Sobre rentrée au Divadlo Théâtre

Ce lundi 7 septembre à l’occasion de la conférence de presse de la saison théâtrale 2020/2021, le directeur du Divadlo Théâtre, Bernard Fabrizio, la mine grave une fois son masque ôté, amorce les hostilités par un point sur la situation économique du théâtre suite à sa fermeture forcée de ces derniers mois pour cause de Covid.

Avec le passage, en cet étrange début de saison culturelle, du département en zone rouge où le virus circule activement, c’est une rentrée en demi-teinte qui se profile avec une jauge réduite à trente places assises et plusieurs spectacles annulés, certains membres de la compagnie résidente ayant été affectés par la maladie, testés positifs et en quatorzaine, ce qui a entaché  toute possibilité de répétitions et de création théâtrale cet été.

Fort heureusement, le théâtre a pu compter sur la fidélité de ses élèves qui ont pour une grande majorité offert au théâtre les derniers mois de cotisation afin de soutenir financièrement le lieu qui bénéficie de maigres subventions* du CD13 et de la Ville de Marseille essentiellement pour son travail autour de la petite enfance. Des dons et un allègement du loyer mensuel sont venus compléter l’aide d’urgence du gouvernement et l’équipe salariée a été mise en chômage partiel, apprenons-nous de la bouche de Bernard.

Néanmoins, même si la situation reste tendue pour tous les acteurs culturels, et notamment pour les petits lieux qui n’ont que peu de moyens en dehors des recettes de billetterie ou d’ateliers pour survivre, l’optimisme reste de mise : Charlotte Guillien, la présidente, également élève du maître, insiste sur la nécessité de garder le moral pour affronter cet avenir bien incertain – les ateliers tardent à faire le plein d’élèves, notamment pour le premier niveau, le cours Débutant-, en attendant qu’un providentiel vaccin puisse permettre à tout un chacun de retrouver un mode de travail démasqué et sans distanciation, car « pratique théâtrale et masque et distanciation physique », cela reste un non-sens pour le directeur du Divadlo.

Bernard a ainsi fait appel à de nouvelles compagnies pour remplacer les spectacles annulés à l’image  du spectacle d’ouverture. Il accueille les 25 et 26 septembre la dernière création de Gilles Ascaride, auteur à la plume ciselée,  « Rencontre avec mon beau-frère », des retrouvailles amères dans l’au-delà entre deux individus qui se détestaient cordialement de leur vivant. Cette comédie tendre et cruelle est interprétée par Gilles Ascaride lui-même et Géraldine Baldini : tous deux offrent au public un moment d’humour savoureux pour commencer la saison théâtrale dans la joie et la bonne humeur.

D’autres compagnies reviennent à l’instar des All’in. Ces derniers présenteront chaque mois une improvisation longform et ponctueront la saison de cafoutch d’impro : la première séance fera la part belle à une improvisation d’une heure autour de 8 personnages de Molière par un comédien seul en scène (le 4 octobre, autres dates : les 8 novembre et 6 décembre). Patrick Rugiriello de la Cie la Plume et la Libellule proposera, quant à lui, une version contemporaine et transposée de Roméo et Juliette où Roméo le Parisien rencontre Juliette la Marseillaise pendant la guerre 39/45. Roméo est juif, Juliette a un parent collabo… « Roméo et Juliette – Marseille 1943 » est à voir les 9 et 10 octobre.

La compagnie les Décrocheurs de Lune dévoilera sa 15^ème création : une comédie contemporaine  acide à l’humour très noir –marque de fabrique de la compagnie-, dans laquelle le public sera face à un personnage machiavélique, une femme prête à tout pour récupérer les appartements voisins du sien (« Le bal des crapules » les 20 et 21 novembre). Suivront les dernières créations des Tréteaux de l’Athanor : la première autour de la rencontre improbable de deux femmes que tout oppose (« Armistice au pont de Grenelle » le 27 novembre) et la seconde sur Molière (2^ème trimestre), relatant plus précisément le dernier mois de sa vie, une comédie sur les affres de la création.

Côté jeune public, citons la reprise d’un petit chaperon rouge revisité qui conte le voyage initiatique d’un loup végétarien, un récit sur l’acceptation de la différence, mené avec entrain par la cie Didascalies (« Le petit chaperon rouge ou presque… » les 16, 23 et 26 septembre à 14h30) ou encore des spectacles mêlant danse et musique pour tout petit (1/3 ans) avec la compagnie La petite Mélodie (« Vole papillon » 13 novembre et « Le rêve de Nicolas » les 12 et 13 décembre à 10h et 11h15). Ce dernier spectacle musical est un conte dans lequel deux lutins munis d’un livre à taille humaine racontent l’enfance du père Noël ….

En sus de la reprise du « Noël de Monsieur Carton » (16 décembre à 14h30), la cie du Funambule permettra au curieux de découvrir son dernier-né qui traite des risques domestiques du quotidien avec « Pas ci, pas ça ! »  (8 et 15 octobre à 10h). Stéphane Lefranc  a profité de cette conférence de presse pour nous présenter Gustave, marionnette masquée rencontrant Covid, un moment délicat et suspendu qui donnât du baume au cœur aux invités, à l’image de la prestation d’Yves Martini, magicien, faisant des tours de passe-passe toujours étonnants avec sa corde magique. Ce dernier animera la soirée du réveillon de la Saint Sylvestre (20h30 et 22h30).

Les 5 temps forts annuels (Un petit escargot tout chaud, le week-end de Noël, le 11^ème lever de rideau marionnettique, le week-end des petits écolos, le temps fort autour de l’impro) ainsi que les soirées famille (ex. les soirées pyjamas de Zoé, dès 19h avec spectacle, atelier et repas) accompagnent cette saison riche en spectacles et en découvertes, qui espérons-le en inaugurera encore plein d’autres dans les années à venir. Diane Vandermolina

Réservation sur contact@divadlo.org ou 04 91 25 94 34/Tous les spectacles tout public sont à 20h30, ouverture des portes 40 minutes avant la représentation/ Tarifs de 7 à 15€ avec possibilité d’abonnements et réductions. www.divadlo-theatre.fr

*A l’image de nombreux lieux théâtraux marseillais qui se sont regroupés en association, ainsi fédérés ils souhaitent prétendre à des subventions plus conséquentes que celles reçues actuellement par chacune des structures adhérentes.

En Une, restitution d’un atelier pour débutants (crédit photo Divadlo)