L’INSEE ANNONCE LA SITUATION PREOCCUPANTE DES 10% DE LA POPULATION REGIONALE.
Lundi 13 Mai 2013, l’INSEE a dévoilé les résultats de son étude sur l’illettrisme en région PACA, réalisée en 2011-2012 en partenariat avec l’ANLCI (Agence Nationale de Lutte contre l’Illettrisme). Présentée par les chargés d’étude Virginie Meyer, de DIRECCTE PACA, et Christophe Barret, de l’INSEE, la conférence s’est déroulée en présence de Renan Duthion, Directeur régional de l’INSEE, Patrick Maldone Directeur régional adjoint, Guylaine Constantino chargée de mission régionale de la lutte contre l’illettrisme et d’ Hervé Fernandez directeur de l’ANLCI .
L’enquête ‘Information et Vie Quotidienne sur l’évolution de l’illettrisme’, réalisée selon les mêmes conditions que celle effectuée en 2004, a été conduite auprès d’un échantillon de 2000 personnes âgées de 16 à 65 ans, étendu sur l’ensemble de la région. L’étude, consistant à proposer un certain nombre d’épreuves passées au domicile des enquêtés, a permis d’évaluer les compétences de base en lecture, écriture, calcul et compréhension orale de ces personnes. Ce questionnaire d’exercices – durant plus d’une heure – s’appuie sur des situations rencontrées dans la vie quotidienne : lire un programme de télévision, comprendre un bulletin météo, le document d’une pochette CD, écrire une liste de course, etc. Les questions sont du type : comment se nomme le film à 20h35 selon le programme télévisé? Dans quelle ville se déroule la fête ? On demandera aussi d’écrire une liste de mots dictés, ou de lire des nombres tels que 10 008, ou 1 000 039…
Les résultats obtenus sont clairs : 16 % des adultes de la Région sont en difficulté face à la lecture, l’écriture d’un mot, ou à la compréhension d’un texte simple. Jugées préoccupantes pour 305 000 d’entre eux, ces difficultés représentent donc 10 % des adultes de PACA. Plus de la moitié, soit 159 000 sont ou ont été scolarisés en France. Ces 5% d’adultes sont en situation d’illettrisme ; ajouté à ce chiffre, 104 000 autres adultes (4% des 16-65 ans) ayant fait leur première scolarisation à l’étranger sont en difficulté face à l’écrit et 42 000 personnes (1%) n’ayant jamais été scolarisés en France sont analphabètes.
Il convient de distinguer illettrisme, analphabétisme et apprentissage du français. Un adulte qui a été scolarisé mais qui n’a pas acquis une maitrise suffisante de la lecture, de l’écriture et du calcul doit réapprendre, renouer avec les formations de base. Il doit réacquérir et consolider ses compétences de base. C’est la lutte contre l’illettrisme. Un adulte qui n’a jamais été scolarisé doit tout apprendre : il est en situation d’analphabétisme. Un nouvel arrivant en France doit apprendre le français. Il apprend une nouvelle langue, c’est le français langue étrangère dans le cadre de la politique linguistique en faveur des migrants.
Il y a toutefois plus d’adultes en situation préoccupante face au calcul, puisqu’ils sont 18 % en PACA en comparaison avec les 14% pour la compréhension orale et les 10% face à l’écrit. Ces trois difficultés pouvant se cumuler : 57% des personnes en situation préoccupante face à l’écrit le sont également en calcul et 54% le sont aussi en compréhension orale. On remarquera toutefois que les hommes sont moins en difficulté que les femmes : 14 % contre 21% ; et quel que soit le domaine de compétence observé, les plus âgés éprouvent davantage de difficultés que les jeunes mais ils sont toutefois moins concernés qu’en France Métropolitaine. Sachant que le taux de personnes en situation préoccupante en France s’élevait à 11 % en 2012, nous semblons donc dans la moyenne nationale.
Il se trouve que la moitié de ces personnes en difficulté face à l’écrit occupent un emploi. Et plus particulièrement dans l’hôtellerie-restauration et la construction. Évidemment plus la qualification de l’emploi s’élève et moins elles sont nombreuses.
Ces observations trouvent des déterminants multiples : une personne née à l’étranger et arrivée en France après l’âge de 15 ans a un risque 6 à 7 fois plus important d’être en situation préoccupante face à l’écrit qu’une personne née en France, la scolarisation a une influence essentielle et la situation professionnelle joue également un rôle déterminant. Les ménages à bas revenus ainsi que les familles avec plus de 3 enfants représentent ont un risque 1,5 fois plus grand. Les zones urbaines et les ZUS aussi. Sachant que plus de 120 000 jeunes décrochent du système scolaire en France chaque année les facteurs responsables de l’illettrisme sont aussi nombreux que difficiles à distinguer précisément.
Le collectif « Agir Ensemble » fédéré par l’agence Nationale de lutte contre l’illettrisme s’est vu attribué le label « Grande Cause Nationale » pour cette année 2013. Leur but sera celui de diffuser l’information relative à ce problème français, de faire évoluer les représentations encore tenaces et d’aider toutes ces personnes à s’orienter vers un réapprentissage. L’étude de l’INSEE servira ainsi de support pour mettre en lumière la réalité de l’illettrisme en France.
M.H.
