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Exploser le plafond : Précis de féminisme à l’usage du monde de la culture

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Autrice : Reine Prat/ Éditeur : Rue de l’échiquier/ Collection : Les Incisives

ISBN : 978-2-37425-310-7/ EAN : 9782374253107/ Prix : 12€

Format : 110 x 190 mm/ Nombre de pages : 112/ Date de parution : 14/10/2021

Un ouvrage revigorant à conserver à portée de main

Avec les mouvements #MeToo et #balancetonporc, ont éclaté au grand jour, dans les médias et sur les réseaux sociaux, avec une puissance inédite, les inégalités et discriminations, violences et harcèlements (sexistes, sexuels, raciaux, environnementaux…) qui existent depuis la nuit des temps dans le monde de la culture (édition, musique, théâtre, cinéma, etc.) et de la communication.

Les nombreux témoignages à charge des femmes victimes de ces conduites mettent en lumière l’impunité des artistes masculins : ces derniers sont très largement protégés par le système dans la mesure où est opposée, aux critiques, leur liberté de création, alibi bien utile qui nous interroge sur l’éternelle question de la séparation de l’homme et de l’artiste. De plus, leurs comportements inappropriés font l’objet d’un consensus persistant et de nombreuses tolérances, liés à la construction sociale des représentations des rapports entre les hommes et les femmes. Ce que Sartre a par ailleurs théorisé dans l’Etre et le Néant, plus particulièrement dans son passage sur la Mauvaise Foi féminine.  

Dans cet ouvrage écrit à la façon d’un essai, Reine Prat, inspectrice générale de la création, des enseignements artistiques et de l’action culturelle, revient sur le fonctionnement interne du secteur et ses caractéristiques structurelles : usant d’un style incisif revendiqué où la contradiction assumée permet de révéler une réflexion longuement murie par l’autrice, cette dernière nous éclaire sur une réalité que nous ne pouvons ignorer. Sous couvert de promouvoir l’ouverture et la diversité, le monde de la culture reste dans un entre soi dominé par un bastion d’hommes blancs, cis-hétéros, issus des classes moyennes et supérieures, y compris dans des professions fortement féminisées comme le livre. Reine analyse ainsi avec acuité et finesse, précisant chaque source à laquelle elle se réfère, comment s’articulent les représentations proposées au public, l’organisation du travail artistique et culturel et la vie privée de celles et ceux qui le font, partant du constat que la scène, l’intime et l’espace public sont les trois leviers d’un système qui alimente et reproduit une culture patriarcale, dominatrice, inégalitaire et pire, antidémocratique à l’instar et/ou héritée de la démocratie grecque réservée aux seuls citoyens masculins.

La pensée féministe de Reine Prat s’est radicalisée «  à son corps défendant » (dixit G. Fraisse, en préface), à la suite des rapports qu’elle a rendus sur la question des inégalités entre les femmes et les hommes dans les arts du spectacle parus en 2006 et 2009.

Dans son livre, elle tente de proposer des pistes de réflexion et d’action au monde de la culture pour lutter contre les discriminations et inégalités. Ces dernières sont inscrites dans la langue française elle-même « où le masculin l’emporte sur le féminin » dans les accords, règle aujourd’hui remise en question par les féministes, à laquelle on peut substituer celle de l’accord avec le genre majoritaire. De plus, le français ne connaît pas le neutre au contraire de l’allemand par exemple et seuls certains métiers ont des noms masculins épicènes c’est-à-dire qui se terminent en ‘e’ et peuvent également désigner une femme : photographe, peintre ou encore poète.  A la question non tranchée du langage inclusif, celle qui dit préférer utiliser des majuscules pour plus de lisibilité explique qu’il n’y a aucune règle. Il est vrai que la question divise et que la notion d’inclusivité peut être excluante. Par ailleurs, à la fraternité ou à la sororité, elle oppose la solidarité, terme plus adéquat permettant de sortir d’une pensée binaire, et s’inquiète des discriminations positives dont les effets pervers sont pléthores.

Ainsi, l’histoire même de la langue française permet de comprendre comment la société a été bâtie sur un système patriarcal qu’il est difficile de « (dé)gommer » dans les représentations du monde et par conséquent dans l’organisation, hiérarchisation, et structuration même du monde. Ce constat âpre nous questionne et même si Reine Prat ne donne pas de réponse à la manière dont nous pouvons rééquilibrer la donne, elle nous offre des pistes de réflexion passionnantes, à commencer par sa définition du féminisme : « par féministes, j’entends toute femme ou tout homme ayant vécu ou étant conscient.e des violences exercées quotidiennement contre des femmes, des gays, des lesbiennes, des trans et luttant contre ces violences et contre toute forme d’inégalité ». Cette définition large a pour mérite d’inclure des situations bien plus complexes que ce que le terme de base peut recouvrir dans les esprits, une façon d’ouvrir les êtres à une vision plus globale des problématiques et nous réveiller de notre sommeil dogmatique. En ce sens, cet essai est un guide offrant au monde de la culture des outils de réflexions pour des actions à venir.

In fine, Reine Prat, en nous éveillant à des problématiques que nous ressentons sans pourtant toujours en saisir les tenants et les aboutissants, incite les femmes à exploser ce plafond de verre qui encore trop souvent aujourd’hui les empêche inconsciemment ou non de se projeter dans des métiers par peur qu’ils ne soient pas pour elles ou encore par crainte de subir ces paroles et propos, agissements et comportements, harcèlements et agressions sexistes et discriminatoires existant dans le monde culturel : on ne juge pas le travail d’une femme de la même façon que celui d’un homme, la première sera déconsidérée là où le second sera encensé. Il nous faut donc inverser la vapeur, en commençant par s’attaquer à ce chantier de construction d’un monde culturel véritablement représentatif des diversités existantes à l’image de la culture populaire.

Osez Joséphine chantait Bashung, je terminerais en disant : osez, amies féministes, femmes, cis ou LGBTQI, racisé.e.s ou non ! Diane Vandermolina

Interview de Reine Prat [2]

 

MARJOLAINE HEEG : Voyage au centre du vivant

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Photographies – Vernissage

Le public était au rendez-vous, en ce début octobre 2021, au Théâtre International Toursky, pour le vernissage de l’exposition de l’artiste Marjolaine Heeg.

Exposition originale s’il en est car ses photographies, splendides, ont été ornées de poésie. En effet, la comédienne Prune Lichtlé a lu des œuvres de Marjolaine Heeg. Un moment comme un souffle, d’une pureté absolue.

A admirer ses photographies, à la fois délicates, éclatantes, surprenantes dans le détail, on devine l’artiste sensible qui met en exergue un hymne à la beauté, plus encore, un hymne à la vie.

Livre –Des Racines et des Vies

Dans l’anxiété

De l’adieu

Tendu sur la brume

Les hirondelles se levèrent

Et j’ai trébuché

Sur tes lèvres soudées

Rivets fermés

Sur le matin

Marjolaine Heeg photographie avec son âme, une âme qu’elle livre tout entière dans un écrin ‘Des racines et des vies’ paru aux éditions L’arbre à Lunes, un livre comme un cri, mais il est tendre. Là, se mêlent des photographies d’arbres en noir et blanc à des poésies, courtes, palpitantes, vibrantes. Les branches, les ramures, les racines s’enchevêtrent aux mots, les portent, les supportent, les caressent ou les enfouissent. Tout se noue autour de l’arbre et de la sève d’un pourquoi. Par-delà d’évidentes blessures qu’elle panse avec les mots et la force de l’arbre, c’est un message d’amour qu’elle lance à l’univers et aux lecteurs/spectateurs que nous sommes. Là aussi, plus qu’une déchirure, c’est toujours un hymne à la vie.

Des branches qui se tordent, se ramifient,  se tendent, s’accrochent aux mots, cordon ombilical entre terre et ciel… Si l’univers de Marjolaine Heeg est onirique, il relie délicatement, comme en filigrane, l’inéluctable à l’espoir.

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MARJOLAINE HEEG Stairs to heaven

Jean-Pierre Cramoisan, écrivain, a préfacé le livre de l’artiste.

Nous ne pouvions nous priver de son texte que je retranscris in extenso ci-après. C’est donc un article que nous signerons à deux.

