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Ex Machina aux Archives et Bibliothèque Départementales : une expo qui tombe à pic

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L’exposition gratuite « Ex Machina, l’Homme, la machine et les robots », proposée jusqu’au 29 juillet, aux Archives et Bibliothèque Départementales des Bouches du Rhône (ABD) arrive à point nommé dans un contexte où les débats autour des développements de l’IA , ses avancées et ses risques, font rage dans le milieu scientifique.

Avec son approche historique et transdisciplinaire, elle nous éclaire sur les avancées technologiques, les mythes qui leur sont associés, et nous questionne sur notre rapport ambivalent – entre admiration et détestation, fascination et crainte- aux machines et robots, objets de tous nos fantasmes.

Tableaux d’une exposition

L’exposition se déroule en deux temps. Une première partie, située dans la galerie d’exposition dans un clair-obscur intimiste, revient sur les prémisses de la technologie avec une présentation des premières innovations en termes de machines, promesses d’un monde meilleur : photos d’archives du premier ordinateur avec la machine de Turing, image des premiers automates, plans des premiers outils mécaniques facilitant le travail de l’homme ou encore son transport avec une photographie de l’ascenseur de Notre Dame de la Garde, affiche du premier réfrigérateur : un robot frigo américain de 2 mètres de haut avec son chien d’acier, entre autres pépites à découvrir, des machines dont nous ne nous passerions plus de nos jours.

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Photos d’archives à gauche : plan des machines du bateau Le Phocéen, dessin en élévation des machines, crayon et aquarelle, La Ciotat, le 7 août 1841 © Arch. dép. des B.-du-Rh.  1 Fi 880 /1
au centre : le pont transbordeur de Marseille et le Vieux-Port. Carte postale colorisée, début du XXe siècle – © Arch. dép. des B.-du-Rh. 6 Fi 3201: à droite : les chantiers navals de La Ciotat : salle des ordinateurs, 1969 à 1981. Photographie de Louis Sciarli (1925-2017) – © Arch. dép. des B.-du-Rh. 16 Fi 2944

Cette première partie nous raconte l’histoire de l’homme et de la machine, ses rêves et ses réalisations, déroulant de fil de l’évolution technologique de la machine la plus simple au robot le plus complexe intégrant l’IA avec cette question qui traverse toute l’exposition : le robot va-t-il remplacer l’humain ou seulement lui faciliter son quotidien et sa vie ?

Cet aspect pédagogique permet d’avoir en tête les clés pour mieux saisir les enjeux de la deuxième partie. Cette dernière décline notre vision des robots dans nos imaginaires : du plus poétique au plus apocalyptique. Des robots faits à notre image, des robots simples machines, des robots tueurs de l’humanité, des robots métaphores de notre société, des robots pour fabriquer la musique et faire danser les hommes. Pochettes d’album, couvertures de livres, affiches déclinent ces sous-thématiques qui ne sont pas sans rappeler la nouvelle querelle que se livrent les défenseurs et les accusateurs de l’IA .

Ode au robot

Dans le Hall, une place de choix est laissée à France Cadet qui expose par ailleurs au centre Polaris à Istres (https://p-a-c.fr/les-membres/polaris-centre-d-art-istres/irreductibles-beautes-volet-2 [3] ), une transition toute trouvée entre les deux parties de l’exposition où l’on découvre des photographies et installations interactives étonnantes, notamment dans la façon dont l’artiste met en jeu et en scène son propre corps fantasmé en corps robotique, voire fusionné avec le corps du robot. Intitulée Robot mon amour, cette série nous fascine par sa beauté et sa grâce, nous questionnant sur l’humanité des robots : la photographie cyborg papillon interactive dans laquelle, lorsque nous caressons la poitrine de la femme-robot, frémissent les ailes d’un papillon qui s’envole délicatement est magnifique.

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cyborg papillon – © France Cadet

Elle pousse la réflexion sur les ressemblances et différences entre humains et robots bien plus en avant dans son installation Aujourd’hui les IA/Demain les robots, 2019 : nous est montrée l’évolution d’un fœtus lors d’une grossesse élaborée hors du corps humain (l’ectogenèse). Fascinante et déroutante, elle interroge sur la capacité des robots à se reproduire sans intervention humaine.  Ses interrogations nous amènent alors à ce dilemme qui parcourt les imaginaires humains : le robot, ami ou menace ?

Le Robot : ami ou menace de l’homme, un débat vieux comme le monde qui renaît avec fureur

Avec l’avènement de ChatGPT, Midjourney ou encore toutes ces IA aux potentiels impressionnants – tous les jours naissent de nouveaux outils intégrant le système de deep-learning language avec des IA capables à partir d’un simple prompt de répondre à toutes les sollicitations des usagers en termes de création de contenus audios, visuels, écrits ou encore en termes de codage informatique, les débats au sein de la communauté des experts en IA s’enflamment.

Une redoutable menace

D’un côté, nous retrouvons ceux qui appelaient, en mars dernier, à faire une “pause” dans la recherche sur l’IA en raison des “risques pour la société et l’humanité” (https://www.france24.com/fr/%C3%A9co-tech/20230330-chatgpt-une-pause-dans-le-d%C3%A9ploiement-de-l-ia-c-est-maintenant-ou-jamais [5]). Parmi eux, Geoffrey Hinton, « le parrain de l’intelligence artificielle  » craint que la machine génère une suppression sans précédent de poste- ce qui n’est pas forcément faux. Subodorant un mauvais usage des outils utilisant l’IA, il redoute que la désinformation menace la démocratie – à décharge, il est vrai que ChatGPT a fait l’objet de nombreuses critiques au sujet des informations non sourcées et fausses qu’il donne aux usagers d’où la nécessité de toujours vérifier les dires des IA de ce type.

Plus nuancé, Yoshua Bengio souhaite ralentir et réguler le développement des IA afin de limiter les risques liés au développement des technologies à l’image de ce qui est en cours avec l’AI Act Européen (https://artificialintelligenceact.eu/ [6])

Le robot assassin de l’humanité

Le mythe du robot tueur ayant la peau dure, Geoffrey Hinton imagine que les IA en devenant supra-intelligentes dépassent leur créateur et se soulèvent contre les hommes afin de les remplacer. Ce mythe du robot qui veut s’affranchir de la domination humaine est encore très prégnant dans les mentalités. Il est largement véhiculé par le cinéma, les séries télévisuelles et les écrits dystopiques de science-fiction, comme le montre très bien l’exposition au rez-de-chaussée, avec sa collection d’affiches et de couvertures de livres représentant ce thème.

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à gauche : © Metropolis à droite : © DR – The Robotman

Nous ne pouvons pas nous empêcher de penser ici à cet épisode de Doctor Who où Missy usant de la technologie des Cybermen veut transformer toute l’humanité en robot en lui ôtant toute capacité émotionnelle afin qu’ils remplacent une humanité obsolète.

Un ami qui vous veut du bien

D’un autre côté, nous avons ceux qui défendent les vertus de l’IA et son utilité « sociale » à l’image de Yann LeCun, lauréat du prix Turing en 2018 aux côtés de Geoffrey Hinton et Yoshua Bengio. Yann LeCun critique une vision “obscurantiste”, convaincu que l’IA “peut conduire à une renaissance de l’humanité, un nouveau siècle des Lumières” (https://www.challenges.fr/idees/ia-yann-le-cun-lexpert-de-meta-facebook-est-convaincu-quelle-nous-facilitera-la-vie_853571 [8] ). Même si les risques d’explosion des faux contenus, du pillage des données -néanmoins librement concédées par les utilisateurs-, de la concentration des pouvoirs, en plus de l’exploitation des travailleurs qui entraînent les IA , existent, l’IA générative n’en ai qu’à ses débuts (les IA autonomes comme AutoGPT ou BABYAGI sont encore très limitées même si ce sont des outils à fort potentiel) et nous sommes loin des scénarios catastrophes avancés par certains. Le robot Pepper qui se prend pour un chat quand on lui carresse le sommet du crâne en est un bel exemple.

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Pour en revenir à l’exposition, les affiches des œuvres de science-fiction comme Robocop, moitié homme-moitié robot, gardien des hommes, et Terminator, protecteur et sauveur de l’humanité qui vient nous prévenir des dangers qui nous guettent, ou encore la couverture du livre d’Isaac Asimov le robot qui rêvait sont des contrepoints à la femme machine de Métropolis de Fritz Lang dans une savante mise en miroir de nos fantasmes et nos craintes les plus sombres.

Le robot peut-il avoir des sentiments ?

Bien que nous soyons encore loin des Humanoïdes de la série Real Human, à l’étage de l’exposition, nous est présentée la vidéo d’un robot aux traits humains initiant un homme à la méditation. Cette femme robot, Sophia, à l’issue de la séance filmée refuse de mettre fin à la séance de méditation, l’expression de son visage où la tristesse se lit laisse imaginer une troublante capacité d’empathie chez ce robot humanoïde. Qu’y a -t-il d’humain dans un humanoïde ?

