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Marseille romantique

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Rémy Cardinale, directeur artistique et pianiste de l’ensemble de musique de chambre “L’Armée des Romantiques”, nous présente la première édition du festival “Les Passions Marseillaises”, un événement célébrant le riche héritage musical de Marseille au XIXe siècle avec 3 concerts proposés du 19 au 21 septembre.

Rémy Cardinale et le Festival “Les Passions Marseillaises”

Cette première édition a été précédée d’un concert test au musée d’histoire de Marseille en 2024 organisé par l’armée des romantiques. “C’est un ensemble de musique de chambre à géométrie variable basé à Marseille.” L’idée du festival est née de sa passion pour l’histoire et les instruments historiques, combinée à la découverte d’une histoire musicale marseillaise méconnue : “On joue sur des instruments historiques et notre champ d’action artistique, c’est le romantisme. Je suis passionné d’histoire et j’ai découvert qu’il y avait une activité autour de la musique classique au 19e siècle exceptionnelle à Marseille. Et cette activité musicale autour de la musique classique est aujourd’hui un peu oubliée. On va dire que la Provence a capté l’activité de cet art-là. En fouillant un peu, je suis tombé sur des travaux universitaires extraordinaires qui rappellent cette histoire oubliée.” L’enjeu du festival est clair : ” c’est remettre à l’honneur tout ce 19e, son activité culturelle éblouissante et la refaire vivre.”

Beethoven, une passion marseillaise (Vendredi 19 septembre à 20h30, Théâtre de l’Œuvre)

Ce spectacle musical, écrit par Rémy Cardinale avec Jean Manifacier (mise en scène et comédien) et Pierre Créac’h (dessinateur), prend la forme d’une fable inspirée des travaux de la musicologue Anik Devries-Lesure sur la passion des Marseillais pour Beethoven au XIXe siècle : “C’est une histoire assez exceptionnelle, les Marseillais avaient une passion folle de la musique de Beethoven dès les années 1820. Ils sont allés jusqu’à créer un orchestre et une salle de concert, la salle Thubaneau, rue Thubaneau.”

Il met en scène une rencontre fictive entre Beethoven et un médecin marseillais : ” un beau matin, on sonne à la porte du médecin et il voit Beethoven. Il le reconnaît parce que lui aussi est un fou de la musique de Beethoven. Beethoven vient avec un prospectus car il a entendu parler de ce médecin marseillais qui soignait les problèmes d’audition. Evidemment, ce personnage, le médecin, qui s’appelle le docteur Fabre, haut en couleur, c’est une sorte de personnage un peu à la Pagnol, devient complètement hystérique devant la vision de Beethoven. Il essaye de le garder avec lui, mais Beethoven s’en va. Il crie derrière lui, Beethoven n’entend rien parce qu’il est sourd. Il va voir ses musiciens qui répètent pour un concert, il leur annonce que Beethoven est là, et leur fait découvrir la musique de Beethoven. Ils tombent totalement en admiration folle devant cette musique et décident de changer de programme et de faire un programme Beethoven le soir même. Beethoven, par le plus grand des hasards, voit l’affiche, vient en concert. Le médecin dira à la fin que ce ne sont pas ses potions qui ont soigné Beethoven, mais l’amour des Marseillais pour sa musique qui ont soigné le maître.”

La création met en lumière l’histoire incroyable de l’orchestre Thubaneau : “l’orchestre Thubaneau a été créé par des professionnels et des grands amateurs. À l’époque, la frontière entre l’amateurisme et professionnel n’était pas celle d’aujourd’hui. C’étaient tous les grands notables marseillais, la famille Rocheplan, tous ces grands noms de Marseille et ils étaient fous de la musique de Beethoven. Il faut savoir que cet orchestre a créé 5 des 9 symphonies de Beethoven avant Paris, en première nationale. C’est quelque chose d’incroyable, totalement oublié.” Rémy Cardinale souligne l’exceptionnel niveau des musiciens marseillais : “Ces gens ont vu le génie de Beethoven avant Paris, parce qu’à Paris, dans ces années-là, on le pensait fou. A Marseille, on a des témoignages, par exemple, de Paganini, le célèbre violoniste, qui arrive dans les années 40 et joue avec un quatuor à cordes marseillais. Il a découvert les quatuors à cordes de Beethoven, qu’il n’avait pas réussi à trouver avant, à Marseille.”

