Festival Musiques Interdites : Un Hommage à la Résilience Artistique
Du 14 au 23 novembre 2025, le Festival Musiques Interdites, qui célèbre cette année ses 20 ans d’engagement pour la mémoire musicale, sillonne la ville avec une série de concerts et de rencontres. Cet événement met en lumière les œuvres de compositeurs persécutés par les régimes totalitaires du XXe siècle.
Une Vingtième édition marquante
Son programme met à l’honneur des figures emblématiques telles que Viktor Ullmann, Bela Bartok, et Franz Schreker, dont les créations ont été bannies. Le festival vise à réhabiliter ces voix oubliées et à questionner notre rapport à la mémoire et à la création artistique. Le directeur artistique Michel Pastore rappelle que la censure n’a pas été l’apanage des nazis : « Sous Staline, c’était doublé d’un caractère racial, contre les Juifs aussi. » Il précise toutefois que tous les artistes proscrits n’étaient pas juifs : « Bartok ou Hindemith ne l’étaient pas. C’est vraiment l’interdiction de ces musiques, de la musique en tant que telle. »
Une Programmation Éclectique
Le festival débute le 14 novembre à 20h, dans les Cryptes de l’Abbaye Saint Victor, par le concert « Quatuors Ultimes : Ullmann – Bartok », mettant en avant le Troisième Quatuor de Viktor Ullmann, achevé dans le ghetto de Terezín, et le Quatrième Quatuor de Bela Bartok, qui a bravé le régime hongrois (avec Dali Feng et Matthieu Latil, Violon ; Brice Duval, Alto ; Xavier Chatillon, Violoncelle et les Solistes de l’Orchestre Philharmonique de Marseille).
Le 16 novembre, à 17h, au Foyer Ernest Reyer de l’Opéra de Marseille, un Hommage à Franz Schreker présente des œuvres majeures de ce musicien autrichien dont la carrière fut interrompue par le nazisme (avec Aude Extrémo, mezzo-soprano ; Irina Stopina, soprano ; Carole Meyer récitante et Vladik Polionov, piano). Au programme : “Cinq Chants Graves” (Fünf Gesänge), cycle de lieder rarement interprété, témoignant de la profondeur expressive et de la richesse harmonique caractéristiques de Schreker et “La Vie Éternelle” (Das ewige Leben), oeuvre vocale mystique aux sonorités avant-gardistes qui illustre la quête spirituelle du compositeur sur les poèmes de Walt Whitman. « Ses compositions n’ont jamais été jouées en France sauf un opéra à Lyon il y a 3 ans. Puccini disait que c’était le plus grand compositeur d’opéra de son époque. Elles seront chantées en Allemand » explique-t-il.
Le 19 novembre, à 18h, au Musée d’Histoire de Marseille, une rencontre intitulée « L’Art Dégénéré : les Musiques Interdites » réunit des musicologues et historiens pour discuter des mécanismes de censure artistique sous les régimes totalitaires. Le symposium est ponctué d’intermèdes musicaux avec Aude Extrémo, Irina Stopina, Carole Meyer et Vladik Polionov. « Il y aura un montage des vidéos des 20 ans de festival, avec tous les grands moments passés pour montrer les orientations de chaque édition et la diversité des interdits : il y a eu, par exemple, Komitas, qui parce qu’il était arménien a subi la dictature des Turcs. Ce ne sont pas que les nazis ou les Russes, je m’intéresse à toutes sortes d’autoritarismes pour rendre justice à ces immenses artistes. Il y a aussi ce que j’ai appelé la dictature de la modernité. C’est-à-dire que toutes les œuvres du post-romantisme ou du début du modernisme, de cette période qui va des années 20, 30 et 40, ont été étouffées et passées dans l’oubli total après la guerre. Seules les musiques sérielle et dodécaphonique ont été retenues. Adorno dit qu’après Auschwitz, on ne peut plus faire de poésie, ce qui est une bêtise totale parce que justement, il faut faire de la poésie. Dans le camp de Terezín, les jeunes adolescents ont fait une revue qui s’appelait Vedem, qui veut dire en avant, nous sommes l’avant-garde, et ils écrivaient des poésies. La barbarie ne peut pas museler l’esprit humain » soutient Michel Pastore.
Enfin, le festival se clôture le 23 novembre à 16h, à l’Opéra, avec la monumentale 2ᵉ Symphonie « Résurrection » de Gustav Mahler, une œuvre emblématique qui interroge le sens de l’existence humaine (avec Aude Extrémo, Irina Stopina et l’orchestre et chœur l’Opéra de Marseille sous la direction musicale de Michele Spotti). « Elle n’a jamais été jouée à Marseille, c’est une 1ère. Résurrection est une œuvre absolument démente par l’effectif orchestral et vocal nécessaire. Mahler rajoute plein d’instruments qui ne sont pas dans l’orchestre symphonique. Dans un orchestre symphonique, c’est 6 corps maximum. Chez lui, il y en a 12 en tout plus un orgue et deux harpes » détaille-t-il.
Un Appel à la Mémoire et à la Résistance
Le Festival Musiques Interdites réaffirme l’importance de la liberté d’expression et de la résistance par l’art, dans un contexte où les valeurs humanistes sont plus que jamais nécessaires. Cette édition promet de faire résonner des voix trop longtemps réduites au silence, tout en offrant au public une expérience musicale d’une beauté saisissante. Ne manquez pas cet événement unique qui s’inscrit dans la lignée d’un combat essentiel pour la mémoire et l’héritage artistique. DVDM
Toutes les Informations : www.musiquesinterdites.fr.
Réservations :
Abbaye Saint Victor www.amisdesaintvictor.com.Tarif 15€
Opéra de Marseille https://billetterie.marseille.fr.Tarif 12€ le 16.11 / de 10€ à 25€ le 23.11
Symposium : Entrée libre sur inscription




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