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Ce n’est qu’un au revoir

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Sur Richard, tout a déjà été dit en l’espace de quelques heures : sa générosité, sa gentillesse, sa bienveillance, sa disponibilité, sa sincérité et son amour de l’autre ont été à juste titre soulignés. Son engagement, sa passion, sa fougue de saltimbanque ont été largement égrénées au fil des publications sur les réseaux sociaux. Alors que dire de plus sur l’Homme qui a eu un courage et une audace folle de créer un théâtre digne de ce nom, un Grand théâtre, en plein coeur du quartier le plus déshérité d’Europe? Peu de choses ou plutôt si, une chose qui me tient à coeur de relater.

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Richard dans ses jeunes années ©DR

Il y a un peu plus de 20 ans, j’avais à peine plus de 25 ans, voire 26 ans. Je débutais en tant que critique culturelle dans un osbcur petit média, j’étais la plus jeune de tous et toutes, un bébé quoi !, mais Richard et Sergio m’ont toujours accueillie avec enthousiasme et bienveillance. Un beau jour, alors que l’idée de créer une Revue de Théâtre où la critique – la Vraie, pas le j’aime, j’aime pas qu’on lit partout – tiendrait la place principale – avec des papiers excédant de loin en nombre de caractères le feuillet traditionnel ou l’entrefilet – commençait à émerger dans ma tête, Sergio à qui j’en avais parlé, m’a dit « Va voir Richard et parle-lui de ton projet. Je suis sûr qu’il sera intéressé. » 

Me voilà donc, avec ma gueule enfarinée de Bébé, face à Richard. Il aurait pu être mon grand-père et insitait pour que je le tutoie. Je lui présente mon projet et la maquette que j’avais créée de mes petites mains. Il m’a écoutée avec attention avant de me féliciter de cette initiative, folle mais enthousiasmante. A cette époque, il n’existait pas de revue de critique de théâtre à proprement parler. Puis, lui, de me dire : « si tu as besoin d’un bureau pour ta revue, tu es ici chez toi. » Cette petite phrase est depuis restée gravée dans ma mémoire. Et même s’il m’arrivait d’égratigner toujours avec bienveillance un spectacle dont la mise en scène et la direction d’acteur n’étaient pas abouties, il respectait mes arguments, me disant « ce que tu écris, ça, c’est de la critique » au sens noble du terme. Récemment, il m’a dit que je devais me mettre à la mise en scène, un jour peut-être !

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Richard et Martinette ©DVDM

Ce souvenir d’un Richard humain et humaniste, fraternel et simple, amoureux des animaux, restera à jamais dans mon coeur. J’ai vu naître sa chatte, Martinette, dans le petite cour jouxtant le tout petit théâtre en bas des escaliers menant aux bureaux. J’ai connu Liberté quand il l’a reccueillie, toute maigre mais si douce. Je l’ai vu nourrir les oiseaux tous les jours à 15h. Et je ne parle pas de l’homme de théâtre dont la voix hypnotique clamait avec une verve sans pareille les poèmes et textes de son ami Léo. Ni de son jeu théâtral tant sa présence suffisait pour qu’il devienne personnage, ou clown.

Sa disparition est un double choc. Elle intervient 14 ans après le décès d’une autre figure du théâtre que j’aimais tant, Edmée Santy. Oui, Edmée qui avait inauguré en grande pompe le Toursky à sa création. Edmée qui fut la marraine de ma Revue jusqu’à la fin. Edmée et ses coups de coeurs, ses coups de griffe. Edmée, qui m’a tout appris du métier. Et aujourd’hui, Richard qui fut le premier soutien de ma Revue. Richard qui va rejoindre Léo, Michael, Tania, Fifi, Vlad et tous les autres. N’oublie pas de saluer Edmée pour moi. Bon voyage à toi, ami ! Tu nous laisses orphelins. Je pense fort à ta famille, de sang et de coeur. Adieu. DVDM

En une, Richard déclammant Léo ©Jean Barak

Richard Martin, directeur du Théâtre Toursky, est décédé

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 « A vos plumes poètes, la poésie crie au secours » 

« à Richard, notre ami »

« Les plus beaux chants sont des chants de revendication. Le vers doit faire l’amour dans la tête des populations. A l’école de la poésie, on n’apprend pas ! On se bat ! » (Léo Ferré – L’école de la Poésie)

 Ces mots, extraits du poème de Léo Ferré, il les avait fait siens, il les avait fait nôtres. Hier, 16 octobre 2023, Richard Martin a rejoint Léo Ferré et tant de ses compagnons de route au paradis des poètes. Nous demeurons en enfer dans un monde déchiré, dans une inhumanité qu’il a sans cesse combattue, de toutes ses forces. Nous restent les images gravées de son talent, son message de fraternité, ses paroles fortes qu’il assénait avec sa gouaille de saltimbanque, la puissance de sa foi en l’être humain et en l’avenir. Richard Martin était un homme et, comme nous tous, il pouvait se tromper mais, par-dessus-tout, Richard Martin savait aimer.

