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Gender Matters, quand le geste est plus fort que les mots

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De la nécessité de combattre les discriminations

 

« Ensemble, nous pouvons créer un changement positif et œuvrer pour un avenir où les violences faites aux femmes et les discriminations de genre ne seront plus tolérées. » (Diane Vandermolina)

 

Gender Matters, Questions de Genre, ce projet ambitieux a été présenté à Marseille lors d’une conférence de presse non conventionnelle, devant un bus de type impérial, le Bus Theater, reconverti en théâtre.

 

Un projet humaniste

 

Les accents se mélangent : Ilaria, metteur en scène, dramaturge et comédienne, Monika, comédienne et gérante de la compagnie Duanama, Diane, journaliste, Paola, comédienne, Yuri, technicien et, très vite, un sentiment d’ouverture, de partage, de camaraderie, s’instaure car le projet artistique international financé par le dispositif Europe Créative de l’Union Européenne, s’il est audacieux, est avant tout humaniste. Il rassemble des partenaires culturels et artistiques de l’Italie, du Portugal et de la France dans le but de mettre en lumière les questions liées aux violences sexistes et de promouvoir le débat sur le genre. Si les accents se mélangent lors de la conférence, c’est par le geste, le regard, l’expression, que les artistes s’adressent au public lors des représentations participatives.  

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Coopération entre plusieurs compagnies

 

Il est nécessaire de sensibiliser les jeunes aux violences faites aux femmes. Pour combattre plus efficacement les violences sexistes, le problème doit être abordé sous tous ses angles. ‘Malanova’ est un monologue poignant relatant l’histoire vraie d’une jeune femme italienne victime d’abus pendant des années. C’est de cette histoire que le projet s’inspire. Gender Matters est le fruit d’une coopération entre plusieurs compagnies renommées telles que Sciara Progetti Teatro, Bus Theater, Teatro Metaphora et la compagnie Duanama.

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Un travail de sensibilisation avec un théâtre participatif 

 

Susciter un changement de regard et d’attitude face aux questions de genre, tout en favorisant l’échange et le dialogue

« Nous avons l’intention d’amener le théâtre là où il n’y a pas de théâtre. »

Le théâtre est avant tout une histoire collective, un lieu de rassemblement. S’il est un lieu de catharsis, il peut être un lieu d’échange, d’expression, de remise en question, en un mot, de culture. Il est également une source pour l’étude de la démocratie. Déjà, les Grecs l’avaient compris et prônaient un théâtre participatif. Le projet a ici pour but de donner au public, à travers le théâtre social, des moyens de comprendre et d’agir pour une meilleure prise de conscience du phénomène et induire un changement de comportements pour faire reculer les violences faites aux femmes. Il intègre une dimension participative forte et sera constitué de saynètes originales destinées à tous, et plus particulièrement à un public étudiant. Le public sera amené à réagir et à débattre pour prolonger la représentation sur les questions d’égalité et d’équité relatives à la question du genre. Des performances théâtrales et des ateliers de théâtre liés à la question du genre et de la non-violence seront également organisés dans le cadre de la tournée, animés par les partenaires du projet.

 

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Transcender les frontières linguistiques et géographiques

 

Pour transcender les frontières linguistiques et géographiques, une équipe de 12 artistes et techniciens italiens, français et de Madère a travaillé en collaboration lors de résidences artistiques. Ils ont créé une œuvre originale et participative abordant les questions de genre de manière innovante. Au-delà des performances proposées, Gender Matters offre des moments de rencontre sur les questions de genre, des visites du Bus Theater, symbole itinérant du projet Gender Matters, des projections de court-métrages et des ateliers interactifs.

 

Une tournée européenne fantastique, un travail de réflexion collectif

 

La tournée européenne de Gender Matters a débuté le 10 juin 2023 à Morfasso, en Italie, avec des performances captivantes et des échanges avec le public. Ensuite, les artistes se sont rendus à Wroclaw, en Pologne, pour partager leur vision audacieuse de l’égalité de genre. A Berlin, en Allemagne, le projet a continué à susciter la réflexion et l’engagement sur les questions de genre. Enfin, la tournée se termine à Marseille avec le stationnement du Bus Theater sur le bas de la Canebière (à proximité de la place du Général de Gaulle).

 

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Programme Gender Matters à Marseille les 10 et 11 août 2023

 

Les 10 et 11 août les habitants de Marseille ont une occasion unique de découvrir ces performances avant-gardistes, c’est la fin de cette tournée européenne.

10 août 2023

10h/12h : Workshop de la Cie Duanama

21h/22h : Spectacle « Human Constellation » par le BusTheater

11 août 2023

16h/18h30 : Visite du Bus theater et projections vidéo dans le bus

19h/20h : Performances de la Cie Duanama avec Monika Smiechowska et Paola Lentini suivies d’un échange avec le public.

 

Un voyage poétique et métaphorique

 

Gender Matters, quand le geste est plus fort que les mots

 

Le bus theater nous emmène en voyage, un voyage poétique, métaphorique, où le langage est universel, accessible à toutes et à tous. Pas de parole dans ce face à face émotionnel entre les artistes et le public mais la communication est assourdissante tant le propos est fort et le talent des comédiens évident.

Isabelle Verna-Puget

E-mail: contact@duanama.com [6] /Site web: https://duanama.com/ [7]

Pour une Europe inclusive : Gender Matters ou la nécessité de combattre les discriminations

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Découvrez le projet artistique Gender Matters qui fait escale à Marseille les 10 et 11 août sur le bas de la Canebière. Dans et hors du Bus Theater, le curieux pourra assister gratuitement à un spectacle et des performances poignantes, suscitant la réflexion et l’ouverture d’esprit sur les questions de genre.

Nécessité de Réaffirmer la Lutte contre les Discriminations

Aujourd’hui, plus que jamais, il est nécessaire de réaffirmer la nécessité de la lutte contre les discriminations en Europe et dans le monde. En effet, actuellement, en Italie, le gouvernement d’extrême droite Meloni a entamé une politique discriminatoire envers les familles homoparentales en s’appuyant sur un vide juridique : en exigeant l’effacement du nom de la mère non biologique de l’acte de naissance de l’enfant, elle lui retire tout droit envers ce dernier.

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Atteinte aux Droits Fondamentaux et au Droit Européen

Sachant qu’en Italie en dehors de l’union civile entre couples de même sexe adoptée en 2016, les personnes LGBTQI+ n’ont que très peu de droits, cette décision est une atteinte aux droits fondamentaux des personnes contraire au droit européen en matière de non-discrimination (cf. Article 14 de la Convention européenne des droits de l’homme et Protocole nº 12 attaché à cette convention ainsi que l’article 21 de la section III de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne). Elle porte en elle la marque d’une régression sociale forte et pourrait inspirer d’autres leaders politiques européens aux tendances extrémistes.

Le Projet « Gender Matters » : Un Défi Européen pour l’Inclusivité et l’Égalité des Genres

Pourtant, la lutte contre les discriminations est un cheval de bataille de l’Union Européenne. Cette dernière promeut au travers de ses programmes, à l’image de Creative Europe, l’inclusivité et l’égalité des genres. Le projet Gender Matters, initié en 2021, fruit d’une coopération entre plusieurs compagnies européennes (Sciara Progetti Teatro, Bus Theater, Teatro Metaphora et la compagnie Duanama) s’inscrit pleinement dans ce défi européen de lutte contre les inégalités et discriminations, violences sexistes et de genre. Il réaffirme ici l’urgence de ces luttes afin que toutes et tous puissions être égaux sans distinction de sexe ou de genre.

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L’Urgence de Combattre les Inégalités et Discriminations de Genre

Cette urgence est d’autant plus forte que certains gouvernements européens rétifs aux lois anti-discriminations, profitent de l’absence de lois contre les discriminations dans leur pays pour porter atteinte à ce combat en s’inscrivant à rebours de ce progrès social prôné par les instances européennes.

Gender Matters : un projet artistique qui transforme les Regards

Gender Matters, inspiré de l’histoire de « Malanova », un monologue poignant relatant l’histoire vraie d’une jeune femme italienne victime d’abus pendant des années, met en lumière les questions d’égalité femmes/hommes et nous interroge sur les violences et discriminations de genre avec un spectacle captivant et quatre performances artistiques saisissantes afin de susciter chez nous un changement de regard et d’attitude envers ces questions et ainsi transformer notre vision du monde.

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Éveiller les Consciences : L’Impact des Performances Artistiques

Les performances et le spectacle proposés nous invitent à plonger dans l’intimité de personnages touchants, confrontés à leurs propres questionnements identitaires. Ces récits émouvants renforcent l’empathie et nous poussent à remettre en question les stéréotypes de genre profondément ancrés dans notre société.

Human Constellation : Un Voyage Onirique au-delà des Barrières de Genre

Dans un théâtre mobile pas comme les autres, le Bus Theater, se dévoile une performance chorale saisissante, « Les Passagers de l’impossible » (Human Constellation), présentée par le Bus Theater le 10 août à 21h. Cette odyssée onirique transcende les frontières linguistiques et géographiques pour explorer les stéréotypes, les violences de genre, l’orientation sexuelle, l’identité de genre, les rôles et les préjugés. Une constellation humaine qui émeut et bouleverse le public.

Let’s be Queer : Questionner la Notion de Genre avec Interactivité

Le 11 août à 19h, Paola Lentini et Monika Smiechowska de la Cie Duanama investissent la scène avec « Let’s be Queer ». Cette performance interactive incite le public à se questionner sur la notion de genre en explorant la possibilité de le redéfinir en fonction de l’expérience et de la culture. Plongeant dans la fluidité de genre présente dans le règne animal, la pièce bouscule les normes et les stéréotypes sociaux, offrant une réflexion profonde sur la diversité et la complexité des identités de genre.

Dans ma chambre à ciel ouvert : Un Clown Naïf en Quête d’Identité

Au cœur de l’intimité de sa chambre, Paola Lentini incarne Balla, un clown rêveur et maladroit qui explore son identité de genre dans « Dans ma chambre à ciel ouvert ». Cette performance touchante, proposée par la Cie Duanama, aborde avec sensibilité les questions d’identité et d’acceptation de soi, invitant le public à s’émouvoir et à s’interroger sur sa propre quête d’identité.

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Mes Princes Charmants : Regards Croisés sur la Masculinité

Monika Smiechowska prend la scène en solo pour livrer trois monologues percutants dans « Mes Princes Charmants ». La comédienne offre une exploration audacieuse du regard des femmes sur les hommes, mettant en lumière les modèles et les attentes profondément ancrés dans notre société. Une plongée saisissante dans les complexités de la masculinité moderne.

Pablito : Homme ou Femme ? La Quête d’Identité d’un Adolescent

Dans une performance émouvante, Monika Smiechowska raconte l’histoire bouleversante de « Pablito : Homme ou Femme ? ». Un adolescent en quête de sa sexualité et de son genre, confronté à la pression sociale et culturelle pour se définir. La pièce met en lumière les défis auxquels sont confrontées les jeunes générations dans leur quête d’identité et invite le public à s’engager avec empathie et compassion.

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Gender Matters : Un Rendez-vous avec l’Échange et la Réflexion

Au-delà des performances artistiques, Gender Matters propose des moments de rencontre et d’échange sur les questions de genre. Le Bus Theater, symbole itinérant du projet, ouvre ses portes le 11 août de 16h à 18h30 pour des visites inédites. Des projections de courts-métrages et des ateliers interactifs (workshop le 10 août de 10h à midi) complètent cette expérience immersive et inclusive.

