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Notre coup de cœur pour BORIS GODOUNOV à l’Opéra de Marseille

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BORIS GODOUNOV

Modeste Moussorgski

mardi 21 février 2017 – Opéra de Marseille

dirigé par Paolo ARRIVABENI

mise en scène Petrika IONESCO

Pourquoi avons-nous attendu la dernière représentation pour nous rendre au « Boris Godounov » de Modeste Moussorgski programmé cette saison à l’Opéra de Marseille, sous la direction de Paolo Arrivaibeni, mis en scène par Petrika Ionesco ? 

Excuses d’emploi du temps classique, mais combien nous sommes enchantés d’avoir été là, parmi les heureux spectateurs marseillais dont certains venaient pour la troisième fois, transportés par la force, l’élégance et le faste de cette production.

L’histoire de ce chef d’œuvre est particulièrement compliquée puisqu’au moins quatre versions se sont succédé : c’est ici l’originale de 1869 qui a été choisi, avec sept scènes dramatiques, sans Falbala, centrée sur le personnage du Tsar.

Boris Godounov représente le sommet de l’Opéra Russe. Un récit sombre et serré de la grandeur et de la décadence du Tsar Boris Godounov qui arrive au pouvoir après le meurtre de l’héritier du trône et sombrera dans les remords et la folie pour enfin mourir de noirceur. La version présentée ne prend pas vraiment partie contre Boris et lui laisse le bénéfice du doute, en le rendant quasi victime d’une manipulation ourdie de mains de maitres…

En 7 scènes grandioses, Petrika Ionesco exploite son art de la précision avec un décor de fond mouvant à la moindre parole des chanteurs. Les brèves interruptions nous embarquent du monastère de Novodievitchi au couvent de Tchoudovo en passant par une auberge, le Kremlin ou l’enceinte de la Douma.

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Le plateau est d’un équilibre parfait. Un opéra de voix masculines où de la basse au ténor, chacun est à sa place.

D’abord, l’immense Alexey Tikhomirov, Boris Godounov de luxe absolu, il est le tsar de la soirée, le timbre, la puissance, les larmes : tout est là. Autour de lui, s’articulent les responsables de l’intrique. Nicolas Courjal, que nous retrouverons avec bonheur le 11 mars prochaine en récital, sobre et élégant, il est le moine Pimène qui fera germer l’idée de détrôner Boris au Gregori du facétieux Jean Pierre Furlan. Luca Lombardo est un prince Chouisky diabolique : nous remarquons le plaisir de jouer les méchants sur le visage de cet habitué de la maison marseillaise. Weiwei Zhang, qui interprète un Varlaam ivre, illettré et drôle, et Christophe Berry, l’innocent qui traverse l’œuvre et scotchera le public de l’orchestre au Paradis quand il ouvrira la bouche, seront les chouchous du public. Citons aussi Ventseslav Anastasov, Marc Larcher, Julien Véronese et Jean-Marie Delpas qui participent pleinement au niveau spectaculaire de cette production.

Les dames du soir étaient au nombre de trois. Ludivine Gombert est la fille de Boris, la princesse Xénia, fine et touchante. Caroline Meng incarne le fils de Boris, le prince Fiodor qui, avant de mourir sous les coups de Chouisky, sera la joie de son père et du public. Notre adorée Marie-Ange Todorovitch est aussi parmi nous et ce soir s’impose en double rôle. Aussi bien racoleuse hôtesse que réconfortante nourrice. Certains se poseront la question « mais c’est la même tu es sûre? » tellement elle sait, elle est.

Bien sûr, la réussite ne serait pas totale pour cet opéra de chef d’orchestre et de chœur sans ces deux ingrédients : le Chef, Paolo Arrivabeni, est un chirurgien au scalpel direct, précis et juste. Personnage central de l’opéra, le Chœur de l’Opéra de Marseille, dirigé par Emmanuel Trenque avec Gouzel Aguichina en conseillère russe, incarne le peuple russe : il a la passion slave et chaque apparition est prenante.

Boris Godounov est une œuvre peu donnée mais cette version fera sans doute date dans le cœur des opéraphiles marseillais.

 

Emeric Mathiou

 Photos Christian Dresse

A suivre

I Capuleti E I Montecchi de Bellini du 26 Mars au 4 Avril à L’Opéra de Marseille

Direction musicale Fabrizio Maria CARMINATI – Mise en scène Nadine DUFFAUT – Scénographie Emmanuelle FAVRE – Costumes Katia DUFLOT – Lumières Philippe GROSPERRIN

Maître d’armes Véronique BOUISSON / Giulietta Patrizia CIOFI – Romeo Karine DESHAYES

Tebaldo Julien DRAN – Capellio Nicolas COURJAL – Lorenzo Antoine GARCIN

Orchestre et Chœur de l’Opéra de Marseille

 

 

Rmt News Int • 27 février 2017


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