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Marion Rampal de retour aux sources

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Marion Rampal posera à nouveau ses bagages à Marseille les 31 janvier et 1er février prochains. Native de la cité phocéenne, c’est dans la belle salle du Théâtre de l’Œuvre qu’elle viendra présenter son nouvel album « Oizel » au public marseillais. Pour cette avant-première très attendue, l’artiste sera accompagnée de son quartet habituel. C’est avec ces complices musiciens qu’elle avait sillonné les scènes françaises lors de la tournée du précédent opus « Tissé » qui s’achevait par un blues féministe.

Avec « Oizel », Marion Rampal poursuit son exploration introspective empreinte de délicatesse. Porté par le thème des oiseaux, symbole de liberté, cet album se pare des couleurs de la mémoire et des souvenirs d’enfance de son auteure. Les mélomanes marseillais auront la chance de découvrir en avant-première les nouvelles pépites de l’artiste dans l’intimité du Théâtre de l’Œuvre. L’occasion pour elle de retrouver le public qui l’a vue éclore, avec toute la sensibilité qui la caractérise. Deux dates sont prévues les 31 janvier et 1er février à 21h. Un retour aux sources prometteur pour célébrer la poésie vibrionnante de Marion Rampal.

 « Le Théâtre de l’Œuvre est une belle salle, très intimiste, qui correspond au style musical de l’album. Je trouvais que c’était une belle idée de faire deux soirs de suite pour commencer cette tournée, je me sens un peu comme de retour au Bercail. J’’ai hâte, en tout cas, même si c’est toujours un peu le trac de retrouver un public qu’on connaît ou qui nous connaît très bien » confie-t-elle non sans une certaine émotion dans la voix. La jeune maman d’une fillette de 8 ans, vit actuellement à Paris mais ses racines sont marseillaises : « On me voit toujours comme marseillaise. Mais c’est vrai que comme j’ai passé 30 ans à Marseille, pour l’instant, je suis plus marseillaise que parisienne » s’amuse-t-elle.

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Marion Rampal explore la langue et les horizons avec « Oizel »

Remarquée auprès d’Archie Shepp & Jason Moran, Raphaël Imbert, Anne Paceo, Sandra N’Kake & Ji Drû, ou encore le Quatuor Manfred, invitée en tant que leader au festival de Jazz des 5 continents en 2021 – on l’y retrouvera peut être cet été ?-, auréolée d’une victoire du jazz en tant qu’artiste vocale en 2022 pour son précédent album, Marion Rampal, la quarantaine épanouie et réfléchie, ne se laisse pas enivrer par le succès et se projette d’ors et déjà dans l’avenir.

Dotée d’une personnalité douce et agréable, d’un abord charmant, elle nous a accordé en toute simplicité un temps d’interview pour discuter de son nouvel album. Entre souvenirs d’enfance et innovation sur la langue, l’artiste se livre sur sa démarche créative empreinte de poésie. Elle déploie une écriture travaillant les images comme autant de tableaux. Dans un style délicat évoquant rêve de liberté et folie douce, elle explore de nouveaux horizons. « Oizel » marque une étape aboutie dans l’univers de Marion Rampal.

Interview

Diane Vandermolina : Votre dernier album s’intitule Oizel, le féminin d’oiseau- ou « oizeau » comme le titre d’un de vos morceaux. L’oiseau en est la figure centrale, le fil d’Ariane, et vous en tissez la métaphore d’un bout à l’autre de l’album.

Marion Rampal : « Oui, le thème central, c’est l’oiseau. Il y a une forte symbolique par rapport à la notion de liberté qu’on peut avoir quand on pense à l’oiseau. En fait, le dernier album finissait sur cette chanson « I’m still a bird », c’était une sorte d’annonce de la suite. Et j’avais une grande envie de liberté, de me défaire des formats, des étiquettes. Je l’ai toujours eu parce que je cherche depuis des années une musique qui soit mienne et une langue aussi qui soit mienne. Donc assez vite, je me suis dit « Tiens, la figure de l’oiseau, c’est quand même quelque chose de très intéressant ». Et je me suis rendu compte qu’elle était déjà dans plein de chansons de Tissé. Il y avait déjà des phrases qui évoquaient ça. J’avais envie d’être un petit peu dans cette posture d’une poétesse sur un banc qui observe le monde autour. Et dans le monde autour, même quand on est en ville, il y a plein d’oiseaux. Autour de chez moi, je salue toujours un couple de merles qui vit en bas de chez moi. Il y a des perruches, il y a des mouettes qui passent, il y a des corneilles, des pigeons. »

DVDM : Pourquoi, parmi la faune, avez-vous choisi les oiseaux en particulier ?

MR : « Les oiseaux sont des créatures étranges, par rapport aux petits mammifères qu’on peut croiser, parce qu’ils volent. Ils ont cette liberté incroyable. Mais au-delà de ça, il y a tout ce qu’on peut dire dans notre langue autour de l’oiseau : cette manière de dire : « tiens, lui, c’est un drôle d’oiseau ». C’est souvent une bête dont on se sert dans notre langage. Je me suis donné ce cadre là. Je travaille autour des oiseaux, aussi bien les oiseaux des forêts que les oiseaux des villes, et aussi les oiseaux marins (cf la chanson « canards ») parce que c’est un disque qui évoque très fort mon enfance – avec « Aux Fleurs » où sont évoquées les calanques, ndlr– et mon rapport avec ma grand-mère paternelle – en particulier dans « D’Où l’On Vient l’Hiver »-, une figure qui m’a initiée à beaucoup de choses dans la vie. Elle m’a appris à coudre, à cuisiner, à m’occuper d’un jardin, le nom des couleurs, le nom des animaux dans le jardin. C’est quelqu’un qui a beaucoup compté pour moi. Et je suis allée chercher un peu dans la langue de ma grand-mère. Elle était du côté de Cannes, Antibes, Grasse, originaire du Piémont. Et puis, j’ai grandi à Marseille et comme elle habitait aux Caillols, je la voyais beaucoup. » 

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DVDM : Votre album revêt un caractère contemplatif mais vous évoquez également dans vos chansons la marginalité.

MR : « C’est un disque très rêveur, dans le souvenir, et très discret aussi. C’est ça que j’aimais bien et c’est dans l’idée de l’oiseau. Par exemple, des fois, on ne voit pas qu’il y a un oiseau sur la photo ou on ne voit pas qu’il y a un oiseau à côté de nous. Mais il est là. J’ai cherché aussi des figures de la vie sauvage, la vie redevenue sauvage avec « La Grande Ourse » – inspiré en partie d’un texte de Florence Aubenas ndlr – où il y a cette femme qui va vivre libre dans les bois et qu’on n’arrive pas à attraper et puis qui se met vraiment à côté de la société. Dans cet album, il y un questionnement sur les marges, la marginalisation, les personnes marginalisées aussi. J’ai été en compagnie toute ma vie de gens qui étaient un peu à la marge. Soit des très, très proches dans ma famille ou des amis qui ont vraiment quelque chose à côté de la plaque, mais quelque chose de sublime du coup. Et ça, ça m’intéresse aussi, la figure de la folie. Ou, plutôt de la folie douce, mais en tout cas de cette sorte d’endroit où on passe la limite. On ne se débrouille plus très bien avec le réel. Alors, on s’invente des chansons, on s’invente des histoires. On devient un peu fou. Ce sont des figures qui m’intéressent. Je pense que quand j’écris « Tangobor » ou « La Grande Ourse », j’essaie de m’en approcher. La marge, la folie, la liberté radicale, ça me questionne parce que ce n’est pas forcément réussi à chaque fois qu’on s’extrait de la société. Et est-ce que c’est la bonne chose à faire ? Je ne sais pas. Moi, je ne pense pas. Je suis très en lien avec les gens qui m’entourent et dans ma vie. Mais quand j’écris, je suis dans un endroit très solitaire. C’est vrai que quand j’écris, je n’écris pas avec… Alors, oui, il y a des souvenirs, il y a l’enfance, il y a des relations, etc. Mais souvent, je suis dans un autre moi. Je pense que c’est une autre personnalité qui émerge. Un autre regard. »

DVDM : Vous parlez de l’écriture et justement, vous faites un travail sur la langue. Vous mélangez des langues de différentes origines et pays, vous inventez des mots.

MR : « Ce qui m’intéresse dans les langues françaises, maintenant, je dis « les langues françaises » parce que les Français qui m’ont donné envie d’écrire et de chanter en français, ce ne sont pas les Français de France. Ce sont plutôt les Français d’Amérique du Nord, du Québec, de la Louisiane ou les langues créoles. C’est pour ça que, des fois, je parle de créolisation dans mon travail. J’aime bien quand la langue française sonne un peu autrement, qu’on arrive à la faire sonner un peu autrement. C’était mon défi pour ce disque quand je me suis dit « Allez, je ne fais pas d’aller-retour entre le français et l’anglais ». Là, je travaille vraiment sur la langue en français. Ça n’a été pas facile. Et c’est pour ça qu’il y a pas mal de mots inventés comme « Tangobor », « Gare-Où-Va », « Coulemonde » ou encore « Tampi Mon Ame ». Il y a des sortes de tournures de phrases inventées et je suis allée jusqu’à mettre un Z à « oiselle », qui est le vieux nom français pour dire « oiseau ». Je me suis permis beaucoup de liberté. J’avais besoin de recréer la langue et ça a été une vraie recherche. J’ai donc mis tous les textes dans les livrets des disques en envisageant l’album autant comme un recueil de poèmes que comme un recueil de chansons. Pour moi, toute cette langue et ces mots que je choisis font partie du son du disque. »

DVDM : Et justement, par rapport au style musical, c’est assez varié et très libre. Il y a des accents un peu New Orleans, mais aussi Bossa Nova, voire Indie avec la flûte de Naïssam Jalal.

