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Salon-de-Provence célèbre le 7ème art pendant 10 jours

Jusqu’au 14 avril 2024 se tient la 34ème édition des rencontres de cinéma de Salon de Provence présidées par Patricia Flori. Devenu l’un des rendez-vous majeurs du cinéma indépendant et de découverte, l’événement revient une nouvelle fois investir la cité salonaise à l’occasion de 10 jours de projections, débats et rencontres autour du septième art.

Cette année, le festival place la jeunesse sous le feu des projecteurs à travers une sélection de 60 films mettant en lumière la nouvelle génération de réalisateurs émergeants. Au programme, plus d’une trentaine de premiers longs-métrages seront présentés, dont 17 en avant-première nationale. Le public pourra également découvrir 7 documentaires abordant des sujets d’actualité brûlante.

Parmi les pépites à ne pas manquer, citons les films « Sweet As », « Lost Country » ou « Banel et Adama », explorant avec sensibilité les questionnements identitaires et sociétaux de la jeunesse contemporaine. 165 projections sont organisées au CinéPlanet, avec une ouverture les yeux grands ouverts sur 40 pays et territoires. En marge des projections, le festival met sur pied conférences, tables rondes et rencontres avec les réalisateurs invités, pour approfondir les thématiques abordées. Un volet est également consacré au jeune public, avec des séances scolaires et familiales.

Autre temps fort, la cérémonie de clôture récompensera les meilleurs talents découverts durant l’événement, avec la remise de 4 prix dont le très couru « Prix du Premier Film » et le « Prix des collégiens et lycéens ». Une 34ème édition placée sous le signe de la découverte et des échanges, pour faire vivre l’effervescence du cinéma sous toutes ses coutures.

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Patricia Flori ©DR

Rencontre avec la présidente des rencontres de cinéma de Salon de Provence, Patricia Flori

Diane Vandermolina : Cette année, vous proposez la 34e édition des rencontres. Vous attirez plus de 12000 spectateurs par an. Comment expliquez-vous cet engouement pour le festival ?

Patricia Flori : On a attiré 12 300 spectateurs l’année dernière, avec une vraie progression depuis 2013/2014. Avant on était à 9 000 spectateurs, et depuis on a progressé : je crois que cette progression est due à ce qu’on veut absolument que ce festival soit un festival du territoire et on tisse de nombreux liens avec les établissements scolaires, de la maternelle à l’école de l’air, mais aussi avec les associations locales pour accompagner nos films. Cela devient un rendez-vous qui irradie et nourrit vraiment le territoire, et je crois qu’on doit cette fréquentation aussi au Ciné-Planète, un multiplexe vraiment splendide de centre-ville, ce qui est une position avantageuse pour Salon et nos festivaliers, mais également parce qu’on développe des liens avec des associations sportives, sociales, culturelles des autres festivals pour venir nourrir notre propre festival.

DVDM : En effet, il y a beaucoup de festivals de cinéma dans la région PACA. Il n’est pas forcément évident de trouver un angle d’attaque qui permette d’attirer le public et cette année, vous avez choisi la thématique de la jeunesse.

PF : La jeunesse, oui. Bien sûr, c’est toujours la découverte du monde, parce qu’on jette des passerelles vers les autres peuples et on parcourt le monde, il y a toujours cet angle fort, mais on s’est dit que cette jeunesse était vraiment enthousiasmante, passionnante et engagée. Elle est souvent décriée, et pourtant, on a trouvé que regarder le monde, au travers de son prisme, c’était très fécond. On avait envie de rendre hommage à ces jeunes qui sont des promesses d’avenir. La jeunesse nous est parue cette année comme une évidence, d’autant plus qu’on fait un gros travail sur l’éducation à l’image avec les scolaires. Cette année, pour la première fois avec le CFA, on est sur un échange, ils préparent notre petite pâtisserie pour notre ouverture et les profs de français ont entraîné des classes sur ce cinéma, parce que ces jeunes, si on ne leur présente pas la salle de spectacle, le cinéma, ils y vont très peu, ils regardent tout sur leur portable, donc il y a un véritable enjeu que d’attirer ce jeune public dès la maternelle et aussi les adolescents dans les salles obscures. Ça nous a paru une évidence et ça collait bien à l’ADN de notre festival. Enfin, on a un groupe jeune qui nous aide pendant tout le festival, avec lequel on fabrique la programmation, et qui est constitué d’élèves de l’option ciné du lycée Craponne et de bénéficiaires de la mission locale.

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Once upon a time in Venezuela – Credit Jon Marquez

DVDM : Ceux sont ces  jeunes qui font partie du jury du prix des lycéens ?

PF : On doit être à 1900 lycéens et collégiens, ce sont eux qui votent, mais notre groupe jeune a la priorité s’il y a deux films avec autant de suffrages : ce sont à eux d’argumenter sur leur choix du prix des lycéens. Cette année, on a 19 jeunes qui viennent du lycée Craponne : on fait un emploi du temps avec les professeurs et, au lieu d’aller en cours, ils viennent au festival pour nous aider, accueillir les invités, tenir des permanences, voir si tout se déroule bien, aller dans les salles, et voir des films évidemment. Et puis après, ils se réunissent et ils voient entre eux quel est le film qui va être le prix des lycéens.

DVDM : La programmation est assez dense, il y a plus de 160 de projections pour 60 films.

PF : On n’arrive pas toujours à se décider mais il nous faut trouver une colonne vertébrale, un équilibre. L’intérêt de décider de la programmation à 38, même si c’est une performance, c’est qu’on a vraiment une palette de films, de sensibilités, d’émotions, et ça nous permet, et c’est peut-être la raison du succès ces dernières années, d’attirer un public plus large. On propose – à côté de nos pépites ciné –  des films d’extrême qualité, où l’émotion prime mais qui sont un petit peu, plus grand public. Le travail des bénévoles est fondamental pour qu’on ait cette palette et je crois que ça participe aussi à l’attractivité du festival. C’est important de proposer des films qui sont peut-être un peu plus complexes de prime abord et en même temps des films plus grand public pour attirer ceux qui ont peur de l’art et essai, parce que l’art et essai n’est pas dans les habitudes du quotidien et pêche par cette image « élitiste », pourtant c’est un cinéma qui donne du sens aux émotions. Mais les personnes qui ne vont pas souvent au cinéma, vu le prix de la place, vont aller vers des valeurs sûres, ils ne vont pas s’essayer à un petit film juste parce que le synopsis leur plaît. Les festivals, c’est l’occasion de le rendre accessible au plus grand nombre puisque les places sont de 4 euros à 6 euros et demi. C’est un effort dans un multiplexe. Je pense que le prix permet à des gens de se dire : « tiens, l’année dernière j’ai vu ce film-là, c’était une jolie comédie ou un beau film d’amour ». Par exemple, l’année dernière, le choix du public était entre Les Repentis et Le Bleu du Caftan. Le public, au fur et à mesure des festivals, je crois, s’est aguerri et va vers des films un petit peu plus complexes. Mais il faut qu’il passe par une porte où un film va les emporter, les toucher. C’est avant tout par l’émotion qu’on arrive à poser des sujets de société et des réflexions, parce qu’on est aussi un festival, engagé, militant, et on le revendique. On a des petites pépites, comme La mer et ses vagues, To the North, Green Border. Mais à côté, on a aussi Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, Six pieds sur terre.

DVDM : Les films que vous projetez viennent de tous les pays du monde.

PF : On est vraiment très attentifs à aller sur tous les continents. Ceux qui sont les plus chers, malheureusement, ce sont les films australiens, néo-zélandais, parce qu’ils n’ont pas de distributeurs. Et pourtant, je trouve que ce sont des films d’une beauté incroyable, avec leurs paysages, mais aussi par les sujets traités. Cette année, on n’en a pu en prendre qu’un. Mais on tient vraiment à chercher des films de Mongolie, du Kosovo, de la production africaine. Ce n’est pas si facile de trouver des films africains de qualité, il n’y a pas beaucoup d’argent, et là, on en a trois qui sont vraiment des longs métrages. Parmi eux, on projette Banel et Adama, un film d’amour et de liberté et Goodbye Julia, un film politique. C’est également pour cette raison qu’on met du temps à se décider sur notre programmation. On y travaille de septembre à décembre et il nous faut trouver aussi les distributeurs, ce n’est pas toujours évident. C’est une grosse organisation parce qu’on cherche aussi les sponsors, on fait les demandes de subventions. On écrit les textes dans les plaquettes. Et des clients. Et on organise nos soirées, parce qu’on fait aussi des soirées partenariales. On propose des ateliers gratuits d’éloquence, de calligraphie persane. On a une expo photo car on aime bien mêler les arts. Cette année, comme le directeur de la photographie, Jon Marquez, vient ; il nous a confié un cliché. On a choisi son cliché pour l’affiche. Et on a reproduit neuf de ses autres clichés pour faire une mini expo dans notre espace. On essaye d’investir tout le cinéma et on a créé un petit espace de rencontres ciné, où les gens peuvent s’asseoir sur les canapés, prendre un café, un thé et regarder cette exposition. Et c’est là où on vote et c’est super d’avoir ce hall. Depuis l’année dernière, on a mis une moquette, on met des tables, des canapés, des petites cafetières pour qu’il y ait aussi cette ambiance festival. Autrement, les cinémas, ce ne sont que des lieux de circulation. Pour cela, on a osé, parce que les salles commerciales ne peuvent pas se le permettre,  insérer dans notre programmation sept documentaires. Et là aussi, c’est un boulot phénoménal d’attirer le public concerné. Par exemple, sur Etat limite, un documentaire qui est passé sur Arte, mais qui a peu été vu, le réalisateur, Nicolas Peduzzi, sera présent : dans son documentaire, il suit un jeune psychiatre. On voit bien qu’il va droit dans le mur. Mais on voit aussi que c’est tout l’hôpital qui va au mur derrière ce personnage. Pour ce docu, on s’est adressé à la communauté médicale pour qu’ils viennent, pour qu’ils apportent leur contribution au débat. Autant des médecins de l’hôpital public que des psychiatres. Mais il nous semble que le documentaire, c’est vraiment un genre peu couru par les festivaliers. Et pourtant, c’est du cinéma. Parce qu’il y a un vrai scénario comme dans Les filles d’Olfa. Ce sont des longs-métrages, non pas de fiction, mais avec une construction narrative. Et on a aussi Little blue girl de Mona Achache, entre réalité et fiction.

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Once upon a time in Venezuela – Credit Jon Marquez

DVDM : Les salles peuvent difficilement se permettre de projeter des documentaires et à part le FID à Marseille, le Festival international du documentaire, c’est rare de voir des documentaires au cinéma.

PF : Oui, sauf dans les cinémas municipaux. Parce qu’à Miramas, Istres, Vitrolles, Martigues, ce sont des cinémas municipaux. Ils peuvent se permettre d’avoir de chouettes programmations. Mais on ne trouve pas ça dans les grands cinémas. Car ça ne rencontre pas l’économie de la salle de ciné. Le gérant doit, bien évidemment, avoir une rentabilité. Parfois, il se permet quelques petites projections de films un peu plus fragiles. Mais c’est difficile.

DVDM : Pour en revenir aux thématiques, il est question d’identité, d’appartenance, de la place du citoyen dans le monde. Ce sont donc des thématiques qui vous ont marquées et que vous continuez à mettre en avant dans les films que vous choisissez.

PF : On creuse notre sillon pour éclairer sur le monde comme il va et essayer d’être aux côtés de ces femmes et de ces hommes qui combattent pour la liberté, la justice, la sororité. Et si on peut apporter cette contribution avec le cinéma, si le cinéma peut déconstruire les préjugés, si notre festival y contribue, c’est gagné. C’est l’ADN de notre festival. Il nous semble très intéressant de regarder le monde ensemble et essayer d’y réfléchir, de se nourrir des associations comme cette année, SOS Méditerranée et Welcome Salon qui présentent Io Capitano, ou avec des films comme Green Border ou To The North. On projette Débâcle, un premier film belge assez rude, sur les violences faites aux femmes où une jeune fille n’a pas rencontré les aides pour se sortir d’un viol perpétré dans l’enfance. Apers 13, association d’aide aux victimes, et l’Enfant Bleu Paca, m’ont demandé de tenir un stand et accompagner ce film. Il y a des films qui ont besoin d’être accompagnés pour engager un débat avec le public lors de sa projection. La culture est un outil incontournable pour mieux vivre ensemble, pour mieux se comprendre, pour faire appel à notre humanité, ouvrir les yeux. D’où notre travail avec les centres sociaux, les écoles, les lycées.

DVDM : Cela permet de les sensibiliser à certaines questions assez complexes comme celles des violences faites aux femmes, le viol ou les VHSS. Et les préjugés sont très nombreux, malheureusement.

PF : Absolument. Il y a énormément de stéréotypes qui sont dans les esprits de chacun. Et les déconstruire, cela demande un certain travail. Il y a besoin d’un accompagnement par des structures plus aptes à discuter, à sensibiliser sur ces questions-là. C’est pour ça qu’on fait appel à des conférenciers spécialistes pour les premiers films ou les films asiatiques. On a un ancien professeur d’histoire qui nous remet le contexte à chaque fois quand il accompagne un film. L’année dernière, il avait accompagné les Repentis sur le problème basque.  C’est essentiel d’avoir cet éclairage pour les gens qui rentrent dans un film et pour qu’ils comprennent tout. Il y a un film bosniaque, Excursion, qui est aussi sur le harcèlement. On a cherché, à travers la jeunesse, à traiter de ces problématiques-là.

DVDM : D’autant plus que la lutte contre les inégalités, les discriminations, le harcèlement et les violences sexistes est une priorité de l’Union Européenne aujourd’hui.

PF : Oui, il y a l’Espagne, qui, sur les violences faites aux femmes, a eu de depuis des années très bons résultats avec les politiques menées par les différents gouvernements socialistes alors qu’en France, on a toujours ces mêmes chiffres aberrants mais je pense que cela vient fondamentalement de l’éducation. C’est pour cette raison qu’on espère que de nombreux lycéens et collégiens viennent voir le genre de films comme Frémont sur les réfugiés On accompagne particulièrement ces films qui traitent des problèmes de réfugiés et de frontières pour essayer de déconstruire les mauvaises images ou les fantasmes d’invasion auxquels peut être sensible basiquement un adolescent. On essaye également de passer par des films pleins d’amour ou de poésie, voire des comédies. La comédie Six pieds sur terre parle de religion, d’identité, de rapport au père, entre un père et son fils, mais sur un mode humoristique. Pour Vincent doit mourir, on reçoit Karim Leklou. Stéphan Castang, le réalisateur, a revisité le film de genre de zombie mais c’est une romance d’amour aussi, et il parle de la violence dans nos sociétés.

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Everything in between – Credits DR

DVDM : Et vous projetez aussi des films comme Césaria Évora, La diva aux pieds nus.

PF : Oui,  le deuxième vendredi, c’est toujours un documentaire musical. Et on l’accompagne généralement, soit d’un petit groupe du Portail Coucou, qui nous raconte, comme l’année dernière, la vie de David Bowie en musique. Cette année, un groupe de l’Institut musical de formation professionnelle va produire un petit intermède à 7 musiciens sur la musique de Césaria Évora. On projette ce documentaire, qui n’est pas qu’un documentaire musical, bien évidemment, car c’est un portrait de femme, et en creux, me semble-t-il, il parle des conséquences de la colonisation sur les pays africains. C’est un joli moment pour nous.

DVDM : Comment voyez-vous l’avenir du festival, son évolution ? Est-ce qu’il y aura un élargissement au niveau du territoire ou du public ?

PF : Au niveau du territoire, ça nous paraît difficile, même si on a des demandes, parce que nous ne sommes que des bénévoles. Il n’y a aucun salarié dans notre association. Après, concernant son évolution, je pense que c’est plutôt ce dont on s’est rendu compte. Généralement, quand, avant la Covid, on allait à Cannes, on pouvait grandement faire notre marché. C’est-à-dire que les films ne sortaient pas si vite, et on pouvait proposer des inédits, beaucoup d’avant-premières, etc. Mais là, les distributeurs se mènent une guerre sans nom. Et les films sortent très rapidement. L’année prochaine, ce sera les 35 ans. Comme on commence à avoir des distributeurs maintenant qui nous appellent en septembre pour nous dire, on va avoir tel film, on vous envoie les liens, etc. Peut-être, pour les 35 ans, faire un focus sur un réalisateur, une réalisatrice… J’aimerais faire un focus sur un artiste qui nous a particulièrement émus, ou dont on a passé beaucoup de films dans les précédentes programmations. Enfin, notre but, c’est aller chercher les publics empêchés. C’est à la fois l’ouverture sur des films un tout petit peu plus grand public, pour attirer les personnes qui se disent « ce n’est pas pour moi », mais aussi les éduquer en disant « Oui, c’est pour vous, parce que c’est juste de l’émotion »… Chercher les publics empêchés pour que cette culture soit accessible à tous. C’est important.

DVDM : Vous parliez des distributeurs qui maintenant distribuent les films très rapidement, il y a aussi la concurrence de Netflix, le développement de toutes les plateformes de streaming.

PF : Et notamment les prises d’habitude pendant la COVID. Les études montrent qu’il y a des tranches d’âge qui ont déserté les salles de cinéma. Pour remédier à cela, on fait de l’éducation à l’image à l’attention de ces jeunes, pour qu’ils prennent plaisir à venir dans un cinéma, et sur ces publics empêchés aussi… Après, pour ceux qui préfèrent rester sur leur canapé, c’est difficile de leur dire « mais non, il vaut mieux partager une émotion avec un inconnu dans une salle ». Pour faciliter la rencontre, on met des food trucks sur la place. On a des bancs et des tables pour que les personnes viennent s’asseoir et discuter, partager ce qu’ils pensent du cinéma. Et c’est bien l’échange le plus important. Mais la multiplication des plateformes n’aide pas. Elles ne sont pas inintéressantes : sur Netflix, il y a des films, comme Rome ou Lost Doctor, de qualité, sans parler des séries. Je suis fan de séries et je peux me régaler. Mais, je voudrais peut-être que le monde du cinéma s’interroge sur le prix des places. Cela devient vite très cher pour une famille de 4 personnes d’aller au cinéma. C’est un frein majeur.

Sachant que le prix des places n’excède par les 6 € 50, c’est le moment de découvrir une pléiade de pépites cinématographiques à Salon de Provence. Avec la diversité des genres proposés et la qualité des réalisations, chacun y trouvera son bonheur. Ne boudez pas votre plaisir. DVDM

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Chroniques de Teheran – Credits DR

Photo de Une: Dissidente – Credits DR

Tout le programme https://www.rencontres-cinesalon.org/ [6]

Ou en cliquant sur ce lien  Programmation Rencontres Cinématographiques de Salon-de-Provence 2024 [7]

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Jusqu’au 14 avril 2024 se tient la 34ème édition des rencontres de cinéma de Salon de Provence présidées par Patricia Flori. Devenu l’un des rendez-vous majeurs du cinéma indépendant et de découverte, l’événement revient une nouvelle fois investir la cité salonaise à l’occasion de 10 jours de projections, débats et rencontres autour du septième art.

Cette année, le festival place la jeunesse sous le feu des projecteurs à travers une sélection de 60 films mettant en lumière la nouvelle génération de réalisateurs émergeants. Au programme, plus d’une trentaine de premiers longs-métrages seront présentés, dont 17 en avant-première nationale. Le public pourra également découvrir 7 documentaires abordant des sujets d’actualité brûlante.

Parmi les pépites à ne pas manquer, citons les films « Sweet As », « Lost Country » ou « Banel et Adama », explorant avec sensibilité les questionnements identitaires et sociétaux de la jeunesse contemporaine. 165 projections sont organisées au CinéPlanet, avec une ouverture les yeux grands ouverts sur 40 pays et territoires. En marge des projections, le festival met sur pied conférences, tables rondes et rencontres avec les réalisateurs invités, pour approfondir les thématiques abordées. Un volet est également consacré au jeune public, avec des séances scolaires et familiales.

Autre temps fort, la cérémonie de clôture récompensera les meilleurs talents découverts durant l’événement, avec la remise de 4 prix dont le très couru « Prix du Premier Film » et le « Prix des collégiens et lycéens ». Une 34ème édition placée sous le signe de la découverte et des échanges, pour faire vivre l’effervescence du cinéma sous toutes ses coutures.

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Patricia Flori ©DR

Rencontre avec la présidente des rencontres de cinéma de Salon de Provence, Patricia Flori

Diane Vandermolina : Cette année, vous proposez la 34e édition des rencontres. Vous attirez plus de 12000 spectateurs par an. Comment expliquez-vous cet engouement pour le festival ?

