- RMTnews International - https://www.rmtnewsinternational.com -

Ce n’est qu’un au revoir

Share Button [1]

Sur Richard, tout a déjà été dit en l’espace de quelques heures : sa générosité, sa gentillesse, sa bienveillance, sa disponibilité, sa sincérité et son amour de l’autre ont été à juste titre soulignés. Son engagement, sa passion, sa fougue de saltimbanque ont été largement égrénées au fil des publications sur les réseaux sociaux. Alors que dire de plus sur l’Homme qui a eu un courage et une audace folle de créer un théâtre digne de ce nom, un Grand théâtre, en plein coeur du quartier le plus déshérité d’Europe? Peu de choses ou plutôt si, une chose qui me tient à coeur de relater.

[2]

Richard dans ses jeunes années ©DR

Il y a un peu plus de 20 ans, j’avais à peine plus de 25 ans, voire 26 ans. Je débutais en tant que critique culturelle dans un osbcur petit média, j’étais la plus jeune de tous et toutes, un bébé quoi !, mais Richard et Sergio m’ont toujours accueillie avec enthousiasme et bienveillance. Un beau jour, alors que l’idée de créer une Revue de Théâtre où la critique – la Vraie, pas le j’aime, j’aime pas qu’on lit partout – tiendrait la place principale – avec des papiers excédant de loin en nombre de caractères le feuillet traditionnel ou l’entrefilet – commençait à émerger dans ma tête, Sergio à qui j’en avais parlé, m’a dit « Va voir Richard et parle-lui de ton projet. Je suis sûr qu’il sera intéressé. » 

Me voilà donc, avec ma gueule enfarinée de Bébé, face à Richard. Il aurait pu être mon grand-père et insitait pour que je le tutoie. Je lui présente mon projet et la maquette que j’avais créée de mes petites mains. Il m’a écoutée avec attention avant de me féliciter de cette initiative, folle mais enthousiasmante. A cette époque, il n’existait pas de revue de critique de théâtre à proprement parler. Puis, lui, de me dire : « si tu as besoin d’un bureau pour ta revue, tu es ici chez toi. » Cette petite phrase est depuis restée gravée dans ma mémoire. Et même s’il m’arrivait d’égratigner toujours avec bienveillance un spectacle dont la mise en scène et la direction d’acteur n’étaient pas abouties, il respectait mes arguments, me disant « ce que tu écris, ça, c’est de la critique » au sens noble du terme. Récemment, il m’a dit que je devais me mettre à la mise en scène, un jour peut-être !

[3]

Richard et Martinette ©DVDM

Ce souvenir d’un Richard humain et humaniste, fraternel et simple, amoureux des animaux, restera à jamais dans mon coeur. J’ai vu naître sa chatte, Martinette, dans le petite cour jouxtant le tout petit théâtre en bas des escaliers menant aux bureaux. J’ai connu Liberté quand il l’a reccueillie, toute maigre mais si douce. Je l’ai vu nourrir les oiseaux tous les jours à 15h. Et je ne parle pas de l’homme de théâtre dont la voix hypnotique clamait avec une verve sans pareille les poèmes et textes de son ami Léo. Ni de son jeu théâtral tant sa présence suffisait pour qu’il devienne personnage, ou clown.

Sa disparition est un double choc. Elle intervient 14 ans après le décès d’une autre figure du théâtre que j’aimais tant, Edmée Santy. Oui, Edmée qui avait inauguré en grande pompe le Toursky à sa création. Edmée qui fut la marraine de ma Revue jusqu’à la fin. Edmée et ses coups de coeurs, ses coups de griffe. Edmée, qui m’a tout appris du métier. Et aujourd’hui, Richard qui fut le premier soutien de ma Revue. Richard qui va rejoindre Léo, Michael, Tania, Fifi, Vlad et tous les autres. N’oublie pas de saluer Edmée pour moi. Bon voyage à toi, ami ! Tu nous laisses orphelins. Je pense fort à ta famille, de sang et de coeur. Adieu. DVDM

En une, Richard déclammant Léo ©Jean Barak

Richard Martin, directeur du Théâtre Toursky, est décédé

Publié Par Rmt News Int Sur Dans Article/Critique,Coup de Coeur,Entretien/Portrait,Flash Information(s),Marseille,Région PACA,Save the Date,Théâtre/Opéra | Commentaires désactivés
Share Button [1]

 « A vos plumes poètes, la poésie crie au secours » 

« à Richard, notre ami »

