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Pupo di Zucchero – La Festa dei Morti, dernière création d’Emma Dante (Festival d’Avignon In)

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Une coproduction Palerme – Toulon / Création 2021

Durée : 1h15/ Spectacle en napolitain surtitré en français

A découvrir jusqu’au 23 juillet à 19h, précédé à 15h de Misericordia (à revoir du 12 au 13 janvier 2022 à Marseille au ZEF- scène nationale) au Gymnase du lycée Mistral 20 boulevard Raspail 84000 Avignon

Infos et tarifs : www.festival-avignon.com

Possibilité de réserver les places au guichet du cloître Saint-Louis, au 04 90 14 14 14 ou directement sur le lieu du spectacle 45 min avant chaque représentation.

Spectacle en tournée :

  • Du 7 au 17 octobre 2021 Palerme – Teatro Biondo Palermo
  • Du 10 au 12 mars 2022 Toulon – Châteauvallon – Le Liberté, scène nationale
  • Le 15 mars 2022 Château-Arnoux-Saint-Auban – Théâtre Durance
  • Du 18 au 20 mars 2022 Marseille – La Criée
  • Du 25 au 26 mars 2022 Antibes – Anthéa – Antipolis

Pupo di Zucchero- la Festa dei morti ou comment appréhender la mort sans tabou

 

Avec cette dernière création librement inspirée du Conte des Contes de Giambattista Basile, Emma Dante ressuscite, avec talent et intelligence, maestria et brio, l’esprit même de ce qui fut à l’origine de la Festa dei Morti.

En mettant en scène dix personnages, un vivant pour neuf morts, elle nous offre en partage une célébration de la mort empreinte de lyrisme, nous questionnant sur notre rapport à cette possibilité extrême (la mort telle qu’elle est définie par Heidegger dans ‘Etre et Temps’) que nous avons tant de difficultés à appréhender sereinement, tant notre être-là si profondément ancré dans la réalité nous empêche de concevoir notre finitude et notre mortalité. Ces dernières conditionnent pourtant notre rapport à la vie. La mort, nos morts, leur mémoire et souvenir encore vivaces, nous accompagnent tout le long de notre existence, révélant paradoxalement, avec violence et cruauté, notre solitude de vivant, ici au travers du personnage du vieil homme convoquant ses morts.

Une tradition païenne en voie de perdition

Il était une fois en Sicile, une tradition qui aujourd’hui tend à disparaitre chez les nouvelles générations d’enfants biberonnés à d’autres traditions venues d’Amérique du Nord telles qu’Halloween. Cette tradition séculaire de la Fête des Morts est évoquée dans une comptine sicilienne.

Armi santi, armi santi
Io sugnu unu e vuatri siti tanti
Mentre sugnu ‘nta stu munnu di guai
Cosi di morti mittiminni assai

Âmes saintes, âmes saintes
Je suis seul et vous êtes nombreux
Alors que je suis dans ce monde de problèmes
Emmenez-moi beaucoup de cadeaux des morts

Cette dernière évoque une croyance ancienne voulant que, dans la nuit du 1er au 2 Novembre, les âmes des morts rendent visite aux membres de la famille et apportent des cadeaux destinés aux enfants. Il s’agit généralement de jeux, jouets et friandises typiques de cette fête.

A cette occasion, les vivants préparaient un pupo en sucre, un gâteau à pâte levée sucrée, sculpté en forme de poupée aux couleurs vives et décorations pailletées. Brillant de mille feux, elles font écho aux pupi siciliennes traditionnelles que l’on retrouve dans l’Orlando Furioso : représentant tantôt une ballerine, un paladin ou un soldat, ces pupi di zucchero étaient offertes en offrande aux morts de la famille pour célébrer leur retour en cette nuit particulière avant que les cimetières ne s’illuminent de mille bougies.