Un Appel à l’Action pour un Avenir plus Égalitaire

Le public est invité à repenser les questions de genre, à remettre en question les normes établies et à favoriser un dialogue ouvert et inclusif. Car selon les organisateurs, ce n’est qu’« ensemble que nous pouvons créer un changement positif et construire un avenir où les violences faites aux femmes et les discriminations de genre ne seront plus tolérées ».

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Ne manquez pas cette expérience théâtrale unique et visionnaire, un rendez-vous incontournable pour bâtir un monde plus compréhensif et respectueux de la diversité des identités de genre. Car Gender Matters, c’est bien plus qu’un spectacle ou des performances, c’est une invitation à l’ouverture d’esprit et à l’action pour un monde meilleur. R.S.

Plus d’infos sur www.duanama.com [14]

Crédit photos : BusTheater

Encadré

Évolution des Questions de Genre : Un Voyage à Travers l’Histoire et les Luttes

Les Mouvements Féministes des XIXe et XXe siècles : Les Prémices d’une Prise de Conscience

Le concept de genre, une construction socioculturelle, évolue depuis des siècles, mais c’est au XIXe siècle que les premières traces de luttes pour l’égalité des sexes émergèrent. Les mouvements féministes du XIXe et du XXe siècle furent les pionniers de cette prise de conscience. Ils remirent en question les rôles traditionnels assignés aux femmes, exigeant l’accès à l’éducation, à l’emploi, et la reconnaissance de leurs droits fondamentaux.

Émergence des Études de Genre dans les Années 1970 : Leurs Contributions à la Reconnaissance des Questions de Genre

Dans les années 1970, une nouvelle ère s’ouvrit avec l’émergence des études de genre dans les milieux académiques. Ces disciplines explorèrent les constructions sociales du genre, les rôles de genre, les stéréotypes et les inégalités. Grâce à ces recherches, les questions de genre commencèrent à être reconnues comme des sujets sérieux d’étude et d’enseignement.

Mouvement LGBT+ : Une Lumière sur l’Identité de Genre et la Diversité

Les années 60 et 70 furent marquées par le mouvement de libération des personnes LGBT+, un pas de géant pour la visibilité et la reconnaissance des identités de genre diverses. Les militants LGBT+ ont lutté pour la reconnaissance des droits des personnes transgenres et non-binaires, remettant en question les normes binaires de genre et sensibilisant le monde sur la richesse de la diversité des identités de genre.

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Le Changement Légal en Faveur de l’Égalité et de l’Inclusivité

Au fil des décennies, de nombreux pays, dont la France, ont adopté des lois pour promouvoir l’égalité des sexes et l’inclusion des personnes LGBT+. Parmi les avancées notables, citons la loi Taubira promulguée en France le 18 mai 2013, qui permit le mariage pour tous en France et ouvrit la voie à l’adoption conjointe par les couples de même sexe. Cette loi historique a modifié le Code civil français, faisant de la France le 9e pays à légaliser le mariage homosexuel au niveau national. D’autres lois furent adoptées, notamment en faveur de l’inclusivité et de la lutte contre la discrimination et le harcèlement entre 2014 et 2019*. Ces avancées légales ont joué un rôle essentiel dans la sensibilisation accrue de la société aux questions de genre.

Un Futur en Mouvement : Les Questions de Genre Restent au Cœur des Débats

Les questions de genre continuent d’évoluer et de progresser dans le discours public. L’identité de genre, l’expression de genre, la fluidité de genre, les stéréotypes de genre et la discrimination basée sur le genre demeurent des enjeux centraux dans la lutte pour l’égalité des sexes et la reconnaissance des droits humains. Aujourd’hui, plus que jamais, la société se mobilise pour créer un avenir égalitaire, respectueux et inclusif pour tous, indépendamment de leur identité de genre.

Une Quête Perpétuelle vers l’Égalité

De l’émergence des mouvements féministes aux avancées légales en faveur de l’égalité et de l’inclusivité, la question de genre est un voyage en perpétuelle évolution. Elle reste au cœur des débats sur la justice sociale et les droits humains. Avec chaque étape franchie, la société progresse vers une vision égalitaire, où chacun peut s’exprimer et s’épanouir librement, indépendamment de son identité de genre. Le chemin à parcourir est encore long, mais la quête vers l’égalité se poursuit avec résolution.

*La loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, promulguée le 4 août 2014, visait à promouvoir l’égalité entre les sexes dans les domaines de l’emploi, de la rémunération, de la représentation politique et de la vie familiale. La loi pour l’égalité et la citoyenneté, promulguée le 27 janvier 2017, comprenait des dispositions pour lutter contre les discriminations de genre et promouvoir l’égalité des chances pour les femmes et les hommes dans la société française. La loi pour l’interdiction des violences éducatives ordinaires, promulguée le 9 juillet 2019, interdit les châtiments corporels et les violences éducatives ordinaires envers les enfants, contribuant ainsi à lutter contre les discriminations de genre et à promouvoir des pratiques parentales non violentes et égalitaires. La loi de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice, promulguée le 23 mars 2019, renforça la lutte contre les violences sexistes et sexuelles en améliorant les dispositifs de protection et d’accompagnement des victimes. R.S.

Bon à savoir !

Les questions de genre dans le contexte de la lutte pour l’égalité des sexes et la reconnaissance des droits des personnes transgenres et non-binaires englobent divers aspects, notamment :

–             L’Identité de genre : c’est l’affirmation interne et personnelle de son propre genre, qu’il soit masculin, féminin, non-binaire ou autre. Certaines personnes peuvent ressentir que leur identité de genre correspond au sexe qui leur a été attribué à la naissance (cisgenre), tandis que d’autres peuvent ressentir un décalage entre leur identité de genre et leur sexe biologique (transgenre).

–             L’Expression de genre : c’est la manière dont une personne manifeste son genre à travers ses vêtements, ses coiffures, ses comportements et ses intérêts. Certaines personnes peuvent s’exprimer conformément aux normes traditionnelles de leur genre assigné, tandis que d’autres peuvent choisir de s’exprimer d’une manière qui ne correspond pas aux attentes sociétales.

–             La Fluidité de genre : Certaines personnes peuvent expérimenter une fluidité de genre, ce qui signifie que leur identité de genre peut varier avec le temps ou dans différentes situations. Ils peuvent se sentir à la fois masculins, féminins ou non-binaires, ou même passer d’un genre à un autre.

–             Les Stéréotypes de genre : Ce sont les croyances culturelles préconçues sur les rôles et les comportements attendus des hommes et des femmes. Les stéréotypes de genre peuvent être restrictifs et limitant pour les individus, contribuant ainsi aux inégalités entre les sexes.

–             La Discrimination basée sur le genre : Les questions de genre sont étroitement liées à la discrimination et à l’inégalité. Les personnes peuvent faire l’objet de préjugés, d’injustices et de violences en raison de leur identité ou expression de genre.

 

La Roque d’Anthéron 2023 : Hania Rani trio

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Hania Rani danse avec les sons: invitation au rêve

Le Festival International de piano de la Roque d’Anthéron se diversifie chaque année, invitant les meilleurs pianistes du monde, comme des artistes, issus des divers courants de la musique actuelle, et tout aussi exceptionnels.

Du Baroque au monde contemporain, en passant par le Jazz, un élargissement de styles, louable et audacieux.

Hania Rani, compositrice polonaise, fait partie de ces musiciens de la jeune génération qui aiment faire des passerelles entre Classique, Jazz, musique électronique, électroacoustique, néo-classique. Le néo-classicisme est un courant porté par de grands compositeurs comme Philip Glass (1937) avec sa signature minimaliste répétitive, fuyant les dissonances, et retrouvant dans les harmonies classiques une modernité par l’utilisation de motifs brefs, répétés, agencés par des jeux de timbres, de nuances, de registres, de blocs, audacieux. Rani s’inspire de Glass mais sait créer son propre univers, au centre d’un dispositif de quatre claviers. Une impression de cadre… improvisé.

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Hania Rani © Valentine Chauvin 2023

Elle joue avec les sons, les ambiances, mixe, malaxe, s’amuse dans cet espace réduit, comme un laboratoire de sons inouïs et infinis. Deux pianos acoustiques, un piano droit complètement ouvert pour mieux voir la matière du son, un piano à queue, deux synthétiseurs: le Prophet 08, synthétiseur analogique polyphonique, reconnu pour la stabilité de son pitch (sensation des registres aigus/graves), la chaleur et vitesse de son toucher. Et le Roland FP-7 avec multi-échantillons sur ses 88 touches pouvant jouer sur tous les timbres, relié à un ordinateur et un logiciel d’enregistrement. Hania est chez elle, au milieu de ces quatre claviers; elle se balade de l’un à l’autre, lance un son, joue en même temps sur un autre instrument, elle explore, joue et chante. Fascinant.

Ce ne sont pas des prouesses mélodiques et harmoniques, mais des prouesses technologiques numériques, une maîtrise exceptionnelle de tout ce dispositif. La conquête du son dans cet espace en «U».

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Hania Rani © Valentine Chauvin 2023

La musicienne semble envoûtée dans cette ambiance psychédélique, renvoyant aux concerts des Pink Floyd, aux expériences électroacoustiques de Steve Reich, aux fulgurances de l’allemand Nils Frahm qui aime aussi à mélanger musique classique et électronique, aux croisements du mexicain Murcof (Fernando Corona) entre musique électronique et traditionnelle.

Les sons pré-enregistrés permettent de poser un chant, un morceau de piano, entre improvisation et structure. Tout est très connecté, c’est assez magique. Sur le Prophet 08, Hania lance un motif planant, mystérieux, elle semble danser devant son ordi, puis motif ascendant répétitif. Un dispositif lumières très efficace (Giovanni Allegro) entraîne un thème plus saccadé, issu du premier motif. Tout s’agence, les spots lumineux (8) inondent la scène d’une effervescence symphonique, sons cuivrés et très percussifs, puis chute soudaine sur un thème dans le registre aigu en notes brèves. Michelle Moreno pour le son.

D’où l’appellation Hania Rani Trio du programme, pour cette complicité indispensable: son et lumières.

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Hania Rani © Valentine Chauvin 2023

Hania Rani aime à jongler entre les deux pianos acoustiques aussi pendant le prolongement sonore du synthé supérieur et le halo de lumière qui s’intensifie. Elle chante, de sa voix posée, si juste, si douce, une mélodie, sans aspérité, sur un tempo ternaire très balancé. Les sons programmés du Roland entrent en piste sur un motif minimaliste répété du premier synthé, voix mixées et voix principale ; l’univers s’agrandit sans cesse. Des vagues d’arpèges sont égrainées du piano droit, comme des gouttes de pluie qui rappellent Opening de Philip Glass, extrait de Glassworks (1981).

La musicienne passe d’un clavier à l’autre, posant des couleurs, des rythmes, jouant ensuite sur cette base, avec des relais permanents, c’est assez hypnotique mais très relâché aussi.

Un thème très sautillant au piano à queue, plus technique montre une autre facette de l’artiste, les deux mains se croisent dans des guirlandes de notes interminables. Puis une chanson plus méditative nous transporte dans un autre monde. On voyage sans cesse…

Un très beau bis sur le piano droit, mélodie modale ancienne, dans le style d’une chanson de la Renaissance, sur une nuance pianissimo, comme une révérence apaisée, superbe.

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Hania Rani © Valentine Chauvin 2023

Hania Rani poursuit une belle ascension depuis la sortie en 2019 d’un premier album solo, Esja, nom du massif de montagnes volcaniques, situé en Islande et dominant la capitale Reykjavik. L’influence des éléments naturels est très importante dans sa réflexion de compositrice. On le sent ce soir, dans cette atmosphère très ouverte et très explorative.

