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Le Festival Russe 2020 : 25 ans d’amour

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Feu d’artifice pour le 25e Anniversaire du FESTIVAL RUSSE du THEATRE TOURSKY du 6 au 20 mars 2020

Théâtre-Musique-Cinéma-Danse-Expositions-Rencontres-Cabarets

Unique en France par son contexte, par ses valeurs, par ses acteurs, par l’éthique, le Festival russe du Théâtre Toursky fête ses 25 ans. Le programme, exceptionnel, a été dévoilé lors d’une conférence de presse, en présence de Serguey Gorshkov, le Vice-Consul de Russie à Marseille, Richard Martin, Directeur du Théâtre, Gouzel Aguichina, rédactrice en chef de la revue franco-russe « Perspective », membre du Conseil de Coordination du Forum des Russes de France, et de la petite nièce de Boulgakov dont l’excellente pièce, Le maître et Marguerite, est programmée lors de ce festival.

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Le festival russe défend une culture multiple, indivisible et universelle, autour des valeurs de la diversité artistique. Mené sans défaillance, saison après saison, cet évènement a su trouver sa cohérence artistique et un public toujours plus fidèle et nombreux. Au programme, du théâtre en langue originale sur-titrée avec des spectacles d’auteurs classiques et contemporains, des comédies musicales, des concerts, des œuvres  cinématographiques des plus grands réalisateurs russes, des expositions, des Universités populaires, des ateliers participatifs pour les enfants, des rencontres…

Parce que la culture slave ajoute à notre réflexion une vibration poétique précieuse et qu’elle offre un supplément d’âme et une singularité qui caractérisent l’histoire des peuples renaissant à la liberté après des années d’oppression, le Festival russe témoigne de la vigueur créatrice de ses œuvres littéraires et dramatiques, du souffle novateur de sa poésie, de l’inventivité de ses mises en scène ainsi que de la puissance de ses œuvres cinématographiques.  

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Film Ici les aubes sont calmes

Ce Festival russe s’inscrit dans le temps grâce aux partenariats du Ministère Russe de la Culture, du Consulat général de Russie de Marseille et du plus grand établissement de collection de films au monde, le Fonds d’Etat des films de la Russie ‘Gosfilmofond’, les partenaires russes finançant le festival à hauteur de 80%. « Cette année les films russes proposés sont des films récents, postérieurs à 2013 » développe Gouzel Aguichina en charge de ce volet de programmation.

Une édition dédiée à Andrei Dennikov, artiste virtuose parti trop tôt

« Les hommes de génie appartiennent au monde ». Richard Martin

Considéré comme l’un des plus grands marionnettistes du monde, mêlant opéra et flamenco dans ses créations à l’instar de sa Carmen version marionnettique, capable d’interpréter vocalement la Reine de la Nuit avec sa voix à nul autre pareille, passant du baryton au soprano avec une facilité étonnante, le jeune artiste avait été découvert dans une arrière-boutique en Russie avant de devenir le phénomène artistique que le public marseillais a pu découvrir à plusieurs reprises. Mort tragiquement en 2014, le jeune homme n’avait que 36 ans ! se souvient Richard Martin qui en hommage à son talent multiple lui dédie ce 25ème anniversaire du Festival Russe, « une aventure d’art », mue par « une volonté de partage d’intelligence ».

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Le Maitre et Marguerite © Victor Drapeau

« Des liens amoureux unissent la Russie et la France » depuis 25 ans

Citant Victor Hugo, ‘le théâtre est un point d’optique, tout ce qui existe dans le monde, l’histoire, l’homme, doit s’y réfléchir sous la baguette de l’art’ , le directeur du Toursky s’attèle à célébrer avec amour la culture slave sous toutes ses formes avec ses amis artistes du Théâtre dramatique académique russe de Katchalov,  du Théâtre sur la Pokrovka, les danseurs des ballets du Bolchoï et des mythiques Théâtres Mariinsky et Mikhaïlovski… venant de Kazan, Moscou ou Saint-Pétersbourg. « Le théâtre est un lieu de résistance poétique où les poètes qui n’ont pas de patrie font tomber les frontières »  rajoute-t-il.

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La folle journée ou le mariage de figaro © Egor Aleev

En dépit d’un début difficile où les spectateurs étaient rares, au fil du temps le festival russe créé en 1995 est devenu un rendez-vous incontournable. « Cette année, l’originalité vient du fait qu’un classique français –la folle journée ou le mariage de Figaro de Beaumarchais en ouverture les 6 et 7 mars à 20h30- est joué en russe par des acteurs russes (Théâtre de Kazan), et un classique russe est joué en français par des comédiens français ! » explique Richard Martin avant de laisser la parole à Hélène Boulgakov, installée à Marseille depuis 40 ans, émue de voir enfin à Marseille et surtout au Toursky la pièce « le Maître et Marguerite » mise en scène par Igor Mendjisky (le 14 mars à 20h30), conte fantastique, histoire d’amour et satire politique écrit par son grand-oncle, mort le 10 mars 1940, dont l’œuvre a été éditée à la Pléiade.