« Les plus beaux chants sont des chants de revendication. Le vers doit faire l’amour dans la tête des populations. A l’école de la poésie, on n’apprend pas ! On se bat ! » (Léo Ferré – L’école de la Poésie)

 Ces mots, extraits du poème de Léo Ferré, il les avait fait siens, il les avait fait nôtres. Hier, 16 octobre 2023, Richard Martin a rejoint Léo Ferré et tant de ses compagnons de route au paradis des poètes. Nous demeurons en enfer dans un monde déchiré, dans une inhumanité qu’il a sans cesse combattue, de toutes ses forces. Nous restent les images gravées de son talent, son message de fraternité, ses paroles fortes qu’il assénait avec sa gouaille de saltimbanque, la puissance de sa foi en l’être humain et en l’avenir. Richard Martin était un homme et, comme nous tous, il pouvait se tromper mais, par-dessus-tout, Richard Martin savait aimer.

[4]

Richard MARTIN et Léo FERRE

 Crier tes mots

Peut-on écrire sous le coup de l’émotion, peut-on parler de celui qui n’est plus, qu’on aime toujours, qui manque éperdument sans faillir à la déontologie du journaliste ? Je ne sais pas et  je ne veux pas savoir. J’ai envie d’écrire pour soulager ma peine. Te rendre hommage, bien sûr, mais chacun de nous, en écrivant ton nom, en publiant ta photo, en s’adressant à toi, cherche inconsciemment à apaiser son cœur. Je fais partie de tous ceux-là. Je n’ai ni plus ni moins de chagrin qu’une autre, qu’un autre et je veux dire, je veux crier ton nom. Crier les moments qui ne reviendront plus, crier ta fraternité, crier ta passion de liberté. Saltimbanque, épris de théâtre et de justice, amoureux des mots et des autres, tes frères en éternité, comme Léo, tu vas nous manquer poète ! Tu vas tellement nous manquer !

« Frères humains qui après nous vivez,

N’ayez les cœurs contre nous endurcis,

Car, si pitié de nous pauvres avez,

Dieu en aura plus tôt de vous mercis. » (François Villon – La Ballade des pendus)

[5]

Richard MARTIN et Michael LONSDALE

 Orphelins d’amour

Ce soir, tu seras seul dans ton cercueil sur la scène du Toursky, ce théâtre, le tien, que tu as fait, que tu possédais dans tes veines et qui te possédait merveilleusement, diaboliquement, corps et âme. Ce soir, demain, après-demain, nous serons des centaines, des milliers sans-doute, à venir te voir une dernière fois et pour la première fois dans ce théâtre, au milieu de ton public. Je serai seule avec toi, chacun d’entre nous sera seul. Depuis hier, Richard, nous sommes tous un peu plus orphelins d’amour.

« Avec le temps
Avec le temps, va, tout s’en va
On oublie les passions et l’on oublie les voix
Qui vous disaient tout bas les mots des pauvres gens
Ne rentre pas trop tard, surtout ne prends pas froid
Avec le temps
Avec le temps, va, tout s’en va
Et l’on se sent blanchi comme un cheval fourbu
Et l’on se sent glacé dans un lit de hasard
Et l’on se sent tout seul peut-être mais peinard

Et l’on se sent floué par les années perdues, alors vraiment
Avec le temps on n’aime plus »

« Avec le temps on aime plus »

Tu avais changé le vers final que tu sublimais en insistant sur le ‘s’, pour dire ton amour toujours plus grand. Et la salle entière se levait, transportée transcendée, éblouie, pour te rendre cet amour inconditionnel, ce cadeau unique que seul un homme comme toi pouvait faire à son public, toujours.

[6]

Richard clamant le poète

« Ta main avait la chaleur de celle de mon père. »

Je voudrais te dire, te dire nos discussions à bâtons rompus ; te dire ce verre que tu prenais avec nous à ‘la table des amis’ ; te dire mon bisou sur ta tête « Je t’aime quand-même » quand tes récentes prises de position n’étaient pas les miennes ; te dire ma tendresse quand ta voix secouait le théâtre « Mes amis…. » ; te dire mon admiration quand tu levais les poings ; te dire notre plaisir à entendre ton rire réveiller les consciences ; te dire les bises que tu faisais claquer sur les joues de tes amis ; te dire tes yeux plissés sous ton sourire, te dire ta force, ton intelligence, ta perspicacité, ton talent, et surtout ta foi en l’humain et en l’avenir, malgré tout ! Te dire aussi que ta main avait la chaleur de celle de mon père…  

