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Musiques Interdites : 10 ans déjà ! Réservez votre soirée du 7 ou 8 décembre…

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« Le Journal d’Anne Frank » Opéra-Monodrame de Grigori Frid

Livret du compositeur/Version Orchestre de chambre en Allemand surtitré

Lundi 7 et Mardi 8 décembre 2015 – 20h

La Criée Théâtre National de Marseille (Petit Théâtre) 30 quai de Rive Neuve 13007 Marseille

Avec Emilie Pictet soprano/Macha Makeïeff récitante

Ensemble orchestral de musiciens de l’Orchestre philharmonique de Marseille

Vladik Polionov piano célesta/Marc Albrecht direction

Création en France/En Partenariat avec La Criée Théâtre National de Marseille

Tarifs : de 6 à 12€/Durée 1h15

Renseignements/ Réservations : 04 91 54 70 54 ou Vente en ligne : www.theatre-lacriee.com

 

Pour le dixième anniversaire du Festival Musiques Interdites, la Criée accueille la création d’un mono-opéra composé en 1969 par le russe Grigori Frid* (1915-2012), compositeur prolifique alliant différentes formes musicales et formations, « le Journal d’Anne Franck », les 7 et 8 décembre à 20h avec Macha Makeïeff (récitante), Emilie Pictet (soprano) et l’ensemble orchestral de musiciens de l’Orchestre Philharmonique de Marseille, dirigé par le chef de renommée internationale Marc Albrecht.

 

Préambule

 

La directrice de la Criée, Macha Makeïeff, a voulu accueillir cette création dans la mesure où « c’est la mission de ma maison que d’accueillir ce type d’événement afin de veiller à ce que l’expression artistique puisse faire barrage à toutes les formes de rejet de l’autre en ces temps de virulence des racismes ». Hasard du calendrier, après les événements du 13 novembre, accueillir cette création est d’une extrême urgence afin « d’empêcher l’éclosion des pensées sordides, transmettre le message de l’importance de faire les choses ensemble et résister face aux totalitarismes » réaffirme-t-elle à l’occasion de la conférence de presse du 24 novembre. « Anne Franck peut être n’importe qui » aujourd’hui. Ne disait-elle pas « vouloir se retrouver seule avec soi pour retrouver les autres et être prête à se sacrifier (…) pour autrui » autrement dit prête à donner sa vie pour l’humanité ? rappelle Michel Pastore, directeur du festival.

Macha Makeïeff et Michel Pastore (c) photo DVDM

Macha Makeïeff et Michel Pastore (c) photo DVDM

 

La création

 

Michel Pastore**, producteur, programmateur et metteur en scène, a fait ici le choix de présenter la deuxième version réduite à 9 musiciens de l’œuvre en Allemand, et non en Russe, pour coller au plus près de l’atmosphère poignante de ce témoignage de l’ exil intérieur d’une jeune juive allemande de 13 ans, témoignage dénonciateur d’un crime contre l’humain et de la barbarie des nazis, relaté avec « grandeur d’âme » et « une extrême lucidité »(dixit M. Pastore). Cette présentation du monologue lyrique pour soprano, composé de 21 extraits du journal regroupés en 4 grandes scènes, qui n’est pas sans rappeler les compositions de Mahler, Berg et Chostakovitch, est entrecoupée de textes dits en français par la directrice de la Criée afin d’offrir un éclairage complémentaire à l’œuvre.

« Il y a un côté cérémonial dans cette présentation d’une œuvre telle que le Journal d’Anne Franck, icône connue du monde entier » poursuit-il. Un interlude orchestral, accompagné de la projection d’une vidéo composée d’images d’Anne Franck et des posters de stars affichés dans sa cachette (dont la divine Garbo), vient s’ajouter à la composition de Frid. Car le souhait du directeur est d’immerger le spectateur dans la cachette de la jeune fille pour qu’il « communie » avec elle : c’est ce « voyage dans l’intimité d’une personne hors du commun ayant fait preuve d’un immense courage » (dixit la soprano Emilie Pictet) qui nous est offert à partager.

Cette création est « un gros challenge du point de vue vocal et passe du chanté au parlé, obligeant la chanteuse à ne pas rester figée dans une posture vocale » explique la soprano, heureuse de faire partie de cette belle aventure, émue également de sa participation à cette intense traversée, à l’occasion d’un festival qu’elle connait bien pour y avoir été invitée à plusieurs reprises.