L’année suivante sort son deuxième album, Home, qui la consacre pleinement sur la scène musicale. En 2023, son troisième album, On Giacometti, sur la vie et l’art du célèbre sculpteur, prouve son immense curiosité pour explorer des thèmes toujours nouveaux et porteurs d’énergie créative, sans oublier ses immersions dans les musiques de films.

« Je crois fermement que lorsque nous vivons une époque incertaine et que nous vivons une vie instable, nous pouvons encore parvenir à la paix avec nous-mêmes et être en mesure de trouver « la maison » n’importe où. C’est ce que je voudrais exprimer avec ma musique. On peut voyager dans le monde entier, mais ne rien voir. Ce n’est pas là où nous allons qui compte, mais combien nous sommes en mesure de voir et d’entendre les choses qui se passent autour de nous. » Hania Rani, au sujet de son dernier album Home.

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Hania Rani © Valentine Chauvin 2023

Ce soir, la jeune compositrice polonaise a offert au public de la Roque d’Anthéron une bouffée d’oxygène, une performance expérimentale en direct, une immersion, interaction avec le public, basée sur une grande expertise musicale, de la musique traditionnelle polonaise à la musique classique et de multiples références aux musiques actuelles.

Une réflexion sur le monde, la nature, l’espace, le son, le timbre, loin des virtuosités habituelles des plus grands pianistes internationaux, un regard très maîtrisé sur les nouvelles technologies, avec la liberté de sources de créations et d’évasions inépuisables.

Yves Bergé

Photo de une : Hania Rani © Valentine Chauvin.

Hania Rani Trio

Concert samedi 29 juillet 2023

Festival International de piano de la Roque d’Anthéron

Le Festival d’Art Lyrique de Salon-de-Provence célèbre le Centenaire de Maria Callas

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Le Festival d’Art Lyrique de Salon-de-Provence, dans sa 18ème édition, s’apprête à rendre un vibrant hommage à l’une des plus grandes artistes lyriques de tous les temps : Maria Callas. Du 10 au 13 Août 2023, cet événement d’exception prendra ses quartiers au majestueux Château de l’Empéri – Cour Renaissance, Montée du Puech, Salon-de-Provence, pour des soirées qui s’annoncent empreintes d’émotion et de magie musicale.

Le festival, placé sous la direction éclairée de Jacques Bertrand, fondateur s Bertrand, qui se définit comme un homme de l’ombre, s’est entièrement dédié à honorer la mémoire de Maria Callas, la cantatrice grecque légendaire, à l’occasion du centenaire de sa naissance. Dans ce cadre enchanteur à l’acoustique exceptionnelle, véritable boite à musique dans un écrin somptueux, les amateurs d’opéra auront la chance de vivre des moments uniques, célébrant le talent inégalable de cette diva aux talents multiples.

Rencontre avec Jacques Bertrand, fondateur du Festival International d’Art Lyrique de Salon

 A l’occasion de cette édition anniversaire en Hommage à la Callas, nous avons eu l’immense honneur de nous entretenir avec Jacques Bertrand, fondateur du festival à la carrière bien remplie, producteur pendant 30 ans, ancien directeur du théâtre de la Colonne à Miramas. Le passionné d’Opéra travaille depuis un an à la réalisation de cette édition exceptionnelle qui espérons-le trouvera son public.

En effet, le festival souffre de l’après-covid, les amateurs d’art lyrique se font moins nombreux et se déplacent bien moins qu’avant la pandémie. Sur les 450/500 fauteuils, « on a du mal à avoir 250 personnes, on a divisé par deux. J’espère que cette année sera meilleure car les gens, jusqu’à l’année dernière, avaient encore peur de venir. Cette année, on a l’impression que les feux sont aux verts. J’espère qu’on va retrouver 80% de notre public. Même à Venise où j’habite, les meilleurs endroits ont perdu une grande part de leur clientèle cet hiver : il y a une peur du danger de la promiscuité. »

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Jacques Bertrand, fondateur et directeur du Festival International d’Art Lyrique de Salon

 Jacques Bertrand dont le festival est ouvert à tous les publics, avec sa tarification douce, souhaiterait proposer plus de représentations mais son budget étant contraint, il ne peut se permettre de proposer des œuvres moins connues et opte pour une programmation d’œuvres mondialement connues. Un choix artistique qui l’honore puisque cette année il propose une édition entièrement consacrée à la Callas. « Chaque année nous décidons de donner une orientation au festival. Par le passé, nous avons célébré Mozart, le bicentenaire de la naissance de Verdi etc.… et cette année, il se trouve que c’est le centenaire de la naissance de Maria Callas, nous avons décidé de lui rendre hommage ».

Une passion pour la Callas

 De son propre aveu, « ce n’était pas la plus belle voix, mais elle a révolutionné l’opéra et c’était une grande tragédienne » nous explique celui qui a eu la chance de la rencontrer chez elle à Paris avant sa mort. Avec nostalgie, il nous raconte cette entrevue et l’amitié qui la liait à Di Stefano.

 « J’ai rencontré 4 fois la Callas, j’étais un ami intime de celui qui a été probablement, un peu, sûrement, son amant, il était son compagnon, son confident. Elle a fait toute sa vie avec lui et ne pouvait pas respirer sans prononcer son nom, c’était Guiseppe Di Stefano, le ténor. D’ailleurs tous les enregistrements de la Callas sont faits à 90% avec Di Stefano. Il y a 30 ans, la Fnac de Paris organise une signature au travers de toutes ses filiales de France et Di Stefano me demande si je pouvais le véhiculer et l’accompagner dans toutes les FNAC où il allait pour faire des conférences et signer des autographes. Nous sommes partis tous les deux pendant deux mois pour faire ce tour de France ; on a longuement parlé de Callas pendant ces deux mois. Il m’a dit qui elle était probablement et qui est très différent de l’image qu’on se fait d’elle. A la fin de la tournée, il me dit mais tu la connais ? Non. Alors on va aller rue Georges Mandel, je lui passe un petit coup de téléphone. Il m’a emmené dans son appartement où elle est morte à Paris : on s’est salué, elle a été polie, elle m’a demandé deux trois choses du métier, on a parlé de la tournée de Di Stéfano qu’elle trouvait formidable. Puis je suis reparti, on n’était pas amis. Elle parlait parfaitement le Français. »

 Avec émotion, il poursuit : « J’ai eu la chance de l’entendre dans « Norma » en 1964 où j’ai fait la queue pendant une nuit avec mon frère au Palais Garnier, de 9h du soir à 11h du matin, ouverture des locations. On n’a pas eu de bonnes places. Puis l’année suivante, je l’ai entendue chanter « Tosca» à l’Opéra de Paris et puis je l’ai entendue, et là ce fut un moment d’une intense émotion, d’une ferveur, d’une déception, à son concert d’adieu en 1973 au théâtre des Champs Elysées avec Di Stefano. Je n’ai jamais entendu un succès pareil pour personne. On acclamait la carrière de Callas et sur scène, il y avait une tonne de roses rouges. Puis, elle a arrêté et est morte trois ans plus tard dans son appartement parisien où elle ne voyait personne ou presque. »

  « Je n’aurai servi à rien » Maria Callas

Dans une interview, « elle disait : personne ne vient plus me voir, personne ne m’adresse la parole, je n’aurai servi à rien » et en perspective avec ce que me disait Di Stefano, « elle n’a jamais été capricieuse, c’est un truc que les journaux ont monté en épingle, évidemment, c’était une star alors Christian Dior, ou Chanel, lui donnait un sac à main ou une montre à porter : c’est encore valable aujourd’hui. Comme disait Di Stefano, Callas n’a été qu’une folle furieuse de la perfection, ce n’était probablement pas la plus grande voix du siècle mais c’était la plus grande artiste. Elle donnait vie à Tosca, elle rentrait sur la scène, elle était Floria Tosca. »

 « Maria Callas a sauvé l’Opéra » Jacques Bertrand

Par ailleurs, « elle ne supportait pas les enregistrements de studio car on coupe en rondelle les opéras, on va commencer par les chœurs, les duos, les ensembles, etc… «Quand je fais mon premier jour d’enregistrement, je commence par la mort de Tosca : qu’est-ce que cette histoire de me faire mourir avant même que j’existe ? » s’exclamait-elle. « En effet, dans le découpage commercial, les gens qui produisent un disque saucissonnent l’œuvre puis le technicien remet tout ça dans l’ordre après. Oui, elle était perfectionniste et il y a des anecdotes extraordinaires à ce propos. Quand elle attaquait un ouvrage d’opéra, elle savait tout : elle n’imaginait pas chanter Norma sans savoir qui était la druidesse Norma, elle créait le rôle, et dans ce domaine, elle a été la plus grande, la meilleure. Et encore aujourd’hui inégalée. Elle a sauvé l’opéra de l’abîme dans lequel on l’avait jeté, c’était devenu ringard l’Opéra, avec de grosses dondons, des ténors ventripotents, qui se plantaient devant et chantaient leur truc puis repartaient etc… Callas a compris cela et même si elle a eu des difficultés vocales, sa voix l’a trahie à plusieurs reprises. Comparée à toutes ces grandes voix de l’époque, Freni, ou encore la Tebaldi, dont Toscanini disait qu’elle était un ange sur la terre car elle avait tout basé sur la beauté intrinsèque de la voix, Callas était appelée la Divine : elle jouait un rôle. Et en 20 ans, elle a abordé 52 rôles différents ! » énonce-t-il.

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Mihaela Dinu et Stephanie Portelli et Roberta Paroletti au piano

Un Hommage Enchanté à la Diva du Lyrique

Les festivités débuteront le 10 Août à 21h00 avec une projection sur écran géant dans la cour du château du magnifique film « Maria by Callas » réalisé par Tom Volf en 2017. Ce film retrace la vie et la carrière de Maria Callas d’une manière poignante, offrant aux spectateurs une plongée captivante dans l’univers de cette artiste extraordinaire « avec des documents inédits, certains colorisés, d’autres restaurés, où Callas elle-même raconte sa vie » précise Jacques Bertrand, fondateur du Festival et Président de l’association Mezza Voce, qui évoquera également la vie de la cantatrice, rendant hommage à sa carrière légendaire.

Tosca

La soirée du 12 Août à 21h30 promet un moment musical inoubliable avec l’opéra fétiche de Maria Callas, « Tosca », en trois actes de Giacomo Puccini dans une mise en scène de Stefano ORSINI. Cette représentation promet de faire revivre toute la passion et l’émotion intenses qui ont marqué les interprétations de Maria Callas. « « Tosca » est l’opéra dans lequel Maria Callas a quasiment débuté sa carrière et c’est avec Norma, un des rôles qu’elle a le plus chanté » développe notre interlocuteur en fin connaisseur de l’art lyrique. Sur scène, des solistes talentueux tels que Mihaela DINU « soprano connue dans toute l’Europe, avec plus de 700 représentations », dans le rôle de Floria Tosca, Diego DE SANTIS, un ténor « à la carrière florissante  qui a chanté sous la direction de Ricardo Mutti », dans le rôle de Mario Cavaradossi, et Clorindo MANZATO, « un grand baryton italien », dans l’incarnation diabolique du Baron Scarpia, se produiront accompagnés du Chœur de l’Opéra de Parme, « un des plus beaux chœur européen qui était jusqu’à récemment aux Chorégies d’Orange », et de l’Orchestra Sinfonica « Cantieri d’Arte », dirigés par le Maestro Stefano GIAROLI. Ce dernier « a commencé sa carrière en faisant des spectacles dans des petites villes en Italie. Quand il y a eu la crise en 2008, les grandes maisons n’avaient plus le budget pour faire appel à certains chefs et orchestres. Il faut savoir que l’Opéra, c’est dans l’ADN de l’Italie : on ne peut pas annuler un Opéra comme on le fait en France. Et de fil en aiguille, par le bouche-à-oreille, ils se sont tournés vers Giaroli : il amenait les chœurs, les costumes et l’orchestre pour 80 000€ au lieu de 300 000€. Petit à petit, il y a eu plein de gens qui se sont agrégés à sa compagnie qui aujourd’hui est la première compagnie itinérante en Italie ».

