WOYZECK
Woyzeck de Buchner
Mise en scène Franck Dimech
A la Minoterie du 24 janvier au 28 janvier, à 20h sauf les 24 et 25 à 19h
La représentation du 25 est suivie d’une rencontre avec les artistes
Au théâtre Antoine Vitez le 1er février à 20h30
Réservations : 04 91 90 07 94 / Durée : 1h30
Cette dernière création de Dimech sera présentée en chinois surtitrée français avec de jeunes acteurs taïwanais, du conservatoire de Taipei, et chinois, du théâtre académique de Shanghai. Elle a par ailleurs été créée cet été au Guling Avant-garde Theatre de Taipei où elle a reçu un bel accueil du public et de la presse taïwanaise. Après ‘l’Echange’ de Claudel et ‘Jumel’ de Fabrice Dupuy, il s’agit pour Dimech de sa troisième mise en scène du répertoire occidental avec des acteurs asiatiques, dans une langue que de son propre aveu il ne parle pas. Alors pourquoi créer un Woyzeck en chinois ?
Pour mémoire, Woyzeck, tiré d’un fait divers, relate la folie d’un soldat en proie à des hallucinations qui en arrive à tuer sa maitresse, Marie, une prostituée dont il élève le fils, avant de se noyer près du lieu de son crime. Travailler avec des artistes d’origine chinoise lui permet d’explorer de nouvelles façons de communiquer, ‘inventer des moyens de communication au delà/en deçà de la langue’ même si pour l’heure il est aidé de Chou Jung Shih, artiste taïwanaise vivant à Marseille, qui cosigne avec Li Shi Xun la traduction en chinois de la pièce, et l’assiste à la mise en scène. Il ne s’agit pas d’être œcuméniste précise-t-il mais plutôt ‘questionner la langue et les cultures’. Son projet est par ailleurs singulier puisqu’il fait travailler chinois et taïwanais sur un même projet, là où les tensions entre Taïwan et la Chine persistent, et ce bien que des rapprochements aient été facilités par le président Ma, du Kuomintang, favorable au rapprochement Chine/Taïwan. Ma a d’ailleurs été réélu ce 14 janvier dernier pour un second mandat de quatre ans.
Le choix de Buchner n’est pas non plus innocent : ce qui intéresse le metteur en scène est le regard porté par le héros – ‘dernier sorcier de la société qui n’est ni un révolutionnaire ni un bouc émissaire’- sur le monde : ‘un monde en perte de valeurs. Ce monde hostile et aride que décrit Buchner est le nôtre’. Travailler ce texte avec des acteurs asiatiques lui permet ainsi d’épurer la scénographie et de se concentrer sur le jeu ; les acteurs asiatiques, notamment les taïwanais, ont une puissance de jeu assez rare en occident. Comme l’explique Chou Jung Shih, leur apprentissage du théâtre est inspiré de la méthode de Grotowski et le travail d’échauffement du corps tient une part fondamentale dans les répétitions. Le jeu des comédiens taïwanais est bien plus physique, corporel, vivant que celui des comédiens occidentaux. Ils ont une vitalité extraordinaire ; ce qui a poussé Franck Dimech à intégrer plus de corps dans ce Woyzeck. Ce dernier pourtant traite de la mort du collectif. Aussi, la version proposée ici met en scène la nudité – un thème récurrent chez Dimech- mais il ne s’agit pas de montrer la nudité pour la nudité sinon plutôt montrer ‘la chair au travail, le corps dans l’étreinte’.
Cette reprise de Woyzeck en France sera certes légèrement différente de celle de Taipei, l’espace scénique de la Minoterie étant plus grand de celui du Guling. Des aménagements vont être amenés en ce qui est de la scénographie et de l’intégration des surtitres. Mais qu’à cela ne tienne, nous vous recommandons de découvrir cette dernière création d’un metteur en scène qui va au bout de ses idées et ne se cache point derrière de beaux discours. Chose suffisamment rare pour être soulignée. DVDM
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