Patricia Flori : On a attiré 12 300 spectateurs l’année dernière, avec une vraie progression depuis 2013/2014. Avant on était à 9 000 spectateurs, et depuis on a progressé : je crois que cette progression est due à ce qu’on veut absolument que ce festival soit un festival du territoire et on tisse de nombreux liens avec les établissements scolaires, de la maternelle à l’école de l’air, mais aussi avec les associations locales pour accompagner nos films. Cela devient un rendez-vous qui irradie et nourrit vraiment le territoire, et je crois qu’on doit cette fréquentation aussi au Ciné-Planète, un multiplexe vraiment splendide de centre-ville, ce qui est une position avantageuse pour Salon et nos festivaliers, mais également parce qu’on développe des liens avec des associations sportives, sociales, culturelles des autres festivals pour venir nourrir notre propre festival.

DVDM : En effet, il y a beaucoup de festivals de cinéma dans la région PACA. Il n’est pas forcément évident de trouver un angle d’attaque qui permette d’attirer le public et cette année, vous avez choisi la thématique de la jeunesse.

PF : La jeunesse, oui. Bien sûr, c’est toujours la découverte du monde, parce qu’on jette des passerelles vers les autres peuples et on parcourt le monde, il y a toujours cet angle fort, mais on s’est dit que cette jeunesse était vraiment enthousiasmante, passionnante et engagée. Elle est souvent décriée, et pourtant, on a trouvé que regarder le monde, au travers de son prisme, c’était très fécond. On avait envie de rendre hommage à ces jeunes qui sont des promesses d’avenir. La jeunesse nous est parue cette année comme une évidence, d’autant plus qu’on fait un gros travail sur l’éducation à l’image avec les scolaires. Cette année, pour la première fois avec le CFA, on est sur un échange, ils préparent notre petite pâtisserie pour notre ouverture et les profs de français ont entraîné des classes sur ce cinéma, parce que ces jeunes, si on ne leur présente pas la salle de spectacle, le cinéma, ils y vont très peu, ils regardent tout sur leur portable, donc il y a un véritable enjeu que d’attirer ce jeune public dès la maternelle et aussi les adolescents dans les salles obscures. Ça nous a paru une évidence et ça collait bien à l’ADN de notre festival. Enfin, on a un groupe jeune qui nous aide pendant tout le festival, avec lequel on fabrique la programmation, et qui est constitué d’élèves de l’option ciné du lycée Craponne et de bénéficiaires de la mission locale.

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Once upon a time in Venezuela – Credit Jon Marquez

DVDM : Ceux sont ces  jeunes qui font partie du jury du prix des lycéens ?

PF : On doit être à 1900 lycéens et collégiens, ce sont eux qui votent, mais notre groupe jeune a la priorité s’il y a deux films avec autant de suffrages : ce sont à eux d’argumenter sur leur choix du prix des lycéens. Cette année, on a 19 jeunes qui viennent du lycée Craponne : on fait un emploi du temps avec les professeurs et, au lieu d’aller en cours, ils viennent au festival pour nous aider, accueillir les invités, tenir des permanences, voir si tout se déroule bien, aller dans les salles, et voir des films évidemment. Et puis après, ils se réunissent et ils voient entre eux quel est le film qui va être le prix des lycéens.

DVDM : La programmation est assez dense, il y a plus de 160 de projections pour 60 films.

PF : On n’arrive pas toujours à se décider mais il nous faut trouver une colonne vertébrale, un équilibre. L’intérêt de décider de la programmation à 38, même si c’est une performance, c’est qu’on a vraiment une palette de films, de sensibilités, d’émotions, et ça nous permet, et c’est peut-être la raison du succès ces dernières années, d’attirer un public plus large. On propose – à côté de nos pépites ciné –  des films d’extrême qualité, où l’émotion prime mais qui sont un petit peu, plus grand public. Le travail des bénévoles est fondamental pour qu’on ait cette palette et je crois que ça participe aussi à l’attractivité du festival. C’est important de proposer des films qui sont peut-être un peu plus complexes de prime abord et en même temps des films plus grand public pour attirer ceux qui ont peur de l’art et essai, parce que l’art et essai n’est pas dans les habitudes du quotidien et pêche par cette image « élitiste », pourtant c’est un cinéma qui donne du sens aux émotions. Mais les personnes qui ne vont pas souvent au cinéma, vu le prix de la place, vont aller vers des valeurs sûres, ils ne vont pas s’essayer à un petit film juste parce que le synopsis leur plaît. Les festivals, c’est l’occasion de le rendre accessible au plus grand nombre puisque les places sont de 4 euros à 6 euros et demi. C’est un effort dans un multiplexe. Je pense que le prix permet à des gens de se dire : « tiens, l’année dernière j’ai vu ce film-là, c’était une jolie comédie ou un beau film d’amour ». Par exemple, l’année dernière, le choix du public était entre Les Repentis et Le Bleu du Caftan. Le public, au fur et à mesure des festivals, je crois, s’est aguerri et va vers des films un petit peu plus complexes. Mais il faut qu’il passe par une porte où un film va les emporter, les toucher. C’est avant tout par l’émotion qu’on arrive à poser des sujets de société et des réflexions, parce qu’on est aussi un festival, engagé, militant, et on le revendique. On a des petites pépites, comme La mer et ses vagues, To the North, Green Border. Mais à côté, on a aussi Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, Six pieds sur terre.

DVDM : Les films que vous projetez viennent de tous les pays du monde.

PF : On est vraiment très attentifs à aller sur tous les continents. Ceux qui sont les plus chers, malheureusement, ce sont les films australiens, néo-zélandais, parce qu’ils n’ont pas de distributeurs. Et pourtant, je trouve que ce sont des films d’une beauté incroyable, avec leurs paysages, mais aussi par les sujets traités. Cette année, on n’en a pu en prendre qu’un. Mais on tient vraiment à chercher des films de Mongolie, du Kosovo, de la production africaine. Ce n’est pas si facile de trouver des films africains de qualité, il n’y a pas beaucoup d’argent, et là, on en a trois qui sont vraiment des longs métrages. Parmi eux, on projette Banel et Adama, un film d’amour et de liberté et Goodbye Julia, un film politique. C’est également pour cette raison qu’on met du temps à se décider sur notre programmation. On y travaille de septembre à décembre et il nous faut trouver aussi les distributeurs, ce n’est pas toujours évident. C’est une grosse organisation parce qu’on cherche aussi les sponsors, on fait les demandes de subventions. On écrit les textes dans les plaquettes. Et des clients. Et on organise nos soirées, parce qu’on fait aussi des soirées partenariales. On propose des ateliers gratuits d’éloquence, de calligraphie persane. On a une expo photo car on aime bien mêler les arts. Cette année, comme le directeur de la photographie, Jon Marquez, vient ; il nous a confié un cliché. On a choisi son cliché pour l’affiche. Et on a reproduit neuf de ses autres clichés pour faire une mini expo dans notre espace. On essaye d’investir tout le cinéma et on a créé un petit espace de rencontres ciné, où les gens peuvent s’asseoir sur les canapés, prendre un café, un thé et regarder cette exposition. Et c’est là où on vote et c’est super d’avoir ce hall. Depuis l’année dernière, on a mis une moquette, on met des tables, des canapés, des petites cafetières pour qu’il y ait aussi cette ambiance festival. Autrement, les cinémas, ce ne sont que des lieux de circulation. Pour cela, on a osé, parce que les salles commerciales ne peuvent pas se le permettre,  insérer dans notre programmation sept documentaires. Et là aussi, c’est un boulot phénoménal d’attirer le public concerné. Par exemple, sur Etat limite, un documentaire qui est passé sur Arte, mais qui a peu été vu, le réalisateur, Nicolas Peduzzi, sera présent : dans son documentaire, il suit un jeune psychiatre. On voit bien qu’il va droit dans le mur. Mais on voit aussi que c’est tout l’hôpital qui va au mur derrière ce personnage. Pour ce docu, on s’est adressé à la communauté médicale pour qu’ils viennent, pour qu’ils apportent leur contribution au débat. Autant des médecins de l’hôpital public que des psychiatres. Mais il nous semble que le documentaire, c’est vraiment un genre peu couru par les festivaliers. Et pourtant, c’est du cinéma. Parce qu’il y a un vrai scénario comme dans Les filles d’Olfa. Ce sont des longs-métrages, non pas de fiction, mais avec une construction narrative. Et on a aussi Little blue girl de Mona Achache, entre réalité et fiction.

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Once upon a time in Venezuela – Credit Jon Marquez

DVDM : Les salles peuvent difficilement se permettre de projeter des documentaires et à part le FID à Marseille, le Festival international du documentaire, c’est rare de voir des documentaires au cinéma.

PF : Oui, sauf dans les cinémas municipaux. Parce qu’à Miramas, Istres, Vitrolles, Martigues, ce sont des cinémas municipaux. Ils peuvent se permettre d’avoir de chouettes programmations. Mais on ne trouve pas ça dans les grands cinémas. Car ça ne rencontre pas l’économie de la salle de ciné. Le gérant doit, bien évidemment, avoir une rentabilité. Parfois, il se permet quelques petites projections de films un peu plus fragiles. Mais c’est difficile.

DVDM : Pour en revenir aux thématiques, il est question d’identité, d’appartenance, de la place du citoyen dans le monde. Ce sont donc des thématiques qui vous ont marquées et que vous continuez à mettre en avant dans les films que vous choisissez.

PF : On creuse notre sillon pour éclairer sur le monde comme il va et essayer d’être aux côtés de ces femmes et de ces hommes qui combattent pour la liberté, la justice, la sororité. Et si on peut apporter cette contribution avec le cinéma, si le cinéma peut déconstruire les préjugés, si notre festival y contribue, c’est gagné. C’est l’ADN de notre festival. Il nous semble très intéressant de regarder le monde ensemble et essayer d’y réfléchir, de se nourrir des associations comme cette année, SOS Méditerranée et Welcome Salon qui présentent Io Capitano, ou avec des films comme Green Border ou To The North. On projette Débâcle, un premier film belge assez rude, sur les violences faites aux femmes où une jeune fille n’a pas rencontré les aides pour se sortir d’un viol perpétré dans l’enfance. Apers 13, association d’aide aux victimes, et l’Enfant Bleu Paca, m’ont demandé de tenir un stand et accompagner ce film. Il y a des films qui ont besoin d’être accompagnés pour engager un débat avec le public lors de sa projection. La culture est un outil incontournable pour mieux vivre ensemble, pour mieux se comprendre, pour faire appel à notre humanité, ouvrir les yeux. D’où notre travail avec les centres sociaux, les écoles, les lycées.

DVDM : Cela permet de les sensibiliser à certaines questions assez complexes comme celles des violences faites aux femmes, le viol ou les VHSS. Et les préjugés sont très nombreux, malheureusement.

PF : Absolument. Il y a énormément de stéréotypes qui sont dans les esprits de chacun. Et les déconstruire, cela demande un certain travail. Il y a besoin d’un accompagnement par des structures plus aptes à discuter, à sensibiliser sur ces questions-là. C’est pour ça qu’on fait appel à des conférenciers spécialistes pour les premiers films ou les films asiatiques. On a un ancien professeur d’histoire qui nous remet le contexte à chaque fois quand il accompagne un film. L’année dernière, il avait accompagné les Repentis sur le problème basque.  C’est essentiel d’avoir cet éclairage pour les gens qui rentrent dans un film et pour qu’ils comprennent tout. Il y a un film bosniaque, Excursion, qui est aussi sur le harcèlement. On a cherché, à travers la jeunesse, à traiter de ces problématiques-là.

DVDM : D’autant plus que la lutte contre les inégalités, les discriminations, le harcèlement et les violences sexistes est une priorité de l’Union Européenne aujourd’hui.

PF : Oui, il y a l’Espagne, qui, sur les violences faites aux femmes, a eu de depuis des années très bons résultats avec les politiques menées par les différents gouvernements socialistes alors qu’en France, on a toujours ces mêmes chiffres aberrants mais je pense que cela vient fondamentalement de l’éducation. C’est pour cette raison qu’on espère que de nombreux lycéens et collégiens viennent voir le genre de films comme Frémont sur les réfugiés On accompagne particulièrement ces films qui traitent des problèmes de réfugiés et de frontières pour essayer de déconstruire les mauvaises images ou les fantasmes d’invasion auxquels peut être sensible basiquement un adolescent. On essaye également de passer par des films pleins d’amour ou de poésie, voire des comédies. La comédie Six pieds sur terre parle de religion, d’identité, de rapport au père, entre un père et son fils, mais sur un mode humoristique. Pour Vincent doit mourir, on reçoit Karim Leklou. Stéphan Castang, le réalisateur, a revisité le film de genre de zombie mais c’est une romance d’amour aussi, et il parle de la violence dans nos sociétés.

[4]

Everything in between – Credits DR

DVDM : Et vous projetez aussi des films comme Césaria Évora, La diva aux pieds nus.

PF : Oui,  le deuxième vendredi, c’est toujours un documentaire musical. Et on l’accompagne généralement, soit d’un petit groupe du Portail Coucou, qui nous raconte, comme l’année dernière, la vie de David Bowie en musique. Cette année, un groupe de l’Institut musical de formation professionnelle va produire un petit intermède à 7 musiciens sur la musique de Césaria Évora. On projette ce documentaire, qui n’est pas qu’un documentaire musical, bien évidemment, car c’est un portrait de femme, et en creux, me semble-t-il, il parle des conséquences de la colonisation sur les pays africains. C’est un joli moment pour nous.

DVDM : Comment voyez-vous l’avenir du festival, son évolution ? Est-ce qu’il y aura un élargissement au niveau du territoire ou du public ?

PF : Au niveau du territoire, ça nous paraît difficile, même si on a des demandes, parce que nous ne sommes que des bénévoles. Il n’y a aucun salarié dans notre association. Après, concernant son évolution, je pense que c’est plutôt ce dont on s’est rendu compte. Généralement, quand, avant la Covid, on allait à Cannes, on pouvait grandement faire notre marché. C’est-à-dire que les films ne sortaient pas si vite, et on pouvait proposer des inédits, beaucoup d’avant-premières, etc. Mais là, les distributeurs se mènent une guerre sans nom. Et les films sortent très rapidement. L’année prochaine, ce sera les 35 ans. Comme on commence à avoir des distributeurs maintenant qui nous appellent en septembre pour nous dire, on va avoir tel film, on vous envoie les liens, etc. Peut-être, pour les 35 ans, faire un focus sur un réalisateur, une réalisatrice… J’aimerais faire un focus sur un artiste qui nous a particulièrement émus, ou dont on a passé beaucoup de films dans les précédentes programmations. Enfin, notre but, c’est aller chercher les publics empêchés. C’est à la fois l’ouverture sur des films un tout petit peu plus grand public, pour attirer les personnes qui se disent « ce n’est pas pour moi », mais aussi les éduquer en disant « Oui, c’est pour vous, parce que c’est juste de l’émotion »… Chercher les publics empêchés pour que cette culture soit accessible à tous. C’est important.

DVDM : Vous parliez des distributeurs qui maintenant distribuent les films très rapidement, il y a aussi la concurrence de Netflix, le développement de toutes les plateformes de streaming.

PF : Et notamment les prises d’habitude pendant la COVID. Les études montrent qu’il y a des tranches d’âge qui ont déserté les salles de cinéma. Pour remédier à cela, on fait de l’éducation à l’image à l’attention de ces jeunes, pour qu’ils prennent plaisir à venir dans un cinéma, et sur ces publics empêchés aussi… Après, pour ceux qui préfèrent rester sur leur canapé, c’est difficile de leur dire « mais non, il vaut mieux partager une émotion avec un inconnu dans une salle ». Pour faciliter la rencontre, on met des food trucks sur la place. On a des bancs et des tables pour que les personnes viennent s’asseoir et discuter, partager ce qu’ils pensent du cinéma. Et c’est bien l’échange le plus important. Mais la multiplication des plateformes n’aide pas. Elles ne sont pas inintéressantes : sur Netflix, il y a des films, comme Rome ou Lost Doctor, de qualité, sans parler des séries. Je suis fan de séries et je peux me régaler. Mais, je voudrais peut-être que le monde du cinéma s’interroge sur le prix des places. Cela devient vite très cher pour une famille de 4 personnes d’aller au cinéma. C’est un frein majeur.

Sachant que le prix des places n’excède par les 6 € 50, c’est le moment de découvrir une pléiade de pépites cinématographiques à Salon de Provence. Avec la diversité des genres proposés et la qualité des réalisations, chacun y trouvera son bonheur. Ne boudez pas votre plaisir. DVDM

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Chroniques de Teheran – Credits DR

Photo de Une: Dissidente – Credits DR

Tout le programme https://www.rencontres-cinesalon.org/ [6]

Ou en cliquant sur ce lien  Programmation Rencontres Cinématographiques de Salon-de-Provence 2024 [7]

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Jusqu’au 14 avril 2024 se tient la 34ème édition des rencontres de cinéma de Salon de Provence présidées par Patricia Flori. Devenu l’un des rendez-vous majeurs du cinéma indépendant et de découverte, l’événement revient une nouvelle fois investir la cité salonaise à l’occasion de 10 jours de projections, débats et rencontres autour du septième art.

Cette année, le festival place la jeunesse sous le feu des projecteurs à travers une sélection de 60 films mettant en lumière la nouvelle génération de réalisateurs émergeants. Au programme, plus d’une trentaine de premiers longs-métrages seront présentés, dont 17 en avant-première nationale. Le public pourra également découvrir 7 documentaires abordant des sujets d’actualité brûlante.

Parmi les pépites à ne pas manquer, citons les films « Sweet As », « Lost Country » ou « Banel et Adama », explorant avec sensibilité les questionnements identitaires et sociétaux de la jeunesse contemporaine. 165 projections sont organisées au CinéPlanet, avec une ouverture les yeux grands ouverts sur 40 pays et territoires. En marge des projections, le festival met sur pied conférences, tables rondes et rencontres avec les réalisateurs invités, pour approfondir les thématiques abordées. Un volet est également consacré au jeune public, avec des séances scolaires et familiales.

Autre temps fort, la cérémonie de clôture récompensera les meilleurs talents découverts durant l’événement, avec la remise de 4 prix dont le très couru « Prix du Premier Film » et le « Prix des collégiens et lycéens ». Une 34ème édition placée sous le signe de la découverte et des échanges, pour faire vivre l’effervescence du cinéma sous toutes ses coutures.

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Patricia Flori ©DR

Rencontre avec la présidente des rencontres de cinéma de Salon de Provence, Patricia Flori

Diane Vandermolina : Cette année, vous proposez la 34e édition des rencontres. Vous attirez plus de 12000 spectateurs par an. Comment expliquez-vous cet engouement pour le festival ?

Patricia Flori : On a attiré 12 300 spectateurs l’année dernière, avec une vraie progression depuis 2013/2014. Avant on était à 9 000 spectateurs, et depuis on a progressé : je crois que cette progression est due à ce qu’on veut absolument que ce festival soit un festival du territoire et on tisse de nombreux liens avec les établissements scolaires, de la maternelle à l’école de l’air, mais aussi avec les associations locales pour accompagner nos films. Cela devient un rendez-vous qui irradie et nourrit vraiment le territoire, et je crois qu’on doit cette fréquentation aussi au Ciné-Planète, un multiplexe vraiment splendide de centre-ville, ce qui est une position avantageuse pour Salon et nos festivaliers, mais également parce qu’on développe des liens avec des associations sportives, sociales, culturelles des autres festivals pour venir nourrir notre propre festival.

DVDM : En effet, il y a beaucoup de festivals de cinéma dans la région PACA. Il n’est pas forcément évident de trouver un angle d’attaque qui permette d’attirer le public et cette année, vous avez choisi la thématique de la jeunesse.

PF : La jeunesse, oui. Bien sûr, c’est toujours la découverte du monde, parce qu’on jette des passerelles vers les autres peuples et on parcourt le monde, il y a toujours cet angle fort, mais on s’est dit que cette jeunesse était vraiment enthousiasmante, passionnante et engagée. Elle est souvent décriée, et pourtant, on a trouvé que regarder le monde, au travers de son prisme, c’était très fécond. On avait envie de rendre hommage à ces jeunes qui sont des promesses d’avenir. La jeunesse nous est parue cette année comme une évidence, d’autant plus qu’on fait un gros travail sur l’éducation à l’image avec les scolaires. Cette année, pour la première fois avec le CFA, on est sur un échange, ils préparent notre petite pâtisserie pour notre ouverture et les profs de français ont entraîné des classes sur ce cinéma, parce que ces jeunes, si on ne leur présente pas la salle de spectacle, le cinéma, ils y vont très peu, ils regardent tout sur leur portable, donc il y a un véritable enjeu que d’attirer ce jeune public dès la maternelle et aussi les adolescents dans les salles obscures. Ça nous a paru une évidence et ça collait bien à l’ADN de notre festival. Enfin, on a un groupe jeune qui nous aide pendant tout le festival, avec lequel on fabrique la programmation, et qui est constitué d’élèves de l’option ciné du lycée Craponne et de bénéficiaires de la mission locale.

[2]

Once upon a time in Venezuela – Credit Jon Marquez

DVDM : Ceux sont ces  jeunes qui font partie du jury du prix des lycéens ?