Coup de cœur du Festival 

« Pour donner à vos enfants une meilleure éducation humaniste, montrez-leur les dessins animés soviétiques » (Gouzel citant Jean-Paul II)

Une projection de dessins animés est programmée le jeudi 12 mars au matin. En effet, la culture russe a une riche histoire, des traditions fortes et des arts influents, surtout quand il s’agit de la littérature, la philosophie, la musique classique, le ballet, l’architecture, la peinture, le cinéma et l’animation. Les dessins animés russes sont des merveilles de l’animation. C’est à la demande des écoles que cette projection est organisée mais, bien sûr, tous les enfants et parents y sont conviés. Une matinée d’exception en perspective !

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Notchka ©DR

ZOOM sur

« Notchka »

Le Festival accueille l’âme russe au travers de la proposition musicale de la Maitrise des Bouches du Rhône dirigée par Samuel Coquard qui présente « Notchtka » le 10 mars à 20h30, « une ballade dans l’âme musicale slave » avec des pépites musicales chantées par Magalie Frandon, également au piano : Glinka, Liadov, Chostakovitch, Moussorgsky ou Khatchaturian. A découvrir !

Les Cabarets Russes 

Une particularité pour cette 25e édition : Le 13 mars, à 20h30, cabaret russe exceptionnel assuré par les comédiens du Théâtre sur la Prokovka. Sans oublier qu’après chaque spectacle, les cabarets russes prolongent la fête en musique. Au menu : chansons, danses, spécialités russes et vodka. Une occasion unique de rencontre les talentueux comédiens et de pénétrer leur culture à travers les chants, la poésie, la danse et la musique.

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Les Ballets Légendaires ©DR

Les ballets russes, point d’orgue de cette édition

Les danseurs étoiles du Bolchoï, du Mariinsky et du Mikhaïlovski, de Moscou et de Saint Pétersbourg se retrouveront sur scène le vendredi 20 mars à 20h30 pour une soirée étourdissante. Incontournable !

Retrouvez ici [8] le programme complet de cet éminent Festival Russe 2020 au Théâtre Toursky. Danielle Dufour-Verna et Diane Vandermolina

 

BON A SAVOIR

Gagnez un séjour à Saint-Pétersbourg pour 2 personnes !

A l’occasion de ce 25e Festival des billets au prix de 25€ seront vendus avec à la clé un séjour artistique  à Saint-Pétersbourg. Le gagnant assistera au festival RADUGA.

SAVE THE DATE

Dimanche 22 Mars 2020, au Toursky, 8e festival des écoles russes de France : 14 écoles russes venant de toute la France se retrouvent et présentent leurs projets. Un projet initié par Gouzel, ouvert à tous les curieux !

8 mai 2020 : 75e anniversaire de la victoire sur les nazis ! Une date très importante, le 8 mai, en fin d’après-midi, au Toursky, avec Richard Martin, avec le soutien de l’ambassade de Russie en France et le Consulat Général de Russie à Marseille, une grande soirée commémorative est organisée avec projection d’un film sous-titré en Français, un concert et un pot d’amitié pour tous ceux qui ont envie de partager cette mémoire, cette reconnaissance.

Infos pratiques

Théâtre Toursky International 16 Passage Léo Ferré 13003 Marseille tél 04 91 02 58 35 – 04 91 02 54 54/ www.toursky.fr [9]

 

 LA CULTURE BOUILLONNE à MORNAS dans le Vaucluse : retour sur l’inauguration du THESPIS

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Thespis !

Un nom en forme de légende ! Thespis d’Icare -natif d’Icare, 6esiècle avant Jésus-Christ- est considéré comme l’inventeur de la Tragédie grecque et le premier acteur. Voilà qui fait rêver d’autant plus que ce nom a été choisi pour le plus beau des lieux, dans une magnifique bâtisse entourée de feuillages : un théâtre, là où la poésie se plait à vagabonder, là où l’esprit se libère du carcan qui l’enserre et s’ouvre au plaisir et à la culture.   

L’automne en est à ses balbutiements quand la maitresse des lieux, Marie-Line Rossetti, choisit d’inaugurer la salle de théâtre ce 24 septembre 2019. C’est à Mornas, jolie commune de quelques deux milles âmes, que Marie-Line Rossetti, comédienne talentueuse, a décidé de poser définitivement son savoir et ses valises. Elle n’est pas seule. A ses côtés l’instigatrice du projet et de l’association, Marine Périer, danseuse, et, Ivan Romeuf qui apporte son expérience et son immense talent. Tous les amis –ceux qui ont pu venir- sont là. Parmi eux Denis DUSSARGUES,  Maire de Mornas, Jacky GILBERT adjoint au Maire et musicien (Il nous enchantera avec du Bobby Lapointe, très réussi !) Jean -Jacques Lyon,  saxophoniste et son épouse, Richard Martin, Directeur du Théâtre Toursky à Marseille, Serge Barbuscia, Directeur du Théâtre du balcon en Avignon, Françoise Delvalée administratrice et directrice de la communication du théâtre Toursky, Alexandra Maire, comédienne, des journalistes, des amis, des voisins… Des agapes et du vin se dressent sur les tables. La soirée se déroule dans une ambiance jazzy (saxo enchanteur de Jean-Jacques Lyon), amicale et poétique. Richard Martin brandit Ferré avec délectation. Sur un texte splendide, la voix chaude d’Yvan Romeuf emplit la salle. Monsieur le Maire me dit en aparté « On sent la présence de Madame Brignoli, ancienne propriétaire des lieux. Cette personne, un peu fantasque, attachante, généreuse, qui ouvrait grande sa maison, aimait la lecture, le théâtre, la poésie. Elle aurait adoré… » Cette maison, empreinte de passion, d’intelligence, du bruit des enfants qui venaient là du voisinage boire au nectar de la connaissance, avait un destin : le Thespis, lieu de rencontres, de partages, d’échanges. Le Thespis augure, ce soir, bien des jours heureux.