On te pensait éternel

Je te connais depuis si longtemps que je te croyais éternel. Je pense aux tiens, à tes proches, à ton épouse, je m’associe à leur douleur. Jamais l’idée ne m’effleurait que tu puisses partir. Tu es l’âme de ce théâtre, son cœur battant, ton sang pulse dans ses veines. Te promettre qu’on ne t’oubliera jamais ? Tout s’oublie Richard, tout. Ne restent que les idées que l’on a transmises, les vocations que l’on a suscitées, les espoirs que l’on a fait naître, les batailles que l’on a menées, que tu as menées et qui nous ont fait grandir. Nous avons, tous, grignoté une part de ta vie et c’était ta victoire. Celle ou celui qui a eu le bonheur de te croiser, de t’entendre, tous ceux qui ont eu la chance d’être bousculés par toi, le savent, Richard Martin a vécu pour et par le théâtre, pour son Toursky, pour et par sa volonté d’humanité sans frontière. Je pense aux tiens, à tes proches, à ton épouse, je m’associe à leur douleur. Pour nous tous, je le sais, tu resteras vivant jusqu’à notre dernier souffle car tu nous as transmis le tien.

[7]

Richerd Martin et Serge Alexandre

Le goût de la culture par procuration

Tu as donné à ce théâtre, il y a 50 ans, le nom d’un poète marseillais, Axel Toursky, disparu tragiquement alors que tu avais décidé de t’installer dans le quartier le plus pauvre de Marseille. C’était là et pas ailleurs ! c’est là qu’on doit amener la culture. Et tu as réussi, 50 années durant, à faire de ce lieu un havre de paix, de rencontre, de métissage. Sous les grands arbres de la terrasse, on pouvait venir à son aise à n’importe quelle heure, se reposer, lire, réfléchir, apercevoir, croiser, discuter, se cultiver, comprendre, apprendre. Dehors, les enfants de l’école pouvaient lire, affichés, les mots des poètes. Combien d’enfants du quartier as-tu fait entrer en catimini dans les coulisses, qui observaient les acteurs de leurs grands yeux étonnés ? Ils s’appellent Louis, Jean-Jérôme ou encore Bouchta et tant d’autres. Tu leur as donné le goût de la culture par procuration ; ce sont en quelque sorte, eux aussi, tes enfants. Ils sont devenus grands. Beaucoup sont devenus comédiens, grâce à toi. Ils s’en souviennent.

Vive le Théâtre

Qu’il soit en accord ou en désaccord avec moi, Richard aimait ma manière d’écrire, il me le disait. Mais il n’apprécierait pas que je termine cet article –que je lui dédie– sans une note positive, un cri d’espoir. Le théâtre, à plus forte raison le théâtre populaire, lieu de culture, ne doit pas mourir. Après le grand Jean Vilar, le Festival d’Avignon perdure. Qu’il s’appelle Toursky, le Balcon, la Criée, Badaboum, la Joliette ou autre… La mairie de Marseille, mairie de gauche, son maire Benoît Payan et son élu à la culture, Jean-Marc Coppola, ont la culture ancrée au cœur. Pardonne-moi Richard, je crois en eux comme je crois en ton message. Le Théâtre Toursky vivra.

[8]

Richard Martin Serge Barbuscia Pierre Forest dans Petit boulot pour vieux clowns, mise en scène Virginie Lemoine

« A vos plumes poètes, la poésie crie au-secours »

Il y a peu, il a demandé à une petite fille, Anna, de lui écrire un poème. Du haut de ses huit ans, elle lui a envoyé ces quelques mots qui suivent et qu’il a adorés. Adieu mon ami. Merci Richard.

« Tu as fait d’un vieil hangar poisseux

Un théâtre merveilleux, 

Tu as rendu des gens heureux, 

Des tous petits et des plus vieux,

Ils veulent prendre ton Toursky, ta maison, toute ta vie, 

Et même si je suis petite, je te soutiendrai jusqu’au bout, 

Mes jambes courent un peu moins vite,

Mais je me mets pas à genoux !

J’ai pas appris à obéir

Comme un soldat sans réfléchir,

Avec moi, on va y arriver,

Ton théâtre, tu vas le garder ! »

Anna Puget – 8 ans

 « Si ce n’est pas demain, ce sera dans cent ans ! »

Il clamait haut et fort sa confiance en une Méditerranée commune, en un monde de fraternité. Pour la culture, pour Richard, à vos plumes poètes, la poésie crie au-secours !