« C’est en reliant l’image au verbe que la poésie de Marjolaine prend tout son sens. Qu’elle s’élève, lumineuse, fragile, intacte dans l’émotion et le pouvoir de dire. Mais écrire en poète n’est jamais chose gagnée. On n’atteint jamais qu’un fantôme de vérité. Ce que nous vivons est souvent le passage d’un temps d’illusion. La réalité nous manipule et ne s’aperçoit même pas que nous nous servons d’elle pour exister.

Marjolaine qui connaît si bien l’âpreté des combats intérieurs nous confie « la mort dans l’âme » tu as gagné… je suis vaincue…

Si les mots qu’elle rassemble aujourd’hui dans ce recueil de poèmes s’associent à des photographies de grands arbres pour qualifier un ancien jardin laissé en friche, c’est qu’ils ouvrent sur d’indispensables chemins buissonniers. Ils en sont le fil magique pour retrouver, à travers la lucidité des mots proches qui préparent à l’offrande de la vie, l’empreinte d’un cœur blessé : l’absence de l’autre.

Deux étoiles éteintes perdues, égarées, à la recherche d’une clé pour ouvrir les verrous des regrets de ce qui ne peut pas être. La sonorité des rythmes se raccordent aux égarements et aux errances de l’âme dont le flux s’écoule dans les replis secrets du malheur pour adoucir la perte des jours en allés, l’espérance désenchantée de ne jamais connaître la formule qui prélude à toute vérité.

Il y a toujours un jardin derrière le mur, nous confie Marjolaine, où il pleut doucement, où la vie tremble parfois.

Les arbres, ces sombres funambules, l’accompagnent à travers l’esprit de la nature, debout, solides, irriguant le ciel, sculptant l’espace, disparaissant dans la terre ; et rien ne peut éteindre leur appétit d’azur, ni l’immense soif de leurs racines.

Comme une ressouvenance des parfums de cachette de l’immensité.

Ces géants tranquilles, puissants, désordonnés dans la folle, démesure de leurs ramures, déploient une force stable qui résiste à l’épreuve du temps ; ils sont éclaireurs et sorciers qui nous rappellent l’immuable secret qui nous fait entrevoir l’architecture d’une toile d’horizon où tout se fait. Le lieu où s’élabore et se construit la parole poétique devient envol  de tous les possibles. En effeuillant la mélancolie de ses vers, mais aussi de ses aspirations les plus feutrées, les plus intimes, Marjolaine traduit la rumeur de ses tourments, ce qu’elle croit, ce qu’elle ressent, ce qu’elle perçoit des images et des mirages qui l’entourent ; elle sait aussi que tout est fragile, voué à l’usure, à l’effacement, et que rien jamais ne nous est acquis.

Comme la structure des arbres fait écho à la terre et au ciel, car ce qui est en bas demeure et ressemble à ce qui est en haut, Marjolaine plonge ses racines dans la vie et ses petits mystères ; elle se laisse revitaliser par cette sève qui la nourrit, l’irrigue et l’achemine en dedans d’elle-même.

Chaque trace du passé qui la traverse et ravive les multiples nuances de sa sensibilité est un appel à conjurer l’absence d’un visage, d’un regard, d’un endroit, d’un instant, où le souvenir et le rêve se lient, se nouent, ne demandant qu’à sourdre et à se mêler dans la confluence du monde.

Là-haut, dans le miroir du ciel qui reflète les hautes silhouettes des arbres, à la verticale de la lumière, quelque chose invite le poète à partager les fragments fugaces de l’indicible. Ainsi la distance d’une racine est égale à l’extrémité d’une branche, d’une dernière feuille ; ainsi un mot porte en lui la présence sacrée de ce qui ne se voit pas, mais qui est là de toute éternité.

Dans la tourmente du monde des images apparaissent portées par l’incandescence du verbe, des couleurs se déploient dans la nuit ; des frôlements de corps, où les mains ouvrent au voyage, dessinent les caresses d’une volupté discrète qui toujours fleurit.

On sent dans cette poésie une envie de voir trop longtemps engourdie, des désirs contenus, trop vite tus, une étoile solitaire accrochée au faîte d’un arbre, et qui attend.

Il en a fallu du temps à ces colosses pour tirer sur leurs branches, verticaliser leur fût et parvenir à frôler cette lumière venue d’ailleurs.

La poésie de Marjolaine nous fait retrouver la suavité des mots rétifs.

Libre et sans regret, elle semble n’appartenir qu’à l’instant qui se nourrit de cette vie qui se régénère.

Jean-Pierre Cramoisan/Danielle Dufour Verna

FAITES DE LA FRATERNITE 7ème : du 24 au 26 septembre au Toursky

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Richard Martin, directeur du théâtre Toursky, présente la 7ème édition de Faites de la Fraternité, le rendez-vous incontournable de cette rentrée 2021 où pendant trois jours du 24 au 26 septembre, les curieux pourront aller à la rencontre d’artistes en tout poil et de spectacles en tout genre, le tout accompagné de repas partagés aux saveurs africaines, de projections et de rencontres philosophiques.

Un programme riche en surprises et découvertes autour de la question de la fraternité. Qu’est-ce que la fraternité ? « Une tendresse nécessaire, une porte de secours » dirait Richard Martin.

[4]La mémoire et la mer ©DR

Cultivons le jardin de la Fraternité

Avec cette Faites de la Fraternité, Richard Martin souhaite faire de Marseille, sa ville d’adoption, « un phare fraternel de la Méditerranée ». « Marseille, c’est une ville monde, universelle et fraternelle : contrairement à ce que disent les médias, ce n’est pas uniquement des kalachnikovs et des règlements de compte même si la ville se dégrade petit à petit depuis plusieurs années ». Pour le directeur du Toursky « il est important que les institutions se rendent compte de la nécessité de redresser la barre et nous avons besoin de philosophes pour avoir des visions pour demain ».

Remerciant le soutien et l’accompagnement du Crédit Mutuel Méditerranéen, représenté par Daniel Lacqua, directeur commercial du Crédit Mutuel Méditerranéen et Robert Peiron, président de la caisse locale Vieux Port, ainsi que l’aide précieuse de la Solimut Mutuelle de France, il insiste sur la nécessité de « rassembler les hommes dans la tendresse fraternelle ».  « Cet accompagnement du Crédit Mutuel Méditerranéen ne doit rien au hasard : notre banque accompagne au quotidien des projets portés par des associations. Nous avons été séduits lors de la première année de notre soutien par la qualité de cette rencontre où la fraternité concourt à améliorer le vivre ensemble. La solidarité, la culture et la proximité sont trois valeurs fortes qui se rapprochent des nôtres » souligne Robert Peiron.

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De gauche à droite : Robert Peiron, président de la caisse locale Vieux Port ; Daniel Lacqua, directeur commercial du Crédit Mutuel Méditerranéen et Richard Martin, directeur du Toursky © DVDM

La Culture contribue au bien-être et à la santé de tout être humain : elle répond au besoin de fraternité, elle relie les uns et les autres. « Nous avons besoin de culture pour que les gens se sentent mieux, dialoguent et s’écoutent : ce n ‘est qu’en allant au théâtre, au cinéma, au concert ou aux expositions que nous avançons les uns vers les autres » développe Patrick à l’origine de la venue de Abdennour Bidar, philosophe et auteur de « Plaidoyer pour la Fraternité » (Albin Michel, 2015).

La fraternité passe également par la rencontre de l’autre, l’acceptation de sa différence : « de cette acceptation, nait la compréhension de l’autre, essentielle à la fraternité » précise Danielle Verna Dufour qui représente le duo Deisis, deux jeunes musiciens originaires de Sicile « là où le volcan est rentré en éruption (l’Etna)» en concert le 25 à midi sur les terrasses du Toursky puis le 26 à 18h au Roudelet Félibren, le centre de culture provençal, dirigé par Denis Pantaléo, « avec un clin d’œil à Sacco et Vanzetti» précise Danielle. Cette démarche fraternelle est également celle de Terre de Chansons qui présente en début d’après-midi un concert  « On n’arrête pas les oiseaux », retraçant l’histoire d’un jeune migrant, le livre-disque enregistré avec des enfants des quartiers sortira bientôt.

