Léopold m’attend
Festival d’Avignon OFF
Léopold m’attend
Entre solitude et quête d’identité, un couple atypique, une jeune femme et un pantin, embarque le spectateur dans un conte onirique.
Dans l’obscurité une voix se fait entendre et appelle « Léopold ». La lumière s’allume sur un décor maculé de blanc : un lit à barreaux comme ceux que l’on trouvait jadis dans les hôpitaux, un sac de linge et une jeune femme assise sur une chaise à l’avant scène qui tient un combiné téléphonique dans sa main et appelle « Léopold ». Un décor dépouillé, dénué de toute fioriture et qui laisse place au jeu de cette jeune femme sans âge. Est-ce une enfant ? Est-ce une adulte qui ne veut pas grandir ? Est-ce une folle ? Son visage est blanc comme malade et ses yeux sont rougis par une fatigue psychologique trop lourde à porter ou par des pleurs. On ne sait dire… Elle appelle, elle cherche, elle trouve Léopold, une marionnette, vestige d’un édredon qui laisse échapper des plumes de son corps inerte. Elle lui fait la toilette comme s’il était le prolongement d’elle-même. Elle dispose autour de son cou une cravate jaune comme pour signifier sa masculinité et le manipule pour l’humaniser.
Dans les quelques mètres carrés de sa chambre, elle va l’aimer et tomber enceinte, mais aussi le haïr. La lumière et la musique rythment la pièce : le rouge et le tango « Besame mucho » pour la passion et un baiser que d’abord elle repousse ; le bleu et la musique « métallique » pour exprimer la tension et habiller la dispute violente du duo : « Je ne veux plus de toi dans mon lit », dit-elle. Le tic-tac du réveil est redondant et s’impose comme une musique à part entière : rêve endormi ou folie éveillée, rêve éveillé ou folie endormie ? Le personnage féminin donne un indice : « Quand vous fermez les yeux que voyez-vous ? Moi c’est quand je les ouvre que je ne vois rien. ».
Elle est vivante, mais sans nom, il est pantin mais s’appelle Leopold. Deux personnages qui ouvrent la petite porte de l’inconscient à toutes les interprétations. On peut y voir la grande solitude d’une femme à la dérive, mais on peut y voir tout autre chose. On est quelque part entre la poésie et le conte.
Sophie Weiss qui a écrit, interprété et mis en scène la pièce est une artiste complète formée au théâtre, à la danse, au cirque, à la musique et surtout au mime à l’école Marcel Marceau. Dans « Léopold m’attend », le texte est rare et n’apparaît qu’en monologue poétique, mais la présence physique est intense, autant celle de la comédienne, bien réelle que celle de Léopold à qui elle donne une consistance qui fait oublier son corps de plumes. Un couple onirique qui existe au moins le temps que dure la pièce, bien assez pour qu’on s’y attache, qu’il nous émeuve et nous fasse rire.
Cie l’Optimiste (France) / Ecriture, mise en scène et interprétation : Sophie Weiss / Musique : Christophe Seval / Durée 50 min / Tout public à partir de 7 ans. Festival Off d’Avignon, jusqu’au 28 juillet tous les jours à 16h15, à l’Atelier 44.
Par Samantha Rouchard


Vous devez être connecté pour poster un commentaire.