- RMTnews International - https://www.rmtnewsinternational.com -

PAUL DELVAUX, maître du rêve

Share Button [1]
Palais Lumière,Evian
1er juillet-1er Octobre 2017
      On peut visiter actuellement au palais Lumière d’Evian,une intéressante exposition de 80 oeuvres du peintre surréaliste belge Paul Delvaux(1897-1994),au gré d’un parcours thématique correspondant aux différentes périodes de son étonnante carrière.
      Nous sommes ainsi plongés le plus souvent dans un univers onirique peuplé de temples antiques,de femmes nues impassibles,de couples ambigus,de squelettes,de gares désertées  ou de trains fantomatiques,qui exprime le caractère énigmatique d’un monde commandé par l’effet d’étrangeté ou la puissance mystérieuse du désir.
      Influencé de bonne heure par la peinture de Modigliani(visages oblongs,yeux en amandes au regard vague),c’est surtout au contact du peintre expressionniste James Ensor,puis de Giorgio de Chirico,Max Ernst,Balthus ou Magritte,découverts à l’exposition surréaliste Minotaure,au palais des Beaux-Arts de Bruxelles,en 1934,que s’opère un tournant majeur dans son oeuvre.
Paul Delvaux, Le Rêve, 1935 (Copier) [2]
Il va désormais évoluer dans la sphère surréaliste(Paul Eluard le célèbre dans un poème de 1938),tout en préservant son indépendance vis à vis du groupe.Utilisant une technique mixte,mêlant dessin et peinture,il accorde une attention particulière au traitement des carnations dont les camaïeux de rose,de crème et de blancs,confèrent aux femmes une sensualité particulière.Des femmes qui ,au cours des années soixante-dix et quatre-vingts, sembleront plus que jamais sans repères,impassibles,hiératiques,en attente de rendez-vous impossibles,ou résignées à leur solitude…
     Dans l’ensemble,Delvaux construit son identité sur des thèmes iconographiques récurrents,associés à son histoire personnelle,sans réprimer les pensées que lui suggère son inconscient.Depuis sa disparition,son univers imaginaire,poétique et métaphysique connaît une renommée internationale.La fondation Paul Delvaux de Saint-Idesbald,en Belgique,répond à la volonté du peintre de rendre sa collection(plus de 3000 oeuvres) accessible au grand public.
Pari gagné,en tout cas,pour cette exposition à Evian où le Lac Léman se trouve si propice à la rêverie!
                                                                                                                                                           Philippe Oualid

Avignon off 2017 : le jardin de M. Ruraru par The Puppet & Its Double Theater

Publié Par Rmt News Int Sur Dans Article/Critique,Coup de Coeur,Festival,News,Save the Date,Taiwan News,Théâtre/Opéra | Commentaires désactivés
Share Button [1]

Tous les jours jusqu’au 29 juillet au théâtre de la condition des soies, 13, rue de la Croix à 12h (sauf les 17 et 24 juillet)/ Réservation au +33 (0)4 90 22 48 43.

Inspiré d’un livre d’image écrit par un auteur japonais en 2008, « Le Jardin de Monsieur Ruraru » est un spectacle de marionnettes sur table et d’objet, destiné à un jeune public, créé par la compagnie taïwanaise The Puppet & Its Double Theater.

Il raconte l’histoire d’une étonnante rencontre entre un vieux barbon individualiste et un crocodile au grand cœur, un tantinet menaçant; de cette rencontre, sa vie en sera bouleversée.

De subtils effets et jeux de lumière accompagnent cette poétique création marionnettique : ils plongent le spectateur, avec ses clairs obscurs laissant apparaître de délicates lucioles vertes virevoltant dans un jardin assoupi, dans un monde de beautés naturelles. Un clin d’œil écologique à notre monde hyper connecté, bardé d’écrans en tout genre, duquel la nature est souvent absente.

En pleine nuit, à ses heures les plus sombres, sous une lumière délicatement tamisée, se réveille un serpent vagabond, niché près  d’un cours d’eau, au-dessus duquel un tronc sert de pont naturel, à l’orée d’un bois imaginaire. Ce dernier borde l’ébauche de pelouse d’un vieil homme misanthrope et solitaire qui, dès son réveil, se bat avec les mauvaises herbes persistantes sous la douce lumière matinale. Une scène cocasse où des épis de riz farceurs rendent la vie dure à l’apprenti jardinier.

Quand Monsieur Ruraru sommeille en sa demeure, le petit jardinet s’anime : les oiseaux, taupes, hérons et chiens s’amusent et se délectent avec joie. Ils sautillent entre les branches d’arbre coupées, se cachent entre les feuilles des vignes vierges, fouinent au grès de leur envie l’espace offert à leur convoitise, aboyant ou sifflotant gaiement au grand dam du vieil homme qui ne supporte pas l’invasion de son jardin.

Ce dernier tentera de le clôturer en vain, les animaux espiègles saccageant sa barrière d’un blanc parfait, détraquant son système de commande électrique. Notons ici l’ingéniosité des mécanismes habilement utilisés.

Le vieil homme souhaite profiter seul de la vue immaculée de sa verte pelouse mais n’arrive point à se débarrasser de ces maudits animaux : les jours se suivent, entre un propriétaire agacé et des bêtes malicieuses, un jeu du chat et de la souris, auxquels les marionnettistes prêtent, avec talent, leurs voix. Ici, mention spéciale pour la jeune femme dont les imitations du chien et de l’oiseau sont excellentes.

Les artistes, vêtus de noirs, une casquette sur la tête, manipulent à vue les objets faits de rondelles de bois flottant et de troncs sculptés, de feuilles sèches et de brindilles subtilement agencées pour nous laisser imaginer de véritables animaux avec un réalisme étonnant. Ici, la matière inerte qui compose les marionnettes s’anime sous nos yeux, formant des êtres vivants à part entière, grâce à la dextérité des deux manipulateurs.

Ce parti pris n’ôte nullement la magie de la manipulation, laissant le spectateur admirer le doigté des deux artistes dont l’effort de jeu est admirable : chacun incarne avec cœur et justesse les êtres qu’ils manipulent, à l’image d’un autre soi-même, dans une mise en abîme intelligente. Le curieux peut alors ressentir au travers des mimiques et jeux de regard des deux marionnettistes ce que ressentent ces animaux, en tant qu’ils sont dotés de sensibilité.

Ce qui se révèle avec plus d’acuité lorsque le vieil homme tombe sur un crocodile endormi qu’il prend pour une vieille branche cassée et dont il veut se débarrasser tant elle gâche la beauté de sa pelouse. Une scène finement ciselée où les rôles se renversent, le crocodile bonhomme sauvant de la noyade le vieil homme, lui apprenant pour l’occasion la douceur du plaisir procuré par le doux toucher de l’herbe fraiche de sa pelouse.