Autre création à découvrir : « Prima Donna », mis en scène par Marcelle Basso avec Géraldine Baldini. « C’est l’histoire d’une cantatrice du 19ème siècle qui se réincarne en chanteuse de jazz à la voix de contralto ». Ode à l’art lyrique, ode à la vie également. Ce spectacle burlesque « nous incite à avoir le courage d’être nous-même et de faire ce que nous aimons ». De nous battre pour ! A découvrir en début de soirée, avant « le Cocktail d’humour et de contes » de Saïdou Abatcha, inimitable au verbe succulent et percutant.

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Saïdou Abatcha©DR

Jouant du Sanza, un piano à pouces, instrument mythologique venant du Congo, autrement appelé kalimba (Ouganda), budongo, mbira, mangambeu (Cameroun), ou marímbula, Saïdou nous raconte avec sa verve drolatique les origines de l’humanité. Dieu ne trouvant personne à qui confier le secret de la connaissance s’ennuyait et inventa cet instrument pour remplir le vide, créant le ciel et la terre, l’harmonie. Hélas, une fausse note l’amena à créer l’homme, et « partout où l’homme passe, la monde trépasse ». Saïdou nous parle d’amour, de l’être, de la connaissance et de la vérité. « La vérité n’est nulle part entière », une référence implicite à Pascal. Il parle, beaucoup et juste : « la parole a horreur d’être dite avant, ou après ou pas du tout », « on construit l’être humain par la parole ». De jeux de mots en calembours, tel un griot moderne, il nous aspire dans son univers fait de poésie et d’humour, également de sagesse. Un temps fort  de cette édition que nous vous recommandons chaudement.

Autre temps fort et pas des moindres, la projection du film de François Ruffin et Gilles Perret « Debout les femmes »  le dimanche à 16h30. Dany Bruet, correspondant des amis du Monde Diplomatique, nous rappelle l’objet de ce film, re-contextualisant le récit de ces femmes qui exercent « des métiers de lien » auquel le président Macron avait promis son soutien. Cette promesse- qui après coup se révèle avoir été un coup de com’ – a été rendue caduque par le rejet par les députés de la majorité présidentielle d’une proposition de loi de François Ruffin visant à améliorer leur quotidien au travail. Car ces femmes, qui s’occupent des ainés et des personnes en situation de handicap, « souffrent d’une absence de reconnaissance de leur travail par le système actuel ». Et de citer l’économiste Eloi Laurent dans ANIMAL, le film de Cyril Dion, « une des valeurs économiques les plus importantes à prendre en compte, c’est l’amour ».

Si même les économistes se mettent à parler d’amour, la fraternité n’est pas une vaine valeur. Au contraire, ne définit-elle pas notre humanité, notre capacité à aimer l’autre et le prendre avec soi ? Faisons donc de la Fraternité un cheval de bataille par souci de préservation de notre monde et de l’humanité toute entière. Diane Vandermolina

Programme (infos et réservations sur toursky.fr ou 04 91 02 54 54)

VENDREDI 24 SEPTEMBRE 21h – LA MÉMOIRE ET LA MER – oratorio poétique avec Richard Martin avec l’Orchestre symphonique de Toulon dirigé par Vincent Beer-Demander SALLE TOURSKY / Gratuit sur réservation au 04 91 02 54 54). Un clin d’œil à Néruda et à Rimbaud sera également proposé au cours de cette soirée.

SAMEDI 25 SEPTEMBRE

11h > 12h – CAFÉ LITTÉRAIRE avec Forum Femmes Méditerranée Café du dialogue interculturel de la Fondation Anna Lindh. TERRASSE

12h > 12h30 – POÉSIE SOUS L’ARBRE avec la comédienne Géraldine Baldini. Lecture de poésie de Claude Ber « Célébration de l’espèce ». TERRASSE

12h30 > 14h – MAFÉ EN MUSIQUE avec L’Union des Femmes du Monde. Repas partagé autour de spécialités africaines et animé en musique par le duo italien Diesis. Repas + boisson 12€. Réservations : udesfemmes@gmail.com ou administration@toursky.fr [7] . TERRASSE

14h > 14h30 – DANSE avec les danseurs de la Cie Axolot. Extraits de pièces chorégraphiques de Krystel Dragovic autour de la vie de l’artiste peintre Charlotte Salomon. SALLE LÉO FERRÉ

14h30 > 15h – CHANSON avec l’auteur-compositeur Daniel Beaume et Justine Guichet (flûtiste),en partenariat avec l’association Terre de Chansons. Extrait du spectacle On n’arrête pas les oiseaux sur le parcours d’un jeune migrant. SALLE LÉO FERRÉ

15h >17h – PROJECTION  avec les élèves du Lycée St-Charles. Projection de films documentaires suivie d’un échange avec le public. SALLE LÉO FERRÉ

 17h00 > 18h30 – CONFÉRENCE avec le philosophe Abdennour Bidar, auteur de Plaidoyer pour la Fraternité (Albin Michel – 2015), suivie d’une séance de dédicace. TERRASSE

18h30. >19h15 – THÉÂTRE MUSICAL avec la comédienne Géraldine Baldini/Extrait de La Prima Donna de Claude Ber. SALLE LÉO FERRÉ

19h15 > 21h – REPAS ET MUSIQUE SUR LES TERRASSES avec L’Union des Femmes du Monde. Saveurs sénégalaises accompagnées de musiques orientales ! TERRASSE

 21h – SAÏDOU ABATCHA – Cocktail d’humour et de contes avec Saïdou Abatcha. SALLE TOURSKY. Tarifs : 8/16€

DIMANCHE 26 SEPTEMBRE

16h00 à 16h30 : Les percussions de Mulêketù

16h30 à 18h00 : Projection en avant-première du film « Debout les femmes ! » de François Ruffin & Gilles Perret. À la rencontre de ces femmes des métiers du soin et du lien, qui s’occupent de nos enfants, nos malades, nos personnes âgées (3 à 10€).

18h00 à 19h00 : Débat avec François Ruffin. TERRASSE & SALLE LÉO FERRÉ

Et

-Accrochage éphémère du portrait de Louise Michel par l’artiste plasticien Henri Marquet

-Exposition « Sauver Protéger Témoigner » par SOS MEDITERRANEE

-Performance chantée et dansée d’Empara Rossello

-Stands des associations sur la terrasse toute la journée du samedi : Le CALMS, Association des Amis de Richard Martin, le Crédit Mutuel, SOS MEDITERRANEE, Solimut, Association Forum Femmes Méditerranée, Établissement Français du Sang, Association Terre de Chansons, Les Amis du Monde Diplomatique…

Notre Sélection de livres à l’attention des amateurs de romans policiers et fantastiques

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Coup de cœur pour le dossier Arkham d’Alex Nikolavitch édité par LEHA, maison d’édition marseillaise au large choix de romans mêlant thriller et fantastique.

Le dossier Arkham d’Alex Nikolavitch

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Edité par la maison marseillaise LEHA, au large choix d’ouvrages de qualité, Le dossier Arkham d’Alex Nikolavitch se présente comme une compilation de notes et documents épars, retrouvés sur les lieux du meurtre non élucidé d’un enquêteur  privé, le détective Mike Danjer. Ce dernier enquêtait sur la disparition inquiétante d’un groupe d’étudiants dans la forêt de Dunwich, à la demande du père d’un des jeunes, M. Plissen.

Ce roman nous plonge dans un univers étrange, gouverné par  la mystique et la métaphysique : l’enquête menée par le détective mettra à jour un indicible complot mené par un leader Nazi, Adenoïd Gillman, maire d’Innsbourg, amateur des fricassées de tentacules de tante Gudule, spécialité locale à base de poudre de viande noire aux vertus hallucinogènes. Cette viande est censée ouvrir l’esprit afin de créer un pont vers un autre monde pour y accueillir un nouvel ordre cosmique.

Se détache une galerie de personnages inquiétants et charismatiques – à l’instar de Johnny O’Rourke Favorite devenu Frank Sinyarthra ou du professeur Blake- impliqués dans des récits incroyables de chamanisme, de sacrifice humain, de cannibalisme, les membres du petit village d’Innsbourg mangeant cette fameuse viande noire, tradition héritée des premiers habitants.