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Richard MARTIN et Léo FERRE

 Crier tes mots

Peut-on écrire sous le coup de l’émotion, peut-on parler de celui qui n’est plus, qu’on aime toujours, qui manque éperdument sans faillir à la déontologie du journaliste ? Je ne sais pas et  je ne veux pas savoir. J’ai envie d’écrire pour soulager ma peine. Te rendre hommage, bien sûr, mais chacun de nous, en écrivant ton nom, en publiant ta photo, en s’adressant à toi, cherche inconsciemment à apaiser son cœur. Je fais partie de tous ceux-là. Je n’ai ni plus ni moins de chagrin qu’une autre, qu’un autre et je veux dire, je veux crier ton nom. Crier les moments qui ne reviendront plus, crier ta fraternité, crier ta passion de liberté. Saltimbanque, épris de théâtre et de justice, amoureux des mots et des autres, tes frères en éternité, comme Léo, tu vas nous manquer poète ! Tu vas tellement nous manquer !

« Frères humains qui après nous vivez,

N’ayez les cœurs contre nous endurcis,

Car, si pitié de nous pauvres avez,

Dieu en aura plus tôt de vous mercis. » (François Villon – La Ballade des pendus)

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Richard MARTIN et Michael LONSDALE

 Orphelins d’amour

Ce soir, tu seras seul dans ton cercueil sur la scène du Toursky, ce théâtre, le tien, que tu as fait, que tu possédais dans tes veines et qui te possédait merveilleusement, diaboliquement, corps et âme. Ce soir, demain, après-demain, nous serons des centaines, des milliers sans-doute, à venir te voir une dernière fois et pour la première fois dans ce théâtre, au milieu de ton public. Je serai seule avec toi, chacun d’entre nous sera seul. Depuis hier, Richard, nous sommes tous un peu plus orphelins d’amour.

« Avec le temps
Avec le temps, va, tout s’en va
On oublie les passions et l’on oublie les voix
Qui vous disaient tout bas les mots des pauvres gens
Ne rentre pas trop tard, surtout ne prends pas froid
Avec le temps
Avec le temps, va, tout s’en va
Et l’on se sent blanchi comme un cheval fourbu
Et l’on se sent glacé dans un lit de hasard
Et l’on se sent tout seul peut-être mais peinard

Et l’on se sent floué par les années perdues, alors vraiment
Avec le temps on n’aime plus »

« Avec le temps on aime plus »

Tu avais changé le vers final que tu sublimais en insistant sur le ‘s’, pour dire ton amour toujours plus grand. Et la salle entière se levait, transportée transcendée, éblouie, pour te rendre cet amour inconditionnel, ce cadeau unique que seul un homme comme toi pouvait faire à son public, toujours.

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Richard clamant le poète

« Ta main avait la chaleur de celle de mon père. »

Je voudrais te dire, te dire nos discussions à bâtons rompus ; te dire ce verre que tu prenais avec nous à ‘la table des amis’ ; te dire mon bisou sur ta tête « Je t’aime quand-même » quand tes récentes prises de position n’étaient pas les miennes ; te dire ma tendresse quand ta voix secouait le théâtre « Mes amis…. » ; te dire mon admiration quand tu levais les poings ; te dire notre plaisir à entendre ton rire réveiller les consciences ; te dire les bises que tu faisais claquer sur les joues de tes amis ; te dire tes yeux plissés sous ton sourire, te dire ta force, ton intelligence, ta perspicacité, ton talent, et surtout ta foi en l’humain et en l’avenir, malgré tout ! Te dire aussi que ta main avait la chaleur de celle de mon père…  

On te pensait éternel

Je te connais depuis si longtemps que je te croyais éternel. Je pense aux tiens, à tes proches, à ton épouse, je m’associe à leur douleur. Jamais l’idée ne m’effleurait que tu puisses partir. Tu es l’âme de ce théâtre, son cœur battant, ton sang pulse dans ses veines. Te promettre qu’on ne t’oubliera jamais ? Tout s’oublie Richard, tout. Ne restent que les idées que l’on a transmises, les vocations que l’on a suscitées, les espoirs que l’on a fait naître, les batailles que l’on a menées, que tu as menées et qui nous ont fait grandir. Nous avons, tous, grignoté une part de ta vie et c’était ta victoire. Celle ou celui qui a eu le bonheur de te croiser, de t’entendre, tous ceux qui ont eu la chance d’être bousculés par toi, le savent, Richard Martin a vécu pour et par le théâtre, pour son Toursky, pour et par sa volonté d’humanité sans frontière. Je pense aux tiens, à tes proches, à ton épouse, je m’associe à leur douleur. Pour nous tous, je le sais, tu resteras vivant jusqu’à notre dernier souffle car tu nous as transmis le tien.

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Richerd Martin et Serge Alexandre

Le goût de la culture par procuration

Tu as donné à ce théâtre, il y a 50 ans, le nom d’un poète marseillais, Axel Toursky, disparu tragiquement alors que tu avais décidé de t’installer dans le quartier le plus pauvre de Marseille. C’était là et pas ailleurs ! c’est là qu’on doit amener la culture. Et tu as réussi, 50 années durant, à faire de ce lieu un havre de paix, de rencontre, de métissage. Sous les grands arbres de la terrasse, on pouvait venir à son aise à n’importe quelle heure, se reposer, lire, réfléchir, apercevoir, croiser, discuter, se cultiver, comprendre, apprendre. Dehors, les enfants de l’école pouvaient lire, affichés, les mots des poètes. Combien d’enfants du quartier as-tu fait entrer en catimini dans les coulisses, qui observaient les acteurs de leurs grands yeux étonnés ? Ils s’appellent Louis, Jean-Jérôme ou encore Bouchta et tant d’autres. Tu leur as donné le goût de la culture par procuration ; ce sont en quelque sorte, eux aussi, tes enfants. Ils sont devenus grands. Beaucoup sont devenus comédiens, grâce à toi. Ils s’en souviennent.