Un projet innovateur

« Je fais de ma différence une danse »

Emotion, douceur, tendresse et force, ce sont les sentiments qu’inspire Marine Périer, instigatrice du projet et de l’association « Je fais de ma différence une danse ». C’est le projet de Marine. Donner à tous, même différents, la possibilité, l’envie, le plaisir par la danse. La réussite de ce projet est évidente. Marie-Line Rossetti dévoile un programme alléchant : Cours de théâtre le 1er dimanche de chaque mois et stage d’été sur 4 jours en juillet 2020 – Création d’une compagnie amateurs avec présentations régulières du travail- Soirées poésies – Soirée philosophie- Salle de répétition – Présentation des créations – Séance de travail d’expression corporelle dansée – Théâtre en mouvement – coaching en techniques oratoires.

«  Mornas est un ‘estrangadou’ entre la falaise et l’autoroute mais qui mérite d’être connu. Il est majestueusement gardé par notre dame forteresse du 13e siècle. »  Denis Dussargues, Maire de Mornas (photo ci-dessous)

En effet, la position même des sites protohistoriques et romains qui se succédèrent témoigne de l’importance accordée au site. Le village, situé dans le canton de Bollène, et l’ancien arrondis­sement d’Orange, est bâti au pied d’un rocher à pic et fort haut, dont l’un des sommets surplombe le vide de façon impressionnante. Au sommet de cette falaise a été édifiée la forteresse. La position stratégique de Mornas, évidente depuis toujours a amené, au cours des siècles, au pied de la forteresse, les routes romaines, la route nationale 7, la voie ferrée, l’autoroute et la ligne TGV. L’église Saint-Georges, construite en 1855, est une des rares églises à porter, au-dessus de l’entrée principale, l’inscription ‘Liberté, Egalité, Fraternité’. Il est évident qu’implanter ici un lieu de culture allait de soi ! Perchée sur une falaise haute de 137 mètres, la forteresse de Mornas, du Xe siècle, semble protéger le village médiéval. Depuis les remparts de la forteresse, une vue à couper le souffle : le Mont-Ventoux, les Dentelles de Montmirail, la vallée du Rhône et son fleuve impétueux serpentant vers la mer.

« Mon grand-père, limonadier, me disait : Denis, quand tu serres la main à quelqu’un, essaie de voir qui est derrière »

[10]Cet homme tendre et souriant qui cite son grand-père, Denis Dussargues, Maire depuis 1996, est un homme de proximité, ancien facteur, sportif, qui se consacre entièrement à sa tâche. Il a créé des liens indéfectibles avec les habitants de la commune, des relations faites d’amitié partagée, de franchise et d’écoute.

Denis Dussargues ne cache pas sa satisfaction à l’implantation de cette structure qui va, dit-il, apporter un plus culturel à nombre de Mornassiens et à notre jeunesse, appréciant tout particulièrement le professionnalisme des personnes impliquées ou en soutien dans la réalisation de ce projet, à l’image de Marie-Line Rossetti, institutrice dans sa jeunesse, comédienne, danseuse, professeure de théâtre, fille et petite-fille d’artistes –père acteur et mère danseuse-, de Marine Périer, sa fille, danseuse et chorégraphe, qui perpétue la tradition artistique et s’inscrit dans cette chaîne familiale, d’Ivan Romeuf, fondateur de la compagnie l’Egrégore, ex-directeur de théâtre, comédien, metteur-en-scène, professeur de théâtre, et d’autres personnes de la même envergure.

D’une grande humilité,  le maire tient à rappeler une expérience personnelle. Ayant assisté à une pièce de théâtre, il sort de la salle en se faisant la réflexion « Denis, tu n’as rien compris », va immédiatement voir le metteur-en-scène pour lui dire son doute et son interrogation sur le sens de la pièce qu’il venait de voir. Et le metteur-en-scène de répondre : « Monsieur Dussargues, si vous vous posez des questions, vous avez déjà franchi un grand pas ! Cela vous apportera quelque chose. »

Effectivement, «  le manque de connaissances ne doit plus rebuter, insiste Monsieur le Maire, mais donner envie d’apprendre. La culture, nous dit-il, doit nous guider, à partir d’un texte, d’un mot. Bienvenue au Thespis. Notre village va vivre plus intensément. Je leur souhaite la réussite et je m’y attèlerai car j’aime profondément cette approche avec Mornas. »

Je laisse le mot de la fin à Monsieur le maire répondant à ma question ?  « Pour vous, Monsieur le Maire, le bonheur, c’est quoi ? »

« Le bonheur, c’est un sourire, une poignée de main franche, l’amitié, un bonjour, un merci, la famille, la vie de tous les jours. Le bonheur, c’est la rencontre. Le bonheur, c’est ce soir. Avec le Thespis, je le répète volontiers, notre village va vivre plus intensément»

Quand le premier citoyen de la ville fait de la droiture et de la culture une priorité, que peut-on vouloir de plus ?