PF : On doit être à 1900 lycéens et collégiens, ce sont eux qui votent, mais notre groupe jeune a la priorité s’il y a deux films avec autant de suffrages : ce sont à eux d’argumenter sur leur choix du prix des lycéens. Cette année, on a 19 jeunes qui viennent du lycée Craponne : on fait un emploi du temps avec les professeurs et, au lieu d’aller en cours, ils viennent au festival pour nous aider, accueillir les invités, tenir des permanences, voir si tout se déroule bien, aller dans les salles, et voir des films évidemment. Et puis après, ils se réunissent et ils voient entre eux quel est le film qui va être le prix des lycéens.

DVDM : La programmation est assez dense, il y a plus de 160 de projections pour 60 films.

PF : On n’arrive pas toujours à se décider mais il nous faut trouver une colonne vertébrale, un équilibre. L’intérêt de décider de la programmation à 38, même si c’est une performance, c’est qu’on a vraiment une palette de films, de sensibilités, d’émotions, et ça nous permet, et c’est peut-être la raison du succès ces dernières années, d’attirer un public plus large. On propose – à côté de nos pépites ciné –  des films d’extrême qualité, où l’émotion prime mais qui sont un petit peu, plus grand public. Le travail des bénévoles est fondamental pour qu’on ait cette palette et je crois que ça participe aussi à l’attractivité du festival. C’est important de proposer des films qui sont peut-être un peu plus complexes de prime abord et en même temps des films plus grand public pour attirer ceux qui ont peur de l’art et essai, parce que l’art et essai n’est pas dans les habitudes du quotidien et pêche par cette image « élitiste », pourtant c’est un cinéma qui donne du sens aux émotions. Mais les personnes qui ne vont pas souvent au cinéma, vu le prix de la place, vont aller vers des valeurs sûres, ils ne vont pas s’essayer à un petit film juste parce que le synopsis leur plaît. Les festivals, c’est l’occasion de le rendre accessible au plus grand nombre puisque les places sont de 4 euros à 6 euros et demi. C’est un effort dans un multiplexe. Je pense que le prix permet à des gens de se dire : « tiens, l’année dernière j’ai vu ce film-là, c’était une jolie comédie ou un beau film d’amour ». Par exemple, l’année dernière, le choix du public était entre Les Repentis et Le Bleu du Caftan. Le public, au fur et à mesure des festivals, je crois, s’est aguerri et va vers des films un petit peu plus complexes. Mais il faut qu’il passe par une porte où un film va les emporter, les toucher. C’est avant tout par l’émotion qu’on arrive à poser des sujets de société et des réflexions, parce qu’on est aussi un festival, engagé, militant, et on le revendique. On a des petites pépites, comme La mer et ses vagues, To the North, Green Border. Mais à côté, on a aussi Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, Six pieds sur terre.

DVDM : Les films que vous projetez viennent de tous les pays du monde.

PF : On est vraiment très attentifs à aller sur tous les continents. Ceux qui sont les plus chers, malheureusement, ce sont les films australiens, néo-zélandais, parce qu’ils n’ont pas de distributeurs. Et pourtant, je trouve que ce sont des films d’une beauté incroyable, avec leurs paysages, mais aussi par les sujets traités. Cette année, on n’en a pu en prendre qu’un. Mais on tient vraiment à chercher des films de Mongolie, du Kosovo, de la production africaine. Ce n’est pas si facile de trouver des films africains de qualité, il n’y a pas beaucoup d’argent, et là, on en a trois qui sont vraiment des longs métrages. Parmi eux, on projette Banel et Adama, un film d’amour et de liberté et Goodbye Julia, un film politique. C’est également pour cette raison qu’on met du temps à se décider sur notre programmation. On y travaille de septembre à décembre et il nous faut trouver aussi les distributeurs, ce n’est pas toujours évident. C’est une grosse organisation parce qu’on cherche aussi les sponsors, on fait les demandes de subventions. On écrit les textes dans les plaquettes. Et des clients. Et on organise nos soirées, parce qu’on fait aussi des soirées partenariales. On propose des ateliers gratuits d’éloquence, de calligraphie persane. On a une expo photo car on aime bien mêler les arts. Cette année, comme le directeur de la photographie, Jon Marquez, vient ; il nous a confié un cliché. On a choisi son cliché pour l’affiche. Et on a reproduit neuf de ses autres clichés pour faire une mini expo dans notre espace. On essaye d’investir tout le cinéma et on a créé un petit espace de rencontres ciné, où les gens peuvent s’asseoir sur les canapés, prendre un café, un thé et regarder cette exposition. Et c’est là où on vote et c’est super d’avoir ce hall. Depuis l’année dernière, on a mis une moquette, on met des tables, des canapés, des petites cafetières pour qu’il y ait aussi cette ambiance festival. Autrement, les cinémas, ce ne sont que des lieux de circulation. Pour cela, on a osé, parce que les salles commerciales ne peuvent pas se le permettre,  insérer dans notre programmation sept documentaires. Et là aussi, c’est un boulot phénoménal d’attirer le public concerné. Par exemple, sur Etat limite, un documentaire qui est passé sur Arte, mais qui a peu été vu, le réalisateur, Nicolas Peduzzi, sera présent : dans son documentaire, il suit un jeune psychiatre. On voit bien qu’il va droit dans le mur. Mais on voit aussi que c’est tout l’hôpital qui va au mur derrière ce personnage. Pour ce docu, on s’est adressé à la communauté médicale pour qu’ils viennent, pour qu’ils apportent leur contribution au débat. Autant des médecins de l’hôpital public que des psychiatres. Mais il nous semble que le documentaire, c’est vraiment un genre peu couru par les festivaliers. Et pourtant, c’est du cinéma. Parce qu’il y a un vrai scénario comme dans Les filles d’Olfa. Ce sont des longs-métrages, non pas de fiction, mais avec une construction narrative. Et on a aussi Little blue girl de Mona Achache, entre réalité et fiction.

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Once upon a time in Venezuela – Credit Jon Marquez

DVDM : Les salles peuvent difficilement se permettre de projeter des documentaires et à part le FID à Marseille, le Festival international du documentaire, c’est rare de voir des documentaires au cinéma.

PF : Oui, sauf dans les cinémas municipaux. Parce qu’à Miramas, Istres, Vitrolles, Martigues, ce sont des cinémas municipaux. Ils peuvent se permettre d’avoir de chouettes programmations. Mais on ne trouve pas ça dans les grands cinémas. Car ça ne rencontre pas l’économie de la salle de ciné. Le gérant doit, bien évidemment, avoir une rentabilité. Parfois, il se permet quelques petites projections de films un peu plus fragiles. Mais c’est difficile.

DVDM : Pour en revenir aux thématiques, il est question d’identité, d’appartenance, de la place du citoyen dans le monde. Ce sont donc des thématiques qui vous ont marquées et que vous continuez à mettre en avant dans les films que vous choisissez.

PF : On creuse notre sillon pour éclairer sur le monde comme il va et essayer d’être aux côtés de ces femmes et de ces hommes qui combattent pour la liberté, la justice, la sororité. Et si on peut apporter cette contribution avec le cinéma, si le cinéma peut déconstruire les préjugés, si notre festival y contribue, c’est gagné. C’est l’ADN de notre festival. Il nous semble très intéressant de regarder le monde ensemble et essayer d’y réfléchir, de se nourrir des associations comme cette année, SOS Méditerranée et Welcome Salon qui présentent Io Capitano, ou avec des films comme Green Border ou To The North. On projette Débâcle, un premier film belge assez rude, sur les violences faites aux femmes où une jeune fille n’a pas rencontré les aides pour se sortir d’un viol perpétré dans l’enfance. Apers 13, association d’aide aux victimes, et l’Enfant Bleu Paca, m’ont demandé de tenir un stand et accompagner ce film. Il y a des films qui ont besoin d’être accompagnés pour engager un débat avec le public lors de sa projection. La culture est un outil incontournable pour mieux vivre ensemble, pour mieux se comprendre, pour faire appel à notre humanité, ouvrir les yeux. D’où notre travail avec les centres sociaux, les écoles, les lycées.

DVDM : Cela permet de les sensibiliser à certaines questions assez complexes comme celles des violences faites aux femmes, le viol ou les VHSS. Et les préjugés sont très nombreux, malheureusement.

PF : Absolument. Il y a énormément de stéréotypes qui sont dans les esprits de chacun. Et les déconstruire, cela demande un certain travail. Il y a besoin d’un accompagnement par des structures plus aptes à discuter, à sensibiliser sur ces questions-là. C’est pour ça qu’on fait appel à des conférenciers spécialistes pour les premiers films ou les films asiatiques. On a un ancien professeur d’histoire qui nous remet le contexte à chaque fois quand il accompagne un film. L’année dernière, il avait accompagné les Repentis sur le problème basque.  C’est essentiel d’avoir cet éclairage pour les gens qui rentrent dans un film et pour qu’ils comprennent tout. Il y a un film bosniaque, Excursion, qui est aussi sur le harcèlement. On a cherché, à travers la jeunesse, à traiter de ces problématiques-là.

DVDM : D’autant plus que la lutte contre les inégalités, les discriminations, le harcèlement et les violences sexistes est une priorité de l’Union Européenne aujourd’hui.

PF : Oui, il y a l’Espagne, qui, sur les violences faites aux femmes, a eu de depuis des années très bons résultats avec les politiques menées par les différents gouvernements socialistes alors qu’en France, on a toujours ces mêmes chiffres aberrants mais je pense que cela vient fondamentalement de l’éducation. C’est pour cette raison qu’on espère que de nombreux lycéens et collégiens viennent voir le genre de films comme Frémont sur les réfugiés On accompagne particulièrement ces films qui traitent des problèmes de réfugiés et de frontières pour essayer de déconstruire les mauvaises images ou les fantasmes d’invasion auxquels peut être sensible basiquement un adolescent. On essaye également de passer par des films pleins d’amour ou de poésie, voire des comédies. La comédie Six pieds sur terre parle de religion, d’identité, de rapport au père, entre un père et son fils, mais sur un mode humoristique. Pour Vincent doit mourir, on reçoit Karim Leklou. Stéphan Castang, le réalisateur, a revisité le film de genre de zombie mais c’est une romance d’amour aussi, et il parle de la violence dans nos sociétés.

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Everything in between – Credits DR

DVDM : Et vous projetez aussi des films comme Césaria Évora, La diva aux pieds nus.

PF : Oui,  le deuxième vendredi, c’est toujours un documentaire musical. Et on l’accompagne généralement, soit d’un petit groupe du Portail Coucou, qui nous raconte, comme l’année dernière, la vie de David Bowie en musique. Cette année, un groupe de l’Institut musical de formation professionnelle va produire un petit intermède à 7 musiciens sur la musique de Césaria Évora. On projette ce documentaire, qui n’est pas qu’un documentaire musical, bien évidemment, car c’est un portrait de femme, et en creux, me semble-t-il, il parle des conséquences de la colonisation sur les pays africains. C’est un joli moment pour nous.

DVDM : Comment voyez-vous l’avenir du festival, son évolution ? Est-ce qu’il y aura un élargissement au niveau du territoire ou du public ?

PF : Au niveau du territoire, ça nous paraît difficile, même si on a des demandes, parce que nous ne sommes que des bénévoles. Il n’y a aucun salarié dans notre association. Après, concernant son évolution, je pense que c’est plutôt ce dont on s’est rendu compte. Généralement, quand, avant la Covid, on allait à Cannes, on pouvait grandement faire notre marché. C’est-à-dire que les films ne sortaient pas si vite, et on pouvait proposer des inédits, beaucoup d’avant-premières, etc. Mais là, les distributeurs se mènent une guerre sans nom. Et les films sortent très rapidement. L’année prochaine, ce sera les 35 ans. Comme on commence à avoir des distributeurs maintenant qui nous appellent en septembre pour nous dire, on va avoir tel film, on vous envoie les liens, etc. Peut-être, pour les 35 ans, faire un focus sur un réalisateur, une réalisatrice… J’aimerais faire un focus sur un artiste qui nous a particulièrement émus, ou dont on a passé beaucoup de films dans les précédentes programmations. Enfin, notre but, c’est aller chercher les publics empêchés. C’est à la fois l’ouverture sur des films un tout petit peu plus grand public, pour attirer les personnes qui se disent « ce n’est pas pour moi », mais aussi les éduquer en disant « Oui, c’est pour vous, parce que c’est juste de l’émotion »… Chercher les publics empêchés pour que cette culture soit accessible à tous. C’est important.

DVDM : Vous parliez des distributeurs qui maintenant distribuent les films très rapidement, il y a aussi la concurrence de Netflix, le développement de toutes les plateformes de streaming.

PF : Et notamment les prises d’habitude pendant la COVID. Les études montrent qu’il y a des tranches d’âge qui ont déserté les salles de cinéma. Pour remédier à cela, on fait de l’éducation à l’image à l’attention de ces jeunes, pour qu’ils prennent plaisir à venir dans un cinéma, et sur ces publics empêchés aussi… Après, pour ceux qui préfèrent rester sur leur canapé, c’est difficile de leur dire « mais non, il vaut mieux partager une émotion avec un inconnu dans une salle ». Pour faciliter la rencontre, on met des food trucks sur la place. On a des bancs et des tables pour que les personnes viennent s’asseoir et discuter, partager ce qu’ils pensent du cinéma. Et c’est bien l’échange le plus important. Mais la multiplication des plateformes n’aide pas. Elles ne sont pas inintéressantes : sur Netflix, il y a des films, comme Rome ou Lost Doctor, de qualité, sans parler des séries. Je suis fan de séries et je peux me régaler. Mais, je voudrais peut-être que le monde du cinéma s’interroge sur le prix des places. Cela devient vite très cher pour une famille de 4 personnes d’aller au cinéma. C’est un frein majeur.

Sachant que le prix des places n’excède par les 6 € 50, c’est le moment de découvrir une pléiade de pépites cinématographiques à Salon de Provence. Avec la diversité des genres proposés et la qualité des réalisations, chacun y trouvera son bonheur. Ne boudez pas votre plaisir. DVDM

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Chroniques de Teheran – Credits DR

Photo de Une: Dissidente – Credits DR

Tout le programme https://www.rencontres-cinesalon.org/ [6]

Ou en cliquant sur ce lien  Programmation Rencontres Cinématographiques de Salon-de-Provence 2024 [7]

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Jusqu’au 14 avril 2024 se tient la 34ème édition des rencontres de cinéma de Salon de Provence présidées par Patricia Flori. Devenu l’un des rendez-vous majeurs du cinéma indépendant et de découverte, l’événement revient une nouvelle fois investir la cité salonaise à l’occasion de 10 jours de projections, débats et rencontres autour du septième art.

Cette année, le festival place la jeunesse sous le feu des projecteurs à travers une sélection de 60 films mettant en lumière la nouvelle génération de réalisateurs émergeants. Au programme, plus d’une trentaine de premiers longs-métrages seront présentés, dont 17 en avant-première nationale. Le public pourra également découvrir 7 documentaires abordant des sujets d’actualité brûlante.

Parmi les pépites à ne pas manquer, citons les films « Sweet As », « Lost Country » ou « Banel et Adama », explorant avec sensibilité les questionnements identitaires et sociétaux de la jeunesse contemporaine. 165 projections sont organisées au CinéPlanet, avec une ouverture les yeux grands ouverts sur 40 pays et territoires. En marge des projections, le festival met sur pied conférences, tables rondes et rencontres avec les réalisateurs invités, pour approfondir les thématiques abordées. Un volet est également consacré au jeune public, avec des séances scolaires et familiales.

Autre temps fort, la cérémonie de clôture récompensera les meilleurs talents découverts durant l’événement, avec la remise de 4 prix dont le très couru « Prix du Premier Film » et le « Prix des collégiens et lycéens ». Une 34ème édition placée sous le signe de la découverte et des échanges, pour faire vivre l’effervescence du cinéma sous toutes ses coutures.

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Patricia Flori ©DR

Rencontre avec la présidente des rencontres de cinéma de Salon de Provence, Patricia Flori

Diane Vandermolina : Cette année, vous proposez la 34e édition des rencontres. Vous attirez plus de 12000 spectateurs par an. Comment expliquez-vous cet engouement pour le festival ?

Patricia Flori : On a attiré 12 300 spectateurs l’année dernière, avec une vraie progression depuis 2013/2014. Avant on était à 9 000 spectateurs, et depuis on a progressé : je crois que cette progression est due à ce qu’on veut absolument que ce festival soit un festival du territoire et on tisse de nombreux liens avec les établissements scolaires, de la maternelle à l’école de l’air, mais aussi avec les associations locales pour accompagner nos films. Cela devient un rendez-vous qui irradie et nourrit vraiment le territoire, et je crois qu’on doit cette fréquentation aussi au Ciné-Planète, un multiplexe vraiment splendide de centre-ville, ce qui est une position avantageuse pour Salon et nos festivaliers, mais également parce qu’on développe des liens avec des associations sportives, sociales, culturelles des autres festivals pour venir nourrir notre propre festival.

DVDM : En effet, il y a beaucoup de festivals de cinéma dans la région PACA. Il n’est pas forcément évident de trouver un angle d’attaque qui permette d’attirer le public et cette année, vous avez choisi la thématique de la jeunesse.

PF : La jeunesse, oui. Bien sûr, c’est toujours la découverte du monde, parce qu’on jette des passerelles vers les autres peuples et on parcourt le monde, il y a toujours cet angle fort, mais on s’est dit que cette jeunesse était vraiment enthousiasmante, passionnante et engagée. Elle est souvent décriée, et pourtant, on a trouvé que regarder le monde, au travers de son prisme, c’était très fécond. On avait envie de rendre hommage à ces jeunes qui sont des promesses d’avenir. La jeunesse nous est parue cette année comme une évidence, d’autant plus qu’on fait un gros travail sur l’éducation à l’image avec les scolaires. Cette année, pour la première fois avec le CFA, on est sur un échange, ils préparent notre petite pâtisserie pour notre ouverture et les profs de français ont entraîné des classes sur ce cinéma, parce que ces jeunes, si on ne leur présente pas la salle de spectacle, le cinéma, ils y vont très peu, ils regardent tout sur leur portable, donc il y a un véritable enjeu que d’attirer ce jeune public dès la maternelle et aussi les adolescents dans les salles obscures. Ça nous a paru une évidence et ça collait bien à l’ADN de notre festival. Enfin, on a un groupe jeune qui nous aide pendant tout le festival, avec lequel on fabrique la programmation, et qui est constitué d’élèves de l’option ciné du lycée Craponne et de bénéficiaires de la mission locale.

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Once upon a time in Venezuela – Credit Jon Marquez

DVDM : Ceux sont ces  jeunes qui font partie du jury du prix des lycéens ?

PF : On doit être à 1900 lycéens et collégiens, ce sont eux qui votent, mais notre groupe jeune a la priorité s’il y a deux films avec autant de suffrages : ce sont à eux d’argumenter sur leur choix du prix des lycéens. Cette année, on a 19 jeunes qui viennent du lycée Craponne : on fait un emploi du temps avec les professeurs et, au lieu d’aller en cours, ils viennent au festival pour nous aider, accueillir les invités, tenir des permanences, voir si tout se déroule bien, aller dans les salles, et voir des films évidemment. Et puis après, ils se réunissent et ils voient entre eux quel est le film qui va être le prix des lycéens.

DVDM : La programmation est assez dense, il y a plus de 160 de projections pour 60 films.

PF : On n’arrive pas toujours à se décider mais il nous faut trouver une colonne vertébrale, un équilibre. L’intérêt de décider de la programmation à 38, même si c’est une performance, c’est qu’on a vraiment une palette de films, de sensibilités, d’émotions, et ça nous permet, et c’est peut-être la raison du succès ces dernières années, d’attirer un public plus large. On propose – à côté de nos pépites ciné –  des films d’extrême qualité, où l’émotion prime mais qui sont un petit peu, plus grand public. Le travail des bénévoles est fondamental pour qu’on ait cette palette et je crois que ça participe aussi à l’attractivité du festival. C’est important de proposer des films qui sont peut-être un peu plus complexes de prime abord et en même temps des films plus grand public pour attirer ceux qui ont peur de l’art et essai, parce que l’art et essai n’est pas dans les habitudes du quotidien et pêche par cette image « élitiste », pourtant c’est un cinéma qui donne du sens aux émotions. Mais les personnes qui ne vont pas souvent au cinéma, vu le prix de la place, vont aller vers des valeurs sûres, ils ne vont pas s’essayer à un petit film juste parce que le synopsis leur plaît. Les festivals, c’est l’occasion de le rendre accessible au plus grand nombre puisque les places sont de 4 euros à 6 euros et demi. C’est un effort dans un multiplexe. Je pense que le prix permet à des gens de se dire : « tiens, l’année dernière j’ai vu ce film-là, c’était une jolie comédie ou un beau film d’amour ». Par exemple, l’année dernière, le choix du public était entre Les Repentis et Le Bleu du Caftan. Le public, au fur et à mesure des festivals, je crois, s’est aguerri et va vers des films un petit peu plus complexes. Mais il faut qu’il passe par une porte où un film va les emporter, les toucher. C’est avant tout par l’émotion qu’on arrive à poser des sujets de société et des réflexions, parce qu’on est aussi un festival, engagé, militant, et on le revendique. On a des petites pépites, comme La mer et ses vagues, To the North, Green Border. Mais à côté, on a aussi Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, Six pieds sur terre.