Nous parcourons au grès de la lecture de nombreuses contrées de l’Amérique du Nord à l’Egypte en passant par le Tibet à la recherche des secrets du plateau de Leng afin de percer les mystères de l’invisible, nous partons sur les traces Abdul al-Hazred, Abdel le fou, auteur fictif du Necronomicon, ouvrage sur le mythe de Cthulhu, écrit par Lovecraft.

Jouant sur les noms des personnages, notamment ceux de Clark Dorset et Loïs Alley, deux journalistes impliqués dans le récit, qui ne sont pas sans évoquer le couple Kent/Lane dans Superman, l’auteur truffe ses pages d’allusion à des séries et films connus (Indiana Jones avec le personnage du professeur intrépide surnommé Dakota Williams, X-files avec le personnage d’Annie Wilkers enlevée et mise enceinte par le maire du village ou encore Arrow avec son évocation de l’île de Panta Barbat).

Abondamment illustré et documenté, cet ouvrage inclassable entre journal, roman graphique et manuscrit avec sa présentation originale (typographie, couleurs des textes, taille et style des écritures…) est une réussite en tout point : l’intrigue est habillement amenée et mise en forme avec la découverte au fil du récit des échanges de courriers entre les différents protagonistes, compte rendu d’enquête, l’exhumation de nouvelles, articles de journaux, comptes rendus universitaires, carnet intime ou encore une interview du crooner du groupe the rats in the walll (autre allusion à Lovecraft auquel l’auteur fait un remarquable hommage).

L’écriture est ici finement ciselée, la langue est recherchée, travaillée et les illustrations sont magnifiques ; l’auteur joue des différents genres littéraires avec élégance et aisance, passant du récit de type polar à l’atmosphère poisseuse à un récit journalistique, historique, universitaire dans une langue précise et pointue….  C’est avec délectation nous suivons toutes ces histoires enchevêtrées comme si nous menions l’enquête à la place de Mike Danjer.

Ce livre de très belle facture qui nous amène aux confins du fantastique est à dévorer sans modération. Diane Vandermolina

EAN : 9791097270513 /300 pages/ Éditeur : Leha (2020)

En attendant la suite

Pré-mortem – 1. Mourir de vivre de Patrick McSpare

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Les Editions LEHA proposent également des romans plus classiques dans leur forme mais tout aussi originaux dans leur sujet. Parmi ceux-là, Pré-mortem, Mourir de Vivre, tome 1, signé Patrick Mc Spare, est un road movie nerveux et vif à l’écriture fluide.

Il nous interroge sur notre rapport à la mort à laquelle nous ne pouvons (r)échapper en partant d’un postulat original. Si nous savions quel jour nous allons mourir, que ferions-nous du reste de notre vie, de ce laps de temps plus ou moins long qu’il nous resterait à vivre, qu’adviendrait-il de l’organisation du monde, basculerait-elle dans le chaos, dans un monde apocalyptique où selon notre durée de vie nous ne serions pas libres de nos mouvements, continuellement surveillés par Big Brother?

Telles sont les questions qui taraudent le héros de cette histoire, Neal. Ce dernier, le soir du 31 octobre, était dans un tel état d’ivresse qu’il n’a pas entendu sa banshee lui dire le jour de sa mort ou alors n’a-t-il pas voulu l’entendre ? Avec ses compagnons d’infortune, Rob, agent du FBI pré-mortem, et sa sœur, Kristen, ainsi qu’une famille rencontrée par hasard sur le trajet les menant des Etats Unis en Angleterre, il est pris au piège dans la demeure familiale de Rob : pour s’être enfouis des camps de rétention des pré-mortem, ils se retrouvent encerclés par les militaires ayant ordre de tirer à vue.

Convoquant des créatures mythologiques qui révèlent le pire de l’humanité, ce roman se déploie tel un récit pré-apocalyptique (voire pré-cataclysmique) réjouissant et enlevé où nous nous prenons d’affection pour les différents personnages dont les tourments existentiels sont également nôtres.   

DVDM

EAN : 9791097270445/ 400 pages / Leha Romans (2021)

Fantastique, quand tu nous tiens !

Les Avides de Guillermo del Toro/Chuck Hogan

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Les éditions Pygmalion proposent une série intitulée « les dossiers Blackwood » avec un premier chapitre ‘les avides’, co-écrit par Guillermo del Toro, le maître du cinéma fantastique, et Chuck Hogan, scénariste américain reconnu.

Ce roman à l’écriture nerveuse et sèche met en scène un personnage étrange et inquiétant, fascinant de par ses faiblesses et questionnements métaphysiques, sorte d’anti-héros : Hugo Blackwood, simple clerc ayant vu le jour au 16ème siècle. Blackwood apparait lorsqu’une personne en proie à des démons le convoque, en l’appelant par son nom ou en glissant un mot dans la fente d’une boite aux lettres savamment cachée du regard d’autrui.

Car du jour où il a participé à une séance de spiritisme, cérémonie occulte  d’invocation des anges énochiens ayant ouvert le portail à d’abominables créatures avides de pouvoir et de mort, Blackwood a été condamné à l’immortalité. Hanté par le fantôme de sa femme décédée, il parcourt les époques à la recherche de ces créatures maléfiques, les Avides, afin de les capturer et ainsi sauver l’humanité et le monde de l’Apocalypse. Mais ces créatures lui donnent du fil à retordre, s’insinuant dans le corps de leurs victimes pour attiser en elles la flamme meurtrière.  

Occultisme, fantastique, réalisme et classicisme sont les pierres angulaires de ce récit bien mené. Ecrit à la manière d’un scénario, les images se succédant dans notre tête, il ferait un excellent thriller.  

DVDM

EAN : 9782081516175/384 pages / Éditeur : Flammarion (2021)

Une première aventure d’un duo improbable

Tantum Ergo* de Maurice Daccord

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Le titre du roman lui-même nous plonge d’emblée dans une intrigue qui nous mènera jusque dans un couvent où s’est jadis déroulé un drame. Un jeune curé tombe amoureux d’une jeune élève du couvent et fuira avec elle. Hélas!, tous deux mourront dans un accident d’avion….

Maurice Daccord nous plonge dans une enquête aux contours classiques, avec ses rebondissements et son dénouement à la Chandler ou à la Simenon. Néanmoins, nous sommes intrigués par le personnage d’Eddy Baccardi. Ce dernier exerce un drôle de métier : il offre contre rémunération ses services d’écoute et de bon sens  à ceux et celles qui ont été brisés par une séparation, avec une bien énigmatique désignation  « Après le mariage ». Discrétion assurée.  

Son commerce est fleurissant jusqu’au jour où ses clientes se font mystérieusement assassinées, l’assassin laissant trois petits cercles de cendre sur son passage, signant ses meurtres du cantique Tantum Ergo. Eddy le vieux beau séducteur trouvera sur sa route le commandant Léon Crevette, un flic bougon mal embouché à la carrure impressionnante qui enquête sur ces meurtres étranges.

Au cours de leurs échanges lors de dîners en ville répétés, naîtra une amitié durable entre les deux hommes, Baccardi aidant Crevette dans son enquête, écoutant ses maux et le conseillant dans sa relation avec Fanny. Tous deux remonteront le fil d’Ariane jusqu’au monastère du château d’Hautval, perdu dans les montagnes.

L’écriture est vive et enlevée ; la verve, gouailleuse, savoureuse, entre franc parler populaire et dialogues à la Clouzot, avec un sens de la formule bien senti. Le style est agréable et l’intrigue, portée par deux personnages hauts en couleur, bien ficelée.  On se prend de sympathie pour le duo ainsi formé et on attend de lire une autre de leurs aventures avec une certaine curiosité.

DVDM

*Tantum Ergo : chant d’adoration au saint sacrement, cantique extrait de l’hymne Pange Lingua, écrit par saint Thomas d’Aquin pour la liturgie des heures.

EAN : 9782343213149/ 218 pages /Éditeur : Editions L’Harmattan (2020)

BERNARDINA, UNE VIE SECRÈTE À LA PIETÀ

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Livre CD, Label : Seulétoile

Nouvelle originale d’Arièle Butaux, postface historique sur la musique à l’Ospedale della Pietà, par Olivier Fourés. Œuvres pour violon, orgue, clavecin et violoncelle de A. Vivaldi, T. Albinoni, A. Caldara, B. Marcello, G. N. Laurenti, F. Gasparini, D. Scarlatti, B. Galuppi, par Alice Julien-Laferrière, violon | Pauline Buet, violoncelle | Jean-Christophe Leclère, clavecin et orgue.

