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The culture beyond borders

Botticelli Spicy Girls

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Le Gymnase propose au public marseillais de découvrir un show à l’américaine entre striptease et music hall, mené tambour battant par la piquante Kitten on the Keys. Cette dernière nous vient tout droit de San Francisco, la ville la plus Queer Friendly des USA -de son propre aveu, et a collecté tout au long de sa carrière de nombreux objets, parures et toilettes utilisés dans la tradition du music hall américain. Certaines de ses tenues et coiffes ne sont pas sans rappeler les films américains des années 30…

Émaillant sa présentation de chansons hautes en couleur, elle fait preuve d’une gouaille pétillante : son allusion au ‘power of paillettes’ qu’elle fait mine de sniffer est un clin d’œil délicieux aux artistes cocaïnomanes du milieu. Cette meneuse de cabaret fait montre de ses qualités de pianiste et de chanteuse à plusieurs reprises pour le plus grand plaisir du public. Elle ne manque point de talent ni de drôlerie, tout comme ses acolytes, à l’énergie généreuse, dévoilant leur beauté aux rondeurs botticelliennes et leur joli minois, sans cette vulgarité grasse que nous pouvons trouver dans certains spectacles de striptease. Certains numéros comme celui de la main baladeuse ou celui dans lequel la stripteaseuse se retrouve enfermée dans une bulle rose sont ma foi très frais et sympathiques.

Ceci dit, présenter du striptease avec des femmes rondes n’est point nouveau et la plupart des numéros composant le show -de facture somme toute traditionnelle dans son déroulé et son esthétique – restent par trop classiques, ou trop polis. Et ce, même si le spectateur peut sentir un certain gout pour la démesure et le spectaculaire chez les artistes– notamment dans le numéro du gars, stripteaseur sur bâton dont le tour est une véritable performance. Ils manquent de satire sociale et paraissent plutôt lisses. Et ce, en dépit de leur belle exécution. C’est là où le bas blesse, notamment lorsqu’on se réfère au burlesque des années 20/30 qui était bien plus provocateur et osé qu’aujourd’hui. Il suffit de regarder un film de Mae West pour s’en convaincre.

Ce spectacle nous amène une interrogation au regard du public auquel il s’adresse. Avec ses clichés grivois si faiblement détournés –l’os à l’extrémité suggestive, coincé entre les cuisses de Kitten on the Keys, symbolique d’un fantasme des plus communs ou l’interprétation de « My Girl’s Pussy » jouant sur la référence du mot pussy au pussy de la femme et au pussy cat, comparaison par ailleurs éculée – le spectacle présenté semble plutôt appeler un public de couples -et/ou d’hommes- hétérosexuels – la majorité du public de la salle marseillaise-. Les hommes étaient au demeurant ravis de voir des femmes rondes en string, les tétons cachés, mais n’est-il pas vrai que les hommes préfèrent les grosses ? Tel est le sentiment qui m’a traversée même si la metteur en scène s’en défend en disant qu’il s’adresse à tous les publics quelque soit leur orientation sexuelle.

Au sortir du spectacle, difficile de refouler ce sentiment persistant d’avoir assisté à un divertissement pour bourgeois bien pensants désireux de s’encanailler gentiment le temps d’une soirée. Cette sensation n’a rien à voir avec la qualité intrinsèque du spectacle. Elle nous interroge sur le retour d’un certain ordre moral au sein de notre société où le déjanté et le décalé sont joliment policés – point d’insolence ni de dérision plus que ce qu’il n’en faut pour contenter le public sans le choquer; ce décalage entre l’effet d’annonce et le spectacle en lui-même est dommageable.

Au final, la profusion de ce type de spectacles effeuillant la nudité et le sexe dans les salles françaises laissent à penser qu’il s’agit d’un effet de mode. Or, ces derniers priment dans les choix artistiques des directeurs de salle. Le spectacle se double ici d’une machine marketing bien rôdée avec possibilité pour le public d’acheter de nombreux objets dérivés du spectacle – photos, caches tétons… Ceci dit, nul ne doute que ce show à l’américaine trouve son public et ce dernier, son plaisir. DVDM

The cabaret new burlesque
Un spectacle de Kitty Hartl

avec Kitten on the Keys, Julie Atlaz Muz, Mimi Le Meaux, Evie Lovelle, Dirty Martini et Roky Roulette
Théâtre du gymnase du mardi 10 au samedi 21 janvier 2012
Durée du spectacle : environ 1h30/ prix des places de 8 € à 34 €
Réservations 0 820 000 422/ + d’infos www.lestheatres.net

Rmt News Int • 12 janvier 2012


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