Pour la petite histoire, c’est « Mihaela DINU qui s’occupe de l’organisation du festival avec moi et du recrutement des chanteurs: nous arrivons à avoir des artistes de très haut niveau parce qu’on a développé de longues amitiés, je suis dans le métier depuis 50 ans, et que les chanteurs apprécient de venir à Salon, dans ce cadre magnifique, pour apporter leur contribution au festival. Cette année, la plupart sont italiens car c’est un ouvrage spécifiquement italien : les chanteurs italiens le maîtrisent complétement et, en France, c’est plus compliqué de bâtir un projet en si peu de temps car je n’ai pas trois mois de répétition, ni le budget d’une grosse production. Quand on organise un festival, on est obligé de construire un spectacle de qualité dans un laps de temps et un budget, tous deux contraints. On est sur la production depuis septembre, c’est-à-dire presque un an car on doit choisir les chanteurs et le chef, voir leur disponibilité, les rencontrer etc… pour qu’on puisse répéter en juillet avant le filage puis la représentation d’août. Et là, je peux vous dire que notre budget est passé. »

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Les plus grandes héroïnes incarnées par la Callas

En clôture du festival, le 13 Août à 21h30, un Grand Concert Lyrique intitulé « Les Grandes Héroïnes de Maria Callas » viendra enchanter le public. Mihaela DINU (soprano), Stéphanie PORTELLI (soprano), Jean GOYETCHE (ténor) et Clorindo MANZATO (baryton) se produiront accompagnés au piano par Roberta Paroletti du Gran Teatro La Fenice Di Venezia. Ce concert sera l’occasion de rendre hommage aux héroïnes mythiques que Maria Callas a si brillamment interprétées tout au long de sa carrière, nous plongeant dans l’univers fascinant de l’opéra : avec des airs de « la Gioconda, rôle dans lequel Callas a débuté à Vérone, un ouvrage que j’aurais adoré monter mais on n’a pas le public ici, le Trouvère, la Force du destin etc… »

Et pendant toute la durée du festival, du 8 au 14 Août, une exposition exceptionnelle intitulée « Les Visages d’un Mythe » se tiendra à l’Espace Culturel Robert de Lamanon. Cette exposition, d’entrée libre, présentera plus d’une centaine de photos de Maria Callas, la montrant telle qu’elle était au quotidien et sur scène. Capturant son aura intouchable, son élégance et sa prestance presque irréelles, ces clichés offriront aux visiteurs un aperçu unique de cette véritable tragédienne grecque. L’association Mistral de Venise et l’association Mezza Voce se sont unies pour offrir au public cette occasion rare d’admirer la beauté et la puissance d’expression de Maria Callas, véritable icône du monde lyrique.

En somme, le Festival d’Art Lyrique de Salon-de-Provence, dans cette 18ème édition en hommage à Maria Callas, s’annonce comme un événement inoubliable pour tous les passionnés de musique et d’opéra. Au cœur d’un cadre majestueux, avec une programmation riche et des artistes exceptionnels, ces soirées lyriques sauront captiver les spectateurs et perpétuer la mémoire de cette cantatrice légendaire. Venez célébrer l’art lyrique dans toute sa splendeur et rendre hommage à une diva inégalée lors de ce festival unique en son genre. Diane Vandermolina

 

En aparté

 Pensées de Jacques Bertrand sur l’évolution du milieu de l’Opéra

Le monde de l’Opéra a été très impacté par les années covid, du fait de son public vieillissant, mais également des coupes budgétaires effectuées ou encore de la stagnation des subventions. De nombreux opéras ont fermé leur porte bien avant la fin de la saison cette année et de nombreuses productions ont été annulées, le nombre de représentations par opéra ayant depuis plusieurs années drastiquement baissées : un Opéra comme « Carmen » a fait l’objet de seulement 5 représentations lors de sa venue à Marseille alors qu’il affichait complet et qu’il aurait fait le plein avec deux dates supplémentaires. Hélas, la venue d’un Opéra et le choix des solistes sont planifiés depuis deux, voire trois ans, en amont.

 De même, les coûts de production d’une œuvre lyrique chiffrent très vite, nous rappelle Jacques Bertrand : entre la création des décors et des costumes, la régie générale et la régie lumière, le transport du matériel et des artistes, leur hébergement et le coût des cachets des artistes et de l’orchestre, sans oublier les techniciens et toutes les personnes impliquées dans une production lyrique, les sommes deviennent très rapidement astronomiques d’autant plus qu’« on a suicidé l’Opéra en supprimant les troupes permanentes » rappelle-t-il et que certains cachets d’artistes sont trop élevés : « Pavarotti, paix à son âme, demandait 200 000 dollars par représentation sinon il ne venait pas. » nous dévoile-t-il.

 « J’ai connu tout le renouveau de l’Opéra de Paris avec Liebermann qui avait rendu à l’Opéra de Paris sa place aux côtés du Met, de Covent Garden, de la Scala… Liebermann me disait « pourquoi je vais chercher des grandes stars qui me bouffent la moitié du budget ? Si j’arrive à hisser le théâtre à ce niveau international, ces gens-là baisseront leurs cachets pour venir y chanter. Car ce qui est important pour un artiste, c’est aussi d’avoir chanté dans les plus grands théâtres. Domingo disait que s’il était invité même sans être payé dans une maison prestigieuse, il irait chanter » poursuit-il.

 Jacques Bertrand regrette que le nombre de représentations soit aussi réduit, et, lui qui a connu la belle époque des longues séries de représentations, il s’interroge sur ce choix : en effet, une production lyrique ne serait-elle pas plus « rentable » si elle était jouée sur une longue série ? « Certains frais restent les mêmes quel que soit le nombre de représentations – les frais fixes comme le transport, les décors, les costumes…- et le coût par représentation est amorti si on fait 6 représentations au lieu de 3. De plus, on a des accords avec les chanteurs quand il y a plusieurs représentations, les cachets groupés sont inférieurs au montant de 3 cachets successifs par exemple ». Hélas, les maisons d’opéra préfèrent réduire la voilure par crainte d’un public raréfié.  DVDM

Programme

Le Programme du Festival d’Art Lyrique de Salon-de-Provence au Château de l’Empéri – Cour Renaissance Montée du Puech, 13300 Salon-de-Provence « Hommage à Maria Callas »

10 Août 2023

Projection du film : « Maria by Callas », à 21h00 (sur Invitation – à retirer à la billetterie au Théâtre Armand)

Évocation de la vie de Maria Callas par Jacques Bertrand

12 Août 2023

« Tosca » à 21h30 (entrée 45€) de Giacomo Puccini, Opéra en trois actes

Les solistes seront accompagnés par le Chœur de l’Opéra de Parme et l’Orchestra Sinfonica « Cantieri d’Arte », sous la direction musicale du Maestro Stefano GIAROLI, mise en scène Stefano ORSINI.

13 Août 2023

« Les Grandes Héroïnes de Maria Callas » à 21h30 (entrée 35€), Grand Concert Lyrique

Les solistes seront accompagnés au piano par Roberta Paroletti du Gran Teatro La Fenice Di Venezia

Exposition « Les Visages d’un Mythe » : du 8 au 14 août 2023 (entrée libre) Espace Culturel Robert de Lamanon 120 rue Lafayette 13300 Salon-de-Provence

Informations pratiques

Billetterie du Festival d’Art Lyrique de Salon-de-Provence

Places Numérotées

Théâtre Armand 04.90.56.00.82 (renseignements et réservation sur place ou par téléphone)

Site de la ville de Salon-de-Provence

Placement libre (sur les rangs réservés Billetweb)

Billetweb (*Hors soirée du 10 août 2023 )

https://www.billetweb.fr/festival-dart-lyrique-de-salon-de-provence

Site : https://festivalartlyriquesalon.fr [24]

La Roque d’Antheron 2023 : Regards de femmes ; regards, deux femmes.

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Être femme et compositrice, être femme et artiste, être femme au XIXème siècle…

Le Festival international de piano de la Roque d’Anthéron proposait ce mardi 25 juillet, un magnifique concert avec Célia Oneto-Bensaïd, pianiste et l’Orchestre national Avignon-Provence dirigé par Debora Waldman. Regards de femmes pour ces femmes compositrices injustement oubliées, délaissées, ignorées. Les plus connues, Fanny Mendelssohn, l’exceptionnelle pianiste Clara Schumann et ses Lieder si émouvants, commencent à se faire une place et bousculent l’ordre établi de confrères installés, omnipotents et parfois sans plus de talent. Comment exister dans l’ombre de Robert Schumann, de Félix Mendelssohn? Et que dire d’Alma, écrasée par l’immense Gustav Mahler!

L’Orchestre national Avignon-Provence dirigé par Debora Waldman présente La Nuit et l’Amour, extrait de Ludus pro patria (Jeu pour la patrie) d’Augusta Holmès (1847-1903). Cet interlude purement symphonique, fait partie de la Cantate symphonique pour chœurs et orchestre (texte en vers), créé en 1888. Nuance douce, pianissimo, aux vents, écriture verticale suivi d’un thème aux violoncelles soutenu par les cors et relais des bois; le motif de la flûte entraîne un crescendo du tutti, phrase d’un beau lyrisme qui ressemble à un intermède d’opéra. Holmès était fascinée par Wagner. Le tuilage des phrases, le legato des cordes peut rappeler l’écriture du maître de Bayreuth. Les trilles des flûtes invitent à une cadence finale de belle facture. Une pièce qui dévoile la direction fluide et très expressive de Debora Waldman, et un orchestre symphonique de qualité qui sait faire ressortir toutes les palettes de timbres avec un bel équilibre.

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Célia Oneto-Bensaïd, Orchestre national Avignon-Provence, Debora Waldman © Valentine Chauvin

Célia Oneto-Bensaïd, pianiste reconnue internationalement, apparaissait alors dans un superbe ensemble blanc-or, pour nous dire toute sa passion, son engagement pour ces femmes injustement oubliées : Marie Jaëll, élève de Camille Saint-Saëns, protégée de Franz Liszt, était une immense compositrice, pianiste virtuose qui jouait l’intégrale des Sonates de Beethoven (32!); elle avait, dans ses doigts, toutes les œuvres pianistiques de Liszt! Elle composa ce premier concerto pour piano en ré mineur à 30 ans, le second quelques années plus tard. Bonne écoute! Une entrée en matière tonitruante, explosive! Micro en main, comme un slogan politique, la pianiste, très touchante avec cette envie de partager avec le public son combat de réhabilitation des compositrices oubliées. Rare à la Roque d’Anthéron avant un concert…

 Le Concerto en ré mineur de Marie Jaëll (1846-1925) garde la structure classique en trois mouvements. Le 1er, Lento-Allegro moderato, énonce un motif sombre aux cuivres; la pianiste joue deux motifs identiques puis déploie le troisième, de même écriture, mais plus développé, sur tous les registres du clavier, c’est brillant et puissant, démesure spatiale qui n’est pas sans rappeler Liszt. Le deuxième thème est un clin d’œil à la période impressionniste naissante, des vagues, en arpèges sur tout le clavier et un soutien des bois. Une mélodie accompagnée, plus apaisante, entraîne un déchaînement soudain. La technique époustouflante de Célia Oneto-Bensaïd permet de dompter l’écriture grandiose et très théâtrale de Marie Jaëll. Un déferlement de virtuosité.