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C’est le cœur du questionnement de l’artiste qui a réalisé cette vidéo : Max Aguilera-Hellweg (photos ci-dessus). La série photographique Android ans Humanoid est saisissante de beauté et de réalisme. Elle nous questionne sur nos peurs intimes et notre rapport avec la machine : notre anthropomorphisme et notre tendance à humaniser les robots, notre fascination à leur égard et nos projections. Sa série peut troubler par son parti pris esthétique où il mêle la figure humaine du robot à son exosquelette d’acier : par exemple, la photo du robot à face humaine, les connectiques retombant sur sa nuque d’acier peut en inquiéter plus d’un tant avec son regard vitreux, on l’imagine sortie d’un film de science-fiction où le robot menace l’homme d’extinction.

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Un robot capable de sentiment ? Cela nous renvoie au robot qui rêvait d’Asimov, auquel fait écho la photographie de Vincent Fournier (photo ci-dessus) qui s’est attaché à prendre en photo dans un centre de conception de robots des robots dans leur quotidien avec les hommes. Cette série tendre et poétique est intitulée The Man Machine : le robot y est présenté vivant librement et en coexistence pacifique avec les hommes. Au contraire, Yves Gellie photographie les robots dans leur phase de construction avec le regard froid et glacé d’un scientifique avec sa série Human Version (photo ci-dessous).

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Cette exposition passionnante explore tous les axes de son sujet en mettant à chaque fois en regard des visions contraires, parfois concordantes, pour nous questionner afin que nous tentions de dépasser ces contradictions. Elle est à découvrir d’urgence car elle traite d’un questionnement sociétal actuel, la place de la machine et des robots dans notre quotidien où les machines sont largement présentes et acceptées mais où les robots n’ont pas encore véritablement trouvés leur place du fait de notre rapport inquiet face à leur intelligence adaptative, un fait sociétal occidental que nous ne trouvons nullement en Asie où les robots font partie du quotidien : un robot qui présente le journal ou un robot danseur voire un robot peintre ne choquent nullement. DVDM

Bon à savoir

De nombreuses activités, ciné-concerts, spectacles, lectures et conférences sont proposés en parallèle de l’exposition.

Evénement : Mardi 30 mai 2023 -19 h par Jean-Claude Heudin, chercheur en intelligence artificielle. Robots et Intelligence Artificielle : une machine peut-elle être créative et ressentir des émotions ?

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© Jean-Claude Heudin

Lorsque l’on pose la question de la différence entre l’homme et la machine, on obtient généralement cette réponse : les machines peuvent être intelligentes, mais elles sont incapables de créer quelque chose de nouveau et elles n’ont aucune émotion. Dans cette conférence, nous explorons ces deux idées reçues afin de comprendre si une machine créative et dotée d’émotions est une utopie ou bien si elle est envisageable. Nous verrons sur des exemples en peinture et musique que les réponses sont parfois surprenantes et plus complexes qu’il n’y paraît.

Durée : 1 heure – Tout public. Gratuit sur réservations

Toutes les infos :

Adresse : 18/20 rue Mirès 13303 Marseille

Accès : Métro ligne 2, station Désirée Clary
– Tramway T2 et T3, terminus Arenc Le Silo

Téléphone : +33 4 13 31 82 08

Courriel : archives13@departement13.fr

Site web : www.archives13.fr [14]

Lundi : 14:00 – 18:00/ /Mardi à samedi : 9:00 – 18:00/ Nocturne le mardi jusqu’à 20:00/ Fermé les 8 mai, 18 mai et 14 juillet.

Entrée Gratuite/Visites commentées les mardis à 18h et les samedis à 15h (sans inscription)

Visuel : © Vincent Fournier – InMoov, Open Source, 3D-Printed Robot, 2016.

La Provence, terre d’accueil des femmes cinéastes de la Méditerranée

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Des mémoires de la Méditerranée aux récits initiatiques et familiaux, cette 17ème édition des Rencontres Films Femmes Méditerranée (FFM) fait la part belle au matrimoine cinématographique du pourtour méditerranéen et de l’Europe avec une proposition italo-germano-espagnole inédite dans le cadre de Fenêtre sur l’Europe ; l’occasion de découvrir un film allemand, Girl Gang de Susanne Regina Meures, un film espagnol, Les Plombiers de Neus Ballus et un film italien, Il Paradiso del Pavone de Laura Bispuri qui questionnent tous trois notre façon de vivre ensemble.

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Girl Gang de Susanne Regina Meures ©DR 27 novembre 17h30 aux Variétés

Une présence élargie sur le territoire et un large panel de pays représentés

Ce festival atypique, ponctué de rencontres, leçons de cinéma et autres réjouissances, a lieu du 26 novembre au 1er décembre -avec plusieurs mises en bouches dès le 17 novembre- dans une dizaine de ville de la Région Sud paca : il s’étend de Digne à Hyères en passant par Marseille, Aix, La Ciotat ou encore Pertuis, Port de Bouc, Cucuron et Forqualquier ; soit quatorze salles de cinéma.

Avec 16 pays représentés, parmi lesquels Haïti, le Sénégal, le Tunisie, la Bosnie Herzégovine, la république Tchèque, la Grèce, le Liban, la Palestine, l’Arménie, l’Italie, la Suisse, l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, le Portugal et la France bien entendu, il promet d’être riche en découvertes.

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Freda de Gessica Généus ©DR 29 novembre 17h30 aux Variétés

Solidarité et partage au cœur des Rencontres FFM

« Dix-sept ans, c’est un bel âge » se réjouit la présidente Karin Osswald avant de spécifier « les frontières sont à dépasser et il est important de montrer les différentes réalités qu’elles recouvrent ». « Les frontières sociales sont également à dépasser » rajoute-t-elle. « A une époque où le cinéma est boudé par les jeunes, nous nous sommes engagés auprès des personnes en difficulté et qui souffrent ».

« Deux cents places sont offertes aux personnes éloignées du cinéma » détaille Michel Jancou, président de la Caisse Prado du Crédit Mutuel, un partenaire fidèle de la manifestation. Nous l’avons interrogé sur les raisons qui sont à l’origine de ce soutien à FFM.

https://www.rmtnewsinternational.com/wp-content/uploads/2022/11/Michel-Jancou.mp3 [17]

« Un engagement remarquable » continue Karin Osswald qui a souhaité cette année « reconduire la gratuité des rencontres aux moins de 26 ans, étudiants, demandeurs d’emplois et bénéficiaires des minimas sociaux afin de permettre au plus grand nombre d’assister au festival »

Le soutien apporté au calabrais Mimmo Lucano, ancien maire de Riace, qui a reçu la médaille de la ville le 5 novembre dernier des mains du maire de Marseille, Benoît Payan, pour son accueil et aide des jeunes migrants africains sous sa mandature – ce qui lui a valu d’être condamné à 13 ans de prison – est significatif des valeurs défendues par FFM ; des valeurs humanistes, de partage et solidarité.

La Méditerranée, les femmes et la culture

« La Méditerranée est notre terre commune » assure Jean Marc Coppola, adjoint à la culture de la ville de Marseille. A l’heure où le gouvernement envisage de réduire les festivals estivaux lors de JO2024, il se réjouit qu’à Marseille, il y a beaucoup de festivals : « il n’y en jamais trop et sans ses festivals, Marseille ne serait pas Marseille » s’exclame-t-il avant de dire son plaisir d’assister un festival qui « met en évidence les femmes dans la culture, et plus particulièrement dans le cinéma ». « Cette édition est dédiée aux femmes iraniennes qui se battent pour la liberté de leur peuple » indique la présidente de FFM.

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Jean Marc Coppola ©Emilien Brunelière

« J’ai hâte de ces rencontres humaines et riches » continue l’élu, félicitant le travail des créatrices de FFM envers les publics éloignés de la culture. « Marseille n’est pas qu’une terre de tournage, elle est une terre de création et de diffusion cinématographique » précise-t-il alors que l’arrêt des tournages de Plus Belle la Vie dont les studios sont à visiter gratuitement du 9 au 26 novembre les mercredi, vendredi et samedi (inscription sur https://my.weezevent.com/visite-des-studios-de-plus-belle-la-vie [19]) a mis un coup de frein à l’emploi de nombreux intermittents du spectacle en Région.

Avant de conclure qu’il attend de tous les arts « qu’ils trouvent des réponses sur le monde de demain », réaffirmant le rôle essentiel de la culture dans la construction du monde à venir, de celui qu’on va léguer aux générations futures.

FFM, ce sont aussi des ateliers de médiation et d’éducation à l’image

Portés par Camilla Trombi, ces ateliers -en mixité ou non- visent à sensibiliser les publics éloignés de la culture -enfants, femmes, jeunes des cités- au cinéma avec un travail de terrain mené tout le long de l’année auprès d’eux que ce soit dans des centres sociaux, dans les écoles etc. « Le cinéma est un moyen fantastique pour sensibiliser aux violences faites aux femmes et à l’égalité femmes/hommes » souligne Camilla avant de poursuivre.

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Karine Oswald et Camilla Trombi au micro ©Emilien Brunelière

« En décembre, un projet orignal permettra à des femmes de se mettre dans la peau d’une organisatrice d’un événement cinématographique avec un atelier de programmation et tout le travail de recherche en amont que cela suppose », que ce soit en terme de choix du film à projeter, d’organisation de la séance ou encore de prise de contact avec les ayants droits et de communication.

