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La Foire Internationale de Marseille, prête à briller

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La Vieille Dame et la Mer

La Foire Internationale de Marseille se prépare fiévreusement pour sa 98ème édition du 22 septembre au 2 octobre 2023 dans l’enceinte du Parc Chanot. Mais cette fois-ci, elle se pare des couleurs olympiques, avec un Village de la Mer en son cœur, en l’honneur des épreuves de voile des JO2024 qui vont bientôt avoir lieu. Anna Galonne, directrice du développement de la Safim, en est une des chevilles ouvrières. Elle nous ouvre les portes de cet événement incontournable, où la mer est l’horizon, et chaque détail est soigneusement tissé dans le tissu de cette aventure.

Les Ambassadeurs de la Mer

Anna Galonne n’hésite pas à partager les secrets de cette édition épique et les détails de cette programmation exceptionnelle. « Dans le cadre de cette édition de la Foire, il y a trois axes, » explique Anna. « Effectivement, on organise la foire sur le thème de la mer puisque Marseille accueille les épreuves nautiques des JO. » Anna nous présente trois ambassadeurs de l’univers maritime, des héros en leur genre. Alexandre Camarasa, l’ancien capitaine de l’équipe de Water-Polo, le skipper et navigateur marseillais Christopher Pratt, et Ara Khatchadourian, qui ose l’incroyable traversée à la rame de la Méditerranée pour rejoindre son Liban natal. Un défi titanesque pour cet homme qui a déjà conquis l’Everest.

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FIM2022©GGeronimi

Une Foire Multisensorielle

Mais la Foire, c’est bien plus qu’une simple rencontre avec ces légendes marines. C’est un festin pour tous les sens, avec une multitude d’animations. Anna nous emmène au Village de la Mer, où divers acteurs locaux du milieu maritime se rassemblent. Les associations environnementales y ont une place de choix. « C’est là le deuxième axe fort de cette édition, » explique Anna. « Différentes structures proposent des animations dans le grand bassin situé au cœur du Village de la Mer avec des initiations au surf et au kite surf. » Il y a même des démonstrations avec les chiens sauveteurs en mer, une rareté en soi. « Le COS, le comité olympique sportif, aura son village et proposera des animations sportives » continue-t-elle.

La Foire célèbre aussi l’art et la mode, avec des expositions photos qui mettent en lumière la beauté de la mer. Les artistes locaux proposent une création unique sur le thème de la mer, avec un défilé prévu à l’occasion de la journée de la femme et lors de la nocturne. Les visiteurs ont la chance de plonger dans l’univers de la mer grâce aux initiations proposées par des experts locaux tels que la Moana Kite School, Kayac Attitude, Terre de Voile de l’Union Nautique de Marseille, et le Yachting Club de la Pointe Rouge.

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FIM2022©GGeronimi

Un Nouveau Monde d’E-Sport

Mais ce n’est pas tout. Anna nous révèle que la Foire inaugure un tout nouveau salon cette année, du vendredi 29 septembre au dimanche 1er octobre, entièrement dédié à l’e-sport, un espace où les amateurs peuvent participer à des compétitions et s’initier à ce monde en pleine expansion. «  Les amateurs redécouvriront le jeu Virtual Regatta, un jeu mythique. Tout s’emboîte bien, et nous en sommes ravis, » s’exclame Anna.

Afterworks et Journées pour Tous

Pour rendre la Foire accessible à tous, Anna a imaginé une journée d’inauguration gratuite pour tous (le 22 septembre) et plusieurs journées gratuites pour les familles (27 septembre), les séniors (25 septembre), les femmes (26 septembre), et les demandeurs d’emploi (2 octobre). Après 17 heures, les afterworks offrent une bouffée d’air frais aux travailleurs.

Mais le clou du spectacle est la nocturne du 29 septembre, où toute la Foire s’illumine et vibre au son de grands concerts. « C’est le plus grand temps fort de la foire, » déclare Anna. « Il y a un mapping géant et une parade autour du thème de la mer ce jour-là. »

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Un Village Éphémère Écologique

La Foire de Marseille est bien plus qu’un simple événement. C’est un village éphémère, un lieu où se rassemblent les âmes festives de la ville. Anna sourit en parlant de cet esprit unique : « Pendant 11 jours, on se rencontre, on se soutient. On a tous un grand sourire car il y a une ambiance festive qu’on ne retrouve pas ailleurs. »

Et ce village a un cœur vert. La Safim, créatrice de la Foire, est certifiée ISO 20121 pour son engagement envers l’environnement. « On met en place des actions dans le cadre desquelles nous voulons partager cet engagement pour l’environnement, » répète Anna, « On va installer un grand poisson, visible de toute part, appelé Poisson Glouton, dans lequel on mettra les bouteilles en plastique, on organisera une récolte de bouchons en plastiques, des actions de sensibilisation aux écogestes etc… » précise-t-elle. Le Village de la Mer est le centre de cet engagement, avec des associations environnementales et des initiatives pour sensibiliser les visiteurs. « Notre but est de partager cette bonne parole et la Foire est une belle tribune pour les associations qui œuvrent dans ce domaine, » ajoute Anna.

Alors, entre deux matches de rugby et la venue du Pape à Marseille, la Foire de Marseille vous attend. Son Village de la Mer, ses soirées festives et ses nouveautés vous promettent un voyage inoubliable au cœur de la mer et du développement durable. Plongez dans cette aventure épique, car la Foire de Marseille est prête à vous émerveiller à chaque coin de son village éphémère. Diane Vandermolina

Encadré

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FIM2022©GGeronimi

Des Soirées Gourmandes pour Éveiller les Papilles

Au cœur de la Foire Internationale de Marseille, se cachent des soirées spéciales qui promettent de régaler les visiteurs comme jamais auparavant. Les soirées gourmandes, prévues les samedis 23 et 30 septembre, sont une véritable ode à la gastronomie.

Imaginez un vaste espace où la cuisine devient un art à part entière. C’est dans cette partie haute de la Foire que les visiteurs auront la chance de découvrir le plus grand restaurant du monde, avec ses 100 points de restauration. Pour cette édition spéciale, un acteur très connu dans la région, Pierrot Coquillage, ouvrira un restaurant devant le Palais des Arts, offrant ses délices pour la première fois à la Foire.

Mais ce n’est pas tout, ces soirées gourmandes sont bien plus qu’un simple festin pour les papilles. Elles sont accompagnées d’animations et de concerts pour créer une atmosphère festive et conviviale. Une occasion unique de découvrir des saveurs exquises tout en profitant de l’ambiance magique de la Foire de Marseille.

Alors, si vous êtes amateur de bonne cuisine, de convivialité et de découvertes culinaires, ne manquez pas ces soirées gourmandes qui promettent d’éveiller vos papilles et de vous laisser un souvenir gustatif inoubliable au cœur de la Foire. DVDM

Zoom sur Un Tourbillon de Concours pour Tous les Talents

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FIM2022©GGeronimi

La Foire Internationale de Marseille ne se contente pas d’offrir des animations et des festivités, elle est également le terrain de compétition pour de nombreux talents divers. Cette année, la Foire est le théâtre de pas moins de quatre concours passionnants.

Scène Musicale Éblouissante

Pour les amoureux de la musique, la scène musicale de la Foire entre dans sa troisième édition et suscite un enthousiasme incroyable. Chanteurs et groupes musicaux ont afflué pour l’occasion, désireux de se produire dans des conditions professionnelles devant un public. Près de quarante artistes auront la chance de fouler la scène, dont vingt candidats qui se produiront devant le directeur de casting de l’émission The Voice le 30 septembre. Une opportunité en or pour ces talents en herbe.

Festy Live : Le Concours des Auteurs-Interprètes

Un tout nouveau concours, Festy Live, s’adresse aux auteurs-interprètes. Le jury d’exception comprend notamment des coachs de The Voice, ces professionnels qui œuvrent dans l’ombre pour aider les candidats à briller sur scène. Une demi-finale aura lieu le samedi 23, suivie de la grande finale le dimanche 24, lors du premier week-end de la Foire. Les participants rivaliseront pour remporter des prix tels qu’un stage au Dalida Institute, une session d’enregistrement à AMBG Studio, ou un coaching vocal avec Anthony Auda.

Trophée Gustave : Célébration de l’Innovation

Le Trophée Gustave, un concours national, a été lancé l’année dernière par le collectif Foires de France. Il met en lumière les startups locales les plus innovantes, sélectionnées en amont, et leur offre un stand sur la Foire du 22 au 24 septembre, au pavillon 5. Le public aura son mot à dire en votant pour la meilleure invention, et un jury de professionnels composé de BPI France, la French Tech et la Safim récompensera la meilleure startup. Deux récompenses exceptionnelles sont à la clé.

Festival du Zouk : La Danse au Cœur de la Fête

La scène tropicale de la Foire s’anime cette année avec le Festival du Zouk. Chaque vendredi, samedi et dimanche, le public aura le privilège d’assister aux compétitions de zouk. Une occasion unique pour les couples de montrer leur talent sur la piste de danse et de partager leur passion avec le public enthousiaste de la Foire.

Ainsi, que vous soyez un mélomane, un innovateur en herbe, un passionné de danse ou simplement curieux de découvrir de nouveaux talents, la Foire de Marseille vous offre un tourbillon de concours pour satisfaire toutes vos passions et vos intérêts. Rejoignez-nous pour célébrer la diversité des talents et des idées au cœur de cet événement incontournable. DVDM

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Informations pratiques

La Foire Internationale de Marseille du 22 septembre au 2 octobre 2023

Tarifs : 7,5 € ou 5,5 € en ligne (Tarifs réduits et journées gratuites à consulter en ligne)

Horaires : de 10h00 à 19h00 en semaine et de 10h00 à 20h00 le week-end

Soirées gourmandes et nocturne, fermeture à 23h.

Plus d’infos sur http://www.foiredemarseille.com/ [8]

Le Festival d’Art Lyrique de Salon-de-Provence célèbre le Centenaire de Maria Callas

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Le Festival d’Art Lyrique de Salon-de-Provence, dans sa 18ème édition, s’apprête à rendre un vibrant hommage à l’une des plus grandes artistes lyriques de tous les temps : Maria Callas. Du 10 au 13 Août 2023, cet événement d’exception prendra ses quartiers au majestueux Château de l’Empéri – Cour Renaissance, Montée du Puech, Salon-de-Provence, pour des soirées qui s’annoncent empreintes d’émotion et de magie musicale.

Le festival, placé sous la direction éclairée de Jacques Bertrand, fondateur s Bertrand, qui se définit comme un homme de l’ombre, s’est entièrement dédié à honorer la mémoire de Maria Callas, la cantatrice grecque légendaire, à l’occasion du centenaire de sa naissance. Dans ce cadre enchanteur à l’acoustique exceptionnelle, véritable boite à musique dans un écrin somptueux, les amateurs d’opéra auront la chance de vivre des moments uniques, célébrant le talent inégalable de cette diva aux talents multiples.

Rencontre avec Jacques Bertrand, fondateur du Festival International d’Art Lyrique de Salon

 A l’occasion de cette édition anniversaire en Hommage à la Callas, nous avons eu l’immense honneur de nous entretenir avec Jacques Bertrand, fondateur du festival à la carrière bien remplie, producteur pendant 30 ans, ancien directeur du théâtre de la Colonne à Miramas. Le passionné d’Opéra travaille depuis un an à la réalisation de cette édition exceptionnelle qui espérons-le trouvera son public.