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Célia Oneto-Bensaïd, Orchestre national Avignon-Provence, Debora Waldman © Valentine Chauvin

Alternance de passages de couleur tragique et des moments plus joyeux, les tonalités se bousculent. La complicité avec la cheffe d’orchestre est électrique, malgré un positionnement curieux. Debora Waldman est devant son orchestre, vigilante, vaillante, de dos à la pianiste. Mais une complicité se crée, des regards de femmes, des regards de flammes et cette fin de mouvement magique avec les accords de l’orchestre et du piano, précédés de silences obsédants, silences en parfaite symbiose: fabuleux. L’Adagio est surprenant par la continuité de déferlement, des phrases habillées de grands arpèges, croisement des mains, chevauchée romantique sans fin, écriture de nouveau très «remplie».  Puis un thème à l’unisson aux deux mains, minimaliste, suivi d’un passage élégiaque, sur un souffle, plus rien, le silence, des accords dans l’aigu, repris par les cordes et des cors très présents. Le troisième mouvement Allegro con brio démarre par une série d’accords surprenants, dialogue piano/orchestre. Célia Oneto-Bensaïd, toujours si engagée, déploie sa merveilleuse expertise, sa connaissance de la compositrice découverte il y a quelques années. On sent ce plaisir étonnant de donner, de partager. Un thème espiègle et sautillant annonce un final brillant, très puissant encore.

La caractère intense, entier de Marie Jaëll trouve en Célia Oneto-Bensaïd l’interprète idéale. On pourrait penser à une virtuosité gratuite, une façon de surjouer pour prouver son talent à ses confrères masculins du XIXème siècle, pour exister: les traits, les motifs, les thèmes sont souvent à peine énoncés, puis aussitôt enjolivés, déployés sur tout le clavier, des guirlandes de notes incroyables, gammes ascendantes, descendantes, accords puissants, arpèges redoutables, comme si Jaëll devait bousculer les hiérarchies établies des hommes, par les hommes, bousculer les préjugés, ou simplement exister en tant que pianiste virtuose?

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Célia Oneto-Bensaïd © Valentine Chauvin

Elle a 30 ans, à cette époque (1876). C’était surtout une pianiste remarquable côtoyant Saint-Saëns, Fauré, Liszt, Brahms. Quand Franz Liszt tricote tel ou tel motif et s’étale sur tout le clavier de manière ostentatoire, est-ce moins critiquable?

Il est surtout galvanisant pour cette merveilleuse pianiste de réhabiliter ces femmes, non parce qu’elles sont des femmes mais parce qu’elles ont composé des œuvres de grande qualité. Partir de rien, sans référence discographique, d’interprétation, est un pari osé car tout est à créer. Célia Oneto-Bensaïd, lauréate de nombreux prix internationaux, avec une discographie riche d’une dizaine d’enregistrements, ne s’installe pas dans un confort de répertoire. Son album Chants Nostalgiques sur la Mélodie française, a obtenu un ffff Télérama et elle sortira en octobre un nouvel album consacré à quatre femmes compositrices du XXème siècle.

Un travail sans relâche à la découverte de nouvelles compositrices, au sein des collectifs La Boîte à Pépites, Le Palazetto bruzane, Présence compositrices...

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Célia Oneto-Bensaïd © Valentine Chauvin

Deux bis magnifiques, comme un hommage appuyé et une reconnaissance sincère: Dans les Flammes (Dix-huit Pièces pour piano d’après La Lecture de Dante, N°4) et Poursuite (idem, N°1) sont deux pièces pour piano solo de Marie Jaëll. La première est la métaphore du crépitement des flammes, arpèges sans fin de la main droite, dans un développement gigantesque pour une explosion spectaculaire, rappelant Le Vent dans la plaine de Claude Debussy (Premier Livre des Préludes) ou la Danse rituelle du feu de Manuel de Falla dans l’Amour sorcier. Ce qui prouve la modernité d’écriture de Jaëll! La deuxième pièce, théâtrale et grandiloquente, fait lever le public qui fait un triomphe à cette immense pianiste spectaculaire et si passionnée.

Avec la Symphonie N°1 en ut mineur op. 32 de Louise Farrenc (1804-1875), l’Orchestre national Avignon-Provence allait donner toute sa pleine mesure. Louise Farrenc, pianiste et compositrice, aussi injustement ignorée, pendant des décennies, était professeure de piano pour classe de filles (!) au Conservatoire de Paris de 1842 à 1872, les classes, celle de piano entre autres, étaient séparées selon le sexe des élèves et ne devinrent mixtes qu’en 1915 sous le directorat de Gabriel Fauré.

Elle compose cette première symphonie en 1841, à trente-sept ans, dans la continuité d’une grande tradition symphonique (Première Ecole de Vienne: Mozart, Haydn, Beethoven) mais avec des accents très personnels. Composition en 1841, création à Bruxelles en 1845, trois ans plus tard…! Farrenc composera 3 symphonies.

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Célia Oneto-Bensaïd © Valentine Chauvin

Trois mouvements: Andante sostenuto-Allegro. Une entrée calme, posée, d’un lyrisme mendelssohnien, puis un motif très dansant d’une belle densité aux accents beethovéniens. Grande puissance dramatique à la fin du mouvement. L’Adagio cantabile garde cette atmosphère planante du début dans de grandes phrases legato. La proximité de Debora Waldman avec son orchestre permet un équilibre parfait, une précision des attaques et une libération des énergies.

Minuetto amène plus de tension. Tempo 3/4 habituel, grand développement aux cordes, puis cuivres et bois en dialogue dans le Trio, avant une reprise tutti très marquée.

L’Allegro assai est un travail sur les timbres où se détachent clarinettes et flûtes et un thème empli de mélancolie aux violoncelles sur les pizzicati des autres cordes.

Nommée Talent chef d’orchestre par l’Adami, en 2008, Debora Waldman est directrice de l’Orchestre national Avignon-Provence. Invitée par les orchestres de Nice, Monte-Carlo, Jérusalem…, elle dirige avec l’Orchestre National de France, la création mondiale de la Symphonie Grande Guerre (1917) de la compositrice française Charlotte Sohy dont elle a retrouvé la partition oubliée. (Cf le livre La Symphonie oubliée, portraits croisés de Charlotte Sohy et Debora Waldman, chez Robert Laffont).

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Célia Oneto-Bensaïd, Orchestre national Avignon-Provence, Debora Waldman © Valentine Chauvin

Puisse ce regain d’intérêt pour les compositrices françaises du 19ème siècle et de la première moitié du 20ème siècle, être suivi de concerts, éditions, rééditions de ces partitions méconnues! Des compositrices largement oubliées après leur mort. Citons le remarquable ouvrage de la musicologue Florence LAUNAY, Les compositrices en France au XIXe siècle, Paris, Fayard, 2006, 544 p.

Dans les Histoires de la Musique du XXème siècle, l’absence des compositrices est criante. On sait maintenant, qu’à partir de sources diverses (New Grove Dictionnary of Women Composers, Londres 1992 et autres…) qu’un millier de musiciennes, environ, ont composé des œuvres données en concerts publics ou privés, entre 1789 et 1914, en France!! On connaît les destins malheureux de ces femmes de … On aura fait un grand pas quand on dira mari de…

Cette invisibilité dans le récit historique comme dans la caricature très ancrée d’une sensibilité féminine moquée, inapte à la création, malgré des talents reconnus, a été gommée ce soir, dans la magie de la Roque d’Anthéron. Célia et Debora, porte-paroles lumineuses de ces femmes oubliées. Un concert-référence grâce à deux femmes, immenses artistes, pour éveiller les consciences.

Yves Bergé

Crédit photos de Une : Célia Oneto-Bensaïd, Orchestre national Avignon-Provence, Debora Waldman © Valentine Chauvin

Concert mardi 25 juillet 2023

Festival International de piano de la Roque d’Anthéron

La Roque d’Anthéron 2023: Anne Queffélec et le Hong Kong Sinfonietta Orchestra

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Anne Queffélec et le Hong Kong Sinfonietta Orchestra ont fait taire les cigales.

La pianiste française, dans une magnifique robe vert eau, se fond, avec grâce dans le paysage toujours féerique du Parc du Château de Florans.

Beethoven est au programme, Concerto N°4 en sol majeur opus 58 et la 7ème symphonie en la majeur, op. 92. L’intégrale des cinq concertos du géant allemand se répartira entre quatre pianistes français. (David Kadouch les 1er et 2ème, François-Frédéric Guy le 3ème, Anne Queffélec le 4ème, Bertrand Chamayou le 5ème); superbe initiative du Festival.

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A Queffélec Hong Kong Sinfonietta Yip Wing-Sie © Valentine Chauvin 2023

Anne Queffélec est accompagnée par le Hong Kong Sinfonietta Orchestra, dirigé par Yip Wing-Sie.

Fondé en 1990, l’orchestre phare de la ville de Hong Kong, s’est attiré, depuis, une reconnaissance nationale et internationale qui ne cesse de grandir. Un large répertoire, allant de la période classique au monde contemporain et des passerelles mêlant danse et théâtre, prouve un désir régulier d’innovations.

Organisateur du Festival de films Life is Art, le Sinfonietta de Hong Kong, est l’un des fleurons du monde artistique asiatique avec sa cheffe emblématique Yip Wing-Sie, de 2002 à 2020.

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A Queffélec Hong Kong Sinfonietta Yip Wing-Sie © Valentine Chauvin 2023

Le Concerto N°4 en sol majeur opus 58 est en trois mouvements: Allegro moderato. Andante con moto. Rondo vivace.

   Un départ insolite au piano dans l’Allegro moderato, loin des traditionnelles introductions d’orchestre précédant l’entrée du piano. Des accords posés avec délicatesse, c’est déjà la patte Queffélec, et un thème élégiaque repris par l’orchestre dans un relais subtil. Anne Queffélec montre toute sa science dans ce passage très mozartien, d’un legato soutenu; l’équilibre avec l’orchestre est parfait; une grande phrase en arpèges et gammes ascendantes entraîne un beau duo avec les bois.

Peu démonstrative, mais très habitée, Queffélec fait partie de ces pianistes sans manières, sobres qui rendent hommage à l’œuvre, en s’effaçant. Piano et orchestre respirent ensemble.

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A Queffélec Hong Kong Sinfonietta Yip Wing-Sie © Valentine Chauvin 2023

Les cigales assourdissantes accompagnent la grande montée chromatique du piano pour annoncer la reprise du thème. La cadence finale, piano seul, est d’un romantisme plus écorché, annonçant Robert Schumann; entrée de l’orchestre sur les trilles du piano, cordes en pizzicato, grand moment de plénitude.

Andante con moto démarre par une grande phrase à l’unisson des cordes, passage sombre; le piano, en écho, pose des accords tragiques enchaînant un jeu de questions/réponses très prenant, qui se resserre peu à peu. Tout le mouvement semble suspendu sur des nuances pp (pianissimo), p (piano), avec cette exceptionnelle dernière phrase qui retient le temps et laisse parler les résonances. Troublant.

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A Queffélec Hong Kong Sinfonietta Yip Wing-Sie © Valentine Chauvin 2023

Yip Wing-Sie semble jouer avec Queffélec, la pianiste semble diriger l’orchestre.

Rondo vivace: la tradition est à moitié respectée avec ce mouvement Rondo qui est, dans la période classique et préromantique, une forme typique (alternance Refrain/Couplets) et une expression plus joyeuse. Beethoven imprime une atmosphère plutôt triste avec un grand motif plaintif en nuance fortissimo (FF). La cadence est redoutable. Anne Queffélec joue à merveille les dessins, les motifs, les trais les plus vertigineux comme les plus délicats.