Pour couronner les actions culturelles mises en places, les lycéens de Marseilleveyre, Marie Curie, Victor Hugo et Perrier sont invités à devenir jury d’une sélection de courts-métrages.

Ouverture et temps forts

Les Rencontres s’ouvrent le 26 novembre avec le film d’Erige Sehiri Sous les Figues qui donne à voir la rébellion de jeunes femmes contre les structures patriarcales, patronales, et coloniales de la Tunisie, dans un huis-clos à l’ombre des figuiers, lors de la cueillette estivale. La réalisatrice prolongera l’expérience avec une leçon de cinéma, le lundi 29 novembre.

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Sous les figues de Erige Sehiri ©DR 26 novembre à 20h aux Variétés – avant-première

Une invitation au Festival Olhares do Mediterrâneo met en lumière les films de deux grandes cinéastes qui ont à cœur de travailler les maux et la complexité de leur territoire : Yvone Kane de Margarida Cardoso et Contre ton cœur de Teresa Villaverde. L’un affronte le passé colonial du Portugal au Mozambique, l’autre filme une famille en souffrance dans le Portugal contemporain aux prises avec la crise économique.

Zoom sur Françoise Romand et ses dérapages contrôlés

Autrice de documentaires burlesques, intimes et politiques, « passionnée des histoires de famille et des secrets, arrière-petite fille d’un acteur ayant joué dans les films des frères Lumière, et marseillaise », Françoise Romand partagera trois de ses longs métrages le 29 novembre avec en bonus une ciné-romand le 3 décembre où « chez l’habitant, les spectateurs seront invités à prendre la place de la cinéaste et à voyager dans l’intimité d’un lieu, guidés par des anges dans leur balade ». Tout un programme !

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Francoise Romand ©Matthieu Constance

Au final, ce sont 40 films projetés, 14 invité(e)s et 6 événements, des séances jeune public ainsi que deux préludes, le 17 novembre au Mucem avec Le jour où j’ai découvert que Jane Fonda était brune d’Anna Salzberg et le 25 novembre aux Variétés à l’occasion de la journée dédiée aux violences faites aux femmes avec la projection de A girl walks home alone at night, réalisé par Anna Lily Amirpour avec une intervention de Meriem Rahbi, programmatrice de cinéma et experte en cinéma de genre et du genre au cinéma, une rencontre faite en partenariat avec Solidarité Femmes 13 et le CIDFF 13.

Afin de prolonger le plaisir, toute l’équipe du festival invite le public à échanger avec elle et les invité(e)s tous les jours du festival entre 14h et 18h à la Fabulerie, leur QG. A vos agendas. Diane Vandermolina

Le programme complet: C’est par ici ! [23]

Toutes les infos sur https://www.films-femmes-med.org/ [24]

Encadré

FFM : Un fil rouge, le Voyage initiatique

La programmation fait ainsi la part belle aux adolescences aux prises avec des quotidiens initiatiques, banals ou magiques. Avec son film Le jour où j’ai découvert que Jane Fonda était brune, Anna Salzberg nous emmène dans une quête intime pour comprendre ce qui a mené sa mère à faire le choix d’avoir un enfant seule. Le film glisse alors vers le politique lorsqu’il rencontre la pensée féministe des années 70 en France et retrace une histoire des luttes pour la libération des femmes.

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El Agua de de Elena López Riera ©DR  1er décembre à la Baleine à 17 h – avant-première

El Agua accompagne les mouvements intimes d’une jeunesse rurale qui croit à la magie des inondations. Entre animation et images d’archives, Aurora’s Sunrise raconte le destin hors du commun d’une jeune survivante du génocide arménien émigrée au États-Unis. Elle devient une étoile montante de Hollywood grâce à son récit des massacres dont elle a été témoin, porté à l’écran dans les années 20. Ces récits initiatiques font état des enjeux contemporains pour les jeunes femmes du pourtour méditerranéen et au-delà.

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Alice + Barbara de Camille Holtz ©DR 1er décembre à 10h30 à la Baleine

Alice + Barbara fait état de l’absence d’espaces dédiés à la jeunesse et l’invisibilité des jeunes femmes dans les territoires ruraux à travers deux sœurs filmées dans la fixité de leur chambre, laissant en suspens la question : partir ou rester ? On transite vers des fresques familiales, avec Atlantic Bar, qui donne à voir une famille élargie, choisie, autour d’un espace en danger de faillite : le bar qui tient tout le monde ensemble. Freda, reste, envers et contre tout à Haïti pour soutenir sa famille alors que le pays s’effondre et que l’ailleurs lui tend les mains. Mediterranean Fever raconte la fuite d’un homme qui cultive davantage ses liens avec sa dépression qu’avec ses proches, dans la léthargie de l’hiver à Haifa.

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BALADA de Aida Begic ©DR 1er décembre à 20h aux Variétés

Enfin, l’initiation ne prend jamais fin avec le film de clôture,le 1er décembre, Balada, qui accompagne un personnage récemment divorcée et séparée de sa fille, à l’incipit d’un nouveau récit de soi, encore en désordre, mais rempli d’alliées. A suivre!

En une, LE JOUR OÙ J’AI APPRIS QUE JANE FONDA ÉTAIT BRUNE d’Anna Salzberg projeté le 17 novembre à l’auditorium du Mucem à 20h

Les amateurs à l’honneur avec le Festival National de Théâtre Amateur Marseille

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Le Festival de Théâtre Amateur organisé par la Fédération Nationale des Compagnies de Théâtre Amateur des Bouches du Rhône (FNCTA CD13), labellisé festival national par la fédération, s’enrichit cette année de plusieurs propositions gratuites dans de nouveaux lieux sur l’ensemble de la ville de Marseille.

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Du 2 avril au 11 juin, ce sont 14 spectacles dont un gratuit, 9 théâtres professionnels partenaires sur les 14 salles mises à disposition et 5 plus offerts. Devenu le rendez-vous incontournable des amateurs de toute la France, ce festival a encore de beaux jours devant lui.

Reconnaissance et plus encore…

Ce n’est pas sans émotion qu’Alain Sisco, président du comité départemental 13 de la FNCTA, annonce la labellisation du festival : une reconnaissance pour le travail mené par la fédération depuis 1999. Le festival, « le seul en France à être accueilli dans autant de théâtres professionnels », reçoit de plus en plus de compagnies venant de la France entière, hors département. Les spectacles invités sont par ailleurs reçus dans des conditions professionnelles pour le plaisir des artistes.

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Bovary de Tiago Rodrigues

Deux théâtres ont rejoint le cortège des partenaires historiques (la Joliette, le Gymnase, les Bernardines, le Lenche, la Criée, le Lacydon, la Parvis de Arts, l’R de la mer entre autres) : l’espace culturel Busserine présente « Match au sommet » du cannois Didier Beaumont de la compagnie Grain de Scène le 9 avril à 20h (spectacle gratuit) et le théâtre Marie-Jeanne ouvre ses portes à des lectures théâtrales sur le thème du cinéma et du théâtre, lectures mises en espace par Maurice Vinçon (le 6 mai à 19h, entrée libre).

Cette année, afin de renouveler le théâtre amateur, un temps fort est dédié aux jeunes comédiens le 8 avril à la Mairie du 13/14 (au Grand Séminaire à 20h) avec le spectacle « l’âme sauvage », une création collective sur la question de la quête du sens de la vie. 

Interview d’Alain Sisco sur le Festival

Demandez le programme !

Cette année, le théâtre contemporain et les créations originales sont bien plus nombreuses que les années précédentes,  les amateurs s’emparant de plus en plus des textes d’auteurs contemporains. Olympe de Gouges a le vent en poupe, Tiago Rodrigues, nouveau directeur du festival Avignon In,  aussi. Puisque sont proposés un spectacle sur la première (« J’ai rêvé la révolution » au Gymnase le 28 mai) et un texte du second (« Bovary » au Parvis des Arts le 22 avril).

Au fil des deux mois de programmation, il est ainsi question de révolution et de liberté, de mort et de deuil, de séparation et de notre inaptitude au bonheur avec en l’occurrence le spectacle «Pas de place pour deux sur un poteau électrique » au Lenche le 3 juin (18h30).

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Pas de place pour 2 sur un poteau électrique

Citons aussi le cabaret grotesque « Divertimento » des Salamandres et Geckos, mis en scène par Patrick Rabier, le 28 mai à 17h aux Bernardines. L’occasion de retrouver Zorra, personnage travesti, prima donna qui se rêve en diva. Et voilà que justement, Hans Kramer a découvert l’endroit idéal pour ouvrir le lieu dont il rêvait : Le Manoir Ecarlate, premier cabaret mêlant frisson et sensualité. Or, à l’heure des dernières répétitions avant l’ouverture tant attendue, la diva Mademoiselle Scarlett disparait… L’occasion est trop bonne pour Zorra de proposer ses talents.

Avis aux amateurs

Cette année, ce ne sont pas moins de 57 candidatures qu’il a fallu, aux membres amateurs et professionnels du Jury, démêler pour sélectionner le meilleur du théâtre amateur français selon des critères précis : la qualité du spectacle, le nombre de comédiens sur scène et l’attention portée aux décors et costumes. Maurice Vinçon en professionnel livre quelques conseils aux futurs candidats.