De gratouilles en chatouilles, Monsieur Ruraru commence à savourer les joies de (la) farniente, paisiblement assis à même sa pelouse. Son visage se détend sous la pâle lumière, ses mouvements se font plus doux et de grommellements, les sons qu’il émet se font râles de plaisir.

Accompagné d’une musique où l’on passe de la crainte de l’autre à la douceur du vivre ensemble, avec ses sonorités douces, ce spectacle de marionnette est un petit bijou qui ravit autant les enfants, subjugués par la beauté des marionnettes et du décor où s’amassent feuilles sèches et plantes vertes, que les adultes aux oreilles desquels le récit sonne tel une ode au partage, un appel contre le rejet de l’autre et de la différence.

Nous l’attentions avec impatience et nous ne fûmes point déçus de cette dernière création jeune public d’une compagnie taïwanaise de renommée internationale.

Et même si la mise en place du récit souffre de quelques longueurs à son commencement, la magie et la beauté du spectacle, la maîtrise des techniques mises en œuvre, la précision de la mise en scène mais également l’émotion palpable qui transparait à chaque mouvement, dans chaque scène, nous emportent très vite dans l’imaginaire humaniste et poétique de la metteur en scène.  Une mise en scène au cordeau avec ce supplément d’âme si propre au théâtre.

In fine, sans être moralisatrice ni mièvre, cette création qui explore les potentialités fécondes de l’art de la marionnette, entre tradition et modernité, où la réalité est suggérée par l’illusion d’un réel recréé, mérite de rencontrer un large public tant elle met en avant un véritable savoir-faire au service d’un (savoir-)vivre où le partage (avec) et la reconnaissance de l’autre (dans sa différence) au fondement même de notre humanité devraient être au cœur de nos sociétés contemporaines individualistes et ultralibérales.

Un spectacle qui ne peut laisser indifférent et nous fait réfléchir sur nous-mêmes et le monde qui nous entoure.  A voir absolument. DVDM

 

Le Jardin de Monsieur Ruraru

Compagnie The Puppet & Its Double Theater

Chia-Yin CHENG, directrice artistique

 D’après le livre d’image de l’illustrateur japonais Hiroshi ITO

Mise en scène de Mei-Hua HSUEH

Avec Ssu-Wei HUANG, Yi RUAN (marionnettistes)

Jeune public, A partir de 3 ans/ durée : 55 minutes

Avignon off 2017 : Pourquoi les chats ne nous parlent pas par la compagnie ICI. Théâtre !

Publié Par Rmt News Int Sur Dans Article/Critique,Coup de Coeur,Festival,Flash Information(s),News,Région PACA,Save the Date,Théâtre/Opéra | Commentaires désactivés
Share Button [1]

Au théâtre des Barriques, 8, rue Ledru Rollin (Avignon) à 10h15 du 6 au 30 juillet – Relâches : 11, 18, 25 juillet/durée 55 min/ théâtre masqué à partir de 5 ans/réservations : +33 (0)4 13 66 36 52

Quoi de plus naturel que de manger quand on a faim ?

C’est l’histoire d’une frontière, gardée par deux douaniers, qui ne laissent personne la traverser.

D’un côté, monsieur Gino, épicier ambulant qui vend toute sorte de produits (fruits, chocolats, pommes), vit seul avec un chat pour compagnon de route, dans une roulotte malheureusement immobilisée, car une roue s’est cassée.

De l’autre côté, Pouki est un jeune garçon qui a tout perdu dans un incendie et meurt de faim. Il voudrait bien demander une pomme à l’épicier, mais comble de mal chance, il se trouve du mauvais côté de la frontière.

Voilà une histoire qui pourrait paraître triste…

Fort heureusement, grâce à la bienveillance des uns et des autres, y compris du chat calé sur le toit de la roulotte, grand observateur -ici point muet- de cette aventure, cette dernière va devenir un joli conte où se mêlent générosité, entr’aide et respect du monde qui nous entoure.

A mi-chemin entre Commedia dell arte et Guignol, cette création offre une belle leçon de vie, de solidarité et de partage !

Les décors, les accessoires, les masques et les costumes sont de toute beauté. La mise en scène est simple mais diablement efficace.

Les comédiens, également marionnettistes et manipulateurs, arrivent à nous transporter du début jusqu’à la fin.

A découvrir !

B.B. C. et Z.F.

 

Texte de David Lesné,

Mis en scène et interprété par Véronique Antolotti et David Lesné.

Crédit photos : Dominique Chauvin

Rigoletto aux Chorégies d’Orange (juillet 2017)

Publié Par Rmt News Int Sur Dans Article/Critique,Coup de Coeur,Festival,Région PACA,Théâtre/Opéra | Commentaires désactivés
Share Button [1]

AMUSEURS PUBLICS : Bouffon bossu,  cossu, cocu

 

Rigoletto, opéra en un prologue et trois actes (1851)

Livret de Francesco Maria Piave d’après le Roi s’amuse de Victor Hugo,

Musique de Giuseppe Verdi

Chorégies d’Orange, 8 juillet 2017

 

L’œuvre

Tout en reconnaissant la supériorité de l’opéra sur le théâtre, qui permet, comme dans le fameux quatuor de Rigoletto, de faire parler plusieurs personnages en même temps, Victor Hugo avait interdit que l’on posât « de la musique le long de ses vers ». Il ne fut heureusement pas écouté : qui se souviendrait de son drame de Le Roi s’amuse sans la version lyrique de Verdi ?

Le Roi s’amuse échoue en 1832 mais Francesco Maria Piave en tira un livret génialement condensé auquel la musique de Verdi donna en 1851 une portée humaine archétypale et un succès universel jamais démenti depuis, malgré les traverses de la censure obtuse de l’époque et les dédains minaudiers d’une critique éprise de doucereuses fadeurs. Mais le public ne s’y trompa point, qui fit de l’œuvre un des succès les plus justement populaires du répertoire. Si François Ier est transfiguré en Duc de Mantoue pour satisfaire la bienséance politique qui n’admet pas un roi immoral, la trame n’en perd pas de sa puissance. Sans le medium archétypal de la musique de Verdi, comment la phrase prêtée au galant roi Français, désabusé (ou abusé par la fausse santé d’une femme qui l’avait affligé d’une MST selon une facétieuse version) « Souvent femme [a]varie, bien fol est qui s’y fie », qu’il aurait gravée de sa bague sur un vitrail, serait-elle connue de l’univers ? Avec l’élégante désinvolture de l’air virevoltant du Duc, en italien : « la donna è mobile, qual piuma al vento, /muta d’accento e di pensier » ou, rendant à César ce qui est au César roi, le français : « Comme la plume au vent,/ Femme varie : / Fol qui s’y fie / Un seul instant. » Air et paroles gravées non sur la fragilité du verre mais dans la mémoire humaine collective. Pouvoir des mots et de leur adéquation musicale. Pouvoir de Verdi.