Une ovation méritée conclut cette première partie, avant un bis, véritable caresse baroque, alors que les cigales viennent de se taire: Le Menuet en sol mineur de Georg-Friedrich Haendel est un cadeau d’une pureté inouïe.

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A Queffélec Hong Kong Sinfonietta Yip Wing-Sie © Valentine Chauvin 2023

En complément de ce magnifique concerto, la 7ème symphonie en la majeur, op. 92 du même Beethoven. On retrouve le Hong Kong Sinfonietta Orchestra dans l’étalement spatial et symphonique, sur la coque mythique de la Roque pour laisser parler les timbres. Formation beethovénienne habituelle: 30 cordes frottées, les vents (bois et cuivres par deux), timbales. Les 2 cors et les 2 trompettes entourent flûtes et hautbois, pour un merveilleux effet acoustique.

Dans le 1er mouvement Poco sostenuto. Vivace, deux moments différents. Un très beau motif d’entrée, un orchestre aux belles rondeurs puis d’immenses envolées avec des crescendos puissants qui semblaient retenus dans l’accompagnement du concerto.

Le tube de la 7ème est bien sûr le fameux Allegretto et ce rythme lancinant d’une longue suivie de deux brèves qui en fera sa renommée. Tout s’ordonne autour et par ce rythme. Wagner, grand admirateur de Beethoven, appela ce mouvement: l’apothéose de la danse car il y a ce départ sur la pointe, qui vient de loin et ce crescendo magique par l’ajout et la densité des instruments.

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A Queffélec Hong Kong Sinfonietta Yip Wing-Sie © Valentine Chauvin 2023

Yip Wing-Sie, de sa main droite mécanique maintient le tempo quand la main gauche si expressive et libérée invite aux plus belles couleurs. L’orchestre prend alors tout son envol.

Stanley Kubrick ne s’était pas trompé par ce choix dans Barry Lyndon, en 1975: destin de ce jeune intrigant irlandais, sans argent, dans la fastueuse société anglaise du XVIIIème siècle. Ascension, audace, perversité. Chez Beethoven, une prodigieuse ascension avec l’audace des croisements de timbres. Et dire qu’il n’entendra jamais la beauté de ce thème unique!

   Depuis 1802 et la rédaction de son testament, à seulement 32 ans, invitant la mort à le surprendre, Beethoven est en proie au doute, au désespoir, à cause de sa surdité; il lutte contre un destin défavorable, mais il sait aussi se relever, prendre exemple sur des héros qui le fascinent et qui guideront son inspiration. L’énergie vitale que contient cette symphonie, sa remarquable unité sont les principaux exutoires pour Beethoven, ancré dans la certitude que l’exploration éblouissante du matériau sonore sera aussi un appel à l’Humanité pour croire en l’Artiste.

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A Queffélec Hong Kong Sinfonietta Yip Wing-Sie © Valentine Chauvin 2023

Après ce moment de grâce et cette immense fugue, hommage aux maîtres Bach et Haendel, sublimé par le Hong Kong Sinfonietta Orchestra, les 3èmes et 4èmes mouvements apparaissent presque anecdotiques. Presto avec ce départ très rossinien, flûtes en contre-chant des cordes, rappelant l’ouverture de la Gazza ladra (La Pie voleuse) du compositeur italien. Festif et grandiloquent. L’Allegro con brio final, est un thème très militaire, martial qui contraste avec les deux précédents. Beethoven libère le souffle imprimé aux trois premiers mouvements. Les départs de chaque pupitre sont d’une grande précision; de grandes phrases legato aux cordes arrondissent l’ensemble pour un final éblouissant. Les cigales se sont tues.

Triomphe d’une magnifique soirée.

Yves Bergé

A Queffélec Hong Kong Sinfonietta Yip Wing-Sie © Valentine Chauvin 2023

Samedi 22 juillet 2023

Festival international de piano de La Roque d’Anthéron

Festival d’Art Lyrique d’Aix en Provence: L’Opéra de Quat’ Sous

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La Comédie-Française s’invite chez Bertolt Brecht et Kurt Weill

 L’Opéra de Quat’ Sous (Die Dreigroschenoper), l’œuvre célébrissime et emblématique de Bertolt Brecht (Paroles) et Kurt Weill (Musique), est présentée au Festival d’Aix dans une nouvelle adaptation et mise en scène de Thomas Ostermeier. Avec la Troupe de la Comédie-Française qui signe sa première collaboration avec le Festival d’Aix-en-Provence.

Inspirée de la pièce anglaise de John Gay, musique de Johann Christoph Pepusch: The Beggar’s Opera (1728). Traduction, en 1928, d’Elisabeth Hauptmann (1897-1973), femme de lettres qui, après la mort de Brecht, continuera à travailler pour le Berliner Ensemble, devenant responsable de ses œuvres complètes.

L’Opéra de Quat’ Sous a été créé au Theater am Schiffbauerdamm de Berlin le 13 août 1928, puis au Théâtre Montparnasse, en version française, le 14 octobre 1930. Comédie-musicale, cabaret, revue, opérette, opéra-comique, théâtre-musical…? Ce n’est, en tout cas, pas un opéra! Ou un Opéra de Quat ‘Sous, pas grand-chose, en somme. Dreigroschenoper, en allemand, Groschen, c’est un sou, une pièce de dix Pfennigs, presque rien. La revendication est déjà dans le titre. Ce ne sera pas un opéra ou alors un opéra d’un nouveau genre, dont les héros seront des gens de la rue.

The Beggar’s Opera est, en Angleterre, un Ballad Opera, comme le Vaudeville parisien, le Singspiel germanique, la Zarzuela en Espagne revendiquant un parti-pris populaire en réaction à l’opéra traditionnel, dont les récitatifs parlés et les airs virtuoses, hérités du Baroque, noyaient le discours dramatique.

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L’opéra de quat’sous – Festival d’Aix-en-Provence 2023 © Jean-Louis Fernandez

Bertolt Brecht et Kurt Weill, comme John Gay et Johann Christoph Pepusch en leur temps, vont donc réhabiliter l’art lyrique à travers une forme plus resserrée, plus cohérente et accessible à tous, populaire et politique. Chansons, romances, ballades populaires, airs courts (2 strophes, 1 refrain) permettent un langage plus direct, plus familier avec des personnages hauts en couleurs et une histoire simple, un polar efficace qui parle davantage aux gens. Et un orchestre proche des orchestres d’harmonie, fanfares, vents, percussions, mettant sur la touche les cordes frottées symbolisant les grandes pages symphoniques des opéras romantiques que nos deux auteurs réfutent. On veut des personnages réels, des sons percutants, directs

En 1728, The Beggar’s Opera était en réaction contre les opéras italiens et les castrats venus de Naples et de toute l’Italie pour satisfaire l’appétit et le génie mélodique de Georg-Friedrich Haendel, d’origine allemande (Hanovre).

Il est cocasse de rappeler que le compositeur Johann Christoph Pepusch, installé à Londres, était prussien, né à Berlin! Les passerelles entre les pays existaient déjà et c’est bien ainsi.

En 1928, réaction contre un art dépassé?

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L’opéra de quat’sous – Festival d’Aix-en-Provence 2023 © Jean-Louis Fernandez

Brecht ne cache pas son enthousiasme pour le marxisme et au début des années 30, tout va basculer, les nationaux-socialistes interrompent les représentations de ses pièces, les Nazis le forcent à quitter l’Allemagne, domicile perquisitionné, œuvre interdite et brûlée, il est déchu de sa nationalité allemande, exil…

Weill, d’origine juive, dont la musique est considérée par les Nazis comme dégénérée (Entartete Musik, entartete Kunst: musique dégénérée, art dégénéré), voit ses partitions brûlées. Ses sympathies pour le Communisme le contraignent de s’exiler aussi en 1933 aussi avec sa femme Lotte Lenya qui chantera le rôle de Jenny en 1928 et dans le film de Pabst en 1931.

Les deux collaboreront plusieurs fois: Grandeur et décadence de la ville de Mahagony (Austieg und Fall der Stadt Mahagonny), spectacle musical qui devient un opéra…en 1930.

Nous n’en sommes pas là, mais la tension est palpable. Et l’adaptation d’Ostermeier se veut ouverte à toutes les époques. Les revendications de 1728 sont celles de 1928 et peut-être celles de 2028…?

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L’opéra de quat’sous – Festival d’Aix-en-Provence 2023 © Jean-Louis Fernandez

Thomas Ostermeier, directeur de la Schaubühne de Berlin, connaissait certains comédiens de la Comédie-Française, ayant obtenu le Molière de la meilleure mise en scène pour sa production de La Nuit des Rois ou Ce que vous voudrez (Twelfth Night, Or What You Will) de Shakespeare. Pari gagnant pour le metteur en scène qui n’aurait accepté aucune autre œuvre du répertoire lyrique; les chansons, les scènes parlées, semblaient correspondre parfaitement à son expertise et à sa grande connaissance du répertoire dramatique allemand (Woyzeck de Georg Büchner, dont Alban Berg tirera un opéra en trois actes: Wozzeck et autres…)

Nous sommes frappés par son réalisme théâtral qui implique pleinement les spectateurs; les comédiens ne jouent pas seulement des personnages, ils prennent à partie les spectateurs, ils sont l’écho de leurs questionnements.

La très belle première traduction française d’André Mauprey dont se servira Georg Wilhelm Pabst pour son film de 1931, sera suivie de celle de Jean-Claude Hemery en 1959, revue en 1974. La nouvelle traduction française d’Alexandre Pateau, permet à Ostermeier, aux comédiens et aux musiciens de jouer en parfaite harmonie. Moderniser n’est pas trahir. Le résultat est prodigieux, textes comme chansons, ne perdent en rien la teneur politique, moralisatrice, les attaques appuyées, la mélancolie ambiguë, dans un langage plus actuel.

Cette version de 1928 est présentée avec une chanson en plus d’Yvette Guilbert (1865-1944), (Chanson Pour Mme Peachum). Chanteuse du Café-concert, le fameux Caf’ Conc’, parolière, autrice, Yvette Guilbert devint l’incontournable interprète de Madame Arthur qui fit sa renommée.

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L’opéra de quat’sous – Festival d’Aix-en-Provence 2023 © Jean-Louis Fernandez

La production a voulu garder les caractères forts de 1928 et ce côté artisanal puissant de revue politique et musicale, avec, cependant, des coupes importantes dans les passages parlés pour des enchaînements plus rapides.

Le cadre n’est pas très glamour: à Londres, dans le quartier de Soho, deux hommes d’affaires et de la rue, très influents, se livrent une guerre impitoyable: le roi des mendiants, Jonathan Jeremiah Peachum etson entreprise: L’Ami du mendigot et le dangereux criminel Macheath dit «Mackie-le-Surineur» (Mackie Messer dans le texte original, Mac-la-lame) Das Messer= le couteau, en allemand. Puis des prostituées, des mariages ratés, la police, la prison, la passion, la jalousie, la morale politique, la rue contre l’ordre établi…

Maxime Pascal, et son orchestre du Balcon, ont fait un travail remarquable car l’œuvre musicale peut aussi se réinventer. Quand Weill indique «guitare», rien n’empêche aujourd’hui de mettre une guitare électrique, transmission orale qui permet de repenser l’instrumentation, sans la transgresser. À la création, huit instrumentistes se partageaient une vingtaine d’instruments. Le Balcon en fera de même en ouvrant à des sonorités plus modernes sans perdre l’esprit caustique de l’original, les clins d’œil au Jazz: Foxtrot, Boston, Blues, aux chansons des années 20 et aux dissonances bienvenues pour colorer tel ou tel personnage, loin du dodécaphonisme d’Arnold Schönberg, le maître du sérialisme viennois qui détestait la musique de Weill.

