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Marie Galante ou l’Exil sans retour, à la Criée, novembre 2016

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Après avoir fait découvrir à un public marseillais enchanté*, un mono opéra autour d’extraits emblématiques du « Journal d’Anne Franck » de Grigori Frid dans une version concertante épurée pour mieux faire entendre la beauté de l’œuvre en décembre 2015 à la Criée, Michel Pastore, directeur du festival, y présentera « Marie Galante ou l’Exil sans retour » de Kurt Weill, sur un livret de Jacques Deval, les 23 et 24 novembre 2016.

Michel Pastore présentant la CD du chant de la terre de Malher enregistré en juin 2016 (c) photo Diane Vandermolina

Michel Pastore présentant le CD du chant de la terre de Malher (c) photo Diane Vandermolina

Cette pièce lyrique, en 14 numéros musicaux incluant 4 chants et instrumentaux inédits, écrite pour 14 musiciens, sera interprétée par la jeune soprano Emilie Pictet, accompagnée du baryton Jean-Christophe Maurice et de la basse Frédéric Leroy, ainsi que d’Irène Jacob, récitante (récompensée à Cannes pour son interprétation dans « la double vie de Véronique » de K. Kielowski). Les musiciens de l’Orchestre philharmonique de Marseille seront dirigés par Vladik Polionov, également au piano, et dont nous avions apprécié la direction et l’interprétation l’an passé à l’occasion d’Anne Franck.

Avant de présenter cette nouvelle création de Musiques Interdites, rappelons qu’à l’aube de la pause estivale, le festival nous avait offert deux magnifiques concerts, en juin 2016 à l’Eglise Saint Nicolas de Myre, regroupés sous l’appellation “Aux Hommes de bonne volonté”. Ceux qui ont assisté à cet événement ont pu apprécier le talent de la soprano arménienne Armenuhi Khachikyan dont la voix veloutée a fait vibrer le public d’émotions, notamment dans les extraits chantés de l’Opéra Anouch de Armen Tigranian, ainsi que la somptueuse Qiulin Zhang, au contralto saisissant et bouleversant, dans Le Chant de la Terre de Mahler, version orchestrée par Schoenberg, accompagnée de Luca Lombardo, ténor marseillais, sous la direction du jeune chef d’orchestre Victorien Vanoosten. Cette soirée exceptionnelle a, par ailleurs, donné lieu à un enregistrement édité sous le label Bel Air Musique que nous vous conseillons vivement  de vous procurer.

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Marie Galante ou l’Exil sans retour, œuvre succédant aux 7 Péchés capitaux qui seront créés en 2017, est l’adaptation lyrique par Jacques Deval de son roman du même nom, dont Kurt Weill composa certains  passages   chantés,   dansés   et   orchestraux   pour   une   adaptation scénique présentée en décembre 1934 au Théâtre de Paris : la présentation n’eut pas le succès escompté, la critique ne retenant que les airs et passages musicaux de Kurt Weill et l’œuvre tomba dans l’oubli, en dehors de quelques airs repris par des chanteuses de l’époque (citons le bien connu Youkali). Et pourtant, il s’agit des plus belles pages musicales composées par Kurt Weill qui magnifie l’exil et la nostalgie de la terre natale dans un élan de « patriotisme humaniste » (dixit Michel Pastore), usant d’une narration n’étant pas sans rappeler Marcel Proust et sa fameuse madeleine, entre narration distanciée et résurgence de souvenirs anecdotiques. Car malgré un accueil « peu chaleureux dans cette France idéale qu’il avait imaginé, il fut saisi de la grâce de l’écriture française ». Sa composition, entre tango, jazz-stil, voire une touche de negro spiritual (dans le train du ciel), mêle habilement « grand lyrisme et critique sociale ».

Michel Pastore qui revient sur la création de l’œuvre explique que la condition sine qua non donnée par la Kurt Weill Foundation de New York pour monter l’œuvre fut qu’elle soit jouée dans sa version scénique, et non dans une version concertante, dans la mesure où mêlant récit parlé et parole chantée, l’œuvre entrelace subtilement déroulement narratif et dimension lyrique. En effet, Kurt Weill, plus connu pour L’Opéra de quat’sous (Die Dreigroschenoper – 1928) composé sur un texte de Bertolt Brecht, a longtemps collaboré avec ce dernier, avant son exil à Paris de 1933 où il fuyait le génocide nazi, et son écriture musicale, à mi-chemin du théâtre et de l’opéra, est largement  imprégnée de l’univers de la scène. Emigré plus tard aux Etats Unis, il a composé de nombreuses comédies et spectacles musicaux qui lui valurent un grand succès à Broadway. La version proposée par Michel Pastore inclut 4 chants et instrumentaux inédits retrouvés dans les manuscrits non publiés de Kurt Weill : L’Arreglo religioso et Tengo quince años (pour les instrumentaux) ainsi que J’ai une âme blanche et Yo le dije al caporal (pour les chants).  Pour en savoir plus, rendez-vous les 23 et 24 novembre à la Criée ! DVDM

 

Infos pratiques

Durée : 1h10/ Petit Théâtre de la Criée, 30 quai rive neuve, 13007 Marseille

Les Mer. 23 novembre 2016 19h00 et Jeu. 24 novembre 2016 20h00

Avant-scène le jeudi 24 novembre à 19h15 avec Marie-Claude Hubert, Universitaire.

Tarifs de  9€ à 25€/ Réservations au 04 96 17 80 00 ou sur le site internet : www. theatre-lacriee.com

* à l’occasion de l’anniversaire des 10 ans des Musiques Interdites

Rmt News Int • 14 novembre 2016


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