MR : « Oui, on garde pas mal d’ancrages dans les jazz et blues du Sud des États-Unis parce que ce sont nos influences très fortes avec le réalisateur du disque, Matthis Pascaud, avec qui on coécrit certaines choses pour aboutir l’ambiance musicale, les accords, les déroulés, etc. Et avec le batteur, Raphaël Chassin. Ce sont des personnes qui travaillent avec des musiciens de blues et de jazz. Il y a aussi des choses un peu plus psychédéliques, plus rêveuses. La façon d’utiliser les claviers, par exemple, ou la clarinette avec des effets. C’est un paysage sonore que je souhaite le plus riche possible et le plus singulier. C’est-à-dire que ça ne sonne pas non plus comme de la chanson française trop formatée ou du jazz vocal trop formaté, parce que ni l’un ni l’autre ne sont des choses que j’écoute chez moi. C’est très, très beau, très bien réalisé mais ce n’est pas mon endroit. Et c’est vrai que les artistes qui m’ont influencée sont un peu à cette frontière là, on peut citer Abbey Lincoln, Rickie Lee Jones ou Joni Mitchell. En français, des gens comme Mathieu Boogaerts ou Bertrand Belin. Il y a beaucoup de musique et un rapport au son, au silence, à l’improvisation, au groove, qui vient plus du côté du jazz, en effet. »

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DVDM : Et d’ailleurs, quand on écoute l’album, on visualise les chansons un peu comme si on était face à des tableaux ou des peintures.

MR : « Ah oui, et ça me rassure un peu qu’on me dise ça. Parce que c’est aussi comme ça que je construis mes chansons. On parlait de la langue, mais on n’a pas parlé de comment je déroule le sens. Et mes chansons sont rarement très littérales. Il n’y a pas une histoire avec un début, une fin, tout ça. Je travaille avec comme des calques, ou des aquarelles, des passages de couleurs, de formes et d’images. Pour une musicienne, je suis quelqu’un de très visuel. Si on devait analyser, je crois, ma façon de fonctionner, je serais dans le clan des visuels. Je pense tout en termes d’espèces, de formes et de couleurs, de contours, de lignes. Même quand je chante ou que j’entends la musique. On appelle ça, je crois, la synesthésie, et beaucoup d’artistes l’ont. J’ai des amis peintres qui sont très sonores. J’envisage souvent les poèmes et le chant comme une transmission d’imaginaire. Donc, même ma voix, elle essaye de travailler la transmission d’images. Et, si ça marche, je suis contente. C’est important d’arriver à porter justement et à transmettre ce qu’on a envie de transmettre dans la musique, dans le chant. »

DVDM : Il y a un côté assez délicat, gracile, éthéré, dans les ballades, voire à certains moments quelque chose de l’innocence d’une berceuse.

MR : « C’est le travail sur l’oiseau et le travail vocal aussi. Depuis quelques années, j’essaie d’épurer un peu le chant. D’arriver à quelque chose d’un peu plus simple. Et il y a une sorte de personnalité vocale qui émerge, qui était déjà là, mais qui domine maintenant, peut-être plus posée, plus fantaisiste, plus libre. Et les mélodies aussi. C’est vrai que là, j’ai déroulé des mélodies qui sont plus découpées, plus délicates que tout le travail sur mes blues tissés, où j’étais encore dans l’idée du blues. Là, j’ai essayé de faire des choses qui me ressemblent plus. Après, je pense que le moment où j’ai fait mes deux précédents disques de composition, c’est ce qui me ressemblait le plus. C’est une sorte de photo. C’est une sorte d’instantané de là où on en est déjà, de ses moyens expressifs, de sa façon de s’exprimer, et aussi de sa façon de voir le monde. Il n’est pas exclu que pour le prochain, je reprenne une bonne vieille guitare électrique, je ne sais pas. Mais j’ai l’impression d’avoir abouti quelque chose là, avec Oizel, commencé sur Tissé, en tout cas. Je suis contente d’avoir fait des chansons, de m’être appliquée à produire des refrains parfois, parce que je n’avais pas forcément beaucoup de ça dans ma musique. C’est ce qui me ressemble le plus aujourd’hui. »

DVDM : Vous parliez justement de votre rapport à la voix, de l’aspect visuel. Vous développez dans votre musique une approche sensible qui part du corps plutôt que de la tête, comme dans le théâtre expressionniste où chez le comédien, la parole vient après.

MR : « Oui, en tout cas, on est beaucoup dans le sensoriel et dans l’image, et dans le corps, parce que les grooves sont très importants, les appuis rythmiques. Dans la musique qu’on essaye de produire avec Matthis quand on fait mes disques, il y a un rapport au rythme très important, ce qui fait que je pense que, les chansons s’enrichissent beaucoup, parce qu’elles sont moins plates. Et après, il y a des histoires de couleurs, parce que lui, il travaille tout ce qui est paysage sonore : il fait vraiment ça en paysagiste. Il y a des grosses lignes de force avec ce que va faire la basse, la guitare rythmique et tout. Puis après, il y a d’autres dimensions derrière qui peuvent être un élément perturbateur ou quelque chose qui nous accroche l’oreille, un petit solo à un moment ou un petit son, on ne sait pas ce que c’est. Et ça fait tout le charme à chaque fois de la chanson. C’est le travail d’orchestration qui est aussi un travail de paysage, enfin de coloriste, c’est sûr, ce qui rajoute, justement, toute cette imagerie qu’on peut avoir en écoutant l’album. Au début, je produis des formes, des chansons, il y a une sorte de base. Il y a déjà tout un monde qui est là avec le texte, la mélodie, les quelques accords. Et puis après, c’est lui qui a cette tâche d’en faire quelque chose de très ouvert à l’auditeur et c’est beau d’avoir quelqu’un d’aussi compatible avec mes envies esthétiques. C’est vrai que ça a beaucoup enrichi mon travail en deux disques. »

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DVDM : Comment travaillez vous vos chansons ?

MR : « Pour écrire de la musique, des paroles et tout, on pourrait croire que, par exemple, c’est bien de s’isoler de tout ça, d’être vraiment dans une bulle. Pourtant, pour ce disque là, j’ai plutôt l’impression d’avoir écrit au long cours, sur trois, quatre ans. Et j’ai l’impression de l’avoir fait au quotidien, ou presque. C’est-à-dire qu’en allant chercher ma fille à l’école, je peux avoir une mélodie en tête et puis vite l’enregistrer sur mon téléphone, y revenir deux semaines après. C’est un travail qui s’est inclus dans le quotidien et c’est pour ça que c’est un disque qui porte un peu la discrétion, la poésie de tous les jours aussi. C’est ça qui m’intéresse. Des choses très, très simples. Parce que sinon, il aurait fallu, en effet, oui, s’enfermer, chercher des choses un peu extrêmes, enfin, une sorte de retraite, d’épiphanie de moments créatifs très forts. J’avais un rapport comme ça à la création avant et ça m’a vraiment fatiguée. Et c’est justement le travail avec Matthis qui m’a aidée parce que lui, il est un bosseur et c’est quelqu’un qui fait au quotidien. La composition, c’est comme un muscle, il faut l’entrainer tous les jours. J’ai beaucoup gagné à installer la création dans mon quotidien sans la mettre en lutte avec la vie, ma vie de parent, ma vie d’artiste qui doit faire plein de com’, d’administration, de production, qui a une vie sociale. Je n’ai pas vécu ça en opposition avec ma vie normale et une retraite, ça peut te rendre un peu fou et te fragiliser. Alors, je ne suis pas moins fragile, ça ne m’a pas défragilisée parce que c’est toujours un stress d’enregistrer une chanson, de la chanter sur scène. Mais c’est un bon stress. »

DVDM : Vous avez déjà une belle réception de votre album, il fait partie des sélections à la Fnac et sur Fip. Comment réagissez vous à cela aujourd’hui, à l’époque des réseaux sociaux et de l’infobésité ?

MR : « Des gens le plébiscitent, c’est très agréable parce que, vu tout ce qu’il y a maintenant de disponible, c’est assez difficile de s’y retrouver, et ça me pousse à faire vraiment plus, j’essaye de faire quelque chose de plus abouti et audible possible. Je transpire en faisant ça. Mais en tout cas, au niveau du style, je me dis, « il y a tellement de choses qui ont été faites, et il y a tellement de choses qui sont faites aujourd’hui, que ce n’est plus une histoire de prouver quoi que ce soit, ou de révolutionner quoi que ce soit, mais par contre, faire vraiment son chemin avec la musique et avec le texte ». C’est un défi intéressant aujourd’hui. Justement, parce qu’on est saturé de plein de choses. C’est très speed, c’est très conditionné, les algorithmes sur les plateformes décident de ce que vous devriez écouter, alors qu’en fait, quand vous écoutiez les radios il y a 20 ans, ou vous alliez à la médiathèque, ou à la Fnac, quand vous écoutiez des disques chez des potes, il y avait encore ce côté buissonnier d’aller découvrir des musiques. C’est toujours possible avec Internet, mais on est très saturés quand même. On nous vend vite beaucoup d’un seul truc ou un même truc avec des noms différents, mais en fait, c’est un peu la même musique. Ce n’est pas en train de ne nous rendre ni plus intelligents, ni plus sensibles, ni plus malins. On passe d’un truc à un autre. On n’écoute pas vraiment … On scrolle. On a moins de temps, on a beaucoup la gueule dans nos écrans. Donc on ne prend pas le temps de se dire, tiens …. ça peut être intéressant de découvrir cet artiste, ce qui l’a fait avant, ce qu’il compte faire après. Maintenant, c’est de la consommation, ce n’est plus de l’écoute musicale. »