 Danielle Dufour-Verna

Retour aux sources du théâtre avec Catherine Marnas et Pippo Delbono

Publié Par Rmt News Int Sur Dans Marseille,News,Théâtre/Opéra | Pas de commentaire
Share Button [1]
[9]

(c) pierre grosbois

[10]

(c) brigitte enguerand

A écouter sur Radio Grenouille (plus d’infos [11]) cette semaine : Interview de Catherine Marnas autour de la reprise aux Salins de sa dernière création, les 7 et 8 janvier, intitulée le retour au désert de Koltès (plus d’infos [12]), et rencontre avec Pippo Delbono autour de son œuvre présentée par le Merlan et la Criée jusqu’au 16 janvier (plus d’infos [13]) …

Ah, quel bonheur que de recevoir des artistes dont le discours n’est pas emprunté, ni pétri de ces digressions « intellectualisantes » servant à flatter leur égo ! Et même si l’on peut être sceptique face à leur création comme je le fut face à « Saint Jeanne des Abattoirs » présenté à la Criée en 2006/2007, mise en scène par Catherine Marnas, j’avoue que cette discussion que nous avons partagée sur les ondes de Grenouille, en compagnie de Lionel Vicari, dans l’émission Qui sont ces serpents ?, m’a remplie de joie… J’ai apprécié la simplicité et l’humilité du discours de Catherine et Pippo…

Car tous deux ont un regard lucide sur le « réel », la vie et la société, ou le « politique » au sens grec du terme de vie dans la cité, et l’humain, la violence, la souffrance mais aussi les joies des hommes ! Dans leurs créations respectives, l’enjeu de l’objet théâtral présenté au regard du spectateur est l’être, la question de l’existence et du vivre, dans une société où le paraître déshumanise les relations humaines et nous fait perdre le sens du réel que grâce à l’imagination et au théâtre nous pouvons réinventer. Tous deux présentent un théâtre où l’émotion est reine et maîtresse du jeu : cette émotion souvent confondue avec le pathos dans les critiques des journaleux s’inscrivant dans la défense de l’art contemporain conceptuel et aseptisé où l’artiste regarde son nombril plutôt que l’autre.

Le tabou de l’émotion et du politique, tel fut l’objet de notre discussion avec Catherine Marnas pour laquelle le théâtre est par essence politique de par son ancrage dans le réel. L’émotion est liée au politique, puisqu’elle touche à l’humain, à ce qui est au plus profond de nous, ce que l’on nomme en anglais « feeling », sentiment, ressenti, vécu…, telle un regard « charnel » porté sur le monde alentour, une ouverture à l’autre… L’émotion, base même de l’art théâtral que l’acteur cherche aux tréfonds de son être, et qui fait cruellement défaut dans la création française à la mode aujourd’hui ! Et ce même lorsqu’il s’agit de parler de mort ou de maladie ou de violence. Pas de complaisance ni de faux semblants.

Et c’est là tout le plaisir que l’on peut avoir à discuter avec Pippo Delbono, un homme au charisme troublant, au discours vrai et sans fards, lorsqu’il nous parle de son travail avec les membres de sa compagnie, des acteurs à part entière, plus acteurs que les élèves sortis des conservatoires, cette fabrique d’acteurs de vernissage comme il les nomme… Pippo ne fait pas du théâtre bourgeois ou de vernissage !!! Il ne fait pas dans la psychologie non plus, il travaille sur l’être (il peut travailler des heures et des heures avec un de ses acteurs sur un geste, à l’image des chanteurs d’opéra chinois dont la gestuelle lente et précise nécessite un immense travail), avec l’être de ses acteurs (qui sont aussi auteurs et créateurs du spectacle qu’il conçoit) et dont il dit être humblement celui qui cherche une harmonie dans le chaos.

Influencé par les rencontres qu’il fait, celle d’une peinture de Bacon ou des hommes et femmes qui partagent sa passion, par la musique qui est fondamentale chez ce créateur à l’intelligence charnelle, son œuvre est d’une lucidité folle (pour reprendre le titre d’un livre à venir intitulé « la lucidité folle de Pippo Delbono »), lucidité qu’il revendique sous toutes ses formes qu’elle soit dans la souffrance ou la folie… Lucidité d’un homme face à la vie, à la mort, à l’humain, à la peur, à la souffrance, à la folie…

Un réel bonheur que de l’écouter parler de son art et que je souhaite partager avec vous… Alors, à vos écouteurs sur radio grenouille. DVDM

Marseille la lumineuse

Publié Par Rmt News Int Sur Dans Marseille,MP2013,News | Pas de commentaire
Share Button [1]

[14]

Avec ce septième trophée des lumières, la ville de Marseille réaffirme son engagement dans un plan lumière où l’éclairage durable est au cœur de toutes les questions et préoccupations. Outre les dispositifs photovoltaïques, la ville investit dans une étude in situ sur l’éclairage publique durable à base de LED (diodes électroluminescentes) dans la rue Thubaneau, une première en France, nous rappelle Hélène Venturino, conseillère municipale déléguée à l’énergie.

