Sur le chemin d’Antigone
Sur le chemin d’Antigone
Agence de Voyages imaginaires
Théâtre des Bernardines du 10 avril au 5 mai
Résister, encore et toujours !
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Et oui, les élections approchent à grands pas et nos théâtres entrent en résistance… en programmant des spectacles mettant en scène des héros en résistance. Ici, c’est l’agence de voyages imaginaires qui aux Bernardines propose de partir sur le chemin d’Antigone. Pas celle de Sophocle mais celle d’Anouilh. Même si Philippe Car avoue que ses diverses lectures – Bauchau, Cocteau et les autres- ont influencé inconsciemment ici et là sa réécriture dramaturgique de la pièce.
C’est Valérie Bournet Car néanmoins que nous devons l’idée de cette création de nos joyeux lurons. Depuis une vingtaine d’années, elle était interpelée par le personnage d’Antigone et son engagement : cette femme qui choisit de mourir au lieu de déroger à son devoir filial et a résisté à Créon, le Roi de Thèbes qui se prend pour l’égal d’un Dieu en édictant ses propres règles allant contre les lois divines. Les Printemps arabe et mouvement des indignés, porteurs d’un souffle de résistance que les artistes portent en bannière, ont catalysé le choix de créer l’an passé Antigone. Il était temps d’aller au bout de l’idée. Après un périple au Burkina Faso où pendant plusieurs semaines les membres de la compagnie ont créé une ébauche muette du spectacle, l’essayant de villages en villages auprès d’un public non francophone ne connaissant pas l’histoire d’Antigone, avant de le jouer à l’institut français et d’y introduire par bribes du texte, les voila de retour en leur terre natale, Marseille. Et ils sont heureux !
Fidèle à leur créativité exubérante, ce seront personnages hauts de 4 mètres rapetissant à vue d’œil, êtres sans tète ou autres colombes en papier mâché qui peupleront le récit d’Antigone, incarnée par Valérie. Cette dernière interprète tous les personnages. Un challenge où elle sera accompagnée en live par des musiciens dont Vincent Trouble. Une heure quinze de rêve et de voyage qui continueront autour de tables nomades où comédiens et spectateurs dineront ensemble – 11 euro le repas concocté par la cuistot de la troupe- avant de finir la soirée en beauté et en musique. Pendant quatre semaines donc, nos amis poseront leurs bagages aux Bernardines, lieu pour le moins incongru au regard du style de nos amis, pour le bonheur de leur public avant de repartir vers d’autres aventures où ils expérimenteront la création d’un spectacle en itinérance avec la caravane du Cid qui partira des le 9 juin vers le Maroc et l’Espagne et reviendra au Gymnase en 2013.
Nous vous donnons rendez vous des le 10 avril aux Bernardines et ce week-end à Grasse pour découvrir la dernière création de l’agence de voyages imaginaires. Raoul Vaneighem écrivait, dans le dernier numéro de la revue CASSANDRE, à propos de la nécessité de la Culture, ‘nous ne voulons pas d’un monde où la garantie de ne pas mourir de faim s’accompagne de la garantie de mourir d’ennui’. Il est certain que cela ne sera point le cas avec Valérie et toute la troupe de Philippe Car. DVDM
Plus d’infos www.voyagesimaginaires.fr ou www.theatre-bernardines.org/
Crédits photographiques : Elian Bachini