Autres temps, autres mœurs ! Dirons nous. Sur ces mots, laissez vous donc vous évader le temps d’un concert ou d’une écoute dans son univers aux couleurs pastel, et « soyeusement » chill. DVDM

Toutes les infos sur : https://www.theatre-oeuvre.com/evenements/marion-rampal/ [6]

Crédit photos : Alice Lemarin

OIZEL

Chant: MARION RAMPAL ; réalisation, guitares, basse, lap-steel, claviers, marimba: MATTHIS PASCAUD ; batterie ; percussions: RAPHAËL CHASSIN ; contrebasse: SIMON TAILLEU ; piano & claviers: GAËL RAKOTONDRABE ; clarinette basse: CHRISTOPHE PANZANI ; FEATURING : BERTRAND BELIN, LAURA CAHEN/ Label Les Rivières Souterraines ; Sortie Album : 2 février 2024

En tournée :

 31/01/24 : Marseille (13) Théâtre de l’Œuvre 1, rue Mission de France 13001 MARSEILLE (Quartet)

 01/02/24 : Marseille (13) Théâtre de l’Œuvre (Quartet)

 02/02/24 : Bayssan (34) Scène de Bayssan (Quartet)

 03/02/24 : Hyères (83) Théâtre Denis (Quartet)

 13/02/24 : Lyon (69) Opéra Underground (Quartet)

 15/03/24 : Montargis (45) Théâtre Rivoli (Quartet)

 21/03/24 : Nantes (44) Salle Paul Fort (Quartet)

 22/03/24 : Châteauroux (36) Equinoxe (Quartet)

 01/04/24 : Paris (75) Café de la Danse (Quartet)

 09/05/24 : Coutances (50) Répétitions (Quartet + invités)

 10/05/24 : Coutances (50) Jazz sous les Pommiers // NewGaro Marion solo

 10/05/24 : Coutances (50) Jazz sous les Pommiers (Quartet + invités)

 17/05/24 : Annemasse (74) Château Rouge (Quartet)

 18/05/24 : Portes les Valence (26) Le Train Théâtre (Quartet)

 07/07/24 : Vienne (38) Jazz à Vienne // NewGaro Marion guest

 27/07/24 : Marciac (32) Jazz in Marciac // NewGaro Marion guest

 03/10/24 : Vernier (CH) Festival JazzContreBand (Quartet)

Premier Festival LGBT à Marseille : LGBTous! s’installe au Théâtre du Têtard

Publié Par Rmt News Int Sur Dans Article/Critique,Coup de Coeur,Festival,Flash Information(s),Marseille,Musique,News,Région PACA,Save the Date,Théâtre/Opéra | Commentaires désactivés
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Du 1er au 29 février 2024, le Théâtre du Têtard accueillera la première édition du Festival LGBTous!, un événement inédit à Marseille célébrant la diversité et la création artistique Queer. Une première !

Une célébration de la diversité sous toutes ses formes

Le festival, qui se veut convivial et rassembleur pour tous- Et toutes rajouterons-nous !-, est « une véritable Ode à la diversité, au-delà des étiquettes », comme l’explique Thierry Wilson, l’initiateur de cet événement. Pendant un mois, le public aura l’opportunité de découvrir une programmation riche et éclectique mêlant théâtre, cabaret, chanson, stand up et conférences, mettant en avant les cultures et identités lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT).

Le Festival LGBTous! se veut pluridisciplinaire en faisant coexister différentes formes d’expression artistique autour des thématiques LGBTQI+. La marraine de l’événement est l’humoriste Zize Dupanier, une figure emblématique de la scène marseillaise, qui clôturera le festival dédié à Corinne Chiche, à laquelle Thierry a rendu un vibrant hommage lors de la conférence de presse.

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Une marraine de choc : Zize

Thierry se confond en souvenirs dans l’exercice délicat auquel il s’attelait ce jour-là. Il nous racconte comment Zize a fait ses débuts au théâtre du Tétard. Zize, qui restait cachée contre le mur côté jardin de la scène, Zize qui s’invite dans son couple et dans son quotidien, Zize qui malgré des spectacles cartonnant dans les plus grands lieux parisiens dédiés à l’humour n’a jamais été invitée à un festival en dehors du Festi’femmes d’Eliane Zayan, Zize considérée comme un travesti.

« Mais n’est-ce pas le plus difficile que de jouer une femme quand on est un homme ? » Un clin d’œil à Richard Martin qui lors d’une répétition de l’Opéra des 4 sous disait cela à un de ses comédiens. Thierry avait 13 ans et se souvient encore de ces paroles. « Zize, ce n’est pas du travestisme comme on le voit dans les cabarets de chez Michou, c’est un rôle de composition », assène-t-il. Et les artistes masculins qu’il a invités sont pour la plupart des hommes jouant des personnages féminins !

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Un festival inclusif et ouvert

Au-delà des représentations, le Festival souhaite susciter le débat sur les questions LGBT, questionner l’hétéro-normativité ambiante et interroger nos certitudes lors des rencontres conviviales organisées avant et après les spectacles : espaces d’échanges, de débats et de rencontres avec des associations à l’image des Vieilles Canailles dont l’objet est de permettre, en mettant en contact les gens esseulés, « de vieillir en étant entourés et non dans la solitude comme c’est souvent le cas quand on est gay, célibataire et sans enfants » indique Thierry, à la barre du festival.

Un atelier d’écriture et une conférence sont au programme. L’atelier d’écriture sera animé le 18 février à 10h, par Lionel Parrini, auteur de la magnifique pièce de théâtre intitulée « le chien bleu », sur le thème du « coming out » et le 25 février, à 17h, la psychiatre et psychanalyste Catherina Kiss tiendra une conférence théâtralisée intitulée « Les chemins sinueux du désir », une réflexion sur les arts et la psychanalyse. Un vaste programme.

Les débats et ateliers visent à favoriser les échanges citoyens. « LGBTous! ne se veut pas communautaire mais vise à sensibiliser sur les discriminations » précise le président, Pierre Levi. « Le Festival se veut inclusif et festif » insiste Thierry qui souhaite l’ouvrir également aux artistes en situation de handicap. Un événement ambitieux qui promet de belles soirées de spectacle dans une ambiance conviviale.

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La scène queer à l’honneur !

L’objectif est de faire découvrir au plus grand nombre, quelles que soient leurs orientations ou identités, « la bonne humeur, l’autodérision, le kitsch pailleté et l’humour des cultures LGBT » selon les mots de Zize. Des artistes confirmés comme Carolina ou Yvette Leglaire viendront présenter leurs spectacles, aux côtés de jeunes talents comme Eva Jean ou Clémence de Villeneuve.

Le spectacle d’ouverture est assuré par Carolina le 1er février : dans son cabaret au carrefour du music-hall et du théâtre, la sémillante Carolina dévoilera ses secrets inavouables. La légendaire Yvette Leglaire viendra les 9 et 10 février donner de la voix avec « Place aux femmes ». Eva Jean se produira le 15 février avec « JE SUIS TON PÈRE avec le look de ta mère ». Odile Dabzol présentera son one-woman show « Docteur, j’ai peur de ne plus avoir peur ! » le 16 février. Clémence de Villeneuve, « artiste à l’humour noir qui propose une galerie de personnages déjantés » développeThierry, sera « Bienveillante » le 23 février. Jérem Rassch viendra proposer la suite de son spectacle « Pourquoi pas », le 24 février. Enfin, la soirée de clôture du 29 février sera assurée par Zize avec un Best Ouf de son cru.

Si cette première édition rencontre son public, ce dont on ne doute pas, les organisateurs espèrent pérenniser l’événement les années suivantes, faisant du Festival LGBTous! un rendez-vous incontournable de la scène culturelle phocéenne. Diane Vandermolina

Infos pratiques :

Tarif : 15€ sur Billetreduc.com – 18€ sur place sauf pour Zize, tarif unique : 25€ / Formule Dîner-Spectacle : 33€. Horaire : 20h. Renseignements : Théâtre du Têtard 33 rue Ferrari – 13005 Marseille/04 91 47 39 93.

Crédit photo : Fox’Eye Brigitte Arakel

‘Mémoires Olympiques’ de Nelson Monfort

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Un livre admirable par un commentateur exceptionnel

On reconnaît Nelson Monfort à son élégance, son fairplay, sa justesse et son professionnalisme dans le métier qu’il exerce, commentateur sportif. Lors des compétitions, énoncer ce nom est déjà une promesse en soi. Faute avouée étant à demi pardonnée, je dois dire pour ma part que, téléspectatrice pas toujours très assidue de certaines émissions sportives ou de certaines compétitions, ce sont les commentaires de Nelson Monfort, son humour léger, ses interviews, qui m’ont amenée avec plaisir jusqu’au bout de la transmission. J’ai rencontré cet homme, modeste, souriant, cultivé. Son empathie et sa générosité ne sont pas qu’un veston-cravate qu’il endosse à l’antenne ; Nelson Montfort est vrai et c’est rare.

Je savais Nelson Monfort féru de sport, je ne le savais pas écrivain. Publié en novembre 2021, Mémoires Olympiques n’est pas une suite de dates et de faits. Nelson Montfort a une plume, et quelle plume ! Exigeante, harmonieuse, choisie ! Nelson Montfort réussit le tour de passe-passe d’aller à l’essentiel, de manière poétique. Dans son récit, on découvre, plus encore, l’homme bienveillant, humaniste. Nelson Monfort détaille avec tendresse, décrit avec délicatesse, raconte avec franchise. Ce qui caractérise l’homme et l’écrivain, c’est la loyauté. Quel bonheur de découvrir ces athlètes et ces grands moments sous le regard de Nelson Monfort ! Revivre des instants de grâce tels qu’il les a vécus ; partager la souffrance du sportif, ses espoirs, ses rêves achevés, inachevés… On est intéressé, ému, enthousiasmé ! Ce livre tient en haleine de bout en bout.