Etaient présents à ses côtés, J.C.Charmet, directeur d’une des entreprises mécènes des trophées, Cabus et Raulot ; P. Boucher, le président de l’association Lumicon, porteur du projet des trophées, et l’artiste associé à cette édition, invité à mettre en lumière du 17 au 24 décembre le magnifique bâtiment de la Préfecture, un joyau architectural méconnu, sis place Félix Barré. Ce Dernier, parisien d’origine, nous explique la beauté de Marseille, une ville « bien partie pour être une ville lumière ».

Et ce sans vouloir copier Lyon et sa fête des lumières puisque le concept est différent : il vise à offrir aux marseillais une mise en valeur du patrimoine de la ville afin que le public puisse redécouvrir ces superbes bâtisses anciennes tout en éprouvant les dernières technologies en matière d’éclairage durable et d’éco-énergie, explique la conseillère municipale.

Le procédé utilisé par l’artiste, P. Werrener, le Chromolithe, consiste en une espèce de coloriage hight tech fait sur ordinateur à partir d’une photo prise in situ et projeté sur la façade. Il réalise aujourd’hui un rêve. Une trentaine de projets se disputeront l’honneur des jurés au lieu de 17 l’an passé… C’est dire l’investissement des entreprises dans ce challenge auquel s’associent la ville de marseille et les associations de commerçants.

Avant que le Silo et d’autres bâtiments industriels mythiques de notre ville ne soient mis en lumière, cette trentaine de façades va être l’objet du concours et quatre d’entre eux se verront remettre les très beaux trophées signés Edouard Levine. La grande absente de ce concours est Notre Dame de la Garde dont nous espérons qu’elle sera l’objet d’une mise en lumière pérenne sous peu…

Un souhait que nous émettrons : que ce projet puisse s’inscrire de plein pied dans le projet de l’association Marseille Provence 2013 Capitale Européenne de la Culture. Surtout que, de plus en plus de projets offrent une mise en lumière pérenne et ne se contentent pas d’une mise en lumière éphémère… En espérant que le désir d’Hélène Venturino d’associer à ce projet l’école supérieur des beaux arts de marseille se réalise. Diane VANDERMOLINA

Pour plus d’infos sur les prix attribués, consultez le site www.marseille.fr [15]
Découvrez l’ensemble des sites mis en lumière ci-dessous. [16]

Retour sur auditions…

Publié Par Rmt News Int Sur Dans Article/Critique,Marseille,News | Pas de commentaire
Share Button [1]

[17]

Eliane Zayan


Auditions : tournez !

Samedi 5 décembre, se sont tenues, au théâtre de tatie, les auditions d’une vingtaine d’humoristes devant une bonne douzaine de présidents et directeurs de festival d’humour de France et de Navarre. Etaient présents : Jean Paul Liaumond du Festival de Cabasse, Gérard Michon du Festival de Mâcon, Olivier Sagot du Festival de Saint Raphaël, Giovanni du Festival de Brignoles, Daniel Brustet de la Ville-Dieu-du-Temple en Tarn et Garonne, Laurent Legrain du festival de Cavaillon, Jean Paul Héliard du Printemps du rire de Toulouse, Laurent Sausset du festival de Tournon/Rhône, André Delas du festival de Villeneuve sur Lot, Gérard Bayou pour Eclat De Rires (qui aura lieu au printemps dorénavant) et Eliane Zayan pour son Festi’femmes (dont c’est la 15ème édition cette saison).

Tous les professionnels cités ci-dessus étaient accompagnés de bénévoles travaillant avec eux : et pour cause, vue la faiblesse des subventions attribuées dans le domaine de l’Humour -qui souvent relève du théâtre privé-, ces festivals de renom ne pourraient se préparer sans l’aide et le soutien actifs de ces amateurs et passionnés de théâtre. Ni même de leur public. Pour exemple, le printemps du rire regroupe plus d’une centaine de shows entre one man, one woman et autres spectacles d’humour ! Chaque festival offre la possibilité aux artistes d’être connus et reconnus du public et de la presse, révélant par là même son flot de talents… Alors, parmi la vingtaine d’artistes présents ce jour, qui seront les futurs lauréats ? Cela vous le saurez en temps et en heure… Néanmoins, nous allons vous donner un petit avant-goût des artistes qui se sont produits 15 minutes durant, devant un parterre de professionnels, le public le plus difficile à convaincre : cette journée entrecoupée d’une pause déjeuner fut très étonnante et m’a permis de découvrir, voir redécouvrir de jeunes artistes.