DVDM : Les films que vous projetez viennent de tous les pays du monde.

PF : On est vraiment très attentifs à aller sur tous les continents. Ceux qui sont les plus chers, malheureusement, ce sont les films australiens, néo-zélandais, parce qu’ils n’ont pas de distributeurs. Et pourtant, je trouve que ce sont des films d’une beauté incroyable, avec leurs paysages, mais aussi par les sujets traités. Cette année, on n’en a pu en prendre qu’un. Mais on tient vraiment à chercher des films de Mongolie, du Kosovo, de la production africaine. Ce n’est pas si facile de trouver des films africains de qualité, il n’y a pas beaucoup d’argent, et là, on en a trois qui sont vraiment des longs métrages. Parmi eux, on projette Banel et Adama, un film d’amour et de liberté et Goodbye Julia, un film politique. C’est également pour cette raison qu’on met du temps à se décider sur notre programmation. On y travaille de septembre à décembre et il nous faut trouver aussi les distributeurs, ce n’est pas toujours évident. C’est une grosse organisation parce qu’on cherche aussi les sponsors, on fait les demandes de subventions. On écrit les textes dans les plaquettes. Et des clients. Et on organise nos soirées, parce qu’on fait aussi des soirées partenariales. On propose des ateliers gratuits d’éloquence, de calligraphie persane. On a une expo photo car on aime bien mêler les arts. Cette année, comme le directeur de la photographie, Jon Marquez, vient ; il nous a confié un cliché. On a choisi son cliché pour l’affiche. Et on a reproduit neuf de ses autres clichés pour faire une mini expo dans notre espace. On essaye d’investir tout le cinéma et on a créé un petit espace de rencontres ciné, où les gens peuvent s’asseoir sur les canapés, prendre un café, un thé et regarder cette exposition. Et c’est là où on vote et c’est super d’avoir ce hall. Depuis l’année dernière, on a mis une moquette, on met des tables, des canapés, des petites cafetières pour qu’il y ait aussi cette ambiance festival. Autrement, les cinémas, ce ne sont que des lieux de circulation. Pour cela, on a osé, parce que les salles commerciales ne peuvent pas se le permettre,  insérer dans notre programmation sept documentaires. Et là aussi, c’est un boulot phénoménal d’attirer le public concerné. Par exemple, sur Etat limite, un documentaire qui est passé sur Arte, mais qui a peu été vu, le réalisateur, Nicolas Peduzzi, sera présent : dans son documentaire, il suit un jeune psychiatre. On voit bien qu’il va droit dans le mur. Mais on voit aussi que c’est tout l’hôpital qui va au mur derrière ce personnage. Pour ce docu, on s’est adressé à la communauté médicale pour qu’ils viennent, pour qu’ils apportent leur contribution au débat. Autant des médecins de l’hôpital public que des psychiatres. Mais il nous semble que le documentaire, c’est vraiment un genre peu couru par les festivaliers. Et pourtant, c’est du cinéma. Parce qu’il y a un vrai scénario comme dans Les filles d’Olfa. Ce sont des longs-métrages, non pas de fiction, mais avec une construction narrative. Et on a aussi Little blue girl de Mona Achache, entre réalité et fiction.

[3]

Once upon a time in Venezuela – Credit Jon Marquez

DVDM : Les salles peuvent difficilement se permettre de projeter des documentaires et à part le FID à Marseille, le Festival international du documentaire, c’est rare de voir des documentaires au cinéma.

PF : Oui, sauf dans les cinémas municipaux. Parce qu’à Miramas, Istres, Vitrolles, Martigues, ce sont des cinémas municipaux. Ils peuvent se permettre d’avoir de chouettes programmations. Mais on ne trouve pas ça dans les grands cinémas. Car ça ne rencontre pas l’économie de la salle de ciné. Le gérant doit, bien évidemment, avoir une rentabilité. Parfois, il se permet quelques petites projections de films un peu plus fragiles. Mais c’est difficile.

DVDM : Pour en revenir aux thématiques, il est question d’identité, d’appartenance, de la place du citoyen dans le monde. Ce sont donc des thématiques qui vous ont marquées et que vous continuez à mettre en avant dans les films que vous choisissez.

PF : On creuse notre sillon pour éclairer sur le monde comme il va et essayer d’être aux côtés de ces femmes et de ces hommes qui combattent pour la liberté, la justice, la sororité. Et si on peut apporter cette contribution avec le cinéma, si le cinéma peut déconstruire les préjugés, si notre festival y contribue, c’est gagné. C’est l’ADN de notre festival. Il nous semble très intéressant de regarder le monde ensemble et essayer d’y réfléchir, de se nourrir des associations comme cette année, SOS Méditerranée et Welcome Salon qui présentent Io Capitano, ou avec des films comme Green Border ou To The North. On projette Débâcle, un premier film belge assez rude, sur les violences faites aux femmes où une jeune fille n’a pas rencontré les aides pour se sortir d’un viol perpétré dans l’enfance. Apers 13, association d’aide aux victimes, et l’Enfant Bleu Paca, m’ont demandé de tenir un stand et accompagner ce film. Il y a des films qui ont besoin d’être accompagnés pour engager un débat avec le public lors de sa projection. La culture est un outil incontournable pour mieux vivre ensemble, pour mieux se comprendre, pour faire appel à notre humanité, ouvrir les yeux. D’où notre travail avec les centres sociaux, les écoles, les lycées.

DVDM : Cela permet de les sensibiliser à certaines questions assez complexes comme celles des violences faites aux femmes, le viol ou les VHSS. Et les préjugés sont très nombreux, malheureusement.

PF : Absolument. Il y a énormément de stéréotypes qui sont dans les esprits de chacun. Et les déconstruire, cela demande un certain travail. Il y a besoin d’un accompagnement par des structures plus aptes à discuter, à sensibiliser sur ces questions-là. C’est pour ça qu’on fait appel à des conférenciers spécialistes pour les premiers films ou les films asiatiques. On a un ancien professeur d’histoire qui nous remet le contexte à chaque fois quand il accompagne un film. L’année dernière, il avait accompagné les Repentis sur le problème basque.  C’est essentiel d’avoir cet éclairage pour les gens qui rentrent dans un film et pour qu’ils comprennent tout. Il y a un film bosniaque, Excursion, qui est aussi sur le harcèlement. On a cherché, à travers la jeunesse, à traiter de ces problématiques-là.

DVDM : D’autant plus que la lutte contre les inégalités, les discriminations, le harcèlement et les violences sexistes est une priorité de l’Union Européenne aujourd’hui.

PF : Oui, il y a l’Espagne, qui, sur les violences faites aux femmes, a eu de depuis des années très bons résultats avec les politiques menées par les différents gouvernements socialistes alors qu’en France, on a toujours ces mêmes chiffres aberrants mais je pense que cela vient fondamentalement de l’éducation. C’est pour cette raison qu’on espère que de nombreux lycéens et collégiens viennent voir le genre de films comme Frémont sur les réfugiés On accompagne particulièrement ces films qui traitent des problèmes de réfugiés et de frontières pour essayer de déconstruire les mauvaises images ou les fantasmes d’invasion auxquels peut être sensible basiquement un adolescent. On essaye également de passer par des films pleins d’amour ou de poésie, voire des comédies. La comédie Six pieds sur terre parle de religion, d’identité, de rapport au père, entre un père et son fils, mais sur un mode humoristique. Pour Vincent doit mourir, on reçoit Karim Leklou. Stéphan Castang, le réalisateur, a revisité le film de genre de zombie mais c’est une romance d’amour aussi, et il parle de la violence dans nos sociétés.

[4]

Everything in between – Credits DR

DVDM : Et vous projetez aussi des films comme Césaria Évora, La diva aux pieds nus.

PF : Oui,  le deuxième vendredi, c’est toujours un documentaire musical. Et on l’accompagne généralement, soit d’un petit groupe du Portail Coucou, qui nous raconte, comme l’année dernière, la vie de David Bowie en musique. Cette année, un groupe de l’Institut musical de formation professionnelle va produire un petit intermède à 7 musiciens sur la musique de Césaria Évora. On projette ce documentaire, qui n’est pas qu’un documentaire musical, bien évidemment, car c’est un portrait de femme, et en creux, me semble-t-il, il parle des conséquences de la colonisation sur les pays africains. C’est un joli moment pour nous.

DVDM : Comment voyez-vous l’avenir du festival, son évolution ? Est-ce qu’il y aura un élargissement au niveau du territoire ou du public ?

PF : Au niveau du territoire, ça nous paraît difficile, même si on a des demandes, parce que nous ne sommes que des bénévoles. Il n’y a aucun salarié dans notre association. Après, concernant son évolution, je pense que c’est plutôt ce dont on s’est rendu compte. Généralement, quand, avant la Covid, on allait à Cannes, on pouvait grandement faire notre marché. C’est-à-dire que les films ne sortaient pas si vite, et on pouvait proposer des inédits, beaucoup d’avant-premières, etc. Mais là, les distributeurs se mènent une guerre sans nom. Et les films sortent très rapidement. L’année prochaine, ce sera les 35 ans. Comme on commence à avoir des distributeurs maintenant qui nous appellent en septembre pour nous dire, on va avoir tel film, on vous envoie les liens, etc. Peut-être, pour les 35 ans, faire un focus sur un réalisateur, une réalisatrice… J’aimerais faire un focus sur un artiste qui nous a particulièrement émus, ou dont on a passé beaucoup de films dans les précédentes programmations. Enfin, notre but, c’est aller chercher les publics empêchés. C’est à la fois l’ouverture sur des films un tout petit peu plus grand public, pour attirer les personnes qui se disent « ce n’est pas pour moi », mais aussi les éduquer en disant « Oui, c’est pour vous, parce que c’est juste de l’émotion »… Chercher les publics empêchés pour que cette culture soit accessible à tous. C’est important.

DVDM : Vous parliez des distributeurs qui maintenant distribuent les films très rapidement, il y a aussi la concurrence de Netflix, le développement de toutes les plateformes de streaming.

PF : Et notamment les prises d’habitude pendant la COVID. Les études montrent qu’il y a des tranches d’âge qui ont déserté les salles de cinéma. Pour remédier à cela, on fait de l’éducation à l’image à l’attention de ces jeunes, pour qu’ils prennent plaisir à venir dans un cinéma, et sur ces publics empêchés aussi… Après, pour ceux qui préfèrent rester sur leur canapé, c’est difficile de leur dire « mais non, il vaut mieux partager une émotion avec un inconnu dans une salle ». Pour faciliter la rencontre, on met des food trucks sur la place. On a des bancs et des tables pour que les personnes viennent s’asseoir et discuter, partager ce qu’ils pensent du cinéma. Et c’est bien l’échange le plus important. Mais la multiplication des plateformes n’aide pas. Elles ne sont pas inintéressantes : sur Netflix, il y a des films, comme Rome ou Lost Doctor, de qualité, sans parler des séries. Je suis fan de séries et je peux me régaler. Mais, je voudrais peut-être que le monde du cinéma s’interroge sur le prix des places. Cela devient vite très cher pour une famille de 4 personnes d’aller au cinéma. C’est un frein majeur.

Sachant que le prix des places n’excède par les 6 € 50, c’est le moment de découvrir une pléiade de pépites cinématographiques à Salon de Provence. Avec la diversité des genres proposés et la qualité des réalisations, chacun y trouvera son bonheur. Ne boudez pas votre plaisir. DVDM

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Chroniques de Teheran – Credits DR

Photo de Une: Dissidente – Credits DR

Tout le programme https://www.rencontres-cinesalon.org/ [6]

Ou en cliquant sur ce lien  Programmation Rencontres Cinématographiques de Salon-de-Provence 2024 [7]

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Jusqu’au 14 avril 2024 se tient la 34ème édition des rencontres de cinéma de Salon de Provence présidées par Patricia Flori. Devenu l’un des rendez-vous majeurs du cinéma indépendant et de découverte, l’événement revient une nouvelle fois investir la cité salonaise à l’occasion de 10 jours de projections, débats et rencontres autour du septième art.

Cette année, le festival place la jeunesse sous le feu des projecteurs à travers une sélection de 60 films mettant en lumière la nouvelle génération de réalisateurs émergeants. Au programme, plus d’une trentaine de premiers longs-métrages seront présentés, dont 17 en avant-première nationale. Le public pourra également découvrir 7 documentaires abordant des sujets d’actualité brûlante.

Parmi les pépites à ne pas manquer, citons les films « Sweet As », « Lost Country » ou « Banel et Adama », explorant avec sensibilité les questionnements identitaires et sociétaux de la jeunesse contemporaine. 165 projections sont organisées au CinéPlanet, avec une ouverture les yeux grands ouverts sur 40 pays et territoires. En marge des projections, le festival met sur pied conférences, tables rondes et rencontres avec les réalisateurs invités, pour approfondir les thématiques abordées. Un volet est également consacré au jeune public, avec des séances scolaires et familiales.

Autre temps fort, la cérémonie de clôture récompensera les meilleurs talents découverts durant l’événement, avec la remise de 4 prix dont le très couru « Prix du Premier Film » et le « Prix des collégiens et lycéens ». Une 34ème édition placée sous le signe de la découverte et des échanges, pour faire vivre l’effervescence du cinéma sous toutes ses coutures.

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Patricia Flori ©DR

Rencontre avec la présidente des rencontres de cinéma de Salon de Provence, Patricia Flori

Diane Vandermolina : Cette année, vous proposez la 34e édition des rencontres. Vous attirez plus de 12000 spectateurs par an. Comment expliquez-vous cet engouement pour le festival ?

Patricia Flori : On a attiré 12 300 spectateurs l’année dernière, avec une vraie progression depuis 2013/2014. Avant on était à 9 000 spectateurs, et depuis on a progressé : je crois que cette progression est due à ce qu’on veut absolument que ce festival soit un festival du territoire et on tisse de nombreux liens avec les établissements scolaires, de la maternelle à l’école de l’air, mais aussi avec les associations locales pour accompagner nos films. Cela devient un rendez-vous qui irradie et nourrit vraiment le territoire, et je crois qu’on doit cette fréquentation aussi au Ciné-Planète, un multiplexe vraiment splendide de centre-ville, ce qui est une position avantageuse pour Salon et nos festivaliers, mais également parce qu’on développe des liens avec des associations sportives, sociales, culturelles des autres festivals pour venir nourrir notre propre festival.

DVDM : En effet, il y a beaucoup de festivals de cinéma dans la région PACA. Il n’est pas forcément évident de trouver un angle d’attaque qui permette d’attirer le public et cette année, vous avez choisi la thématique de la jeunesse.

PF : La jeunesse, oui. Bien sûr, c’est toujours la découverte du monde, parce qu’on jette des passerelles vers les autres peuples et on parcourt le monde, il y a toujours cet angle fort, mais on s’est dit que cette jeunesse était vraiment enthousiasmante, passionnante et engagée. Elle est souvent décriée, et pourtant, on a trouvé que regarder le monde, au travers de son prisme, c’était très fécond. On avait envie de rendre hommage à ces jeunes qui sont des promesses d’avenir. La jeunesse nous est parue cette année comme une évidence, d’autant plus qu’on fait un gros travail sur l’éducation à l’image avec les scolaires. Cette année, pour la première fois avec le CFA, on est sur un échange, ils préparent notre petite pâtisserie pour notre ouverture et les profs de français ont entraîné des classes sur ce cinéma, parce que ces jeunes, si on ne leur présente pas la salle de spectacle, le cinéma, ils y vont très peu, ils regardent tout sur leur portable, donc il y a un véritable enjeu que d’attirer ce jeune public dès la maternelle et aussi les adolescents dans les salles obscures. Ça nous a paru une évidence et ça collait bien à l’ADN de notre festival. Enfin, on a un groupe jeune qui nous aide pendant tout le festival, avec lequel on fabrique la programmation, et qui est constitué d’élèves de l’option ciné du lycée Craponne et de bénéficiaires de la mission locale.

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Once upon a time in Venezuela – Credit Jon Marquez

DVDM : Ceux sont ces  jeunes qui font partie du jury du prix des lycéens ?

PF : On doit être à 1900 lycéens et collégiens, ce sont eux qui votent, mais notre groupe jeune a la priorité s’il y a deux films avec autant de suffrages : ce sont à eux d’argumenter sur leur choix du prix des lycéens. Cette année, on a 19 jeunes qui viennent du lycée Craponne : on fait un emploi du temps avec les professeurs et, au lieu d’aller en cours, ils viennent au festival pour nous aider, accueillir les invités, tenir des permanences, voir si tout se déroule bien, aller dans les salles, et voir des films évidemment. Et puis après, ils se réunissent et ils voient entre eux quel est le film qui va être le prix des lycéens.

DVDM : La programmation est assez dense, il y a plus de 160 de projections pour 60 films.

PF : On n’arrive pas toujours à se décider mais il nous faut trouver une colonne vertébrale, un équilibre. L’intérêt de décider de la programmation à 38, même si c’est une performance, c’est qu’on a vraiment une palette de films, de sensibilités, d’émotions, et ça nous permet, et c’est peut-être la raison du succès ces dernières années, d’attirer un public plus large. On propose – à côté de nos pépites ciné –  des films d’extrême qualité, où l’émotion prime mais qui sont un petit peu, plus grand public. Le travail des bénévoles est fondamental pour qu’on ait cette palette et je crois que ça participe aussi à l’attractivité du festival. C’est important de proposer des films qui sont peut-être un peu plus complexes de prime abord et en même temps des films plus grand public pour attirer ceux qui ont peur de l’art et essai, parce que l’art et essai n’est pas dans les habitudes du quotidien et pêche par cette image « élitiste », pourtant c’est un cinéma qui donne du sens aux émotions. Mais les personnes qui ne vont pas souvent au cinéma, vu le prix de la place, vont aller vers des valeurs sûres, ils ne vont pas s’essayer à un petit film juste parce que le synopsis leur plaît. Les festivals, c’est l’occasion de le rendre accessible au plus grand nombre puisque les places sont de 4 euros à 6 euros et demi. C’est un effort dans un multiplexe. Je pense que le prix permet à des gens de se dire : « tiens, l’année dernière j’ai vu ce film-là, c’était une jolie comédie ou un beau film d’amour ». Par exemple, l’année dernière, le choix du public était entre Les Repentis et Le Bleu du Caftan. Le public, au fur et à mesure des festivals, je crois, s’est aguerri et va vers des films un petit peu plus complexes. Mais il faut qu’il passe par une porte où un film va les emporter, les toucher. C’est avant tout par l’émotion qu’on arrive à poser des sujets de société et des réflexions, parce qu’on est aussi un festival, engagé, militant, et on le revendique. On a des petites pépites, comme La mer et ses vagues, To the North, Green Border. Mais à côté, on a aussi Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, Six pieds sur terre.

DVDM : Les films que vous projetez viennent de tous les pays du monde.

PF : On est vraiment très attentifs à aller sur tous les continents. Ceux qui sont les plus chers, malheureusement, ce sont les films australiens, néo-zélandais, parce qu’ils n’ont pas de distributeurs. Et pourtant, je trouve que ce sont des films d’une beauté incroyable, avec leurs paysages, mais aussi par les sujets traités. Cette année, on n’en a pu en prendre qu’un. Mais on tient vraiment à chercher des films de Mongolie, du Kosovo, de la production africaine. Ce n’est pas si facile de trouver des films africains de qualité, il n’y a pas beaucoup d’argent, et là, on en a trois qui sont vraiment des longs métrages. Parmi eux, on projette Banel et Adama, un film d’amour et de liberté et Goodbye Julia, un film politique. C’est également pour cette raison qu’on met du temps à se décider sur notre programmation. On y travaille de septembre à décembre et il nous faut trouver aussi les distributeurs, ce n’est pas toujours évident. C’est une grosse organisation parce qu’on cherche aussi les sponsors, on fait les demandes de subventions. On écrit les textes dans les plaquettes. Et des clients. Et on organise nos soirées, parce qu’on fait aussi des soirées partenariales. On propose des ateliers gratuits d’éloquence, de calligraphie persane. On a une expo photo car on aime bien mêler les arts. Cette année, comme le directeur de la photographie, Jon Marquez, vient ; il nous a confié un cliché. On a choisi son cliché pour l’affiche. Et on a reproduit neuf de ses autres clichés pour faire une mini expo dans notre espace. On essaye d’investir tout le cinéma et on a créé un petit espace de rencontres ciné, où les gens peuvent s’asseoir sur les canapés, prendre un café, un thé et regarder cette exposition. Et c’est là où on vote et c’est super d’avoir ce hall. Depuis l’année dernière, on a mis une moquette, on met des tables, des canapés, des petites cafetières pour qu’il y ait aussi cette ambiance festival. Autrement, les cinémas, ce ne sont que des lieux de circulation. Pour cela, on a osé, parce que les salles commerciales ne peuvent pas se le permettre,  insérer dans notre programmation sept documentaires. Et là aussi, c’est un boulot phénoménal d’attirer le public concerné. Par exemple, sur Etat limite, un documentaire qui est passé sur Arte, mais qui a peu été vu, le réalisateur, Nicolas Peduzzi, sera présent : dans son documentaire, il suit un jeune psychiatre. On voit bien qu’il va droit dans le mur. Mais on voit aussi que c’est tout l’hôpital qui va au mur derrière ce personnage. Pour ce docu, on s’est adressé à la communauté médicale pour qu’ils viennent, pour qu’ils apportent leur contribution au débat. Autant des médecins de l’hôpital public que des psychiatres. Mais il nous semble que le documentaire, c’est vraiment un genre peu couru par les festivaliers. Et pourtant, c’est du cinéma. Parce qu’il y a un vrai scénario comme dans Les filles d’Olfa. Ce sont des longs-métrages, non pas de fiction, mais avec une construction narrative. Et on a aussi Little blue girl de Mona Achache, entre réalité et fiction.