En effet, le festival souffre de l’après-covid, les amateurs d’art lyrique se font moins nombreux et se déplacent bien moins qu’avant la pandémie. Sur les 450/500 fauteuils, « on a du mal à avoir 250 personnes, on a divisé par deux. J’espère que cette année sera meilleure car les gens, jusqu’à l’année dernière, avaient encore peur de venir. Cette année, on a l’impression que les feux sont aux verts. J’espère qu’on va retrouver 80% de notre public. Même à Venise où j’habite, les meilleurs endroits ont perdu une grande part de leur clientèle cet hiver : il y a une peur du danger de la promiscuité. »

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Jacques Bertrand, fondateur et directeur du Festival International d’Art Lyrique de Salon

 Jacques Bertrand dont le festival est ouvert à tous les publics, avec sa tarification douce, souhaiterait proposer plus de représentations mais son budget étant contraint, il ne peut se permettre de proposer des œuvres moins connues et opte pour une programmation d’œuvres mondialement connues. Un choix artistique qui l’honore puisque cette année il propose une édition entièrement consacrée à la Callas. « Chaque année nous décidons de donner une orientation au festival. Par le passé, nous avons célébré Mozart, le bicentenaire de la naissance de Verdi etc.… et cette année, il se trouve que c’est le centenaire de la naissance de Maria Callas, nous avons décidé de lui rendre hommage ».

Une passion pour la Callas

 De son propre aveu, « ce n’était pas la plus belle voix, mais elle a révolutionné l’opéra et c’était une grande tragédienne » nous explique celui qui a eu la chance de la rencontrer chez elle à Paris avant sa mort. Avec nostalgie, il nous raconte cette entrevue et l’amitié qui la liait à Di Stefano.

 « J’ai rencontré 4 fois la Callas, j’étais un ami intime de celui qui a été probablement, un peu, sûrement, son amant, il était son compagnon, son confident. Elle a fait toute sa vie avec lui et ne pouvait pas respirer sans prononcer son nom, c’était Guiseppe Di Stefano, le ténor. D’ailleurs tous les enregistrements de la Callas sont faits à 90% avec Di Stefano. Il y a 30 ans, la Fnac de Paris organise une signature au travers de toutes ses filiales de France et Di Stefano me demande si je pouvais le véhiculer et l’accompagner dans toutes les FNAC où il allait pour faire des conférences et signer des autographes. Nous sommes partis tous les deux pendant deux mois pour faire ce tour de France ; on a longuement parlé de Callas pendant ces deux mois. Il m’a dit qui elle était probablement et qui est très différent de l’image qu’on se fait d’elle. A la fin de la tournée, il me dit mais tu la connais ? Non. Alors on va aller rue Georges Mandel, je lui passe un petit coup de téléphone. Il m’a emmené dans son appartement où elle est morte à Paris : on s’est salué, elle a été polie, elle m’a demandé deux trois choses du métier, on a parlé de la tournée de Di Stéfano qu’elle trouvait formidable. Puis je suis reparti, on n’était pas amis. Elle parlait parfaitement le Français. »

 Avec émotion, il poursuit : « J’ai eu la chance de l’entendre dans « Norma » en 1964 où j’ai fait la queue pendant une nuit avec mon frère au Palais Garnier, de 9h du soir à 11h du matin, ouverture des locations. On n’a pas eu de bonnes places. Puis l’année suivante, je l’ai entendue chanter « Tosca» à l’Opéra de Paris et puis je l’ai entendue, et là ce fut un moment d’une intense émotion, d’une ferveur, d’une déception, à son concert d’adieu en 1973 au théâtre des Champs Elysées avec Di Stefano. Je n’ai jamais entendu un succès pareil pour personne. On acclamait la carrière de Callas et sur scène, il y avait une tonne de roses rouges. Puis, elle a arrêté et est morte trois ans plus tard dans son appartement parisien où elle ne voyait personne ou presque. »

  « Je n’aurai servi à rien » Maria Callas

Dans une interview, « elle disait : personne ne vient plus me voir, personne ne m’adresse la parole, je n’aurai servi à rien » et en perspective avec ce que me disait Di Stefano, « elle n’a jamais été capricieuse, c’est un truc que les journaux ont monté en épingle, évidemment, c’était une star alors Christian Dior, ou Chanel, lui donnait un sac à main ou une montre à porter : c’est encore valable aujourd’hui. Comme disait Di Stefano, Callas n’a été qu’une folle furieuse de la perfection, ce n’était probablement pas la plus grande voix du siècle mais c’était la plus grande artiste. Elle donnait vie à Tosca, elle rentrait sur la scène, elle était Floria Tosca. »

 « Maria Callas a sauvé l’Opéra » Jacques Bertrand

Par ailleurs, « elle ne supportait pas les enregistrements de studio car on coupe en rondelle les opéras, on va commencer par les chœurs, les duos, les ensembles, etc… «Quand je fais mon premier jour d’enregistrement, je commence par la mort de Tosca : qu’est-ce que cette histoire de me faire mourir avant même que j’existe ? » s’exclamait-elle. « En effet, dans le découpage commercial, les gens qui produisent un disque saucissonnent l’œuvre puis le technicien remet tout ça dans l’ordre après. Oui, elle était perfectionniste et il y a des anecdotes extraordinaires à ce propos. Quand elle attaquait un ouvrage d’opéra, elle savait tout : elle n’imaginait pas chanter Norma sans savoir qui était la druidesse Norma, elle créait le rôle, et dans ce domaine, elle a été la plus grande, la meilleure. Et encore aujourd’hui inégalée. Elle a sauvé l’opéra de l’abîme dans lequel on l’avait jeté, c’était devenu ringard l’Opéra, avec de grosses dondons, des ténors ventripotents, qui se plantaient devant et chantaient leur truc puis repartaient etc… Callas a compris cela et même si elle a eu des difficultés vocales, sa voix l’a trahie à plusieurs reprises. Comparée à toutes ces grandes voix de l’époque, Freni, ou encore la Tebaldi, dont Toscanini disait qu’elle était un ange sur la terre car elle avait tout basé sur la beauté intrinsèque de la voix, Callas était appelée la Divine : elle jouait un rôle. Et en 20 ans, elle a abordé 52 rôles différents ! » énonce-t-il.

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Mihaela Dinu et Stephanie Portelli et Roberta Paroletti au piano

Un Hommage Enchanté à la Diva du Lyrique

Les festivités débuteront le 10 Août à 21h00 avec une projection sur écran géant dans la cour du château du magnifique film « Maria by Callas » réalisé par Tom Volf en 2017. Ce film retrace la vie et la carrière de Maria Callas d’une manière poignante, offrant aux spectateurs une plongée captivante dans l’univers de cette artiste extraordinaire « avec des documents inédits, certains colorisés, d’autres restaurés, où Callas elle-même raconte sa vie » précise Jacques Bertrand, fondateur du Festival et Président de l’association Mezza Voce, qui évoquera également la vie de la cantatrice, rendant hommage à sa carrière légendaire.

Tosca

La soirée du 12 Août à 21h30 promet un moment musical inoubliable avec l’opéra fétiche de Maria Callas, « Tosca », en trois actes de Giacomo Puccini dans une mise en scène de Stefano ORSINI. Cette représentation promet de faire revivre toute la passion et l’émotion intenses qui ont marqué les interprétations de Maria Callas. « « Tosca » est l’opéra dans lequel Maria Callas a quasiment débuté sa carrière et c’est avec Norma, un des rôles qu’elle a le plus chanté » développe notre interlocuteur en fin connaisseur de l’art lyrique. Sur scène, des solistes talentueux tels que Mihaela DINU « soprano connue dans toute l’Europe, avec plus de 700 représentations », dans le rôle de Floria Tosca, Diego DE SANTIS, un ténor « à la carrière florissante  qui a chanté sous la direction de Ricardo Mutti », dans le rôle de Mario Cavaradossi, et Clorindo MANZATO, « un grand baryton italien », dans l’incarnation diabolique du Baron Scarpia, se produiront accompagnés du Chœur de l’Opéra de Parme, « un des plus beaux chœur européen qui était jusqu’à récemment aux Chorégies d’Orange », et de l’Orchestra Sinfonica « Cantieri d’Arte », dirigés par le Maestro Stefano GIAROLI. Ce dernier « a commencé sa carrière en faisant des spectacles dans des petites villes en Italie. Quand il y a eu la crise en 2008, les grandes maisons n’avaient plus le budget pour faire appel à certains chefs et orchestres. Il faut savoir que l’Opéra, c’est dans l’ADN de l’Italie : on ne peut pas annuler un Opéra comme on le fait en France. Et de fil en aiguille, par le bouche-à-oreille, ils se sont tournés vers Giaroli : il amenait les chœurs, les costumes et l’orchestre pour 80 000€ au lieu de 300 000€. Petit à petit, il y a eu plein de gens qui se sont agrégés à sa compagnie qui aujourd’hui est la première compagnie itinérante en Italie ».

Pour la petite histoire, c’est « Mihaela DINU qui s’occupe de l’organisation du festival avec moi et du recrutement des chanteurs: nous arrivons à avoir des artistes de très haut niveau parce qu’on a développé de longues amitiés, je suis dans le métier depuis 50 ans, et que les chanteurs apprécient de venir à Salon, dans ce cadre magnifique, pour apporter leur contribution au festival. Cette année, la plupart sont italiens car c’est un ouvrage spécifiquement italien : les chanteurs italiens le maîtrisent complétement et, en France, c’est plus compliqué de bâtir un projet en si peu de temps car je n’ai pas trois mois de répétition, ni le budget d’une grosse production. Quand on organise un festival, on est obligé de construire un spectacle de qualité dans un laps de temps et un budget, tous deux contraints. On est sur la production depuis septembre, c’est-à-dire presque un an car on doit choisir les chanteurs et le chef, voir leur disponibilité, les rencontrer etc… pour qu’on puisse répéter en juillet avant le filage puis la représentation d’août. Et là, je peux vous dire que notre budget est passé. »

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Les plus grandes héroïnes incarnées par la Callas

En clôture du festival, le 13 Août à 21h30, un Grand Concert Lyrique intitulé « Les Grandes Héroïnes de Maria Callas » viendra enchanter le public. Mihaela DINU (soprano), Stéphanie PORTELLI (soprano), Jean GOYETCHE (ténor) et Clorindo MANZATO (baryton) se produiront accompagnés au piano par Roberta Paroletti du Gran Teatro La Fenice Di Venezia. Ce concert sera l’occasion de rendre hommage aux héroïnes mythiques que Maria Callas a si brillamment interprétées tout au long de sa carrière, nous plongeant dans l’univers fascinant de l’opéra : avec des airs de « la Gioconda, rôle dans lequel Callas a débuté à Vérone, un ouvrage que j’aurais adoré monter mais on n’a pas le public ici, le Trouvère, la Force du destin etc… »

Et pendant toute la durée du festival, du 8 au 14 Août, une exposition exceptionnelle intitulée « Les Visages d’un Mythe » se tiendra à l’Espace Culturel Robert de Lamanon. Cette exposition, d’entrée libre, présentera plus d’une centaine de photos de Maria Callas, la montrant telle qu’elle était au quotidien et sur scène. Capturant son aura intouchable, son élégance et sa prestance presque irréelles, ces clichés offriront aux visiteurs un aperçu unique de cette véritable tragédienne grecque. L’association Mistral de Venise et l’association Mezza Voce se sont unies pour offrir au public cette occasion rare d’admirer la beauté et la puissance d’expression de Maria Callas, véritable icône du monde lyrique.