Avec ‘Mémoires Olympiques’, Nelson Montfort rejoint les plus grands.

Barcelone 1992, Nelson Monfort vit ses premiers jeux olympiques et accueille à son micro Carl Lewis, la légende vivante de l’athlétisme. Que d’émotions pour ce commentateur qui ne pouvait rêver plus beau début de carrière ! Nelson revient sur tous ses JO : records, rencontres, anecdotes, bons et mauvais souvenirs partagés avec ces champions que nous connaissons tous –Teddy Riner, Usain Bolt et tant d’autres… tous champions d’exception.

Il nous rappelle aussi ces grands moments du sport olympique qui ont fait –parfois endeuillé- l’Histoire : la tragédie de Munich en 1972, les larmes de joie de Colette Besson en Or à Mexico, les poings levés de Tommie Smith et John Carlos en soutien aux Black Panthers lors de ces mêmes jeux…

Autant de records et de destins extraordinaires à (re)découvrir, grâce à la verve inimitable de Nelson Monfort.

Des courts de Roland-Garros au bord des bassins, des pistes d’athlétisme aux patinoires, Nelson Monfort a révolutionné l’image de l’interviewer sportif. Il revisite aujourd’hui les jeux, avec ses coups de cœur et un style parfait.

Seule ombre au tableau. Les JO de Paris 2024 sont tout proches. Qu’en est-il de notre commentateur et interviewer préféré ? Sans porter l’opprobre sur d’autres journalistes sans doute très talentueux, aurait-on oublié Nelson Montfort ?

Danielle Dufour-Verna

Frantisek Tuma, Motets, par Andreas Scholl contreténor, Czech ensemble baroque, direction Roman Válek

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Voici le type de disque que nous aimons : un grand artiste très connu mettant sa notoriété à défendre un compositeur inconnu ou méconnu, en l’occurrence le contre-ténor Andreas Scholl mettant la lumière de sa célébrité pour tirer de l’ombre František Tuma (1704-1774), compositeur baroque de Bohème enseveli dans les oubliettes du temps. Du moins dans nos contrées culturelles souvent enclose dans nos frontières culturelles nationalistes, en fait étroitement régionalistes au niveau de notre Europe.

Aujourd’hui âgé de cinquante-six ans, le chanteur allemand Andreas Scholl, né dans une famille de chanteurs, formé par les meilleurs maîtres de la tessiture et technique de contre-ténor, tels Richard Levitt et René Jacobs à la Schola Cantorum Basiliensis, haut lieu de l’enseignement de la musique baroque, Scholl, succédant à ses maîtres, enseigne le chant au Mozarteum de Salzbourg depuis 2019. Couvert de prix, invité dans les plus grandes scènes et festivals lyriques du monde, après avoir enregistré un nombre impressionnant de disques, il met sa gloire et son talent à nous faire découvrir ce musicien qu’il sert de toute sa science musicale, vocale et expressive.

František Ignác Antonín Tůma (1704-1774) naquit à dans un petit village tchèque dans une famille de musiciens : son père était kantor-organiste, comme Bach à Leipzig, seul moyen de survie d’un musicien et de sa famille, avoir un poste fixe de directeur musical et de professeur, salarié dans une église en y tenant l’orgue des offices et assumant aussi le rôle de maître de chœur. Après avoir étudié le chant à Prague, y tenant des parties de ténor pour gagner sa vie, de viole de gambe et de théorbe, František part pour Vienne, capitale musicale et culturelle de l’empire austro-hongrois y cherchant emploi et carrière, un mécène, un patron qui assurerait son présent sinon avenir.

Il les trouvera dans le comte Franz Ferdinand Kinsky, de la chancellerie de la cour de Bohème, qui en fait son chef d’orchestre et compositeur de 1731 à 1741. Il en profite pour approfondir ses études avec le directeur musical de la cour impériale Johann Joseph Fux, grand musicien, maître de la tradition contrapuntique  ancienne de la musique allemande, dans une Vienne qui est aussi réceptacle et creuset de la musique italienne, y accueillant nombre de musiciens célèbres comme Caldara, dont l’empreinte sur la technique vocale est sensible.

Intercalé dans la musique essentiellement vocale du CD, pour nous donner une idée de la production instrumentale de Tuma, écoutons le troisième et dernier mouvement, allegro, de sa Sinfonia a quattro en sol majeur pour deux violons, alto et basse, qui situe bien le compositeur dans le courant galant à la mode du dernier baroque de la musique de cette seconde moitié du XVIIIe siècle avant l’avènement du classicisme. À la tête de son ensemble Czech, Roman Válek donne fougue et brillant à cette page allègre :

1) PLAGE 10

Après la mort du comte Kinsky en 1741, Tůma, par concours, devint directeur musical de la cour d’Élisabeth Christine de Braunschweig-Wolfenbüttel, veuve de l’empereur Charles VI. Dans la branche espagnole des Habsbourg, éteinte en 1700, les reines veuves, entraient pratiquement en religion dans quelque couvent, dont elles revêtaient l’habit jusqu’à leur mort. La branche autrichienne de la famille, moins sévère, leur réservait un sort plus doux. L’impératrice douairière et reine de Bohême se retire dans son palais d’Hetzendorf mais garde sa chapelle musicale privée et des moyens financiers assez confortables, avec l’unique restriction de ne plus engager de castrats italiens, comme à la cour de Vienne qui y avait aussi renoncé, pour des raisons économiques, car ces vedettes étaient bien trop chères sur le marché musical.

Même avec un orchestre plus réduit mais des musiciens instrumentistes virtuoses, Frantisek Tuma, forme des chanteurs, de jeunes garçons souvent, et des falsettistes, hommes chantant en fausset les voix aiguës des sopranos ou graves des altos, ce qui légitime ce disque du répertoire sacré, des motets en latin des offices liturgiques, parfaitement adéquats à la voix de contre-ténor, d’Andreas Scholl, alto solide, dont la male couleur sombre échappe au timbre parfois trop enfantin de ses congénères altistes, tout en restant vélocement virtuose. On peut en juger avec ce motet de tempore, comme une aria da capo à l’italienne :

2) PLAGE 7

Ou encore ici avec l’aria du motet Per ogni tempo dans lequel Scholl tire une ligne legato qui semble infinie qu’il brode d’ornements d’une légèreté de dentelle :

3) PLAGE 12

À la mort de d’Élisabeth Christine en 1750, la chapelle est fatalement dissoute et les musiciens naturellement forcés à se chercher emploi et nouveau maître. Cependant, l’impératrice douairière devait être assez satisfaite de son maître de chapelle, puisqu’elle lui laisse une pension à vie, suffisante pour nourrir sa nombreuse famille et la nouvelle impératrice, la fameuse Marie-Thérèse, augmentant sa rente, lui octroie même un appartement à la cour où, sans être un musicien officiel astreint à un service, il vit en musicien indépendant, théorbiste, gambiste et professeur, un luxe rare à l’époque.

Cependant, fait étrange mais qui témoigne sans doute de sa foi, bien que père de famille nombreuse, Tůma prononce ses vœux religieux au monastère des Prémontrés de Geras en 1768, où il se retire, y retrouvant nombre de ses anciens élèves.

Nous rendons grâce à ce disque qui rend hommage à ce musicien dont la musique vocale d’église, même dans la tradition italienne, dans les feux crépusculaires du baroque, ne manquera pas d’influer sur les proches Haydn et Mozart. Nous le quittons avec ce vertigineux et extatique Amen du même motet Per ogni tempo :

4) PLAGE 14 

ÉMISSION N°717 DE BENITO PELEGRÍN

Frantisek Tuma, Motets, par Andreas Scholl contreténor, Czech ensemble baroque, direction Roman Válek, Un CD Aparté

Nos disparitions de et par Anne-Marie Bougault à l’Atelier de Mars

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Bonheurs de Jimmy Jackson

En plein cœur du Panier, à l’Atelier de Mars, ce petit théâtre où nous avions présenté notre «Je vous salue mamelles », dirigé avec quelle belle énergie par Florence Morana, nous avons assisté à une représentation d’un solo bouleversant : « Nos disparitions », une pièce de théâtre de et par Anne-Marie Bougault.

Extrait

« Parfois, on voudrait disparaître. Se dérober, s’enfuir, se réinventer. Disparaître et re-être.

Parfois une rencontre advient qui vous éblouit à jamais.

Parfois on sent qu’avec soi-même, avec la possibilité d’un amour, c’est aussi le monde, la totalité du Monde connu, du monde vivant, espéré, attendu, qui est en train de disparaître.

Année 2035, dehors, tout vacille. Dedans seule depuis trop longtemps, une femme parle. Elle n’a rien oublié. Cette nuit elle raconte toutes ses histoires. » Anne-Marie Bougault

Notre avis

Un spectacle fascinant, en clair-obscur, qui donne la parole à cette femme mystérieuse, dénuée d’artifices, et pourtant nous entraîne dans les méandres de sa quête et de ses contradictions, où se construit tout de même une colonne vertébrale, celle d’un amour…. Il y a cette voix magnifique d’Anne-Marie Bougault, qu’elle donne à son propre texte, la lente chorégraphie de ce corps las (subtile et belle mise en scène de Florence Morana, et une bande son aussi énigmatique que fascinante…. Un grand moment de théâtre, sans affèterie, qui, peu à peu, prend la place d’un miroir…. JM

Bon à savoir

Atelier de Mars – 44 rue du refuge 13002 Marseille 04 9191 2600 / atelierdemars@free.fr [10]

Dernière représentation le 13 janvier à 20h

 LA VEUVE JOYEUSE Die lustige Witwe Opérette en trois actes de FRANZ LEHÁR

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Livret de Victor LÉON et Léo STEIN, d’après L’Attaché d’ambassade (1861) d’Henri Meilhac.