A sujet fort, force et expressivité d’une musique toujours étonnante d’inventivité mélodique sans cesse jaillissante : élégance extérieure d’un souverain libertin vulgaire et d’une cour raffinée mais confinée aux bas instincts, basse et grasse complaisance aux caprice du puissant ; laideur et difformité du bouffon bossu Rigoletto, complice empressé des petitesses des grands mais qui cultive au fond de lui, et en secret, la beauté d’un amour pour sa femme perdue et la pureté sa fille qu’il entend préserver, en tyran jaloux, de la dépravation morale du monde : c’est quasiment Quasimodo amoureux d’Esméralda dans Notre-Dame de Paris, rédemption et tourment. Grain de sable dans la machine bien huilée des cruelles facéties des courtisans, cyniques pourvoyeurs en gibier féminin facile des tocades de leur maître : la malédiction d’un père outré de l’outrage à sa fille et dont l’imprudent bouffon se moque sans pitié. Ce thème, qui sonne dès l’ouverture à l’orchestre, pèse comme la fatalité antique sur les épaules du bossu et le poursuit jusqu’à la tragique fin où le père est puni par où il avait insulté un père. Mais du lever de rideau à la fin, ce héros difforme, choquant pour la bourgeoisie du temps, passe par une gamme large de sentiments humains : sarcasmes grossiers, mépris, crainte superstitieuse, remords, amour et jalousie envers sa fille, détresse, révolte, supplication, vengeance, désespoir. Et cela, dans une continuité dramatique toute neuve pour l’époque, que la musique exprime avec une rare et efficace économie de moyens, dans un flux mélodique continu plus que dans des morceaux à découpe traditionnelle, même les airs du Duc et de Gilda (états d’âmes opposés des jeunes héros, rêverie de jeune fille, déception amoureuse et désinvolte et élégant cynisme du séducteur) sont intégrés à l‘action.

Monter Rigoletto est une assurance de succès, mais non tous risques, tant le public a fétichisé cette œuvre à laquelle on risque de se piquer à trop s’y frotter imprudemment. Mais foule pas folle forcément, pressée au rendez-vous de cette chaude première soirée des Chorégies 2017 programmée encore par Raymond Duffaut, digne démissionnaire récent.

Réalisation

         La pièce originale est historiquement située dans la Cour de François Ier et l’opéra chez un vague Duc de Mantoue, sûrement pas le délicat esthète, éclairé commanditaire et mécène de Monteverdi, mais les jeux de pouvoir et de plaisirs sommaires présentés par l’œuvre n’ont pas de date : ils ont l’intemporalité vulgaire que prête l’argent et ses faciles séductions, existant à toute époque. À l’évidence, sous le constat cruel de Charles Roubaud qui le met d’abord sous la lumière crue de Jacques Rouveyrollis, les ombres viendront après, pas d’enjeu artistique élevé dans cette basse Cour : bombance et bamboche, débauche d’une belle brochette de poules, poulettes de luxe, banquet et banquettes, niches et creux pour s’ébattre orgiaquement et, pour tout divertissement à leur niveau, une farce grossière montée pour se moquer du moqueur amuseur professionnel : le bouffon, bouffi de sa suffisance à faire rire et caresser dans le sens du poil les puissants du monde qui condescendent à le nourrir et à le fréquenter, le déclassé adulant ce qu’il croit la classe. C’est l’éternel amuseur public et privé, privé de vergogne, qu’infligent aujourd’hui tant d’émissions où seul importe le rire, audimat et pub obligent, qu’importe la recette, à n’importe quel prix : celui que paient les autres et on en a eu récemment d’illustres et fâcheux exemples.  À courtisans, courtisan et demi, c’est contagieux, le fol ne sert pas follement à l’édification du sage, il l’englue : il vaut mieux être fou avec tous que sage tout seul, comme dit Gracián repris par La Rochefoucauld.

Donc, pas d’autre localisation historique que celle des costumes, pour le coup raffinés et élégants de Katia Duflot, issus des Années folles entrant dans les 30 : hommes en sobre smoking noir, à la fugace exception de Rigoletto en jaune paillard doré du bossu cossu cocu d’avance et du Duc clownesque, noire frise masculine allégée des somptueuses robes longues, pastel, épousant, ou plutôt caressant avec volupté les formes des femmes, les chutes de reins mises en valeur, passée la folie court chevelue et vêtue des Garçonnes de la génération précédente. L’élégance, du moins son apparence, s’achète et cher. Une ostensible et outrancière débauche de luxe et luxure d’après l’an 29 de la crise et de la dépression mondiales —pas pour tout le monde. Un synthétique ballet et une sorte de Joséphine Baker avec un « truc en plumes » de la vie en rose bonbon pour des richards ne broyant pas le noir (allègre chorégraphie de Jean-Charles Gil), donnent un relatif ancrage historique mais débordé par l’intemporalité de cette jet set internationale d’aujourd’hui, riches et nouveaux riches paradant, se pavanant, plus que du champagne à flot, ivres de leur vide.

Comme toujours, la scénographie d’Emmanuelle Favre est aussi simple qu’efficace, d’un symbolisme puissant dans la puissance du théâtre antique : comme un immense et dérisoire hochet  sceptre chu et déchu des vaines souverainetés, traversant presque toute la scène, une marotte surmontée d’une tête grotesque, grimaçante et menaçante, langue pendante en toboggan, déversoir à calomnie et vilenie, coiffée d’un capuchon que les lumières agrémenteront de diverses couleurs, attribut traditionnel de la Folie et du Fou du roi. Son manche est une longue rampe sur la pente de laquelle évolueront les danseurs encanaillés et Gilda, fragile papillon virevoltant comme sur le fil dramatique de son destin, dans un élégant et fluide étagement des foules sur deux niveaux, fil du rasoir des mises en scène à gros effectifs dans la monumentalité du plateau.

Quatre tables avec des lampes Art Déco, mobiles, complètent le dispositif. Les discrètes vidéos de Virgile Koering habillent le vaste mur de colonnades ressuscitées, de fenêtres lointaines vaguement éclairées, estompent un jardin ombreux ou creusent de ténèbres funèbres la nuit du rapt et l’antre mortel de la fin. Une épure de décor presque abstrait mais signifiant pour laisser tout entiers, singuliers, solitaires, les personnages livrés à leur concrète et humaine passion.