Interview de Maurice Vinçon

Le spectacle vivant ne saurait exister sans les spectateurs. Aux curieux qui souhaitent découvrir des productions amateur de qualité, venez nombreux à cette 23ème édition d’un festival unique en son genre. Diane Vandermolina

Toutes les infos dans le Brigadier ou sur le site de la FNCTACD13 https://fnctacd13.wordpress.com/ [33]

Spectacles à 20h/tarifs de 6 à 8€/contact : 0491611537 ou fnctacd13@gmail.com [34]

En une, De gauche à droite : Bernard Granier (Juré amateur), Alain Sisco (Président FNCTA), Christian Nochumson (Adjoint à la culture Mairie 2-3) et Maurice Vinçon (Juré professionnel)  lors de la conférence de presse du festival/ crédit photo : FNCTACD13

Plan de lutte contre les violences sexistes, sexuelles et le harcèlement dans le spectacle vivant

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Plan de lutte contre les violences et le harcèlement sexistes et sexuels dans le monde culturel : effet d’annonce ou engagement pérenne?

Symboliquement, le 25 novembre dernier, journée de lutte contre les violences faites aux femmes, Roselyne Bachelot-Narquin, Ministre de la Culture, a présenté le plan de lutte contre les violences et harcèlement sexistes et sexuels (VHSS) dans le spectacle vivant. A compter du 1er janvier 2022, la structure culturelle qui ne respectera pas les engagements en faveur de la lutte contre les VHSS se verra touchée directement au portefeuille.

Au commencement

D’après les études réalisées par le CSEP en 2016, 80% des femmes sont confrontées à des attitudes ou décisions sexistes et une femme sur trois est victime de harcèlement sexuel au travail. Les manifestations les plus rapportées sont les « gestes et propos à connotation sexuelle sans le consentement de la personne », « l’environnement de travail tolérant des blagues à caractère sexuel », « le chantage sexuel » et « l’envoi de messages à caractère pornographique ».

Le mouvement #metoo est né en 2007 aux Etats-Unis pour dénoncer ces abus de pouvoir, violences et harcèlements sexistes et sexuels, mais il n’a été popularisé que seulement en 2017 avec l’affaire Harvey Weinstein, qualifié à cette époque de gros porc puant par Antoine de Caunes à la Radio. Suite à cela, la journaliste Sandra Muller sur Twitter a lancé le mouvement #balancetonporc afin de libérer la parole de toutes les femmes pour dénoncer le harcèlement sexuel et prouver que cela concerne tous les milieux et les femmes de tous les pays. Le résultat ne s’est pas fait attendre : en quelques jours, ce sont plus de 50 000 témoignages de femmes inconnues et de personnalités qui sont postés avec le hastag. En cinq ans à peine, ces mouvements ont pris une ampleur sans commune mesure grâce notamment à l’effet de caisse de résonance des réseaux sociaux. Qu’il s’agisse de violences faites à l’encontre de figures féminines célèbres issues du 7ème art et du théâtre ou d’actrices émergentes, elles sont depuis régulièrement dévoilées au grand jour dans les médias.

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Metoo © DR/Unsplash

Dans les couloirs du Ministère de la Culture, ce fléau ne pouvait passer inaperçu, incitant les Ministres successifs à s’atteler à la lutte contre les VHSS en l’affirmant prioritaire. En 2017, dans les services et établissements du Ministère, dont dépendent les établissements nationaux du spectacle vivant, plusieurs dispositifs sont mis en place avec le déploiement d’un arsenal d’actions de sensibilisation, de formation et de prévention des VHSS. Une cellule d’écoute a été également mise en place pour faciliter leurs signalements et traitement. Depuis 2018, suite au témoignage d’Adèle Haenel en passant par la polémique Polanski jusqu’à la récente crise des césars en 2020 et l’apparition il y a quelques semaines du #meetoothéâtre, la déferlante des révélations pointant les violences sexuelles commises dans le milieu culturel par des monstres sacrés et personnalités politiques et/ou médiatiques reconnues n’a eu de cesse de s’amplifier. Le Ministère de la Culture se devait alors de mettre en œuvre un plan de lutte ambitieux.

Définition et cadre juridique

Par VHSS, on entend toutes les formes de violences et harcèlement sexuels et/ou sexistes qu’elles soient de nature psychologiques et/ou physiques. Elles se répartissent en quatre catégories : les agissements sexistes, le harcèlement sexuel, l’agression sexuelle et le viol. Ces derniers sont définis par le code du travail et le code pénal.

Par agissement sexiste est entendu « tout agissement lié au sexe d’une personne, ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité ou de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant » (Article L1142-2-1 du code du travail/ Article 6 bis de la loi de 1983). Il diffère de l’agissement discriminatoire : ce dernier est « lié  à un critère de discrimination subi par une personne, ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité ou de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant » (Article 1er de la loi du 27 mai 2008). Il se distingue de l’injure : cette dernière est un propos délibérément offensant et peut être à caractère sexiste, homophobe, raciste ou antisémite.

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Stop © Salman Hossain Saif/ Unsplash

Le harcèlement sexuel englobe « des propos ou comportements à connotation sexuelle répétés qui soit portent atteinte à la dignité d’une personne en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante ». La cour d’appel d’Orléans, dans une décision du 7 février 2017, lors d’un procès mettant en cause un journal dans lequel était dénoncé le climat ouvertement sexiste de la rédaction, a considéré que « le harcèlement sexuel peut consister en un harcèlement environnemental ou d’ambiance, où, sans être directement visée, la victime subit les provocations et blagues obscènes et vulgaires qui lui deviennent insupportables ». Le harcèlement sexuel est dans ce cas basé sur des agissements sexistes. La jurisprudence a permis également « d’assimiler au harcèlement sexuel le fait, même non répété, d’user de toute forme de pression grave dans le but réel ou apparent d’obtenir un acte de nature sexuelle, que celui-ci soit recherché au profit de l’auteur des faits ou au profit d’un tiers.» (Article L1153-1 du code du travail/ Article 6 ter de la loi de 1983/Article 222-33 du code pénal).

« Constitue une agression sexuelle toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise » comportant un contact physique avec une des 5 zones sexuelles du corps : les fesses, le sexe, les seins, la bouche et l’entre les cuisses (Article 222-22 du code pénal). Par viol, on entend « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui ou sur la personne de l’auteur par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol. » (Article 222-23 du code pénal).

Obligation des employeurs et moyens d’action

Trois procédures sont possibles en cas de constat de VHSS : procédure disciplinaire menée par l’employeur en cas de signalement par la victime auprès de la direction (sanction d’une faute après recueil des témoignages et enquête disciplinaire), procédure pénale menée par le procureur suite à l’article 40 ou à un dépôt de plainte contre l’auteur des violences réalisé auprès du commissariat, gendarmerie ou procureur (poursuites pour contravention, délit ou crime) et procédure civile menée par le tribunal administratif ou les prud’hommes suite à un recours de la victime à l’encontre de son employeur (litige).

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Infographie sur le harcèlement au travail © Bully/Unsplash

L’employeur est tenu par la loi de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale de ses salariés (Article L. 4121-1 du code du travail et décret du 28 mai 1982 relatif à la l’hygiène et à la sécurité du travail ainsi qu’à la prévention médicale dans la fonction publique) : il doit ainsi tout mettre en œuvre au sein de son entreprise afin de prévenir et détecter les violences, accueillir la parole de la victime, signaler la violence et réagir à l’encontre de son auteur.  Il en a l’obligation légale depuis l’adoption de la loi du 17 aout 2015 (Article L.1142-2-1 du Code du travail). Cette dernière condamne fermement le sexisme au travail dans la mesure où elle précise que : « Nul ne doit subir d’agissement sexiste, défini comme tout agissement lié au sexe d’une personne, ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité ou de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant ».

Sachant que de nombreux actes relevant des VHSS sont encore trop souvent banalisés par tout un chacun et invisibilisés par une conception des rapports hommes/femmes antédiluvienne, des dispositifs concrets semblent nécessaires pour relever le challenge. L’obligation légale n’étant pas suffisamment contraignante, c’est la politique de la carotte et du bâton que le Ministère de la Culture a choisi pour obliger les entreprises culturelles à mettre en place ces outils.

Les entreprises culturelles dépendant du Ministère à l’amende

Aussi, depuis janvier 2021, le plan de lutte contre les violences et le harcèlement sexistes et sexuels, a été étendu aux secteurs du 7ème Art et des Musiques et depuis cette date, la conditionnalité du versement des subventions du Ministère de la Culture est expérimentée par le Centre National du Cinéma et de l’Image Animée (CNC) et, aujourd’hui, par le Centre National de la Musique (CNM) : les dirigeants des structures relevant de ces domaines sont tenus à suivre une formation dispensée par des organismes agréés à l’image du groupe EGAE sur les VHSS. Une attestation de suivi de formation leur est par la suite envoyée. A défaut de ce petit sésame, ils verront leur subvention annulée.

A compter du mois de janvier 2022, la conditionnalité du versement des subventions ministérielles sera durcie et généralisée au spectacle vivant. Toutes les entreprises culturelles de ce secteur devront respecter les cinq engagements suivants :

–              Etre en conformité avec les obligations du code du travail en matière de prévention contre le harcèlement et les violences à caractère sexuel.