Danielle Dufour-Verna

Le Thespis 304 rue Maoucrouset – 84550 Mornas / Marie-Line Rossetti  06 58 21 36 90

Une magnifique création au Toursky : Car/men de Philippe Lafeuille !

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Car/Men, œuvre architecturale et détonante est le fruit de la collaboration entre le Klap, Maison pour la danse à Saint Mauront et le Théâtre Toursky.

Dans le cadre du Festival question de danse se déroulant jusqu’au 17 octobre dans la cité phocéenne, la création du nouveau spectacle de Philippe Lafeuille avec la compagnie catalane Chicos mambo ouvrait de la plus belle des façons la nouvelle saison du Théâtre Toursky.

Cette adaptation chorégraphique de l’ouvrage de Bizet rend hommage à la finesse de la partition ainsi qu’à la profondeur de la protestation que souhaitait exprimer le compositeur  en son temps.  Ici nous n’avons plus une femme fatale mais neuf hommes qui conviennent tout autant à l’adjectif.

Si la chorégraphie se veut précise, elle surprend également par son élégance et son brin de folie à la Jiri Kylian. C’est décidément une marque de fabrique de Philippe Lafeuille dont on se souvient encore de son précédent spectacle « Tutu».

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Les danseurs de Chicos Mambo émeuvent et nous emportent instantanément avec vigueur et passion, comme un bal qu’on nous aurait invité à rejoindre.  Le spectateur est emporté dans un tourbillon de couleurs, de corps fantastiquement liés dans le mouvement. La fluidité des corps se trouve sublimée par la voie céleste du contre-ténor danseur Antonio Macipe. On est conquis.

La chorégraphie fantaisiste et déjantée, ponctuée d’instants clownesques déclenche le rire. On est surpris et séduit par un spectacle abouti dans son écriture s’affranchissant de tous les codes de la danse classique et créant un nouveau langage artistique.

Le sens du mythe de Carmen se trouve transcendé. Succès garantis !

Avec Car/Men, la compagnie Chicos Mambo signe sous la direction du chorégraphe Philippe Lafeuille un véritable bijou.  Si ce spectacle passe près de chez vous, courez-y !

Lorenzkoff

 

Car/men de Philippe Lafeuille, création au Théâtre Toursky à Marseille le 28 septembre 2019.

Prochain spectacle à ne pas manquer au Toursky : Natasha Bezriche dans il était une voix, Édith Piaf . Samedi 12 octobre à 21 heures. www.toursky.fr [9]

Crédit photo : Michel Cavalca

Présentation de Saison 2019/2020 du Théâtre du Balcon à Avignon                            

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Une saison éblouissante en devenir pour fêter ses 35 ans d’existence

« Je suis certain que cette année encore le Dieu du Théâtre viendra dans ce théâtre nous éclairer de sa grâce tant dans le public que sur scène »

 Sans jeu de mots, il y avait du monde au Balcon pour la présentation de la saison 2019/20 de cet excellent Théâtre avignonnais. Fondé en 1983 par la Cie Serge Barbuscia, le Théâtre du Balcon s’est affirmé comme un lieu permanent et “emblématique” de la vie théâtrale avignonnaise. Espace de création et de diffusion, le Théâtre du Balcon a contribué à la découverte et à l’épanouissement de nombreux artistes, musiciens, comédiens, auteurs… qui ont su tisser la confiance d’un public exigeant et curieux.

35 ANS D’AMOUR

35 ans de vie, de culture, d’amour des mots et d’amour des autres, celui des auteurs, des acteurs et du public, 35 ans de don de soi et de l’enrichissement du don des autres, c’est cela le théâtre du Balcon. Serge Barbuscia, le Directeur du Théâtre et son équipe impriment saison après saison, sur ces lieux emblématiques, la même passion, la même énergie, le même enthousiasme. Ce théâtre respire l’excellence et la fraternité. Ici les saltimbanques et le public ne sont plus seulement face à face, ils communient, ils se rejoignent. Au Balcon, on aime l’Art sous toutes ses formes. Preuve en est, le déroulement de cette présentation et le propos lu par Serge Barbuscia en ouverture. Le Directeur a choisi, non pas de parler de ‘Son’ théâtre mais du Théâtre en général et de ceux qui le portent, les Acteurs. Belle leçon d’empathie et de don de soi. C’est cela Serge Barbuscia, un homme qui se donne tout entier aux autres, à tous les autres. C’est pour cela que son théâtre perdure depuis 35 ans avec le succès qu’on lui connait et des salles pleines à chaque représentation ; l’amitié, la sincérité, la passion, comme fers de lance.

« Il faut être un peu fou, dit Serge Barbuscia, pour créer un théâtre et pendant 35 ans avoir ce souci, l’amour de donner des textes, des paroles des poètes, de revenir vers eux et de les partager avec vous et tant mieux, je suis content d’être fou. »

Vendredi 27 septembre 2019, le Théâtre du Balcon a frappé les trois coups de sa nouvelle saison. Du Théâtre bien sûr, mais aussi de la danse, de la lecture, de la musique, des Universités Populaires, en un mot de la vie. La présentation de Serge Barbuscia est émaillée d’interventions musicales – envoûtant bandonéon de Yvonne Hahn jouant du Piazzola sur un texte de Pablo Neruda ou magique instrument oriental dont j’ai oublié le  nom servi magistralement-  interventions théâtrales – dont l’inénarrable et fantastique prestation de RUFUS- poétiques, ou encore de quelques textes par les artistes présents. C’est un moment ‘entre amis’, un moment de découverte et de fraternité, trop court, tant l’intérêt et le plaisir du public sont palpable.