 

Interprétation

         La force d’Orange n’autorise aucune faiblesse dans la distribution des premiers aux derniers rôles, sans lesquels n’existerait pas l’œuvre et que la probité se doit au moins de nommer. Le page, vite tourné et retourné, avec son message inutile de la Duchesse pour un duc agréablement occupé, est campé, dans la tradition du travesti qui décampe vite, moucheron gênant, par la mezzo Violette Polchi. La soprano Cornelia Oncioiu prête la rondeur maternelle et maquerelle de son timbre charnu à la servante Giovanna. Deux courtisans singularisés par des interlocutions avec le Duc, Matteo Borsa, c’est le ténor Christophe Berry et, avec Rigoletto, Marullo, dont le bouffon, ignorant qu’il est à l’origine du complot contre lui croyant qu’il a une maîtresse, brosse un rapide portrait moral flatteur inconsciemment ironique, en espérant un vain secours, c’est le baryton Ignor Gnidii : de sa grande silhouette, il traduit bien la gêne du relatif honnête homme ayant entraîné trop loin les autres, mais trop lâche ensuite pour s’y opposer.

Dès l’ouverture animée, l’animosité du couple en crise, le Comte et la Comtesse de Ceprano, les distingue de la foule. Grande masse tourmentée par la coquetterie de sa femme, la basse Jean-Marie Delpas se meut, s’émeut avec la lourdeur inquiète des maris, d’avance marris, sur la légèreté primesautière d’un menuet se souvenant de celui de Don Giovanni et des manœuvres de Leporello pour faciliter celles de son maître, ici Rigoletto jouant les entremetteurs cyniques et farceurs, croyant prendre alors qu’il tisse de ses sarcasmes cruels les rets dans lesquels il sera pris. La jeune soprano Amélie Robins, papillon de nuit digne des rois plus que d’un duc, en voluptueuse robe noire aux broderies à même la peau, prête son aristocratique physique et son timbre raffiné à la Comtesse sensible à la promotion de favorite. Du vaudeville libertin ébauché, la voix noire augurale et les accents de père noble de la basse Wojtek Smilek en Monterone, qui vient troubler, glacer la fête rose en prophète du malheur, nous entrouvre les portes du drame par ses imprécations et sa malédiction, thème ouï à l’ouverture dont on sent déjà frémir la suite.

À côté des grands de ce monde, des « people » sous les feux de la rampe, ou plutôt dans leur fugace éclat, Rigoletto, difforme, lucide sur lui et les autres, témoigne d’une amère conscience critique physique, politique mais l’on ne saura d’où il vient, refusant même tout éclaircissement à sa fille, mystère des origines et de sa vie qu’il paiera en voulant s’en protéger. Dans l’ombre, un couple du peuple : le frère et la sœur vivant de basses œuvres, crime et prostitution, mais commandités par les autres, qui peuvent payer leurs services, donc, dans la continuité logique d’une société corrompue qui, en quelque sorte, les exonère moralement de leurs actes simplement mercenaires : commerciaux, dit-on aujourd’hui. Mais la stature et l’allure des deux chanteurs, lui, le spadassin, athlétique et racé, en bottes et veste en cuir, cravaté avec une superbe désinvolture, elle, Maddalena, en seyante robe de satin rouge, élégamment coiffée et parée d’un long collier d’or, sont intelligemment traités non comme des êtres du trottoir et du ruisseau, mais comme deux aristocrates, sinon par naissance, par essence, dont ils ne sont d’ailleurs que l’envers noir. La basse noble de Stefan Kocan, planant comme une ombre de mort au souffle apparemment inépuisable, donne une grandeur exceptionnelle à Sparafucile et Marie-Ange Todorovitch en est la digne sœur fatale par la noblesse sombre de la voix, en rien vulgaire, dont la dignité physique rend plausible que le Duc passe de la Comtesse Ceprano à cette comtesse non aux pieds nus, mais digne d’un autre sort :  son amertume amusée et désabusée face aux fleurettes fanées de trop d’usage du galant, signent la profondeur de la femme blessée, grande âme trahie par la vie ;  ses scrupules moraux s’opposent à la morale professionnelle de son frère : le code d’honneur de deux anti-héros sans blason.

Le Duc de Mantoue, moteur joyeusement inconscient du drame, ni touché de près ni de loin, c’est Celso Albelo, physique roturier pour une noble voix, ronde et charnue, veloutée et caressante, qui lui permet de passer avec aisance ses trois grands airs, sa profession de foi libertine du premier acte, son lyrisme romantique du second et, enfin, son célèbre refrain sur la légèreté des femmes qu’il peut mettre aussi à son compte. À l’opposé affectif du personnage, Gilda est littéralement incarnée par Nadine Sierra : physique de rêve pour la rêveuse jeune fille confinée par l’amour outré d’un père jaloux comme un mari, et aussi tyrannique, obsessif et terrifiant, dont elle nous fait sentir, d’un léger haussement d’épaules qu’elle éprouve l’injuste rigueur, naïve Agnès de l’École des femmes que, fatalement, le premier galant venu, posté dans l’église seule distraction dominicale consentie par le patriarche abusif, porte et emporte du premier coup à l’excès passionnel, de la découverte de l’amour à la révélation érotique dans la chambre du Duc, justifiant aussi, d’un seul autre coup, son sacrifice. La grâce physique et la sensibilité de la chanteuse portent un personnage des rives de la mièvrerie aux rivages bouleversants d’une victime annoncée de la société des hommes : on est dans la tradition bouffe de « La précaution inutile » du barbon jaloux revue en tragédie par l’innocence de la jeune fille qui n’en sera pas bénéficiaire mais victime. Longue, douce et ferme, limpide, la voix est menée avec une maîtrise qui ne parasite pas l’émotion : elle atteint les sommets, le mi aigu sans arêtes, sans nul effort visible, vocalise et pique les notes en rondeur, et couronne son grand air d’un inépuisable trille d’oiseau espérant la liberté. Cette extatique figure d’ange incarné rend plus tragiques les scènes du drame jusqu’à la tragédie, avec une émotion gagnant en intensité.

Que dire encore de Leo Nucci dans ce rôle ? Il lui colle à la peau comme il se plaît lui-même à le souligner en rappelant qu’il l’a interprété près de cinq cents fois. Le miracle, ce n’est pas que sa voix, même avec la belle usure inévitable du temps qui ne farde pas ses soixante-quinze ans dont il fait même l’aveu avec humour et coquetterie, c’est qu’il ne semble pas usé par la routine. Il a intégré si bien les rouages du rôle, que ce ne semble plus une froide mécanique, mais cette habitude du personnage est une seconde nature, ou la première : démarche, mimiques semblent ainsi moins mimées que naturellement vécues, subies. Certes, la grande voix flotte un peu parfois comme dans un vêtement devenu peut-être trop ample pour lui, elle vibre trop, mais il nous en fait vibrer d’une émotion juste, faisant vérité humaine contre l’inhumaine perfection vocale qui serait fausse dans la réalité atroce du drame. Il prend son air de vengeance dans un tempo pantelant qui altère moins le souffle qu’il ne rend le halètement de la haine. À peine lui reprochera-t-on sa manie à l’ancienne de céder aux sollicitations (sans doute sollicitées de ses fans) des bis, qui cassent l’action (un tris lors du concert avec Patrizia Ciofi il y a deux ans) qui, s’ils lui permettent de montrer encore sa bonne santé vocale, n’en exposent pas moins celle de ses partenaires moins aguerries. Bon, disons que, dans le drame, cela joue comme la distanciation brechtienne, qui rompt soudain avec l’illusion émotionnelle pour nous renvoyer à la fausse réalité de la scène.