Vive le Théâtre

Qu’il soit en accord ou en désaccord avec moi, Richard aimait ma manière d’écrire, il me le disait. Mais il n’apprécierait pas que je termine cet article –que je lui dédie– sans une note positive, un cri d’espoir. Le théâtre, à plus forte raison le théâtre populaire, lieu de culture, ne doit pas mourir. Après le grand Jean Vilar, le Festival d’Avignon perdure. Qu’il s’appelle Toursky, le Balcon, la Criée, Badaboum, la Joliette ou autre… La mairie de Marseille, mairie de gauche, son maire Benoît Payan et son élu à la culture, Jean-Marc Coppola, ont la culture ancrée au cœur. Pardonne-moi Richard, je crois en eux comme je crois en ton message. Le Théâtre Toursky vivra.

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Richard Martin Serge Barbuscia Pierre Forest dans Petit boulot pour vieux clowns, mise en scène Virginie Lemoine

« A vos plumes poètes, la poésie crie au-secours »

Il y a peu, il a demandé à une petite fille, Anna, de lui écrire un poème. Du haut de ses huit ans, elle lui a envoyé ces quelques mots qui suivent et qu’il a adorés. Adieu mon ami. Merci Richard.

« Tu as fait d’un vieil hangar poisseux

Un théâtre merveilleux, 

Tu as rendu des gens heureux, 

Des tous petits et des plus vieux,

Ils veulent prendre ton Toursky, ta maison, toute ta vie, 

Et même si je suis petite, je te soutiendrai jusqu’au bout, 

Mes jambes courent un peu moins vite,

Mais je me mets pas à genoux !

J’ai pas appris à obéir

Comme un soldat sans réfléchir,

Avec moi, on va y arriver,

Ton théâtre, tu vas le garder ! »

Anna Puget – 8 ans

 « Si ce n’est pas demain, ce sera dans cent ans ! »

Il clamait haut et fort sa confiance en une Méditerranée commune, en un monde de fraternité. Pour la culture, pour Richard, à vos plumes poètes, la poésie crie au-secours !

 Danielle Dufour-Verna

Les amours de Gabrielle, solo clownesque et acrobatique, de la compagnie Epopteia

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« Je suis normale, je suis tombée amoureuse »

Gabrielle, clown décalé, naïf et timide, bouillante de vie et de joie, est tombée amoureuse par hasard après avoir cherché conseils auprès de ses amis, sa famille, son curé, sa psychologue. Chacun lui donnera un mode d’emploi différent qu’elle suivra scrupuleusement avec un enthousiasme à toute épreuve, hélas en vain. Mais de qui, ou de quoi, est-elle tombée amoureuse ? demanderez-vous. D’un homme ? D’un garçon ? D’une femme ? D’une fille ? Ce solo clownesque nous raconte avec humour les déboires de Gabrielle avant et après sa découverte de l’amour.

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Gabrielle et le monde extérieur

Passionnée par la nature, et plus précisément par les spores se dégageant des champignons, et par les chiroptères parmi lesquels les chauves-souris dont elle imite à merveille les cris nocturnes pourtant inaudibles par l’homme, Gabrielle réalise des pestos à base de fanes de légumes et d’autres ingrédients qu’on n’imaginerait pas garnir la composition. En couple avec un homme qu’elle n’aime pas, et qui se lasse de ses extravagances, elle s’en va à la recherche de l’amour. Une quête complexe pour ce personnage maladroit, qui a bien du mal à comprendre les codes et normes qui régissent la société, vivant hors du monde.

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Gabrielle et l’amour

Gabrielle tombera enfin amoureuse … d’une fille, ce qui pour cet être étranger aux normes sociales est tout à fait normal. La normalité, n’est-ce pas de tomber amoureux ?  Ce serait oublier que la société discrimine les personnes LGBTQI+. Elle les juge et les condamne, les harcèle et les persécute. La mise en scène fait ici judicieusement appel à des voix off reprenant les discours homophobes allant du simple « je ne suis pas homophobe, j’ai une amie homosexuelle… » à la violente condamnation en passant par la dissuasion « tu vas être victime de discrimination, on va t’exclure… ». Des voix off inquiétantes qui perturbent la quiétude et la joie de Gabrielle.

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Liberté d’aimer versus intolérance

Ce serait sans compter sur sa détermination et le bonheur qu’elle ressent d’être amoureuse. Se rebellant contre ces voix, elle imagine un tribunal qui condamnerait tout homophobe à une bien étrange peine, celle de s’oindre d’amour en sentant, touchant, caressant des roses pour finir par se baigner dans un bain de chamallow à la guimauve. Un passage drôle empreint d’une naïve bienveillance à l’égard de toutes et tous. Une ode à la tolérance et à l’amour ! Tel est le message de ce spectacle qui, entre rires et émotions, nous transporte dans l’univers farfelu d’un clown sensible et attachant qui choisit de suivre sa voie en dépit du regard des autres.