 

Petit rappel sur le Festival des Musiques Interdites mettant à l’honneur les musiques dites dégénérées

 

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Le terme de « musiques dégénérées » désigne les compositions d’artistes d’origine juive, déportés ou en exil, mis à l’index par les Nazis dès 1933 puis par la dictature stalinienne de l’après-guerre qui condamna à son tour au néant les compositeurs de l’Est ayant survécu au génocide culturel nazi. En référence à ces musiques dégénérées, fut créé, en 2005, le Festival Musiques Interdites avec pour objectif de réhabiliter ces œuvres musicales majeures interdites par les dictatures nazie et stalinienne.

Sélectionné à plusieurs reprises pour son excellence dans le cadre des Projets Culturels Européens portés par l’Union Européenne, labellisé par MP2013 à l’occasion de l’année culturelle, distingué en 2012 par un « Choc » Classica pour l’enregistrement du CD « L’hirondelle Inattendue » de Simon Laks la festival a investi en 10 ans de nombreux lieux culturels entre Aix, Clermont Ferrand et Marseille sans oublier des pays et grandes villes de l’Europe de l’Est***.

Les créations proposées étaient pour la plupart des premières mondiales de très belle facture avec des artistes de renom et de grand talent, dans une mise en scène le plus souvent dépouillée (avec plusieurs scénographies signées Philippe Adrien) pour mettre en valeur la musique et le chant (citons parmi les artistes invités : Renée Auphan, Nicolas Cavallier, Jean Philippe Lafon, Madeleine Pascu, Sandrine Piau, Marie Ange Todorovitch qui se produisent régulièrement à l’Opéra de Marseille).

Cette année, Musiques Interdites produit, sous le label Bel Air Music, le DVD CD de la création de « Kathrin vs Zone Libre », opéra de Korngold créé en 2014, avec l’Orchestre Symphonique de la Garde Républicaine dont la sortie est prévue à Noël.

 

Parmi les événements à venir du festival, une installation de vidéos intitulée 80/240000 rendra hommage aux victimes du génocide des Khmer : les visages des victimes prises avant leur exécution défileront devant un rideau de sable. En attendant de découvrir d’ici quelques mois la suite de la programmation des Musiques Interdites, réservez vite vos places pour le Journal d’Anne Franck les 7 et 8 décembre prochains à la Criée. A vos agendas !!!! DVDM

 

En photo ci-dessus : Couverture et 4° de l’album CD DVD Bel Air Music/Kathrin vs Zone Libre à paraître fin 2015/Avec l’aide de l’ADAMI

* Il a également composé en 1975 « Les lettres de Van Gogh », un monodrame en deux parties pour baryton et ensemble de chambre, basé sur les lettres du peintre à son frère Théo.

 

* *Michel Pastore avait déjà lors de sa nomination en 2000 en tant que conseiller culturel du Consulat Général d’Autriche à Marseille travaillé à réhabiliter le patrimoine musical annihilé par le III° Reich et occulté par les courants modernistes. En 2004 et 2005, il avait produit et dirigé deux éditions des Musiques Dégénérées : Hommage à Vienne et la Musique dans les Camps. Ce fut naturellement qu’il prit la direction du festival des Musiques Interdites en 2006.

 

***Citons, le château de la Mignarde avec la création du « Chant d’Amour et de Mort » du Cornette Christophe Rilke sur un poème de Rainer Maria Rilke ; la Comédie de Clermont-Ferrand avec « Paroles d’exil : Glanzberg – Weill » reprise aux Jardins de la Villa Bagatelle en juillet 2007; l’Opéra de Marseille avec « Le Requiem » de Verdi et « Terezin 1944 » puis « Golem et Arald » de Nicolae Bretan suivi « Shylock-Psaume » de Aldo avec Renée Auphan en récitante, accompagnée par l’Orchestre Philharmonique de Marseille ; le Théâtre Toursky avec « Oratorio » de Felix Mendelssohn ; le château Pastré avec un « Hommage à Lili Pastré » en partenariat avec l’Opéra de Marseille ; l’église Saint Cannat avec quatre créations lyriques incluant la première de « Nuit Obscure sur des poèmes de St Jean de la Croix » de Karol Beffa ; la Cour d’honneur de l’Hôtel de la Préfecture Marseille avec « Kathrin vs Zone Libre » de Erich Wolfgang Korngold avec l’Orchestre symphonique de la Garde Républicaine.

