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BEAT HIT Contest débarque à Marseille !

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Le classico fait son match retour à Marseille, le 28 mai à 20h, au Cabaret Aléatoire, 41 rue Jobin, 3è (à partir de 24€).

Né d’une indignation face au manque de reconnaissance des beat makers, ce concept innovant, imaginé par Djimi Finger, met à l’honneur ces artisans de l’ombre qui façonnent les classiques du rap.  Plus qu’une simple compétition, BEAT HIT est une célébration de la culture hip-hop, un spectacle multigénérationnel qui réunit puristes et nouveaux adeptes.

Inspiré par des événements américains comme Verzuz, BEAT HIT propose des battles entre beat makers et DJs, mêlant technique, créativité et show spectaculaire.  Mais BEAT HIT ne se contente pas de célébrer les icônes.  Le concept intègre des beat makers émergents, créant un dialogue stimulant entre tradition et innovation.

L’objectif pour 2025 est ambitieux : une tournée internationale dans les grandes villes françaises et francophones (Bruxelles, Genève, Montréal), avec un final exceptionnel au Zénith de Paris au printemps 2026, des collaborations exclusives avec des stars du rap français et une volonté affirmée de mettre en lumière les talents féminins.

Nous avons rencontré Djimi Finger pour en savoir plus sur ce projet ambitieux.

Interview

DVDM : Vous disiez que l’idée vous est venue d’un coup de gueule par rapport aux propos d’un rappeur disant qu’il ne paierait pas 150 euros à un beat maker.

Djimi Finger : J’étais tombé sur une interview d’un rappeur en trois lettres, en trois consonnes, qui disait, visiblement quand on écoutait l’interview en entier, il mesurait son propos, moi en tout cas je suis tombé sur cet extrait qui m’a révolté. Le coup de gueule est parti de là. Ensuite un ami m’a envoyé une vidéo qui montrait une battle entre Dipset et The Lox, deux entités américaines, et là je me suis dit : tu vas faire ça mais avec des beat maker sur scène. C’est comme ça que le projet est né : le premier événement classico a eu lieu à Paris le 5 juin 2024. Avec ce projet, j’essaie de rendre ou donner leur lettre de noblesse aux gens qui, à mon sens, créent une œuvre majeure mais qu’on ne reconnaît pas. C’est souvent comme ça. On reconnaît souvent l’acteur principal d’un film mais moins le réalisateur. À moins que ce soit un réalisateur majeur comme Quentin Tarantino qui lui-même est acteur. Ou bien un Godard, un Audiard ou un Klapisch pour le cinéma français. Après, on écrit le nom du réalisateur mais est-ce qu’on les identifie réellement ? Et en plus, culturellement, en France, on n’a pas cette culture du producteur, du beat maker, du compositeur. Et encore plus aujourd’hui, puisqu’il y avait des livrets quand on achetait un CD avant. Je suis de cette génération, mais ceux qui sont uniquement dans le streaming, la génération d’aujourd’hui, c’est très compliqué pour eux. Il faut vraiment vouloir creuser pour être passionné, avoir un intérêt particulier pour ça.

DVDM : Et concrètement comment se passe la battle ?

Djimi Finger : Pour faire simple, on connait tous l’oeuvre des artistes, mais on connait rarement le compositeur ou le beat maker. Je fais partie de ces gens qu’on connait peu. J’en ai fait une sorte de combat de mettre en avant les compositeurs et les beat maker, affiliés soit à un groupe, ou dont l’oeuvre est connue par le grand public. L’idée c’était de mettre sur scène DJ Tartempion, qui a produit le dernier morceau de Bachibouzouk. A Marseille, à mes côtés il y a DJ Maître, qui a des références comme Kery James, Mac Tyer, Pit Baccardi, et j’en passe. Moi c’est l’école Secteur Ä, avec Doc Gyneco, Neg’ Marrons etc. Et en face de nous, il y a les autres : Imhotep de IAM, que tout le monde connait à Marseille, et le DJ Soon de 3ème Oeil. Comme on est sur une thématique classico Paris-Marseille, c’est le match retour de ce qu’on a fait à Paris avec DJ Djel. Comme ça avait très bien marché, les Marseillais m’ont demandé de faire le second classico à Marseille. Côté parisien, on vient avec le groupe Sniper, et en face, il y a Faf La Rage, Rodo, Bouga et d’autres surprises. Sur la deuxième date tournée à Paris, on était sur une thématique de clash. On était face aux DJs producteurs de NTM et quand ils ont envoyé le morceau « Pose ton gun », il y a Joey Starr qui est monté sur scène pour jouer. Mais on ne l’avait pas annoncé. C’est pour ça qu’à chaque fois qu’on dit qu’il y a des surprises… On a eu Passi, Ärsenik … les meilleurs. En tant que DJ et beat maker, on envoie par exemple un titre référencé, parce que l’idée, c’est d’envoyer que des hits. Les gens qui sont sur scène, c’est que des gens qui ont produit des hits, donc le public connaît les morceaux. Par exemple, à un moment, on peut envoyer un couplet d’un titre, et tout d’un coup, il y a un ou deux Sniper qui arrivent, qui jouent le couplet puis le couplet suivant, et ils quittent la scène. On finit toujours le concert par un showcase des personnes qui ont été sollicitées sur les morceaux. Les artistes qui sont sur scène avec nous, ce ne sont que des gens avec qui nous avons travaillé. Sur le set, on reproduit un titre qu’on a déjà fait en studio. On montre au public comment il a été fait. C’est un mélange de Peeking, de DJing, et de show. C’est retransmis sur écran, ça permet au public de voir exactement le travail en cours sur un titre et c’est comme si on partait zéro sur le titre. On montre les coulisses de la production d’un titre.