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Clown et arts du cirque

Ce spectacle mêle jeu clownesque et arts du cirque, acrobatie, jonglerie et manipulation d’objet. Edith Godefroid fait preuve d’une maîtrise acrobatique indéniable : son duo avec l’échelle est impressionnant de justesse tant elle arrive à faire vivre l’objet en jouant avec, adoptant des positions aussi improbables que comiques. Même si l’installation du personnage reste un temps soit peu trop étiré dans le temps, Edith nous régale de ses mots et jeux de mots fort bien trouvés, de ses histoires étonnantes qu’elle mime fort bien : sa gestualité est précise et nette et sa manipulation d’objet (des bouquets de fleurs symbolisant la défense, une femme, et son accusateur, un homme) bien réalisée. Seuls manquent quelques petites ruptures afin de laisser respirer le spectateur happé dans ce flot de paroles et de mouvements. Car elle tend à perdre le masque de son clown quand elle se laisse emporter par les mouvements tourbillonnants de son personnage virevoltant -qui mériterait parfois de se poser.

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In fine

Le spectacle est rondement bien mené, qu’il s’agisse de l’occupation du plateau ou de l’utilisation des objets. Sur un plateau quasi-nu, composé d’un seau, de 4 bouquets de fleurs et d’une grande échelle, accompagné d’une création lumière minimaliste, tout repose sur le jeu de l’artiste et son énergie vibrionnante. Cette création originale mérite le coup d’œil tant pour son personnage que sa thématique et l’espoir d’un monde meilleur qu’il véhicule, son appel à un mieux vivre ensemble dans le respect et l’acceptation des un.e.s et des autres. Une très jolie découverte qui saura avec le temps prendre son plein essor. Diane Vandermolina

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Informations pratiques

Les amours de Gabrielle par la Cie Epopteia

De et avec : Edith Godefroid

Mise en scène : Edith Godefroid

Genre : clown et arts du cirque

Durée : 50 min/ tout public

Présenté au théâtre des Chartreux du 29 septembre au 1er octobre 2023

En tournée : 8 octobre à la Ferme de La Blaquière, Verrières (12) et 22 mars 2024 au Théâtre Marie-Jeanne, Marseille (13) – sortie de résidence.

Crédit photo : Eric Brunel/Théâtre des Chartreux

Saison 23/24 du Théâtre des Chartreux : Diversité, Engagement et Réflexion.

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Un Lieu d’Engagement et de Diversité

Le Théâtre des Chartreux, niché au cœur du 4ème arrondissement de Marseille, brille par son engagement sociétal et sa diversité. Dans un monde en proie à des turbulences grandissantes, ce théâtre se distingue par sa mission de susciter la réflexion, de célébrer la rencontre et d’aborder des questions cruciales avec un mélange unique d’humour et de créativité. Sa programmation audacieuse explore des sujets tels que les droits LGBTQIA+, la lutte contre les violences faites aux femmes, et les discriminations de genre, tout en ouvrant la porte à des spectacles jeunes publics. La devise de l’équipe dirigeante est « Engagez-vous, rengagez-vous ».

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Gabrielle et ses amours, une longue histoire

Un Appel à la Réflexion

Dans cette période troublante où les violences s’aggravent et où chaque individu, plongé dans un quotidien anxiogène, tend à se replier sur lui-même, où la culture se résume souvent au visionnage de films et de séries sur des écrans portables, il devient essentiel de réaffirmer l’importance du spectacle vivant. Le théâtre, en tant que créateur de liens et agitateur de consciences, est par essence politique, populaire et, en un mot, démocratique, bien que cela puisse déplaire à certains partisans d’une forme plus élitiste de théâtre. Cet aspect du théâtre, qui unit les individus dans l’optique de réfléchir collectivement à un monde meilleur, est l’un des principes fondamentaux qui guide la programmation d’Eric Brunel, clown engagé et directeur artistique du théâtre. Comme il aime le souligner, « se divertir tout en réfléchissant demeure notre leitmotiv. »

Programmation Engagée : Explorer les Sujets Sensibles

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Des créatures extraordinaires partagent leur récit de vie

Dans cette perspective, le théâtre accueille toute une gamme de spectacles qui remettent en question les préjugés, soulignant la nécessité d’accepter autrui tel qu’il est et de respecter ses choix de vie. Ainsi, après le solo « Les Amours de Gabrielle » (Cie Epopteia) mêlant cirque et clown et présenté en début octobre, le théâtre propose de découvrir « Les Créatures extraordinaires » (Cie des Créatures), un spectacle qui explore les violences faites aux femmes sous tous les angles, partageant une partie de leurs histoires du 13 au 15 octobre. Suivent « Yaourt Thérapie » (Cie Alerte Rouge) qui interroge notre société sur la santé mentale du 20 au 22 octobre, ainsi que deux spectacles qui explorent la question du genre, à savoir « Mutantes » par le collectif Mutantes (13 avril) et « Dragbaret » avec Robin des doigts (1er juin). Enfin, un spectacle aborde les sujets sensibles du viol et de l’inceste, intitulé « Je n’ai rien fait de mal », création Equivog, du 9 au 11 février.