Joué sur un piano Boisselot de 1841, il met en scène trois musiciens (Rémy Cardinale au piano, Girolamo Bottiglieri au violon, Emmanuel Balssa au violoncelle) et un comédien (Jean Manifacier). Rémy Cardinale précise : “Ce spectacle est purement une fable mais parle d’une histoire bien réelle de la passion des Marseillais pour la musique de Beethoven.” Beethoven arrive à Marseille par le train, à la gare Saint-Charles. “Son arrivée est mise en image par mon camarade Pierre Créac’h, et ses dessins sont projetés pendant le spectacle.” La salle Thubaneau est située à proximité du Théâtre de l’Œuvre : “elle est au lieu exact du mémorial de la Marseillaise. Quand l’ancien jeu de paume a disparu, ils ont construit une salle de spectacle, et c’est cette salle qui a brûlé à la fin des années 30, début 40. On trouvait ça vraiment très beau de pouvoir faire ce spectacle à deux pas de la véritable salle : dans le spectacle, la salle a été dessinée, c’est une allégorie, évidemment, puisqu’on n’a pas de document, ni de dessin ou de télégraphie de cette salle. On trouvait le symbole beau.

Régine Crespin, une passion marseillaise (Samedi 20 septembre à 20h, Conservatoire Pierre Barbizet Marseille, salle Tomasi)

Le concert hommage à la grande soprano Régine Crespin est interprété par la mezzo-soprano Lucie Roche et le ténor Carl Ghazarossian, tous deux Marseillais. Le programme comprend des mélodies françaises chantées par Régine Crespin tout au long de sa carrière : “Le deuxième concert, ce sera un hommage à l’immense cantatrice Régine Crespin, qui est marseillaise, on l’oublie souvent. Ce sont uniquement des mélodies qu’elle a chantées et enregistrées durant sa carrière, des mélodies françaises, notamment le cycle des nuits d’été, très célèbre par son enregistrement. Il y aura aussi des mélodies de : Poulenc, Fauré, Dupin. Et je jouerais sur un piano Erard de 1895”.

Les pianos Boisselot, une passion marseillaise (Dimanche 21 septembre à 17h, Auditorium du Musée d’histoire de Marseille):

Ce concert-conférence met en lumière la manufacture de pianos Boisselot, fleuron de l’industrie marseillaise du XIXe siècle : “Cette année, on va faire deux concerts sur un piano de la marque Boisselot. C’est une manufacture qui est partie complètement dans l’oubli. On connaît, on s’intéresse aux instrumentiers, aux grandes maisons parisiennes. Mais il faut savoir que Boisselot, pendant 50 ans, a tenu la dragée haute à ces deux grandes marques parisiennes. C’était la seule manufacture provinciale à avoir un niveau international. Il y avait également une salle de concert, la salle Boisselot, qui était extrêmement forte : c’est de tout cela et de la grandeur de cette grande maison marseillaise dont on va parler lors du troisième concert au musée d’histoire.” Le concert présentera des œuvres de Chopin jouées sur un piano Boisselot des années 1840.

Une ambition

“Le festival a pour but d’ouvrir et d’honorer pendant les journées du patrimoine, des lieux du 19e siècle de Marseille, parce que qu’il y a plein d’hôtels particuliers, privés malheureusement, que les marseillais ne connaissent pas. J’espère arriver un jour à ouvrir les salons d’apparat de la préfecture de Marseille, qui sont exceptionnels. Notre objectif est vraiment la valorisation des monuments architecturaux du 19e marseillais.”

Le choix des lieux de concert (Théâtre de l’Œuvre, Conservatoire Pierre Barbizet et Musée d’histoire de Marseille) souligne ce lien fort entre la musique romantique et le patrimoine architectural marseillais. Le festival est une invitation à redécouvrir une page méconnue mais passionnante de l’histoire culturelle de Marseille.

Diane Vandermolina

Plus d’infos : https://www.xn--arme-des-romantiques-d2b.fr/festival-passions2025.html

Tarifs : 17€/14€ pour les 2 premiers concerts/ Gratuit pour la conférence.

Crédit photos: L’Armée des Romantiques

Rmt News Int • 15 septembre 2025


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