RMTnews International

The culture beyond borders

Retour attendu du Riverbed à Avignon

image_pdfimage_print
Share Button

RIZ au lait
Adapté de Les Fleurs du Mal de Baudelaire par le Riverbed THEATRE
Direction artistique : Craig Quintero/Avec Jie Fei Huang, Li Mei Chung, Joyce Ho, Su Ling Yeh et Cheryl Quintero

Bienvenue dans le Royaume surréaliste et fascinant du Riverbed

Craig Quintero est, avec Su Ling Yeh, l’un des membres fondateurs du Riverbed : avec cette nouvelle création, il propose sa propre lecture de Baudelaire, montrant au public ce qui se cache derrière les mots de cet auteur incontournable. Le spectacle est ainsi inspiré par le surréalisme et l’onirisme, Shakespeare et Edgar Poe. Sans mots, à l’exception de quelques poèmes déclamés dans une voix atonale, marionnettes, danse, vidéo et théâtre visuel se mêlent harmonieusement au récit, nous faisant oublier la quasi absence de texte, et nous plongeant dans un univers fantastique peuplé de créatures étranges, différentes figures de la femme et de l’amante, différents visages du désir et de la souffrance.

Pendant le spectacle, nous suivons le destin tragique de la figure romantique d’Ophélie, l’amante désabusée qui, à la création du spectacle (troisième semaine de Juin à Taipei), était incarnée avec une sensualité rare et délicate par Félicia Huang, hélas souffrante. Elle sera remplacée par une autre comédienne qui, nous n’en doutons point, offrira son charme au personnage ambigu et trouble de la blanche Ophélie. Entre deux scènes « baroques » nous rappelant les créations de Pippo Delbono, le spectateur peut découvrir avec intérêt et curiosité des personnages insolites, parmi eux, la jeune fille avec une robe blanche et rouge, cachant un couteau et faisant semblant de se suicider avec le couteau et le gaz ; une autre portant de la terre noire. De façon très symbolique, la création présente différents types de deuils, pertes et morts, l’un des principaux thèmes de Baudelaire qui a toujours vu dans le corps de chaque femme le cadavre putride qu’elle deviendra. Et la musique, comme dans les chansons de Portishead, lui confère une surprenante et mystique atmosphère, à la fois lourde et légère telle un grain de Riz flottant dans un bol de lait.

Et, même si les lecteurs de Baudelaire risquent d’être déçus par le mutisme des personnages, les poèmes se devinent au fil des images se déployant à notre regard étonné, nous ne pouvons qu’apprécier les qualités profondes de la création elle-même, tant dans le respect de Baudelaire que dans l’habileté de la direction artistique montrant l’obsession de Baudelaire pour les femmes. Souvenirs mortels, sombres plaisirs de la chair, sous le regard d’Eros et de Thanatos, au-delà de tous les mots … A découvrir. DVDM

Rmt News Int • 2 juillet 2010


Previous Post

Next Post