         Joli nom de label et bel emblème pour un beau projet : Seule Étoile. De cette courtoise et amoureuse devise, qui constelle les Hospices de Beaune, par laquelle Nicolas Rolin déclare et affiche un amour exclusif à son épouse au XVe siècle, la talentueuse violoniste Alice Julien-Laferrière, a fait le nom de ce label musical et littéraire original. On ne l’offusquera pas, j’espère, si je tempère cette admirable fidélité affichée, si ostentatoire, à sa troisième épouse, Guigone de Salins, en lui rappelant ou signalant que le richissime chancelier, en plus des trois enfants qu’elle lui donne, aura au moins six bâtards de maîtresses différentes du vivant même de sa légitime troisième épouse. Je dirai que cette proclamation de fidélité absolue est plutôt un avatar décoratif de la Cour amoureuse créée en 1401 à Paris par trois grands seigneurs, dont Philippe de Bourgogne, pendant le loisir festif d’un confinement causé par une épidémie de peste. L’objectif était de défendre et d’honorer les dames en perpétuant une tradition courtoise en déshérence, qui s’évanouira vite passée l’alerte épidémique, mais sera perpétuée en Bourgogne, passant de là en Espagne avec l’avènement de Charles Quint qui en imposera l’idéale étiquette courtoise à sa cour.

         De ce label Seulétoile, on avait aimé Le Violon et l’oiseau, adorable conte musical pour enfants et grands, et l’on a salué ici, si on les compte, d’autres remarquable CD, parmi lesquels Couperin en tête-à-tête avec Alice Julien-Laferrière elle-même au violon et Mathilde Vialle, viole de gambe et, tout dernièrement, Parla, canta, respira de Lise Viricel. Cette dernière production, toute vouée à Venise, à son fameux Ospedale della Pietà aujourd’hui disparu, est encore une réussite de la première à la dernière ligne de texte, et de la première à l’ultime note de musique.

Mais laissons-nous d’abord doucement bercer par l’adagio de la première plage, bien nommée marine plage, lido en vénitien, de la Sonate pour violon en ré mineur de Vivaldi : charme et calme de la lagune où, comme en mesurant l’étendue, le lumineux violon semble un rayon de soleil levant sur des eaux étales, embrumées d’ombre d’un orgue encore somnolent de la nuit, à la surface desquelles les cordes font à peine un petit friselis argenté d’écume de vaguelette réveillée par la brise grise de l’aube (Plage 1)

         La postface historique d’Olivier Fourés, danseur, violoniste, musicologue, collaborateur de l’Istituto Antonio Vivaldi de Venise, spécialiste reconnu du compositeur, très documentée en textes malgré sa brièveté, nous présente clairement les ombres et lumières de ce mythique Ospedale della Pietà, l’un des quatre hospices charitables de la cité des Doges, qui restera célèbre dans l’histoire musicale par la qualité des concerts qui s’y donnaient. L’Ospedale y recueillait, abritait jusqu’à cinq cents enfants, filles et garçons, orphelins ou, surtout, nouveaux nés, abandonnés discrètement la nuit dans une niche à cet effet, fruits de la honte de grossesses clandestines, produits illégitimes du concubinage, de l’adultère et du libertinage effréné dans une ville alors économiquement décadente, vouée au commerce du plaisir, du jeu et de la luxure, avec son carnaval qui durait six mois, drainant toute l’Europe galante et aventurière, fortunée ou cherchant fortune.

Les enfants, comme du bétail, étaient alors marqués au fer rouge, d’un impitoyable P, de propriété de la Pietà mal nommée, enregistrés soigneusement avec quelques signes distinctifs, quand on en laissait, pour permettre aux indignes parents abandonneurs, soit de les récupérer un jour, mus par le remords, soit pour les repérer, lors des visites dans le parloir en venant clandestinement voir anonymement leur progéniture. Par définition conscients d’avoir été abandonnés, on peut imaginer quel roman familial de parents nobles, princiers, royaux, pouvaient nourrir les malheureux enfants, quels rêves de miraculeuse et mirifique  reconnaissance, d’adoption ou, pour le filles, plus tard, de mariage.  Et je rappelle l’usage généralisé à Venise, de la bauta, du masque et de la cape, qui devait rajouter au mystère, aux fantasmes, alimentés par l’anonymat.

         Mais on sait, en spécialiste de l’époque, la licence qui n’épargnait pas les couvents et, quand on se rappelle la folle orgie de Casanova avec deux religieuses libertines exfiltrées du cloître à la faveur du Carnaval, l’on imagine aussi en ce parloir de la Pietà ouvert jusqu’à très tard dans la nuit, à peine éclairé d’un lumignon, avec l’afflux de visiteurs attirés, émoustillés par le flot de filles et de musique, dans la pénombre propice, sous l’œil volontairement myope de surveillantes soudoyées, les frôlements ombreux, les caresses feutrées, les désirs frustrés ou les marchés passés, les passes conclues, mais aussi les jalousies, les désespoirs ravalés de ceux que personne ne réclame, ne visite, ne sollicite, ne tente, pour le meilleur ou le pire.   

 C’est dans ce cadre, que se situe la passionnante nouvelle, presque vraisemblable, d’Arielle Butaux, qui met en scène deux réelles figlie di coro, deux filles du célèbre chœur de la Pietà, musiciennes accomplies dans ce Conservatoire prestigieux où l’éducation musicale des plus poussées était confiées à rien moins qu’aux plus grands musiciens de leur temps, admirés dans toute l’Europe,  qui figurent dans ce disque, dont Vivaldi, qui y fut rattaché quarante ans, attaché comme professeur des filles du chœur et compositeur attitré tenu  par un cahier des charges, à produire, comme Bach à Saint-Thomas, de la musique presque à jet continu : plusieurs concerts par jour à la Pietà où l’on venait de toute l’Europe, des voyageurs célèbres en ont chanté les merveilles, musicales au moins, Rousseau déchantant quant au physique des filles!

Presque exactes contemporaines, l’héroïne titulaire, Bernardina (1696-1783) et Anna Maria (1696-1782) : juste un prénom mais définies, identifiées par leur instrument, le violon. On pense au petit roman du Cubain Alejo Carpentier, Concierto barroco, Concert baroque, où, à la faveur du carnaval, il fait se rencontrer les grands musiciens d’alors, Vivaldi, Hændel et Domenico Scarlatti, pour un concert délirant auquel participent Stravinsky et Louis Armstrong, ainsi que les filles du Coro de la Pietà nommées par leur instrument. Mais rien de drôle ici. On goûtera le largo de la Sonate en fa majeur pour violon de Tommaso Albinoni dans laquelle, mirage et miracle de la musique, il me semble voir, à l’oreille, les miroitements, les irisations des légers remous indolents et langoureux du violon (plage 6) .

          C’est un récit, un long récitatif dirait-on en terminologie lyrique commencé par Bernardina, devenant duo poursuivi par Anna Maria puis trio avec l’intervention, en trio, de Vivaldi lui-même, qui est au cœur, à tous les sens du mot de l’affaire, maître ou amant rêvé de deux petites filles isolées, rêveuses, touchantes enfants abandonnées jamais réclamées au parloir par personne, main dans la main, grandissant dans la musique et la vénération du maître. Avec les inévitables jalousies, rivalités des deux adolescentes, mais solidarité inébranlable, soudées en haine contre la rivale, l’extérieure à la Pietà, l’Étrangère, la Française Anna Giraud, la favorite, autre jouvencelle, mais dont Vivaldi fera une diva célèbre, mourant entre ses bras, aimants ou amants, à Vienne en 1741.  Peut-être empoisonné.

Coup de théâtre d’une seule phrase finale dont, pour en garder la surprise, on se gardera d’en dévoiler le mystère ­—et même le léger voile d’incohérence qui rajoute au charme : pour laquelle des deux violonistes, virtuoses à des degrés divers, Vivaldi a-t-il composé ses plus beaux concertos, frappé du tabou d’un amour interdit, sans doute incestueux ?