Le 2 novembre, les enfants jouaient à une chasse au trésor géante, cherchant les cadeaux choisis par leur soin, offerts tantôt par un grand père qu’ils n’avaient pas connus, tantôt par un cousin récemment décédé, avant de visiter en famille les morts au cimetière. Ce jour-là était jour de fête et comme toujours en Sicile, à chaque fête, des mets traditionnels accompagnent ce joyeux moment de célébration dont la Frutta marturana, délicieuses dolci (douceurs) en pâte d’amande aux couleurs si vives qu’elles ressemblent à de vrais fruits et légumes du jardin.

La Frutta di Martorana fut inventée au 12ème siècle par des religieuses palermitaines du couvent de l’église Santa Maria dell’Ammiraglio pour orner le potager et jardin attenant au couvent en automne et hiver. Elles donnèrent à ces douceurs le nom du Monastère Bénédictin « della Martorana » érigé aux côtés du couvent et de l’église par la noble Dame Eloisia Martorana, une appellation choisie en hommage à cette dernière. Elles sont devenues aujourd’hui l’un des principaux mets de cette fête d’origine païenne, les pupi di zucchero ou pupacena et ossa dei morti tendent peu à peu à disparaitre des tables familiales.

Mémoire des morts

Une lumière tamisée lève le voile sur un vieil homme, sculptant son visage déformé, rongé par la solitude dans un clair-obscur laiteux que la musique souligne avec délicatesse. La scénographie est ici minimaliste : une table, une chaise, puis quelques accessoires et éléments de décor (un tableau, un lit d’appoint ou encore une patère) seront apportés par les personnages à fil du spectacle. Ce choix assumé et volontaire permet de mettre en valeur le jeu des comédiens sans le parasiter.

Le vieil homme, incarné magistralement par Carmine Maringola, marmonne quelques mots quasi-inaudibles en égrenant son rosaire, convoquant, par cet acte sacré, ses morts en cette première soirée du mois de Novembre. Carmine Maringola nous avait déjà ému par la puissance de son jeu et son interprétation toute en finesse et sincérité de Spicchiato dans le spectacle Acquasanta, premier chapitre de la Trilogia degli occhiali (la trilogie des lunettes), mise en scène par Emma Dante qui avait été présenté à la Criée à Marseille en 2012. Dans Pupo di Zucchero, les légers mouvements de sa tête penchée sur ses épaules recroquevillées, bercés par le rythme étiré de sa respiration quand nous le découvrons assoupi, affaissé sur sa chaise, le tremblé réaliste de sa main tenant son rosaire serré tout contre lui, nous hypnotisent. Une première image exquise, un instant suspendu(e) dans le temps, avant le réveil quelque peu brutal, tel un sursaut, du vieil homme, annonciateur de l’arrivée des morts.

Le père marin, l’oncle d’origine espagnole, Pedro, les trois sœurs souffreteuses, Primula, Rosa et Viola, l’oncle et la tante, Zio Antonio et Zia Rita, la maman rencontrée lors d’une escale à Marseille, le fils adoptif  Pasqualino arrivé par la mer d’Afrique, apparaissent au fur et à mesure sur le plateau dans une chorégraphie précise, réglée comme du papier à musique, avant de se placer derrière le vieil homme pour former un tableau de famille joyeux et coloré à l’image du bonheur ressenti lors des grandes retrouvailles familiales. Ce tableau si vivant renvoie –voire annonce- en miroir le tableau final où chacun déposera délicatement, sur deux immenses patères reliées l’une à l’autre par une armature formant une croix, dans une chorégraphie faisant écho à ce premier tableau, son double sculpté. Ces sculptures à taille humaine magnifiquement dessinées, signées Cesare Inzerillo, représentent chacune le double momifié du corps des acteurs incarnant les personnages. Ces momies telles les corps embaumés des catacombes sont d’un réalisme à couper le souffle, à tel point que sous les effets de lumière et de l’éclairage en contre plongée par une rangée de cierges allumés du double-portant, elles paraissent s’animer autour du vieil homme –ce dernier apparait à cet instant plus mort que vif. Peut-être afin (ou avant) de l’emporter, lui finalement apaisé, dans la tombe avec elles. Cette image forte empreinte de sacré reste gravée dans nos esprits.

