La Cité de la Distorsion

Mobius Strip Theatre

Mise en scène de Jin Yao Lin

Avec Dondon Hounwn, Po Ting Chen et Chih Lin Huang

Durée : 1 heure

Tous les jours à 17h25 au théâtre de la condition des soies

Tarifs de 6 à 13 euro/Réservation : 04 32 74 16 49

Modernité versus Tradition : à la recherche du paradis perdu

Cette création du directeur de Mobius Strip Theatre mêle projection, chant et percussion : un écran géant sur lequel se retrouve projeté une boule de feu protéiforme se transformant alternativement en anneau lumineux, voire en nœud de möbius (symbole de l’infini, l’oméga) interagit avec les artistes présents sur la scène dépouillée de tout artifice.

Un homme, costard cravate en bord de scène, prêt à se pendre, perdu dans le tourbillon de la folie du monde moderne*, modernité tendant à distendre notre rapport au temps, est assis, coté cours de la scène, comme dans l’attente de quelque chose…. Il rencontre alors deux personnages, la Terre, une femme, excellente percussionniste au visage grave et au geste précis, vêtue d’une robe blanche, un chapeau avec un double cercle inachevé surplombant sa chevelure remontée en chignon, et un chanteur aborigène, vêtu de façon traditionnelle, à la placidité et au calme étourdissant, assemblant des pierres comme pour un cérémonial. Ici, se trouvent développées de deux visions du monde : celle de la sagesse et de la spiritualité, entretenue par le chant et la percussion, d’un monde où le temps n’est pas celui de l’horloge-celui des anciens-; celle de la déchéance et de la perte de valeurs d’un monde décadent -le nôtre- avec notre cadre sup en pleine crise de démence. Le metteur en scène tente ici de proposer au spectateur un voyage initiatique au cœur de notre humanité aujourd’hui déclinante afin qu’elle retrouve ses valeurs originelles, celles qu’elle tire de la Terre et de ses ancêtres. Si la thématique abordée est intéressante, il est regrettable que la musique électronique préenregistrée soit trop forte : cet effet qui est là pour accentuer l’idée d’une apocalypse de notre monde moderne ultraviolent perd de sa puissance du fait de sa redondance avec les images projetées et le jeu de l’acteur, hurlant et se tortillant comme un damné sur le sol. Cela tend à rendre le spectacle trop didactique en certains endroits.

C’est hélas le défaut couramment observé dans les créations délivrant un message spirituel. Ceci dit, le spectacle de part sa thématique et sa recherche spirituelle a déjà trouvé son public ; salle quasi comble pour chaque représentation. Chapeau. DVDM

* La scène où il court contre le temps à l’image de ses doubles projetés est fort juste