Les chœurs, si importants et si animés, sont superbes, Chœurs de l’Opéra-Théâtre d’Avignon (Aurore Marchand), de l’Opéra de Nice (Giulio Magnanini), de l’Opéra de Monte-Carlo (Stefano Visconti). C’est un bonheur renouvelé d’entendre un orchestre, généralement symphonique, servir si heureusement un ouvrage lyrique dont, malgré les quelques facilités d’orchestration, a une palette très fine d’instrumentation. À la tête de l’Orchestre national de France, Mikko Franck, précis, méticuleux et généreux, joue intelligemment de ce magnifique instrument pour faire briller les joyaux des instruments solistes. Un vent mal venu, qu’on affecte de n’avoir pas entendu comme une inconvenance, n’affecte en rien le bonheur d’ensemble : autant en emporte le vent…

Émotion au rendez-vous : pourquoi la bouder ?

Benito Pelegrin

Chorégies d’Orange, Coproduction avec l’Opéra de Marseille

Rigoletto de Verdi les 8 et 11 juillet

Chœurs de l’Opéra-Théâtre d’Avignon, de l’Opéra de Nice, de l’Opéra de Monte-Carlo.

Orchestre national de France.

Direction musicale : Mikko Franck.

Mise en scène : Charles Roubaud.

Scénographie : Emmanuelle Favre. Costumes :  Katia Duflot.

Lumières : Jacques Rouveyrollis. Vidéos :Virgile Koering.

Chorégraphie : Jean-Charles Gil.

Distribution : 

Gilda : Nadine Sierra ; 
Maddalena ; Marie-Ange Todorovitch ; Giovanna :  Cornelia Oncioiu ;

La Contessa di Ceprano : Amélie Robins.

Rigoletto : Leo Nucci.

Il Duca di Mantova : Celso Albelo ; Sparafucile : Stefan Kocan.

Il Conte Monterone : Wojtek Smilek ; Matteo Borsa : Christophe Berry ; il Conte Ceprano : Jean-Marie Delpas ; Marullo : Igor Gnidii ; Il Paggio : Violette Polchi.

 

Crédit Photos :

  1. Philippe Gromelle : les Années folles ;
  2. Bruno Abadie :Rigoletto et le Duc ( Nucci, Albelo) ; Gilda éplorée (Sierra).

Adieu Monsieur VIGOUROUX

Publié Par Rmt News Int Sur Dans Coup de Coeur,Entretien/Portrait,Flash Information(s),Marseille,News,Politique culturelle | Commentaires désactivés
Share Button [1]

Coup sur coup deux personnalités de cœur, deux grands de notre époque nous ont quittés : Madame Simone Veil, dont l’humanité et le combat n’ont échappé à personne et aujourd’hui 9 juillet 2017, à l’âge de 94 ans, Monsieur Robert Vigouroux, grande figure politique indiscutablement associée à notre ville.

Ancien sénateur-maire de Marseille, Robert Vigouroux était un homme discret, œuvrant sans relâche à la défense de ses passions. Neurochirurgien de profession, il savait écouter calmement, sans doute grâce à sa formation de médecin et traitait les hommes et les femmes avec respect. Energique et déterminé, il a fait entrer Marseille dans la modernité, ouvrage délicat après les années Deferre. Amant inconditionnel de la culture (écrivain, poète), il a toujours essayé de la privilégier, aidant à la faire pénétrer les quartiers exclus de Marseille. Humaniste avant tout, il a fait partie de la résistance et a été l’un des médecins présents sur « l’Exodus ».

Nous lui devons :

Robert Vigouroux était un homme à qui les combats ne faisaient pas peur, même s’ils devaient choquer ceux de sa classe politique. En 2009, l’Etat faillit à sa promesse et du même coup sabote l’avenir de MP13 et surtout du théâtre Toursky. De 185 000 euros en 1991, la subvention s’est étiolée au fil des années jusqu’à disparaître en 2009. Robert Vigouroux, fidèle à sa pensée, soutient ce  théâtre prestigieux situé dans un quartier particulièrement défavorisé et s’ouvrant à tous. Il prend la Présidence d’Honneur du comité de soutien où figurent notamment Pierre Arditi, Guy Bedos, Gérard Gélas, Robert Guédiguian et tant d’autres. Président d’honneur également des amis de Richard Martin, Robert Vigouroux était un homme avec des valeurs.

Depuis, une amitié indéfectible a lié ces deux hommes, le démocrate et le nanar, Robert et Richard, unis dans leur lutte pour un monde « meilleur », un monde de culture sans frontières.

Nous regretterons l’homme pudique, sa fidélité en amitié, son amour des arts, sa discrétion et son refus des polémiques. Nous présentons aux siens nos regrets les plus sincères pour la perte du passionné des lettres et des sciences, pour l’humaniste éclairé, pour l’homme aimant. Que nos applaudissements l’accompagnent pour son dernier voyage. Que les théâtreux, les saltimbanques, les écrivains, les poètes, les artistes, les scientifiques, les littéraires, tous les gens lui adressent un au-revoir, en pensée ou sur son passage.

Au-delà de l’homme public, c’est un père, un grand-père, un arrière-grand-père, un mari, un ami que nous saluons.

Danielle Dufour-Verna

 

Avignon off 2017, c’est parti pour les compagnies marseillaises!

Publié Par Rmt News Int Sur Dans Article/Critique,Coup de Coeur,Festival,Flash Information(s),Musique,News,Région PACA,Save the Date,Théâtre/Opéra | Commentaires désactivés
Share Button [1]

Fin juin, le club de la presse de Marseille Provence Alpes du Sud accueillait une douzaine de compagnies de théâtre marseillaises à l’occasion de leur participation au marathon d’Avignon off 2017.

Venant d’horizons divers, les artistes présents offrent à découvrir un large panel de créations qu’elles soient jeune public, tout public, voire réservée aux adultes, participatives et citoyennes, humoristiques et écolos, poétiques et littéraires, musicales et philosophiques ou encore politiques.