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Once upon a time in Venezuela – Credit Jon Marquez

DVDM : Les salles peuvent difficilement se permettre de projeter des documentaires et à part le FID à Marseille, le Festival international du documentaire, c’est rare de voir des documentaires au cinéma.

PF : Oui, sauf dans les cinémas municipaux. Parce qu’à Miramas, Istres, Vitrolles, Martigues, ce sont des cinémas municipaux. Ils peuvent se permettre d’avoir de chouettes programmations. Mais on ne trouve pas ça dans les grands cinémas. Car ça ne rencontre pas l’économie de la salle de ciné. Le gérant doit, bien évidemment, avoir une rentabilité. Parfois, il se permet quelques petites projections de films un peu plus fragiles. Mais c’est difficile.

DVDM : Pour en revenir aux thématiques, il est question d’identité, d’appartenance, de la place du citoyen dans le monde. Ce sont donc des thématiques qui vous ont marquées et que vous continuez à mettre en avant dans les films que vous choisissez.

PF : On creuse notre sillon pour éclairer sur le monde comme il va et essayer d’être aux côtés de ces femmes et de ces hommes qui combattent pour la liberté, la justice, la sororité. Et si on peut apporter cette contribution avec le cinéma, si le cinéma peut déconstruire les préjugés, si notre festival y contribue, c’est gagné. C’est l’ADN de notre festival. Il nous semble très intéressant de regarder le monde ensemble et essayer d’y réfléchir, de se nourrir des associations comme cette année, SOS Méditerranée et Welcome Salon qui présentent Io Capitano, ou avec des films comme Green Border ou To The North. On projette Débâcle, un premier film belge assez rude, sur les violences faites aux femmes où une jeune fille n’a pas rencontré les aides pour se sortir d’un viol perpétré dans l’enfance. Apers 13, association d’aide aux victimes, et l’Enfant Bleu Paca, m’ont demandé de tenir un stand et accompagner ce film. Il y a des films qui ont besoin d’être accompagnés pour engager un débat avec le public lors de sa projection. La culture est un outil incontournable pour mieux vivre ensemble, pour mieux se comprendre, pour faire appel à notre humanité, ouvrir les yeux. D’où notre travail avec les centres sociaux, les écoles, les lycées.

DVDM : Cela permet de les sensibiliser à certaines questions assez complexes comme celles des violences faites aux femmes, le viol ou les VHSS. Et les préjugés sont très nombreux, malheureusement.

PF : Absolument. Il y a énormément de stéréotypes qui sont dans les esprits de chacun. Et les déconstruire, cela demande un certain travail. Il y a besoin d’un accompagnement par des structures plus aptes à discuter, à sensibiliser sur ces questions-là. C’est pour ça qu’on fait appel à des conférenciers spécialistes pour les premiers films ou les films asiatiques. On a un ancien professeur d’histoire qui nous remet le contexte à chaque fois quand il accompagne un film. L’année dernière, il avait accompagné les Repentis sur le problème basque.  C’est essentiel d’avoir cet éclairage pour les gens qui rentrent dans un film et pour qu’ils comprennent tout. Il y a un film bosniaque, Excursion, qui est aussi sur le harcèlement. On a cherché, à travers la jeunesse, à traiter de ces problématiques-là.

DVDM : D’autant plus que la lutte contre les inégalités, les discriminations, le harcèlement et les violences sexistes est une priorité de l’Union Européenne aujourd’hui.

PF : Oui, il y a l’Espagne, qui, sur les violences faites aux femmes, a eu de depuis des années très bons résultats avec les politiques menées par les différents gouvernements socialistes alors qu’en France, on a toujours ces mêmes chiffres aberrants mais je pense que cela vient fondamentalement de l’éducation. C’est pour cette raison qu’on espère que de nombreux lycéens et collégiens viennent voir le genre de films comme Frémont sur les réfugiés On accompagne particulièrement ces films qui traitent des problèmes de réfugiés et de frontières pour essayer de déconstruire les mauvaises images ou les fantasmes d’invasion auxquels peut être sensible basiquement un adolescent. On essaye également de passer par des films pleins d’amour ou de poésie, voire des comédies. La comédie Six pieds sur terre parle de religion, d’identité, de rapport au père, entre un père et son fils, mais sur un mode humoristique. Pour Vincent doit mourir, on reçoit Karim Leklou. Stéphan Castang, le réalisateur, a revisité le film de genre de zombie mais c’est une romance d’amour aussi, et il parle de la violence dans nos sociétés.

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Everything in between – Credits DR

DVDM : Et vous projetez aussi des films comme Césaria Évora, La diva aux pieds nus.

PF : Oui,  le deuxième vendredi, c’est toujours un documentaire musical. Et on l’accompagne généralement, soit d’un petit groupe du Portail Coucou, qui nous raconte, comme l’année dernière, la vie de David Bowie en musique. Cette année, un groupe de l’Institut musical de formation professionnelle va produire un petit intermède à 7 musiciens sur la musique de Césaria Évora. On projette ce documentaire, qui n’est pas qu’un documentaire musical, bien évidemment, car c’est un portrait de femme, et en creux, me semble-t-il, il parle des conséquences de la colonisation sur les pays africains. C’est un joli moment pour nous.

DVDM : Comment voyez-vous l’avenir du festival, son évolution ? Est-ce qu’il y aura un élargissement au niveau du territoire ou du public ?

PF : Au niveau du territoire, ça nous paraît difficile, même si on a des demandes, parce que nous ne sommes que des bénévoles. Il n’y a aucun salarié dans notre association. Après, concernant son évolution, je pense que c’est plutôt ce dont on s’est rendu compte. Généralement, quand, avant la Covid, on allait à Cannes, on pouvait grandement faire notre marché. C’est-à-dire que les films ne sortaient pas si vite, et on pouvait proposer des inédits, beaucoup d’avant-premières, etc. Mais là, les distributeurs se mènent une guerre sans nom. Et les films sortent très rapidement. L’année prochaine, ce sera les 35 ans. Comme on commence à avoir des distributeurs maintenant qui nous appellent en septembre pour nous dire, on va avoir tel film, on vous envoie les liens, etc. Peut-être, pour les 35 ans, faire un focus sur un réalisateur, une réalisatrice… J’aimerais faire un focus sur un artiste qui nous a particulièrement émus, ou dont on a passé beaucoup de films dans les précédentes programmations. Enfin, notre but, c’est aller chercher les publics empêchés. C’est à la fois l’ouverture sur des films un tout petit peu plus grand public, pour attirer les personnes qui se disent « ce n’est pas pour moi », mais aussi les éduquer en disant « Oui, c’est pour vous, parce que c’est juste de l’émotion »… Chercher les publics empêchés pour que cette culture soit accessible à tous. C’est important.

DVDM : Vous parliez des distributeurs qui maintenant distribuent les films très rapidement, il y a aussi la concurrence de Netflix, le développement de toutes les plateformes de streaming.

PF : Et notamment les prises d’habitude pendant la COVID. Les études montrent qu’il y a des tranches d’âge qui ont déserté les salles de cinéma. Pour remédier à cela, on fait de l’éducation à l’image à l’attention de ces jeunes, pour qu’ils prennent plaisir à venir dans un cinéma, et sur ces publics empêchés aussi… Après, pour ceux qui préfèrent rester sur leur canapé, c’est difficile de leur dire « mais non, il vaut mieux partager une émotion avec un inconnu dans une salle ». Pour faciliter la rencontre, on met des food trucks sur la place. On a des bancs et des tables pour que les personnes viennent s’asseoir et discuter, partager ce qu’ils pensent du cinéma. Et c’est bien l’échange le plus important. Mais la multiplication des plateformes n’aide pas. Elles ne sont pas inintéressantes : sur Netflix, il y a des films, comme Rome ou Lost Doctor, de qualité, sans parler des séries. Je suis fan de séries et je peux me régaler. Mais, je voudrais peut-être que le monde du cinéma s’interroge sur le prix des places. Cela devient vite très cher pour une famille de 4 personnes d’aller au cinéma. C’est un frein majeur.

Sachant que le prix des places n’excède par les 6 € 50, c’est le moment de découvrir une pléiade de pépites cinématographiques à Salon de Provence. Avec la diversité des genres proposés et la qualité des réalisations, chacun y trouvera son bonheur. Ne boudez pas votre plaisir. DVDM

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Chroniques de Teheran – Credits DR

Photo de Une: Dissidente – Credits DR

Tout le programme https://www.rencontres-cinesalon.org/ [6]

Ou en cliquant sur ce lien  Programmation Rencontres Cinématographiques de Salon-de-Provence 2024 [7]

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Jusqu’au 14 avril 2024 se tient la 34ème édition des rencontres de cinéma de Salon de Provence présidées par Patricia Flori. Devenu l’un des rendez-vous majeurs du cinéma indépendant et de découverte, l’événement revient une nouvelle fois investir la cité salonaise à l’occasion de 10 jours de projections, débats et rencontres autour du septième art.

Cette année, le festival place la jeunesse sous le feu des projecteurs à travers une sélection de 60 films mettant en lumière la nouvelle génération de réalisateurs émergeants. Au programme, plus d’une trentaine de premiers longs-métrages seront présentés, dont 17 en avant-première nationale. Le public pourra également découvrir 7 documentaires abordant des sujets d’actualité brûlante.

Parmi les pépites à ne pas manquer, citons les films « Sweet As », « Lost Country » ou « Banel et Adama », explorant avec sensibilité les questionnements identitaires et sociétaux de la jeunesse contemporaine. 165 projections sont organisées au CinéPlanet, avec une ouverture les yeux grands ouverts sur 40 pays et territoires. En marge des projections, le festival met sur pied conférences, tables rondes et rencontres avec les réalisateurs invités, pour approfondir les thématiques abordées. Un volet est également consacré au jeune public, avec des séances scolaires et familiales.

Autre temps fort, la cérémonie de clôture récompensera les meilleurs talents découverts durant l’événement, avec la remise de 4 prix dont le très couru « Prix du Premier Film » et le « Prix des collégiens et lycéens ». Une 34ème édition placée sous le signe de la découverte et des échanges, pour faire vivre l’effervescence du cinéma sous toutes ses coutures.

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Patricia Flori ©DR

Rencontre avec la présidente des rencontres de cinéma de Salon de Provence, Patricia Flori

Diane Vandermolina : Cette année, vous proposez la 34e édition des rencontres. Vous attirez plus de 12000 spectateurs par an. Comment expliquez-vous cet engouement pour le festival ?

Patricia Flori : On a attiré 12 300 spectateurs l’année dernière, avec une vraie progression depuis 2013/2014. Avant on était à 9 000 spectateurs, et depuis on a progressé : je crois que cette progression est due à ce qu’on veut absolument que ce festival soit un festival du territoire et on tisse de nombreux liens avec les établissements scolaires, de la maternelle à l’école de l’air, mais aussi avec les associations locales pour accompagner nos films. Cela devient un rendez-vous qui irradie et nourrit vraiment le territoire, et je crois qu’on doit cette fréquentation aussi au Ciné-Planète, un multiplexe vraiment splendide de centre-ville, ce qui est une position avantageuse pour Salon et nos festivaliers, mais également parce qu’on développe des liens avec des associations sportives, sociales, culturelles des autres festivals pour venir nourrir notre propre festival.

DVDM : En effet, il y a beaucoup de festivals de cinéma dans la région PACA. Il n’est pas forcément évident de trouver un angle d’attaque qui permette d’attirer le public et cette année, vous avez choisi la thématique de la jeunesse.

PF : La jeunesse, oui. Bien sûr, c’est toujours la découverte du monde, parce qu’on jette des passerelles vers les autres peuples et on parcourt le monde, il y a toujours cet angle fort, mais on s’est dit que cette jeunesse était vraiment enthousiasmante, passionnante et engagée. Elle est souvent décriée, et pourtant, on a trouvé que regarder le monde, au travers de son prisme, c’était très fécond. On avait envie de rendre hommage à ces jeunes qui sont des promesses d’avenir. La jeunesse nous est parue cette année comme une évidence, d’autant plus qu’on fait un gros travail sur l’éducation à l’image avec les scolaires. Cette année, pour la première fois avec le CFA, on est sur un échange, ils préparent notre petite pâtisserie pour notre ouverture et les profs de français ont entraîné des classes sur ce cinéma, parce que ces jeunes, si on ne leur présente pas la salle de spectacle, le cinéma, ils y vont très peu, ils regardent tout sur leur portable, donc il y a un véritable enjeu que d’attirer ce jeune public dès la maternelle et aussi les adolescents dans les salles obscures. Ça nous a paru une évidence et ça collait bien à l’ADN de notre festival. Enfin, on a un groupe jeune qui nous aide pendant tout le festival, avec lequel on fabrique la programmation, et qui est constitué d’élèves de l’option ciné du lycée Craponne et de bénéficiaires de la mission locale.

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Once upon a time in Venezuela – Credit Jon Marquez

DVDM : Ceux sont ces  jeunes qui font partie du jury du prix des lycéens ?

PF : On doit être à 1900 lycéens et collégiens, ce sont eux qui votent, mais notre groupe jeune a la priorité s’il y a deux films avec autant de suffrages : ce sont à eux d’argumenter sur leur choix du prix des lycéens. Cette année, on a 19 jeunes qui viennent du lycée Craponne : on fait un emploi du temps avec les professeurs et, au lieu d’aller en cours, ils viennent au festival pour nous aider, accueillir les invités, tenir des permanences, voir si tout se déroule bien, aller dans les salles, et voir des films évidemment. Et puis après, ils se réunissent et ils voient entre eux quel est le film qui va être le prix des lycéens.

DVDM : La programmation est assez dense, il y a plus de 160 de projections pour 60 films.

PF : On n’arrive pas toujours à se décider mais il nous faut trouver une colonne vertébrale, un équilibre. L’intérêt de décider de la programmation à 38, même si c’est une performance, c’est qu’on a vraiment une palette de films, de sensibilités, d’émotions, et ça nous permet, et c’est peut-être la raison du succès ces dernières années, d’attirer un public plus large. On propose – à côté de nos pépites ciné –  des films d’extrême qualité, où l’émotion prime mais qui sont un petit peu, plus grand public. Le travail des bénévoles est fondamental pour qu’on ait cette palette et je crois que ça participe aussi à l’attractivité du festival. C’est important de proposer des films qui sont peut-être un peu plus complexes de prime abord et en même temps des films plus grand public pour attirer ceux qui ont peur de l’art et essai, parce que l’art et essai n’est pas dans les habitudes du quotidien et pêche par cette image « élitiste », pourtant c’est un cinéma qui donne du sens aux émotions. Mais les personnes qui ne vont pas souvent au cinéma, vu le prix de la place, vont aller vers des valeurs sûres, ils ne vont pas s’essayer à un petit film juste parce que le synopsis leur plaît. Les festivals, c’est l’occasion de le rendre accessible au plus grand nombre puisque les places sont de 4 euros à 6 euros et demi. C’est un effort dans un multiplexe. Je pense que le prix permet à des gens de se dire : « tiens, l’année dernière j’ai vu ce film-là, c’était une jolie comédie ou un beau film d’amour ». Par exemple, l’année dernière, le choix du public était entre Les Repentis et Le Bleu du Caftan. Le public, au fur et à mesure des festivals, je crois, s’est aguerri et va vers des films un petit peu plus complexes. Mais il faut qu’il passe par une porte où un film va les emporter, les toucher. C’est avant tout par l’émotion qu’on arrive à poser des sujets de société et des réflexions, parce qu’on est aussi un festival, engagé, militant, et on le revendique. On a des petites pépites, comme La mer et ses vagues, To the North, Green Border. Mais à côté, on a aussi Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, Six pieds sur terre.

DVDM : Les films que vous projetez viennent de tous les pays du monde.

PF : On est vraiment très attentifs à aller sur tous les continents. Ceux qui sont les plus chers, malheureusement, ce sont les films australiens, néo-zélandais, parce qu’ils n’ont pas de distributeurs. Et pourtant, je trouve que ce sont des films d’une beauté incroyable, avec leurs paysages, mais aussi par les sujets traités. Cette année, on n’en a pu en prendre qu’un. Mais on tient vraiment à chercher des films de Mongolie, du Kosovo, de la production africaine. Ce n’est pas si facile de trouver des films africains de qualité, il n’y a pas beaucoup d’argent, et là, on en a trois qui sont vraiment des longs métrages. Parmi eux, on projette Banel et Adama, un film d’amour et de liberté et Goodbye Julia, un film politique. C’est également pour cette raison qu’on met du temps à se décider sur notre programmation. On y travaille de septembre à décembre et il nous faut trouver aussi les distributeurs, ce n’est pas toujours évident. C’est une grosse organisation parce qu’on cherche aussi les sponsors, on fait les demandes de subventions. On écrit les textes dans les plaquettes. Et des clients. Et on organise nos soirées, parce qu’on fait aussi des soirées partenariales. On propose des ateliers gratuits d’éloquence, de calligraphie persane. On a une expo photo car on aime bien mêler les arts. Cette année, comme le directeur de la photographie, Jon Marquez, vient ; il nous a confié un cliché. On a choisi son cliché pour l’affiche. Et on a reproduit neuf de ses autres clichés pour faire une mini expo dans notre espace. On essaye d’investir tout le cinéma et on a créé un petit espace de rencontres ciné, où les gens peuvent s’asseoir sur les canapés, prendre un café, un thé et regarder cette exposition. Et c’est là où on vote et c’est super d’avoir ce hall. Depuis l’année dernière, on a mis une moquette, on met des tables, des canapés, des petites cafetières pour qu’il y ait aussi cette ambiance festival. Autrement, les cinémas, ce ne sont que des lieux de circulation. Pour cela, on a osé, parce que les salles commerciales ne peuvent pas se le permettre,  insérer dans notre programmation sept documentaires. Et là aussi, c’est un boulot phénoménal d’attirer le public concerné. Par exemple, sur Etat limite, un documentaire qui est passé sur Arte, mais qui a peu été vu, le réalisateur, Nicolas Peduzzi, sera présent : dans son documentaire, il suit un jeune psychiatre. On voit bien qu’il va droit dans le mur. Mais on voit aussi que c’est tout l’hôpital qui va au mur derrière ce personnage. Pour ce docu, on s’est adressé à la communauté médicale pour qu’ils viennent, pour qu’ils apportent leur contribution au débat. Autant des médecins de l’hôpital public que des psychiatres. Mais il nous semble que le documentaire, c’est vraiment un genre peu couru par les festivaliers. Et pourtant, c’est du cinéma. Parce qu’il y a un vrai scénario comme dans Les filles d’Olfa. Ce sont des longs-métrages, non pas de fiction, mais avec une construction narrative. Et on a aussi Little blue girl de Mona Achache, entre réalité et fiction.

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Once upon a time in Venezuela – Credit Jon Marquez

DVDM : Les salles peuvent difficilement se permettre de projeter des documentaires et à part le FID à Marseille, le Festival international du documentaire, c’est rare de voir des documentaires au cinéma.

PF : Oui, sauf dans les cinémas municipaux. Parce qu’à Miramas, Istres, Vitrolles, Martigues, ce sont des cinémas municipaux. Ils peuvent se permettre d’avoir de chouettes programmations. Mais on ne trouve pas ça dans les grands cinémas. Car ça ne rencontre pas l’économie de la salle de ciné. Le gérant doit, bien évidemment, avoir une rentabilité. Parfois, il se permet quelques petites projections de films un peu plus fragiles. Mais c’est difficile.

DVDM : Pour en revenir aux thématiques, il est question d’identité, d’appartenance, de la place du citoyen dans le monde. Ce sont donc des thématiques qui vous ont marquées et que vous continuez à mettre en avant dans les films que vous choisissez.