[18]

Le premier à s’être essayé à cet exercice difficile fut Patmana, un marseillais bercé par l’univers d’Al Capone et de la mafia… Un feutre pour tout accessoire, il imite avec verve et bonne tenue le gangster italo-marseillais : les gestes ne sont peut être pas assez poussés et la mise en scène manque de rythme – les pauses sont rares- la chute de ce sketch est néanmoins drôle même si elle est un peu facile puisqu’on découvre qu’il s’agit d’un acteur homo qui doit auditionner pour incarner un bandit. Le second sketch, tout aussi classique dans son sujet, présente une vieille dame à la langue de vipère bien pendue, très marseillaise dans le parler. Il est somme toute intéressant dans la mesure où il montre que l’humoriste -dont le texte n’est hélas pas assez incisif dans l’humour- a proposé un travail honnête tant du point de vue des mimiques et des gestes que de la voix. A sa décharge, il n’est pas toujours aisé d’être le premier à passer…
Puis c’est au tour de David Faure de s’y coller : le gringalet grimaçant aux cheveux hirsutes dont les gestes et les déplacements sont par trop brouillons propose un extrait de spectacle où il se réjouit de la demande en divorce de sa femme, demande qu’il souhaitait faire sans savoir quelles formes y mettre. Entre cris de joie et expressions de soulagement, le jeune comique qui imite avec justesse les différents types de demandes (jouant sur l’effet de surprise final) a écrit un texte avec quelques belles trouvailles (citons le « body fuck »). Hélas, il n’est pas assez expressif dans son jeu qui manque de nuances, surtout pour la forme proposée.
Lenny fait son entrée, vêtue à la « cacou » avec sa gueule et démarche de bosse gosse, imitant un looser un peu niais… Narcisse qu’on l’appelle et pour cause : à chaque fois qu’il se passe quelque chose, il est persuadé qu’on parle de lui. Il prend au pied de la lettre chaque phrase qu’on lui dit et c’est avec aisance et facilité – un peu trop de relâchement- que Lenny nous embarque dans son personnage taillé sur mesure. Le texte frôle par moment la vulgarité mais Lenny reste égal à lui-même et propose une belle prestation même si on aimerait le voir jouer autre chose.
Christian entre sur scène : c’est un homme généreux à l’embonpoint sympathique. Il interprète avec naturel et malice une star du porno ayant remporté la « coucougnette » d’or, discourant avec bonhommie sur le « sucer d’un film »… Son second sketch révèle un humour plus british : vêtu d’un ciré jaune et d’une lampe torche, il se transforme en guide proposant la visite gratuite d’une grotte, construite sur mesure, à un public sommé de lui laisser un pourboire, au risque de finir six pieds sous terre. Amusant, léger et distrayant, sans prétention et honnête : telles sont les qualités de ses sketches au cours desquels on peut noter un petit effort de mise en scène.
Stan, le retour… Stan a proposé deux sketches aux idéologies se situant aux antipodes. Son premier sketch fait l’apologie du machisme et doit être entendu au 3ème degré tant il se révèle d’un mépris total pour le sexe féminin. Stan interprète un macho de base qui ne peut vivre sans sa femme. Ce sketch nous donne un sentiment de déjà vu et n’est pas forcément du meilleur goût… C’est alors que Stan nous surprend avec un second sketch contrecarrant le premier. Il devient une femme enceinte aux envies aussi multiples que subites, en parodiant le nez de Cyrano. Une parodie bien écrite puisqu’un gros effort sur les rimes et le rythme même du texte est à souligner. Stan se révèle très crédible dans ce personnage à contre emploi et là, il fait preuve de talent, évitant de tomber dans la facilité d’un jeu trop caricatural. Une chute sympathique et quelques innovations dont un « chauffez-moi la fougasse » savoureux. Une bien agréable surprise.