 Kurt Weill se positionnera toujours comme compositeur, non comme chansonnier.  Les deux seront considérés par les Nazis comme artistes dégénérés. Morbides retrouvailles !

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L’opéra de quat’sous – Festival d’Aix-en-Provence 2023 © Jean-Louis Fernandez

Un mélange savoureux de timbres: banjo, bandonéon, saxophones, guitare hawaïenne, guitare électrique… le contrebassiste joue aussi de la basse électrique, cornet, trompette pour se rapprocher de la palette de timbres de 1928, un piano «années 30», une fanfare dans l’univers de Goran Bregovič et des films de Kusturića, ténors horns…, balalaïka, balalaïka contrebasse, pour des sonorités d’Europe centrale et orientale très pincées.

 La double approche du son, micros-tête et micros avant-scène, permet des prises de paroles, des projections diversifiées, un jeu acoustique spatialisé. Kurt Weill, fasciné par les débuts de la microphonie, de la radiophonie, aurait certainement apprécié ces avancées techniques. Les comédiens peuvent ainsi investir l’espace, chanter face public, leurs chansons, comme un récital de music-hall puis courir fond de scène dans des scènes pus toniques.

Après une fugue grinçante, aux harmonies âpres d’où ressortent les instruments à vent, on est d’emblée impressionnés par la connivence théâtre/musique; direction de Maxime Pascal très dynamique avec ses très jeunes musiciens du Balcon

 Trois actes, huit tableaux, chaque chanson est présentée côté cour, les titres défilent en lettres blanches sur fond rouge, c’est très percutant. On reste imprégnés par la situation dramatique

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L’opéra de quat’sous – Festival d’Aix-en-Provence 2023 © Jean-Louis Fernandez

La Complainte de Macheath (Die Moritat von Mackie Messer), l’air le plus célèbre de la pièce, est au début! Jenny, la prostituée, ouvre le bal, la sculpturale Elsa Lepoivre est devant un micro pied, avant-scène, magnifique, pantalon paillettes, perruque rouge, veste clinquante. Parmi les clochards, pickpockets, et autres prostituées, elle égrène les crimes de l’insaisissable Macheath. Le requin, lui, il a des dents, Mais Mackie a un couteau : Le requin montre ses dents, Mackie cache son couteau…On a trouvé Jenny Trowlen Un poignard entre les seins ; Sur les quais, Mackie se promène, Il n’est au courant de rien. Mélodie et rythme langoureux, comme un étrange oxymore.

A la dernière strophe, elle se balance dans le cadre d’une enseigne lumineuse aux ampoules tons rouge/jaune d’un bel effet. Très belle interprétation. Densité instrumentale à chaque couplet et une fin en diminuendo très élégante.

Un ouvrage qui démarre par le chant d’une prostituée,  dont le prénom est cité dans le récit, n’est pas banal. Le ton est donné.

Jonathan Jeremiah Peachum est l’excellent Christian Hecq, gouaille, belle présence, voix projetée, bel acteur, allure de proxénète cabotin, contrôle la mendicité londonienne, balance sa morale cash: Le rentier, l’ouvrier, l’entrepreneur, chacun de nous, il pue…Il surjoue parfois des accents à la Louis de Funès, peu utiles ici.

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L’opéra de quat’sous – Festival d’Aix-en-Provence 2023 © Jean-Louis Fernandez

Saluons le remarquable travail de vidéaste de Sébastien Dupouey dont les vidéos mêlent modernité et actualités, Pop Art croisant les années 20 et le monde contemporain, art en perpétuel mouvement.

Duo superbe: Quand l’amour t’a lourdé, tu crèves comme un rat . Défilé des bandits de Macheath, très pittoresques.

Attitude altière, costume, posture de canaille sympathique, remarquable Birane Ba, pensionnaire à la Comédie-Française depuis 2019. Prestation scénique de haute volée, chant élégant et souple; on aurait aimé des interprétations plus sauvages, plus aiguisées, à la hauteur de son personnage et de sa lame.

Ces chansons n’ont pas les difficultés techniques des airs d’opéra; les tessitures sont plutôt centrales, il n’y a pas de grands sauts d’intervalles, d’arpèges, de gammes, de vocalises.

Polly Peachum est la magnifique Marie Oppert, vocalement et scéniquement parfaite. Craquante! Polly a planté deux amants riches, ils l’ont laissée de marbre, c’est vers Mac qu’elle est allée: la troisième fois, ce fut le bon. Y’avait plus raison de dire non

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L’opéra de quat’sous – Festival d’Aix-en-Provence 2023 © Jean-Louis Fernandez

Les quatre bandits, hommes de Peatchum, amènent beaucoup de relief, mais la scène de la tarte à la crème, très clownesque, mais longue et répétitive.

La mise en scène de Thomas Ostermeier est très mobile avec des entrées, sorties très fluides

L’interaction avec le public est très drôle: Dans cette écurie aura lieu mon mariage annonce Mac!

Brown, le chef de la Police, est incarné par Benjamin Laverne. De l’aisance scénique avec ce blouson cuir laqué et vocale, mais Tiger Brown est bien tendre et souvent; l’amitié depuis sa jeunesse avec Peachum, ne peut justifier cette caricature de tristesse, de sensiblerie exagérées, décalées par rapport au personnage de chef de la Police londonienne. Cela frise parfois le ridicule.

On retrouve Elsa Lepoivre qui campe une Jenny de caractère, bottines sur talons!

Dans le magnifique Duo de la jalousie: Polly et Lucy (Claïna Clavaron, excellente) se disputent la légitimité d’épouse de Mac! Géniale trouvaille, sur les grilles de ce décor unique, qui devient, escalier, prison, appartement. Lucy: Ah, c’est toi la bombe de Soho? Un côté West Side Story, très urbain, très punchline.

Célia Paechum est la tonique Véronique Vella qui jongle parfaitement entre les affaires de son mari et les aventures sexuelles de sa fille.

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L’opéra de quat’sous – Festival d’Aix-en-Provence 2023 © Jean-Louis Fernandez

Les chorégraphies de Johanna Lemke sont pleines de punch. Magnifiques costumes de Magda Willi

Saluons le beau travail de Philippe Franceschi avec son chœur Passerelles

Le choix de comédiens-chanteurs est audacieux et courageux. Dans l’un des temples de l’art lyrique, la direction a misé sur ce partenariat prestigieux. Donner la possibilité à des comédiens de chanter de l’opéra, renforce le thème de l’ouvrage et son esprit de revendication et de révolte. Un slogan politique déguisé de manière subtile?

La fin est une satire caustique, politique et pessimiste, dans cette ambiance de fanfare de rue. Tous semblent sans avenir. Parabole de la question de l’humain: Donnez-nous à grailler, on parlera après

Qui est le plus criminel: celui qui braque une banque ou celui qui la crée? Je vous laisse réfléchir…

Des références à François Villon, poète français de la fin du Moyen-âge, sont évidentes. Son texte célèbre, communément appelé La Ballade des pendus, après avoir été condamné à la pendaison est en contrechant ici.

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L’opéra de quat’sous – Festival d’Aix-en-Provence 2023 © Jean-Louis Fernandez

Frères humains qui après nous vivez. N’ayez les cœurs contre nous endurcis… Ou le texte du Chant de la vanité: Cours après le bonheur, mais ne cours pas trop; tous courent après le bonheur, mais c’est le bonheur qui les poursuit . Et cette surprise finale, une dernière strophe provenant de la version de 1948: Partons à l’assaut des nouveaux fascistes, ce sont eux qui font couler les larmes!

On perd certainement un peu l’aspect réaliste de Brecht et Weill, comme une vieille chanson de Lotte Lenya ou d’Edith Piaf, cette ambiance noir et blanc, cette tension qu’il y avait certainement en 1928, en pleine République de Weimar dans la fragilité d’une Europe qui soignait encore les traumatismes de la première Guerre mondiale et qui allait s’enfoncer bientôt dans la Seconde, la montée du National-Socialisme en Allemagne, qui, brutalement, changera la donne.

Mais un spectacle brillant, intelligent, visionnaire, où se mêlent tradition et modernité.

Yves Bergé

Photos L’opéra de quat’sous – Festival d’Aix-en-Provence 2023 © Jean-Louis Fernandez

Festival d’Aix. Théâtre de l’Archevêché: L’Opéra de Quat’ Sous de Bertolt Brecht et Kurt Weill

Mardi 20 juillet 2023

Direction musicale: Maxime Pascal-Orchestre: Le Balcon

Mise en scène et adaptation: Thomas Ostermeier

Troupe de la Comédie Française

Nouvelle traduction: Alexandre Pateau

PARIS VARSOVIE: LE CABARET MUSICAL (Avignon off 2023)

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Ewunia a deux amours: Varsovie et Paris. Jubilatoire!

Dans la jolie salle, intimiste, de l’Atypik, en plein cœur d’Avignon, l’artiste franco-polonaise, Ewunia Adamusinska-Vouland, nous emmène dans un féerique voyage, entre la Vistule et la Seine. Des passerelles humaines, artistiques vibrantes entre les deux pays. Paris-Varsovie : le cabaret musical est le prolongement de son premier spectacle Les Amants de Varsovie. (Warszawscy Kochankowie).

Quand on pense à la Pologne et à la France, le nom de Frédéric Chopin, le grand pianiste romantique, s’impose, évidemment. Né sur le territoire du Duché de Varsovie en 1810,  Frédéric François Chopin (Fryderyk Franciszek Chopin), de père français (Nicolas Chopin) et de mère polonaise (Tekla Justyna Krzyżanowska), arrive en France à 20 ans…Tout commence, tout recommence, mais l’identité polonaise restera toujours très forte.

Ewunia, toute de noir vêtue, nœud de papillon à la taille, s’impose dès sa première apparition, belle allure, fière, souriante, passionnée et tragique aussi.

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Un piano droit joué par le plus polonais des pianistes français, Yves Dupuis, le merveilleux complice du premier spectacle.

Une valise, enfermant les souvenirs de voyages, souvenirs de famille, des instruments, accompagnera le récit. Ewunia est d’ici et d’ailleurs… L’âme slave est en route. Polonaise née à Paris, ayant grandi à Varsovie, l’historie est belle, elle en fera un spectacle, ce deuxième spectacle.

Elle aime cette double culture, elle en est fière et son chant est à l’image de cet amour: engagé.

Le choix des chansons est très pertinent; un répertoire riche de reprises et de compositions originales : Edith Piaf, Jacques Brel, Serge Gainsbourg, Colette Renard, Joséphine Baker, Ordonka (la Mistinguett polonaise), Kalina Jędrusik (la Maryline Monroe du bord de la Vistule), Mieczysław Fogg (le Tino Rossi de Varsovie) ainsi que le duo Ewunia & Yves Dupuis dans de brillants arrangements.

Et la magie de l’alternance entre le français et le polonais, dans chacune des chansons, comme le fil conducteur de ce pont, de ces passerelles indestructibles.

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L’amour te pardonnera tout (Miłość Ci Wszystko Wybaczy), texte Julian Tuwim, musique Henryk Wars, donne le ton, entre sensualité romantique, réalisme caustique et humour grinçant. Une mélodie ample et accompagnement très romantique au piano dans un tempo de valse soutenu. Rupture et passage à quatre temps swing de la même chanson en français avec une superbe cadence finale. C’est l’ouverture du spectacle.

Nous les polonais, en amour, soit on pardonne, soit on tue, refroidit Ewunia qui veut toujours nous surprendre, nous éveiller.