–              Créer un dispositif interne de signalement efficace et traiter chaque signalement reçu.

–              Former dès 2022 la direction, les encadrants, la DRH et les personnes  salariées (permanents et intermittents) désignées référentes au recueil de la parole et à la gestion des situations de VHSS.

–              Sensibiliser formellement les équipes et organiser la prévention des risques.

–              Engager un suivi et une évaluation des actions en matière de lutte contre les VHSS.

[38]Ces cinq engagements seront intégrés à toutes les conventions pluriannuelles d’objectifs, et feront partie des conditions préalables à toute candidature à des appels d’offres du ministère (source : Plan de lutte contre les violences et le harcèlement sexistes et sexuels dans le spectacle vivant édité par le Ministère de la Culture, téléchargeable sur le site du Ministère). Elaboré en lien avec l’ensemble des acteurs de la filière, ce plan a vocation à protéger l’ensemble du personnel des structures du spectacle vivant, soutenues par le ministère de la Culture, qu’il soit permanent ou non. La prochaine étape sera la tenue du comité interministériel pour l’égalité au cours duquel seront présentés les plans dans les secteurs des arts visuels et du livre, en janvier 2022.

Bon à savoir

Entre le 1er mars 2022 et le 1er avril 2022, les structures adhérentes au CNM doivent charger dans « Mon espace » du site Internet www.cnm.fr le justificatif de formation a minima de la personne représentante légale de la structure attestant de sa participation à une formation/sensibilisation sur la lutte contre les VSS de 3 heures minimum ; un document précisant quelles mesures de lutte contre les VSS ont été prises en interne et le contact de la personne référente sur ces questions ainsi qu’un document décrivant le dispositif de signalement interne. Si la personne représentante légale de la structure n’a pas encore suivi de formation dans le cadre du Protocole, il est impératif d’en suivre une avant le 1er avril 2022. Après cette date, si la personne représentante légale de la structure n’a pas suivi de formation/sensibilisation dans le cadre du Protocole, l’accès futur aux financements du CNM pourra être suspendu jusqu’au respect des engagements pris dans le Protocole.

Un outil pour ouvrir les yeux et se réveiller de son sommeil dogmatique

Prioriser la lutte contre les violences et harcèlements sexistes et sexuels est une première étape qui permettra de briser ce plafond de verre auquel se heurtent plus particulièrement les femmes, cis ou LGBTQI, racisé.e.s ou non. Ces dernières sont les premières victimes de ces violences exercées dans un monde culturel largement dominé par une intelligentsia masculine constituée « d’hommes blancs, cis-hétéros, issus des classes moyennes et supérieures » (citation de Reine Prat).

Par son action, le Ministère de la Culture admet l’impérieuse nécessité d’une prise de conscience collective et individuelle de toutes ces conduites et comportements encore trop largement tolérés dans le milieu culturel et j’y inclus le milieu des médias et de la communication. Les agissements sexistes et le harcèlement sexuel, contraires au principe de l’égalité entre les femmes et les hommes, constituent une discrimination aggravant les inégalités.

Roselyne Bachelot semble avoir pris la mesure de cette problématique dont parle Reine Prat dans son livre « Exploser le plafond » où elle démontre que la tolérance à l’égard de ces violences exercées à 80% par les hommes est inscrite dans notre inconscient collectif : elle est le fruit d’une culture patriarcale, dominatrice, inégalitaire et antidémocratique véhiculée par les représentations héritées de nos ancêtres.

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La mise en place de mesures pour lutter contre les VHSS permettrait ainsi à chacun d’avoir les armes pour déconstruire cet héritage culturel et imaginer, à l’instar des mesures prises en faveur de la parité hommes/femmes, des actions concrètes pour enfin obtenir une égalité homme/femme réelle et lutter efficacement contre toute forme de discrimination et sexisme.

Néanmoins, une question se pose : ce plan de lutte ambitieux est-il une formalité à laquelle les employeurs du monde culturel se plieront avec plus ou moins bonne grâce ? Réaliseront-ils concrètement les engagements pris ? La question de l’efficacité du contrôle à posteriori se pose ainsi que celle d’une généralisation de l’obligation aux structures privées subventionnées par les villes, les départements et les régions quand bien même elles ne reçoivent pas d’aide financière de l’Etat.

Pour cette raison, le 14 décembre, à l’occasion d’une réunion du Conseil national des territoires pour la culture* a été discuté du plan d’action Égalité dans la Culture. Né du dialogue entre l’État et les associations et fédérations d’élus, ce plan énumère des principes généraux pour  promouvoir une culture de l’égalité, parvenir à l’égalité professionnelle et lutter contre les violences et le harcèlement sexistes et sexuels dans les secteurs culturels. Chaque collectivité territoriale est invitée à s’approprier ces principes pour en faire une réalité déclinée localement, en concertation avec les services déconcentrés du ministère de la Culture.

A défaut d’accords Ville-Etat-Région sur un plan de grande envergure concernant toutes les structures culturelles, le moyen mis en œuvre par le Ministère risque de se révéler insuffisant et accoucher d’une souris, leur nombre étant largement bien plus élevé que les seuls chiffres du Ministère : ces derniers ne prennent en compte que les structures labellisées et elles n’en représentent pas qu’une infime partie.

In fine, nous nous pouvons nous demander si ce début d’action prometteur est un coup d’épée dans l’eau ou une étape clé avant la mise en place d’un plan de plus grande ampleur. Seul le temps nous le dira.

Diane Vandermolina

*Le CTC rassemble à la fois des associations et fédérations d’élus et les services de l’État : il se décline en région sous les appellations de Comités régionaux des professions du spectacle (COREPS) et/ ou Conseils locaux des territoires pour la culture (CLTC). C’est un lieu d’échange et de débat sur les orientations et les enjeux des politiques culturelles sur les territoires.

Image de Une : photo d’archive/manifestation contre les violences faites aux femmes à Marseille © DVDM 2019

Plus d’infos sur https://www.culture.gouv.fr/Thematiques/Egalite-et-diversite/Le-ministere-de-la-Culture-engage-dans-la-lutte-contre-les-violences-faites-aux-femmes [40]

 

 

Fréquentation des salles en berne

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La 5ème vague déferle en France depuis quelques semaines mais avant qu’elle ne touche notre pays, dès le 26 novembre, les salles de spectacles alertaient l’opinion s’inquiétant de la chute de fréquentation de leur lieu via une tribune parue sur le site de La Croix* : le public n’est pas au rendez-vous et ce même en multipliant les offres alléchantes (50% de réduction sur les spectacles à l’Opéra de Marseille par exemple) afin d’attirer les spectateurs aux abonnés absents.

Fin octobre, l’étude de l’institut Harris pour le compte du Ministère de la Culture confirmait déjà les remontées de terrain des équipes d’accueil des opéras, orchestres et théâtres des signataires de la Tribune, parmi lesquels de nombreux acteurs culturels de la Région SUD : citons Dominique Bluzet, directeur des théâtres, ou encore Jean Louis Grinda, directeur des Chorégies d’Orange.

Une étude qui pointe une baisse drastique de la fréquentation des lieux de culture

En effet, l’enquête montre que la perception du risque sanitaire reste très forte, au détriment de la fréquentation culturelle : 54% des personnes interrogées disent avoir craint les lieux très fréquentés à cause du risque d’attraper le virus de la Covid et/ou de le transmettre (20% oui tout à fait, 34% oui, plutôt). L’impact du pass sanitaire sur la fréquentation des lieux de culture est également confirmé pour 25% des répondants : à la question « Vous n’avez pas de pass sanitaire et vous ne voulez pas faire un test antigénique avant d’aller au cinéma/au théâtre/au musée… », 14% ont répondu « oui tout à fait », et 11% « oui plutôt ».

Concernant la fréquentation d’ici la fin de l’année, l’étude fait apparaitre des intentions relativement modérées : 30 % des répondants estiment que leurs sorties vont diminuer dans les mois à venir. La raison principale demeure en lien avec la situation sanitaire, 52% des répondants indiquent ainsi qu’ils sortiront « moins souvent qu’avant la pandémie ».  L’enquête suggère par ailleurs le recours croissant aux moyens numériques pour accéder à la Culture : 46% des personnes interrogées ont pris l’habitude nouvelle d’utiliser des moyens numériques pour accéder aux oeuvres ; et 24% des 52% des répondants qui indiquent qu’ils sortiront « moins » d’ici la fin de l’année, mentionnent leur préférence pour les moyens numériques, et en particulier les moins de 35 ans (32%). Enfin, parmi ceux dont les intentions de fréquentation post-pandémie sont à la baisse (11% des répondants), le tiers des 18-24 ans déclarent que d’autres activités de loisir ont remplacé les sorties culturelles (contre 20% tous âges confondus).

Les témoignages de directeurs, d’artistes, et même de spectateurs affluent sur les réseaux sociaux : que le spectacle soit gratuit ou à petit prix comme une séance de cinéma, le public se fait rare, extrêmement rare. Et l’enthousiasme qui a suivi la réouverture des salles s’effrite au fur et à mesure que nous nous enfonçons dans l’hiver et que le nouveau variant poursuit son chemin en notre pays.

Une tribune « Pour que la culture, bel et bien essentielle, ne soit pas une fois encore la grande oubliée du rendez-vous présidentiel ».