Kévin est le sixième larron à se présenter : avec sa gueule d’étudiant et sa coupe Tony and Guy, il entre sur scène, enchanté d’avoir eu son bac… Mais un bac ne sert plus à rien… Un humour un brin noir, un tantinet décalé où il se moque de lui-même avec une autodérision de bon alois et de bonne guerre, se définissant comme un « gérontophile du comique ». Lui qui lit le canard enchainé et nous brosse un portrait peu reluisant de la présidence de Sarkozy (à propos de ce dernier : « un hongrois qui baise les français, on dit rien »), il nous explique que les gros rient plus que les maigres… Allez savoir pourquoi… Jeux de mots, un humour pince sans rire et corrosif (Sarko : « vous m’avez cru et vous êtes cuits » ; « Carla, c’est comme les Lancia, ça démarre à gauche et tire à droite »…). De nombreux ingrédients sont présents dans son sketch pour pronostiquer un beau parcours à ce jeune homme tonique qui a fait l’an passé les premières parties de la Tournée de Michèle Torr.
Christopher Watt emboite le pas à Kévin, avec sa bouille de bébé et la patate sur scène. Tonique, il nous explique le malheur des « intermites » (entendez par là les intermittents obligés de cachetonner dans les supermarchés pour gagner leur vie). Un sketch qui traine en longueur et se mue en une énumération de cas d’école au final ennuyeuse même s’il y met tout son dynamisme et sa bonne volonté. Pauvres « intermites qu’on écrase et qui pourtant sont indispensables à la société ». Un beau plaidoyer en faveur des artistes qui mériterait un travail de mise en scène et un jeu plus en nuance.
Un interlude est offert par Max et Tom, deux petits jeunes qui proposent quelques sketches traitant de l’amitié entre deux potes… Le premier, Max, est un benêt de première ; le second un petit roublard. Des sketches très proches de la réalité, attendus et peu novateurs reposant sur des ressorts classiques mais les deux jeunes sont à l’aise sur scène : s’ils étaient suivis par un metteur en scène, ils pourraient offrir de bons moments de théâtre.
La matinée s’achève sur « Babette, femme parfaite »… Un solo savoureux exécuté par une jeune comédienne pratiquant le jeu clownesque et le grotesque. Elle a par ailleurs joué au Marie Jeanne : on assiste ici médusé à sa démonstration d’une femme parfaite. On se dit à la voir qu’elle mériterait de jouer dans un grand théâtre. La maîtrise de la gestique et des techniques du jeu masqué sont indéniables, le rythme est bon. Le récit de cette pauvre Babette, femme au foyer battue par son époux, au sourire forcé et à la joie figée, n’est pas à prendre au premier degré : au contraire, il démontre avec justesse et talent un mécanisme psychologique pernicieux, proche de celui du syndrome de Stockholm où la femme soumise à son bourreau devient un pantin béatement heureux, telle une poupée décervelée par un lavage de cerveau quotidien. Le constat est dur et la réalité dénoncée, insupportable. Un humour noir qui vise juste même si, à y réfléchir à deux fois, la situation décrite n’est pas drôle du tout. Sa petite chanson « Babette, je la fouette, je la lie, je la passe à la casserole » est d’une justesse effroyable. Oui, « Babette femme parfaite » fait froid dans le dos tant il dénonce une réalité d’une violence impitoyable faite aux femmes, et ce encore de nos jours. Le tout sous couvert d’une gaieté inaltérable et d’un humour glaçant.