« L’Art théâtral doit résister à une société virtuelle, à la gloire des écrans et conserver ses ambitions universelles en évitant de se livrer aux stigmates de la mondialisation » Serge Barbuscia

«Beaucoup d’artistes ont des petits vélos dans leurs têtes. Pour moi, ce n’est pas un vélo, c’était une vague. C’est surtout un texte d’Henri Michaux qui disait : Sur une grande route, il y avait une vague, une vague toute seule, une vague à part de l’océan. Elle n’a aucune utilité, elle ne constitue pas un jeu, c’est un cas de spontanéité magique. Je vais vous parler de ma vague. Cette vague toute seule, depuis tant d’années elle est restée en moi, sur toutes les routes. J’ai essayé de l’apprivoiser, tellement inutile et tellement nécessaire, tellement unique et tellement multiple. Avec cette vague et avec les mots d’Henri Michaux j’ai approché pour la première fois des pays lointains, en Europe, Espagne, Portugal, Pologne, puis en Chine, en Corée, au Japon… des territoires étrangers à ma langue, à ma culture, à mon tempérament. Cette petite vague solitaire a su vibrer au-delà des mots, du sens, de la logique. Elle s’est mise à explorer, à tâtonner, à deviner continuant inlassablement sa route en moi et ailleurs sans se soucier du but, du rythme, du sens, curieuse de tout, acceptant toutes les formes, toutes les géométries, toutes les pensées. Et moi comédien, au service des mots, j’ai décidé de suivre cette vague comme une alliance de tous les possibles. Des morceaux de phrases viennent ainsi frapper aux portes de ma mémoire. Des personnages apparaissent et avec eux, dans un désordre total de sens et de chronologie, les paroles de poètes ou dramaturges, oui, ils viennent là chuchoter les mots dits et redits au cours de mes spectacles. Ils sont tous là : Victor Hugo, Pablo Neruda, Federico Garcia Lorca, Guy de Maupassant, pour les plus anciens, mais aussi ceux vivants ou encore vivants il y a peu comme Hélène Pedneault, Christian Pètre, Yves Garnier, Jean-Benoît Patricot, Hugo Horiot, Matei Visniec, la liste serait trop longue. 35 ans, oui, cela fait beaucoup de monde. Ils sont tous là sans aucune retenue, complètement libérés de leurs œuvres, pointant du doigt le chemin à prendre, la phrase essentielle, celle qui reste quand on a tout oublié. Je retrouve alors les odeurs et les mots de mes personnages et lentement je mets des noms à l’oubli. Dans ce mouvement perpétuel, je poursuis ma nécessaire recherche, mon errance, et dans quel espace ? bien sûr, l’espace théâtral, ce cadre noir qui héberge l’imaginaire et fait se succéder sur le rectangle de la scène toute une série de lieux qui sont étrangers les uns aux autres. Hétérotopie rêveuse de Foucault, tu me donnes la main par-dessus la distance …. Dans ce rectangle noir il suffit de quelques acteurs et d’un tréteau pour représenter l’univers dans cet espace imaginaire où se joue la comédie humaine, nous les acteurs, que sommes-nous ? Sommes-nous la dernière figure d’un art de la mémoire et du passé ? Ou au contraire l’expression moderne qui augure ses premiers signes annonciateurs d’une civilisation vieillissante ? Sommes-nous des ancêtres ? L’Art théâtral doit résister à une société virtuelle, à la gloire des écrans et conserver ses ambitions universelles en évitant de se livrer aux stigmates de la mondialisation. Seule la sincérité peut nous guider vers la connaissance profonde, cette sincérité que tout acteur recherche au plus profond de lui-même pour approcher la vérité d’un personnage.

« Lorsque l’acteur se fait mordre par le duende, il porte alors le cri du monde, comme un chant profond dans l’univers. »

A ces mots de sincérité et de vérité j’entends dans les coulisses de mon intime le frétillement de Federico Garcia Lorca… Il a su mieux que quiconque nous parler du ‘duende’. Le duende est universel, il concerne tous les arts. Le duende ne se répète jamais. Il n’est pas fait de technique ni de forme. C’est un geste unique qui fait la différence entre l’imposture et la véritable inspiration. Cet instant unique et magique flirte avec la mort en synthétisant le dehors et le dedans. Tous les artistes connaissent ou recherchent cette exaltation. L’acteur, lorsqu’il répète agite toute son âme. La répétition est un travail d’approche avec sa sensualité et sa réserve. Il s’engage dans une quête redoutable. A la moindre erreur, il peut perdre, mais il avance comme un aveugle, à tâtons. Le jour de la représentation l’acteur doit absolument oublier son rôle. Il doit le redécouvrir, faire renaître en lui toutes les émotions et les sensations. Je dis bien renaître, redécouvrir, recréer. Et s’il a de la chance, alors, peut-être le duende se réveillera en lui. Pour l’acteur, chaque représentation reste un mystère, un combat entre lui et lui. Il croit bien jouer, souvent il ne fait que reproduire une technique apprise. Il ressemble alors à un pantin. Les bons techniciens savent donner le change, mais lorsque l’acteur se fait mordre par le duende, il porte alors le cri du monde, comme un chant profond dans l’univers. Il y a 35 ans, pour certains, je vous ai embarqué avec moi. Nous avons pu ensemble, je l’espère, poursuivre cette petite vague. Peut-être que certains d’entre vous l’ont déjà suivie, d’autres la poursuivront cette petite vague qui cherche désespérément sa route, mais quelle route ? Regardons un instant ce monde qui se fracture entre d’immenses pauvretés et de vrais surabondances, ce monde où les peurs les plus primitives refont surface, où l’intolérance prend des formes multiples : terrorisme, émigration sauvage, fanatisme, communautarisme… Alors quelle route ? Le témoignage bouleversant recueilli par Ariane Mnouchkine ne serait-il pas un signe ? Et voilà que je pense à ceux et à celles dont aucun livre ne parlera jamais, dont aucune histoire ne citera jamais les noms et les travaux engloutis par la violence, l’ignorance et la bêtise. Je pense à cette femme juive qui dirigeait un théâtre dans le ghetto de Vilno, oui un théâtre. Prenant sur sa ration de pain de chaque jour, elle pétrissait et modelait de petites poupées de mie. Et tous les soirs cette femme affamée animait ces apparitions nourrissantes faisant entrer ses acteurs de pain dans son théâtre minuscule devant des spectateurs affamés comme elle et comme elle promis au massacre, tous les soirs, jusqu’à la fin.