Exploration Théâtrale : des Moments Forts à Ne Pas Manquer

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Macbeth revisité

Après une réinterprétation de « Macbeth » (Cie Théâtre M) combinant jeu d’acteur et masque, présentée en septembre, le théâtre propose une adaptation du « Misanthrope » de Molière, intitulée « Alpeste et Philynx » (15-17 décembre/Zone et cie). Cette pièce nous invite à découvrir l’importance de la différence pour se compléter. De plus, « Les Trompes la Mort de l’an II » (2-4 février/CDO) de André Neyton avec Xavier-Adrien Laurent et Jaques Maurynous nous transporte dans une reconstitution historique immersive, où le public est plongé au cœur des aventures de deux républicains, l’un suspecté d’hostilité envers la République par l’autre.

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Un duo d’acteur revisite le Mysanthrope

Scène Docu : Mettre en Lumière l’Histoire et les Enjeux

En préparation de l’événement traditionnel « Scène Docu, » qui accorde une carte blanche à la compagnie du Bar de la Poste du 1er au 7 juillet, plusieurs spectacles labellisés « Scène Docu » parsèment la programmation tout au long de l’année. Parmi ceux-ci, notons trois spectacles abordant les relations Nord/Sud et mettant en scène notre tendance à piquer dans l’assiette de ceux qui n’ont pas grand-chose. « La Mer à Boire » (15-17 mars/Le bar de la poste) évoque le périple de ceux qui traversent la Méditerranée pour donner un nouveau sens à leur vie, au risque de la perdre. « 1515, l’Afrique envahit l’Europe » (5-7 avril/Equivog) aborde le thème de la colonisation et de la néocolonisation avec l’inénarrable Saïdou Abatcha, dont le charisme et la verve ne sont plus à présenter (en duo avec Eric Brunel). Également au programme, « Bleu + Bleu = Quatre » (17-19 mai) raconte l’histoire d’un Algérien, toujours Algérien, mais aussi Français au quotidien. Cette pièce est proposée par la compagnie du Pied Nu, qui célèbre son 40e anniversaire.

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Manifeste rien et les rafles dans l’histoire

Sous l’étiquette « Scène Docu, » on trouve aussi « De l’Autre Côté » (17-19 novembre/Cie dentelles et pieds de cochon), une pièce qui dépeint une division profonde entre deux groupes de personnes, où la seule issue est la curiosité. Également au programme, « Les Rafles, d’un Siècle à l’Autre » (1-3 décembre) par Manifeste Rien, où des Français et des Allemands s’allient pour dynamiter le berceau historique de la ville de Marseille, ainsi que « Camping Sauvage » (19-21 janvier), une satire du monde du théâtre, imaginée par la compagnie Equivog, qui démontre comment la rivalité peut être destructrice.

Un Théâtre Ouvert aux Jeunes et aux Enfants

Le théâtre propose également de nombreux spectacles jeunes publics, mêlant marionnettes, clowns, jeu d’acteur et musique, les mercredi, jeudi, vendredi et samedi à des horaires spécifiques, avec une douzaine de spectacles présentés par les compagnies Equivog, Funambule Senna’ga, Cœur de Louve, Coup de Théâtre, ainsi que Kayro. Cette variété de spectacles s’adresse aussi bien aux enfants qu’aux adultes.

 

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Mohamed Adi sous l’arbre à palabre

En outre, le 4 novembre, le 9 mars, et le 4 mai à 10h15, « Atelier COCOSE » de Maternelle Dégenrée propose plusieurs ateliers destinés aux plus jeunes, abordant les émotions, le corps, le consentement, le comment faire les bébés, ainsi que les différentes formes de relations, dans un cadre bienveillant, inclusif et sécurisé. La compagnie du Pied Nu présente également « Les Mercredis du Conte » sous l’arbre à palabre, puis le baobab, les 22 novembre, 13 décembre, 24 janvier, 14 février, 20 mars, 17 avril et 22 mai à 14h30.

Du Divertissement à la Réflexion et à l’Émancipation

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« Je n’ai rien fait de mal »

Cette diversité de spectacles et de genres saura satisfaire un large public ! Sa programmation, où l’art se mêle à la réflexion sur les enjeux cruciaux de notre époque, offre un espace où les spectateurs peuvent se divertir tout en se nourrissant intellectuellement. C’est un endroit où la diversité est célébrée, où les préjugés sont déconstruits, et où l’importance de l’acceptation de l’autre est proclamée haut et fort. De plus, avec ses initiatives éducatives visant à sensibiliser les plus jeunes, le Théâtre des Chartreux façonne un futur plus inclusif et compréhensif. Dans l’ensemble, ce théâtre représente bien plus qu’une scène de divertissement ; c’est un espace d’émancipation et de réflexion, rappelant à chacun la puissance du spectacle vivant pour forger un monde meilleur. DVDM

Bon à savoir : Le Théâtre des Chartreux n’est pas seulement un lieu d’accueil de compagnies, il est aussi un théâtre de résidence qui permet à des structures sans théâtre fixe de répéter dans un véritable lieu de représentation et de proposer un avant-goût de leur travail à d’éventuels programmateurs.