En somme, le Festival d’Art Lyrique de Salon-de-Provence, dans cette 18ème édition en hommage à Maria Callas, s’annonce comme un événement inoubliable pour tous les passionnés de musique et d’opéra. Au cœur d’un cadre majestueux, avec une programmation riche et des artistes exceptionnels, ces soirées lyriques sauront captiver les spectateurs et perpétuer la mémoire de cette cantatrice légendaire. Venez célébrer l’art lyrique dans toute sa splendeur et rendre hommage à une diva inégalée lors de ce festival unique en son genre. Diane Vandermolina

 

En aparté

 Pensées de Jacques Bertrand sur l’évolution du milieu de l’Opéra

Le monde de l’Opéra a été très impacté par les années covid, du fait de son public vieillissant, mais également des coupes budgétaires effectuées ou encore de la stagnation des subventions. De nombreux opéras ont fermé leur porte bien avant la fin de la saison cette année et de nombreuses productions ont été annulées, le nombre de représentations par opéra ayant depuis plusieurs années drastiquement baissées : un Opéra comme « Carmen » a fait l’objet de seulement 5 représentations lors de sa venue à Marseille alors qu’il affichait complet et qu’il aurait fait le plein avec deux dates supplémentaires. Hélas, la venue d’un Opéra et le choix des solistes sont planifiés depuis deux, voire trois ans, en amont.

 De même, les coûts de production d’une œuvre lyrique chiffrent très vite, nous rappelle Jacques Bertrand : entre la création des décors et des costumes, la régie générale et la régie lumière, le transport du matériel et des artistes, leur hébergement et le coût des cachets des artistes et de l’orchestre, sans oublier les techniciens et toutes les personnes impliquées dans une production lyrique, les sommes deviennent très rapidement astronomiques d’autant plus qu’« on a suicidé l’Opéra en supprimant les troupes permanentes » rappelle-t-il et que certains cachets d’artistes sont trop élevés : « Pavarotti, paix à son âme, demandait 200 000 dollars par représentation sinon il ne venait pas. » nous dévoile-t-il.

 « J’ai connu tout le renouveau de l’Opéra de Paris avec Liebermann qui avait rendu à l’Opéra de Paris sa place aux côtés du Met, de Covent Garden, de la Scala… Liebermann me disait « pourquoi je vais chercher des grandes stars qui me bouffent la moitié du budget ? Si j’arrive à hisser le théâtre à ce niveau international, ces gens-là baisseront leurs cachets pour venir y chanter. Car ce qui est important pour un artiste, c’est aussi d’avoir chanté dans les plus grands théâtres. Domingo disait que s’il était invité même sans être payé dans une maison prestigieuse, il irait chanter » poursuit-il.

 Jacques Bertrand regrette que le nombre de représentations soit aussi réduit, et, lui qui a connu la belle époque des longues séries de représentations, il s’interroge sur ce choix : en effet, une production lyrique ne serait-elle pas plus « rentable » si elle était jouée sur une longue série ? « Certains frais restent les mêmes quel que soit le nombre de représentations – les frais fixes comme le transport, les décors, les costumes…- et le coût par représentation est amorti si on fait 6 représentations au lieu de 3. De plus, on a des accords avec les chanteurs quand il y a plusieurs représentations, les cachets groupés sont inférieurs au montant de 3 cachets successifs par exemple ». Hélas, les maisons d’opéra préfèrent réduire la voilure par crainte d’un public raréfié.  DVDM

Programme

Le Programme du Festival d’Art Lyrique de Salon-de-Provence au Château de l’Empéri – Cour Renaissance Montée du Puech, 13300 Salon-de-Provence « Hommage à Maria Callas »

10 Août 2023

Projection du film : « Maria by Callas », à 21h00 (sur Invitation – à retirer à la billetterie au Théâtre Armand)

Évocation de la vie de Maria Callas par Jacques Bertrand

12 Août 2023

« Tosca » à 21h30 (entrée 45€) de Giacomo Puccini, Opéra en trois actes

Les solistes seront accompagnés par le Chœur de l’Opéra de Parme et l’Orchestra Sinfonica « Cantieri d’Arte », sous la direction musicale du Maestro Stefano GIAROLI, mise en scène Stefano ORSINI.

13 Août 2023

« Les Grandes Héroïnes de Maria Callas » à 21h30 (entrée 35€), Grand Concert Lyrique

Les solistes seront accompagnés au piano par Roberta Paroletti du Gran Teatro La Fenice Di Venezia

Exposition « Les Visages d’un Mythe » : du 8 au 14 août 2023 (entrée libre) Espace Culturel Robert de Lamanon 120 rue Lafayette 13300 Salon-de-Provence

Informations pratiques

Billetterie du Festival d’Art Lyrique de Salon-de-Provence

Places Numérotées

Théâtre Armand 04.90.56.00.82 (renseignements et réservation sur place ou par téléphone)

Site de la ville de Salon-de-Provence

Placement libre (sur les rangs réservés Billetweb)

Billetweb (*Hors soirée du 10 août 2023 )

https://www.billetweb.fr/festival-dart-lyrique-de-salon-de-provence

Site : https://festivalartlyriquesalon.fr [12]

NESRINE, miroir d’une génération sans frontière

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Le SUBLIME d’une Voix et d’une Musique

La ville de la Ciotat aime la diversité dans la culture. En ce beau samedi 8 juillet 2023, Nesrine, Chanteuse, violoncelliste et compositrice, a ouvert la période estivale de la Ville de la Ciotat au Théâtre de la Mer. Sous l’égide de la municipalité de la Ciotat, en l’occurrence le sympathique Maire Alexandre Doriol, l’énergique et délicieuse déléguée aux fêtes et aux évènements Nathalie Lainé, et l’équipe du service actions culturelles, le concert inaugural, gratuit, a réuni un public nombreux et ravi.

Sous une voûte céleste estivale où les étoiles retiennent leur souffle ; avec des sièges étagés en gradins, une scène rappelant par son décor l’origine ouvrière et portuaire de la ville ; avec une vue plongeante sur le port et sur cette méditerranée qui nous unit, le Théâtre de la mer, ici, est un lieu scénique idyllique où la culture et les cultures se déclinent au pluriel. Ce soir-là, avec Nesrine, sublime chanteuse, violoncelliste et compositrice, les étoiles ont pétillé d’allégresse.

Une éblouissante personnalité, un monde de musique sans frontière

« NES nous fait entendre la beauté du monde » André Manoukian

Une voix puissante et chaude, un monde de musique sans frontières, fascinant mélange de musique minimaliste à la croisée de sa culture classique et des influences rythmiques de la pop et du jazz, des musiciens chevronnés : Maxime Barcelona à la guitare, Elvin Bironien à la basse, Anissa Nehari aux percussions, Nesrine est une artiste universelle, le miroir d’une génération sans frontière.

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Prenant tout le monde par surprise, le trio NES, formé autour de la chanteuse et violoncelliste franco-algérienne Nesrine, a émerveillé la scène musicale européenne. Ahlam, son premier album paru en 2018 a reçu de nombreuses réactions enthousiastes, avec sa beauté pure, sa formation inhabituelle (voix, violoncelle et percussions) et son mélange unique d’influences de toute la Méditerranée, Nesrine est une formidable chanteuse et musicienne. Pour le London Times, Nesrine est “un talent polyglotte incandescent”. Pour André Manoukian, sur les ondes de France Inter “NES nous fait entendre la beauté du monde” et la radio nationale allemande Deustschlandfunk a déclaré : “le temps de NES est venu”. Plusieurs tournées à travers l’Europe ont suivi la sortie d’Ahlam, le trio jouant aussi bien dans de hauts lieux de la musique classique (Philharmonie de Berlin, biennale de violoncelle d’Amsterdam) que dans des festivals jazz et world majeurs.

Aujourd’hui, Nesrine révèle une autre facette de sa très riche personnalité musicale en se réinventant en tant qu’artiste solo et en continuant à raconter son histoire personnelle unique : Nesrine a grandi en France de parents algériens et a étudié le violoncelle classique, intégrant très vite des institutions telles que le East-Western Divan Orchestra de Daniel Barenboim et l’orchestre de l’opéra de Valence (Espagne) dirigé par Lorin Maazel. Elle a également tenu un rôle de premier plan dans le Cirque du Soleil.

Ce qui aurait pu ressembler à un choc culturel se révèle être un alliage des plus naturels. À l’image de la génération de musiciens sans œillères à laquelle appartient Nesrine – qui voyage, parle plusieurs langues, évolue avec passion dans sa pratique artistique, observe avec recul et dissèque ses origines et les cultures qu’elle assimile – l’artiste s’affranchit des genres musicaux. Nesrine réussit la parfaite hybridation de plusieurs mondes, ses mondes. Ses chansons nous dévoilent une infinité d’images multiculturelles, fusionnant les racines musicales nord-africaines, le minimalisme, le rock, le classique, le jazz et célébrant la rencontre cohérente et respectueuse de courants musicaux dont les connexions intimes et anciennes ainsi, se révèlent. Si elle enchaine les concerts et les tournées, Nesrine reste une artiste humble et généreuse.

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Au sortir de son magnifique concert de la Ciotat, nous l’avons rencontrée pour notre magazine.

Interview

« Depuis que je suis toute petite, je suis dans la voie de la musique, c’est un peu une mission de vie, une évidence. »

Danielle Dufour-Verna – Vous ne parlez jamais de Dieu, quel qu’il soit, dans vos textes. Est-ce un parti pris ?

Nesrine – j’ai simplement une chanson dans mon premier album que j’ai appelé ‘Prière’. « C’est une prière à tous vos dieux. Prenez le temps et demandez-leur de la douceur. » C’est la seule vraie allusion que je fais aux croyances. Ce n’est pas une croyance, ce n’est pas un moteur pour moi, donc cela ne fait pas partie de mes chansons, de mon univers.

DDV –Il y a comme une revendication de votre double culture…

Nesrine – Revendiquer n’est pas forcément le mot. C’est plutôt mettre en valeur. Cette double culture est normale chez moi. Elle est là, elle est riche et j’ai envie de la montrer, unie.

DDV –Si la musique est un bonheur immédiat, elle est aussi transmission. Que souhaitez-vous transmettre par vos textes et votre musique ?

Nesrine – Oui, je pense que c’est important de transmettre, notamment par rapport aux cultures, transmettre cette possibilité-là de vivre en harmonie avec différentes cultures. Surtout ne pas tomber dans un choix manichéen qui nous oblige à choisir.

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« Il y a autre chose qui est très importante pour moi, c’est la notion de liberté en tant qu’être humain et en tant que femme.»

DDV – Le théâtre de la mer et cette vue sur la Méditerranée, ce soir-là particulièrement avec vous, était en adéquation totale avec ce que vous êtes et ce que nous sommes tous, un métissage issu de la mer. Avez-vous eu cette impression ?