Il faut garder la trace de cette femme comme une plaie inguérissable. Il le faut, car si nous oublions le petit théâtre de pain du ghetto de Vilno, nous perdons le théâtre. MERCI »

Danielle Dufour-Verna

Infos Théâtre du Balcon  38 rue Guillaume Puy  84000 Avignon tél 0490850080 www.theatredubalcon.org [12]

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ENCADRE : Le Programme de la saison

Dimanche 6 octobre – 16h00 J’ai Soif Dans le cadre de la semaine italienne en Avignon.

La compagnie Serge Barbuscia nous fait redécouvrir les écrits de Primo Levi et la musique de Joseph Haydn
dans « J’ai Soif ». Présenté dans de multiples versions musicales, il sera proposé dans sa version originale, au
piano avec Roland Conil. Quand Primo Levi écrit ce texte dans l’enfer des camps, il pense à ‘L’Enfer de Dante’. C’est un texte sur la déshumanisation mais Serge Barbuscia l’a voulu lumineux. Un chef-d’œuvre ! Serge Barbuscia est admirable dans cette pièce intense où se mêlent musique, projection des acryliques de Sylvie Kajman et lumières –ô combien nécessaires- de Sébastien Lebert. La révolte de l’homme. Son cri de liberté face à l’indicible.

Rufus présente Vendredi 11 octobre – 20h00 La Piste de l’Utopiste de Rufus

« Si ça se trouve, je suis mort et je ne m’en suis même pas aperçu. Voilà ce qui m’est tombé dessus quand
j’ai lu ma rubrique funéraire. Elle annonçait que j’étais bel et bien décédé. » Retrouvez Rufus, sublime, avec une création déjantée et poétique.

Les 15, 16, 21, 22, 23 NOVEMBRE – 20H  Les 17 et 24 novembre – 16H COMMENT J’AI DRESSE UN ESCARGOT SUR TES SEINS de Matéi Visniec

« Sous la direction éclairée de Serge Barbuscia, Salvatore Caltabiano s’empare avec fougue de cette partition surréaliste pour dispenser une prestation virtuose. » FROGGY’S DELIGHT. Salvatore Caltabiano, grandiose, y est époustouflant.

SAMEDI 16 NOVEMBRE -17H CONFERENCE EROS et THANATOS

Dans le cadre des représentations de « Comment j’ai dressé un escargot sur tes seins » Présentée par le Dr Catherina KISS, psychiatre et psychanalyste, accompagnée de lectures par le comédien David SIMON.

MARDI 19 NOVEMBRE – 19H LECTURE NON de Philippe Ruchmann

Le « tout tout de suite » ne risque-t-il pas de nous enfermer un jour dans un rien pour longtemps ? Demain,
c’est maintenant !

Samedi 7 DECEMBRE -20H DIMANCHE 8 DECEMBRE -16H Salle Benoît XII VICTOR HUGO LE VISIONNAIRE
Crée en 1996 par la compagnie Serge Barbuscia et l’Orchestre Lyrique de la Région Avignon Provence, ce
spectacle engagé, construit autour des discours politiques de Victor Hugo à l’Assemblée Nationale, est repris
à l’occasion du 35eme anniversaire du théâtre du Balcon. A ne rater sous aucun prétexte.

Vendredi 20 DECEMBRE  20H CHARLES DE FOUCAULD  de Francesco Agnello

Les mots de Charles de Foucauld font résonner les étapes de sa vie dans l’amour de Jésus. Son message est
toujours brûlant d’actualité et intemporel… La mise en scène est simple laissant l’essentiel à la parole et à la musique. L’acteur Gérard Rouzier prend à coeur et à corps le texte ponctué par la partition musicale au Hang jouée par Francesco  Agnello. Charles de Foucauld est une vraie rencontre et elle parle au monde. Juste un ambon et un tabouret, l’essentiel est dans le message.