PF : On creuse notre sillon pour éclairer sur le monde comme il va et essayer d’être aux côtés de ces femmes et de ces hommes qui combattent pour la liberté, la justice, la sororité. Et si on peut apporter cette contribution avec le cinéma, si le cinéma peut déconstruire les préjugés, si notre festival y contribue, c’est gagné. C’est l’ADN de notre festival. Il nous semble très intéressant de regarder le monde ensemble et essayer d’y réfléchir, de se nourrir des associations comme cette année, SOS Méditerranée et Welcome Salon qui présentent Io Capitano, ou avec des films comme Green Border ou To The North. On projette Débâcle, un premier film belge assez rude, sur les violences faites aux femmes où une jeune fille n’a pas rencontré les aides pour se sortir d’un viol perpétré dans l’enfance. Apers 13, association d’aide aux victimes, et l’Enfant Bleu Paca, m’ont demandé de tenir un stand et accompagner ce film. Il y a des films qui ont besoin d’être accompagnés pour engager un débat avec le public lors de sa projection. La culture est un outil incontournable pour mieux vivre ensemble, pour mieux se comprendre, pour faire appel à notre humanité, ouvrir les yeux. D’où notre travail avec les centres sociaux, les écoles, les lycées.

DVDM : Cela permet de les sensibiliser à certaines questions assez complexes comme celles des violences faites aux femmes, le viol ou les VHSS. Et les préjugés sont très nombreux, malheureusement.

PF : Absolument. Il y a énormément de stéréotypes qui sont dans les esprits de chacun. Et les déconstruire, cela demande un certain travail. Il y a besoin d’un accompagnement par des structures plus aptes à discuter, à sensibiliser sur ces questions-là. C’est pour ça qu’on fait appel à des conférenciers spécialistes pour les premiers films ou les films asiatiques. On a un ancien professeur d’histoire qui nous remet le contexte à chaque fois quand il accompagne un film. L’année dernière, il avait accompagné les Repentis sur le problème basque.  C’est essentiel d’avoir cet éclairage pour les gens qui rentrent dans un film et pour qu’ils comprennent tout. Il y a un film bosniaque, Excursion, qui est aussi sur le harcèlement. On a cherché, à travers la jeunesse, à traiter de ces problématiques-là.

DVDM : D’autant plus que la lutte contre les inégalités, les discriminations, le harcèlement et les violences sexistes est une priorité de l’Union Européenne aujourd’hui.

PF : Oui, il y a l’Espagne, qui, sur les violences faites aux femmes, a eu de depuis des années très bons résultats avec les politiques menées par les différents gouvernements socialistes alors qu’en France, on a toujours ces mêmes chiffres aberrants mais je pense que cela vient fondamentalement de l’éducation. C’est pour cette raison qu’on espère que de nombreux lycéens et collégiens viennent voir le genre de films comme Frémont sur les réfugiés On accompagne particulièrement ces films qui traitent des problèmes de réfugiés et de frontières pour essayer de déconstruire les mauvaises images ou les fantasmes d’invasion auxquels peut être sensible basiquement un adolescent. On essaye également de passer par des films pleins d’amour ou de poésie, voire des comédies. La comédie Six pieds sur terre parle de religion, d’identité, de rapport au père, entre un père et son fils, mais sur un mode humoristique. Pour Vincent doit mourir, on reçoit Karim Leklou. Stéphan Castang, le réalisateur, a revisité le film de genre de zombie mais c’est une romance d’amour aussi, et il parle de la violence dans nos sociétés.

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Everything in between – Credits DR

DVDM : Et vous projetez aussi des films comme Césaria Évora, La diva aux pieds nus.

PF : Oui,  le deuxième vendredi, c’est toujours un documentaire musical. Et on l’accompagne généralement, soit d’un petit groupe du Portail Coucou, qui nous raconte, comme l’année dernière, la vie de David Bowie en musique. Cette année, un groupe de l’Institut musical de formation professionnelle va produire un petit intermède à 7 musiciens sur la musique de Césaria Évora. On projette ce documentaire, qui n’est pas qu’un documentaire musical, bien évidemment, car c’est un portrait de femme, et en creux, me semble-t-il, il parle des conséquences de la colonisation sur les pays africains. C’est un joli moment pour nous.

DVDM : Comment voyez-vous l’avenir du festival, son évolution ? Est-ce qu’il y aura un élargissement au niveau du territoire ou du public ?

PF : Au niveau du territoire, ça nous paraît difficile, même si on a des demandes, parce que nous ne sommes que des bénévoles. Il n’y a aucun salarié dans notre association. Après, concernant son évolution, je pense que c’est plutôt ce dont on s’est rendu compte. Généralement, quand, avant la Covid, on allait à Cannes, on pouvait grandement faire notre marché. C’est-à-dire que les films ne sortaient pas si vite, et on pouvait proposer des inédits, beaucoup d’avant-premières, etc. Mais là, les distributeurs se mènent une guerre sans nom. Et les films sortent très rapidement. L’année prochaine, ce sera les 35 ans. Comme on commence à avoir des distributeurs maintenant qui nous appellent en septembre pour nous dire, on va avoir tel film, on vous envoie les liens, etc. Peut-être, pour les 35 ans, faire un focus sur un réalisateur, une réalisatrice… J’aimerais faire un focus sur un artiste qui nous a particulièrement émus, ou dont on a passé beaucoup de films dans les précédentes programmations. Enfin, notre but, c’est aller chercher les publics empêchés. C’est à la fois l’ouverture sur des films un tout petit peu plus grand public, pour attirer les personnes qui se disent « ce n’est pas pour moi », mais aussi les éduquer en disant « Oui, c’est pour vous, parce que c’est juste de l’émotion »… Chercher les publics empêchés pour que cette culture soit accessible à tous. C’est important.

DVDM : Vous parliez des distributeurs qui maintenant distribuent les films très rapidement, il y a aussi la concurrence de Netflix, le développement de toutes les plateformes de streaming.

PF : Et notamment les prises d’habitude pendant la COVID. Les études montrent qu’il y a des tranches d’âge qui ont déserté les salles de cinéma. Pour remédier à cela, on fait de l’éducation à l’image à l’attention de ces jeunes, pour qu’ils prennent plaisir à venir dans un cinéma, et sur ces publics empêchés aussi… Après, pour ceux qui préfèrent rester sur leur canapé, c’est difficile de leur dire « mais non, il vaut mieux partager une émotion avec un inconnu dans une salle ». Pour faciliter la rencontre, on met des food trucks sur la place. On a des bancs et des tables pour que les personnes viennent s’asseoir et discuter, partager ce qu’ils pensent du cinéma. Et c’est bien l’échange le plus important. Mais la multiplication des plateformes n’aide pas. Elles ne sont pas inintéressantes : sur Netflix, il y a des films, comme Rome ou Lost Doctor, de qualité, sans parler des séries. Je suis fan de séries et je peux me régaler. Mais, je voudrais peut-être que le monde du cinéma s’interroge sur le prix des places. Cela devient vite très cher pour une famille de 4 personnes d’aller au cinéma. C’est un frein majeur.

Sachant que le prix des places n’excède par les 6 € 50, c’est le moment de découvrir une pléiade de pépites cinématographiques à Salon de Provence. Avec la diversité des genres proposés et la qualité des réalisations, chacun y trouvera son bonheur. Ne boudez pas votre plaisir. DVDM

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Chroniques de Teheran – Credits DR

Photo de Une: Dissidente – Credits DR

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Jusqu’au 14 avril 2024 se tient la 34ème édition des rencontres de cinéma de Salon de Provence présidées par Patricia Flori. Devenu l’un des rendez-vous majeurs du cinéma indépendant et de découverte, l’événement revient une nouvelle fois investir la cité salonaise à l’occasion de 10 jours de projections, débats et rencontres autour du septième art.

Cette année, le festival place la jeunesse sous le feu des projecteurs à travers une sélection de 60 films mettant en lumière la nouvelle génération de réalisateurs émergeants. Au programme, plus d’une trentaine de premiers longs-métrages seront présentés, dont 17 en avant-première nationale. Le public pourra également découvrir 7 documentaires abordant des sujets d’actualité brûlante.

Parmi les pépites à ne pas manquer, citons les films « Sweet As », « Lost Country » ou « Banel et Adama », explorant avec sensibilité les questionnements identitaires et sociétaux de la jeunesse contemporaine. 165 projections sont organisées au CinéPlanet, avec une ouverture les yeux grands ouverts sur 40 pays et territoires. En marge des projections, le festival met sur pied conférences, tables rondes et rencontres avec les réalisateurs invités, pour approfondir les thématiques abordées. Un volet est également consacré au jeune public, avec des séances scolaires et familiales.

Autre temps fort, la cérémonie de clôture récompensera les meilleurs talents découverts durant l’événement, avec la remise de 4 prix dont le très couru « Prix du Premier Film » et le « Prix des collégiens et lycéens ». Une 34ème édition placée sous le signe de la découverte et des échanges, pour faire vivre l’effervescence du cinéma sous toutes ses coutures.

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Patricia Flori ©DR

Rencontre avec la présidente des rencontres de cinéma de Salon de Provence, Patricia Flori

Diane Vandermolina : Cette année, vous proposez la 34e édition des rencontres. Vous attirez plus de 12000 spectateurs par an. Comment expliquez-vous cet engouement pour le festival ?

Patricia Flori : On a attiré 12 300 spectateurs l’année dernière, avec une vraie progression depuis 2013/2014. Avant on était à 9 000 spectateurs, et depuis on a progressé : je crois que cette progression est due à ce qu’on veut absolument que ce festival soit un festival du territoire et on tisse de nombreux liens avec les établissements scolaires, de la maternelle à l’école de l’air, mais aussi avec les associations locales pour accompagner nos films. Cela devient un rendez-vous qui irradie et nourrit vraiment le territoire, et je crois qu’on doit cette fréquentation aussi au Ciné-Planète, un multiplexe vraiment splendide de centre-ville, ce qui est une position avantageuse pour Salon et nos festivaliers, mais également parce qu’on développe des liens avec des associations sportives, sociales, culturelles des autres festivals pour venir nourrir notre propre festival.

DVDM : En effet, il y a beaucoup de festivals de cinéma dans la région PACA. Il n’est pas forcément évident de trouver un angle d’attaque qui permette d’attirer le public et cette année, vous avez choisi la thématique de la jeunesse.

PF : La jeunesse, oui. Bien sûr, c’est toujours la découverte du monde, parce qu’on jette des passerelles vers les autres peuples et on parcourt le monde, il y a toujours cet angle fort, mais on s’est dit que cette jeunesse était vraiment enthousiasmante, passionnante et engagée. Elle est souvent décriée, et pourtant, on a trouvé que regarder le monde, au travers de son prisme, c’était très fécond. On avait envie de rendre hommage à ces jeunes qui sont des promesses d’avenir. La jeunesse nous est parue cette année comme une évidence, d’autant plus qu’on fait un gros travail sur l’éducation à l’image avec les scolaires. Cette année, pour la première fois avec le CFA, on est sur un échange, ils préparent notre petite pâtisserie pour notre ouverture et les profs de français ont entraîné des classes sur ce cinéma, parce que ces jeunes, si on ne leur présente pas la salle de spectacle, le cinéma, ils y vont très peu, ils regardent tout sur leur portable, donc il y a un véritable enjeu que d’attirer ce jeune public dès la maternelle et aussi les adolescents dans les salles obscures. Ça nous a paru une évidence et ça collait bien à l’ADN de notre festival. Enfin, on a un groupe jeune qui nous aide pendant tout le festival, avec lequel on fabrique la programmation, et qui est constitué d’élèves de l’option ciné du lycée Craponne et de bénéficiaires de la mission locale.

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Once upon a time in Venezuela – Credit Jon Marquez

DVDM : Ceux sont ces  jeunes qui font partie du jury du prix des lycéens ?

PF : On doit être à 1900 lycéens et collégiens, ce sont eux qui votent, mais notre groupe jeune a la priorité s’il y a deux films avec autant de suffrages : ce sont à eux d’argumenter sur leur choix du prix des lycéens. Cette année, on a 19 jeunes qui viennent du lycée Craponne : on fait un emploi du temps avec les professeurs et, au lieu d’aller en cours, ils viennent au festival pour nous aider, accueillir les invités, tenir des permanences, voir si tout se déroule bien, aller dans les salles, et voir des films évidemment. Et puis après, ils se réunissent et ils voient entre eux quel est le film qui va être le prix des lycéens.

DVDM : La programmation est assez dense, il y a plus de 160 de projections pour 60 films.

PF : On n’arrive pas toujours à se décider mais il nous faut trouver une colonne vertébrale, un équilibre. L’intérêt de décider de la programmation à 38, même si c’est une performance, c’est qu’on a vraiment une palette de films, de sensibilités, d’émotions, et ça nous permet, et c’est peut-être la raison du succès ces dernières années, d’attirer un public plus large. On propose – à côté de nos pépites ciné –  des films d’extrême qualité, où l’émotion prime mais qui sont un petit peu, plus grand public. Le travail des bénévoles est fondamental pour qu’on ait cette palette et je crois que ça participe aussi à l’attractivité du festival. C’est important de proposer des films qui sont peut-être un peu plus complexes de prime abord et en même temps des films plus grand public pour attirer ceux qui ont peur de l’art et essai, parce que l’art et essai n’est pas dans les habitudes du quotidien et pêche par cette image « élitiste », pourtant c’est un cinéma qui donne du sens aux émotions. Mais les personnes qui ne vont pas souvent au cinéma, vu le prix de la place, vont aller vers des valeurs sûres, ils ne vont pas s’essayer à un petit film juste parce que le synopsis leur plaît. Les festivals, c’est l’occasion de le rendre accessible au plus grand nombre puisque les places sont de 4 euros à 6 euros et demi. C’est un effort dans un multiplexe. Je pense que le prix permet à des gens de se dire : « tiens, l’année dernière j’ai vu ce film-là, c’était une jolie comédie ou un beau film d’amour ». Par exemple, l’année dernière, le choix du public était entre Les Repentis et Le Bleu du Caftan. Le public, au fur et à mesure des festivals, je crois, s’est aguerri et va vers des films un petit peu plus complexes. Mais il faut qu’il passe par une porte où un film va les emporter, les toucher. C’est avant tout par l’émotion qu’on arrive à poser des sujets de société et des réflexions, parce qu’on est aussi un festival, engagé, militant, et on le revendique. On a des petites pépites, comme La mer et ses vagues, To the North, Green Border. Mais à côté, on a aussi Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, Six pieds sur terre.

DVDM : Les films que vous projetez viennent de tous les pays du monde.

PF : On est vraiment très attentifs à aller sur tous les continents. Ceux qui sont les plus chers, malheureusement, ce sont les films australiens, néo-zélandais, parce qu’ils n’ont pas de distributeurs. Et pourtant, je trouve que ce sont des films d’une beauté incroyable, avec leurs paysages, mais aussi par les sujets traités. Cette année, on n’en a pu en prendre qu’un. Mais on tient vraiment à chercher des films de Mongolie, du Kosovo, de la production africaine. Ce n’est pas si facile de trouver des films africains de qualité, il n’y a pas beaucoup d’argent, et là, on en a trois qui sont vraiment des longs métrages. Parmi eux, on projette Banel et Adama, un film d’amour et de liberté et Goodbye Julia, un film politique. C’est également pour cette raison qu’on met du temps à se décider sur notre programmation. On y travaille de septembre à décembre et il nous faut trouver aussi les distributeurs, ce n’est pas toujours évident. C’est une grosse organisation parce qu’on cherche aussi les sponsors, on fait les demandes de subventions. On écrit les textes dans les plaquettes. Et des clients. Et on organise nos soirées, parce qu’on fait aussi des soirées partenariales. On propose des ateliers gratuits d’éloquence, de calligraphie persane. On a une expo photo car on aime bien mêler les arts. Cette année, comme le directeur de la photographie, Jon Marquez, vient ; il nous a confié un cliché. On a choisi son cliché pour l’affiche. Et on a reproduit neuf de ses autres clichés pour faire une mini expo dans notre espace. On essaye d’investir tout le cinéma et on a créé un petit espace de rencontres ciné, où les gens peuvent s’asseoir sur les canapés, prendre un café, un thé et regarder cette exposition. Et c’est là où on vote et c’est super d’avoir ce hall. Depuis l’année dernière, on a mis une moquette, on met des tables, des canapés, des petites cafetières pour qu’il y ait aussi cette ambiance festival. Autrement, les cinémas, ce ne sont que des lieux de circulation. Pour cela, on a osé, parce que les salles commerciales ne peuvent pas se le permettre,  insérer dans notre programmation sept documentaires. Et là aussi, c’est un boulot phénoménal d’attirer le public concerné. Par exemple, sur Etat limite, un documentaire qui est passé sur Arte, mais qui a peu été vu, le réalisateur, Nicolas Peduzzi, sera présent : dans son documentaire, il suit un jeune psychiatre. On voit bien qu’il va droit dans le mur. Mais on voit aussi que c’est tout l’hôpital qui va au mur derrière ce personnage. Pour ce docu, on s’est adressé à la communauté médicale pour qu’ils viennent, pour qu’ils apportent leur contribution au débat. Autant des médecins de l’hôpital public que des psychiatres. Mais il nous semble que le documentaire, c’est vraiment un genre peu couru par les festivaliers. Et pourtant, c’est du cinéma. Parce qu’il y a un vrai scénario comme dans Les filles d’Olfa. Ce sont des longs-métrages, non pas de fiction, mais avec une construction narrative. Et on a aussi Little blue girl de Mona Achache, entre réalité et fiction.

[3]

Once upon a time in Venezuela – Credit Jon Marquez

DVDM : Les salles peuvent difficilement se permettre de projeter des documentaires et à part le FID à Marseille, le Festival international du documentaire, c’est rare de voir des documentaires au cinéma.

PF : Oui, sauf dans les cinémas municipaux. Parce qu’à Miramas, Istres, Vitrolles, Martigues, ce sont des cinémas municipaux. Ils peuvent se permettre d’avoir de chouettes programmations. Mais on ne trouve pas ça dans les grands cinémas. Car ça ne rencontre pas l’économie de la salle de ciné. Le gérant doit, bien évidemment, avoir une rentabilité. Parfois, il se permet quelques petites projections de films un peu plus fragiles. Mais c’est difficile.

DVDM : Pour en revenir aux thématiques, il est question d’identité, d’appartenance, de la place du citoyen dans le monde. Ce sont donc des thématiques qui vous ont marquées et que vous continuez à mettre en avant dans les films que vous choisissez.

PF : On creuse notre sillon pour éclairer sur le monde comme il va et essayer d’être aux côtés de ces femmes et de ces hommes qui combattent pour la liberté, la justice, la sororité. Et si on peut apporter cette contribution avec le cinéma, si le cinéma peut déconstruire les préjugés, si notre festival y contribue, c’est gagné. C’est l’ADN de notre festival. Il nous semble très intéressant de regarder le monde ensemble et essayer d’y réfléchir, de se nourrir des associations comme cette année, SOS Méditerranée et Welcome Salon qui présentent Io Capitano, ou avec des films comme Green Border ou To The North. On projette Débâcle, un premier film belge assez rude, sur les violences faites aux femmes où une jeune fille n’a pas rencontré les aides pour se sortir d’un viol perpétré dans l’enfance. Apers 13, association d’aide aux victimes, et l’Enfant Bleu Paca, m’ont demandé de tenir un stand et accompagner ce film. Il y a des films qui ont besoin d’être accompagnés pour engager un débat avec le public lors de sa projection. La culture est un outil incontournable pour mieux vivre ensemble, pour mieux se comprendre, pour faire appel à notre humanité, ouvrir les yeux. D’où notre travail avec les centres sociaux, les écoles, les lycées.

DVDM : Cela permet de les sensibiliser à certaines questions assez complexes comme celles des violences faites aux femmes, le viol ou les VHSS. Et les préjugés sont très nombreux, malheureusement.

PF : Absolument. Il y a énormément de stéréotypes qui sont dans les esprits de chacun. Et les déconstruire, cela demande un certain travail. Il y a besoin d’un accompagnement par des structures plus aptes à discuter, à sensibiliser sur ces questions-là. C’est pour ça qu’on fait appel à des conférenciers spécialistes pour les premiers films ou les films asiatiques. On a un ancien professeur d’histoire qui nous remet le contexte à chaque fois quand il accompagne un film. L’année dernière, il avait accompagné les Repentis sur le problème basque.  C’est essentiel d’avoir cet éclairage pour les gens qui rentrent dans un film et pour qu’ils comprennent tout. Il y a un film bosniaque, Excursion, qui est aussi sur le harcèlement. On a cherché, à travers la jeunesse, à traiter de ces problématiques-là.

DVDM : D’autant plus que la lutte contre les inégalités, les discriminations, le harcèlement et les violences sexistes est une priorité de l’Union Européenne aujourd’hui.