Nesrine – Oui, c’est une belle manière de dire. J’avais la sensation d’être « à peine arrivée de l’eau », comme une vraie migrante. Je suis d’ailleurs une migrante de manière générale.

DDV – Nous sommes tous des migrants !

Nesrine – Et nous le sommes tous et sommes tous appelés à l’être. Nous étions là, mes musiciens et moi, pour apporter nos connaissances à l’autre. C’est la grandeur du mélange des cultures, apprendre de l’autre’.

« LOVE BLESS YOU »

Sur son dernier album, une dédicace à tous ses auditeurs se termine par ces mots : LOVE BLESS YOU ! Pour l’artiste, l’amour seul permet de s’ouvrir au monde ; c’est une unique direction à suivre. Nesrine, une artiste à suivre, une étoile montante, qui fait du bien à l’âme et au cœur.  

Danielle Dufour-Verna

Crédit photo : DR

 Aubagne vibre au son des ‘Nuits Flamencas’ les 29,30 juin et 1er juillet 2023

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Un Festival gratuit d’excellence et de partage

« Ce qui est exceptionnel dans ce festival, c’est de voir gratuitement des artistes de cette envergure qui viennent ici et peuvent être le lendemain au Carnegie Hall ou au Royal Albert Hall à Londres. »

Parce que c’est un guitariste flamenca de génie, parce que son âme est nomade, parce qu’il a fait des tournées dans le monde entier, parce que son dernier album qui fait un véritable tabac, ‘Zyriab’,  est une symphonie du monde à lui seul, un voyage d’amour et de poésie musicale et de rencontres, parce qu’il est humaniste et qu’il aime le partage mais aussi l’excellence, Juan Carmona, le directeur artistique des Nuits Flamencas à Aubagne, a concocté pour cette 8e édition des Nuits Flamencas, à Aubagne, un programme à faire  damner tous les saints ! Et puisque les saints sont de la fête, ils danseront avec les Aubagnais pendant ces trois jours de tourbillon flamenco. 

Du 29 juin au 1er juillet 2023 : 8ème édition des Nuits Flamencas.

Festival international se déroulant au cœur de la ville d’Aubagne, Les Nuits Flamencas attirent chaque année des milliers de passionnés de flamenco de tous horizons, et sont devenues l’un des événements les plus importants de la scène flamenca et seul festival gratuit en France, offrant une occasion unique de découvrir la richesse et la diversité de cette culture.
Enfin, les enfants ne seront pas oubliés avec en amont du festival des EAC en lien avec les écoles de la ville et des animations sur le village andalou.

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Au programme : Musique, Danse, Initiation & Bal Sévillan, Masterclass, Cinéma, Rencontres, Espace Andalou

Nous avons rencontré Juan Carmona

Danielle Dufour-Verna – Juan Carmona, parlez-moi de ces Nuits Flamencas.

Juan Carmona – Cette année, ces Nuits Flamenca, ce sera encore une fois le rendez-vous exceptionnel de la culture flamenca à Aubagne. Le 1er jour, en partenariat avec Marseille Jazz des Cinq Continents, le jazz et le flamenco seront mêlés car aujourd’hui le flamenco s’ouvre à beaucoup d’autres musiques, notamment le jazz, le classique, les musiques du monde

DDV –C’est, il me semble, ce que vous avez toujours fait

Juan Carmona –Oui, je ne veux pas être prétentieux, mais j’en suis un peu le précurseur. Dans les années 90, en effet, je faisais rencontrer le flamenco avec la musique sépharade. C’est vrai qu’aujourd’hui on peut presque dire que c’est devenu ‘à la mode’. Toute la jeune génération des musiciens flamencos vont flirter soit avec le jazz, ou le classique etc. Et justement, le 30 juin, un flûtiste, Sergio de Lope, flirtera avec le Jazz et le Flamenco. C’est devenu aujourd’hui quelque chose de presque incontournable. Toutes les musiques évoluent. En Espagne, surtout en Andalousie, le flamenco reste très traditionnel et j’aime bien, moi-même, de temps en temps, revenir à la tradition parce que j’estime que c’est important. Quelqu’un qui ne sait pas marcher ne peut pas courir. C’est un peu pareil, il est important de connaitre la tradition.

DDV – En qualité de Directeur artistique, le choix du programme 2023 est particulièrement intéressant

Juan Carmona – La nouvelle municipalité est en place depuis environ 9 ans. Il a voulu me rencontrer car il connaissait ce que je faisais et m’a dit : « C’est quand-même dommage d’avoir un artiste de cette renommée internationale, un musicien qui parcourt le monde qui a forcément quelque chose d’intéressant à nous proposer pour faire rayonner la ville d’Aubagne ». Je voulais monter un festival flamenco depuis des années parce que je suis constamment en relation avec les plus grands artistes et les plus grandes compagnies de flamenco. Le premier festival a donc été créé il y a 8 ans et a connu un immense succès dès la première année. Ce qui est exceptionnel dans ce festival, c’est de voir gratuitement des artistes de cette envergure qui viennent ici et peuvent être le lendemain au Carnegie Hall ou au Royal Albert Hall à Londres. C’est vraiment de la haute voltige que nous proposons. Aubagne a été super, aussi bien techniquement que pour le reste, tout est au point.

Le Programme

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JEUDI 29 JUIN | CINÉMA LE PAGNOL SOIRÉE CINÉMA FLAMENCO

Bodas de sangre est un film espagnol réalisé par Carlos Saura. Il s’agit du premier volet de la trilogie flamenca du réalisateur et de l’adaptation du ballet ‘Crónica del suceso de bodas de sangre’ (1974) d’Antonio Gades, on retrouve alors le chorégraphe dans le rôle principal du film.
La projection sera suivie d’une rencontre avec Eugenia Eiris qui parlera des coulisses du tournage avec Carlos Saura. Elle est la créatrice de la Fondation Antonio Gades qui conserve, protège et diffuse l’héritage artistique du chorégraphe. Elle a écrit « La Danza de la Punta al Tacón », un spectacle pédagogique sur la danse espagnole.

Le directeur artistique Juan Carmona sera également présent à la rencontre, pour un échange avec le public.

A 21h, Ana Crisman ‘ARPA FLAMENCA’

Un spectacle inédit de harpe flamenca, couleur différente et son très atypique dans cette musique à l’univers purement flamenco.

Vendredi 30 juin Théâtre Comoedia  SOIREE FLAMENCO JAZZ

Sergio De Lope Trio  – Danseuse invitée – Sara Jiménez

Flûtiste et saxophoniste flamenco-jazz, Sergio de Lope reçoit de multiples distinctions alors que sa carrière est en train de prendre son envol. Musicien émergent de la Méditerranée par la Berklee School of Music. Il collabore en solo avec des artistes tels que Farruquito, Chano Domínguez, Diego Amador, Josemi Carmona ou Antonio Reyes entre autres, il poursuit un chemin très personnel. Son univers musical est un croisement permanent entre le classique et le néo flamenco, où les codes du jazz se mêlent librement aux autres musiques du monde.
A l’occasion du festival il invite la bailaora Sara Jimenez

Flûte : Sergio de Lope

Basse électrique : Juanfer Pérez

Batterie : Javier Rabadán

Danse : Sara Jiménez

Samedi 1er Juillet  ESPLANADE DE GAULLE  Entrée Libre

12h – Animation musicale Flamenca Des artistes animeront le cours Foch au son des guitares et du chant accompagnés de danseuses pour donner le ton et créer l’ambiance du festival dès le midi.

Ouverture du site : 19h : Foodtrucks et exposants

20h Acento Flamenco Les spectateurs pourront s’initier à la sévillane en couple, entre amis, ou avec leurs enfants afin d’avoir quelques bases pour s’amuser lors du bal sévillan. La sévillane, cette danse dont on dit qu’elle guérit de tous les chagrins.

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2 TETES D’AFFICHES

21h Cie Maise Marquez ‘Habla la tierra’

Maise Marquez a commencé sa carrière professionnelle comme danseuse dans les compagnies de Rubén Olmo, Milagros Mengibar, Eva Yerbabuena, Patricia Guerrero et le Ballet Flamenco d’Andalousie avec qui elle a dansé dans les plus grands théâtres du monde. Elle a partagé la scène avec des artistes tels que Antonio Canales, Pastora Galván ou encore Rocío Molina.

Elle présentera pour la première fois à Aubagne son spectacle « Habla La Tierra ». Un spectacle qui interroge sur les racines, les voyages de la vie.

Danse et chorégraphie : Maise Márquez

Guitare : David Caro

Chant : Manuel Pajares | Manuel Gines

Percussions : David “El Chupete”

22h Cie Marco Flores ‘Sota, Caballo y Reina’  En exclusivité en France

Danseur, chorégraphe et lauréat du National Flamenco Award, Marco Flores se définit comme un artiste interprète libre. Il se distingue par sa technique raffinée, sa création étroitement liée à la musique, et une danse qui renoue avec ses origines flamencas plus traditionnelles.

Il crée  « DeFlamencas », qui remporte le prix spécial de la « Crítica Especializada del Festival de Jerez de 2012 ». Sa 1ère création a été présentée au festival des Nuits Flamencas 2015.

Son spectacle « Sota, Caballo y Reina » est un hommage à Garcia Lorca. Il traduit un « jondismo » qui assouplit les frontières exclusives entre ce que l’on entendait par « cante jondo » et d’autres chants très éloignés de ce concept. Dans ce spectacle, Marco Flores utilise le flamenco qu’il a vécu, appris et reçu comme un patrimoine culturel.

Un spectacle présenté en avant au festival flamenco de Jerez qui allie danse, musique et arts numériques. Avec : Mise en scène, production, chorégraphie : Marco Flores | Danse : Marina Valiente, Claudia Cruz, Marco Flores | Chant : Enrique Rimache, El Quini, Manuel De La Nina, Remache  | Guitare : Jose Tomás Jimenez, Francis Gómez 

23h30 SON DE RUMBA ‘Bal de Rumba’

Son de Rumba est un groupe de musiciens gitans qui perpétuent la tradition de rumba flamenca transmise par leur famille depuis des générations.

Leur style musical entre Gypsy, Rumba,  et Latino clôturera le Festival Les Nuits Flamencas dans une ambiance festive pour un grand Bal Rumba.

Danielle Dufour-Verna

www.nomadeskultur.com [19]

Contact 04 42 03 72 75

Cette année, le festival vous accueille dans différents lieux culturels de la ville (29/06) Cinéma le Pagnol, (30/06) Théâtre Comoedia et pour la clôture (01/07) sur l’Esplanade de Gaulle

Venez fêter les 30 ans de Nuits Métis

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Sur le plan d’eau de Saint Suspi, à Miramas, après 4 jours d’installations du site et pour 3 jours, du 22 au 24 juin, les Nuits Métis vont enflammer la ville pour son édition anniversaire. C’est gratuit alors pourquoi ne pas y faire un saut ? A l’occasion de notre rencontre, Marc Ambrogiani, directeur des Nuits Métis, nous en dit plus sur cette édition et les projets à venir.

Une édition entre passé et avenir

Pouvez-vous nous parler de cette édition anniversaire pour les 30 ans de Nuits Métis qui promet de belles soirées en perspective?