Toute la programmation sur https://www.theatredeschartreux.com/ [22]

Tarifs de 8 à 14€/Horaires : 20h30 les Week ends sauf le dimanche à 16h/ Horaires spécifiques pour les spectacles jeune public/Adresse : 105 avenue des chartreux 13004 marseille

Les temps suspendus de Michel Jonasz

Publié Par Rmt News Int Sur Dans Marseille | Pas de commentaire
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[23]Entre moments savoureux et moments d’émotion, Jonasz de sa voix merveilleuse et tranquille incarne son grand-père Abraham

« Bravo à Michel Jonasz qui incarne avec talent et émotion son grand père maternel Abraham qu’il n’a pas connu. Les conversations du grand père avec son meilleur ami Yankel étaient très savoureuses, même si, comme on l’imagine, leur langage commun était le yiddish. Michel Jonasz les a traduites à sa manière avec les intonations appropriées. Moi aussi, j’ai un « banc » dans ma mémoire, celui où ma mère et ses amies se réunissaient les soirs d’été pour bavarder de tout et de rien en yiddish et j’entends encore leurs rires. Je me suis sentie très proche de Michel Jonasz et j’ai partagé son émotion » C’est l’une des réactions spontanées au spectacle écrit et interprété par Michel Jonasz qui n’avait pas fait de théâtre depuis trente ans. Et s’il y revient c’est pour rendre hommage, à travers l’image de son grand père maternel, à la mémoire de ses grands-parents, de sa famille qui s’en est allée dans une fumée.

Abraham est né à la fin du XIXème siècle en Pologne, « le pays le plus triste du monde », réfugié en Hongrie à l’âge de vingt ans, où il épouse la belle Rosele, lui fait plein d’enfants, vit dans le respect de la religion et le bonheur familial, entre l’épicerie et la synagogue où il est Cantor. Jusqu’à ce qu’à la fin des années trente il soit obligé d’envoyer quatre de ses enfants en France pour les protéger, avant que lui-même, en 1944, sous les hurlements des chiens, se voit intimé l’ordre d’aller prendre une douche. Avant de disparaître, Abraham se souvient de cette vie-là, ces années heureuses, où il chantait, dégustait les gefilte fish de sa femme, philosophait avec son meilleur ami Yankel, qui était aussi le meilleur tailleur du monde. C’est à ce grand-père, père de sa mère Charlotte, l’une des deux seuls de la fratrie ayant échappé à la déportation, que Michel Jonasz prête sa voix aujourd’hui.

L’homme que l’on découvre

Jonasz se tient debout, seul sur les planches, tout près des spectateurs, petit et droit, un peu trapu, jambes et bras légèrement écartés dans son costume noir. Il commence à parler et déjà il y a comme une évidence. Pas seulement celle de voir un immense auteur-compositeur-interprète sur scène : ici, c’est l’homme que l’on découvre d’abord, un homme à la voix merveilleuse, tranquille, à peine appuyée. Le chanteur, qui esquisse également quelques pas de danse, incarne Abraham de sa voix ouatée et puissante, accompagné de musique tzigane enregistrée pour l’occasion à Budapest, rendant ainsi hommage à ses sources d’inspiration (le spectacle, édité en CD, est le deuxième volet de la trilogie consacrée à ses influences musicales, après l’album Chanson française et avant celui qu’il dédiera au jazz). Lorsqu’il se met à chanter, souvent en yiddish, son timbre reconnaissable entre tous, comme surgi des profondeurs, porte à merveille la dimension historique de la pièce. Mais Jonasz fait aussi la part belle à l’humour, dans le texte comme dans l’interprétation, en particulier dans les dialogues sur la religion entre Abraham et son ami Yankel, pétri d’interrogations sur Dieu et ses commandements. Entre moments savoureux et moments d’émotion, l’adhésion du public est à l’image de l’affection de Michel Jonasz pour son personnage : sans réserve, du début à la fin. Un très beau et fort spectacle actuellement en tournée en France.

G.CHAPDEVILLE

Abraham
Ecrit, mis en scène et interprété par Michel Jonasz
Scènes et Cinés Ouest Provence – Fos-sur-Mer Le Théâtre – 22 octobre 2010
www.scenesetcines.fr
Théâtre Toursky 11 et 12 février 2011
www.toursky.org

Voyages en terres de violence…

Publié Par Rmt News Int Sur Dans Article/Critique,Marseille,News | Pas de commentaire
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Avant d’achever la saison sur un vagabondage couvrant le mois de juin, le Merlan accueille pour le trimestre à venir des compagnies aux origines lointaines et différentes : Brésil, Burkina Faso, Italie ou encore Belgique… Europe, Afrique, Amérique Latine… Plus d’infos sur www.merlan.org

Trois continents qui ne sont guère associés dans une programmation artistique ! Pourtant, Nathalie Marteau, toute entière à sa thématique déclinant le corps sous toutes ses coutures et formes, découvre au sein de ces propositions chorégraphiées un socle commun, une vision du monde et de la violence, de la peur, de la guerre! Un fil rouge se dévoile ainsi au milieu d’une richesse et multiplicité de propositions où le corps se révèle être un médium pour parler de la violence, une parole nécessaire et urgente pour ces artistes dont la vie et l’art sont intimement mêlés.

La directrice du Merlan et Jean Marc Diebold poursuivent via ce voyage leur travail d’accompagnement et d’accueil de compagnies, articulé autour de plusieurs temps forts : chaque compagnie, qui ne fait pas appel à un casting pour une production mais offre un éventail de créations véritablement collectives au public, présentera plusieurs spectacles. Ce sera aussi l’occasion de voir ou revoir certaines créations présentées en 2005 au Merlan.

