Avignon off 2025 : Plus jamais Mozart

“Plus jamais Mozart” adaptée et mise en scène par Jean-Louis Kamoun, assisté de Bénédicte Debilly est un spectacle musical d’après le texte bouleversant de Michael Morpurgo, empreint d’émotion, de finesse et de justesse. De poésie également.

Sur scène, 4 comédiens dont un musicien nous plongent dans le mystère du grand violoniste Paolo Levi, qui refuse de jouer du Mozart. Le récit de son enfance à Venise, de sa découverte clandestine du violon, de l’ombre de la guerre et de l’amour inconditionnel de la musique, s’entrelace délicatement avec les images vidéos d’Olivier Durand et les lumières subtiles d’Éric Valentin que j’ai eu plaisir à retrouver après ses années en tant que régisseur lumières lorsque je dansais au sein du Ballet National de Marseille.

Le texte est porté avec une belle intensité par Christine Gaya, Martin Kamoun, Caroline Ruiz et Christian Fromentin (talentueux musicien et interprète au violon et à la mandoline). J’ai été particulièrement touchée par l’interprétation sensible de Martin Kamoun. Il incarne avec tact la fragilité, la mémoire et les non-dits de son personnage. Sa posture alterne discrétion, émerveillement ou force fébrile selon qu’il incarne l’enfant qu’il était, le père qu’il avait ou le célèbre musicien tentant de dissimuler un fardeau devenu trop lourd. Il se saisit de l’espace scénique avec fougue et élégance feutrée tel un danseur. Son langage corporel, précis, fluide et habité, m’a frappée en tant qu’ancienne danseuse professionnelle : sa posture, ses déplacements, ses gestes improvisés et incisifs, son rebond, se sont mis avec habileté au service du récit.

Cette pièce de théâtre mêle avec intelligence petite et grande histoire, mémoire et musique, douleur et lumière. Elle touche à l’essentiel sans jamais sombrer dans le pathos. Une proposition artistique à la fois accessible et exigeante, qui s’adresse autant aux adultes qu’aux jeunes spectateurs. Une véritable ode à la résilience, à l’art, et à la transmission. Un très beau moment de théâtre, à ne pas manquer à la Fabrik Théâtre.

Valérie Blaecke

Crédit photo: Boulègue Production