Raff Die Eifersüchtigen, opéra en trois actes : Premier enregistrement mondial !
Un enregistrement majeur
Avec Matthias Bein, Mirjam Fässler, Serafina Giannoni, Raisa Ierone, Benjamin Popson, Martin Roth, Balduin Schneeberger. Orchestre d’Europe : Joonas Pitkänen. Durée : 2H15. Double cd Naxos. www.naxos.com
Autodidacte, Joseph Joachim Raff (1822-1882) est un compositeur suisse né à Lachen. Encouragé à la composition par Félix Mendelssohn, il devient le secrétaire de Franz Liszt dont il orchestre de nombreux poèmes symphoniques avant de partir à Wiesbaden où il enseigne le piano et la composition. À la fin de son existence il devient le directeur de la Hoschule Musik de Francfort. Il laisse une œuvre prolixe dans tous les domaines musicaux. Citons ses onze symphonies, ses concertos pour piano, pour violon, pour violoncelle, sa musique de chambre importante, ses oratorios, ses pièces pour piano, six opéras et de nombreux cycles de mélodies. Bernard Hermann, Arturo Toscanini sont d’ardents défenseurs de sa musique au 20ème siècle comme au 19ème siècle Franz Liszt ou Hans von Bulow. Raff peut être considéré comme le plus grand compositeur suisse de son temps. Il fait le lien entre école traditionnelle et nouvelle école allemande. D’une érudition rare, son œuvre très jouée en son temps sera une source d’inspiration pour de nombreux compositeurs comme Gustav Mahler, Richard Strauss, Dimitri Chostakovich, Gabriel Fauré, Vincent d’Indy…
Die Eifersüchtigen –Les jaloux
Ecrit entre 1881 et 1882, Les jaloux est un singspiel en trois actes achevé peu de temps avant la mort du compositeur. On est dès l’ouverture saisi par la pureté de l’orchestration. Tout ici est simplicité, économie de moyens. Quelle connaissance et maîtrise de l’écriture vocale pour tous les solistes ! Le livret du compositeur évoque par instant Beaumarchais. La beauté lyrique évoque les Noces de Figaro de Mozart ou Les Joyeuses commères de Windsor d’Otto Nicolaï. L’ouvrage ne sera jamais joué de son vivant. L’histoire nous plonge au cœur de quiproquos au sein de Florence au 16ème siècle. De nombreuses mélodies s’appuient sur la prosodie allemande. Le dernier opéra se singularise par sa clarté et sa concision. Tous les personnages sont différenciés par la précision musicale du compositeur. Raff annonce certains ouvrages de Richard Strauss et Ermanno Wolf-Ferrari ou Ottorino Respighi ! Cet opéra bouffe Flotow ou Von Suppé renaît en 2022 à Zürich lors de représentations. Cet enregistrement qui vient de paraitre a été réalisé en marge de ces représentations.
Une distribution jeune et cohérente
Beppino est incarné par le baryton Matthias Bein. Baryton, ce jeune artiste possède de réelles qualités musicales. La voix est saine. Il est un fin mélodiste. Son Beppino est très attachant. Ninetta est écrit pour une mezzo-soprano. Mirjam Fässler est convaincante. Le timbre est rauque et convient parfaitement à l’écriture du compositeur. Son air de lamentation est un pur ravissement. Donna Rosa est confiée à la soprano Serafina Giannoni. Sa ligne de chant et la pureté de la voix retiennent l’attention. Le timbre est clair et souple. Donna Bianca requiert une mezzo-soprano. Raisa Ierone est remarquable par son intelligence de chant et sa musicalité. Le timbre sensuel séduit immédiatement. Don Claudio est un ténor lyrique. Benjamin Popson possède un timbre solaire et un engagement sans faille. Don Geronimo est une basse. Martin Roth est une basse suisse de qualité. Enfin Don Giulio est caractérisé par un baryton basse confié ici à Balduin Schneeberger. Cet artiste maîtrise parfaitement déjà l’art du lied. La projection est un modèle. Sa voix veloutée est un indéniable atout. Cette troupe de solistes par son engagement est vivifiante. Chaque rôle ici est important et complémentaire. À la tête de l’Orchestre d’Europe, la direction du chef d’orchestre finlandais Joonas Pitkänen est précise et les tempi choisis sont dynamiques. Il transcende l’ultime ouvrage lyrique de Raff. Il met en relief la beauté intrinsèque de l’orchestration toujours en harmonie avec les personnages. Sa direction relève de l’orfèvrerie. La prise de son intimiste permet de nous immerger dans l’œuvre. Jubilatoire !
Serge Alexandre
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