Pour les fêtes fleurissent les veuves joyeuses, soyeuses, tant cette opérette festive centenaire n’a pas pris une ride mais nous déride par sa joie de vivre d’une époque qui ne fut la Belle époque, comme toute époque, que de certains, qui n’imaginaient pas, à l’orée d’un siècle nouveau, qu’il risquait d’être le dernier à cause de la catastrophe proche d’une guerre qui faillit tout balayer.

Elle fut créée à Vienne en 1905 et nul n’imaginait non plus, alors, que cette Europe de l’est exploserait en Première Guerre Mondiale à peine une décennie après, emportant à jamais dans son vent la dite Belle époque de l’Art Nouveau d’un siècle qui se lançait avec enthousiasme dans la modernité. Guerre qui fit le plus grand nombre de veuves que le monde ait connu et qu’on n’imagine pas forcément toutes très joyeuses.

Et encore moins dans cette principauté d’opérette par définition, imaginaire, d’Europe centrale (ou des Balkans), la Marsovie, dont l’ambassadeur en France s’appelle Popoff et qui ressemble, mais en version comique, à ces pays tragiques aujourd’hui, dont on pouvait encore rire innocemment alors, comme des clichés tranquillement misogynes qui nourrissent l’œuvre.

 MISOGYNIE JOYEUSE DU VIEUX PATRIARCAT

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          Même sous les joyeux apprêts du comique du genre, cette célébrissime opérette du début du XXe siècle, contemporaine des premières grandes manifestations à Vienne revendiquant le suffrage universel —dont le droit de vote des femmes— donne, en toute bonne conscience, avec sa traditionnelle et tranquille misogynie institutionnelle, la mesure de la distance qui nous en sépare avec notre brûlante actualité d’un féminisme revendicatif qui donne aujourd’hui  mauvaise conscience au patriarcat, à l’éternel pouvoir masculin au détriment de la femme.

Vision des femmes

Grisettes en goguette

Or, en l’absence d’un féminisme alors balbutiant, cette œuvre m’apparaît comme une innocente représentation de l’apogée du machisme d’une époque, belle pour certains, les hommes, bourse(s) bien pleine(s), les femmes n’étant là que pour leur service —et de services à sévices, il n’est que d’une lettre— la fastueuse galerie d’hommes fêtards fardant mal la galère des femmes.

Dès le premier air, d’entrée l’Attaché d’ambassade, le Prince Danilo Danilovitc, héros en état d’ébriété, gourmet peu gourmé, gourmand d’affriolantes gourgandines parisiennes, donne le ton et la place des femmes, chantant la philosophie du noceur, du viveur, son credo libertin, « voltigeant à la ronde, /De la brune à la blonde », distillant sa donjuanesque liste, roucoulant avec délice les noms des filles faciles interchangeables :

« Manon, Lison, Ninon, Suzon, Fanchon, Toinon,

 C’est tout un demi-monde où jamais on n’dit non. »

Si la belle Veuve ne sera même pas coquette (sa fortune tient lieu d’appas), c’est plutôt lui le coquet caquetant comme un coq dans le poulailler de ces dames vénales qu’il n’a même pas à séduire, à conquérir ni simplement à prendre, mais juste à ramasser.

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C‘est l’univers de ce Gai Paris si joyeux pour les gens fortunés comme le disait déjà le Brésilien de La Vie parisienne d’Offenbach.

Les « p’tites femmes » à la fête du mâle louées, allouées, filles du petit ou demi-monde qui ont intégré en conscience et consentement toute l’idéologie machiste du monde, de leur monde, dont elles vivent, entrent consciemment dans le stéréotype, le cliché masculin, se définissant allègrement en levant la jambe et la voix :

 « Nous sommes les p’tites femmes frivoles ! »

Les épouses

Certes, c’est la troupe des danseuses mais le troupeau des autres, dames du monde, épouses de diplomates et d’aristocrates, ne présente guère un tableau flatteur : toutes prêtes ou déjà faites à cocufier leur digne et grotesque mari comme le prouve l’épreuve de l’éventail compromettant perdu, même si la femme de l’ambassadeur n’a pas encore franchi le pas, sauvée in extremis par la généreuse Veuve qui prendra sa place dans le proche pavillon bien près pour l’adultère. Le couple de jeunes premiers, pris dans leur double jeu de dépit sans répit amoureux, d’amour et désamour, avoué, démenti, est décliné, décalqué comiquement dans deux autres couples, celui de l’ambassadeur Popoff, croyant aveuglement en l’amour de sa femme Nadia qui, cela crève les yeux, ne rêve que d’adultère avec le fringant et pressant Camille de Coutançon, et celui du jaloux Kromski se jurant de trucider son infidèle de femme Olga qui n’en a cure, une sorte de mise en abyme, j’ose dire en précipice, des mariages convenus, convenant mal aux désirs des femmes, comme l’irrésistible érotomane Sylviane Bogdanovitch, nobles dames s’estimant trop haut pour s’abaisser à la vulgarité bourgeoise de la fidélité.

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 L’éternel féminin ?

 L’acte III et son dynamique septuor masculin satirique et condescendant, « Ah, les femmes, femmes, femmes ! », délivre clairement la vision de la misogynie du temps —pas si lointain— où l’on aimait la facile gaudriole et tous les clichés misogynes d’un supposé « éternel féminin », de diabolique origine chez les filles d’Ève, impossible tirade contre laquelle on tirerait à boulets rouges aujourd’hui : 

« Le jour qu’elle écouta le Malin,

Commença l’éternel féminin… »

           Mais c’est irrésistible de gaîté et, quel que soit le glacial puritanisme qui s’abattrait aujourd’hui sur de tels propos, ce galop digne d’Offenbach est si diablement entraînant, que toute la salle, hommes et femmes confondus (on respire !) en accompagne le rythme en le scandant des mains.

 La Veuve

          Ni rieuse ni joyeuse, la Veuve, Missia, seul personnage échappant à la caricature, héritière de son banquier de mari, est la preuve flagrante de la misogynie du temps : courtisée tous azimuts pour ses millions actuels, elle fut jadis rebutée, orpheline et pauvre, par la noble famille de Danilo refusant la mésalliance, un prince pouvant violer mais non épouser une bergère. Sa fortune l’ayant anoblie, changé la donne, elle pardonne et revient, midinette au cœur fléché par cet ancien amour, espérant réparation matrimoniale, mais affrontée à l’affront d’un amoureux réticent et jouisseur, dont la devise est : « fiancé, toujours, marié, jamais », même s’il drape son refus dans la dignité de ne pas vouloir la main, désormais prodigue en richesse, de celle que, pauvre, il refusa.

Et même lorsqu’enfin convaincu, ils convolent, les millions s’envolent : par testament, le banquier Palmieri, sans doute jaloux de sa jeune et jolie femme au-delà de la mort, sans doute pour s’en conserver la fidélité, avait disposé qu’en cas de remariage, la fortune de la Veuve irait au mari. En somme, belle somme : sans l’autorité d’un père, la femme, toujours mineure, est passée du mari au mari. Et les millions aussi.

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INTRIGUE POLITICO-FINANCIÈRE

Je m’étais écrié, à une belle version à l’Odéon,« Vive la Veuve ! », tout en conseillant de ne pas crier pour autant « Mort aux maris ! » par prudence, puisque presque chacun l’étant, l’ayant été ou le sera. Mais ce vieil époux en question, le banquier Palmieri de Marsovie, qui a l’élégance de mourir très vite, laisse à sa jeune épouse Missia un héritage fabuleux, bref, qu’on dirait en termes bourgeois une belle Pension de réversion : cinquante millions de dollars et autant de raisons à la Veuve de n’être, sinon joyeuse, pas trop marrie de la perte du mari. Le montant suffirait à restaurer le budget de la petite principauté de Marsovie ruinée, mais assiégée par une myriade internationale de prétendants, des soupirants intéressés aspirant à la main de la Veuve pour établir ou rétablir hors frontière leur fortune, pour la dilapider en restaurants chics parisiens avec champagne à gogo et gogo girls en goguette et campagne, dans cette capitale du monde et de la fête qu’est ce Paris de la fin du XIXe siècle où tout le monde se retrouve, mondains comme fripouilles, entre le Maxim’s cher déjà à tel Président d’hier, cher à faire rire jaune même un gilet d’aujourd’hui, et autres lieux de plaisirs racaille et canaille des hauteurs de la Butte à putes de Pigalle et Montmartre.

Mais, pour éviter l’évasion fiscale de la Veuve, fatale aux finances de la Marsovie, l’Ambassadeur à Paris, Popoff, complote pour lui donner pour époux un Marsovien non venu de Mars, le Prince Danilo Danilovitch attaché d’Ambassade, très attaché, on l’a vu, aux dessous, très féminins, de ce Paris, apparemment bien remis de la lointaine blessure amoureuse qu’il infligea à la récente Veuve, apparemment peu tenté par la tentante Missia pour laquelle son cœur battit autrefois avant que celui du mari n’en claquât.

La jeune femme, entourée, sollicitée, assiégée, garde le sourire et la tête froide au milieu des assauts galants de galants en frac par l’odeur de son fric attirés. Ils ont beaux jouer les boys empressés de comédie américaine lui promettant —espérant plus— des trésors d’amour, celui de jeunesse pour le joyeux et facile Danilo, reste pour elle un joyau d’une autre trempe, même perdu.

