RMTnews International

The culture beyond borders

Bianco, de la Compagnie Nofit State Circus

Share Button

Bianco, de la Compagnie Nofit State Circus, est un spectacle de cirque présenté sur l’Esplanade du J4 (Marseille), sous le chapiteau de la compagnie du 3 au 8 février et du 10 au 15 février 2015 à l’occasion de la BIAC (Biennale internationale des arts du cirque). Cette création se définit plutôt comme « une expérience à vivre ». Nous avons assisté à la présentation de ce show hors du commun et avons interviewé un de ses créateurs, le directeur de la compagnie « himself » (lui-même), Tom Rack (photo ci-dessus, (c) photo DVDM).

La compagnie Nofit State Circus

Depuis sa création en 1986, NoFit State Circus est basé à Cardiff au Pays de Galles. Après bientôt trente ans d’existence, la Compagnie privilégie aujourd’hui les grandes formes et la voltige aérienne mêlant dans ses spectacles, cirque, musique live et théâtralité, tout en conservant cet esprit d’aventure collective propre à l’art vivant, notamment au cirque. La compagnie a été créée par Tom Rack, lui-même jongleur de son état, nous apprend-il à l’entracte du spectacle. Maintenant qu’il ne jongle plus, il s’est mis à la conception des spectacles mais, nous explique-t-il : « Au début, le travail de la compagnie était plus orienté vers le cirque-théâtre mêlant humour et comédie ; aujourd’hui, nous sommes plus tournés vers le cirque à proprement parler, notre chapiteau étant bien plus grand que celui de nos débuts. Il peut accueillir 550 personnes debout ! »

Une création internationale : Bianco

La création de Bianco a été faite en 6 semaines, il y a 4 ans de cela. Tom a confié la mise en scène à sa collaboratrice depuis 12 ans, Firenza Guidi, italienne d’origine. Mais à chaque tournée, le travail de création se poursuit, le directeur de la compagnie et son acolyte, « retravaillant certains numéros, les affinant », nous dit-il. C’est donc après avoir effectué un casting international, d’artistes en tous poils, venant de tous les pays (France, Québec, Italie, Etats Unis…), que Bianco a pu voir le jour. Les nouveaux venus apportant les skills (compétences) recherchés pour cette création ; car, en effet, à chaque création de la compagnie, la troupe d’artistes est renouvelée, partiellement ou totalement selon les besoins, via des castings. Pour cette création, l’âge des artistes acrobates (une quinzaine sur scène) varie de 22 ans pour les plus jeunes à plus de 50 ans pour le plus âgé.

Une création musicale dédiée

Les musiciens, quant à eux, travaillent depuis longtemps avec la compagnie : le groupe s’est formé pour accompagner les spectacles de Tom. Ce dernier précise, avec un certain contentement, que « les 4 artistes du groupe jouent à eux tous plus de 25 instruments ! » Ils ont composé la musique spécialement pour la création : « les compositions musicales sont adaptées à chaque numéro pour offrir une ambiance en symbiose avec le travail des acrobates ». Et il est bien vrai que cette harmonie entre la musique et les numéros -allant du comique au dramatique- est palpable sur scène. Les chanteurs-musiciens du groupe possèdent des voix extraordinaires passant du grave à l’aigu. Leur musique balaye des styles aussi divers et variés que le pop, le rock électro, la musique des Balkans et le folklore gallois. Une des acrobates, chanteuse par ailleurs, vient enrichir la bande des quatre au fil du show. Il est bien dommage de ne pouvoir se procurer d’enregistrement de la musique tant elle est superbe même si de l’aveu de Tom, un enregistrement avait été effectué par la compagnie lors d’une des premières représentations… pour leurs archives only (seulement).

Une tournée en prévision ?

Quant à savoir si la compagnie va rejouer en France, Tom nous dit qu’ils sont en négociation pour une tournée dans le sud-ouest de la France à l’automne prochain. La compagnie est une habituée des tournées essentiellement européennes : une fois, ils se sont rendus en Australie mais c’est chose rare du fait de la complexité du transport du matériel (ce dernier nécessite 3 camions à lui seul, entre la tente, le sol et le décor, sans compter l’administration et les artistes). « C’est une grosse machine qu’il n’est pas aisé de déplacer ». A cela se rajoute un autre problème : « depuis trois ans, les tournées sont de plus en plus difficiles à organiser. Avec la crise et la baisse des moyens dans le milieu culturel, la détérioration des conditions de vie et de tournée des artistes s’accentue d’année en année », continue-t-il. Et nous explique-t-il, un peu chagrin, le plus flagrant, « c’est que même en France, la culture est soumise à cette grande baisse des aides étatiques depuis ces trois dernières années et que les structures d’accueil ont de moins en moins d’argent ». Pourtant, c’est avec plaisir et joie qu’il découvre Marseille, une belle ville, « une ville qui bouge et où les propositions artistiques sont nombreuses » même par ce temps de fort Mistral auquel il n’est point accoutumé.

Un show aérien au concept original

Conçu par Tom Rack et Firenza Guidi, ce spectacle alterne intelligemment scènes de groupe, solos, duos et quatuors acrobatiques aériens : des situations plutôt comiques (la scène des nageurs sautant dans des éclats de rire sur les trampolines, avec son maître-nageur fou en brassière qui saute d’une hauteur vertigineuse dans le vide, accroché à son trapèze volant) et décalées (avec des détournements de numéros, tel que celui du funambule un peu macho qui exécute un striptease sur son fil ou l’emploi de personnalités au physique peu commun, notamment la jeune femme qui s’essaie à l’humour sur des agrès de gymnastique) laissent place à des situations émotionnellement fortes où la tension dramatique est à son comble (lorsque l’acrobate tenant un chandelier enflammé monte dans le ciel, accroché à une sangle, à la force de son bras resté libre : une scène visuellement magnifique et à forte valeur émotionnelle), sous les yeux des spectateurs ébahis qui déambulent pendant le show.