Nous pourrons découvrir la dernière création d’Eva Dumbia en partenariat avec les Bernardines et le 3 bis F; les solos et Poussières de Sang, de Salia et Seydou, né suite à un événement marquant l’inauguration de la Termitière, lieu de création artistique à Ouagadoudou, au Burkina Faso (une fronde militaire en l’absence du dirigeant du pays avait fait sombrer le pays dans le chaos, rappel du fragile équilibre des pays africains) ; le répertoire de la compagnie Membros, une compagnie de hip hop usant des techniques de cette danse pour parler du monde (dont un spectacle de rue sur la violence avec pour protagonistes uniquement des femmes) ; la compagnie Virgilio Sieni et la Needcompany (dont nous avons pu voir de nombreuses créations au festival de Marseille, rappelez vous de la Chambre d’Isabella)… Un dimanche pétanque sera organisé pour rencontrer Jan Lauwers…

Tout un programme que nous vous laissons découvrir sur le site du Merlan : www.merlan.org

DVDM

Le festival russe 2010

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Richard Martin

Que d’actus sur planète mars en cette rentrée de février….Outre la carte blanche à Hubert Colas présentée à la Criée du 22 au 28 février (voir notre article), la création d’une jeune compagnie marseillaise au Hang’art (la compagnie Apnéoz présentera les 25 et 26 février à 20h Blue Bridge et Sol’O’, deux pièces chorégraphiées mêlant danse indienne, danse contemporaine et sonorités musicales électro), voilà que s’amorce à partir du 23 février jusqu’au 14 mars, le quinzième anniversaire du Festival Russe crée par Richard Martin suite à sa rencontre avec Serguei Arsibachev au Caire.

Cette édition est placée sous les signes des nouveautés en ce qui est du cycle cinéma russe (à noter qu’une matinée est réservée aux scolaires puisque seront projetées les fabuleux films d’animation de Garri Bardine à partir de 14h30 le 25 février) et des classiques en ce qui des deux pièces théâtrales présentées. Ces dernières sont CINQ SOIREES d’Alexandre Volodine (du 5 au 7 mars : à 20h30 sauf le dimanche à 15h) et Du malheur d’avoir trop d’esprit d’Alexandre Griboeïdov (du 12 au 14 mars), toutes deux créées par le théâtre Na Prorovke et mises en scène par S. Arsibachev. Entre le cycle ciné et théâtre, Michel Bourdoncle accompagné d’Alexandra Lescure proposera une sélection d’œuvres musicales russes inédites : dont en seconde partie les tableaux d’une exposition dans sa version pour deux pianos. Moment de pur bonheur assuré le 9 mars à 20h30 !

Une surprise en avant première mondiale sera projetée durant le festival russe : Piège pour un fantôme, de Roustam Ibraguimbekhov, avec le maître des lieux, Richard Martin, tourné cet été en France et en Russie, en cours de montage actuellement. « Un moyen de renverser la vapeur » en France où hélas des relents de Parisianisme se font ressentir, de nombreux parisiens parlant de Marseille encore comme d’une province où rien ne se crée !

Que de belles soirées en perspective pendant ce festival russe que le consul de Russie nous convie à découvrir dans son entièreté, tant la programmation est riche et si représentative de l’âme slave… Il est hélas à déplorer qu’en cette année de la Russie en France qui précède l’Année de la France en Russie en 2011, le festival russe ait été oublié du programme officiel ! Néanmoins, l’ambassadeur de Russie a fait part de son soutien à Richard pour intégrer le festival u programme officiel qui compte près de 160 spectacles russes en France et 200 spectacles français en Russie.

Expos et cabarets russes complètent le tableau d’un festival qui se maintient en dépit des difficultés financières du Théâtre qui n’a eu encore aucune réponse concrète en ce qui est des subventions promises par le ministre de la culture ! Une affaire à suivre de très près…DVDM

Plus d’infos sur www.toursky.org [25]

A l’occasion du festival, la revue marseillaise du théâtre offre 4 places par soirées cinéma et 4 places pour les représentations théâtrales du dimanche ! A vos téléphones et emails : 0662341507 ou dianevandermolina@gmail.com

En Aparté : mais où va l’argent public ? A quoi sert-il ?

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JEAN MARC DIEBOLD

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NATHALIE MARTEAU

Nathalie Marteau, à l’occasion d’une conférence de presse, a répondu à la question de la baisse des subventions dans le secteur culturel. Depuis une dizaine d’années, les subventions ne cessent au mieux de stagner alors que les coûts de productions augmentent : il s’en suit que de nombreuses structures culturelles ne peuvent consacrer les 50% nécessaires à la création artistique. Le Merlan aujourd’hui ne peut que consacrer 34% des subventions à la création, d’où les nombreuses coproductions avec d’autres structures afin de continuer à proposer des spectacles joués sur une longue durée. Comme nous l’explique la directrice du Merlan, et sur ce point la majorité des structures culturelles s’accordent, le problème de fond réside en ce que les critères d’attribution des subventions sont flous et contradictoires.