Yves Dupuis est excellent, technique parfaite, main droite très mobile et main gauche rythmique et très percutante; il semble danser sur son clavier, suivant le récit, se l’appropriant, le renvoyant à la chanteuse, dans un jeu magique de connivences très maîtrisées et d’allers-retours qui gardent un aspect de liberté et d’improvisation.

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Ewunia parle de son prénom, diminutif d’Ewa (Eve), des nombreuses variations de ce diminutif, s’adresse au public, joue avec les prénoms des spectateurs.

Yves Dupuis n’est pas seulement un accompagnateur de chansons, il est le double d’Ewunia; remarquable pianiste dans tous les styles: Pop, Jazz, Classique avec l’inévitable Chopin, un saut au Brésil aussi dans une Bossa Nova endiablée. Il est le complice parfait jouant de cette âme slave qu’il s’est appropriée

Comédienne, chanteuse, auteure, traductrice, meneuse de revue au sein de l’emblématique TigerPalast à Francfort, où elle interprète un répertoire cabaret en allemand, anglais, français et polonais, Ewunia jongle dans ces univers si variés.

La voix est très belle, l’artiste dessine les traits de chaque thème avec précision et ondulations.

Les Eurydices qui dansent au Chat noir (Varsovie), nous emmènent au cabaret, à Varsovie; les deux artistes dansent littéralement. Yves Dupuis swingue sur son piano droit qui semble un Steinway.

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Mais on change soudainement d’expression avec la magnifique complainte des matelots (Kochaj Mnie a Będę Twoją). Au bord de la Vistule, un bateau…Et ce soir les matelots font escale… La voilà, préparez vos dollars…Magnifique transition français, polonais, avec un départ suspendu, pianissimo qui nous transperce d’émotion.

Yves Dupuis égrène quelques notes comme la solitude nocturne de cette scène, comme s’il  effleurait du clavier la peau de cette prostituée. Superbe!

Aime-moi et je s’rai tienne, embrasse-moi et serre plus fort!

Quelle est la boisson préférée des polonais lance au public Ewunia? Tout le monde pensant Vodka, personne n’ose énoncer une évidence. Espiègle, la chanteuse annonce: Ah, la boisson préférée des…polonais  est, bien sûr, le…thé quand tout le monde attendait l’incontournable Vodka! Le thé est un amant secret, Herbatka: mon tout petit thé chéri adoré

Cet Herbatka petite merveille de chanson, a aussi mille diminutifs.

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Accompagnement très jazzy, une strophe en anglais enchaînant, en un clin d’œil malicieux, le célébrissime Tea for two , le tube de Vincent Youmans, paroles d’Irving Caesar, dans leur Comédie musicale No, No, Nanette. Varsovie, Paris, Broadway, un voyage sans frontières…

Le sublime En chuchotant (Szeptem), texte J. Korczakowski, musique J. Abratowski, est chanté sur le souffle, comme une caresse, moment de grâce, sur un accompagnement planant en accords répétés, puis couleurs impressionnistes, de nombreux silences sur cette tragique histoire d’accident de voiture, si jeune. En chuchotant, on ne peut mentir…

La fin du spectacle est un tourbillon, entre humour piquant et florilège de chansons enjouées. L’âme slave, c’est ça, se plaisent à dire les deux complices, tout au long de la soirée, comme le Leitmotiv de leur parfaite harmonie. Moment de belle surprise: La dolce vita, c’est l’Italie, la France c’est…la joie de vivre! Ewunia entonne alors les chansons les plus belles mais les plus tristes, un medley torturé, poignant qui détonne avec la proposition initiale, ironie jouissive: Avec le temps (Ferré), Ne me quitte pas, Les Désespérés (Brel), Le Bal de Laze (Polnareff), Diego libre dans sa tête (Berger). Yves Dupuis: c’est ça la joie de vivre!

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Après la référence à la grand-mère et cette petite robe à fleurs effleurées par le vent, après ce grand moment de nostalgie, c’est le feu d’artifice: Emportés par la foule, Venez, venez Milord (Piaf), Douce France, Que reste-il de nos amours (Trenet), C’est si bon (Henri Betti 1947), et, choix pertinent: J’ai deux amours, immortalisé par Joséphine Baker, en 1930: J’ai deux amours (Musique du marseillais Vincent Scotto, paroles Géo Koger/Henri Varna): J’ai deux amours, mon pays et Paris, par eux toujours, mon cœur est ravi/J’ai deux amours, VARSOVIE et PARIS, par eux toujours, mon cœur est ravi.

Un merveilleux voyage musical, spectacle enthousiasmant et de grande qualité, émouvant, poétique, littéraire, drôle et joyeux, et cette valise franco-polonaise, qu’il nous tarde de retrouver et d’ouvrir de nouveau pour prolonger cet album merveilleux, de souvenirs et de créations. Comme les tableaux d’un musée rêvé.

Yves Bergé

Crédit photos:  Philippe Hanula

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Atypik Théâtre, salle 1, 13h45, du 6 au 29 juillet (relâche les mercredis 12, 19, 26)
Tarifs : 19 € (plein), 13,50 € (OFF), 12 € (enfants)
Genre : spectacle musical de chansons pour voix et piano
Fil narratif en français, chansons en français, polonais et anglais
Durée : 1h10

Festival International Les Nuits Pianistiques d’Aix-en-Provence, 31ème Edition

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La Musique au cœur

Au sein du splendide auditorium Campra du Conservatoire Darius Milhaud et du 25 juillet au 4 août 2023, le prestigieux Festival International Les Nuits Pianistiques d’Aix-en-Provence accueille, pour sa 31e édition, les virtuoses du piano.

Un Festival Culturel Prestigieux et Pérenne

Le festival Les Nuits pianistiques d’Aix-en-Provence est un événement culturel prestigieux et pérenne. Il s’inscrit parmi les grandes manifestations estivales de la région Sud, et anime la vie culturelle de la ville et de ses territoires alentours, d’une manière qui lui est propre. Il propose une programmation de concerts de grande qualité, gravitant autour du piano, et ceci depuis sa création en 1993 par son directeur artistique, le pianiste français Michel Bourdoncle.

Des moments musicaux d’exception

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NICOLAS BOURDONCLE

C’est  le mardi 25 juillet 2023 à 20h 30, avec trois des plus célèbres sonates de Beethoven, un formidable condensé de la vie musicale de l’un des plus grands artistes de l’histoire, suivies par des œuvres choisies de Chopin connu pour la hardiesse et l’exubérance dans ses lignes mélodiques osées et brillantes, que s’ouvre le Festival. Au clavier, le jeune et talentueux pianiste Nicolas Bourdoncle qui arpente les scènes en Europe et à l’étranger.

Le mercredi 26 juillet, Nikita Mndoyants, célèbre pianiste concertiste russe, met Haydn, Schumann et Chopin au programme. Professeur au Conservatoire Tchaïkovski, il s’exile en famille en Alsace et participe à des concerts en soutien à l’Ukraine tout en défendant la culture musicale russe et les artistes russes à l’étranger.

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ADELA LICULESCU

Le jeudi 27 juillet, le récital de piano d’Adela Liculescu, concertiste roumaine, nous entraine avec Schumann dans le Carnaval opus 9, puis Chopin, Kreisler/Rachmaninov, Gounod/Liszt.

Le mardi 1er août, toujours à 20h30, Bach, Beethoven, Chopin, Couperin et Ravel renaitront merveilleusement sous les doigts de Mathis Cathignol.

 Mercredi 02 août – Récital de piano Jonathan Fournel avec Mozart, Franck, Prélude, Szymanowski et Brahms. Jonathan Fournel a été nommé révélation classique de l’ADAMI en 2017.

Jeudi 03 août – Quatuor Zemlinsky de Prague. Dominique Vidal à la clarinette et Philippe Gueit au piano pour les œuvres de Dvorak et de Mozart. Avec František Soucek, premier violon, Petr Strizek, second violon, Petr Holman, alto, Vladimír Fortin, violoncelle, et depuis sa formation en 1994, le Zemlinsky Quartet, devenu l’archétype de l’ensemble montrant la continuité de l’école et de la tradition du quatuor à cordes en Bohême. Le quatuor a par ailleurs reçu le Prix de la Fondation Alexandre Zemlinsky, dont il porte désormais le patronyme.

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Vendredi 04 août 2023 : 19 h – Hommage à Jean Luc André
Les musiciens qui nous quittent restent parmi nous au travers de tout ce qu’ils ont apporté et grâce à l’amitié de ceux qui les ont côtoyés. Ce sont plusieurs interprètes de premier plan qui ont tenu à rendre hommage à Jean-Luc ANDRE, en offrant à sa mémoire un programme d’une émouvante richesse reflétant son inoubliable apport artistique :

Schumann : Trois Romances / Piano : Cosima Guelfucci et Hautbois : Thierry Guelfucci
Dvorak, Danses slaves / Piano : Florence Belraouti et Cosima Guelfucci
Rachmaninov, Romance de la suite opus 17 pour deux pianos/  Piano : Frédéric Aguessy et Michel Bourdoncle
Schumann, Fantasiestücke opus 73/ Clarinette : Dominique Vidal et Piano : Michel Bourdoncle
Liszt, La Vallée D’obermann/Piano: Frédéric Aguessy
Chopin, Nocturne opus 27 n° 1 en ut dièse mineur et  opus 20 n° 1 en do dièse mineur opus posthume/Piano : Jacques Rouvier

Michel Bourdoncle, pianiste concertiste et Directeur artistique du Festival

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MICHEL BOURDONCLE

Le Directeur artistique du Festival Les Nuits pianistiques d’Aix-en-Provence, Michel Bourdoncle*, mène une carrière active de concertiste qui le conduit régulièrement sur les plus grandes scènes du monde : Carnegie Hall de New York, Sala de São Paulo, Teatro Municipal de Rio de Janeiro, Grande salle du Conservatoire Tchaïkovski de Moscou, Anichkov Palace de Saint Petersbourg, Sala Verdi à Milan, Weinbrenner Saal à Baden-Baden, Théâtre Royal de Madrid, Salle Gaveau et Théâtre du Châtelet à Paris, Radio de Bucarest, Smetana Hall de Prague, Suntory Hall de Tokyo, Poly Théâtre de Pékin, Grand Théâtre de Shanghai, Mahidol University de Bangkok, Grand Théâtre de Hanoï etc. Il est le fondateur et le directeur artistique du festival, de l’académie et du concours international Les Nuits pianistiques d’Aix-en-Provence.

Une tribune pour des rencontres intergénérationnelles et pour les jeunes talents

Généreux et talentueux, Michel Bourdoncle conduit son Festival en collaboration avec l’Association  ‘Musiques Echanges’  pour permettre des rencontres intergénérationnelles autour de la musique et offrir une tribune aux jeunes talents ainsi que rechercher les synergies entre différentes échelles territoriales, en faisant se croiser artistes comme publics locaux et internationaux. Ces deux axes ont en commun de vouloir favoriser les liens artistiques, culturels et sociaux.

 ‘Les Nuits pianistiques d’Aix-en-Provence’ est un Festival prestigieux à marquer d’une pierre blanche.

Danielle Dufour-Verna

*D’une humilité égale à son grand talent, il avait offert en prélude aux nuits pianistiques le 5 mai dernier un récital en tout point exceptionnel qui retraçait les grands moments de sa carrière, laissant le public émerveillé devant tant de virtuosité et de passion. Dans son interprétation rare du morceau d’un anonyme chinois, Yan quan san die, il avait su déployer toutes les nuances de l’instrument qui sonnait tel un luth chinois à nos oreilles (ndlr/DVDM).

Renseignements : +33 (0) 6 30 13 05 28

www.lesnuitspianistiques.fr [59]