PF : Oui, il y a l’Espagne, qui, sur les violences faites aux femmes, a eu de depuis des années très bons résultats avec les politiques menées par les différents gouvernements socialistes alors qu’en France, on a toujours ces mêmes chiffres aberrants mais je pense que cela vient fondamentalement de l’éducation. C’est pour cette raison qu’on espère que de nombreux lycéens et collégiens viennent voir le genre de films comme Frémont sur les réfugiés On accompagne particulièrement ces films qui traitent des problèmes de réfugiés et de frontières pour essayer de déconstruire les mauvaises images ou les fantasmes d’invasion auxquels peut être sensible basiquement un adolescent. On essaye également de passer par des films pleins d’amour ou de poésie, voire des comédies. La comédie Six pieds sur terre parle de religion, d’identité, de rapport au père, entre un père et son fils, mais sur un mode humoristique. Pour Vincent doit mourir, on reçoit Karim Leklou. Stéphan Castang, le réalisateur, a revisité le film de genre de zombie mais c’est une romance d’amour aussi, et il parle de la violence dans nos sociétés.

[4]

Everything in between – Credits DR

DVDM : Et vous projetez aussi des films comme Césaria Évora, La diva aux pieds nus.

PF : Oui,  le deuxième vendredi, c’est toujours un documentaire musical. Et on l’accompagne généralement, soit d’un petit groupe du Portail Coucou, qui nous raconte, comme l’année dernière, la vie de David Bowie en musique. Cette année, un groupe de l’Institut musical de formation professionnelle va produire un petit intermède à 7 musiciens sur la musique de Césaria Évora. On projette ce documentaire, qui n’est pas qu’un documentaire musical, bien évidemment, car c’est un portrait de femme, et en creux, me semble-t-il, il parle des conséquences de la colonisation sur les pays africains. C’est un joli moment pour nous.

DVDM : Comment voyez-vous l’avenir du festival, son évolution ? Est-ce qu’il y aura un élargissement au niveau du territoire ou du public ?

PF : Au niveau du territoire, ça nous paraît difficile, même si on a des demandes, parce que nous ne sommes que des bénévoles. Il n’y a aucun salarié dans notre association. Après, concernant son évolution, je pense que c’est plutôt ce dont on s’est rendu compte. Généralement, quand, avant la Covid, on allait à Cannes, on pouvait grandement faire notre marché. C’est-à-dire que les films ne sortaient pas si vite, et on pouvait proposer des inédits, beaucoup d’avant-premières, etc. Mais là, les distributeurs se mènent une guerre sans nom. Et les films sortent très rapidement. L’année prochaine, ce sera les 35 ans. Comme on commence à avoir des distributeurs maintenant qui nous appellent en septembre pour nous dire, on va avoir tel film, on vous envoie les liens, etc. Peut-être, pour les 35 ans, faire un focus sur un réalisateur, une réalisatrice… J’aimerais faire un focus sur un artiste qui nous a particulièrement émus, ou dont on a passé beaucoup de films dans les précédentes programmations. Enfin, notre but, c’est aller chercher les publics empêchés. C’est à la fois l’ouverture sur des films un tout petit peu plus grand public, pour attirer les personnes qui se disent « ce n’est pas pour moi », mais aussi les éduquer en disant « Oui, c’est pour vous, parce que c’est juste de l’émotion »… Chercher les publics empêchés pour que cette culture soit accessible à tous. C’est important.

DVDM : Vous parliez des distributeurs qui maintenant distribuent les films très rapidement, il y a aussi la concurrence de Netflix, le développement de toutes les plateformes de streaming.

PF : Et notamment les prises d’habitude pendant la COVID. Les études montrent qu’il y a des tranches d’âge qui ont déserté les salles de cinéma. Pour remédier à cela, on fait de l’éducation à l’image à l’attention de ces jeunes, pour qu’ils prennent plaisir à venir dans un cinéma, et sur ces publics empêchés aussi… Après, pour ceux qui préfèrent rester sur leur canapé, c’est difficile de leur dire « mais non, il vaut mieux partager une émotion avec un inconnu dans une salle ». Pour faciliter la rencontre, on met des food trucks sur la place. On a des bancs et des tables pour que les personnes viennent s’asseoir et discuter, partager ce qu’ils pensent du cinéma. Et c’est bien l’échange le plus important. Mais la multiplication des plateformes n’aide pas. Elles ne sont pas inintéressantes : sur Netflix, il y a des films, comme Rome ou Lost Doctor, de qualité, sans parler des séries. Je suis fan de séries et je peux me régaler. Mais, je voudrais peut-être que le monde du cinéma s’interroge sur le prix des places. Cela devient vite très cher pour une famille de 4 personnes d’aller au cinéma. C’est un frein majeur.

Sachant que le prix des places n’excède par les 6 € 50, c’est le moment de découvrir une pléiade de pépites cinématographiques à Salon de Provence. Avec la diversité des genres proposés et la qualité des réalisations, chacun y trouvera son bonheur. Ne boudez pas votre plaisir. DVDM

[5]

Chroniques de Teheran – Credits DR

Photo de Une: Dissidente – Credits DR

Tout le programme https://www.rencontres-cinesalon.org/ [6]

Ou en cliquant sur ce lien  Programmation Rencontres Cinématographiques de Salon-de-Provence 2024 [7]

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Jusqu’au 14 avril 2024 se tient la 34ème édition des rencontres de cinéma de Salon de Provence présidées par Patricia Flori. Devenu l’un des rendez-vous majeurs du cinéma indépendant et de découverte, l’événement revient une nouvelle fois investir la cité salonaise à l’occasion de 10 jours de projections, débats et rencontres autour du septième art.

Cette année, le festival place la jeunesse sous le feu des projecteurs à travers une sélection de 60 films mettant en lumière la nouvelle génération de réalisateurs émergeants. Au programme, plus d’une trentaine de premiers longs-métrages seront présentés, dont 17 en avant-première nationale. Le public pourra également découvrir 7 documentaires abordant des sujets d’actualité brûlante.

Parmi les pépites à ne pas manquer, citons les films « Sweet As », « Lost Country » ou « Banel et Adama », explorant avec sensibilité les questionnements identitaires et sociétaux de la jeunesse contemporaine. 165 projections sont organisées au CinéPlanet, avec une ouverture les yeux grands ouverts sur 40 pays et territoires. En marge des projections, le festival met sur pied conférences, tables rondes et rencontres avec les réalisateurs invités, pour approfondir les thématiques abordées. Un volet est également consacré au jeune public, avec des séances scolaires et familiales.

Autre temps fort, la cérémonie de clôture récompensera les meilleurs talents découverts durant l’événement, avec la remise de 4 prix dont le très couru « Prix du Premier Film » et le « Prix des collégiens et lycéens ». Une 34ème édition placée sous le signe de la découverte et des échanges, pour faire vivre l’effervescence du cinéma sous toutes ses coutures.

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Patricia Flori ©DR

Rencontre avec la présidente des rencontres de cinéma de Salon de Provence, Patricia Flori

Diane Vandermolina : Cette année, vous proposez la 34e édition des rencontres. Vous attirez plus de 12000 spectateurs par an. Comment expliquez-vous cet engouement pour le festival ?

Patricia Flori : On a attiré 12 300 spectateurs l’année dernière, avec une vraie progression depuis 2013/2014. Avant on était à 9 000 spectateurs, et depuis on a progressé : je crois que cette progression est due à ce qu’on veut absolument que ce festival soit un festival du territoire et on tisse de nombreux liens avec les établissements scolaires, de la maternelle à l’école de l’air, mais aussi avec les associations locales pour accompagner nos films. Cela devient un rendez-vous qui irradie et nourrit vraiment le territoire, et je crois qu’on doit cette fréquentation aussi au Ciné-Planète, un multiplexe vraiment splendide de centre-ville, ce qui est une position avantageuse pour Salon et nos festivaliers, mais également parce qu’on développe des liens avec des associations sportives, sociales, culturelles des autres festivals pour venir nourrir notre propre festival.

DVDM : En effet, il y a beaucoup de festivals de cinéma dans la région PACA. Il n’est pas forcément évident de trouver un angle d’attaque qui permette d’attirer le public et cette année, vous avez choisi la thématique de la jeunesse.

PF : La jeunesse, oui. Bien sûr, c’est toujours la découverte du monde, parce qu’on jette des passerelles vers les autres peuples et on parcourt le monde, il y a toujours cet angle fort, mais on s’est dit que cette jeunesse était vraiment enthousiasmante, passionnante et engagée. Elle est souvent décriée, et pourtant, on a trouvé que regarder le monde, au travers de son prisme, c’était très fécond. On avait envie de rendre hommage à ces jeunes qui sont des promesses d’avenir. La jeunesse nous est parue cette année comme une évidence, d’autant plus qu’on fait un gros travail sur l’éducation à l’image avec les scolaires. Cette année, pour la première fois avec le CFA, on est sur un échange, ils préparent notre petite pâtisserie pour notre ouverture et les profs de français ont entraîné des classes sur ce cinéma, parce que ces jeunes, si on ne leur présente pas la salle de spectacle, le cinéma, ils y vont très peu, ils regardent tout sur leur portable, donc il y a un véritable enjeu que d’attirer ce jeune public dès la maternelle et aussi les adolescents dans les salles obscures. Ça nous a paru une évidence et ça collait bien à l’ADN de notre festival. Enfin, on a un groupe jeune qui nous aide pendant tout le festival, avec lequel on fabrique la programmation, et qui est constitué d’élèves de l’option ciné du lycée Craponne et de bénéficiaires de la mission locale.

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Once upon a time in Venezuela – Credit Jon Marquez

DVDM : Ceux sont ces  jeunes qui font partie du jury du prix des lycéens ?

PF : On doit être à 1900 lycéens et collégiens, ce sont eux qui votent, mais notre groupe jeune a la priorité s’il y a deux films avec autant de suffrages : ce sont à eux d’argumenter sur leur choix du prix des lycéens. Cette année, on a 19 jeunes qui viennent du lycée Craponne : on fait un emploi du temps avec les professeurs et, au lieu d’aller en cours, ils viennent au festival pour nous aider, accueillir les invités, tenir des permanences, voir si tout se déroule bien, aller dans les salles, et voir des films évidemment. Et puis après, ils se réunissent et ils voient entre eux quel est le film qui va être le prix des lycéens.

DVDM : La programmation est assez dense, il y a plus de 160 de projections pour 60 films.

PF : On n’arrive pas toujours à se décider mais il nous faut trouver une colonne vertébrale, un équilibre. L’intérêt de décider de la programmation à 38, même si c’est une performance, c’est qu’on a vraiment une palette de films, de sensibilités, d’émotions, et ça nous permet, et c’est peut-être la raison du succès ces dernières années, d’attirer un public plus large. On propose – à côté de nos pépites ciné –  des films d’extrême qualité, où l’émotion prime mais qui sont un petit peu, plus grand public. Le travail des bénévoles est fondamental pour qu’on ait cette palette et je crois que ça participe aussi à l’attractivité du festival. C’est important de proposer des films qui sont peut-être un peu plus complexes de prime abord et en même temps des films plus grand public pour attirer ceux qui ont peur de l’art et essai, parce que l’art et essai n’est pas dans les habitudes du quotidien et pêche par cette image « élitiste », pourtant c’est un cinéma qui donne du sens aux émotions. Mais les personnes qui ne vont pas souvent au cinéma, vu le prix de la place, vont aller vers des valeurs sûres, ils ne vont pas s’essayer à un petit film juste parce que le synopsis leur plaît. Les festivals, c’est l’occasion de le rendre accessible au plus grand nombre puisque les places sont de 4 euros à 6 euros et demi. C’est un effort dans un multiplexe. Je pense que le prix permet à des gens de se dire : « tiens, l’année dernière j’ai vu ce film-là, c’était une jolie comédie ou un beau film d’amour ». Par exemple, l’année dernière, le choix du public était entre Les Repentis et Le Bleu du Caftan. Le public, au fur et à mesure des festivals, je crois, s’est aguerri et va vers des films un petit peu plus complexes. Mais il faut qu’il passe par une porte où un film va les emporter, les toucher. C’est avant tout par l’émotion qu’on arrive à poser des sujets de société et des réflexions, parce qu’on est aussi un festival, engagé, militant, et on le revendique. On a des petites pépites, comme La mer et ses vagues, To the North, Green Border. Mais à côté, on a aussi Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, Six pieds sur terre.

DVDM : Les films que vous projetez viennent de tous les pays du monde.

PF : On est vraiment très attentifs à aller sur tous les continents. Ceux qui sont les plus chers, malheureusement, ce sont les films australiens, néo-zélandais, parce qu’ils n’ont pas de distributeurs. Et pourtant, je trouve que ce sont des films d’une beauté incroyable, avec leurs paysages, mais aussi par les sujets traités. Cette année, on n’en a pu en prendre qu’un. Mais on tient vraiment à chercher des films de Mongolie, du Kosovo, de la production africaine. Ce n’est pas si facile de trouver des films africains de qualité, il n’y a pas beaucoup d’argent, et là, on en a trois qui sont vraiment des longs métrages. Parmi eux, on projette Banel et Adama, un film d’amour et de liberté et Goodbye Julia, un film politique. C’est également pour cette raison qu’on met du temps à se décider sur notre programmation. On y travaille de septembre à décembre et il nous faut trouver aussi les distributeurs, ce n’est pas toujours évident. C’est une grosse organisation parce qu’on cherche aussi les sponsors, on fait les demandes de subventions. On écrit les textes dans les plaquettes. Et des clients. Et on organise nos soirées, parce qu’on fait aussi des soirées partenariales. On propose des ateliers gratuits d’éloquence, de calligraphie persane. On a une expo photo car on aime bien mêler les arts. Cette année, comme le directeur de la photographie, Jon Marquez, vient ; il nous a confié un cliché. On a choisi son cliché pour l’affiche. Et on a reproduit neuf de ses autres clichés pour faire une mini expo dans notre espace. On essaye d’investir tout le cinéma et on a créé un petit espace de rencontres ciné, où les gens peuvent s’asseoir sur les canapés, prendre un café, un thé et regarder cette exposition. Et c’est là où on vote et c’est super d’avoir ce hall. Depuis l’année dernière, on a mis une moquette, on met des tables, des canapés, des petites cafetières pour qu’il y ait aussi cette ambiance festival. Autrement, les cinémas, ce ne sont que des lieux de circulation. Pour cela, on a osé, parce que les salles commerciales ne peuvent pas se le permettre,  insérer dans notre programmation sept documentaires. Et là aussi, c’est un boulot phénoménal d’attirer le public concerné. Par exemple, sur Etat limite, un documentaire qui est passé sur Arte, mais qui a peu été vu, le réalisateur, Nicolas Peduzzi, sera présent : dans son documentaire, il suit un jeune psychiatre. On voit bien qu’il va droit dans le mur. Mais on voit aussi que c’est tout l’hôpital qui va au mur derrière ce personnage. Pour ce docu, on s’est adressé à la communauté médicale pour qu’ils viennent, pour qu’ils apportent leur contribution au débat. Autant des médecins de l’hôpital public que des psychiatres. Mais il nous semble que le documentaire, c’est vraiment un genre peu couru par les festivaliers. Et pourtant, c’est du cinéma. Parce qu’il y a un vrai scénario comme dans Les filles d’Olfa. Ce sont des longs-métrages, non pas de fiction, mais avec une construction narrative. Et on a aussi Little blue girl de Mona Achache, entre réalité et fiction.

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Once upon a time in Venezuela – Credit Jon Marquez

DVDM : Les salles peuvent difficilement se permettre de projeter des documentaires et à part le FID à Marseille, le Festival international du documentaire, c’est rare de voir des documentaires au cinéma.

PF : Oui, sauf dans les cinémas municipaux. Parce qu’à Miramas, Istres, Vitrolles, Martigues, ce sont des cinémas municipaux. Ils peuvent se permettre d’avoir de chouettes programmations. Mais on ne trouve pas ça dans les grands cinémas. Car ça ne rencontre pas l’économie de la salle de ciné. Le gérant doit, bien évidemment, avoir une rentabilité. Parfois, il se permet quelques petites projections de films un peu plus fragiles. Mais c’est difficile.

DVDM : Pour en revenir aux thématiques, il est question d’identité, d’appartenance, de la place du citoyen dans le monde. Ce sont donc des thématiques qui vous ont marquées et que vous continuez à mettre en avant dans les films que vous choisissez.

PF : On creuse notre sillon pour éclairer sur le monde comme il va et essayer d’être aux côtés de ces femmes et de ces hommes qui combattent pour la liberté, la justice, la sororité. Et si on peut apporter cette contribution avec le cinéma, si le cinéma peut déconstruire les préjugés, si notre festival y contribue, c’est gagné. C’est l’ADN de notre festival. Il nous semble très intéressant de regarder le monde ensemble et essayer d’y réfléchir, de se nourrir des associations comme cette année, SOS Méditerranée et Welcome Salon qui présentent Io Capitano, ou avec des films comme Green Border ou To The North. On projette Débâcle, un premier film belge assez rude, sur les violences faites aux femmes où une jeune fille n’a pas rencontré les aides pour se sortir d’un viol perpétré dans l’enfance. Apers 13, association d’aide aux victimes, et l’Enfant Bleu Paca, m’ont demandé de tenir un stand et accompagner ce film. Il y a des films qui ont besoin d’être accompagnés pour engager un débat avec le public lors de sa projection. La culture est un outil incontournable pour mieux vivre ensemble, pour mieux se comprendre, pour faire appel à notre humanité, ouvrir les yeux. D’où notre travail avec les centres sociaux, les écoles, les lycées.

DVDM : Cela permet de les sensibiliser à certaines questions assez complexes comme celles des violences faites aux femmes, le viol ou les VHSS. Et les préjugés sont très nombreux, malheureusement.

PF : Absolument. Il y a énormément de stéréotypes qui sont dans les esprits de chacun. Et les déconstruire, cela demande un certain travail. Il y a besoin d’un accompagnement par des structures plus aptes à discuter, à sensibiliser sur ces questions-là. C’est pour ça qu’on fait appel à des conférenciers spécialistes pour les premiers films ou les films asiatiques. On a un ancien professeur d’histoire qui nous remet le contexte à chaque fois quand il accompagne un film. L’année dernière, il avait accompagné les Repentis sur le problème basque.  C’est essentiel d’avoir cet éclairage pour les gens qui rentrent dans un film et pour qu’ils comprennent tout. Il y a un film bosniaque, Excursion, qui est aussi sur le harcèlement. On a cherché, à travers la jeunesse, à traiter de ces problématiques-là.

DVDM : D’autant plus que la lutte contre les inégalités, les discriminations, le harcèlement et les violences sexistes est une priorité de l’Union Européenne aujourd’hui.

PF : Oui, il y a l’Espagne, qui, sur les violences faites aux femmes, a eu de depuis des années très bons résultats avec les politiques menées par les différents gouvernements socialistes alors qu’en France, on a toujours ces mêmes chiffres aberrants mais je pense que cela vient fondamentalement de l’éducation. C’est pour cette raison qu’on espère que de nombreux lycéens et collégiens viennent voir le genre de films comme Frémont sur les réfugiés On accompagne particulièrement ces films qui traitent des problèmes de réfugiés et de frontières pour essayer de déconstruire les mauvaises images ou les fantasmes d’invasion auxquels peut être sensible basiquement un adolescent. On essaye également de passer par des films pleins d’amour ou de poésie, voire des comédies. La comédie Six pieds sur terre parle de religion, d’identité, de rapport au père, entre un père et son fils, mais sur un mode humoristique. Pour Vincent doit mourir, on reçoit Karim Leklou. Stéphan Castang, le réalisateur, a revisité le film de genre de zombie mais c’est une romance d’amour aussi, et il parle de la violence dans nos sociétés.

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Everything in between – Credits DR

DVDM : Et vous projetez aussi des films comme Césaria Évora, La diva aux pieds nus.

PF : Oui,  le deuxième vendredi, c’est toujours un documentaire musical. Et on l’accompagne généralement, soit d’un petit groupe du Portail Coucou, qui nous raconte, comme l’année dernière, la vie de David Bowie en musique. Cette année, un groupe de l’Institut musical de formation professionnelle va produire un petit intermède à 7 musiciens sur la musique de Césaria Évora. On projette ce documentaire, qui n’est pas qu’un documentaire musical, bien évidemment, car c’est un portrait de femme, et en creux, me semble-t-il, il parle des conséquences de la colonisation sur les pays africains. C’est un joli moment pour nous.

DVDM : Comment voyez-vous l’avenir du festival, son évolution ? Est-ce qu’il y aura un élargissement au niveau du territoire ou du public ?

PF : Au niveau du territoire, ça nous paraît difficile, même si on a des demandes, parce que nous ne sommes que des bénévoles. Il n’y a aucun salarié dans notre association. Après, concernant son évolution, je pense que c’est plutôt ce dont on s’est rendu compte. Généralement, quand, avant la Covid, on allait à Cannes, on pouvait grandement faire notre marché. C’est-à-dire que les films ne sortaient pas si vite, et on pouvait proposer des inédits, beaucoup d’avant-premières, etc. Mais là, les distributeurs se mènent une guerre sans nom. Et les films sortent très rapidement. L’année prochaine, ce sera les 35 ans. Comme on commence à avoir des distributeurs maintenant qui nous appellent en septembre pour nous dire, on va avoir tel film, on vous envoie les liens, etc. Peut-être, pour les 35 ans, faire un focus sur un réalisateur, une réalisatrice… J’aimerais faire un focus sur un artiste qui nous a particulièrement émus, ou dont on a passé beaucoup de films dans les précédentes programmations. Enfin, notre but, c’est aller chercher les publics empêchés. C’est à la fois l’ouverture sur des films un tout petit peu plus grand public, pour attirer les personnes qui se disent « ce n’est pas pour moi », mais aussi les éduquer en disant « Oui, c’est pour vous, parce que c’est juste de l’émotion »… Chercher les publics empêchés pour que cette culture soit accessible à tous. C’est important.