Solitude des vivants

Dans cette création, chaque scène répond à un schéma de mise en scène très cinématographique, avec ses focus de lumière éclairant par fines touches les différents tableaux, personnages, ou actions (dans une succession de gros plans, plans serrés, plans larges), même dans les scènes les plus bouffonesques (ex : quand les morts entrent en chœur par le fond du plateau, jouant chacun un instrument de musique en live, tabourin et autres pour accompagner l’action). Lorsque tous sont en jeu, aucune action ni personnage ne viennent prendre le pas sur l’autre. Au contraire, un subtil jeu d’entrechats permet de suivre les différents mouvements des protagonistes dans une chorégraphie aux contours géométriques et concentriques, chaque groupe de personnages ne se rencontrant pas jusqu’au lever de tableau par Pasqualino, découvrant une réalité dans laquelle chaque être, au-delà des apparences affichées et des liens affectifs entretenus les uns avec les autres, est seul.

La solitude tenace qui étreint ce vieil homme en bout de vie, à l’aube de sa disparition, et qui s’accroit paradoxalement avec le souvenir de ses morts, transpire par tous les pores du corps de l’acteur au jeu expressif. Esseulé, malheureux, fatigué, il se ranimera peu à peu à l’évocation de cette soirée du 1er novembre. Lors du rituel de la confection du pupo di zucchero, avec une énergie juvénile retrouvée, il mettra tout son être dans ces préparatifs mais la préparation lui donnera bien du fil à retordre, la pâte refusant de pousser, de levitare, à son grand désespoir… telle une métaphore de sa condition de vieil homme dont la force vitale, éphémère et fugace dans les moments d’excitation, tend à s’échapper tout doucement de son corps déclinant. Il rajoutera du sucre de Palerme, un sucre de grande qualité, le meilleur d’Italie, le plus cher aussi, denrée rare et précieuse qu’il a achetée spécialement pour la confection du pupo. Ce passage donne lieu par ailleurs à des scènes pittoresques et drôlissimes (le fils adopté qui mange la pâte crue goulument, la mère qui pétrit la pâte avec force et agilité, les autres membres de la famille qui se renvoient le pâton telle une balle de jeu).

Son enthousiasme tout enfantin se transforme en désespérance avant de réapparaitre, dans un moment de liesse non contenue, quand il décore le petit gâteau et le présente telle une offrande christique au spectateur, entouré de ses morts ayant revêtu leurs plus beaux costumes de fête pailletés, dansant, chantant, souriant à la vie qui leur a été ôtée, à la mort qui les a accueillis en son sein. Les morts et le vieil homme célèbrent dans un élan d’exubérance baroque et de communion cette fête profane qui permet aux morts de rester de chair dans l’esprit des vivants, de continuer à vivre en eux et rester présents à leurs côtés, et aux vivants de ne pas oublier, se souvenir d’eux et les immortaliser afin de mieux appréhender leur propre mort.

Ode à notre humanité, si belle et si cruelle

Une expression, un geste, une posture, un mouvement, un hobby ou encore une habitude, croquent avec justesse les contours de chaque personnage qui chacun représente une facette de notre humanité.