« C’est une édition particulière qu’on fait durer dans le temps : elle a commencé le 13 juin et se déroule jusqu’au 24 juin pour les spectacles. L’exposition est visible jusqu’au 30 juin. C’est une édition où à la fois on se retourne vers le passé, notamment au travers de l’installation où on reprend l’itinérance de Nuits Métis. Nuits Métis est né à Marseille et à la Ciotat et on a beaucoup travaillé en Algérie, en Guinée. On travaille avec des scénographes sur cette thématique-là et sur le passé des échanges qu’on a pu développer avec les pays où on a travaillé. Mais on se tourne également l’avenir. Pour l’exposition je me suis jeté sur les archives et les photos, pour ressortir les souvenirs. Deux artistes sont partis de cette matière pour imaginer une itinérance et un artiste musicien a recueilli la parole de quelques artistes emblématiques des Nuits Métis pour ses 30 ans. Il y aura des valises imaginaires avec des photos qui racontent tout cette aventure, la diffusion des paroles recueillies, des projections, des décors flottants etc. »

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Amoureux de l’électro et des nouveaux sons, à vos agendas !

« Pour la programmation, il y a évidemment des stars internationales comme la Diva malienne Oumou Sangaré et HK qu’on a déjà accueilli il y a 13 ans : un des chanteurs refusait de faire des concerts pendant le covid quand il y avait la pass sanitaire et a inventé les bals paysans. On travaille beaucoup avec des artistes engagés. On accueille Melissa Laveaux avec son groove thérapeutique et sa voix magnifique et beaucoup d’artistes à découvrir : Jarava, Benzine, Aywa, Radio Byzance. Ce sont des artistes que les gens ne connaissent pas nécessairement. Benzine est lauréat du tremplin Prend ton envol (que Nuits métis organise, ndlr). Artistiquement, au-delà d’une super Odyssée, la programmation va de la Turquie en passant par l’Algérie, le Maroc, les Balkans et on retrouve cette année une prédominance des musiques électroniques. De nombreux artistes de musique traditionnelle les marient aux musiques électroniques pour inventer de nouveaux sons : par exemple, Biensüre et sa musique anatolienne avec une touche électro, Radio Byzance qui est vraiment une fièvre électropicale très Sound System, Electro Faune qui marie électro et chants brésiliens, du rai électro avec et le premier jour, Alee Ft Mourad Musset (Rue Kétanou). Ali est un artiste qu’on adore et qu’on a accueilli à Miramas pour des projets d’ateliers qui touchaient au rap avec les enfants : il vient avec le chanteur de la rue Kétanou.  Et bien entendu Temenik Electric : pour la petite histoire, le groupe avait été créé il y a 20 ans lors d’une résidence Nuit Métis au Sahara. On a aussi une belle création avec Nidia Góngora & Canalón De Timbiquí X Reco Reco, qui mêle blues et musique colombienne. Puis, bien sûr, on retrouve la Batucada de la Famille Géant qui permet à 60 personnes du territoire d’être acteur de l’événement, la Fanfare Vent Métis qu’on développe depuis 2 ans sur le territoire avec une vingtaine d’amateurs dirigés par Samuel.»

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Et la clôture ?

«Pour clôturer tout ça, le samedi, on a un formidable spectacle de la Cie Caramantran, Congo Massa : le spectacle fait actuellement le tour du monde et la compagnie revient à peine de Taiwan où ils ont tourné dans plusieurs villes. Le spectacle, ce sont des grandes marionnettes d’animaux géants (des gorilles, des zèbres etc…). On y trouve aussi un immense éléphant poussé par 4 personnes. Ce samedi, on partira des quartiers de Miramas dès 18h30, rendez-vous au centre social, et on amènera le public sur le site du festival, précédés par le roi de la savane, le grand lion. »

[22]

Des projets plein les poches

Quels sont vos projets en cours ?

« Après 15 ans sur Miramas, et les années Covid, on n’avait qu’une envie, c’est de reprendre l’international et on a eu des opportunités d’un projet européen, Conversons, avec le Maroc, la Mauritanie et on a une convention pour travailler avec la Guinée aussi. Du coup, on organise une grosse rencontre professionnelle le vendredi 23 juin avec des représentants du Maroc, de la Mauritanie, du Burkina Faso, de la Guinée, du Sénégal, de l’Algérie, de la Syrie et des structures nationales sur la thématique de la coopération internationale autour de trois points : la création et la mutualisation, la culture et l’éducation à l’environnement car j’ai découvert en Afrique plusieurs associations culturelles qui travaillent sur des actions de récupération du plastique et forment des femmes à la valorisation des déchets en les transformant en sacs. Le troisième point -qui est inscrit dans l‘histoire de Nuits Métis- porte sur les échanges et les chantiers jeunes à l’étranger : l’idée est d’amener des jeunes des quartiers nord de Marseille pour faire des échanges avec d’autres pays comme la Guinée. On a voulu développer cet axe sur la solidarité internationale et l’échange de jeunes. C’est aussi parce qu’il y a un gros projet sur la ville de Miramas, l’année prochaine à l’occasion des JO : la ville va recevoir pendant 8 mois l’équipe d’athlétisme du Kenya et souhaite travailler avec des structures culturelles. On va donc sur cette journée du 23 réfléchir collectivement à tout ça. Cette journée nous permet de travailler sur le sens et pas que sur la fête ; c’est dans l’ADN de Nuits Métis, provoquer les rencontres, faire bouger les gens. »

Propos recueillis par DVDM

[23]

Crédits Photos © Léa Ambrogiani

Plus d’infos : 04 90 58 98 09

http://festival.nuitsmetis.org/ [24]

Les artistes de cette édition :

OUMOU SANGARÉ / HK DANSER ENCORE / ALEE FT MOURAD MUSSET (RUE KÉTANOU) NIDIA GÓNGORA & CANALÓN / MELISSA LAVEAUX / TEMENIK ELECTRIC

JARAVA / BENZINE / AYWA / RADIO BYZANCE / ELECTRO FAUNE / BIENSÜRE CONGO MASSA / LES DAMES DE LA JOLIETTE & UNE CHORALE D’ENFANTS

LA BATUCADA DE LA FAMILLE GÉANT / LA FANFARE VENT MÉTIS

L’art et le genre

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Suite à la déferlante #metoo et aux différentes affaires de viols dévoilées dans les médias qui ont bouleversé le secteur culturel, les questions de genres, d’égalité et de discrimination sont aujourd’hui au cœur de nombreuses propositions artistiques en France et en Europe. Cette dernière en a par ailleurs fait une priorité et finance de nombreux projets visant à sensibiliser les populations à ces problématiques sociétales actuelles, à savoir la lutte contre les violences faites aux femmes et les discriminations de genre.

Un village égalité à Marseille le 20 mai

Pour répondre à ces problématiques, une initiative originale a vu le jour à Marseille : le village égalité, implanté en plein cœur de Saint Mauront. Sensibiliser le public éloigné de la culture à ces questions, réfléchir avec lui à des moyens de mieux vivre ensemble, voilà le projet du Village Egalité initié par trois structures marseillaises : la compagnie Duanama, Eclosion 13 et les amis du jardin Spinelly.

Centré autour des questions d’égalité femmes/hommes et de discrimination de genre, ce village propose la journée du 20 mai (de 10h à minuit) un temps fort convivial où le curieux pourra butiner et picorer de ça, de là, au fil de sa déambulation dans le jardin Spinelly (23 rue Spinelly, 13003 Marseille). Performances théâtrales, théâtre forum et participatif, monologues, duos ou encore concerts essaimeront la journée. Tables rondes, rencontres, stands et ateliers d’écriture sont également de la partie.

https://www.facebook.com/rmtnewsinternational/videos/930866788237596

Monika Smiechowska est la fondatrice de la compagnie Duanama : elle intervient dans le quartier de la Belle de Mai/Saint Mauront et y développe plusieurs actions – ateliers de théâtre pour enfants, café-parents, théâtre forum…- depuis une dizaine d’années.  A notre micro, elle nous dévoile les motivations qui l’ont amenée à imaginer ce village égalité, en l’occurrence l’envie de partager et travailler ensemble à coconstruire un monde meilleur avec les habitants du quartier.

Un bus Theater sur la Canebière en Juillet

Monika Smiechowska nous apprend que cette journée est un prélude à un autre événement : le bus Theater du projet Gender Matters qui posera ses valises du 4 au 9 juillet à Marseille à l’issue d’une tournée en 3 pays européens (Italie, Pologne, Allemagne).

Financé par le dispositif Europe Créative de l’Union Européenne, le projet a ici pour objectif de donner au public, à travers le théâtre social, des moyens de comprendre et d’agir pour une meilleure prise de conscience du phénomène et induire un changement de comportements pour faire reculer les violences faites aux femmes, en travaillant à partir d’une méthodologie participative et des méthodes non formelles.

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Il s’inspire de l’histoire de « Malanova », un monologue produit par Sciara Progetti (Ita) en 2015, qui raconte l’histoire vraie d’une jeune femme italienne abusée pendant des années par plusieurs hommes de son village, un fait divers dont la presse italienne s’est emparée et qui a bouleversé le pays.

Ces deux événements sont gratuits et ouverts à tous et offrent en partage des temps de réflexion via le prisme de la culture, pour que nous soyons tous acteurs d’un avenir plus harmonieux. RS

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Lancement d’un nouveau temps fort, le Festival Confit ! “À voir et à manger “

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Organisé par La Garance, scène nationale de Cavaillon, l’événement se déroule pour la première fois sur le territoire, entre le 10 et le 14 mai prochains. Il propose une programmation concentrant les expériences entre arts de la scène et gastronomie avec le Luberon pour paysage. Le festival confit ! prend différentes formes : spectacles, dégustations, conférences, ateliers, balades, visites guidées et fêtes pour nous enivrer pendant 5 jours.

 Il se décline en randonnées gustatives sur les chemins entre le Vaucluse et les Alpilles, où le badaud peut écouter la poésie de la bouillabaisse à l’ombre des magnolias, déguster les plus grands textes de la littérature française sur les marchés du Luberon et savourer des pâtes italiennes à la lumière des bougies, découvrir les portraits sonores des paysan.ne.s du territoire ou apprendre à cuisiner le nougat… Une programmation dense.

Au menu : zoom sur les propositions artistiques

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Une poétique de la bouillabaisse ©DR

Trois propositions éclectiques et un chef invité : Emmanuel Perrodin

Le mercredi 10 mai à 19h30 et le jeudi 11 mai à 20h30, La Garance accueille dans son patio Emmanuel Perrodin, chef cuisinier et la violoncelliste Noémi Boutin pour la représentation de La rose des vents. Le duo nous offre un voyage sensoriel avec une pincée de fantaisie où la musique se conjugue à merveille avec la cuisine. Une bouillabaisse est confectionnée sous nos yeux, avant d’être partagée autour d’une joyeuse tablée ! Au gré de la soirée, la musicienne et le chef, par le prisme de leur art gourmand et musical, célèbrent la poétique de notre monde. « C’est d’abord une histoire de rencontre et d’amitié, c’est un des fils invisibles mais essentiels de ce spectacle. Nous nous sommes rencontrés lors d’un festival où je voulais montrer comment l’écoute de la musique pouvait modifier la dégustation du vin. Nous sommes marqués tous les deux par l’obsession de la transversalité je crois. Nous avons besoin d’aller au-delà des cadres habituels. Nous avons ensuite littéralement suivi les traces du vent. » Emmanuel Perrodin à propos du spectacle.