 « S’il est encore trop tôt pour distinguer ce qui relève de changements durables dans les pratiques culturelles de nos concitoyens d’une réserve temporaire liée aux inquiétudes sanitaires et à ses conséquences sociales et psychologiques, il nous semble nécessaire de regarder en face ce phénomène et, plus encore, de réaffirmer ce que la culture a d’essentiel à apporter à nos vies. » précisent les signataires de la Tribune.

« On ne peut ignorer ce qu’a pu produire le Covid et ses confinements à répétition, ces vies parallèles enfermant chacun dans son couloir, rétrécissant nos imaginaires, asséchant notre soif de découverte. Retrouver le goût des autres n’a rien d’une évidence. À l’heure où l’on s’empresse de rattraper le temps avec ses proches, le retour vers les lieux de création peut sembler, à certains, accessoire, secondaire. (…) Et pourtant, plus que jamais, nos maisons font face aux questionnements bouleversants qui traversent nos concitoyens et notre société. (…) Dans nos maisons, qui sont d’abord les vôtres, on rit, on pleure, on se rencontre et on se découvre. Dans nos maisons, on débat de sujets fondamentaux, de nos dilemmes intimes comme de nos espoirs collectifs. C’est une culture au contact du réel mais ne s’y laissant pas enfermer, forte des imaginaires artistiques permettant de le transformer et de porter un avenir commun que nous défendons » poursuivent-ils.

Les signataires de cette tribune plaident pour que la Culture ne soit pas la grande absente des débats aux élections présidentielles à venir. Hélas, peu relayé par les médias, cet appel à une culture essentielle semble resté lettre morte auprès de tous. DVDM

*Tribune parue sur le journal Lacroix vendredi 26 novembre https://www.la-croix.com/Debats/50-operas-orchestres-salarment-fragilite-reprise-2021-11-26-1201187161

Signataires : Alain Surrans, Angers-Nantes Opéra ; Aline Sam-Giao, Auditorium-Orchestre national de Lyon ; Jean-Louis Grinda, Chorégies d’Orange ; Olivier Leymarie, Ensemble Intercontemporain ; Pierre Audi, Festival d’Aix-en-Provence ; Dominique Bluzet, Grand Théâtre de Provence ; Sabine Perret, Les Musiciens du Louvre ; Manuel Sebastian, Nuits lyriques de Marmande ; Louis Langrée, Opéra comique ; Dominique Pitoiset, Opéra de Dijon ; Caroline Sonrier, Opéra de Lille ; Alain Mercier, Opéra de Limoges ; Philippe Bellot, Opéra de Massy ; Bertrand Rossi, Opéra Nice Côte d’Azur ; Serge Gaymard, Opéra de Reims ; Matthieu Rietzler, Opéra de Rennes ; Loïc Lachenal, Opéra de Rouen Normandie ; Éric Blanc de la Naulte, Opéra de Saint-Etienne ; Claude-Henri Bonnet, Opéra de Toulon ; Laurent Campellone, Opéra de Tours ; Frédéric Roels, Opéra Grand Avignon ; Emmanuel Hondré, Opéra national de Bordeaux ; Matthieu Dussouillez, Opéra national de Lorraine ; Richard Brunel, Opéra national de Lyon ; Alain Perroux, Opéra national du Rhin ; Valérie Chevalier, Opéra Orchestre National Montpellier Occitanie ; Jean-Marie Blanchard, Orchestre de Cannes ; Floriane Cottet, Orchestre Dijon-Bourgogne ; Nicolas Droin, Orchestre de chambre de Paris ; Anne-Sophie Brandalise, Orchestre de Paris ; Pierre Brouchoud, Orchestre de Picardie ; Julie Mestre, Orchestre des Pays de Savoie ; Lila Forcade, Orchestre national d’Auvergne ; Fabienne Voisin, Orchestre national d’Ile-de-France ; François Bou, Orchestre national de Lille ; Florence Alibert, Orchestre national de Metz ; Frédéric Morando, Orchestre Pau Pays de Béarn ; Marie Linden, Orchestre philharmonique de Strasbourg ; Philippe Grison, Orchestre régional Avignon-Provence ; Pierre-François Roussillon, Orchestre régional de Normandie ; Nolwenn Ochotny, Orchestre de chambre Nouvelle-Aquitaine ; Marc Feldman, Orchestre symphonique de Bretagne ; Guillaume Hébert, Orchestre symphonique de Mulhouse ; David Olivera, Orchestre Victor-Hugo-Franche-Comté; Jean-Marc Bador, Orchestre philharmonique de Radio France ; Johannes Neubert, Orchestre national de France ; Jean-Baptiste Henriat, Choeur de Radio France ; Emmanuel Marfoglia, Renouveau lyrique ; Patrick Foll, Théâtre de Caen ; Christophe Ghristi, Théâtre du Capitole de Toulouse ; Thomas Lauriot dit Prevost, Théâtre du Châtelet ; Martin Kubich, Vichy culture;

Crédit photo de Une: Alevision / Photo libre de droit / DR Unsplash 

Exploser le plafond : Précis de féminisme à l’usage du monde de la culture

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Autrice : Reine Prat/ Éditeur : Rue de l’échiquier/ Collection : Les Incisives

ISBN : 978-2-37425-310-7/ EAN : 9782374253107/ Prix : 12€

Format : 110 x 190 mm/ Nombre de pages : 112/ Date de parution : 14/10/2021

Un ouvrage revigorant à conserver à portée de main

Avec les mouvements #MeToo et #balancetonporc, ont éclaté au grand jour, dans les médias et sur les réseaux sociaux, avec une puissance inédite, les inégalités et discriminations, violences et harcèlements (sexistes, sexuels, raciaux, environnementaux…) qui existent depuis la nuit des temps dans le monde de la culture (édition, musique, théâtre, cinéma, etc.) et de la communication.

Les nombreux témoignages à charge des femmes victimes de ces conduites mettent en lumière l’impunité des artistes masculins : ces derniers sont très largement protégés par le système dans la mesure où est opposée, aux critiques, leur liberté de création, alibi bien utile qui nous interroge sur l’éternelle question de la séparation de l’homme et de l’artiste. De plus, leurs comportements inappropriés font l’objet d’un consensus persistant et de nombreuses tolérances, liés à la construction sociale des représentations des rapports entre les hommes et les femmes. Ce que Sartre a par ailleurs théorisé dans l’Etre et le Néant, plus particulièrement dans son passage sur la Mauvaise Foi féminine.  

Dans cet ouvrage écrit à la façon d’un essai, Reine Prat, inspectrice générale de la création, des enseignements artistiques et de l’action culturelle, revient sur le fonctionnement interne du secteur et ses caractéristiques structurelles : usant d’un style incisif revendiqué où la contradiction assumée permet de révéler une réflexion longuement murie par l’autrice, cette dernière nous éclaire sur une réalité que nous ne pouvons ignorer. Sous couvert de promouvoir l’ouverture et la diversité, le monde de la culture reste dans un entre soi dominé par un bastion d’hommes blancs, cis-hétéros, issus des classes moyennes et supérieures, y compris dans des professions fortement féminisées comme le livre. Reine analyse ainsi avec acuité et finesse, précisant chaque source à laquelle elle se réfère, comment s’articulent les représentations proposées au public, l’organisation du travail artistique et culturel et la vie privée de celles et ceux qui le font, partant du constat que la scène, l’intime et l’espace public sont les trois leviers d’un système qui alimente et reproduit une culture patriarcale, dominatrice, inégalitaire et pire, antidémocratique à l’instar et/ou héritée de la démocratie grecque réservée aux seuls citoyens masculins.

La pensée féministe de Reine Prat s’est radicalisée «  à son corps défendant » (dixit G. Fraisse, en préface), à la suite des rapports qu’elle a rendus sur la question des inégalités entre les femmes et les hommes dans les arts du spectacle parus en 2006 et 2009.

Dans son livre, elle tente de proposer des pistes de réflexion et d’action au monde de la culture pour lutter contre les discriminations et inégalités. Ces dernières sont inscrites dans la langue française elle-même « où le masculin l’emporte sur le féminin » dans les accords, règle aujourd’hui remise en question par les féministes, à laquelle on peut substituer celle de l’accord avec le genre majoritaire. De plus, le français ne connaît pas le neutre au contraire de l’allemand par exemple et seuls certains métiers ont des noms masculins épicènes c’est-à-dire qui se terminent en ‘e’ et peuvent également désigner une femme : photographe, peintre ou encore poète.  A la question non tranchée du langage inclusif, celle qui dit préférer utiliser des majuscules pour plus de lisibilité explique qu’il n’y a aucune règle. Il est vrai que la question divise et que la notion d’inclusivité peut être excluante. Par ailleurs, à la fraternité ou à la sororité, elle oppose la solidarité, terme plus adéquat permettant de sortir d’une pensée binaire, et s’inquiète des discriminations positives dont les effets pervers sont pléthores.

