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Rencontre avec Toni Servillo, un acteur peu commun

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«Jouer, c’est donner de la chaleur au cœur et de la lumière à la tête »

Toni Servillo, que vous avez peut être vu dans « Gomorra » ou « Il Divo » (films qui seront projetés en Avril à l’Institut Culturel Italien), est à la fois un acteur de cinéma talentueux (à découvrir son dernier film contant les amours d’une chinoise avec un italien surnommé Gorbatchov) et un comédien de théâtre accompli (pour preuve sa prestation dans « La Trilogie de la Villégiature », voir critique de Ph. Oualid sur www.larevuemarseillaisedutheatre.com ). Oscillant entre ciné (où il se plaît à jouer des rôles contemporains) et théâtre (où il interprète de grands textes dramaturgiques), cet homme par son travail souhaite montrer combien « être acteur est un métier noble ». « Le théâtre est complicité », c’est un lieu d’engagement.

Pour Toni, il était important de monter la « Trilogie de la Villégiature » de Goldoni, « chef d’œuvre littéraire à l’image d’un Shakespeare ou du Soulier de satin de Claudel », écrit par le Molière Italien. Ce dernier « a quelque chose de la mélancolie Mozartienne (il parle de « désespérance dans le sourire ») et de Marivaux, dans sa manière de parler du cœur féminin ». Mettre en scène cette œuvre est une façon de parler de la société italienne d’aujourd’hui, « porter un regard lucide sur ces intellectuels bourgeois et leur responsabilité dans le Destin actuel de l’Italie », notamment au regard de ce que Berlusconi a pu faire des médias télévisés. Ces derniers ont tendance à « décérébrer » le public. Et c’est avec un plaisir sincère que Toni nous a conté combien il appréciait que sur une chaine française en prime time, le spectateur puisse avoir l’occasion de découvrir une pièce de théâtre filmée. Chose impensable chez lui !!! Car « les intellectuels bourgeois préfèrent aujourd’hui un bonheur bon marché, sans responsabilité ». D’où le parallèle avec le texte de Goldoni et le thème de l’oisiveté. Un thème qui semble tenir au cœur de nombreux artistes italiens (voir notre critique du film « la Bella gente » sur notre site internet)

Ce metteur en scène de théâtre (invité au festival d’Aix pour des mises en scène d’Opéra) insiste par ailleurs sur l’importance de l’esprit de troupe, de cette humanité qui relie les acteurs entre eux pendant les tournées. Il a ainsi mis deux ans à trouver les comédiens pour sa création, dont une partie vient de Milan et de Naples, un casting mêlant acteurs émérites et jeunes talents : le choix des artistes est primordial car ces derniers ne doivent pas seulement être talentueux mais « leur attitude, leur pensée, leur humanité, leur être sont fondamentales ». Il doit y avoir une complicité réelle entre les acteurs pendant la tournée afin que le théâtre puisse devenir ce « fait des sens et de l’intelligence » et « offrir de vrais moments de théâtre au public ». Pour cela, la collaboration entre le Piccolo Théâtre et son Théâtre Uniti (structure ayant produit le premier film de Pippo Delbono et dont l’objectif est de permettre d’offrir une alternative aux jeunes créateurs afin de réaliser leur œuvre) s’est merveilleusement bien passée. Ils en étaient à la 335ème représentation de la Trilogie avant de repartir à Paris (au théâtre de Bobigny) et poursuivre leur tournée en Europe et dans le monde.

Bon vent à toute la troupe et longue vie au théâtre Uniti et au Piccolo théâtre! DVDM

Rmt News Int • 5 avril 2010


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