RÉALISATION ET INTERPRÉTATION

Beauté d’épure d’un fond bleu nuit d’où se détachent des dignitaires en habit, le torse ceint d’une écharpe rose jouant avec l’uniforme d’une nuée de serviteurs, de grooms en uniformes du même rose, couleurs et teintes élégamment déclinées dans tous les costumes et tableaux. D’une scène centrale à degrés, comme un temple, sous un immense cœur fléché par un prodigue archer Cupidon, surgira au sommet, comme un rêve, arborant un long fume-cigarette, telle une future Marlène Ange bleu, en smoking masculin et haut de forme, Missia, la Veuve, impériale en sa descente théâtrale, très café-concert du temps, des escaliers. Des basques de sa veste, coulent les vastes pans d’une volante jupe de ce même bleu fondamental, semé de floconneuses fleurs, roses, rouges, bleues, qui envahiront au dernier acte l’espace, les murs, les portants, la volière du pavillon d’amour, et cet onirique manteau sur robe à volants roses, comme le rêve prolifique expansif d’un Mucha semant au vent les cadres de ses filles-fleurs ou les ornements floraux de ses affiches pour Sarah Bernhardt. Sans débauche d’amas de signes Art Nouveau, Liberty ou Tiffany, c’est esthétiquement très beau, comme les plastiques groupes sculpturaux détachés sobrement sur cet immuable bleu sombre contrastant.

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Déroute des couples

Imposant comme une évidence théâtrale, voix puissante, sans un air à chanter, Marc Barrard a bel air, des airs et une grande gueule pour courte vue face aux velléités adultères de sa femme Nadia, la belle Perrine Madœuf qui, telle Zerline, veut et ne veut pas céder même si elle cèderait volontiers son potentiel et séduisant amant, le Français Camille de Coutençon, dans le lit nuptial de Missia pour s’en protéger, ou protéger son mariage, ou plutôt sa position sociale, quitte à faire capoter les plans capitaux de son diplomate d’époux qui cherche à conserver le capital de la Veuve dans la nécessiteuse Marsovie. Le couple d’amants ratés est gratifiés d’airs enjôleurs où la voix ronde et tendre de Madœuf se marie, sublimant l’adultère, avec la fièvre débordante en aigus puissants de l’amant frustré, le ténor Léo Vermot-Desroches.

À Figg, autre personnage sans air, Jean-Claude Calon sait donner de l’éloquence comique, même dans son silence. Quant à Simone Burles, comme une prédestination, elle donne un burlesque coquin à Sylviane par d’ardeur érotique saisie, et non par son mari, Jean-Luc Épitalon. Rivaux dans leur prétention à conquérir la riche main de la Veuve, l’avantageux D’Estillac de Matthieu Lécroart et l’exotique Lérida d’Alfred Bironien forment un couple hilarant de parfaits prétentieux prétendants ratés. Autre couple en partance et souffrance sous l’humour, et non l’amour, de la couverture vaudevillesque, finalement amère, celui de Kromski, Jean-Michel Muscat et de sa femme, incarnée par Perrine Cabassud,  dont un seul geste expressif traduit l’agacement ou la haine de l’époux sûrement imposé et non choisi.

Le couple central est campé par le baryton Régis Mengus, plein d’allure, voix sûre et pleine, sans peine un séduisant Danilo au timbre viril, rien de vil dans ce débauché dont les nobles scrupules financiers rachètent finalement la crapule finance d’autrefois sous prétexte de noblesse opposée au mariage avec la roturière pauvre. Missia, c’est Anne-Catherine Gillet, voix pure et limpide comme ce personnage blessé mais n’en gardant pas rancune, au contraire obstinée à faire du passé table rase. Au milieu du chœur follement féminin du bon plaisir des hommes, elle a même sagement convoqué les « P’tites femmes » de Maxim’s pour complaire au client Danilo et lui faire fête. La Veuve dite faussement joyeuse chante une nostalgique ballade, la légende de Vilya, « la dryade aux yeux mystérieux », la nymphe des bois, dont un jeune chasseur tombe amoureux, amour impossible qu’il ne cessera de chercher, de chanter comme elle espère sans doute chez l’homme aimé. C’est un moment de poésie, un appel, un rappel au passé d’un amour vivant adressé à Danilo. Tout en se gardant des pianissimi dangereux, Gilet exprime cet air avec une infinie douceur, pleine de mélancolie.

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Et l’on peut rester sceptique sur le happy end. Dans cette œuvre où je vois, sous le comique, la faillite du couple, celui si joliment formé par les héros, est-il finalement mieux loti que les autres ? On peut se demander si Missia, jeune fille autrefois blessée dans son amour, pourra jamais, même en récupérant Danilo, cicatriser sa blessure de jeune femme rejetée. Même sous couvert d’ironie, elle rejoint l’opinion de Danilo pour qui le mariage est « un point de vue très dépassé ». En effet, quand elle feint d’épouser le Français Coutençon, tout en affectant d’embrasser les mœurs conjugales de son nouveau pays et mari, c’est une règle générale qu’elle détaille. Sommet cynique et satirique de l’œuvre sur, ce fond d’adultère généralisé, elle donne ainsi une amère définition du mariage à la mode de Paris (où Danilo est finalement chez lui) : « un ménage sans contrainte » où chacun vit sa vie :

 « On s’aimera un peu, on se trompera beaucoup », comme on fait à Paris ! 

 Bref un mariage « avec aller-retour », en rien figé dans une prétention de durée. Et n’est-ce pas ce que chante la mélancolie de la valse finale de l’accord qui dit l’« Heure exquise… », « la promesse du moment » mais ne semble pas viser à l’éternité.

 Éternité de l’œuvre

Ce qui est indiscutable, si le sujet a vieilli, c’est que la musique reste toujours jeune. On goûte la beauté concise mais prenante, entêtante, des airs, l’entraînante gaîté des différentes danses traditionnelles d’époque valse, polka, mazurka, galop, et ces pas de kolo (danse folklorique des Balkans), on s’agite  et claque des mains à  l’irrésistible fougue du cancan servi par une merveilleuse troupe de danseurs acrobates.

À la direction musicale, Didier Benetti mène l’Orchestre et le Chœur de l’Opéra de Marseille tambour battant mais tout en respectant la finesse de cette musique à l’habile harmonie : les plages musicales reprenant les thèmes des airs jamais alourdis de glose, cela fait un délicat tapis roulé et déroulé avec verve et douceur et l’oreille ne perd jamais la référence, d’un air à l’autre, même à distance comme l’amorce  mystérieuse du refrain de la chanson de Vilja est déjà celle de « Heure exquise. » Benito Pelegrín

 Die lustige Witwe, opérette en trois actes de Franz Lehàr

Opéra de Marseille

Vendredi 29 déc | 20h
Dimanche 31 déc | 20h
Mardi 2 janv | 20h
Jeudi 4 janv | 20h
Dimanche 7 janv | 14h30

PRODUCTION Opéra de Saint-Etienne
Création le 29 décembre 2022 à l’Opéra de Saint-Etienne
Décors, costumes et accessoires réalisés dans les ateliers de l’Opéra de Saint-Etienne

Direction musicale Didier BENETTI
Mise en scène Jean-Louis PICHON
Réalisée par Jean-Christophe MAST
Décors et costumes Jérôme BOURDIN
Lumières Michel THEUIL
Chorégraphie Laurence FANON

Missia Anne-Catherine GILLET
Nadia Perrine MADOEUF
Olga Perrine CABASSUD
Sylviane Simone BURLES

Danilo Régis MENGUS
Le Baron Popoff Marc BARRARD
Camille de Coutançon Léo VERMOT-DESROCHES
Figg Jean-Claude CALON
D’Estillac Matthieu LÉCROART
Lérida Alfred BIRONIEN
Kromski Jean-Michel MUSCAT
Bogdanovitch Jean-Luc ÉPITALON
Pritschitch Cédric BRIGNONE

Orchestre et Chœur de l’Opéra de Marseille

 Photos Christian Dresse 

  1. Apparition de Missia ;
  2. Le cœur et les flèches;
  3. Danilo et Missia ;
  4. Nadia et Coutençon,
  5. Popoff et Missia;
  6. Le pavillon;
  7. Cancan.

KANOM NOUEL, Chantons Noël par le chœur d’enfants de Bretagne/Éditions Hortus

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https://open.spotify.com/intl-fr/artist/2MRVdFsK0btt2r3qNIQ3Lo [17]

            La Nativité célèbre un enfant né dans une pauvre crèche, dépourvu de tout, sauf de l’amour de ses parents et de la compagnie d’un âne et d’un bœuf, qui l’enveloppent de leur chaleur. Les Rois Mages viendront plus tard lui offrir des présents.  Nous avons fait de ce Noël une fête des enfants auxquels nous offrons des cadeaux. Mais voici un beau cadeau que nous font des enfants à l’occasion de Noël.

            Sous la direction de Jean-Michel Noël, au nom prédestiné, qui dirigeait la Maîtrise de Bretagne, avec la participation du ténor Kaëlig Boché, de François Gouthe à la bombarde, de Soizig Chouinard à la harpe, de Maïna Guillamet aux percussions et de Pascal Tufféry aux orgues, ce CD de Noël se veut une douce veillée du temps décompté de l’Avent ou de son apothéose de Noël.

            On connaît la forte personnalité de la Bretagne, longtemps indépendante, comme la Provence, avant d’être rattachée, comme elle, au royaume de France, 1481 pour cette dernière, 1532 pour la Bretagne. Mais si la Provence, Province romaine bien avant la conquête des Gaules par Jules César, était par son voisinage latinisé bien ancrée dans l’empire romain, la Bretagne, cette fin de terre européenne, ce Finistère avancé dans la mer, en contact marin avec la Grande-Bretagne, a conservé un puissant substrat celte, dont la langue, éloignée de notre latinité. En effet, le breton appartient au groupe des langues celtiques dites brittoniques, apparenté au cornique (de Cornouaille) et au gallois, du Pays de Galles), langues toujours pratiquées au Royaume-Uni.