 L’allegro tourmenté de la Sonate pour violoncelle de Vivaldi  semble dire les affres rageuses de la passion (Plage 25). Benito Pelegrín

 

BERNARDINA, UNE VIE SECRÈTE À LA PIETÀ Livre CD –durée totale : 64′/ Label : Seulétoile

 RCF : émission N°540 de Benito Pelegrín. Semaine 29

Patrick Alliotte : Le papillon omnivore (Ed. Symétrie Lyon)

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Le souffle puissant de la lumière.

 

Chronique d’une vie, chroniques de plusieurs vies. Un opus enivrant.

Bilan avant la mort, bilan après la mort! D’un chanteur devenu architecte, larve devenu papillon, roman jonché d’airs d’opéra, de noms de compositeurs, compagnons de cette route si cabossée: flash-back permanents et rencontres étonnantes. Roman noir, roman policier, roman multicolore d’une grande densité où triomphe la lumière. Fiction philosophique autobiographique, ce «papillon omnivore» bascule constamment entre la propre vie de l’écrivain-chanteur-metteur en scène-architecte, sa gloire, ses conquêtes multiples, ses échecs.

C’est sans filtre, sans concession: des filles admirées, aimées (Kity, Clémentine) aux filles «tringlées» au bordel de Sarrebruck. A Amsterdam, une pianiste «troussée à l’emporte-pièce!». La maladie, éternellement présente, détails percutants, auto-voyeurisme assumé, du greffon du rein au nombre d’aiguilles, de compresses! Un rapport au corps troublant: créatinine qui explose, protides, acides, globules rouges, analyses diverses, dialyses sans fin, anesthésies, opérations, insomnies, narcoleptiques, jeûnes pendant 15 jours, nausées, résultats lâchés tes quels, rien n’est caché! Peut-être parce que la mort n’existe pas!? Un papillon qui reviendrait sur terre raconter son histoire, ces pulsions de vie régulières pour tromper la mort?

Rencontres de personnages hauts en couleurs, voyages: Rabat, Rio…, on jongle entre la mort, la résurrection, en permanence, descriptions de paysages d’une précision saisissante, grande tournée au Maroc, triomphe de Don Giovanni, malgré un casting loufoque et Amour Lange engagé pour chanter Le Commandeur à la place de la basse…ukrainienne ! Un ténor coréen pour Don Ottavio! Un Don Giovanni à la distribution «en bois !» sur fond de rivalités locales, entre un opéra qui essaie de résister et le projet d’un Festival, autour de Carmen de Georges Bizet ! Mais une ancienne star (lui!) au firmament! Abu Hassan, l’homme d’affaires véreux (Nom choisi intentionnellement: c’est aussi un opéra de Carl Maria Von Weber, de 1811). La scène, les souvenirs prestigieux (le Met, la Fenice, Amsterdam…), le triomphe puis l’oubli, l’incertitude…Bach, Mozart, Schubert, Chopin, Rossini, … semblent souffrir et jouir de la vie avec le héros, cette inarrêtable pulsion de vie pour tromper la mort et ces douleurs traversées qui amènent la sublimation du bonheur.

Toujours face à son ange Ménadel, son missionnaire indispensable pour dire à l’humanité que la mort n’existe pas, Alliote arrive à nous faire voyager, rêver, réfléchir dans un perpétuel mouvement sans fin, immense symphonie de mots, de situations, d’une aisance et d’une culture fascinantes, entre autodérision et complexité d’une personnalité troublante: on jongle entre premier et second degré, mythomanie d’une carrière non achevée ou recherche d’autre chose? On baigne dans la folie, l’euphorie des effets de poudres multiples: drogues, anxiolytiques. Alliotte/Lange construit son roman comme un film aux multiples rebondissements; l’auteur nous trimballe d’un pays à l’autre, d’une scène (d’opéra, de ménage) à l’autre! Rocambolesque et triste à la fois, le papillon reste fragile, proche de la chrysalide, plus larve mais pas encore papillon, mais  «omnivore»; il veut tout connaître, tout voir, tout séduire, tout dévorer. Références politiques, géopolitiques très précises, descriptions pointues sur les rapports entre le Maroc et la France, sur cette France coloniale, peu fière de son passé qu’elle traîne comme un boulet. Mais la liberté d’expression bafouée au Maroc libère l’auteur de positionnements courageux: «Au Maroc, pas de citoyens, il n’y a que des sujets!».

Petit bémol sur les phrases des autochtones! Etait-il indispensable de faire parler les locaux en «petit nègre»?! «Il faut toujours ti vas chercher midi dans 14 heures…!» Les pages sur la franc-maçonnerie comme idéal de fraternité, éclairent aussi le livre: descriptions extrêmement détaillées: Orient Réformé de Rabat, apprentis, compagnons, Maîtres, Vénérables, trois bises, équerre, compas, loges, tenues, descriptions vertigineuses des agapes!  Il indique son statut de Maître quand les choses dégénèrent avec son rival Renard. La gloire, puis l’absence de contrats, le couple qui explose, l’amour: «ce que j’ai raté le mieux!»; mais Lange veut prouver au monde, que depuis sa mort, sa vie doit avoir plus de sens.

La vie, la mort, la résurrection, la gloire, l’échec, les femmes, la solitude… L’ange Ménadel lui demande sans cesse de poursuivre sa mission. Roman-quête, roman-fleuve aux mille affluents. Une anthologie de citations empruntées ou personnelles («Passer pour un idiot aux yeux d’un imbécile, est une volupté de fin gourmet»). Le chant toujours comme drogue aussi, la technique, la respiration, le souffle, les diphtongues, les hiatus…Casablanca, Marseille, le cannabis en cadeau, le haschich comme transaction, et toujours l’épave de ce corps qu’il faut abandonner pour n’en garder que la lumière. La recherche de paternité, un fils perdu puis retrouvé, un père perdu puis retrouvé. Marseille, retour sur des racines fortes (la mère qui décède au moment de rentrer dans les Chœurs de l’Opéra), le Pr Boussole, néphrologue, pour les greffons du rein. Rio, le Brésil, l’exotisme délirant, couleurs chaudes, gens paumés, crédules, Georges le thérapeute de groupe d’analyse transactionnelle! «Au Brésil, l’espoir est une vocation nationale». Ménadel le suit pour confirmer sa requête, en forme de Leitmotiv: «La mort n’existe pas!»…

Flash-back, leçons de chant, basse, baryton «le plus fameux de ma génération!», carrière brillante, qui se dessine. Kity autre aventure, Venise, séparation sur une gondole…un fils…, autres femmes: Nadia, Gina, un bonheur sans cesse repoussé, oublié, bafoué, tromperies comme une renonciation au bonheur. On se régale des anagrammes, des inversions, des figures de styles, des jeux de mots, moteurs indispensables du récit: («les artistes, lézards tristes»), pour saluer ou épingler des confrères: Jean-Claude Malgoire (Hautboïste et grand chef d’orchestre français de musique baroque) devient Jean-Moque Lagloire ! Qui n’est pas sans rappeler le Jean-Sol Partre (Jean-Paul Sartre) de l’Ecume des jours de Vian puis la grande Agence d’artistes (Musicaglotz, fondée par Michel Glotz) qu’on découvre en Musicaglotte ! L’inspecteur Gilberto Gil (Pas de hasard! Guitariste, chanteur, compositeur brésilien!). Les bagarres sur le Requiem de Brahms (Dies irae/Jour de colère!), très cinématographiques.

Alors, après tout ça, comment mourir avec dignité? Comment éviter que l’on crache sur sa mémoire, comme à l’opéra? Et le début de la fin qu’on ne voit pas venir. La gloire, la chute, l’aumône de ce Don Giovanni à Rabat! Laisser une belle image, malgré tout, malgré le film, le fil de cette vie si dispersé, de vices percés…mais si la mort n’existait pas!? Livre de sens, de sensations, d’odeurs, de soufre, de souffrance, d’espoir. Patrick Alliotte nous dessine un livre où la lutte de l’homme dans son désarroi fait place à l’espoir: pèlerinage de la mort vers la lumière, passage vers autre chose, larve-chrysalide-papillon, roman à la dimension humaine, porté par la folie et le souffle puissant de l’espérance. Les éditions Symétrie peuvent s’enorgueillir de promouvoir des livres si originaux et si déroutants.