DVDM : quel est le thème ?

Djimi Finger : Pour ceux qui ont aimé les titres des années 90-2000, ils vont être servis parce que sur le plateau en termes de beat maker et compositeur et DJ, c’est vraiment ce qui se fait de mieux. Je ne suis pas là pour parler de ma personne, multidisque d’or, multi-platine, multi-diamant. DJ Maître, c’est pareil. C’est le haut du panier. En termes d’œuvres et avec les prestations de Sniper, ça va être super. A la fin, les gens peuvent repartir avec un objet, comme avant. Dedans, il y a un extrait de ce que l’on joue sur scène, du mix que l’on joue sur scène. Avec des inédits, parce que j’ai invité un rappeur connu à Marseille que j’aime beaucoup, qui s’appelle Rodo, et j’ai fait un titre avec un autre qui s’appelle Hermano Salvatore, pour ne citer qu’eux, et d’autres de la nouvelle génération.

DVDM : Vous allez reprendre ces battles dans toute la France.

Djimi Finger : Exactement, après Marseille, on fait Lille au mois d’octobre, et on part en tournée sur toutes les grandes villes et les pays francophones à partir de mars 2026, pour finir avec une grosse date dans une grande salle parisienne, et selon comment ça se passe, j’ai dans l’idée de transposer le plateau qu’il y aura à Paris à Marseille une seconde fois.

DVDM : Et quel est votre rapport à Marseille ?

Djimi Finger : Mon attachement à Marseille n’est pas personnel d’un point de vue familial, mais historique, il y a toujours eu cette place très forte du rap marseillais en connexion avec le rap parisien. Moi, je suis de la génération Family et quand j’étais plus jeune, déjà dans ma discographie, j’ai des collaborations avec des membres de la Family, j’ai des collaborations avec le groupe IAM, etc. Il y a toujours eu ce pont.

DVDM : Et dans ce plateau, vous avez beaucoup de femmes ?

Djimi Finger :J’essaie de les mettre de plus en plus en avant. Justement, là, je vais faire participer un DJ femme à Marseille. Le problème, entre guillemets, c’est qu’il n’y a pas de beat maker DJ femme référencée. J’ai décidé d’octroyer une forme de dérogation en me basant sur le talent des personnes. Je travaille à ce qu’au moins que le warm-up et la première partie soient jouées par un DJ féminin. C’est quelque chose que je cherche à imposer. Et même dans notre merchandising, par exemple, on fait du merchandising pour femmes. On fait des t-shirts et des chaussures réservées aux femmes, etc. J’en fais un combat. Le problème, c’est que sur notre thématique, on a besoin que le beat maker, le DJ, soit référencé auprès du public.

DVDM : Et comment vous êtes venu à faire du beat making ?

Djimi Finger : Je ne veux pas dire que je suis tombé dedans, mais j’avais envie de participer au mouvement. Puisque je danse comme un congélateur, je me suis dit que ce n’est pas fait pour moi. Le rap en lui-même, ce n’est pas un truc pour lequel j’étais doué. Par contre, la musique, j’ai toujours eu une sensibilité pour ça. Comme beaucoup, j’ai commencé avec un groupe et comme il fallait bien que quelqu’un se colle à la musique, ça a été moi. Je l’ai fait parce que j’avais envie de le faire. Et je n’ai pas lâché depuis… Je devais avoir entre 16 et 17 ans.

DVDM : Quelle est la particularité qui vous plaît dans le beat making ?

Djimi Finger : Il y a plusieurs choses. Il y a le fait de partir d’une feuille blanche et d’arriver à quelque chose. On s’inspire et utilise des éléments, des samples de musiques connues ou non et on les transforme à sa façon. Ce qui me plaît, c’est l’énergie qu’on peut retranscrire en partant de pas grand-chose ou de rien du tout. C’est créer quelque chose. Des sonorités. Passer du temps à chercher un sample. Le bon son de clavier. Le bon son de basse, etc. qui correspond. Et ça demande beaucoup de patience. Je pense que toutes les choses prennent du temps.

Propos recueillis par Diane Vandermolina

Rmt News Int • 14 mai 2025


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