Retrouvez les interviews :

De Josette Lanlois [14] autour des deux spectacles proposés à Avignon par le Groupe Maritime De Théâtre:

-Le K de Dino Buzzati à 14h15 du 7 au 30 juillet (Relâches : 10, 17, 24 juillet) au COLLÈGE DE LA SALLE 3, place Pasteur. Durée : 50 min/ théâtre à partir de 7 ans. Un classique de la littérature italienne à redécouvrir.

Bonne pêche, mauvaise pioche à 11h00 et à 16h45 du 7 au 30 juillet (Relâches : 10, 17, 24 juillet) au COLLÈGE DE LA SALLE 3, place Pasteur . Durée : 33 min/ marionnette et objet de 3 à 7 ans. Une fable écolo pour tous petits !

De Pierre Béziers [17] autour des deux spectacles proposés à Avignon par le Théâtre du Maquis:

Et l’acier s’envole aussi  de Guillaume Apollinaire à 21h05 du 7 au 30 juillet  (Relâches : 9, 16, 23 juillet) A l’ESPACE ROSEAU 8, rue Pétramale. Durée : 1h25 / théâtre musical dès 12 ans. Ce spectacle imaginé au tour d’Appolinaire et de son traumatisme de la guerre vécue a été présenté au Toursky avec grand succès (https://www.rmtnewsinternational.com/2017/02/et-lacier-senvole-aussi-au-theatre-toursky-3-et-4-fevrier-2017/) [20]

Baga de Robert Pinget à 10h15 du 7 au 30 juillet (Relâches : 10, 17, 24 juillet) à la Petite Caserne 119, rue Carreterie. Durée : 1h15/théâtre à partir de 12 ans. Une histoire d’un tyran paresseux et jouisseur qui s’en remet à son ministre Baga pour administrer son royaume. Entre anachronismes et bouffonerie, une farce savoureuse racontée à la première personne.

chapelle [21]

De Jeanne Béziers [22] autour de la présentation à Avignon de La chapelle sextine d’Hervé Le Tellier par  macompagnie à 21h30 du 17 au 23 juillet A l’Entrepôt 1 ter, boulevard Champfleury. Durée : 1h15/théâtre musical à partir de 16 ans. Une création loufoque et délirante sur le sexe, un sujet à prendre néanmoins très au sérieux avec Jeanne Béziers en maîtresse de cérémonie!

gainsbourg [23]

De David Fabre [24] autour de la présentation à Avignon de Gainsbourg Confidentiel de J.F. Brieu par les musiciens associés à 19h10 du 7 au 30 juillet (Relâches : 12,19 et 26 juillet) au théâtre du petit chien, 76, Rue Guillaume Puy. Durée : 1h10/théâtre musical. Vous connaissez Gainsbarre, vous allez rencontrer Gainsbourg, quand l’auteur du poinçonneur des Lilas n’était pas encore connu du grand public. Un joli moment en perspective!

eloge [25]

De Caroline Ruiz [26] autour de la présentation à Avignon de L’éloge de l’amour d’Alain Badiou par le Hangar Palace à 14h10 du 7 au 30 juillet (Relâches : 17 et 27 juillet) à Présence Pasteur, 13 rue du pont Trouca. Durée : 1h/théâtre philosophique. Nous avions vu cette belle création à Marseille (https://www.rmtnewsinternational.com/2017/01/leloge-de-lamour-dapres-le-texte-dalain-badiou/) [27]. Ici point besoin d’être grand philosophe pour entendre et savourer les mots de Badiou sur l’amour au temps de Meetic!

cannibal [28]

Modeste proposition en faveur d’un cannibalisme raisonné

De Pit Goedert [29] autour de la présentation à Avignon d’une Modeste proposition en faveur d’un cannibalisme raisonné, traduction de Pit Goedert d’après Jonathan Swift par  la cie l’art de vivre  à 22h30 du 9 au 30 juillet  (Relâches : 12, 19, 26 juillet) au théâtre du petit chien, 76 rue Guillaume Puy. Durée : 50 min/Théâtre à partir de 12 ans. Un spectacle autour d’un sujet tabou : le cannibalisme comme réponse écologique et durable à la pauvreté et à la misère. Tout un programme!

jeanne [30]

De Claire Massabo et Nicole Choukroun [31] autour de la présentation à Avignon de Jeanne… pour l’instant de Claire Massabo et Nicole Choukroun par l’Auguste Théâtre à 12h30 du  7 au 30 juillet (Relâches : 18 et 26 juillet) à l’espace Roseau, 8, rue Pétramale. Durée : 1h/théâtre à partir de 10 ans. Histoire joyeuse et rocambolesque d’une comédienne qui souhaiterait abandonner Jeanne, son personnage de mémé bavarde, à son lit de mort.

mademoiselle [32]

D’Edwige Pellissier [33] autour de la présentation à Avignon de Mademoiselle Espérance de Gilles Ascaride par l’agence de Spectacles à 14h10 du 7 au 30 juillet au théâtre de la Luna, 1, rue Séverine. Durée : 1h10/théâtre à partir de 12 ans. Un texte écrit sur mesure pour une comédienne bien connue de notre région où elle incarne une vieille dame qui révèle son secret…

Au bout du rouleau [34]

Au bout du rouleau

De Gérard Dubouche [35] autour de la présentation à Avignon de Au bout du rouleau diffusé par Boni and Prod à 15h du 7 au 30 juillet (relâches les lundis) au théâtre des Carmes André Benedetto, place des Carmes. Durée : 1h20/Théâtre à partir de 12 ans. Le roi du PQ se retrouve à la merci d’un chômeur victime de la mondialisation, une comédie burlesque écolo qui détonne! Boni and prod propose également au curieux de découvrir Récits de mon quartier de et avec Jean Jérôme Esposito par le Collectif Gena à 17h10 du 7 au 30 juillet (Relâche les lundis) au Nouveau Ring, impasse Trial (Durée : 1h20/théâtre humour tout public). Nous l’avions découvert à sa création à Marseille avec grand plaisir et vous le recommandons (https://www.rmtnewsinternational.com/2017/02/recit-de-mon-quartier-un-voyage-en-mediterranee/) [36]

Arsène et Coquelicot [37]

Arsène et Coquelicot

De Agnès Pétreau et Julien Asselin [38] autour de la présentation à Avignon de Arsène et coquelicot, une histoire de famille, d’après Sylvain Telley par la compagnie Senna’ga à 10h45 dans le cadre du festival théâtr’enfants du 11 au 28 juillet (relâches les 16 et 23 juillet)  à la maison du théâtre pour enfants, 20 av de Monclar. Durée : 50 min/Théâtre dès 7 ans. Un voyage au coeur des mystères de la généalogie au cours duquel deux enfants découvrent l’histoire de leurs aïeux, deux amants séparés par la guerre.