Yves Bergé

https://symetrie.com/fr [12]

En attendant J. Sebastian Bach 

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Quatre cordes en vibrations, par Odile Edouard, violon

Livre-disque, collection de l’oreille, aux éditions de la matrice.m

         Un joli petit livre, un tout petit livre, 13X17cm, d’à peine quelque vingt pages très aérées, certaines blanches, disons vides, de beau papier beige, texte café au lait, plus quelques illustrations, dessins et partitions qui lui donnent comme une agréable patine ancienne, et une belle couverture contrastante bleu nuit­ —malheureusement rendant illisible par manque de contraste la 4e de couverture, sorte d’aile sous laquelle, le Cd est inséré, enserré, lové : protégé.

Odile Edouard, avec trois violons, avait partagé avec Freddy Eichelberger et ses trois orgues, et trois lieux d’enregistrement, le magnifique disque, Trios pour clavier et violon de Johan Sebastian Bach, label L’Encelade. Ici, elle joue sur deux violons : le Violon 1, pour les compositeurs du XVIIe siècle, inspiré d’un instrument d’époque, le Violon 2, son violon fétiche depuis ses quatorze ans, un violon de 1757, restauré en 1988, qu’elle rêve avoir appartenu à Mozart. L’originalité de son propos, dans le livret, est de nous présenter amoureusement les instruments comme on donne en général la bio, des éléments biographiques sur les interprètes (interprètes qu’ils sont après tout sous sa main) : elle explique leurs qualités et même défauts, et n’oublie pas de mentionner les facteurs qui sont derrière ces merveilles instrumentales. Ce sont des partenaires vivants. Mais, également, et c’est sans doute pour beaucoup une découverte, elle nous présente sa collection de cinq archets baroques, d’époque ou copies, dont son premier, « fidèle compagnon depuis 1988 ».

Odile Edouard est professeure de violon au Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon ; ce petit ouvrage est adressé à ses étudiants spécialistes du violon qui en apprécieront les subtilités et le vocabulaire souvent technique qui échappe au profane. On en goûtera néanmoins la poésie forestière des essences des bois des archets : en « bois de bocco », de « buis », de « mélèze », de « merisier », avec incrustations en « nacre d’ormeau » mais il y a un inquiétant et suspect « ivoire de mammouth » : on l’espère métaphorique et surtout pas d’éléphant. L’étrange et étrangère terminologie technique méritait sans doute une explication pour le lecteur innocent : si l’on entend, bien sûr, « la courbe concave de la baguette », en revanche « la hausse », la « hausse coincée », méritent une explication même si « en amourette franche » fait rêver, tandis que la « hausse coincée en amourette » fait un peu cauchemarder, si l’on ignore, bien sûr, que l’amourette est un rare bois exotique très dense.

Mais tenons-nous au rêve procuré par ce disque grâce auquel, à part Biber, Telemann, compositeurs connus, puis un Bach final en attente, elle nous manifeste, hors des chemins rebattus des enregistrements les plus nombreux, le courage de nous faire voyager dans l’Allemagne morcelée du temps avec des musiciens pratiquement inconnus aujourd’hui. Elle explore des ouvrages pour violon solo antérieurs ou contemporains de Jean-Sébastien Bach, brièvement mais clairement présentés. Ainsi, du premier, Thomas Baltzar (1631-1663). On est transporté par la Suite pour violon seul, une étourdissante courante, où, avec un seul archet sur seulement quatre cordes, on a le sentiment, la sensation de plusieurs archets, de deux violons qui se courent vélocement après, faisant assaut d’acrobatiques virtuosité (Plage 3). 

    De de compositeur mort à trente-deux ans, Odile Édouard dit brutalement : « il disparaît dans l’alcool ». Noyé de chagrin dans un alcool supposé conserver les matières organiques qu’on y plonge ? Gaucherie d’expression, mais, à travers les parcours de ces compositeurs entre Naples, Londres, Venise, Dresde, Weimar, Lübeck ou Salzbourg, paraître découvrir et démontrer « l’existence d’une Europe culturelle autour de la musique », une lapalissade, c’est enfoncer une porte ouverte, l’Europe ayant toujours eu une unité culturelle, et pas seulement dans le domaine musical mais dans tous les domaines, depuis l’Empire romain. Au XVIIe siècle le Baroque, parti d’Italie étant aussi un facteur commun culturel  européen que l’expansion coloniale espagnole et portugaise portera aux quatre coins du monde.

Mais voici un extrait de la 6e Partita pour violon seul de Johann Joseph Vilsmayr (1663-1722) où la violoniste est d’une agilité qu’on dirait diabolique, dont on ne sait pourquoi on l’a prêtée plus tard à Tartini et son fameux « trille du diable » puis à Paganini, alors que ces compositeurs antérieurs ne sont pas inférieurs en difficulté, témoin, cette gigue si polyphonique (Plage 17). 

Odile Édouard présente, bien emphatiquement, ce livre et CD comme « Un acte de résistance ». Elle en eut l’idée, je cite : « un jour où une nouvelle loi liberticide était votée. » Diable ! Était-elle en Syrie, en Turquie, en Biélorussie ou tout autre de ces dictatures qui prospèrent, hélas, même proches de nos démocraties ? Si elle était en dictature, pourrait-elle simplement dire et écrire ces mots sans danger ? Non, elle va tranquillement travailler au Conservatoire. On suppose qu’elle fait allusion aux contraintes sanitaires dont, apparemment, dans un confinement mental franco-français, clos dans ses frontières, elle ignore combien, dans une pandémie mondiale, elles furent bien plus sévères dans d’autres pays lointains ou voisins de cette Europe qu’elle nous fait visiter musicalement. Dans un ouvrage destiné aux jeunes, on peut déplorer les faciles clichés démagogiques qui relaient un complotisme, qui ne serait que ridicule s’il n’était dangereux. On doit être choqué, de nos jours de ces trop nombreux discours irresponsables au ton mélodramatique et déclamatoire, on doit refuser les ignorantes inflations de termes comme parler de « prise en otages » pour des simples grèves. Ce sont d’indécents abus de langage en une époque qui ne voit que trop la réalité meurtrière des otages et au moment où l’on commémore , aujourd’hui même, 27 mai,  le premier Conseil de la Résistance, terme qu’il est irrespectueux de galvauder.

Mais oublions la maladresse de certaines expressions au profit de ce bonheur musical que nous donne ce livre-disque, « quatre cordes en vibrations », que je dirais cordes vibrantes et cordiales, du cœur. Nous le quittons  avec Heinrich Franz von Biber (1644-1704) et son envoûtante et noble Passacaglia extraite des Sonates du Rosaire, plage 6.

Benito Pelegrín

https://rcf.fr/culture/livres/livre-disque-odile-edouard-et-la-collection-de-l-oreille-assemblagem [13]

Flâneries d’Art dans les jardins aixois – 26 et 27 juin

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Les Flâneries, la gastronomie de l’œil

[14]

Cet adage signé Honoré de Balzac convient parfaitement à cette 15e édition des Flâneries d’art, festival gratuit imaginé et organisé par la comédienne Andréa Ferréol, présidente d’Aix-en-Œuvres (photo ci-dessus) : ainsi l’Art sous ses formes les plus éclectiques investira six jardins d’hôtels particuliers datant du XVIIe dans le quartier Mazarin, situé en plein cœur de la ville d’Aix En Provence, les 26 et 27 juin prochains.

Cet événement proposera des installations, des expositions, des concerts et des lectures : il accueille plus de 19 artistes plasticiens (peintre, sculpteur, joaillier, céramiste, photographe, parfumeur-créateur, éventailliste… qui recouvrent les différents domaines de l’art contemporain), des auteurs (Olivier Bellamy, Jean d’Aillon, Florence Quentin et Marc Lagrange qui échangeront autour de leur livre), des comédiens (Anny Duperey, Sophie Barjac, Philippe Cariou, Samuel Labarthe, Bénédicte Roy qui diront des textes contemporains) et des musiciens et artistes lyriques pour des concerts exceptionnels (citons la présence de Julien Dran).