Le père dans son joli costume exalte, exulte, sa fierté d’être un marin. On le connaîtra peu. Pedro joue au matador avec son taureau « polygame » imaginaire. Amoureux de Viola, sa nièce, qu’il tente de séduire avec sa cour à l’espagnole, sorte de danse de l’amour à la mode flamenca, il se présente tous les jours à midi pile pour manger chez la mammina. Cette dernière, les bras levés vers l’horizon infini et lointain telle la Suppliante de Camille Claudel, le visage figé dans un rictus déformant (expression tenant du jeu grotesque que Stéphanie Taillandier maitrise merveilleusement), est restée de longues décennies durant à attendre le retour de son mari perdu en mer, implorant ce moment qui ne viendra jamais. Pasqualino, le glouton, ne cesse de penser à manger, se caressant le ventre avec délectation, se goinfrant de tout ce qui lui tombe sous la main avec une voracité toute animale. Les trois sœurs inséparables sont de bien gaies complices de jeu : l’une danse, l’autre chante des chants traditionnels napolitains aux consonances liturgiques, la troisième joue avec une poupée habillée en ballerine, toutes trois mourront prématurément du typhus.

L’oncle, une brute épaisse jalouse, le macho italien dans toute sa splendeur, bat la tante dont le vêtement déchiré dévoile un sein arrondi : tous deux sont bâillonnés d’un masque noir, symbole de l’omerta, la loi du silence ou du non dire qui impose de ne pas verbaliser les tabous (ici la maltraitance d’un homme violent envers sa séduisante femme à qui il croit vouloir du bien en l’aimant ainsi). « Ti voglio bene (je t’aime) », lui répète-t-il à l’envi, la coursant pour l’embrasser, elle fuyant puis acceptant ses baisers, le pardonnant à chaque fois de ses méfaits envers elle. Les scènes de violence, pour aussi réalistes qu’elles soient, peuvent certes heurter des âmes sensibles habituées aux spectacles aseptisés et bavards. Pourtant, elles représentent cette violence primitive, incontrôlée, brute, de l’être humain. Elles s’insèrent avec intelligence et justesse dans le fil de l’histoire qui se dévoile à nos yeux, une histoire tristement banale et simple relatant les tragédies et joies d’une famille d’Italie du Sud.

L’universalité nichée au creux des particularismes

Les personnages sont ici très typés, mais point caricaturaux, tant leur incarnation relève du jeu burlesque et joue de l’expressionnisme propre au théâtre corporel de type « grotesque ». Cette exagération que d’aucun confond avec caricature est l’expression de l’incarnation vivante de l’essence même de chaque personnage, résultat d’un travail basé sur l’improvisation collective et individuelle des comédiens qui, à la façon du jeu masqué, construisent au fil des improvisations les personnages et leur histoire. Et à cela, tous les comédiens de la troupe y excellent ! Ce type de jeu permet de mettre en relief la rugosité, l’aridité, la dureté, la misère, la cruauté de notre condition humaine sans tomber dans le pathos ou le misérabilisme. Ce choix est pertinent au regard de la thématique du spectacle, permettant par la distanciation d’ouvrir une fenêtre de réflexion. En effet, bien que très siciliens ou plus largement sudistes dans leur façon de vivre le rapport à la famille, avec la mamma « mater dolorosa », ou encore dans les traditions et habitudes de vie évoquées avec cette loi du silence imposée, très marquée et encore persistante aujourd’hui en Sicile, les protagonistes parlent plusieurs langues (français, espagnol et napolitain) et portent en eux l’universalité de l’humanité dans leurs différences.

A l’image de la langue sicilienne, qui s’est construite à partir des différentes langues des peuples ayant traversé et colonisé l’île, nous retrouvons ici une métaphore de ce qui fait la Sicile : un peuple issu de différentes migrations, un peuple disparate aux traditions fortes qui se rejoignent et se fondent pour se confondre en une unité. Ce Un de l’universel subsume les particularités pour tirer la substantifique moelle de ce qui fait notre humanité : notre mortalité, cette mort avec laquelle nous nous devons d’apprendre à vivre et qui ne doit pas être le tabou qu’elle est dans la religion chrétienne. Au Mexique, la fête est mort est une célébration et en Louisiane, voire dans certaines contrées d’Afrique, les morts sont enterrés dans la joie pour mieux nous appeler à apprendre à vivre avec la mort, thématique au cœur de cette création. Pour citer Sénèque, « Vivre, c’est apprendre à mourir ».

