait Serge Baroni, président de l’association. Un élan qui témoigne de l’importance donnée à La Marseillaise par ses lecteurs. »

L’appel de la Marseillaise (paru dans l’édition du 12 Août 2020)

« À deux jours de la date de clôture de l’appel d’offres destiné à trouver un repreneur à La Marseillaise, le sort de notre journal est en jeu. Il ne s’agit pas là d’une affaire interne, d’un sujet d’arrière-boutique. Il est question du maintien du pluralisme dans le Sud de la France de l’Hérault jusqu’au Var.

La Marseillaise, au prix d’efforts importants, avait assaini sa situation financière en 2019, redressé significativement ses ventes et multiplié les investissements pour se moderniser. Elle a été touchée de plein fouet par la crise du coronavirus et le refus des banques de lui accorder un prêt garanti par l’État.

« La Marseillaise » compte sur vous, lecteurs anciens et nouveaux abonnés.

Son regard acéré sur l’actualité, sa voix, porteuse de l’exigence d’un changement de société manqueraient gravement au débat démocratique et aux citoyens de nos régions.

Elle a tous les atouts pour poursuivre sa mission d’information exigeante et contribuer à réhabiliter le journalisme, ce métier qui a tant été abîmé par des marchands d’armes, des financiers et des industriels.

La Marseillaise compte sur vous, lecteurs anciens et nouveaux abonnés. Elle vous donne rendez-vous jeudi 13 août à midi trente au pied de son siège qui est aussi votre maison.

La Marseillaise ne veut pas seulement survivre à une mauvaise passe. Elle a les moyens de se développer, elle a déjà commencé à se projeter dans l’avenir. Elle a la rage de vivre. »

Danielle Dufour-Verna

*sources La Marseillaise

Crédits photos:

Photo de Une : l’appel de la Marseillaise

Illustration: Danielle Verna-Dufour (c) DR

Rmt News Int • 12 août 2020


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