Cette édition a été concocté pour ravir les sens des curieux et amoureux de l’art contemporain  en leur offrant de découvrir des arts méconnus, à l’image de la création d’éventail (un art qui fait appel à plus de 40 corps de métiers et qui revient au goût du jour), ou encore des masters class en parfumerie. Nous avons eu l’occasion de rencontrer une partie des artistes invités, Frédérick Gay, Rebecca Campeau, Dominique Rembauville, Patricia Giraud ou encore Corinne Martel qui nous ont parlé de leur art et de leurs créations. Andréa Ferréol est revenue sur les nouveautés de cette édition, également les difficultés, renforcées par la crise sanitaire, à trouver des mécènes.

 

A suivre! DVDM

Les 19 artistes-plasticiens invités à l’édition 2021 sont :

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– Dominique Rembauville, peinture ; Frédérick Y.M. Gay, éventails ; Corinne Martel, peinture, dans le jardin de l’Hôtel d’Oléon Boysseuil (12 rue Sallier).

– Clara Garesio, céramique ; Patricia Giraud, arts plastiques, dans le jardin Cardinale (31 rue Cardinale).

– Terence Baldelli, sculpture ; Vapor, installation ; Rebecca Campeau, sculpture textile ; Charlotte Mano, photographie, Eric de Ville, photographie. Gordon Hopkins, peinture, au Patio des Oblats (54 cours Mirabeau).

– Hélène Guétary, photographie et le Conservatoire européen du Costume ; André Englebert, sculpture ; Philippe Ferrandis, bijoux ; Parfumeurs du monde, parfums ; Yohann Propin, dessin, dans le Salon d’Olivary (10 rue du 4 Septembre),

– Myriam Louvel, sculpture ; Gérard Coquelin, arts plastiques, dans le Jardin Cabassol (1, rue Cabassol).

– Michel Wohlfahrt, sculpture, dans le jardin Flamand (1 avenue Victor-Hugo).

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Au menu

Samedi 26 juin

Hôtel d’Oléon Boysseuil – 12 rue Sallier

– 15h30 Philippe Cariou et Bénédicte Roy, comédiens, lecture

Jardin Cardinale – 31 rue Cardinale

-17h15 Sophie Barjac, comédienne, lecture

Patio des Oblats – 54 cours Mirabeau

-14h45 Les trompettes de Lyon, musique

-16h15 Anne-Laure Chelle et Jorge Calderón Arias, danse

-17h30 Samuel Labarthe, comédien, lecture

-18h45 Andréa Ferréol et Pascal Contet, lecture et accordéon

Salon d’Olivary – 10 rue du 4 septembre

-14h30 Master Class, les Parfumeurs du monde, par Thierry Bernard et Stéphane Piquart

-15h45 Olivier Bellamy, écrivain

-17h Sophie Barjac, comédienne, lecture

-17h45 Jean d’Aillon, écrivain

-19h15 Philippe Cariou et Bénédicte Roy, comédiens, lecture

Dimanche 27 juin

Hôtel d’Oléon Boysseuil – 12 rue Sallier

-15h Philippe Cariou et Bénédicte Roy, comédiens, lecture

Jardin Cardinale – 31 rue Cardinale

-12h Sophie Barjac, comédienne, lecture

Patio des Oblats – 54 cours Mirabeau

-11h30 P. Cariou et B. Roy, comédien, lecture

-14h15 Julie Anna Zappalà, piano, concert

-15h15 Sophie Barjac, comédienne, lecture

-17h Anny Duperey, comédienne, lecture

-18h Julien Dran, ténor et Antoine Palloc, piano, concert

Salon d’Olivary – 10 rue du 4 septembre

-11h15 Master Class, les Parfumeurs du monde, par Thierry Bernard et Stéphane Piquart

-12h15 Le Duo Myrias, concert

-15h Florence Quentin, écrivain

-16h15 Sophie Barjac, comédienne, lecture

-17h30 Marc Lagrange, écrivain

Retrouvez tout le programme des Flâneries d’Art : www.aix-en-oeuvres.com [17]

Passeport pour l’Ecole, quand les enfants se découvrent des vocations

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Le 9 juin dernier, rendez-vous était donné à l’Oléas, restaurant sur le cours Julien, dirigé par Ludovic Dupont pour assister à un atelier de cuisine en présence du chef avec les enfants de l’école du Parc Bellevue dans le cadre du projet passeport pour l’école initié par l’association Pour la Promotion de l’Interculturel au Parc Bellevue, présidée par David Fortier, directeur de la dite école élémentaire.

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Le Chef Ludovic Dupont

Véra Tur, coordinatrice du projet, était présente ce jour afin d’encadrer les ateliers de cuisine, également ceux d’arts plastiques menés dans la salle du bas du restaurant par deux artistes plasticiens dont Isabelle Laudières. Cette dernière a souhaité faire travailler les enfants de son groupe sur la création d’une illustration, un dessin de crabe réalisé à partir de leur empreinte de mains, coloré avec des épices, afin d’allier dessin et cuisine, les épices étant le fil conducteur entre les deux arts. Odeurs, couleurs, formes et textures sont au cœur du cheminement artistique de l’artiste inspirée par les lieux et le sujet pour cette réalisation d’illustrations de recettes de cuisine, recettes exécutées par les enfants sous la houlette du chef.  Adam, qui veut devenir basketteur et biologiste chimiste, nous a, à cette occasion, fait un petit cours sur les différentes espèces de crabes et leurs origines. Ce passionné de chimie souhaiterait aussi étudier la cuisine moléculaire.

Les deux meilleures illustrations de chaque recette figureront dans le livre de cuisine « Patrimoine culinaire : de Marseille au Monde » nous apprend le petit Yacine qui s’est découvert une passion pour la cuisine et se rêverait cuisinier.  Le livre illustré comportera des recettes de Méditerranée mais également des Comores, Afrique du Nord ou encore Russie : ces recettes sont issues d’ateliers menés par le chef Ludovic Dupont, à l’image de la bisque de favouilles, du ragout de seiches, des accras de brandade de morue et gaspacho de petits pois concoctés le matin de notre venue, également d’ateliers menés par les mamans. Les desserts de l’après-midi ont bien séduit les enfants : après une crème chantilly maison, ils ont préparé des navettes provençales, un Fiadone aux agrumes ou encore un financier à la pistache. Ied, un des élèves de l’école, s’est par ailleurs pris de goût pour la pâtisserie, tant à la réaliser qu’à la déguster.

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Ce livre de cuisine sortira en décembre et sera offert aux familles des enfants ayant participé au projet initié en pendant les vacances de février. Plus de 40 enfants participent à la création de ce livre, et c’est une source de fierté pour Véra Tur dont le but est de leur offrir des perspectives nouvelles, de leur ouvrir les portes vers des métiers auxquels ils n’auraient pas forcément pensé.  Et ce ne sont ni les enfants qui la contrediraient sur ce point, encore moins le chef enthousiaste de ce restaurant semi-gastronomique dont la fermeture imminente inaugure un nouveau départ pour le jeune homme. Egalement issu de la Belle de mai, il a découvert la cuisine tout jeune, soucieux de venir en aide à sa mère, avant de devenir le chef reconnu qu’on connait aujourd’hui, avec un parcours exemplaire qui a de quoi faire reculer les préjugés sur les enfants du quartier le plus pauvre d’Europe.

Passeport pour l’école contribue ainsi à donner une respiration et une voix aux enfants, en y associant les familles et des intervenants de qualité, évoluant dans des domaines aussi variés que le sport ou la culture.  C’est une belle façon de donner envie à tous et à toutes de grandir, progresser, et choisir son chemin de vie sans le frein d’un déterminisme social fortement ancré dans les esprits. Diane Vandermolina

Retrouvez notre reportage complet sur le projet avec les interviews des différents participants : Véra Tur coordonnatrice du projet, le chef Ludovic Dupont, la plasticienne Isabelle Laudières et les enfants.

 

Notez que le 26 juin, l’association propose un temps fort au théâtre Toursky de 12h à 18h, gratuit, avec repas ethnique, musique et danse, également la projection du film Bellavista. De nouveaux projets sont en cours mais de ceux-là, nous vous en reparlerons bientôt ! A suivre. DVDM

Interview : Diane Vandermolina/Vidéo : Paola Lentini

Infos: Bellavista [20]