A découvrir également :

A mots ouverts, de Dominique Duby, par l’atelier du possible, à 18h20 du 19 au 29 juillet (Relâche : 24 juillet) au théâtre de la rotonde 1 A, rue Jean Catelas (Durée : 1h /théâtre citoyen à partir de 7 ans) est une  création qui porte la parole des femmes habitant les quartiers de Marseille, la plupart d’origine maghrébine, mais pas que. Mêlant violoncelle, danse, chant, vidéos, le spectacle se dessine à l’image du récit de ces mères et de leur cheminement. Cette idée originale accueillie par le centre culturel des cheminots d’Avignon donnera lieu à trois rencontres, les 20 et 25 juillet à 19h30, avec les femmes du groupe de parole ayant inspiré l’écriture de ce spectacle  ainsi que le 21 juillet à 19h30 avec Chantal Marion à l’origine du projet.

Face à Médée de la Cie l’entreprise se jouera avec l’excellente Catherine Germain dans un rôle à sa mesure à 17h20 du 7 au 28 juillet (Relâches : 11, 18, 25 juillet) à l’Entrepôt, 1 ter, boulevard Champfleury (Durée : 1h15/ théâtre à partir de 14 ans) et Prison possession de la Cie l’entreprise avec François Cervantes himself à 12h25 du 6 au 28 juillet (Relâches : 11, 18, 25 juillet) au GILGAMESH BELLEVILLE  11, bd Raspail (Durée : 55min/Théâtre à partir de 13 ans).

Une date unique

To burn or not? [43]

To burn or not?

To Burn or Not? par le théâtre de la Cité (Marseille) sera joué le dimanche 16 juillet, à 22h (durée 2h/théâtre tout public) dans le cadre du FESTIVAL CONTRE COURANT sur l’Ile de la Barthelasse – 2201, route de l’Islon. Le spectacle sera précédé à 18h de « Stoïk », compagnie Les GüMs, duo gestuellement burlesque, puis à 19h30 de « TLETA », compagnie Une Peau Rouge, théâtre de rue. Cette création s’appuie sur un travail de longue haleine – pendant 4 ans- mené par Michel André autour du monde du travail et de ses métamorphoses avec la participation d’enseignant, chômeur, RSAste, ancien urbaniste, artiste, journaliste, éducateur spécialisé, cadre supérieur. Un spectacle né de cet espace de création et de recherche partagée, pour un résultat fort et émouvant qui parle à chacun de nous de notre rapport au travail.

Pour conclure ce petit tour d’horizon non exhaustif, notons que, des bords de scène avec Hervé Castanet autour de plusieurs spectacles présentés pendant le festival off auront lieu du 12 au 15 juillet (plus d’infos sur psychanalyse-map.org [44]). A vos agendas! DVDM

copyright photo d’entête: Diane Vandermolina

MERCI RAYMOND, MERCI DUFFAUT : FAU(S)T

Publié Par Rmt News Int Sur Dans Coup de Coeur,Région PACA,Théâtre/Opéra | Commentaires désactivés
Share Button [1]

Il a régné pendant trente-cinq sur les romaines Chorégies d’Orange dont il a fait un empire indiscuté du chant, et en a démissionné dignement pour des raisons politiques, disons, éthiques, avant terme, en mars 2016. En popularisant en ce lieu l’opéra, en le popularisant par les médias, Duffaut a su incarner pour des millions de spectateurs, cet élitisme pour tous dont rêvait Malraux. Un élitisme républicain d’une qualité à l’échelle du lieu, à tous niveaux : mises en scène, lumières, et, surtout artistes, voix que son oreille infaillible a su dénicher et porter aux nôtres pour leur permettre d’ici un envol primordial. Et d’abord, par le banc d’essai de la scène d’Avignon. Car pendant quarante-trois ans, il a présidé aux destinées artistiques de l’Opéra d’Avignon, devenu justement Grand Avignon, qu’il a élevé en royaume lyrique tout aussi indiscutable, le dotant d’un orchestre, d’un chœur et d’un ballet permanents, rare privilège aujourd’hui. Un bilan extraordinaire : quatre-mille cinq-cents spectacles et quelque quatre millions de spectateurs, heureux, reconnaissants. Qui le lui ont prouvé par des ovations interminables lors de deux mémorables soirées.

D’abord, la dernière de Faust qui, il n’y a pas de hasard, selon son simple et touchant aveu, avait ouvert ses yeux et ses oreilles d’enfant, en 1949, au monde lyrique et qui clôt, ce jour, sa longue carrière militante en ce lieu. Puis, « Avant de quitter ces lieux », le concert exceptionnel, cadeau surprise du 16 juin d’un nombre, innommable par la quantité, une cinquantaine d’artistes, chefs, chanteurs lyriques, sans oublier les danseurs, qu’il a lancés ou contribué à leur carrière internationale, qui ont tenu à venir lui témoigner leur, disons-le, affection et fidélité. Un concert, organisé par Nadine et Sophie Duffaut, présenté par Alain Duault, commencé à 18h30, terminé à près de une heure du matin, et poursuivi ensuite avec un cocktail amical, familial.

Raymond Duffaut reste Président du Centre français de promotion lyrique : au service toujours des jeunes talents.

Ce Faust marque aussi la fermeture de l’Opéra Grand Avignon pour deux ans, pour travaux.

Benito Pelegrín

« Age d’or du Hip-Hop » au Musée d’Art Contemporain de Marseille

Publié Par Rmt News Int Sur Dans Article/Critique,Coup de Coeur,Exposition,International,Marseille,News | Commentaires désactivés
Share Button [1]

Une magnifique et conséquente exposition sur l’histoire du mouvement hip-hop aux USA et en France composé de 5 chapitres. D’abord sur la naissance du mouvement puis le succès post-80 rencontré avec son arrivée en France et l’avènement des rappeurs, DJs, grapheurs et danseurs. L’expo s’achève sur l’apogée du Hip-hop, reconnu comme culture à part entière, et son impact économique et marketing. Exposition à voir en complément de « Graff en Méditerranée ».

1ère partie. C’est l’histoire de ce mouvement qui naît dans les cendres d’un quartier abandonné de New-York dans les années 70. Une expo qui regroupe photos et vidéos aux USA et en France de la fin des 70’s jusqu’aux 90’s, ainsi que des objets, albums à écouter etc… A l’époque disco, le Hip-hop nommé alors par ses praticiens le « Get Down » (principe de prendre des parties de vinyle où il n’y a que du son pour le mixer avec un autre vinyle et faire vibrer la foule en « scrachant », ce qui affole et horrifie les clubs de disco de l’époque) tente de faire sa place dans les soirées New-yorkaises mais sans véritable succès au début, la conquête se fait alors dans les rues :  « Conquer your neighbourhood, conquer your city, conquer your country, and then go after the rest of the world. That’s my mantra. » [« Conquis ton quartier, conquis ta ville, et ensuite conquis le reste du monde. Tel est ma mantra »], citation du Grand Master Flash, l’un des inventeurs du Hip-hop.

