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Le dernier jour du jeûne de Simon Abkarian

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Le dernier jour du jeûne de Simon Abkarian
Mise en scène de l’auteur
Théâtre du Gymnase(Marseille),du 24 au 28 Septembre 2013
Théâtres d’Istres(12 Octobre),de Draguignan(15 Octobre),de Grasse(18-19 Octobre)

(c) R. Arnaud

(c) R. Arnaud

     Le dernier jour du jeûne se présente comme une tragi-comédie méridionale ou plutôt comme une fresque populaire où les hommes bâtissent leurs lois à grands coups de gueule,tandis que les femmes s’agitent en commérages ou se pavanent,partagées entre plaisirs et frustrations.Six femmes:Nouritsa,Zéla,Astrig,Sandra,Sophia,et la voisine Madame Vava,qui tempêtent,radotent colportent ou se rebellent dans des colloques drôles et improvisés,autant de figures emblématiques d’un monde méditerranéen que Simon Abkarian a vu vivre dans sa jeunesse au Liban.Ici,nous dit l’auteur, »les hommes ont peur des femmes,ils jouent le jeu d’un amour tacite qui maintient un semblant de paix au sein de la famille.Et c’est ce faux-semblant que les femmes veulent détruire,pour s’émanciper d’un joug ancestral ».
    La sexualité est donc le thème principal du spectacle avec son cortège de propos obscènes brassés dans la déclamation incongrue d’une langue étrange,à la fois familière,archaïque,poétique et littéraire,que la principale actrice,Ariane Ascaride(Nouritsa) prononce avec un fort accent marseillais,tandis que Simon Abkarian,dans son rôle de vieux mari,patriarche chef du quartier,imite la voix ironique d’Yves Montand.Mais il faut s’armer de beaucoup de patience pour supporter pendant deux heures trente,les préjugés grotesques,les sentences,les clichés éculés,les réflexions idiotes que véhiculent des actrices très excitées dans un spectacle qui vire peu avant la fin au cauchemar,avec une scène d’inceste choquante,odieuse, entre le boucher Minas(David Ayala)et sa fille,puis à la tragédie avec le meurtre du coupable.
     Devant un décor mobile de petits cabanons sur roulettes,déplacés par les acteurs eux-mêmes au gré des différents tableaux(création de Noëlle Ginefri-Corbel),les intermèdes dansés sur de la musique arabe,imaginés par Philippe Ducou dans un esprit de music-hall,ne manquent pas de charme,et l’interprétation farfelue de Judith Magre,dans le rôle de tante Sandra,intellectuelle émancipée en porte-à-faux par rapport à sa soeur et à ses nièces,révoltée contre la condition des femmes au Moyen-Orient,agrémente d’une note brillante cette pièce de théâtre qui péche allégrement,au demeurant,contre toutes les règles de la dramaturgie.
                                                            Philippe Oualid

Rmt News Int • 26 septembre 2013


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