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The culture beyond borders

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8ème Edition du Festival Reflet

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L’âge de la maturité…


Cette édition riche en événements est placée sous le signe de la découverte et du partage… Découverte de films inédits ainsi que d’un spectacle qui a reçu un accueil très favorable sur Paris sans oublier les soirées musicales au Cabaret Aléatoire. Convivialité et Partage seront aussi au rendez vous ! A des tarifs abordables…Du 5 au 9 mai, au cinéma les VARIETES, se déroulera ainsi ce festival aux thématiques gays, lesbiennes, bi et transgenres présentant des films venus d’horizons diverses, porté par Michèle Philibert….

La soirée d’ouverture débute par un apéritif d’inauguration (19h) et la projection de « Corazones de Mujer » (20h), une production italo-marocaine de 85 minutes abordant les thèmes de l’homosexualité masculine, du travestissement, de l’homoparentalité, des mariages arrangés et de la condition des femmes au Maroc. Sujets sensibles abordés avec légèreté et humour. Un film que nous vous recommandons chaudement à découvrir tant il s’adresse à tous les publics (cf. article dans l’onglet cinéma sur www.larevuemarseillaisedutheatre.com).

Zoom sur le 7 mai à 22H avec la présentation en avant première à Marseille du spectacle d’Océane, plus connue sous le nom d’Oshen pour avoir deux albums à son actif. « La lesbienne invisible » relate avec humour les aventures d’une jeune femme lesbienne….qui n’a rien de lesbien d’où l’incrédulité de ses conquêtes quant à sa sexualité…jusqu’à ce qu’à 30 ans, elle découvre la série culture Lword et devienne une sex-alcoolique.

N’hésitez à surfer sur le site du festival pour découvrir la programmation complète de cette édition, DVDM

A noter que le 6 mai sera projeté le Satyricon de Fellini à 22h (carte blanche à Monsieur Latarjet). Pour plus d’infos sur la programmation : www.festival-reflets.org

ZOOM SUR
Corazones de Mujer
Kiff Koosof (D. Sordella et P. Benedetti)
2008 Italie Maroc (présenté au festival du film de Berlin en 2008)
Avec Aziz Ahmeri (Shakira) et Ghizlane Waldi (Zina)


Le film raconte, tel un road movie à la Thelma et Louise avec happy end, le voyage de Zina, accompagnée par son ami travesti, Shakira, au Maroc où elle doit se faire recoudre l’hymen (afin de redevenir vierge) avant d’épouser un inconnu choisi par sa famille en Italie. Shakira profite du voyage pour lui présenter sa famille et son fils qui croit que son père est mort, l’homosexualité étant un tabou au Maroc. Comme Shakira le dit très bien, « Ils m’aiment jusqu’à ce qu’ils aient fini de dépenser l’argent que je leur ai donné ». Dure réalité dont il a conscience et qui le remplit de chagrin.

Ce voyage initiatique est entrecoupé de flashbacks où Shakira relate leur parcours et les kilomètres le séparant de son fils. Le spectateur découvre le Maroc vu de l’intérieur avec ses femmes au Hammam qui savent quelle est leur condition et en rient, ces deux vieux messieurs sur le bord de la route qui se racontent leurs souvenirs pour passer le temps, l’un gobant des mouches et l’autre n’osant pas lui avouer son secret, la famille marocaine typique et les mariages, des scènes de la vie quotidienne que traversent nos deux héros, perdus chacun dans une réalité en désaccord avec la volonté de leur famille respective.

Shakira est écartelé entre son homosexualité, lui qui se sent femme, et son amour pour son fils ; Zina est perdue, entre cet ami qui lui montre un autre visage de la vie, lui laisse entrevoir cette possibilité d’échapper au poids de la tradition, et son devoir de bonne fille envers sa mère qui au final lui dira de ne pas faire la même chose qu’elle car « elle est mère mais elle est aussi une femme » : elle souhaite le bonheur de sa fille. Une parole sage et belle qui conforte Zina dans son choix difficile de rester un temps au Maroc et ne pas épouser son promis. Shakira osera-t-il dire à son fils qu’il est son père ?

Les doutes de l’héroïne sont mis en abîme dans des scènes où elle s’enfuit devant le miroir d’une salle de bain, dans ses rêves oscillant entre onirisme et fantasme, dans son regard profond… La gestique de la comédienne – les gribouillages sur le miroir- et son visage expressif -filmé en plan serré- s’accordent à donner du sens à son questionnement et le spectateur se prend d’empathie pour la jeune femme.

Il en est de même pour le personnage de Shakira, filmé chez lui, travesti et fumant la chicha, ou sur la route, vêtu en homme, la démarche légèrement féminine, le regard sombre, une composition d’acteur extraordinaire (notamment la scène où il se fait passer à tabac par un groupe d’homophobe). Sur fond de couleurs pastel, images tremblotantes d’un désert sous le soleil couchant (un peu suranné certes).

Et malgré quelques lenteurs et maladresses, ce film, alternant plans larges, panoramiques, et plans serrés, s’adresse à tous les publics : il analyse finement les rapports entre les deux personnages principaux, leur amitié improbable et pourtant si vraie. Des scènes drôles et des moments de joie permettent au spectateur de souffler, l’intrigue et le sujet si délicats sont-ils sont traités avec intelligence et humour, sans apitoiement ni condescendance. Sans fards, ni faux semblants, avec sensibilité, sont montrés les tabous au Maroc et le spectateur assiste à une remise à zéro des compteurs, une prise de conscience salutaire. DVDM

Rmt News Int • 2 mai 2010


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