DVDM : Vous parliez des distributeurs qui maintenant distribuent les films très rapidement, il y a aussi la concurrence de Netflix, le développement de toutes les plateformes de streaming.

PF : Et notamment les prises d’habitude pendant la COVID. Les études montrent qu’il y a des tranches d’âge qui ont déserté les salles de cinéma. Pour remédier à cela, on fait de l’éducation à l’image à l’attention de ces jeunes, pour qu’ils prennent plaisir à venir dans un cinéma, et sur ces publics empêchés aussi… Après, pour ceux qui préfèrent rester sur leur canapé, c’est difficile de leur dire « mais non, il vaut mieux partager une émotion avec un inconnu dans une salle ». Pour faciliter la rencontre, on met des food trucks sur la place. On a des bancs et des tables pour que les personnes viennent s’asseoir et discuter, partager ce qu’ils pensent du cinéma. Et c’est bien l’échange le plus important. Mais la multiplication des plateformes n’aide pas. Elles ne sont pas inintéressantes : sur Netflix, il y a des films, comme Rome ou Lost Doctor, de qualité, sans parler des séries. Je suis fan de séries et je peux me régaler. Mais, je voudrais peut-être que le monde du cinéma s’interroge sur le prix des places. Cela devient vite très cher pour une famille de 4 personnes d’aller au cinéma. C’est un frein majeur.

Sachant que le prix des places n’excède par les 6 € 50, c’est le moment de découvrir une pléiade de pépites cinématographiques à Salon de Provence. Avec la diversité des genres proposés et la qualité des réalisations, chacun y trouvera son bonheur. Ne boudez pas votre plaisir. DVDM

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Chroniques de Teheran – Credits DR

Photo de Une: Dissidente – Credits DR

Tout le programme https://www.rencontres-cinesalon.org/ [6]

Ou en cliquant sur ce lien  Programmation Rencontres Cinématographiques de Salon-de-Provence 2024 [7]

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Jusqu’au 14 avril 2024 se tient la 34ème édition des rencontres de cinéma de Salon de Provence présidées par Patricia Flori. Devenu l’un des rendez-vous majeurs du cinéma indépendant et de découverte, l’événement revient une nouvelle fois investir la cité salonaise à l’occasion de 10 jours de projections, débats et rencontres autour du septième art.

Cette année, le festival place la jeunesse sous le feu des projecteurs à travers une sélection de 60 films mettant en lumière la nouvelle génération de réalisateurs émergeants. Au programme, plus d’une trentaine de premiers longs-métrages seront présentés, dont 17 en avant-première nationale. Le public pourra également découvrir 7 documentaires abordant des sujets d’actualité brûlante.

Parmi les pépites à ne pas manquer, citons les films « Sweet As », « Lost Country » ou « Banel et Adama », explorant avec sensibilité les questionnements identitaires et sociétaux de la jeunesse contemporaine. 165 projections sont organisées au CinéPlanet, avec une ouverture les yeux grands ouverts sur 40 pays et territoires. En marge des projections, le festival met sur pied conférences, tables rondes et rencontres avec les réalisateurs invités, pour approfondir les thématiques abordées. Un volet est également consacré au jeune public, avec des séances scolaires et familiales.

Autre temps fort, la cérémonie de clôture récompensera les meilleurs talents découverts durant l’événement, avec la remise de 4 prix dont le très couru « Prix du Premier Film » et le « Prix des collégiens et lycéens ». Une 34ème édition placée sous le signe de la découverte et des échanges, pour faire vivre l’effervescence du cinéma sous toutes ses coutures.

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Patricia Flori ©DR

Rencontre avec la présidente des rencontres de cinéma de Salon de Provence, Patricia Flori

Diane Vandermolina : Cette année, vous proposez la 34e édition des rencontres. Vous attirez plus de 12000 spectateurs par an. Comment expliquez-vous cet engouement pour le festival ?

Patricia Flori : On a attiré 12 300 spectateurs l’année dernière, avec une vraie progression depuis 2013/2014. Avant on était à 9 000 spectateurs, et depuis on a progressé : je crois que cette progression est due à ce qu’on veut absolument que ce festival soit un festival du territoire et on tisse de nombreux liens avec les établissements scolaires, de la maternelle à l’école de l’air, mais aussi avec les associations locales pour accompagner nos films. Cela devient un rendez-vous qui irradie et nourrit vraiment le territoire, et je crois qu’on doit cette fréquentation aussi au Ciné-Planète, un multiplexe vraiment splendide de centre-ville, ce qui est une position avantageuse pour Salon et nos festivaliers, mais également parce qu’on développe des liens avec des associations sportives, sociales, culturelles des autres festivals pour venir nourrir notre propre festival.

DVDM : En effet, il y a beaucoup de festivals de cinéma dans la région PACA. Il n’est pas forcément évident de trouver un angle d’attaque qui permette d’attirer le public et cette année, vous avez choisi la thématique de la jeunesse.

PF : La jeunesse, oui. Bien sûr, c’est toujours la découverte du monde, parce qu’on jette des passerelles vers les autres peuples et on parcourt le monde, il y a toujours cet angle fort, mais on s’est dit que cette jeunesse était vraiment enthousiasmante, passionnante et engagée. Elle est souvent décriée, et pourtant, on a trouvé que regarder le monde, au travers de son prisme, c’était très fécond. On avait envie de rendre hommage à ces jeunes qui sont des promesses d’avenir. La jeunesse nous est parue cette année comme une évidence, d’autant plus qu’on fait un gros travail sur l’éducation à l’image avec les scolaires. Cette année, pour la première fois avec le CFA, on est sur un échange, ils préparent notre petite pâtisserie pour notre ouverture et les profs de français ont entraîné des classes sur ce cinéma, parce que ces jeunes, si on ne leur présente pas la salle de spectacle, le cinéma, ils y vont très peu, ils regardent tout sur leur portable, donc il y a un véritable enjeu que d’attirer ce jeune public dès la maternelle et aussi les adolescents dans les salles obscures. Ça nous a paru une évidence et ça collait bien à l’ADN de notre festival. Enfin, on a un groupe jeune qui nous aide pendant tout le festival, avec lequel on fabrique la programmation, et qui est constitué d’élèves de l’option ciné du lycée Craponne et de bénéficiaires de la mission locale.

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Once upon a time in Venezuela – Credit Jon Marquez

DVDM : Ceux sont ces  jeunes qui font partie du jury du prix des lycéens ?

PF : On doit être à 1900 lycéens et collégiens, ce sont eux qui votent, mais notre groupe jeune a la priorité s’il y a deux films avec autant de suffrages : ce sont à eux d’argumenter sur leur choix du prix des lycéens. Cette année, on a 19 jeunes qui viennent du lycée Craponne : on fait un emploi du temps avec les professeurs et, au lieu d’aller en cours, ils viennent au festival pour nous aider, accueillir les invités, tenir des permanences, voir si tout se déroule bien, aller dans les salles, et voir des films évidemment. Et puis après, ils se réunissent et ils voient entre eux quel est le film qui va être le prix des lycéens.

DVDM : La programmation est assez dense, il y a plus de 160 de projections pour 60 films.

PF : On n’arrive pas toujours à se décider mais il nous faut trouver une colonne vertébrale, un équilibre. L’intérêt de décider de la programmation à 38, même si c’est une performance, c’est qu’on a vraiment une palette de films, de sensibilités, d’émotions, et ça nous permet, et c’est peut-être la raison du succès ces dernières années, d’attirer un public plus large. On propose – à côté de nos pépites ciné –  des films d’extrême qualité, où l’émotion prime mais qui sont un petit peu, plus grand public. Le travail des bénévoles est fondamental pour qu’on ait cette palette et je crois que ça participe aussi à l’attractivité du festival. C’est important de proposer des films qui sont peut-être un peu plus complexes de prime abord et en même temps des films plus grand public pour attirer ceux qui ont peur de l’art et essai, parce que l’art et essai n’est pas dans les habitudes du quotidien et pêche par cette image « élitiste », pourtant c’est un cinéma qui donne du sens aux émotions. Mais les personnes qui ne vont pas souvent au cinéma, vu le prix de la place, vont aller vers des valeurs sûres, ils ne vont pas s’essayer à un petit film juste parce que le synopsis leur plaît. Les festivals, c’est l’occasion de le rendre accessible au plus grand nombre puisque les places sont de 4 euros à 6 euros et demi. C’est un effort dans un multiplexe. Je pense que le prix permet à des gens de se dire : « tiens, l’année dernière j’ai vu ce film-là, c’était une jolie comédie ou un beau film d’amour ». Par exemple, l’année dernière, le choix du public était entre Les Repentis et Le Bleu du Caftan. Le public, au fur et à mesure des festivals, je crois, s’est aguerri et va vers des films un petit peu plus complexes. Mais il faut qu’il passe par une porte où un film va les emporter, les toucher. C’est avant tout par l’émotion qu’on arrive à poser des sujets de société et des réflexions, parce qu’on est aussi un festival, engagé, militant, et on le revendique. On a des petites pépites, comme La mer et ses vagues, To the North, Green Border. Mais à côté, on a aussi Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, Six pieds sur terre.

DVDM : Les films que vous projetez viennent de tous les pays du monde.

PF : On est vraiment très attentifs à aller sur tous les continents. Ceux qui sont les plus chers, malheureusement, ce sont les films australiens, néo-zélandais, parce qu’ils n’ont pas de distributeurs. Et pourtant, je trouve que ce sont des films d’une beauté incroyable, avec leurs paysages, mais aussi par les sujets traités. Cette année, on n’en a pu en prendre qu’un. Mais on tient vraiment à chercher des films de Mongolie, du Kosovo, de la production africaine. Ce n’est pas si facile de trouver des films africains de qualité, il n’y a pas beaucoup d’argent, et là, on en a trois qui sont vraiment des longs métrages. Parmi eux, on projette Banel et Adama, un film d’amour et de liberté et Goodbye Julia, un film politique. C’est également pour cette raison qu’on met du temps à se décider sur notre programmation. On y travaille de septembre à décembre et il nous faut trouver aussi les distributeurs, ce n’est pas toujours évident. C’est une grosse organisation parce qu’on cherche aussi les sponsors, on fait les demandes de subventions. On écrit les textes dans les plaquettes. Et des clients. Et on organise nos soirées, parce qu’on fait aussi des soirées partenariales. On propose des ateliers gratuits d’éloquence, de calligraphie persane. On a une expo photo car on aime bien mêler les arts. Cette année, comme le directeur de la photographie, Jon Marquez, vient ; il nous a confié un cliché. On a choisi son cliché pour l’affiche. Et on a reproduit neuf de ses autres clichés pour faire une mini expo dans notre espace. On essaye d’investir tout le cinéma et on a créé un petit espace de rencontres ciné, où les gens peuvent s’asseoir sur les canapés, prendre un café, un thé et regarder cette exposition. Et c’est là où on vote et c’est super d’avoir ce hall. Depuis l’année dernière, on a mis une moquette, on met des tables, des canapés, des petites cafetières pour qu’il y ait aussi cette ambiance festival. Autrement, les cinémas, ce ne sont que des lieux de circulation. Pour cela, on a osé, parce que les salles commerciales ne peuvent pas se le permettre,  insérer dans notre programmation sept documentaires. Et là aussi, c’est un boulot phénoménal d’attirer le public concerné. Par exemple, sur Etat limite, un documentaire qui est passé sur Arte, mais qui a peu été vu, le réalisateur, Nicolas Peduzzi, sera présent : dans son documentaire, il suit un jeune psychiatre. On voit bien qu’il va droit dans le mur. Mais on voit aussi que c’est tout l’hôpital qui va au mur derrière ce personnage. Pour ce docu, on s’est adressé à la communauté médicale pour qu’ils viennent, pour qu’ils apportent leur contribution au débat. Autant des médecins de l’hôpital public que des psychiatres. Mais il nous semble que le documentaire, c’est vraiment un genre peu couru par les festivaliers. Et pourtant, c’est du cinéma. Parce qu’il y a un vrai scénario comme dans Les filles d’Olfa. Ce sont des longs-métrages, non pas de fiction, mais avec une construction narrative. Et on a aussi Little blue girl de Mona Achache, entre réalité et fiction.

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Once upon a time in Venezuela – Credit Jon Marquez

DVDM : Les salles peuvent difficilement se permettre de projeter des documentaires et à part le FID à Marseille, le Festival international du documentaire, c’est rare de voir des documentaires au cinéma.

PF : Oui, sauf dans les cinémas municipaux. Parce qu’à Miramas, Istres, Vitrolles, Martigues, ce sont des cinémas municipaux. Ils peuvent se permettre d’avoir de chouettes programmations. Mais on ne trouve pas ça dans les grands cinémas. Car ça ne rencontre pas l’économie de la salle de ciné. Le gérant doit, bien évidemment, avoir une rentabilité. Parfois, il se permet quelques petites projections de films un peu plus fragiles. Mais c’est difficile.

DVDM : Pour en revenir aux thématiques, il est question d’identité, d’appartenance, de la place du citoyen dans le monde. Ce sont donc des thématiques qui vous ont marquées et que vous continuez à mettre en avant dans les films que vous choisissez.

PF : On creuse notre sillon pour éclairer sur le monde comme il va et essayer d’être aux côtés de ces femmes et de ces hommes qui combattent pour la liberté, la justice, la sororité. Et si on peut apporter cette contribution avec le cinéma, si le cinéma peut déconstruire les préjugés, si notre festival y contribue, c’est gagné. C’est l’ADN de notre festival. Il nous semble très intéressant de regarder le monde ensemble et essayer d’y réfléchir, de se nourrir des associations comme cette année, SOS Méditerranée et Welcome Salon qui présentent Io Capitano, ou avec des films comme Green Border ou To The North. On projette Débâcle, un premier film belge assez rude, sur les violences faites aux femmes où une jeune fille n’a pas rencontré les aides pour se sortir d’un viol perpétré dans l’enfance. Apers 13, association d’aide aux victimes, et l’Enfant Bleu Paca, m’ont demandé de tenir un stand et accompagner ce film. Il y a des films qui ont besoin d’être accompagnés pour engager un débat avec le public lors de sa projection. La culture est un outil incontournable pour mieux vivre ensemble, pour mieux se comprendre, pour faire appel à notre humanité, ouvrir les yeux. D’où notre travail avec les centres sociaux, les écoles, les lycées.

DVDM : Cela permet de les sensibiliser à certaines questions assez complexes comme celles des violences faites aux femmes, le viol ou les VHSS. Et les préjugés sont très nombreux, malheureusement.

PF : Absolument. Il y a énormément de stéréotypes qui sont dans les esprits de chacun. Et les déconstruire, cela demande un certain travail. Il y a besoin d’un accompagnement par des structures plus aptes à discuter, à sensibiliser sur ces questions-là. C’est pour ça qu’on fait appel à des conférenciers spécialistes pour les premiers films ou les films asiatiques. On a un ancien professeur d’histoire qui nous remet le contexte à chaque fois quand il accompagne un film. L’année dernière, il avait accompagné les Repentis sur le problème basque.  C’est essentiel d’avoir cet éclairage pour les gens qui rentrent dans un film et pour qu’ils comprennent tout. Il y a un film bosniaque, Excursion, qui est aussi sur le harcèlement. On a cherché, à travers la jeunesse, à traiter de ces problématiques-là.

DVDM : D’autant plus que la lutte contre les inégalités, les discriminations, le harcèlement et les violences sexistes est une priorité de l’Union Européenne aujourd’hui.

PF : Oui, il y a l’Espagne, qui, sur les violences faites aux femmes, a eu de depuis des années très bons résultats avec les politiques menées par les différents gouvernements socialistes alors qu’en France, on a toujours ces mêmes chiffres aberrants mais je pense que cela vient fondamentalement de l’éducation. C’est pour cette raison qu’on espère que de nombreux lycéens et collégiens viennent voir le genre de films comme Frémont sur les réfugiés On accompagne particulièrement ces films qui traitent des problèmes de réfugiés et de frontières pour essayer de déconstruire les mauvaises images ou les fantasmes d’invasion auxquels peut être sensible basiquement un adolescent. On essaye également de passer par des films pleins d’amour ou de poésie, voire des comédies. La comédie Six pieds sur terre parle de religion, d’identité, de rapport au père, entre un père et son fils, mais sur un mode humoristique. Pour Vincent doit mourir, on reçoit Karim Leklou. Stéphan Castang, le réalisateur, a revisité le film de genre de zombie mais c’est une romance d’amour aussi, et il parle de la violence dans nos sociétés.

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Everything in between – Credits DR

DVDM : Et vous projetez aussi des films comme Césaria Évora, La diva aux pieds nus.

PF : Oui,  le deuxième vendredi, c’est toujours un documentaire musical. Et on l’accompagne généralement, soit d’un petit groupe du Portail Coucou, qui nous raconte, comme l’année dernière, la vie de David Bowie en musique. Cette année, un groupe de l’Institut musical de formation professionnelle va produire un petit intermède à 7 musiciens sur la musique de Césaria Évora. On projette ce documentaire, qui n’est pas qu’un documentaire musical, bien évidemment, car c’est un portrait de femme, et en creux, me semble-t-il, il parle des conséquences de la colonisation sur les pays africains. C’est un joli moment pour nous.

DVDM : Comment voyez-vous l’avenir du festival, son évolution ? Est-ce qu’il y aura un élargissement au niveau du territoire ou du public ?

PF : Au niveau du territoire, ça nous paraît difficile, même si on a des demandes, parce que nous ne sommes que des bénévoles. Il n’y a aucun salarié dans notre association. Après, concernant son évolution, je pense que c’est plutôt ce dont on s’est rendu compte. Généralement, quand, avant la Covid, on allait à Cannes, on pouvait grandement faire notre marché. C’est-à-dire que les films ne sortaient pas si vite, et on pouvait proposer des inédits, beaucoup d’avant-premières, etc. Mais là, les distributeurs se mènent une guerre sans nom. Et les films sortent très rapidement. L’année prochaine, ce sera les 35 ans. Comme on commence à avoir des distributeurs maintenant qui nous appellent en septembre pour nous dire, on va avoir tel film, on vous envoie les liens, etc. Peut-être, pour les 35 ans, faire un focus sur un réalisateur, une réalisatrice… J’aimerais faire un focus sur un artiste qui nous a particulièrement émus, ou dont on a passé beaucoup de films dans les précédentes programmations. Enfin, notre but, c’est aller chercher les publics empêchés. C’est à la fois l’ouverture sur des films un tout petit peu plus grand public, pour attirer les personnes qui se disent « ce n’est pas pour moi », mais aussi les éduquer en disant « Oui, c’est pour vous, parce que c’est juste de l’émotion »… Chercher les publics empêchés pour que cette culture soit accessible à tous. C’est important.

DVDM : Vous parliez des distributeurs qui maintenant distribuent les films très rapidement, il y a aussi la concurrence de Netflix, le développement de toutes les plateformes de streaming.

PF : Et notamment les prises d’habitude pendant la COVID. Les études montrent qu’il y a des tranches d’âge qui ont déserté les salles de cinéma. Pour remédier à cela, on fait de l’éducation à l’image à l’attention de ces jeunes, pour qu’ils prennent plaisir à venir dans un cinéma, et sur ces publics empêchés aussi… Après, pour ceux qui préfèrent rester sur leur canapé, c’est difficile de leur dire « mais non, il vaut mieux partager une émotion avec un inconnu dans une salle ». Pour faciliter la rencontre, on met des food trucks sur la place. On a des bancs et des tables pour que les personnes viennent s’asseoir et discuter, partager ce qu’ils pensent du cinéma. Et c’est bien l’échange le plus important. Mais la multiplication des plateformes n’aide pas. Elles ne sont pas inintéressantes : sur Netflix, il y a des films, comme Rome ou Lost Doctor, de qualité, sans parler des séries. Je suis fan de séries et je peux me régaler. Mais, je voudrais peut-être que le monde du cinéma s’interroge sur le prix des places. Cela devient vite très cher pour une famille de 4 personnes d’aller au cinéma. C’est un frein majeur.

Sachant que le prix des places n’excède par les 6 € 50, c’est le moment de découvrir une pléiade de pépites cinématographiques à Salon de Provence. Avec la diversité des genres proposés et la qualité des réalisations, chacun y trouvera son bonheur. Ne boudez pas votre plaisir. DVDM

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Chroniques de Teheran – Credits DR

Photo de Une: Dissidente – Credits DR

Tout le programme https://www.rencontres-cinesalon.org/ [6]

Ou en cliquant sur ce lien  Programmation Rencontres Cinématographiques de Salon-de-Provence 2024 [7]