Ici, la mise en scène sert merveilleusement le propos du spectacle, au travers d’un point de vue enfantin qui ouvre sur un espoir. Volontairement adopté par la metteuse en scène, ce parti pris prend ici tout son sens, cette fête étant avant tout destinée aux petits. D’où la présence quasi continue des trois sœurs dont le jeu est ici exemplaire : nous les découvrons batifolant, gloussant, s’amusant avec une naïveté touchante, sous un grand drap fleuri alors qu’elles sont malades, l’une étant régulièrement prise de convulsion. Cette création nous invite ainsi à de jolis moments de respiration, des saynètes empreintes de gaieté et d’allégresse, entre deux tragédies montrées sans fards, et nous plonge dans les tréfonds de l’âme humaine et ses démons, nous incitant par là même à dépasser nos peurs. Là est la réussite du spectacle.

In fine

« Pupo di Zucchero » se révèle être un spectacle total mêlant jeu d’acteur, chant et danse, musique en direct, et dont le rythme effréné ne faiblit à aucun moment. Porté par une troupe de comédiens d’excellent niveau, la dernière création d’Emma Dante nous bouleverse, nous émeut, nous transporte avec sa joyeuseté enfantine. Elle nous questionne également sans tabou sur les facettes obscures et lumineuses de notre humanité, ses splendeurs et misères, notre solitude et notre mémoire, notre rapport au passé et au présent, à la vie et à la mort. Voici un spectacle cathartique comme nous aimerions en voir plus souvent. Un enchantement, un éloge joyeux et poétique de la mort, cette fin inéluctable de notre être-là à prendre avec soi à défaut pouvoir de la comprendre pleinement. Diane Vandermolina

Informations pratiques 

Distribution

Avec Tiebeu Marc-Henry Brissy Ghadout (Pasqualino), Sandro Maria Campagna (Pedro), Martina Caracappa (zia Rita), Federica Greco (Primula), Giuseppe Lino (Papà), Carmine Maringola (il Vecchio), Valter Sarzi Sartori (zio Antonio), Maria Sgro (Viola), Stephanie Taillandier (Mammina), Nancy Trabona (Rosa)

Texte et mise en scène Emma Dante
Librement inspiré du Conte des Contes de Giambattista Basile
Sculpture Cesare Inzerillo
Lumière Cristian Zucaro
Costumes Emma Dante
Assistanat costumes Italia Carroccio
Traduction en français pour le surtitrage Juliane Regler
Surtitrage Franco Vena
Assistante de production Daniela Gusmano
Coordination et distribution Aldo Miguel Grompone

Production

Production Compagnie SudCostaOccidentale
Production déléguée Châteauvallon-Le Liberté Scène nationale de Toulon
Coproduction Teatro nazionale di Napoli (Italie), ExtraPôle Provence-Alpes-Côte d’Azur*, Teatro Biondo Palermo (Italie), La Criée Théâtre national de Marseille, Festival d’Avignon,  Anthéa – Antipolis Théâtre d’Antibes
Avec le soutien du fonds d’insertion pour les jeunes artistes dramatiques de la DRAC PACA et de la Région Sud, Institut culturel italien de Marseille

*Plateforme de production soutenue par la Région Sud – Provence-Alpes-Côte d’Azur rassemblant le Festival d’Avignon ; le Festival de Marseille ; le Théâtre National de Nice – CDN Nice Côte d’Azur ; La Criée Théâtre National de Marseille ; Les Théâtres, Marseille et Aix-en-Provence ; anthéa, Antipolis Théâtre d’Antibes ; Châteauvallon-Liberté, scène nationale et la Friche la Belle de Mai

Crédit photos : Pupo di Zucchero – La Festa dei morti / La Statuette de sucre – La Fête des morts, Emma Dante, 2021 © Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon

Rmt News Int • 19 juillet 2021


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