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Seul en scène culinaire ©DR

Le jeudi 11 mai à 18h30, Jérôme Pouly, sociétaire de la Comédie Française, nous présente La cuisine des auteurs, où il incarne les personnages emblématiques de la littérature française tout en cuisinant dans une mise en scène complètement explosée et burlesque. La Cuisine des Auteurs est une invitation à découvrir les liens entre de grands auteurs de la littérature française et notre patrimoine gastronomique, un spectacle théâtral et gourmand conçu pour mettre en avant les produits des producteurs des territoires qui nous accueillent. Seul en scène, Jérôme Pouly incarne Ripaille, un personnage rabelaisien qui distille avec gourmandise et humour des textes d’auteurs parmi lesquels Dumas, Colette, Baudelaire, Hugo, Balzac, Maupassant, Proust, Brillat-Savarin et bien d’autres… Naviguant entre interprétation et improvisation, Jérôme Pouly instaure un véritable échange avec les spectateurs tout en cuisinant une mise en bouche pour le public avec les produits locaux fraîchement trouvés sur les marchés.

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Mariage d’Hiver ©DR

Le vendredi 12 mai à 19h30 et le samedi 13 et dimanche 14 mai à 12h30, La Garance accueille la Cie Teatro delle Ariette proposant un banquet chaleureux et intimiste avec Mariage d’hiver. Paola et Stefano nous convient autour d’une table, dans une cuisine, et préparent le repas. Iels partagent leur journal de vie quotidienne, vie partagée à la ville comme à la scène, après 20 ans passés à la campagne et 10 ans de théâtre, en Italie et en Europe… Mais c’est aussi le récit de leur amour et l’amour qui les lie à chez eux, les Ariette, petit endroit de paradis proche de Bologne, en pleine nature, seuls mais pas tant que ça car il y a les pierres, les bêtes, les fleurs et le ciel. Un amour pour le théâtre aussi, la cuisine, l’agriculture et pour le temps qui passe et qui transforme la vie, les corps, les pensées et les sentiments. Dans cette pièce intime et délicate, fragile et sincère, jouée à la lueur des bougies, vous devez simplement vous asseoir autour de la table, écouter et regarder les artistes en attendant quelque chose. A ce moment précis la cérémonie du mariage d’hiver commence. Pour goûter peut-être à la cuisine de leur mémoire. Un spectacle qui tourne depuis 15 ans !

Une Création originale

 Le samedi 13 mai à 18h, Floriane Facchini, auteure et metteure en scène d’origine italienne, nous convie à leur banquet participatif Cucine(s), rendant hommage aux pratiques agricoles et culinaires de la région. En co-production avec Le Citron Jaune – Centre national des arts de la rue et de l’espace public. Pour récolter les ingrédients de ce banquet, pendant un an, Floriane Facchini et son équipe ont poussé les portes des cuisines familiales et professionnelles, rencontré paysans.annes, vignerons.onnes, maraîchers.ères, cueilleurs.euses, berger.ères… et recueilli recettes et récits, photographies et brins de nature comestibles. Laissez-vous porter par leur voix et leurs expériences pendant une balade sonore. Et après c’est parti pour la grande tablée ! Au milieu des plats cuisinés, une exposition prend vie, constituée de grandes photographies de ces habitant·e·s devenu·e·s personnages. Cette grande tablée est bien plus qu’une expérience gustative ou esthétique, les convives sont invités à explorer avec délice, leurs relations avec la cuisine, la terre, l’eau et les êtres vivants qui l’habitent.

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Une autre façon de découvrir le Luberon ©DR

Un festival riche qui promet d’être passionnant ! A découvrir. La rédaction

Tarifs de 3 à 20€/ Ateliers et expositions en entrée libre. Tout le programme ici :

https://www.lagarance.com/a-voir-et-a-manger [31]

Encadré

Emmanuel Perrodin ou l’amour de la transmission

« Historien de formation, devenu cuisinier par passion, je n’ai cessé de m’interroger sur les liens entre histoire et cuisine. Je m’efforce aujourd’hui de faire reconnaître l’importance de la gastronomie marseillaise en France et en Méditerranée, notamment par la création d’un pôle qui pourrait ressembler à la cité du goût romaine mais aussi initier la naissance d’un réseau méditerranéen dédié aux arts culinaires. » E.P.

Emmanuel Perrodin s’est lancé à 30 ans dans la cuisine, au Péron, institution de la bouillabaisse à Marseille puis en tant que chef du Relais 50 sur le Vieux-Port de la cité phocéenne. En 2015, il troque les fourneaux pour se lancer dans des projets questionnant les rapports entre la cuisine et l’art. Le Franc-Comtois propose des performances comme « Goûter l’art » ou « Dans la chair du son » et devient président du Conservatoire International des Cuisines Méditerranéennes. Ayant un goût très prononcé pour la dimension populaire de la cuisine et sa transmission, il a par ailleurs relancé la fête de l’ail, tradition marseillaise existant depuis le 15ème siècle. Il est également aux manettes des Dîners Insolites organisés par Provence Tourisme.

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Emmanuel Perrodin en scène ©DR

 Comment êtes-vous venu à la cuisine ?

« Je suis venu à la cuisine par hasard, quand la cuisine n’était pas à la mode, il y a une vingtaine d’années. Qu’elle soit devenue à la mode, c’est bien pour mais Il faudrait revaloriser le travail de la salle, où le maître d’hôtel et les serveurs sont essentiels. Nomade, j’imagine des formes nouvelles et je crée ou participe à des événements. Je suis associé à deux scènes nationales, à Marseille et au Mans, j’ai cette chance, ça me permet de créer des spectacles en lien avec la cuisine, ce qui fait que je ne suis pas que dans la répétition. »

Vous êtes un cuisinier nomade passionné de transmission

« Je vais vraiment de lieu en lieu et de ville en ville. Je suis très attaché en plus à l’image du « pérégrin » (un étranger, un voyageur qui est dans un pays dont il ne vient pas, un nomade, un pèlerin). Et je poursuis une vieille tradition. Dans l’antiquité déjà, pour les Romains, il y avait déjà une distinction entre les cuisiniers à demeure (coquus) et les nomades (tetix, cigale). Je ne veux pas tomber primo dans la répétition et deuxio dans la contemplation du passé : la connaissance du passé est importante pour moi, pour m’aider à transmettre et elle est même essentielle. Mais j’ai choisi de ne pas faire de cette transmission-là un métier, d’autres le font très bien aussi même si c’est un domaine qui me passionne profondément. C’est à la base de ce que je suis aussi je continue d’explorer, de gratter les sources toujours, car je suis historien de formation. Je me suis par ailleurs intéressé à l’histoire de la cuisine pendant que j’apprenais à cuisiner. »

Vous êtes à l’origine de plusieurs initiatives copiées mais jamais égalées

« Je suis directeur artistique des dîners insolites, mais le concept a été le fruit d’un travail à trois : c’est une initiative de Provence Tourisme. On a répondu à l’appel d’offre avec Marie Josée Orderer et les grandes tables, et ce qu’on a voulu leur raconter, la façon dont on leur a raconté, ça a séduit Provence tourisme. Une table peut raconter une histoire, cette table-là respecte les principes du spectacle, tout est pensé comme une scénographie aérienne, sur le thème de la cuisine de Provence, la cuisine d’ici, et on pourrait faire facilement 10 éditions sans aller au bout de la cuisine provençale car elle est tellement riche. » 

Vous aimez les poissons oubliés ?

« Je n’ai pas d’habitude sur le poisson sauf le manger et le cuisiner : il n’y en a aucun qui me rebute. Parmi ceux que je cuisine, il y en a qui font partie des poissons oubliés, comme le marbré, une espace de daurade qui faisait partie du panthéon marseillais et dont l’utilisation disparait petit à petit, ou le chacha qu’on appelle ici cégro, qui n’ a pas forcément une bonne presse mais qui est apprécié par les japonais, c’est un cousin du maquereau. »

Propos recueillis par Diane Vandermolina

Clélia Cafiero : de l’importance de la symbiose entre le Plateau, la Fosse et le Public

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Après avoir dirigée avec intelligence, précision et finesse la dernière de Carmen à l’Opéra de Marseille, la jeune cheffe Clelia Cafiero revient pour notre plus grand bonheur à Marseille où les amateurs d’Opéra la connaissent bien, étant la cheffe associée à Lawrence Foster entre 2019 et 2021. Elle va diriger le concert hommage aux compositrices de l’orchestre philharmonique de Marseille ce 8 mars à 20h à l’Auditorium du Pharo pour la journée de lutte pour les droits des femmes. L’occasion de retrouver la Mezzo-Soprano, Héloïse MAS, dont la voix envoutante et le jeu captivant nous ont émerveillés dans ce même Carmen dont elle reprendra quelques arias pour notre plus grand plaisir à cette occasion.

Rencontre avec une cheffe d’orchestre passionnée et passionnante promise à un bel avenir

J’ai appris en regardant les plus grands chefs -Clélia Cafiero

Diane Vandermolina : Vous avez déjà une belle carrière derrière vous, vous avez assisté Lawrence Foster à Marseille pendant 2 ans en tant que cheffe invitée, vous connaissez bien l’orchestre de l’opéra de Marseille, comment travaillez-vous avec les artistes lyriques et l’orchestre ? Par exemple, dans votre direction de Carmen, il y a un très bel équilibre entre la fosse et le plateau, chose assez rare, vous arrivez à faire entendre toutes les nuances et couleurs de la partition de Bizet dans les soli des instrumentistes, également dans les ensembles. Il y avait une belle écoute entre l’orchestre, les chanteurs et vous.

Clélia Cafiero : Il y a des moments où le chef est indispensable, notamment pendant les balances pour bien régler l’orchestre et les chanteurs, la respiration et les intentions musicales, et les tempi, prendre le bon tempo pour les chanteurs, et après, si on a ça, ça va tout seul. Effectivement, j’ai été assistante à l’Opéra de Marseille à partir de 2019 pour 2 années. J’ai vécu le plan covid mais ça m’a donné quelques chances en plus parce que Maestro Foster, qui a eu la covid, craignait de sortir et n’est pas venu trop souvent pendant une période. Donc, je l’ai remplacé beaucoup de fois : Marseille m’a donnée des opportunités importantes car j’étais pianiste à la Scala mais je n’avais jamais vraiment pu travailler avec les orchestres. En Italie, une jeune fille qui dirige, ce n’est encore pas très bien accepté. Dans la mentalité italienne, petit à petit, ça commence à s’ouvrir mais pour parler de la première femme à avoir dirigé la Scala, cela date d’à peine quelques mois. On commence à voir des femmes cheffes en Italie mais quand je suis partie en 2019, il n’y en avait pas. Et pour moi, c’était une grande opportunité de pouvoir diriger un orchestre et ne pas être qu’au piano mais comme j’avais joué avec les plus grands chefs, j’avais appris en les regardant.

