RMTnews International

The culture beyond borders

Musique de la Renaissance a cappella à Toulon

image_pdfimage_print
Share Button

LES VOIX ANIMÉES

Cycle

ENTRE PIERRES ET MER

ANGES ET MUSES

 

Musique de la Renaissance a cappella

La Tour royale, Toulon, 28 août 2015

 

2. VA

 

Comme un château de sable à l’échelle des titans, concrétisé en pierre au fil des siècles, la Tour royale de Toulon, au bout d’une presqu’île, domine désormais paisiblement la rade, sans canons, tambours ni trompettes, en géant débonnaire, dépositaire d’un passé guerrier aujourd’hui heureusement révolu : elle accueille désormais dans son creux, dans sa cour, la paix universelle de la musique. Il faut y aller au crépuscule pour jouir de la sérénité du vert tapis du parc à ses pieds, quand la mer reflète en rose le rougeoiement intense du soleil avant qu’il ne sombre avec faste, semblant éclairer la mer par en dessous, et ce soir-là, la lune, à l’est, presque pleine, prenait sur les flots et le ciel le relais lumineux.

Une petite scène adossée au mur, une rampe lumineuse, des pupitres pour tenir les tablettes numériques de partitions pour éviter autant en emporte les rages et ravages du vent, qui demeura très sage ce soir exceptionnel de douceur, de beauté sereine, des rangées de siège de front et, de dos, au-delà des créneaux, la mer : « Entre pierres et mer », tel était le programme, entre terre et ciel, ajouterai-je.

Les éléments semblaient s’être accordés musicalement, mis au diapason de la douceur pour profiter de ce concert : le vent, la mer faisaient silence, tendant l’oreille à la finesse de ce programme, à la délicatesse de son exécution, à la pureté de voix nues, en leur vérité, sans un habillage ou fard instrumental : Anne-Claire Baconnais, Adèle Pons, soprani, Laurence Recchia, mezzo, Josquin Gest, contre-ténor, Damien Roquetty, Eymeric Mosca, ténors et la voix la plus grave, Luc Coadou, baryton et directeur musical. Un choix délicat de timbres à la trame serrée du grave viril à l’aigu masculin et féminin, avec des interventions solistes des soprani, éclosions stellaires dans le doux velouté nocturne du chant choral. Harmonie de nuit avec les costumes d’un sobre raffinement : filles en robe noire, écharpe de soie vaguement dorée sous la lumière, hommes en cravates de la même couleur qui éclaire l’élégance stricte des costumes.

Les compositeurs, brièvement et simplement présentés par Luc Coadou sont la constellation de la polyphonie de la Renaissance européenne aux frontières du Baroque, du XVIe siècle, qui vit l’érection de ce fort, au début du XVIIe qui n’a pas encore abandonné la « prima prattica », le « stilo antico » : anglaise (Tallis, Byrd, Dering, Bennett, Weelkes), espagnole (Victoria, Lobo), française et franco-flamande (Lassus, Ponte, Clemens non Papa) germanique (Hassler), et italienne bien sûr (Gastoldi, Marenzio). C’est un vaste panorama, un nocturne arc-en-ciel vocal à la fois religieux (les Anges) où domine le latin mais aussi profane (les Muses) en langues vulgaires (anglais, français, italien) mais la différence est plus textuelle que musicale, musique savante, politique et courtisane comme les éloges des Anglais à Élisabeth 1re.

On admire la cohésion, le plissé, le galbe des lignes solistes qui se joignent, se tissent, se tressent, se pressent, se séparent dans une calme draperie aérienne, où  la mathématique métronomique, la fin précise du son est moins une coupure brutale qu’une respiration, une exhalaison, un  silence qui laisse entrer l’espace et la nuit dans cette musique ajourée.

Dans la calme nuit d’été, dans cette écriture polyphonique déjà figurale, les voix claires aux entrées étagées, décalées, montaient, descendaient, entrecroisant leurs mélodieuses lignes, dessinant d’invisibles et légères nervures ogivales soutenues par la clé de voûte de la voix grave de Luc Coadou, sombre armature droite, tronc solide d’où semblaient parfois jaillir, fleurir les fins branchages, la frondaison, l’efflorescence lumineuse d’une constellation vocale aspirant, dans la douceur, à la musique des sphères de la voûte céleste

Immobiles « Voix animées » mais qui, au sens propre, ont une âme et qui éveillent ou réveillent la nôtre. Benito Pelegrín

 

Toulon, la Tour royale

Abbaye du Thoronet le 29 le 28 août

Entre pierres et mer

Musique de la Renaissance a cappella

Par les Voix animées

Anne-Claire Baconnais, Adèle Pons, soprani, Laurence Recchia, mezzo, Josquin Gest, contre-ténor, Damien Roquetty, Eymeric Mosca, ténors, Luc Coadou, baryton et directeur musical.

 

Prochains concerts :

In Æternum,

Missa Assunmpta est Maria de Palestrina,

Motets de Tomás Luis de Victoria et de William Byrd,

Création de Tomas Bordalejo.

12 septembre, 21 heures ;  Abbaye du Thoronet ;

13 septembre, 17 heures, Temple de Toulon .

 

SITES :

http://www.lesvoixanimees.com/

la web-série des VoiZ’Animées sur le site www.lesvoizanimees.com

 

NOTE :

En 2014, Les Voix animées sont invitées à participer à l’émission de France 2 « La Boîte à musique » de Jean-François Zygel, à l’enregistrement d’un sujet sur les Abbayes cisterciennes de Provence pour le JT de Claire Chazal (TF1) ainsi que dans plusieurs enregistrements pour France 3, France Musique, Le Mouv… En octobre 2014, le Festival « Rota das Artes » programme deux concerts du groupe vocal à Lisbonne (Portugal) : ainsi s’ouvre la présence des Voix animées sur la scène internationale. La web-série « La vidéo de promotion des VoiZ’Animées ».

Rmt News Int • 20 septembre 2015


Previous Post

Next Post