            En musique, la tradition bretonne est donc le carrefour de nombreuses influences des différents peuples venus s’installer en Bretagne. Les fêtes religieuses, chrétiennes, ou bien encore païennes, et leur musique, leurs danses, facteur d’unification, scandaient la vie des diverses populations. Comme ailleurs, elles accompagnaient les métiers, des champs, évoquaient des paysages, ici, évidemment, ce sont des bocages, des landes et, bien sûr, la mer toujours présente dans ce peuple de marins, avec ces navires et ces hommes partant vers des courses lointaines, des pêches, sans être jamais sûrs de revenir… De génération en génération s’est transmis et conservé un patrimoine toujours bien vivant.

Ce disque en propose un parcours atypique par ces jeunes voix qui interprètent en français, breton, latin et occitan, une veillée de Noël, imaginaire et contrastée, qui fait découvrir de nouvelles richesses d’un répertoire de la Nativité que l’on croit déjà tant connaître tant il est forcément ressassé annuellement. Savourons la saveur médiévale de ce Kanom Nouel, ‘Chantons Noël’, traditionnel breton, arrangement de Jean-Michel Noël, le bien nommé, qui ouvre et donne son nom au CD. On s’attendrait à de vénérables et vieilles voix de moines, mais ce sont des timbres frais d’enfants qui colorent doucement le chant :

1) PLAGE 1 

Les auteurs du disque apportent une belle pierre à l’édifice de ce patrimoine breton. Ils ne font pas que le perpétuer en l’interprétant : ils font aussi œuvre de préservation et d’enrichissement de ce legs du passé en collectant d’autres reliques de ces musiques, et ils font aussi travail de créateurs, donnant à ces chants tout nus, sans accompagnement parvenu jusqu’à nous, le halo musical d’une harmonisation. Ainsi, dans un beau parcours de la Bretagne, ils nous font entendre des chants du pays de Vannes, de Rennes, de Redon ou de Dol, accompagnés de noëls traditionnels et réarrangés par Joseph Roucairol, Christian Couchevellou, Jean Langlais et Jean-Michel Noël.

Quant aux jeunes interprètes, ils sont issus du Chœur d’Enfants de Bretagne. La Manécanterie du Chœur d’Enfants de Bretagne fut créée en 1985 par l’abbé Jean Ruault. Une manécanterie était un chœur d’enfants d’abord composé de garçons, rattaché à une cathédrale, aujourd’hui élargi aux filles, et à des chants plus seulement sacrés. Mais au-delà de la participation à une entreprise musicale, le Chœur d’Enfants de Bretagne s’est donné pour mission de réaliser les fonctions ancestrales des manécanteries européennes : chanter et célébrer la beauté, offrir à tout enfant l’opportunité et les moyens de s’élever socialement, humainement et spirituellement. Chanter dans un chœur, c’est dépasser l’individualisme pour s’intégrer dans une œuvre, un projet collectif, et il faut évidemment, par définition, écouter l’autre, les autres, pour faire naître l’harmonie.

Écoutons ces petits Bretons chanter maintenant un air traditionnel occitan :

2) PLAGE 17 : Per noun langui long du camin 

‘Pour faire un bon et long chemin, chantons sur la musette, le fifre et tambourin, disons la chansonnette, chantons Noël…’

            À côté des chants bretons, on trouve dans ce CD des airs en occitan, français et latin, comme ici du grand compositeur allemand Michael Praetorius (1571-1631), Quem pastores laudavere : « Il est né le Roi de Gloire, celui que les bergers devaient louer, à qui les Anges dirent : « N’ayez plus peur. »

3) PLAGE 14 

 C’est des pans entiers d’un patrimoine méconnu que l’on redécouvre aujourd’hui de compositeurs et compositrices de musique savante ou classique de la Bretagne ; ou bien, comme dans ce disque qui les fixe, par la voix des enfants, des chants de simple tradition et transmission orale, dont certains risquaient de disparaître. Il représente donc un modeste mais précieux relais entre ce patrimoine ancestral conservé en faisant vivre la substance et les harmonies de ces chants locaux sans pour autant fermer les frontières culturelles et linguistiques et dédaigner des chants venus de plus loin, accueillis, adoptés, adaptés, devenus de la sorte également un patrimoine commun. Et c’est par un air de Noël connu partout en France que nous quittons ce disque délicieux :

4) PLAGE 4 : Les anges dans nos campagnes 

ÉMISSION N° 714 DE BENITO PELEGRÍN  

Hélène de Montgeroult, portrait d’une compositrice visionnaire

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Marcia Hadjimarkos, piano/ Beth Taylor, mezzo-soprano et Nicolas Mazzoleni, violon, Éditions Seulétoile.

Spotify : https://open.spotify.com/intl-fr/album/6Yza37dpNs3kQQeaZjXL7O [18]

          Hélène de Montgeroult (1764-1836), à cheval sur deux siècles aura traversé cinq régimes, royauté, Première République, Directoire, Consulat, Premier Empire, Restauration ; elle a vécu (survécu à) deux Révolutions, celle de 1789 et celle de 1830 en ses soixante et douze ans de vie. Cette compositrice, essentiellement pour piano, reconnue en France comme la meilleure pianiste de son temps, est l’auteure d’un monumental Cours complet pour l’Enseignement du Forté Piano, commencé vers 1788, publié en1816 puis 1820, 700 pages en trois volumes qui en font la méthode française la plus importante du XIXe siècle, assortie de 972 exercices et 114 études progressives, « conduisant progressivement des premiers éléments aux plus grandes difficultés » comme précise le titre, qui sont souvent de véritables œuvres abouties. Le terrible père de Clara Wieck, future Clara Schumann, aurait fait travailler sa fille sur une version allemande de la méthode de la Française.

Eh bien, comme d’autres musiciennes célèbres à leur époque, elle avait disparu, sinon de l’Histoire abstraite de la musique, de la mémoire auditive concrète. Devenue invisible, la voilà promue « visionnaire » dans ce disque. Sans trancher le débat de savoir si elle a mérité cet excès d’honneur contemporain, ou cette indignité de naguère, constatons la visibilité retrouvée de cette femme, de son œuvre, depuis une vingtaine d’années.

En effet, en 2006 l’un des pionniers de sa redécouverte, Bruno Robilliard gravait un CD Hélène de Montgeroult, La Marquise et la Marseillaise, Études, fantaisie, sonate & fugue chez Hortus, assorti de la biographie éponyme, parue à Lyon, éditions Symétrie, par Jérôme Dorival, musicologue qui promeut son œuvre en l’éditant. En 2017, Edna Stern gravait un CD de certaines de ses œuvres. Nous avons ensuite deux intégrales des Sonates pour piano de Montgeroult : l’une de Nicolas Horvath parue en novembre 2021 chez Grand Piano, dont j’avais parlé ici même, et l’autre de Simone Pierini chez Brillant Classic. Naturellement, désormais, cette ancienne oubliée n’est pas oubliée aujourd’hui des affiches de concert et, suprême honneur bien posthume, le premier Concours international de piano pour enfants et jeunes jusqu’à vingt ans, a eu lieu les 18-19 novembre 2023 à Romon, en Suisse, soutenu par l’association des Amis d’Hélène de Montgeroult.

Ce dernier CD nous présente treize œuvres de la compositrice dont plusieurs inédites, en première mondiale, notamment les Six Nocturnes pour voix et pianoforte. La pianiste Marcia Hadjimarkos, grande spécialiste des instruments à clavier historiques, nous offre un passionnant livret sur les pianos, disons pianofortes, appelés alors forté-piano, du temps de Mongeroult ; elle souligne que les enregistrements antérieurs au sien, n’ont jamais été interprétés sur un pianoforte français de l’époque. Elle comble cette lacune en gravant un album sur un instrument parisien fabriqué par Antoine Neuhaus en 1817 et récemment restauré par Matthieu Vion. Cet instrument permet de retrouver la vaste palette de sons, de couleurs et de textures, la touche d’époque de la compositrice. Écoutons la belle sonorité expressive de son Étude 38 pour les deux mains. Pour bien accorder le chant avec l’accompagnement :

1) PLAGE 1 

Dans son éducation musicale, Hélène avait reçu les leçons de l’Autrichien Dussek et du Vénitien Clementi, alors à Paris, du violoniste Viotti dont elle sera partenaire. À vingt ans on la marie au marquis de Montgeroult bien plus âgé, mais libéral, éclairé, qui n’entrave pas sa vocation de musicienne. Mais la bienséance interdisait aux femmes de la noblesse de se produire en public dans des salles de concert, donc, la marquise de Montgeroult joue avec succès dans les salons privés, le sien, où elle reçoit le lundi faisant connaître Bach, Mozart et Haydn. L’époux n’entrave pas son travail de compositrice, de pianiste et pédagogue, mais au foyer.

          Écoutons un extrait de son Étude 63 pour la main droite et notes pointées d’une fougue haletante qu’on dirait entre Sturm und Drang, ‘tempête et passion’, ce mouvement littéraire allemand de la seconde moitié du XVIIIe siècle qui anticipe le Romantisme :

2) PLAGE 6 

Tout aristocrates qu’ils soient, les Montgeroult sont acquis à une Révolution modérée. Le mari se voit même confier une mission officielle en 1793, pour Naples. Les Autrichiens en guerre arrêtent le couple ; le marquis mourra emprisonné. Hélène, veuve, rentre à Paris, mais c’est la Terreur. En leur absence, ils ont été dénoncés comme émigrés et leurs biens risquent d’être saisis. C’est l’épisode, légendaire peut-être où Hélène joue si brillamment la Marseillaise, fleurie de variations, qu’on exige d’elle comme acte de foi révolutionnaire, qu’elle échappe à l’échafaud, à l’exil ou au confinement en province. Un décret la lave de toute accusation :

La « Citoyenne Gaultier-Montgeroult, artiste, dont le mari a été lâchement assassiné par les Autrichiens [peut demeurer à Paris] pour employer son talent aux fêtes patriotiques ».