DVDM : Quelle est votre vision du métier de cheffe ?

CC : Dans ce métier, plus on regarde, plus on comprend. Je pense que notre corps est l’instrument de notre tête: on n’a pas un instrument à jouer, il y a la baguette, oui, mais l’exercice est particulier, ce ne sont pas des mouvements abstraits, il y a vraiment un lien entre la tête et le corps, les bras et la baguette. J’ai regardé Barenboim, Chergui, Papano et chaque fois, j’apprenais quelque chose, juste en les regardant et en jouant avec eux. Quand je suis arrivée ici, Foster, qui est un américain, a été en France quasiment toute sa vie mais il a cet esprit-là, très ouvert, à donner des chances et à risquer. A Marseille, j’ai fait beaucoup de concerts, j’ai fait même des projets pendant la covid, et là finalement j’arrive en cheffe d’orchestre. Je fais le concert de la femme et l’année prochaine, j’ai une belle production d’un opéra italien à Marseille. J’aime beaucoup Marseille et cela me fait plaisir de venir. 

DVDM : Vous êtes napolitaine, Marseille ne vous fait-elle pas penser à Naples ?

CC : Beaucoup en fait. Le port, les gens qui crient, cette atmosphère simple, c’est comme à Naples. J’adore et avec ce métier, je suis obligée de voyager et d’aller dans des endroits que je n’aime pas beaucoup, des endroits froids où il neige, où il fait mauvais et quand je suis à Marseille, c’est un bonheur.

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Lili Boulanger ©Agence Meurisse — https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9022337j

DVDM : Vous allez diriger le concert en hommage aux femmes compositrices et retrouver Héloïse Mas : quel en est le programme et comment s’est passé le choix des morceaux sachant qu’il y a peu d’opéras composés par des femmes ? On y retrouve des airs de Carmen mais également des airs de compositrices peu connues du grand public, écrits par Lili Boulanger, Mel Bonis ou encore Louise Farrenc. Parlez-moi de leurs compositions.

CC : J’ai fait une vraie recherche : j’avais envie de jouer des pièces peu jouées de compositrices qui écrivent incroyablement bien. Par exemple, dans les Trois femmes de légende qu’on va jouer, il y a Mélanie Bonis qui a écrit plusieurs mélodies et a orchestré ses mélodies. Mélanie Bonis et Lili Boulanger, les deux, ont été au conservatoire de musique et connaissaient très bien Claude Debussy :  elles étaient hyper appréciées et ont écrit des pièces dans un style impressionniste, mais leurs pièces ne ressemblent pas à celles des autres, ce sont des femmes avec une personnalité. Elles n’écrivent pas dans le style de, on voit que leurs compositions respirent l‘exotisme, respirent la technique de l’impressionnisme, avec des teintes dans les nuances de l’orchestre, des harmonies, des dissonances.  C’était le moment où cette école se développait mais elles ont créé leur propre style dans les couleurs qu’elles donnent à l’orchestre, où tout est bien écrit, et là les balances se font toutes seules. Non seulement, la vie de ces deux jeunes compositrices, Mélanie Bonis a écrit ça très jeune et Lili Boulanger a eu un problème de santé et est partie à 24 ans, leur vie est géniale mais également leur œuvre autour de ces femmes de légende que sont Cléopâtre, Ophélie et Salomé.

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Mélanie Bonis à 19 ans. ©Mellymelbo, CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, via Wikimedia Commons

DVDM : Pourquoi avez-vous fait ce choix en particulier ?

CC : J’avais envie de montrer cela parce que je considère que la femme a un vrai univers, elles peuvent être viriles et douces : on peut faire des choses avec de la détermination et être claires dans notre but mais on a la douceur de recueillir les questions des autres. L’univers de la femme prend beaucoup d’espace émotionnel, je trouve, ce qui fait de nous des êtres un peu fragiles quelques fois. Je trouve aussi cela dans mon chemin professionnel : on se défend plutôt en montrant qu’on est forte et on se construit un petit mur face aux autres mais on reste fragile et on a besoin d’être soutenue. A la différence de l’homme qui gère peut-être mieux ces choses-là, ce n’est pas toujours le cas mais en général.

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Louise Farrenc (née: Jeanne-Louise Dumont) (1804-1875) ©BNF

DVDM : Concernant la suite du programme, vous avez choisi une autre femme compositrice d’un style très différent à celui des deux premières.

CC : J’ai choisi les ouvertures de Louise Farrenc. C’est une compositrice magnifique : elle a écrit beaucoup d’œuvres dans un style qui se rapproche plus de Mendelssohn et Schumann. C’est un style classique mais écrit en 1800, au début du romantisme. C’est par ailleurs le problème qu’on a avec Mendelssohn : on le joue classique ou romantique ? Moi, je suis plutôt vers l’ouverture sur le romantisme. Puis, après, on a les airs avec Héloïse, Carmen, on vient de la jouer mais c’est le symbole de la liberté de la femme, elle préfère se faire tuer pour affirmer sa liberté plutôt que choisir la vie avec Don José, c’est l’exaltation de la femme où personne ne décide pour elle ce qu’elle veut être. Je trouvais très approprié de jouer des airs de Carmen. En plus, ils sont connus et le public aime. On a ajouté l’air de Sappho de Gounod au lyrisme incroyablement beau : c’est encore une femme qui finalement chante un hymne à la mort puisqu’elle va se noyer. Ce que je trouve incroyable, c’est que dans l’écriture, la mezzo fait beaucoup avec sa voix : en ce moment, je travaille sur Puccini, et contrairement à Puccini, qui écrit beaucoup pour l’orchestration et qui écrit tellement qu’il faut vraiment créer une balance, là, le lyrisme français de Gounod, c’est juste une harpe qui accompagne le chant, avec des trombones qui créent des vagues. Ce sont des effets tellement puissants et dramatiques, que cette musique arrive tout de suite aux gens parce que l’écriture de la musique est faite pour accompagner dans les émotions. Et enfin, étant italienne, j’avais envie de faire un peu de Donizetti.

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Héloïse Mas dans Carmen ©MC

La musique est émotion -Clélia Cafiero

DVDM : Pour revenir à ce que vous disiez de la musique, on a souvent tendance à dire que la musique classique est élitiste mais en fait, elle s’écoute avec le cœur. C’est l’émotion qui est première, n’est-ce pas ?

CC : Oui, c’est très important et je crois que dans les programmes de musique, il faut proposer un programme qui puisse attirer les gens, on en a beaucoup parlé avec Maurice Xiberras, le directeur de l’Opéra. Après la crise, on a eu des salles qui n’étaient pas pleines. Ce qui est préoccupant, c’est qu’on a fait des streaming pour rappeler aux gens qu’on existait en tant que musiciens, et maintenant, on commence à vendre des streaming mais pas les concerts : la Scala a créé une plateforme de streaming, où on reste à la maison, on paie les concerts à des prix ridicules, et les gens sont mêmes incités à utiliser ce service. Pourtant, comme on disait, la musique c’est une émotion, le discours de la musique vivante n’est pas le même que celui de la musique digitale, il faut vraiment que les gens puissent sortir d’un concert et qu’ils aient eu des frissons, qu’ils aient aimé, qu’ils sortent pleins d’énergie pour recréer cette symbiose entre l’orchestre, le plateau et le public. On ne joue pas pour nous mais pour le public et la moindre réaction du public affecte le concert, un bruit ou même la toux de gens, ça crée cette relation vivante. C’est super important.

DVDM : En mêlant des airs connus à des œuvres moins connues, cela permet d’éveiller la curiosité et donner envie de découvrir des compositeurs.

CC : Je me dis que, dans toutes les époques, on a rencontré des problèmes. Notre époque pour l’art est compliquée car c’est un moment de changement, même le papier est remplacé par l’Ipad. La technologie est rentrée avec force dans notre vie quotidienne et elle voyage plus vite que notre esprit, on s’habitue au rythme de la technologie, et même les réseaux sociaux -qui nous font du bien puisqu’ils nous permettent de se faire connaître, de faire de la pub et de toucher plus de monde-, ils fonctionnent à une vitesse tellement élevée que l’attention faiblit : le public de  50 ans a un certain rythme, qui est différent de celui qui a 25 ans. Or ce sont les jeunes de 25 ans qui viendront plus tard écouter notre opéra, il nous faut créer un lien pour les amener à nous écouter et je vous assure que même si on est habitué, en étant passionné, à écouter une heure un concert,  venir à l’opéra écouter pendant 3 heures, c’est autre chose. Il y a la question de l’argent, mais on a surtout des problèmes de public, il faut inciter le public à venir. Quand je suis embauchée, j’essaie de faire des programmes intéressants, en faisant des conférences avant le concert, quitte à prendre le micro pendant le concert, pour que les gens en parlent et que cela fasse venir plus de monde. Il nous faut vraiment travailler ce point.

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Lithographie de la première de Madama Butterfly by Giacomo Puccini par Adolfo Hohenstein. Printed by 1914 per NCAG. https://web.archive.org/web/20050212215900/

DVDM : Vous allez bientôt diriger Madame Butterfly?

CC : Oui, au grand théâtre de Québec. Butterfly : c’est encore une femme, les héroïnes de Puccini ont toujours une grande personnalité, mais on parle ici d’une petite fille japonaise qui finalement se tue parce qu’elle avait rêvé sa vie avec un soldat américain qui pouvait la sauver de sa vie au Japon et se rend compte que la vie n’est pas toujours ce qu’on rêve. Il y a une chose chez elle qui me touche au cœur, c’est qu’elle y croit tellement, elle a une foi dans son destin qui peut devenir meilleur, qu’elle y croit jusqu’à la fin, et ce n’est qu’à la fin qu’elle se rend compte que ce n’est pas vrai et préfère mourir. C’est un opéra où on est tout le temps dans l’attente du retour de Pinkerton, et on attend avec elle, on y croit parce que les mélodies sont magnifiques, elle est là, elle attend. On voit le Japon parce que Puccini est capable de prendre le thème du Japon et de le faire devenir musique italienne. J’ai vraiment de la chance car on n’arrête pas de comprendre, de vivre mais surtout de ressentir les choses, c’est une chance qu’on a dans ce métier car aujourd’hui, tout va vite et les gens sont moins proches les uns les autres.

Je ne suis qu’au début de ma carrière. Je n’ai pas fini d’étudier et d’apprendre- Clélia Cafiero

DVDM : Comment êtes-vous venue à la philosophie ?