 

 

Encadré

 

Pour mémoire

 

Le Journal d’Anne Frank est un émouvant témoignage sous forme de lettres adressées à Kitty, son amie imaginaire, d’une jeune israélite hollandaise d’origine allemande, Anne Frank, dans une Amsterdam occupée par les nazis, écrit de juin 1942 à avril 1944. L’adolescente de treize ans, raconte la clandestinité volontaire de ses parents et d’une famille amie, dans le pavillon d’arrière-cour d’un immeuble (« L’Annexe »). Elle livre un Journal, où se mêlent sa solitude, sa peur, ses tragiques pressentiments, avec une gaité toute juvénile et un désespoir poignant. « L’idée de ne plus sortir m’oppresse aussi plus que je ne suis capable de le dire et j’ai peur qu’on nous découvre et qu’on nous fusille ». Anne Frank réécrira en grande partie la version originale de son journal, sur des feuilles volantes, espérant qu’il serait publié sous forme de roman après la guerre. Elle ne l’achèvera pas. Une lettre anonyme envoyée aux autorités nazies, provoque l’arrestation de la famille clandestine le 4 août 1944 et leur déportation dans le camp de concentration d’Auschwitz. Anne envoyée par la suite avec sa sœur Margot à Bergen-Belsen y décèdera du typhus en février 1945, à l’âge de 15 ans.

 

En savoir plus sur les artistes de la création

 

Marc Albrecht, chef d’orchestre, a fait ses débuts au festival de Bayreuth en 2003 dans « Le Vaisseau fantôme » de Richard Wagner et la même année au Festival de Salzbourg dans « Les Bacchantes » de Egon Wellesz. Depuis son passage au Semperoper de Dresde et ses succès dans les nouvelles productions de « Tristan et Isolde », « La Femme sans ombre », « Salomé et Elektra », Marc Albrecht est tout particulièrement lié à cette maison. Depuis 2011, il assure la direction de l’Orchestre philharmonique des Pays-Bas (Nederlands Philharmonisch Orkest) et de l’Opéra des Pays-Bas (De Nederlandse Opera). Particulièrement renommé pour ses interprétations des oeuvres de Richard Wagner et de Richard Strauss, il a enregistré de nombreux albums et a reçu le prestigieux prix Edison en 2014.

Emilie Pictet, soprano, s’est produite au Wigmore Hall de Londres, au Megaron d’Athènes et à la Mozartsaal de Vienne avec les solistes du Wiener Philharmoniker dans des cantates de Bach et dans les « Liebesliederwalzer » de Brahms avec Mathias Goerne. Au sein de la troupe de l’opéra de Bâle, elle chanté Musetta (« La Bohème »), « Carmina Burana » de Carl Orff, Blanche de la Force (« Dialogue des carmélites »), Pamina (« La Flûte enchantée »). En 2011, elle participe à la création de « Weill-Glanzberg » lors du Festival Musiques Interdites au Château Pastré. En 2012, elle participe à la création en France de « La Vie Eternelle » de Schreker et de « Nuit Obscure » de Karol Beffa lors du Festival Musiques Interdites et participera en 2016 à la création à la Havane de « Marie Galante » de Kurt Weill pour Musiques Interdites.

 

Macha Makeïeff, touche à tout, metteur en scène, costumière, décoratrice, récitante, dirige depuis 2011 La Criée Théâtre national de Marseille et s’attache à réunir autour d’une programmation théâtrale exigeante, l’ensemble des activités artistiques qu’elle mène et défend depuis toujours, musiques, images, arts plastiques, pour développer un projet singulier, inscrit dans le tissu urbain de la ville de Marseille dont elle est originaire et où elle a été l’élève du Conservatoire d’art dramatique.

 

Vladik Polionov, pianiste originaire de l’Oural, installé à Marseille depuis 2001, est professeur de piano au Conservatoire d’Aix-en-Provence. Dans le cadre du Festival Musiques Interdites 2008, il a interprété la « Sonate de Terezin » d’Ullmann à l’Opéra de Marseille, et en mars 2015 la « 5e Sonate » de Victor Ullmann, « la Sonate » (1924) d’Erwin Schuloff (création en France) et « La Chacone de temps de guerre » d’Itor Kahn à la Maison de la Région à Marseille.

 

Les Musiciens issus de l’Orchestre philharmonique de Marseille

Marie Ravizé, violon – Xavier Chatillon, violoncelle – Fabrice di Benedetto, contrebasse Jean Marc Boissière, flûte – Alain Geng, clarinette – Frédéric Baron, basson – Anthony Abel, trompette – Bernard Boellinger, percussions. Ces musiciens ont tous déjà joué pour Musiques Interdites notamment « Quatuor pour la fin de temps » de Messiaen, « Der Wind » de Schreker et « Fata Morgana » de Pavel Haas.

 

 

 

Rmt News Int • 28 novembre 2015


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