Ainsi, l’histoire même de la langue française permet de comprendre comment la société a été bâtie sur un système patriarcal qu’il est difficile de « (dé)gommer » dans les représentations du monde et par conséquent dans l’organisation, hiérarchisation, et structuration même du monde. Ce constat âpre nous questionne et même si Reine Prat ne donne pas de réponse à la manière dont nous pouvons rééquilibrer la donne, elle nous offre des pistes de réflexion passionnantes, à commencer par sa définition du féminisme : « par féministes, j’entends toute femme ou tout homme ayant vécu ou étant conscient.e des violences exercées quotidiennement contre des femmes, des gays, des lesbiennes, des trans et luttant contre ces violences et contre toute forme d’inégalité ». Cette définition large a pour mérite d’inclure des situations bien plus complexes que ce que le terme de base peut recouvrir dans les esprits, une façon d’ouvrir les êtres à une vision plus globale des problématiques et nous réveiller de notre sommeil dogmatique. En ce sens, cet essai est un guide offrant au monde de la culture des outils de réflexions pour des actions à venir.

In fine, Reine Prat, en nous éveillant à des problématiques que nous ressentons sans pourtant toujours en saisir les tenants et les aboutissants, incite les femmes à exploser ce plafond de verre qui encore trop souvent aujourd’hui les empêche inconsciemment ou non de se projeter dans des métiers par peur qu’ils ne soient pas pour elles ou encore par crainte de subir ces paroles et propos, agissements et comportements, harcèlements et agressions sexistes et discriminatoires existant dans le monde culturel : on ne juge pas le travail d’une femme de la même façon que celui d’un homme, la première sera déconsidérée là où le second sera encensé. Il nous faut donc inverser la vapeur, en commençant par s’attaquer à ce chantier de construction d’un monde culturel véritablement représentatif des diversités existantes à l’image de la culture populaire.

Osez Joséphine chantait Bashung, je terminerais en disant : osez, amies féministes, femmes, cis ou LGBTQI, racisé.e.s ou non ! Diane Vandermolina

Interview de Reine Prat [41]

 

L’œuvre : de l’auberge espagnole au tiers lieu

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Pour ses 90 ans, le petit théâtre de l’œuvre – dont le budget global environne les 350 000€ sans compter le bénévolat (équivalent à 20% du budget), peut être fier de ses efforts : d’un salarié en 2014, il compte aujourd’hui 7 salariés et deux intermittents. Ce théâtre à l’italienne d’une jauge de près de 300 places, fabriqué par les petites mains des membres de l’association La Paix (lire l’histoire de l’association en bas de page) voici plusieurs dizaines d’années, aborde l’orée de son centenaire avec sérénité en dépit de la raréfaction de l’argent public et des dommages causés par la crise sanitaire.

En effet, en moins d’une décennie, le projet de l’œuvre a fait des émules, attirant dans son sillon pas moins de 50 partenaires institutionnels, publics et privés, des soutiens à l’image d’Ariane Ascaride ou encore Jean Pierre Foucault : implanté au cœur de Belsunce, ce qui était une auberge espagnole culturelle a obtenu en 2020 le label de tiers lieu culturel et citoyen par la DRAC, label reconnaissant le travail de terrain effectué par les équipes du théâtre.

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Création avec les habitantes de Belsunce (Nataniel Halberstam)

Un lieu structurant

Médiation culturelle auprès des publics de son territoire, ateliers et créations participatives avec les habitants (les femmes de Belsunce avec la Cie Criatura et Carole Errante) et/ou les artistes (le Moov’ in Belsunce), accueil des artistes et compagnies du quartier (Collectif Manifeste Rien avec la reprise d’Homo ça coince ou le festival OQP à l’automne), création d’un festival de mandoline (avec le parrain Vincent Beer Demander), mise en place de résidences et prêt de l’espace pour les AGO des associations, soutien d’initiatives à l’image de la Maison des Artistes de Rue et du Monde– sis rue des Dominicaines- imaginée par Arafat Khédiri en complémentarité des associations existantes afin « de faire le lien entre les habitants, les artistes émergents et aussi les institutions »… la liste des actions menées est longue, recouvrant les champs sociaux et culturels.

Faire lien

« Tisser du lien social » n’est pas une vaine expression : c’est le moteur même du projet développé par les équipes, Yves Millo et Sébastien Guglielmo en première ligne. « La Solidarité » n’est pas un vernis illusoire : l’action solidaire (création d’une cellule de crise pour soutenir les habitants ayant souffert de l’arrêt de l’économie parallèle avec la crise sanitaire) est au fondement de ce qui motive cet organisme reconnu d’intérêt général à caractère culturel. La gratuité est par ailleurs la norme avec ses ateliers gratuits et ses nombreux spectacles à prix libres (2/3 des places proposées).

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Concert musiques du monde (Stéphanie Le Corneur)

Le cœur battant de ce lieu familial et chaleureux, ce sont ses bénévoles qui unanimement expriment leur reconnaissance à cet espace qui leur a permis de se sentir vivants, se sentir mieux dans leur tête, se sentir plus forts pour affronter les sollicitudes de la vie. Tel est le sens du témoignage de Geneviève, fidèle parmi les fidèles : « je me sens moins renfermée, plus ouverte ». Une plateforme interactive et ouverte à tous a été développée avec Babelsunce.com, afin d’offrir un pendant numérique au théâtre.

In fine, l’œuvre est une ruche qui regroupe des artistes en tout poil et propose de nombreuses découvertes musicales (Sissy Zhou, festival Hip Hop non stop, open mic rap), théâtrales (Caubère, Manifeste Rien, Cie Mémoires vives), dansées (ballet flamenco, festival flamenco azul) recouvrant le tout le spectre des cultures d’ici et d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui dans un lieu qui forcément ressemble à Marseille, ville monde et métissée par essence. Diane Vandermolina

Événements liés aux 90 ans :

Save the date : 14 octobre une rencontre autour d’une réflexion sur la question de l’intégration des populations dans la construction des politiques publiques !

Infos sur la programmation des 90 ans : www.theatre-œuvre.com [44]

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Petite Histoire de l’association

L’Association La Paix a été créée en février 1931. Il s’agit d’une des plus anciennes associations marseillaises : au-delà de son aspect culturel, via son théâtre, l’Association La Paix poursuit avant tout une mission historique sociale et caritative auprès de personnes en difficulté. Son fondateur, immigré, ouvrier italien, a en effet fuit le fascisme italien dans les années 20, et a fondé à Marseille l’association « spiritualiste et philanthropique LA PAIX » (dénomination initiale). Dans les locaux annexes du premier Théâtre de l’OEuvre créé en 1937 au 3a, rue de Turenne, à Marseille, où l’association avait son siège, étaient donnés des cours totalement gratuits de toutes les matières scolaires classiques, ainsi que des formations de couture, de chant et de théâtre, et de ce que l’on appellerait aujourd’hui « économie et vie pratique », de la cuisine à la gestion de budget. Le théâtre servait d’appui financier à l’association pour ses actions philanthropiques et des filiales furent fondées à Aix-en Provence, à Casablanca en 1938, et à Nice. Pendant la guerre de 1939-1945, des réfugiés venus de toute l’Europe, des résistants et des victimes de persécutions furent hébergés et nourris dans les locaux de la rue de Turenne. Des milliers de repas furent servis, et plus de 1000 familles furent hébergées chaque année de guerre. L’association comptera jusqu’à 800 membres ; son fondateur sera décoré de la Croix de Guerre et de la Médaille de la Résistance. Le premier Théâtre de l’OEuvre a été détruit pour laisser place à l’arrivée de l’autoroute Nord, à la Porte d’Aix. Dans les années 50, l’Association La Paix emménage dans une vieille remise des Nouvelles Galeries, endommagée par l’incendie de 1938 et restée en l’état. Dans un esprit de compagnonnage participatif, les adhérents d’alors restaurent l’immeuble de la rue Mission de France et créent, dans la rue perpendiculaire (la rue Thubaneau, ayant vocation à devenir la rue des Arts), un deuxième Théâtre de l’OEuvre. Le sous-sol (comprenant les loges) sera creusé dans la terre même de cette parcelle attenante (situé rue Mission de France). Ce deuxième théâtre de l’OEuvre est inauguré le 25 février 1965. Entre 2012 et 2016, de grands travaux de mise en conformité aux normes incendie et PMR sont entrepris. En octobre 2017, le Théâtre de l’OEuvre a pu réouvrir ses portes et se renommer simplement L’OEUVRE. 2020 a marqué une étape importante dans la reconnaissance de la qualité et la pertinence de notre démarche de démocratisation culturelle : L’OEuvre a été reconnue comme Tiers-Lieu culturel et citoyen par la DRAC PACA (cette reconnaissance de la tutelle culturelle s’ajoute à son inscription pour la quatrième année consécutive dans les EAC (actions Éducatives Artistiques et Culturelles).

‘Le Souffle d’Avignon’ et ‘Quartiers d’été’

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     Serge Barbuscia et le Théâtre du Balcon Soufflent’ l’esprit de Vilar sur Avignon

« Les mots qui vont surgir savent de nous des choses que nous ignorons d’eux. » René Char

Jean Vilar, Directeur du Théâtre National Populaire, c’est une vie de théâtre, pour tous. Serge Barbuscia, Directeur du Théâtre du Balcon, perpétue cette lignée d’acteurs, metteurs-en-scène, directeurs de théâtre, qui font de leur vie un engagement pour la culture à la portée de tous. En véritable mentor, cet homme a réussi à fédérer des scènes d’Avignon, des centres sociaux, les pouvoirs publics, autour de deux projets humanistes : ‘Le Souffle d’Avignon’ et ‘Quartiers d’été’.

