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Reprise de Pour voix seule au Toursky

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Du 1er au 5 mars, le théâtre Toursky propose « Pour voix seule », une pièce de théâtre, pleine d’émotion et de poésie, magnifiquement interprétée par Martine Amanieu. D’après une nouvelle de Susanna Tamaro, l’histoire de cette vieille dame revenant sur les pans les plus importants de sa vie, est délicieusement douloureuse.

 

Le théâtre le Toursky, havre de culture et de convivialité frappe fort, encore une fois, en proposant « Pour voix seule » à l’Espace Léo Ferré. Suzanne Tamaro est la seule actrice de la pièce. Le décor est minimaliste, avec un fauteuil, une petite table et quelques objets et le spectateur comprend vite pourquoi un décor plus complet serait inutile. En effet dès le début, Suzanne Tamaro nous envoute, elle capte toute notre attention et amène le spectateur à construire lui-même différents tableaux à travers son imagination. Et là est tout le talent de cette actrice ! Avec un monologue, elle réussit à faire voyager le spectateur et à l’emmener avec elle dans les dédales de ses souvenirs.

Une femme frêle arrive sur scène, elle est vieille, elle porte le poids de sa longue vie sur les épaules. Elle s’assoit dans son fauteuil et semble s’adresser à un journaliste. Son interlocuteur lui explique comment va se dérouler l’interview, elle parait gênée mais se prête au jeu. Commence alors un récit poignant. Elle est juive, elle vit pendant la seconde guerre mondiale. Sa mère est victime de troubles mentaux et va être emmenée par les Allemands. En effet, à cette époque, avant d’éliminer les juifs, les camps servaient à déporter et faire des expériences sur les personnes mentalement instables afin d’étudier le cerveau. Mais grâce à cela, son père et elle comprennent très vite le danger d’être fou ou juif pendant cette guerre. De ce fait, son père va fuir en Palestine. Elle ne va pas partir avec lui puisqu’elle rencontre l’homme qui deviendra son mari. Lui aussi va être embarqué par les Allemands et elle ne le retrouvera que plus tard. Il ne sera plus jamais le même, malgré la naissance de leur fille.

Le spectateur est totalement absorbé par l’histoire de cette vieille dame. Elle est toujours là, alors que la vie l’a maltraité, lui a ôté ce qu’elle avait de plus cher. Aujourd’hui elle est seule, et comprend toutes ces choses qu’elle a vécu. Elle analyse et prend du recul sur ce bonheur tant frôlé mais jamais atteint pleinement. Le public en ressort ému, touché, bouleversé. Impossible de ne pas ressortir quelque peu transformé par cette femme, incarnée par la brillante Martine Amanieu.

 

En aparté avec l’actrice, Martine Amanieu et Richard Martin, Directeur du théâtre :

Martine Amanieu, pourquoi ce choix de pièce ? Je ne pourrai pas vraiment l’expliquer. J’ai lu ce texte de Susanna Tamaro et il s’est imposé à moi. Au départ j’avais dans l’idée d’interpréter une autre nouvelle mais après avoir lu celle-ci, ça a été comme une évidence. D’ailleurs, je la joue depuis 15 ans maintenant. J’ai beaucoup d’amour pour ce personnage. J’aime le fait de faire revivre les personnes âgées.

Richard Martin, selon vous, comment Martine Amanieu arrive-t-elle à jouer aussi sincèrement ce rôle ? Tout d’abord parce que c’est une très bonne actrice. Ensuite, parce que c’est un rôle de composition et qu’elle fait preuve d’une grande finesse et d’une lucidité frappante à travers son jeu.

Manon Quenehen

Rmt News Int • 11 mars 2016


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