[19]

Une petite pause déjeuner bien méritée et c’est reparti avec Florent Peyre. Ce dernier possède un humour grinçant avec un franc parlé et un tonus étourdissant : beaucoup d’autodérision et de bons mots dans son premier sketch où il nous donne une solution simple et efficace pour excuser l’adultère : la schizophrénie. Alors, les gars, quand il fait 40 degrés à l’ombre et 90 degrés dans le slip, vous pouvez vous laisser « tentater » par une jolie fille… Energique et fort en grimaces en tout genre, Florent exécute un sketch juteux et juste autour du célèbre Mario Bros, piégé par Nintendo depuis 20 ans, kidnappé par Sarko : qu’est ce qu’on ne lui a pas fait faire à ce pauvre Mario ! Son jeu très physique mime les évolutions du personnage sur la play station avec un sens aigu du rythme et de l’observation : onomatopées, soubresauts, déplacements, bips, tous les ingrédients de ce jeu d’arcade sont interprétés avec talent par le jeune Florent. Et c’est bien heureux.
Suit Caroline G qui propose un one woman tirant vers le stand up : elle veut adopter un homme à la SPH et découvre Rex, aux instincts mâles primaires. Elle nous relate alors les aventures d’une pauvre mère de famille qui n’arrive pas à trouver le sommeil entre ses animaux et ses enfants. Elle nous parle de la mort et du paradis mais son sketch manque de tonicité et son jeu est monotone. L’ennui, hélas, guette le spectateur au tournant si un effort de mise en scène n’est pas fait. Fort heureusement, quelques bonnes idées surgissent de son univers lorsqu’elle parle de la « sans valentin ».
Intervient brièvement la Compagnie tout court venue présenter « Week end en Ascenseur ». Un grand gaillard interprète avec justesse un flic à l’humour décalé qui parle des meurtres hivernaux en termes d’ « ice crime ». La musique et un effort de jeu sont à l’œuvre mais hélas, il manquait ses acolytes pour offrir au jury un extrait plus jouissif. Et c’est là où le bas blessait…
Le quatrième à faire son entrée est Cyril : il propose, dans un premier temps, un sketch convenu autour de l’école des fans. Vous savez ce même extrait du bêtisier que l’on ressert au spectateur tous les ans et qui nuit au pauvre enfant victime de cette émission, enfant aujourd’hui devenu adulte dont le souhait est qu’on oublie ce moment de sa vie. Déroulant le thème nostalgique de l’enfance, il en arrive à parler de ces héros qui ont marqué la jeunesse des trentenaires : Goldorak, Albator, Musclor, ces musclés des dessins animés d’antan… C’était tout de même plus facile de s’identifier à eux qu’à Bob l’éponge… Quel garçon ne s’est pas pris pour l’un ou l’autre de ces héros ? Qui n’a pas cru en ces contes modernes ? Son jeu énergique atteint son apogée avec son remake de Scoobidou… Le chien peureux et gourmand, accompagné de Samy et de ses amis dans un manoir hanté… Ah, ce pauv’ scoobi ! Une belle énergie, du talent et une nostalgie sympathique… telles sont les qualités de ce jeune homme qui fait montre ici d’un beau travail.
Un petit interlude avec du stand up interprété par trois jeunes : Sofiane, Mourad et Abdel. Puis c’est au tour de Pauline.mu de se coller au jeu des auditions. Pauline présente trois sketches de son spectacle. Le premier dans lequel elle forme des cambrioleurs-tueurs pieds nickelés est sorti du contexte de son spectacle : cela est bien dommage car il perd en intérêt et en intensité. Son deuxième, qui rappelle les films d’horreur du type Chucky, est fort bien interprété : Pauline est cette méchante petite fille qui bat sa maman, une tueuse en série en devenir, au regard pervers et au sourire innocent quand elle dit, l’air de rien, paisible : « Maman, elle dort depuis deux jours ». Un beau travail tant du point de vue de la gestique que de la voix et du corps. Son troisième sketch où elle interprète une grand-mère à la page, luttant contre la loi Hadopi, est tout aussi très juste. Même si l’univers de Pauline n’est pas forcément au goût de tout le monde – l’humour noir et décalé peut déranger puisqu’il pose la question du peut-on rire de tout ?- la jeune femme propose un travail de comédienne honnête et fait montre d’un talent certain.
C’est au tour de la jeune Erika, qui relate les malheurs d’une pauvre femme ayant raté ses mariages consécutifs et ses suicides répétés. Sauvée de la noyade par un MNS (un maître nageur sauveteur) bedonnant (rien à voir avec ceux que l’on nous montre dans les films), rescapée par les airs bag de sa voiture… Erika nous raconte toutes ses péripéties avec naturel et sympathie. Puis elle s’attaque à cette mode actuelle qui est de mettre les bébés dans les congélateurs : avant, les enfants étaient désirés et de toute façon, il n’y avait pas de « congélo » pour s’en débarrasser! Elle nous livre ici certaines réflexions sur la vie et les choses avec allant et générosité. Cependant, ses sketches manquent de mise en scène.
Ces auditions se sont achevées sur une prestation de Muriel Kenn qui a réussi à se libérer pour présenter au jury un extrait de son one woman qu’elle jouait à l’Archange (voir notre critique sur www.larevuemarseillaisedutheatre.com [20]). Si vous aimez l’humour juif, n’hésitez pas : Muriel est votre femme. Talentueuse, drôle sans être vulgaire, généreuse, humble, elle rappelle dans le personnage de Tita un certain Elie Cacou…

C’est dans la joie et la bonne humeur que se sont achevées les auditions de cette année avec un panel d’artistes aux univers distincts et complémentaires. Certains ont su montrer en une quinzaine de minutes l’étendue de leur talent, d’autres ont révélé un univers très personnel. Nous ne préjugerons pas des sélections par les différents festivals présents ce jour mais gageons que 2010 sera une bonne cuvée. Diane VANDERMOLINA