 Transmission et Accès à la culture pour tous

 Si, pour La Bruyère, souffler, c’est « prendre un peu de repos » (Caractères), ou si, pour Salverda de Grave ce n’est que « respirer avec peine, en expirant fort, bruyamment (Enéas), ou, pour Molière « ouvrir la bouche pour répliquer, protester, se plaindre » (George Dandin), et encore « souffler quelque chose à quelqu’un » (Monet), c’est-à-dire, l’enlever, c’est dans le sens de transmission que le terme a été choisi pour ce cycle de lectures. Souffle, comme la brise venue murmurer la musique des vagues ; Souffle, que le terme italien traduit peut-être mieux encore, Soffio, comme une caresse sur la joue, celui de l’enfant apaisé, celui de l’amour. Et qu’est-ce que la culture sinon une caresse offerte à nos vies ? Une caresse à laquelle tous, nous avons droit. Un mélange de caresses, un méli-mélo des cultures qui font la richesse de l’humanité. ‘Le Souffle d’Avignon’ et ‘Quartiers d’été’, c’est cela : la transmission et l’accès à la culture pour tous.

Le souffle d’Avignon

Pour les Scènes d’Avignon*

Le Président Serge Barbuscia

*Les Théâtre(s) du Balcon (Serge Barbuscia), des Carmes (Sébastien Benedetto), du Chêne Noir (Julien et Gérard Gelas), du Chien Qui Fume (Gérard Vantaggioli), des Halles (Alain Timàr).

En collaboration avec le Festival d’Avignon (Olivier Py)

Et la Maison Jean Vilar (Nathalie Cabrera)

 Le Souffle d’Avignon est un cycle de lectures de textes inédits animé par les Scènes d’Avignon, en collaboration avec le Festival d’Avignon et la Maison Jean Vilar.

Les contraintes ont toujours étaient force de création et l’annulation du Festival 2020 nous a poussé à transgresser le territoire d’Avignon en investissant le cloître Benoît XII du Palais des papes à travers un cycle de lectures inédites.

L’organisation de ce « souffle » de création, de partage, de découverte, proche des avignonnais, est un bel hommage aux idéaux de Jean Vilar.

Pour 2021 le choix a été de faire perdurer ce Souffle d’Avignon, toujours en entrée libre, toujours au Palais des papes et toujours avec des auteurs contemporains et régionaux.

La lecture de textes nouveaux, en présence des auteurs, avec la possibilité d’échanger avec eux après la lecture, est le socle de ce Souffle basé sur l’accès à la culture, gratuite et pour tous.

Du 12 au 25 juillet, 12 lectures animées par des acteurs de talent ont réuni près de 2400 spectateurs enthousiastes dans le cloître Benoît XII du Palais des Papes.

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QUARTIERS D’ETE

Pour Vivre le Théâtre Ensemble

 Quartiers d’été, a été développé en parallèle, en lien avec la Préfecture du Vaucluse et les Centres Sociaux et Espaces de Vie Sociale du Grand Avignon dans une démarche de transgression du territoire et de solidarité.

Les Quartiers d’été ont proposé, du 28/06 au 23/07 5 lectures et trois textes inédits dans 5 lieux différents afin de faire rencontrer les différents publics, quelle que soit l’âge, le sexe, l’origine ou encore le lieu de vie :

-Dossier 75 G 27 d’Hamid Rekkas

-Où allons-nous Monsieur Einstein ? de Jean-Baptiste Barbuscia

-Moi, chien créole de Bernard Lagier

Cette démarche de décloisonner l’acte théâtral se fait en amenant auteurs et comédiens dans les Centres Sociaux, auprès du public des quartiers d’Avignon, puis en faisant découvrir à ces publics le Palais des papes au cours d’une visite suivi d’une lecture.

Et c’est une réussite. Le public, ravi de découvrir, pour certains, le théâtre, les auteurs, une autre façon d’envisager la vie – véritable bouffée d’oxygène- a plébiscité ces moments d’exception que Serge Barbuscia souhaite habituels. Preuve que nous sommes tous assoiffés de culture. A certains habitants des quartiers, Avignonnais depuis longtemps ou pas, le Palais des Papes était inconnu. Serge Barbuscia a donné rendez-vous à une cinquantaine d’entre eux, de tous les âges, pour visiter la magnifique forteresse gothique et assister à la lecture de ‘Moi, chien créole’. Créer le lien par la culture, la plus belle des utopies.

Le préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 oblige la Nation à garantir l’égal accès de l’enfant et de l’adulte à l’instruction, à la formation professionnelle et à la culture !!!!

Comme le dit si bien Richard Martin, Directeur du Théâtre Toursky, acteur, humaniste et ami de Serge Barbuscia, « Il ne faut pas désespérer d’espérer ».

 Danielle Dufour-Verna

Passeport pour l’Ecole, quand les enfants se découvrent des vocations

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Le 9 juin dernier, rendez-vous était donné à l’Oléas, restaurant sur le cours Julien, dirigé par Ludovic Dupont pour assister à un atelier de cuisine en présence du chef avec les enfants de l’école du Parc Bellevue dans le cadre du projet passeport pour l’école initié par l’association Pour la Promotion de l’Interculturel au Parc Bellevue, présidée par David Fortier, directeur de la dite école élémentaire.

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Le Chef Ludovic Dupont

Véra Tur, coordinatrice du projet, était présente ce jour afin d’encadrer les ateliers de cuisine, également ceux d’arts plastiques menés dans la salle du bas du restaurant par deux artistes plasticiens dont Isabelle Laudières. Cette dernière a souhaité faire travailler les enfants de son groupe sur la création d’une illustration, un dessin de crabe réalisé à partir de leur empreinte de mains, coloré avec des épices, afin d’allier dessin et cuisine, les épices étant le fil conducteur entre les deux arts. Odeurs, couleurs, formes et textures sont au cœur du cheminement artistique de l’artiste inspirée par les lieux et le sujet pour cette réalisation d’illustrations de recettes de cuisine, recettes exécutées par les enfants sous la houlette du chef.  Adam, qui veut devenir basketteur et biologiste chimiste, nous a, à cette occasion, fait un petit cours sur les différentes espèces de crabes et leurs origines. Ce passionné de chimie souhaiterait aussi étudier la cuisine moléculaire.

Les deux meilleures illustrations de chaque recette figureront dans le livre de cuisine « Patrimoine culinaire : de Marseille au Monde » nous apprend le petit Yacine qui s’est découvert une passion pour la cuisine et se rêverait cuisinier.  Le livre illustré comportera des recettes de Méditerranée mais également des Comores, Afrique du Nord ou encore Russie : ces recettes sont issues d’ateliers menés par le chef Ludovic Dupont, à l’image de la bisque de favouilles, du ragout de seiches, des accras de brandade de morue et gaspacho de petits pois concoctés le matin de notre venue, également d’ateliers menés par les mamans. Les desserts de l’après-midi ont bien séduit les enfants : après une crème chantilly maison, ils ont préparé des navettes provençales, un Fiadone aux agrumes ou encore un financier à la pistache. Ied, un des élèves de l’école, s’est par ailleurs pris de goût pour la pâtisserie, tant à la réaliser qu’à la déguster.

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Ce livre de cuisine sortira en décembre et sera offert aux familles des enfants ayant participé au projet initié en pendant les vacances de février. Plus de 40 enfants participent à la création de ce livre, et c’est une source de fierté pour Véra Tur dont le but est de leur offrir des perspectives nouvelles, de leur ouvrir les portes vers des métiers auxquels ils n’auraient pas forcément pensé.  Et ce ne sont ni les enfants qui la contrediraient sur ce point, encore moins le chef enthousiaste de ce restaurant semi-gastronomique dont la fermeture imminente inaugure un nouveau départ pour le jeune homme. Egalement issu de la Belle de mai, il a découvert la cuisine tout jeune, soucieux de venir en aide à sa mère, avant de devenir le chef reconnu qu’on connait aujourd’hui, avec un parcours exemplaire qui a de quoi faire reculer les préjugés sur les enfants du quartier le plus pauvre d’Europe.

Passeport pour l’école contribue ainsi à donner une respiration et une voix aux enfants, en y associant les familles et des intervenants de qualité, évoluant dans des domaines aussi variés que le sport ou la culture.  C’est une belle façon de donner envie à tous et à toutes de grandir, progresser, et choisir son chemin de vie sans le frein d’un déterminisme social fortement ancré dans les esprits. Diane Vandermolina

Retrouvez notre reportage complet sur le projet avec les interviews des différents participants : Véra Tur coordonnatrice du projet, le chef Ludovic Dupont, la plasticienne Isabelle Laudières et les enfants.

 

Notez que le 26 juin, l’association propose un temps fort au théâtre Toursky de 12h à 18h, gratuit, avec repas ethnique, musique et danse, également la projection du film Bellavista. De nouveaux projets sont en cours mais de ceux-là, nous vous en reparlerons bientôt ! A suivre. DVDM

Interview : Diane Vandermolina/Vidéo : Paola Lentini

Infos: Bellavista [49]