Le système d’évaluation du service accompli par les salles subventionnées se base sur une évaluation financière des résultats : taux de fréquentation, recettes… Des critères économiques qui sont difficilement adaptables aux entreprises culturelles surtout lorsque ces dernières souhaitent faire venir en leur lieu un public des plus divers : du rmiste au chômeur en passant par les catégories sociales aisées. La diversité des publics nécessite des tarifs adaptés : le Merlan propose des places de 3 à 15€… L’analyse et la pensée sont ici remplacées par une grille d’analyse chiffrée qui tend à déresponsabiliser tout en chacun et transforme les salariés du secteur culturel en fonctionnaires d’administrations où les comptes tiennent la première place.

Il serait intéressant, continue Jean Marc Diebold, que les critères d’évaluation reposent sur la qualité du service public proposé par les lieux subventionnés : le projet artistique, le soutien à la création, les coproductions, le risque pris dans la création, les moyens investis, les actions développées en faveur du public ne le réduisant pas au rôle de simple spectateur-consommateur de spectacle…. Hélas, il semble que le gouvernement de notre président en préconisant le licenciement économique aux structures culturelles (quitte à les aider dans le licenciement des salariés) préfère oublier la notion même de service public : c’est un mot tabou aujourd’hui constate Nathalie Marteau qui se refuse à licencier son personnel sans lequel elle ne pourrait faire son travail correctement.

DVDM

Retour aux sources du théâtre avec Catherine Marnas et Pippo Delbono

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(c) pierre grosbois

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(c) brigitte enguerand

A écouter sur Radio Grenouille (plus d’infos [30]) cette semaine : Interview de Catherine Marnas autour de la reprise aux Salins de sa dernière création, les 7 et 8 janvier, intitulée le retour au désert de Koltès (plus d’infos [31]), et rencontre avec Pippo Delbono autour de son œuvre présentée par le Merlan et la Criée jusqu’au 16 janvier (plus d’infos [32]) …

Ah, quel bonheur que de recevoir des artistes dont le discours n’est pas emprunté, ni pétri de ces digressions « intellectualisantes » servant à flatter leur égo ! Et même si l’on peut être sceptique face à leur création comme je le fut face à « Saint Jeanne des Abattoirs » présenté à la Criée en 2006/2007, mise en scène par Catherine Marnas, j’avoue que cette discussion que nous avons partagée sur les ondes de Grenouille, en compagnie de Lionel Vicari, dans l’émission Qui sont ces serpents ?, m’a remplie de joie… J’ai apprécié la simplicité et l’humilité du discours de Catherine et Pippo…

Car tous deux ont un regard lucide sur le « réel », la vie et la société, ou le « politique » au sens grec du terme de vie dans la cité, et l’humain, la violence, la souffrance mais aussi les joies des hommes ! Dans leurs créations respectives, l’enjeu de l’objet théâtral présenté au regard du spectateur est l’être, la question de l’existence et du vivre, dans une société où le paraître déshumanise les relations humaines et nous fait perdre le sens du réel que grâce à l’imagination et au théâtre nous pouvons réinventer. Tous deux présentent un théâtre où l’émotion est reine et maîtresse du jeu : cette émotion souvent confondue avec le pathos dans les critiques des journaleux s’inscrivant dans la défense de l’art contemporain conceptuel et aseptisé où l’artiste regarde son nombril plutôt que l’autre.

Le tabou de l’émotion et du politique, tel fut l’objet de notre discussion avec Catherine Marnas pour laquelle le théâtre est par essence politique de par son ancrage dans le réel. L’émotion est liée au politique, puisqu’elle touche à l’humain, à ce qui est au plus profond de nous, ce que l’on nomme en anglais « feeling », sentiment, ressenti, vécu…, telle un regard « charnel » porté sur le monde alentour, une ouverture à l’autre… L’émotion, base même de l’art théâtral que l’acteur cherche aux tréfonds de son être, et qui fait cruellement défaut dans la création française à la mode aujourd’hui ! Et ce même lorsqu’il s’agit de parler de mort ou de maladie ou de violence. Pas de complaisance ni de faux semblants.

Et c’est là tout le plaisir que l’on peut avoir à discuter avec Pippo Delbono, un homme au charisme troublant, au discours vrai et sans fards, lorsqu’il nous parle de son travail avec les membres de sa compagnie, des acteurs à part entière, plus acteurs que les élèves sortis des conservatoires, cette fabrique d’acteurs de vernissage comme il les nomme… Pippo ne fait pas du théâtre bourgeois ou de vernissage !!! Il ne fait pas dans la psychologie non plus, il travaille sur l’être (il peut travailler des heures et des heures avec un de ses acteurs sur un geste, à l’image des chanteurs d’opéra chinois dont la gestuelle lente et précise nécessite un immense travail), avec l’être de ses acteurs (qui sont aussi auteurs et créateurs du spectacle qu’il conçoit) et dont il dit être humblement celui qui cherche une harmonie dans le chaos.

Influencé par les rencontres qu’il fait, celle d’une peinture de Bacon ou des hommes et femmes qui partagent sa passion, par la musique qui est fondamentale chez ce créateur à l’intelligence charnelle, son œuvre est d’une lucidité folle (pour reprendre le titre d’un livre à venir intitulé « la lucidité folle de Pippo Delbono »), lucidité qu’il revendique sous toutes ses formes qu’elle soit dans la souffrance ou la folie… Lucidité d’un homme face à la vie, à la mort, à l’humain, à la peur, à la souffrance, à la folie…

Un réel bonheur que de l’écouter parler de son art et que je souhaite partager avec vous… Alors, à vos écouteurs sur radio grenouille. DVDM