Une déambulation libre, oui mais…

L’originalité principale du spectacle réside ainsi dans le fait que les spectateurs font partie prenante du spectacle : ils restent debout tout le temps du spectacle, flânant à leur guise, et peuvent se faire leur propre spectacle selon vers quel endroit du chapiteau leur regard se pose, vers quel espace leurs pas les dirigent. Car, ici, le spectateur est accueilli et guidé par des stewards qui veillent au grain. En effet, le principe du spectacle est certes la libre déambulation des spectateurs qui suivent les circonvolutions acrobatiques des artistes ; mais pour des raisons de sécurité, la liberté de mouvement ici proposée est quelque peu limitée : les stewards nous rappellent à l’ordre lorsque nous nous éloignons un peu trop du groupe, voire nous disent où nous déplacer lors d’un changement de décor…

Manipulations et jeux de poids-contre poids à vue

Ceci dit, lors des intermèdes, les acrobates et techniciens changent le décor (constitué de grandes structures amovibles et modulables faites de tubes en fer reliés entre eux par des plateaux) à vue, tout en exécutant un pas de danse, voire en criant et courant dans tous les sens à nous en donner le tournis : ils nous font découvrir l’envers du décor, ce que nous ne voyons jamais tel que l’arrangement par les techniciens des cordes, sangles, et autres agrès pour les acrobates ainsi que la manipulation à vue des accessoires de levage tels les câbles et cordages permettant les poids et contrepoids par les artistes costumés. Autre originalité donc, les techniciens font partie intégrante du spectacle et rien de ce qui se passe ne nous est caché. Elément du spectacle qui nous a bien ravi ! Avis donc aux curieux.

troupefeatureimage

Sous le feu des projecteurs, les artistes

La lumière se tamise lors de ces intermèdes. Dans ce spectacle, la création lumière utilise des couleurs allant du bleu glacial au rouge tirant vers les ocres en passant par des lumières blanches parfois gênantes. Les jeux de lumières tendent à abuser des éclairages en « douche » (en opposition aux éclairages en contre plongée) aveuglant le regard du spectateur lorsqu’il regarde certaines scènes aériennes, tout ébloui qu’il est par la lumière. Cependant, au hasard d’une découpe ou d’une poursuite lumière, le spectateur découvre un jongleur, une spécialiste de Hula Hoop, un duo de trapézistes dans les airs… Mais aussi, des cerceaux qui se soulèvent pour atteindre les hauteurs du chapiteau ou un quatuor de cordes qui en descend avec à leur barre des acrobates-voltigeurs de talent (mention spéciale pour Blaze Tarsha, l’artiste chanteuse, dont la maîtrise de la corde, du Hula Hoop et du cerceau est exceptionnelle)…. Visuellement, les effets sont magnifiques et les ensembles en excellente synchronisation.

Néanmoins, même si le show n’est pas d’un point de vue performatif le plus « thrilling » (excitant ou impressionnant) qu’il soit, le spectateur, il est vrai, ne s’ennuie guère : l’énergie, le dynamisme et la joie des interprètes nous transportent dans un univers onirique où la beauté du geste se mêle à l’allégresse du moment, où la légèreté de l’être se dispute au sérieux nécessaire à la maîtrise de ces arts. Une expérience à découvrir en famille ! DVDM

Infos pratiques:

Bianco, au J4 (spectacle sous chapiteau) à Marseille, du 3 au 8 février et du 10 au 15 février 2015

Durée : 2h (intervalle 20 mn)

Disciplines : Trapèze-danse, trapèze ballant, multi-corde volante, fil, roue Cyr, cerceau, Hula Hoop, jonglage, corde lisse, équilibre, sangles, trampoline

Horaires : 3 février à 20h, 4 et 7 février à 19h, 5 et 6 février à 20h30 et 8 février à 15h ; 10 et 11 février à 20h, 12 et 13 février à 20h30, 14 février à 19h et 15 février à 15h

Tarifs : de 17 à 28€/Réservations : https://biennale-cirque.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Nouveau-cirque-BIANCO—NOFIT-STATE-CIRCUS-BIA15.htm

Mise en Scène: Firenza Guidi

Concept: Firenza Guidi et Tom Rack

Production: Tom Rack et Kelley Griffiths

Accueil Public: Tom Adam

Diffusion: Camille Beaumier

Musique: David Murray

Design: Tom Rack, Firenza Guidi, Saz Moir, Lyndall Merry

Costumes: Rhiannon Matthews

Lumière: Adam Cobley

Construction: Tarn Aitken, Lolo Lavender

Avec: Lyndall Merry, Marco Fiera, Anne-fay Johnston, Freya Watson, Sage Cushman, Hugo Maciel, August Dakteris, Geoffrey Berhault, Elena Burani, Lee Tinnion, Blaze Tarsha, Fred Rendell, Jani Foldi, Anna O’Loughlin

Musiciens: Andy Moore, Douglas Kemp, Annette Loose, Calum Mc Intyre

Rmt News Int • 2 février 2015


Previous Post

Next Post