Des très belles photos du South Bronx sont ici exposées, un quartier dégradé par les politiques urbaines désastreuses de la ville et détruit par les requins de l’immobilier à travers une gentrification inversée. C’est dans cette misère sociale que va naître ce mouvement. Les premières Block Party sont organisées et cette expo nous dévoile des images inédites de ces concerts de rue organisés alors par les membres du quartier et de certains gangs.

On retrouve dans l’exposition l’impact de la mode vestimentaire amenée par ce mouvement, qui devient un signe d’appartenance sociale dont les habitants ont besoin. La danse arrive et ça y est on tourne sur la tête à même le bitume, régalant les B-Boyz et affolants les passants. De magnifiques photos de ces jeunes dans les rues qui dansent, qui « posent » en train mixer des vinyles sur des terrains de baskets. Et sur les murs, les premiers flyers de ces fameuses Block Party …

En deuxième partie de l’exposition : c’est l’arrivée de ce mouvement en Europe. Grâce aux radios et aux Disques Jockeys, le Hip-hop gagne peu à peu les esprits. 1982, c’est le point de départ, des émissions de radio vont diffuser ces nouveaux sons notamment grâce à Sidney, Chabin ou encore le célébrissime DJ Dee Nasty, le premier à passer du rap français sur les ondes et sur les terrains vagues du quartier de la Chapelle à Paris. En France aussi on « battle » avec l’un des premiers spectacles de hip-hop, le « SOBEDO » qui mélange danse Hip-hop et contemporaine en 1994.

Dans une troisième travée, se fait la présentation de la scène rap et hip-hop française avec les groupes IAM, NTM, Assassin et Ideal J. Dans cette partie sont exposés des textes manuscrits des premiers écrits des groupes IAM et Assassin. Encore une fois sont disposés en vitrine des vêtements emblématique du style hip-hop avec les bobs, les casquettes, pantalons larges, et sneakers aux pieds.

Ensuite une travée sur le succès, et un regard sur l’évolution de la danse de rue qui peu à peu se chorégraphie et prend de l’ampleur en trouvant écho dans une jeunesse à la recherche d’un art contestataire. Une travée dédiée à la rue et à la culture urbaine très importante avec des photos de la scène urbaine du hip-hop marseillais. Encore des objets (synthés, les premières tables de mix et ordinateurs pour créer les sons) dont une machine sur laquelle a été créé le 1er son d’IAM, une stéréo signée par de nombreux graffeurs de l’époque mais aussi un tableau qui dépeint les oubliés du hip-hop avec le dessin de gens vivant sous des ponts.

En fin d’expo des produits dérivés de cette mouvance avec des livres, des magazines et tableaux de tags et graffs.

L’exposition, conçue avec le MuCEM, qui met à disposition les plus belles pièces de sa collection, est une belle réussite. A voir de toute urgence.

Mossé David

Photo d’entête © Martha Cooper

 

Infos pratiques :

Hip-Hop : un âge d’or 1970-1995 au Musée d’Art Contemporain du 13 mai au 14 janvier 2018,  69 Avenue D’Haïfa – 13008 Marseille  04 91 25 01 07
http://musees.marseille.fr [45]

 Tarif : à partir de 3 euros

Expo Graff en Méditerranée au Fort Saint-Jean, jusqu’au 8 janvier 2018

Publié Par Rmt News Int Sur Dans Article/Critique,Coup de Coeur,Exposition,Flash Information(s),Marseille,News | Commentaires désactivés
Share Button [1]

Une petite exposition qui suit des figures majeures du graff en Europe à travers des photos, dessins, peintures et objets collectés. Une sélection puisée dans une collecte d’objets que le MuCEM avec l’ethnologue Claire Calogirou entreprend maintenant depuis les années 2000 et qui a réussi à récolter près de 15 000 objets en Europe et en Afrique du Nord dans le cadre d’enquêtes-collectes sur les pratiques urbaines contemporaines.

Sur les murs de l’exposition sont disposés photos de graffs, dessins et objets de la culture skate, graff et hip-hop réunis, ainsi que des magazines, des tableaux, des posters et même des vêtements de grapheurs et de B-Boyz ! (cf la tenue vestimentaire de Zeta)

On retrouve des objets hétéroclites, pas seulement artistiques mais qui témoignent d’une vision culturelle plus globale du quotidien de ces hommes et femmes, une expo de dimension anthropologique. Ces reliques racontent d’une certaine manière l’histoire de ces artistes et donne un aperçu de leur quotidien. Sur des petits écrans placés sur chaque pan de l’exposition sont présentés des films mettant en avant des œuvres réalisées dans la rue sur des murs et dans des gares sur des trains, supports préférés par les artistes de rue qu’il est difficile de montrer autrement qu’en photo et vidéo à moins de se rendre soi-même sur place pour en admirer le talent.

Les objets que vous retrouvez dans l’expo proviennent de différents pays, européens mais également nord-africains. Le but de cette exposition est de placer le spectateur au plus près de l’univers et l’environnement de ces artistes longtemps restés dans l’ombre et souvent considérés par les autorités et le monde artistique comme délinquants ou « hors-art ». Les esquisses rapportées rappellent les murs peints de nos villes. La scénarisation de l’expo va des artistes d’abords espagnols pour ensuite s’intéresser à la scène tunisienne et algérienne qui arrive plus tard dans le graff. Il y a également des toiles et des sculptures souvent teintées d’une volonté militante toujours présente dans cet art, avec des thèmes comme la fraternité et la dénonciation de la violence des sociétés humaines. Pour la période espagnole sont présentés les travaux de véritables légendes urbaines tel que Glub et Zeta, figures incontournables de cette mouvance artistique et pionniers du mouvement de signature de rue et du graff à Madrid.

Cette exposition a le mérite de présenter un art souvent trop isolé du monde des institutions à un moment où finalement peu de musée s’y intéresse. À la fin se trouve un rideau de fer peint, peut-être pour symboliser à l’époque la fracture entre l’art de rue et le petit monde fermé de l’art, avec un logo « type » que l’on retrouve dans les rues de Barcelone, une tétine. A découvrir !

Mossé David

Infos pratiques :
Fort Saint-Jean (MuCEM) – salle des collections
1 Espl. J4, 13002 Marseille, France
Du samedi 13 mai 2017 au lundi 8 janvier 2018
Tarifs : Billet Mucem : 9,50€ / tarif réduit : 5€

Photo d’entête: Jaye (c) Photo Mucem, Yves Inchierman