Jeudi 23 JANVIER -19h Dimanche 26 JANVIER – 16H ANTOINE ET CLEOPATRE  dans le cadre du FEST’HIVER organisé par les scènes d’Avignon.
Cette création parle de grandes figures politiques, d’icônes édifiées, détruites, remodelées. Derrière les batailles politiques et militaires, Shakespeare lève le voile sur nos guerres intimes. Parlera-t-on un jour du Fest’Hiver d’Avignon comme on parle du Festival d’Avignon ? C’est fort possible !

Jeudi 6 FEVRIER20H Mère et Fils

D’après la comédie nocturne de Joël Jouanneau. Dans l’excellente mise-en-scène d’Ivan Romeuf, l’actrice Marie-Line Rossetti y est poignante de vérité. Ce qui compte, c’est ce silence de sept années, un silence qui a brisé la relation entre une mère et son fils et instauré entre eux une distance infranchissable.

7, 8 et 9 FEVRIER « L’AUTRE FESTIVAL » : celui qui ouvre les livres !

Organisé par l’association Avignon Destination Culture, l’Autre festival présente cette année sa deuxième
édition. Le théâtre du Balcon a souhaité rejoindre ce beau projet ayant pour but de réintégrer l’écriture et la
lecture

Vendredi 14 FEVRIER – 20h  UTOPIA ou la quête d’un nouveau monde de Marie Benguedda, au profit de l’association Foll’avoine

« Cette année, pour le 14 février, nous aimerions déclarer notre amour … à la planète » (Serge Barbuscia)  Et si notre conscience et notre âme nous parlaient ? Si elles nous disaient ce que nous devons faire pour changer notre société ? A travers des mots, très durs parfois, notre conscience et notre âme nous envoient un cri d’alarme dans cette pièce qui unit à la fois la voix, la danse, la musique, le visuel pour nous alerter, nous choquer, nous sensibiliser, nous charmer, nous émouvoir. « L’association Follavoine existe officiellement depuis 2009. Son objet principal est la défense et la protection de la biodiversité et des terres agricoles.

Jeudi 5 MARS – 20h THE PO BOYS Traditional blues

Le trio joue ce Blues rural qui prend sa source dans le Delta du Mississipi, jusqu’au Blues électrique de
Chicago.Influencé par le Gospel et les chants de travail, il reprend sur scène des compositions et des reprises
de titres qui ont marqué l’histoire de cette musique.

Dimanche 15 MARS – 16h  LA GRAINE de Thomas Daviaud et Ursula Burkhad – Spectacle Jeune Public – Tout public

Dans un petit nid de verdure, une graine germe doucement, pensant se trouver dans un lieu magique de transformation des couleurs.

Vendredi 27 MARS   – 20h30 GHARNATA dans le cadre du 19e festival ANDALOU organisé par l’Association Andalouse Alhambra

Jeudi 9 AVRIL  – 19h L’Affaire CROCHETTE de Jean-Noël Jeanneney

Dans le cadre des lectures du festival des Universités Populaires du Théâtre. L’auteur sera présent au Théâtre du Balcon pour une lecture théâtralisée suivie d’un débat ouvert avec le public.

Samedi 16 MAI – 20h  Dimanche 17 MAI – 16h  CARMEN avec Octavio de la Roza, Camilla Colella  

Le nouveau spectacle de la Compagnie Almamia Danse Project relève le défi et met en scène une Carmen inédite, un pas-de-deux passionné et tragique conçu par le génie créatif du chorégraphe Mauro Bigonzetti, ancien directeur du ballet de La Scala de Milan.

Vendredi 5 juin – 20h Samedi 6 juin- 20h Le fond de l’air est rouge 

Danseurs : Manon Paprotnich et Nadir Benlala/Chorégraphe : Alexandre Lesouëf (Distribution en cours)

Qu’est-ce qui nous anime, en tant qu’Homme? Qu’est-ce qui nous change, qu’est-ce qui nous transforme? Les liens entre les hommes, le rapport à l’animalité sont intrinsèques à la définition de la vie, de l’existence de toute chose. Comment définir celui-ci, entre la lutte, la force, le combat et l’énergie puissante des peuples en mouvement? Une nouvelle résistance pour transgresser les attentes, les obligations des corps, des états. Inventer cette danse, la danse de l’homme pour dire présent, pour inventer sa résilience et l’abandon. Danser face à face avec son humanité, son animalité. Transformer notre force, en faire un tableau vivant. Danser pour trouver la force, la façon, la vie ou la tendance, parce que ça pourrait changer le monde…

Danielle Dufour-Verna

Crédit photo DR

Deux rien par la Cie Comme si

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Danse contemporaine et théâtre gestuel tout public/durée 1h

Avec Clément Belhache et Caroline Maydat

Vu le 17 juillet au théâtre des LUCIOLES  10, rempart Saint Lazare, Avignon off 2019

Ce duo clownesque raconte des moments de vie de deux SDF : ces derniers trompent la faim et la solitude, le temps et l’ennui en s’occupant comme ils le peuvent.

Un plateau nu, un rideau et un banc avec deux personnages, l’un couché dessus, l’autre dessous, qui se réveillent… Le public est là qui attend le début du spectacle, les deux personnages intrigués observent les spectateurs, viennent s’installer parmi eux, puis retournent sur la scène comprenant que ceux sont eux les protagonistes de l’histoire. Le ton est ici donné : « Deux rien » est un spectacle qui se veut interactif. Les comédiens-danseurs prendront à parti à plusieurs reprises le public, demandant à une petite fille de les rejoindre pour une partie de jeté de bonnet ou encore interpellant le public en lui lançant le même bonnet, l’interrogeant du regard, tentant de « jouer » avec lui.

