Dans le tumulte de la rentrée, une bonne nouvelle…
Les conférences de presse de rentrée se succèdent à vive allure dans une atmosphère étrange où le martellement des pas pressés des journalistes a remplacé la convivialité des moments d’échanges post-conférences. Les événements n’ont de cesse de se démultiplier, débutant avant même la rentrée des classes qui annonçait traditionnellement le début de saison. Et voilà qu’à peine achevée la trêve estivale se réduisant à peau de chagrin d’année en année, nous retrouvons cette agitation qui nous entraine malgré nous dans un tourbillon incessant d’interviews et de sorties. Oublié le calme paisible des journées estivales, bienvenue dans le tumulte d’informations qui noient la pensée et la réflexion.
Alors, quoi de neuf en cette rentrée culturelle bouillonnante ? En dehors des traditionnelles présentations de saison ou conférences de presse des événements qui jalonneront les mois de septembre à décembre, une nouvelle et pas des moindres a réussi à se glisser dans les pages de nos médias régionaux dont le traitement journalistique, voire plutôt partisan, par certains journaux, se trouve parsemé d’erreurs d’interprétation (volontaires ou non ?) laissées à l’appréciation des lecteurs.
Pour mémoire, Richard Martin, directeur du théâtre Toursky, devait débuter le 13 septembre prochain sa grève de la faim initialement prévue fin septembre, la ville de Marseille ayant amputé sa subvention de 85000€ supplémentaires (une baisse avait déjà eu lieu l’année précédente). De plus, la Ville avait -avant l’été- menacé le théâtre d’un audit, maintenant également son refus d’accorder une subvention de fonctionnement pour l’espace Léo Ferré dont elle avait pris en charge en grande partie les travaux.
Nous passerons ici sur les indélicatesses et approximations de certains médias dans le bras de fer entre le théâtre et la mairie. A la fin des vacances, nous apprenons que la date de la grève de la faim est avancée du fait de la tenue du conseil municipal de la ville de Marseille le 16 septembre, une façon de maintenir la pression sur les élus marseillais en ce début de rentrée qui s’annonçait périlleux pour le directeur du Toursky : une grève de la faim n’est pas une sinécure et les risques encourus sont élevés.
Suite à une entrevue obtenue in extremis avec le Maire himself et l’adjointe à la culture de la ville le soir même de la conférence de presse organisée le 11 septembre pour annoncer l’amorce de la grève de la faim devant l’hôtel de ville, Richard Martin a décidé de suspendre sa grève de la faim jusqu’à la fin du mois d’octobre(plus précisément comme indiqué dans le communiqué de presse : reporter ) afin de laisser le temps aux tractations en vue de finaliser les accords trouvés entre les deux parties et leur mise en œuvre. Le Maire s’est officiellement engagé à soumettre au vote les 85000€ amputés à la subvention, à soutenir le Festival Russe et contribuer à la participation aux coûts de sécurité du théâtre. Ce qui est un bon point !
Pourquoi un report vous demandez-vous ? Parce que le point le plus important de la discorde n’a point été entendu par la Mairie : cette dernière, par voie de communiqué, fait savoir qu’elle ne subventionnera pas l’espace Léo Ferré, ayant été entendu entre Richard Martin et le Maire de Marseille en 1999 que ce premier ne demanderait aucune subvention pour ce lieu : Richard Martin s’y serait engagé mais il s’agissait à l’époque d’un autre projet, un café-musique solidaire pour faire vite.
Depuis 2014, le projet est devenu celui d’une salle de spectacle où s’imagineraient des créations, seraient organisées des résidences artistiques et programmées de longues séries de représentations. A ce projet, le maire avait promis publiquement son soutien : la vidéo qui tourne en boucle au théâtre réalisée par les services de la ville de Marseille en atteste. Il est évident que le directeur du théâtre, bien qu’il ait obtenu gain de cause sur la plupart de ses doléances, puisse se sentir floué car in fine, il ne peut reconnaître ni être d’accord avec cette fin de non-recevoir de la Mairie à ce sujet précisément. Pour ces différentes raisons, la grève de la faim ne peut être que logiquement suspendue et la mobilisation, perdurer !
Alors, oui, l’adage dit « les promesses n’engagent que ceux qui y croient », notamment en politique, mais pourquoi diable la mairie se réfère-t-elle à une promesse vieille de 20 ans faite à propos d’un autre projet pour refuser catégoriquement une subvention de fonctionnement ? Je n’ai hélas pas la réponse et ne la cherche pas, les sinuosités empruntées par de nombreux politiques pour justifier de leur choix peinent souvent à me convaincre, notamment ce qui concerne la culture mise à mal dans notre pays depuis de bien longues années tant elle est soumise d’année en année à une chute drastique des aides des tutelles, à l’instar de l’éducation nationale guère mieux lotie.
Je finirais ainsi ce long édito sur ces quelques phrases. La flamme vacillante de la culture ne doit pas s’éteindre dans le quartier le plus déshérité d’Europe et le combat que mène ici Richard Martin pour son théâtre qu’il a fondé voilà 50 ans est celui d’une culture vivante mise en partage et offerte au plus grand nombre, le combat de tous les amoureux de l’art et du spectacle vivant, celui d’un monde rêvé plus fraternel, plus égal, et plus libre. Un combat qu’il n’est pas seul à mener fort heureusement. DVDM
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