Guère plus favorable que l’Ancien Régime aux femmes, mineures pour la gestion de leur fortune, mais majeures pour leurs éventuelles fautes, la Révolution ne leur donne que l’égalité du divorce et de la guillotine. Mais elle permet tout de même à des femmes de postuler à des postes comme ce Conservatoire nouveau qui, en 1795 la nomme professeur de la classe hommes !

Cette année même, veuve, femme libre, elle a un fils hors mariage, que le père ne reconnaîtra que deux ans après. Mieux : beau retournement des habitudes matrimoniales de l’époque, la marquise, en 1820 a l’audace, à 56 ans, d’épouser un jeune comte de 19 ans son cadet, qui mourra accidentellement bien avant elle. La ci-devant marquise Hélène de Montgeroult abandonnera ce poste au Conservatoire deux ans et demi après, pour se consacrer à l’enseignement chez elle, plus rémunérateur, sans être soumise aux contraintes d’une bienséance salonarde qui n’était plus de mise.

Nous la quittons sur cet extrait d’un de ses Six Nocturnes, très opératique, très dramatique avec la superbe voix de Beth Taylor :

3) PLAGE 12 : FIN

ÉMISSION N°708 de Benito Pelegrín du 08/11/2023

Plongez dans le monde captivant du thriller judiciaire et du roman policier avec Zaleucus Éditions

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Découvrez les coups de cœur de notre rédaction pour cet hiver : des romans policiers français passionnants, avec une mention spéciale pour Zaleucus Éditions, une maison d’édition nantaise spécialisée dans le thriller judiciaire créée en 2021 par l’avocat au barreau de Nantes, Julien Monnier, suite au constat que le genre du thriller judiciaire n’est pas assez développé en France. Le nom même de la maison rend hommage à Zaleucos de Locres, législateur grec de l’Antiquité à l’origine des premières lois écrites, reflétant ainsi l’intérêt de son fondateur pour les ouvrages explorant les thématiques juridiques.

Une réédition commentée des classiques d’Edgar Allan Poe et Gaston Leroux : l’engagement fort de Zaleucus Éditions pour la promotion du genre

En cette période hivernale, rien de mieux que de se blottir chez soi avec un bon polar. Notre rédaction vous recommande quelques coups de cœur pour occuper vos longues soirées au chaud. Fruit du hasard, la majorité de nos suggestions sont des romans policiers français, à une exception près. Les thrillers américains regorgent aussi de qualités, mais ces récits ne nous ont pas autant captivés malgré leurs intrigues bien menées. Le style parfois trop dépouillé de certains manquait de caractère et de finesse littéraire. La patte des auteurs français se démarque par son élégance, à l’instar du plus francophile des auteurs américains du 19ème siècle, Edgar Allan Poe, maître du genre, dont l’écriture fine et percutante a marqué durablement le polar.

Alors pourquoi vous parler de Poe ? C’est justement lui que l’on retrouve dans les récentes publications de Zaleucus Éditions. Cette dernière propose une réédition du fameux récit d’Edgar Allan Poe « Double assassinat dans la rue morgue » mettant en scène un enquêteur génial, Auguste Dupin, suivi du « Mystère de la Chambre Jaune » de Gaston Leroux dans lequel le lecteur redécouvre les étonnants talents du jeune Rouletabille dans ce « roman-miroir », écrit en hommage à ce texte de Poe auquel il fait écho.

L’intérêt de ces deux rééditions, au-delà de la proposition d’une nouvelle traduction de Poe, réside en ce que les deux romans sont commentés par un expert, un spécialiste des scènes de crime pour le premier, un avocat pour le second, tous deux analysant le traitement des affaires fictives à travers le prisme des méthodes et des technologies actuelles. « Les deux ouvrages sont commentés par des juristes et des policiers pour questionner le traitement de ces affaires fictionnelles si elles s’étaient déroulées aujourd’hui. Quelles auraient été les méthodes d’enquête, les technologies utilisées etc. ?» développe le fondateur de la maison d’édition, dont le but est d’offrir « un accès à la législation française par la fiction ».

Adrien Leclerc souligne la précocité des méthodes d’analyse de Dupin préfigurant les techniques médico-légales dans le « Double assassinat de la rue Morgue ». Agent spécialisé de police technique et judiciaire, il détaille l’analyse scientifique mise en œuvre par Dupin, méthode qui repose sur les mêmes piliers que ceux utilisés par les agents de police scientifique : recherche, analyse, comparaison. En développant les étapes auxquelles auraient eu recours les agents aujourd’hui, il nous éclaire sur un métier complexe dont les séries américaines ont fait leur fonds de commerce nonobstant une qualité nécessaire à tout enquêteur : la patience.

L’avocat Julien Monnier décortique le cheminement des enquêtes et procédures judiciaires dépeintes dans le «Mystère de la Chambre Jaune». Il détaille le processus judiciaire de l’instruction au procès décrits et ses commentaires nous permettent de mieux comprendre les subtilités du système juridique français, également l’évolution des pratiques et des lois en soulignant les erreurs et incohérences qui pourraient être relevées si l’affaire se déroulait de nos jours. Ils apportent un véritable plus à l’œuvre, d’autant plus que nous avons plaisir à relire les aventures du fantaisiste jeune journaliste à l’intelligence redoutable.

Zaleucus Éditions donne un accès à la législation française par le biais de la fiction, en mettant en lumière les procédures judiciaires, les métiers de la police scientifique et les rouages de l’instruction et du procès avec ses analyses d’expert. Ces rééditions commentées offrent ainsi une expérience de lecture enrichissante, alliant le plaisir de la découverte ou de la redécouverte des classiques du genre à une réflexion sur les aspects juridiques et policiers des intrigues ainsi qu’à l’acquisition de connaissances sur le droit et la procédure pénale française. Elles témoignent aussi de l’engagement de Zaleucus Éditions pour la promotion du thriller judiciaire en France, en mettant en avant des œuvres emblématiques et en les replaçant dans un contexte contemporain.

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Non seulement la maison d’édition réédite des récits connus en les agrémentant de commentaires passionnants, mais elle publie également des auteurs français de romans policiers juridiques, mettant en scène le droit et la justice. Ce mouvement littéraire, moins développé en France que dans les pays anglo-saxons, trouve ici une place de choix pour les amateurs de thriller judiciaire.

Découvrez les nouveaux talents français du thriller judiciaire à suivre chez Zaleucus Éditions

Afin de vous plonger dans l’univers passionnant du thriller judiciaire et du roman policier, Zaleucus Éditions a publié trois récits captivants qui allient suspense, enquête et exploration du monde juridique pour vous offrir des moments de lecture palpitants. Intitulé « les Abîmes », ce recueil de nouvelles se lit d’une traite.

Dans « Tarmac Sanglant », Bertrand Crapez met en scène un jeune appelé de la gendarmerie dont la première enquête sur le cadavre d’un jeune clandestin l’emmènera à la découverte d’un trafic de contrebande international au sein même de l’aéroport de Roissy où il est affecté. L’occasion pour nous, lecteurs, de suivre une aventure palpitante de Thomas Lacours et de découvrir que l’assistance par un avocat d’un suspect en garde à vue est récente, il y a une dizaine d’années tout au plus !

Dans « Hugo » de Marie Devois, nous suivons les questionnements existentiels d’un futur magistrat en stage d’immersion, Hugo Mestre, passionné de pénal dont les premiers pas sur le terrain vont l’emmener à enquêter sur une bien épineuse affaire au cours de laquelle il devra faire preuve de sang-froid. On y découvre le quotidien du Ministère Public avec les permanences téléphoniques interminables au Palais de Justice, les procès au Tribunal, et les procédures pointilleuses à respecter lors de l’instruction d’une enquête dirigée par le procureur de la République assisté de ses substituts. Une nouvelle qui nous immerge dans un monde fascinant.

Hervé Gaillet signe un roman policier saisissant « Pierre Benoit en voit de toutes les couleurs » dans un style très début 20ème siècle. L’occasion de suivre les aventures d’un écrivain fantasque, Pierre Benoit, qui aime revêtir les habits d’enquêteur, sous le nom de Ferdinand Fraisse, avec l’accord tacite du commissaire Fortalemenbert de la 1ère Brigade Spéciale de Paris, lorsqu’il fait face à une affaire criminelle. Ici le meurtre d’une jeune fille retrouvée étranglée dans un confessionnal. Une enquête en huis clos fort bien écrite et savoureuse révélant un personnage dans la lignée d’un Dupin et d’un Rouletabille.

Forte de son engagement pour la promotion du genre, cette jeune maison d’édition, spécialiste du thriller judiciaire et du roman policier, propose des ouvrages de qualité qui mettent en avant les spécificités du système judiciaire français. Que vous soyez un amateur de thrillers, un passionné de droit ou simplement à la recherche d’une lecture palpitante, les ouvrages de Zaleucus Éditions sauront vous combler. Plongez dans ces récits captivants et laissez-vous emporter par les mystères et les enquêtes passionnantes proposées par Zaleucus Éditions.

Diane Vandermolina                                                         

Zaleucus Éditions : https://zaleucus-edition.com/ [20]

Bon à savoir !

Dans un « thriller judiciaire », l’enquête est menée ou dénouée par un ou plusieurs acteurs judiciaires : avocat ou groupes d’avocats, procureur, juge… qui naviguent dans les complexités du système juridique pour défendre leur client, résoudre une affaire, ou démanteler une conspiration coupable. Plus généralement, la place donnée aux questions juridiques, au procès, seront bien plus larges. Les protagonistes sont souvent confrontés à des adversaires puissants : multinationales corrompues, politiciens malhonnêtes, criminels impitoyables… qui jouent sur la nature ambivalente de la loi.