LE RATE DE DETRAQUE

N’est pas détraqué qui veut ou prétend l’être. C’est la piètre démonstration de Michel Massé.

On peut avoir pour ambition de faire fuir le public. Le procédé est semble t il éculé depuis plus de quarante ans, et cela ne suffit pas ou plus à définir l’éventuelle extrémité d’un spectacle. C’était pourtant semble-t -il le projet de Michel MASSE dans DETRAQUE. On résume pour les ringards et les has-been qui ont raté ça : un docteur Maboul expérimente sur des cobayes humains volontaires les comportements humains dans ce qu’ils ont de plus inquiétants. Pourquoi l’homme a-t-il peur de la vie ? Quelles sont les causes et les origines de cette peur ? se demande-t-il. Pour y répondre le savant fou amène ses cobayes stimulés par des musiques appropriées à réagir instinctivement aux situations qui jalonnent la vie humaine : naissance – rencontre amoureuse – mariage – travail. Ce dernier se révélant être le seul finalement, du fait de l’abrutissement qu’il provoque, à écarter l’homme de sa peur. Bouleversant !

La démonstration est d’un piètre intérêt. La manière de le mettre en scène aurait pu nous le rendre drôle. Odile Massé, Mawen Noury et Yves Breton sont d’excellents comédiens et leur travail scénique est ici remarquable dans leurs mimiques pavloviennes. Il est dommage que cette prestation soit perdue et diluée dans un galimatias où Michel Massé, dans l’excès de son personnage qui se prend pour le roi du monde, semble oublier qu’il y a un public dans la salle. Et, que ce dernier est partenaire de ce que l’on appelle le spectacle vivant.

Le dit spectacle vivant et la complicité qu’il permet entre les comédiens et le public est nié par Michel MASSE qui use en continu d’un micro et d’une musique volontairement sursaturés, le show devenant progressivement une réelle agression physiologique qui, ajoutée à la lassitude provoquée par le propos, ne pouvait qu’entraîner l’hémorragie de spectateurs vers la porte de sortie. Mort où est ta victoire ?

Geneviève CHAPDEVILLE PHILBERT

Détraqué – conception et mise en scène Michel Massé
Théâtre Toursky Marseille 15 octobre 2010