CC : Étudier le piano m’a pris beaucoup de temps, c’est un choix de vie. J’ai la chance d’avoir une maman à la maison qui me faisait travailler pendant mes études, elle m’aidait dans mes devoirs et je pouvais me consacrer au piano : je jouais 4 à 5 heures par jour après l’école. Après j’ai dû faire le choix de faire le conservatoire et jusqu’à 24 ans, je me suis entièrement dédiée à la musique. Mais, j’aimais beaucoup lire, j’étais une bonne étudiante, et je me suis dit quand j’ai commencé à travailler à la Scala, j’avais 24 ans, que je pouvais plus facilement étudier et j’aimais beaucoup la philosophie. Pour l’anecdote, on dit souvent que les napolitains sont des philosophes, on prend tout avec philosophie. J’ai fait mes études à Naples et faisais des allers-retours à Milan mais ça m’a plu et je pense que pour ce métier, c’est bien d’étudier. Avec humilité, je me dis que je ne suis vraiment qu’au début de ma carrière : les grands maestros desquels je veux me rapprocher étaient des personnes d’une culture et aux capacités sociales, psychologiques énormes, qui viennent de l’expérience mais surtout de la connaissance. Je me dis que pour faire ce métier, c’est une vraie dévotion que je dois appliquer à la musique et à la culture en général, je ne vais pas travailler sur un compositeur allemand sans connaître la philosophie allemande ou la signification des mots du texte. Je n’ai pas fini d’étudier et d’apprendre. Ma famille était très contente que je sois musicienne mais je me souviens de mon père qui me disait : « ne sois pas juste musicienne, ce serait dommage que tu ne restes qu’une musicienne, tu peux devenir quelqu’un qui a un espace d’écriture plus grand ».  Je suis contente d’avoir suivi ses conseils.

Propos recueillis par Diane Vandermolina

Pour réserver le 8 mars

https://opera.marseille.fr/programmation/concert-symphonique/concert-de-l-orchestre-philharmonique-de-marseille-3 [38]

Tarifs : 11 à 26€/tel: 04 91 55 11 10/ 04 91 55 20 43

En savoir plus :

Biographie

Née à Naples, Clelia Cafiero s’est passionnée toute jeune pour la musique. Après des études aux conservatoires de Naples et de Milan ainsi qu’au Mozarteum de Salzburg, elle est lauréate du prix « Assami, women in music for life » (young section) et poursuit une carrière dans les plus grandes maisons, sous la houlette des plus grands chefs d’orchestre comme Barenboim ainsi qu’auprès de grands artistes à l’image de Patrizia Ciofi.

En tant que pianiste soliste et chambriste, elle s’est produite au Royal Albert Hall à Londres, au Concertgebouw à Amsterdam, à la Philharmonie de Paris, au Carnegie Hall de NY, à l’Auditorium de Madrid, au Lac de Lugano ainsi qu’au Japon, en Chine et au Canada à l’occasion de ses nombreuses tournées. Elle a été de 2013 à 2019, pianiste dans l’Orchestre Philharmonique et de l’Opéra du Théâtre de la Scala. Parallèlement, elle a obtenu un master de Philosophie à l’Université Federico II de Naples.

En 2019, elle assiste en tant que cheffe d’orchestre associée Lawrence Foster à l’Opéra de Marseille avant de diriger en 2022 plusieurs œuvres et opéras à la Gulbenkian Orchestra (Portugal), à l’opéra de Tours, avec l’Orchestre National de Lorraine puis à l’opéra de Nantes-Angers. Elle fut l’assistante de A. Pappano au Royal Opera House (UK) pour la production de Manon Lescaut et pour plusieurs enregistrements pour la San Francisco recording.

En une, Clélia Cafiero

Héloïse Mas : pour l’Amour de la musique et de l’art lyrique

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Héloïse Mas, grande brune piquante au regard de braise, incarnera Carmen dans l’opéra éponyme de Bizet à l’Opéra de Marseille du 16 au 26 février et même si tous les tickets ont été vendus, il reste le contingent de 50 places au poulailler, disponibles le jour de la représentation. Avis donc aux amateurs.

Une mezzo à la voix profonde

Héloïse Mas n’en est pas à son premier rodéo, elle a déjà interprété le rôle de Carmen à plusieurs reprises. Elle avait par ailleurs époustouflé les spectateurs de France Télévision à l’occasion de musique en fête au printemps dernier quand elle avait chanté la Habanera. Avec sa voix longue à la large tessiture -tant dans les aigus que les graves-, elle a su conquérir le public et les scènes françaises et belges.

Benito Pelegrín dit de sa voix qu’elle possède un « grave velouté sous un aigu facile, agile, gracile ». Pour autant, le chant lyrique n’était pas une vocation évidente pour la jeune femme : ce sont « une série de petits déclics » qui l’ont amenée dans cette voie nous confie-t-elle.

Interview d’Héloïse Mas, mezzo-soprano

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Héloïse Mas incarne Carmen aux côtés du ténor Amadi Lagha (Don José) ©Christian Dresse

https://www.rmtnewsinternational.com/wp-content/uploads/2023/02/heloisemas-1.mp3 [40]

Un parcours atypique

Dotée d’un enthousiasme à toute épreuve et lucide sur son métier et ses enjeux, la jeune mezzo-soprano née à Besançon dans une famille de médecins possède un caractère bien trempé et une personnalité affirmée. Ses premiers pas l’ont cependant portée vers le piano, et surtout l’orgue pour son implication physique totale : « on joue avec tout le corps, les mains et les pieds » s’amuse-t-elle. Ce qu’elle a retrouvé dans le chant lyrique où se mêlent chant et théâtre, voix et corps.

Travailleuse et exigeante, en parallèle à des études de chant auprès de Robert Boschiero au CRD d’Epinal et Elena Vassilieva à Paris, elle poursuit un cursus universitaire. Diplôme de commerce en poche en 2008, et après une année en Italie pour se perfectionner en chant, elle intègre en 2010 le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon (auprès d’Isabelle Germain et Fabrice Boulanger), obtenant en 2013 ses licences d’interprétation et de musicologie puis, en 2015, son Master d’interprétation, à l’unanimité avec les félicitations du jury.

Une carrière florissante

Depuis 10 ans, elle mène une brillante carrière, et les engagements pleuvent à tour de bras. Pour elle, la saison 2022/2023 a démarré sur les chapeaux de roues. Toutefois, elle n’est point fille de. Elle a réussi à percer dans ce microcosme grâce à sa voix unique. Car l’Opéra est un monde difficile pour les artistes lyriques : nombreuses sont les jeunes générations talentueuses et à talent égal, la primeur sera le plus souvent donnée à l’enfant de. La concurrence est rude et rares sont les élus. De plus, de nos jours, pour obtenir un rôle, l’âge et le physique ont leur importance qu’il s’agisse des rôles de jeunes premières, également de jeunes premiers.

Alors, chanceuse ? Elle estime qu’elle l’est, oui, et n’a de cesse de le répéter. La nature et les rencontres qu’elle a faites ont fait sa bonne fortune, mais talentueuse, elle l’est également. Car elle a été auréolée de nombreux prix et distinctions : 1er Prix Voix de Femme au Concours international du Festival des Nuits Lyriques en Marmandais (2013), le Prix du « meilleur Interprète Français » de l’Office Franco-Québécois pour la Jeunesse, Révélation Classique de l’ADAMI (2014),  demi-finaliste du Concours international Plácido Domingo – Operalia et finaliste du Concours Reine Elisabeth (2018-2019). Et de son propre aveu, elle a dû pour raison d’engagements artistiques extérieurs déclarer forfait à plusieurs reprises pour des concours auxquels elle avait été sélectionnée. « C’est l’histoire de ma vie », sourit-elle.

Ecouter la musique avec le cœur

Avec humilité et une joie évidente, la jeune femme au parler franc et bavarde, s’est confiée à notre micro le temps d’une interview. Sur ses débuts et sur Carmen, personnage sur lequel elle pose un regard très personnel. Sur le travail de l’artiste lyrique, dont « le corps est un instrument à préserver », « qui doit se mettre au service du metteur en scène et du chef d’orchestre ». Sur ses nombreux projets à venir dont sa première participation au festival d’art lyrique d’Aix en Provence dans le rôle de Margret dans Wozzeck d’Alban Berg (7/21 juillet au Grand Théâtre de Provence : https://festival-aix.com/ [41]). Elle revient aussi sur son engagement personnel.

Active et dynamique, elle fourmille de projets et d’idées. Passionnée par la musique, amoureuse de tous les rôles qu’on lui offre à incarner, elle se définit comme un « cœur d’artichaut musical » et s’efforce au travers de son association In matters of the heart – dans les affaires de cœur – de démocratiser la musique classique et d’attirer de nouveaux publics vers la musique live, également leur donner envie de franchir le pas des portes des salles pour découvrir d’avantage « cette musique » qui « n’est aucunement intellectuelle ou élitiste : l’élitisme se niche dans la virtuosité de l’interprète », pas dans l’œuvre selon elle. Un combat qu’elle mène avec passion et détermination, auquel elle dédie son rare temps libre. « La musique est avant tout émotion. On l’écoute avec le cœur » se plaît-elle à dire (pour en savoir plus sur ses projets : Projet Anachronistic Hearts [42])

 

Bonne nouvelle pour les fans, elle reviendra le 8 mars sous la baguette de Clelia Cafiero qui dirigera l’Orchestre Philharmonique de Marseille pour un concert symphonique dédié à la journée des droits des femmes au Palais du Pharo. Un événement auquel nous vous convions d’ores et déjà (Réservations Concert Symphonique 8 mars [43]). Diane Vandermolina.

 

Plus d’infos sur Carmen de Bizet

Opéra en 4 actes

Livret de Henri MEILHAC et Ludovic HALÉVY d’après le roman de Prosper MÉRIMÉE Dernière représentation à l’Opéra de Marseille le 12 octobre 2012

Durée du spectacle 3h10 (entracte compris)

Dates de représentation : les 16, 18, 21 et 23 février à 20h/26 février à 14h30

Coproduction Opéra de Marseille / Théâtre du Capitole de Toulouse / Opéra de Monte-Carlo

Direction musicale Victorien VANOOSTEN et Clelia CAFIERO (le 26/02)/ Assistant à la direction musicale Federico TIBONE

Mise en scène Jean-Louis GRINDA/ Assistante à la mise en scène Vanessa D’AYRAL DE SERIGNAC

Décors Rudy SABOUNGHI/ Costumes Rudy SABOUNGHI et Françoise RAYBAUD PACE

Lumières Laurent CASTAINGT/ Assistant lumières Gaspard GAUTHIER

Chorégraphie Eugénie ANDRIN/ Vidéos Gabriel GRINDA

Régisseur de production Jean-Louis MEUNIER/ Seconde régisseuse Élodie Marie-Jeanne MANJARRES Régisseuse de figuration Alexandra BEIGNARD/ Surtitrage Richard NEEL/ Régie de surtitrage Qiang LI

Distribution

Carmen : Héloïse MAS

Micaëla : Alexandra MARCELLIER

Frasquita : Charlotte DESPAUX

Mercédès : Marie KALININE

Une marchande : Christine TUMBARELLO

Don José : Amadi LAGHA

Escamillo : Jean-François LAPOINTE

Moralès : Jean-Gabriel SAINT-MARTIN

Zuniga : Gilen GOICOECHEA

Le Dancaïre : Olivier GRAND

Le Remendado : Marc LARCHER

Lilas Pastia: Frank T’HÉZAN

Un bohémien: Tomasz HAJOK

Danseuse : Irene RODRIGUEZ OLVERA

Orchestre et Chœur de l’Opéra de Marseille

Pianiste / Cheffe de chant Astrid MARC

Chef de Chœur Emmanuel TRENQUE

Maîtrise des Bouches-du-Rhône, Pôle Art Vocal

Direction musicale et artistique Samuel COQUARD

 

Bon à savoir :

Alexandra MARCELLIER est nominée aux Victoires de la Musique Classique Révélation Artistique Lyrique 2023

Portrait d’Héloïse Mas par Emilie June