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Nos deux rien entrainent le public dans leur quotidien fait de jeux enfantins : courses poursuites, cache-cache, concours de grimaces, bataille rangée, banc musical à défaut de chaises musicales, voire jeux de « guerre » avec le bonnet devenu dans leur imagination bombe. Ils s’amusent, se chamaillant, se chicanant, se boudant, se réconciliant comme tout enfant jouant avec trois bouts de ficelles, leur créativité faisant le reste.

Ici, Clément Belhache offre à découvrir un personnage clownesque savoureux, à la fois tendre et taquin, à la démarche dégingandée, le dos légèrement courbé, les mains ballantes quand elles ne veulent pas fuir ce corps trop grand, le regard doux et naïf. Il est émouvant quand il croit sa copine de jeu morte et la prend dans ses bras et fait preuve d’une gestuelle précise dans ses mouvements : il se révèle excellent mime, faisant semblant de découvrir une pièce dans son bonnet. Qui plus est, il tient son personnage de bout en bout même lors des passages dansés (notons ici sa souplesse étonnante en tant que danseur). A contrario, Caroline Maydat tend hélas à perdre son clown lorsqu’elle danse. Garçon manqué à la démarche vive, défiant son ami d’un regard provocateur, elle se joue de son acolyte sans vergogne. Un véritable enfant terrible, dirions-nous !

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Côté mise en scène, nous assistons à de jolies trouvailles : la scène où le banc apparait et disparait de chaque côté du rideau, chacun tentant de le tirer à lui, est délectable (jouant sur un comique de répétition efficace). Le moment où le rideau se transforme en voile de bateau est également fort bien amené avec une mention spéciale pour les effets de lumière et les bruitages, venant fort à propos. Nous sommes en pleine tempête, le bateau tangue. Le public se laisse aisément emporté dans ces moments burlesques où les deux clowns s’amusent au dépend l’un de l’autre (la scène du banc musical ou encore quand ils s’embrassent en grimaçant de dégout, deux scènes à la fois drôles et très justes) mais la danse tend à prendre trop le pas sur le théâtre gestuel : nous nous attendions ici à un équilibre plus subtil entre théâtre gestuel et danse contemporaine. Et bien qu’ils soient tous deux excellents danseurs, que leur mouvement soit précis et juste, la chorégraphie tend à être trop répétitive avec les mêmes gestes de mains tremblotantes réitérés à l’envi, les mêmes pas de danse et ainsi de suite.

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Ce jeu sur la répétition à l’identique des mêmes mouvements dansés est certes plein de sens – à chaque nouvelle journée, la faim omniprésente les tenaille, leur rappelant le drame de leur situation- mais d’une durée et d’une fréquence trop excessives, cette répétition tend à provoquer un effet paradoxal : l’empathie que nous pouvons ressentir pour les deux personnages se dissout dans la performance que nous admirons chez les deux artistes. De plus, même si les jours se suivent, ils ne se ressemblent pas en tout point, en atteste la multiplicité de leurs jeux et l’inventivité dont ils font preuve pour tromper le temps et cette faim…

Néanmoins, cette création qui raconte le quotidien de deux solitudes faisant un bout de chemin ensemble sur la route escarpée de la vie a le mérite de parler d’un sujet grave de façon ludique avec humanité et poésie. Elle nous interroge, à savoir comment traversons-nous la vie, comment affrontons-nous ses vicissitudes, comment pouvons-nous l’éclairer d’un rayon de soleil et de joie ? Diane Vandermolina

copyright photos: Gilles Dantzer

Clôture de la cuvée 2019 du festival LES NOCTURNES SAINTE-VICTOIRE

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Un festival captivant pour un succès retentissant

C’est à un voyage aux mille et une nuits que le Festival Les Nocturnes Sainte-Victoire a convié le public pour son clap de fin, un véritable feu d’artifices de talents conjugués qui ont subjugué et transporté d’enthousiasme les quelques quatre cent trente personnes présentes en ce dernier soir. Le ciel étoilé du Château des Remparts de Trets, les murs de l’enceinte, la pâle clarté de la lune, les jeux de lumière subtils, tous éléments propices à un fabuleux voyage ! Alexandra Lescure, merveilleuse Shéhérazade, et Etienne Kippelen, les deux directeurs artistiques, ont proposé pendant six soirées les plus beaux des contes qui se puissent entendre : ceux de la musique, du chant et de la danse : 6 concerts – dégustations exceptionnels, 4 sites enchanteurs face à majestueuse et mythique montagne de la Sainte-Victoire et des artistes exceptionnels.

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Après l’immense succès d’André Manoukian et de China Moses le 2 juillet pour l’ouverture du festival et les quelques 700 personnes sur les gradins, les spectateurs ont ovationné, le 4 juillet, le spectacle époustouflant du chanteur et comédien YanowskiLe Cirque des Mirages.  Le grand Bruno Rigutto, orfèvre du piano, a poursuivi  l’enchantement avec les Nocturnes de Chopin précédé en fin de matinée par un spectacle jeune public ‘L’école de Mozart’, donné à 11h, par et pour des enfants. Le 9 juillet, même Shéhérazade ne serait pas parvenue à repousser les nuages. Mais qu’à cela ne tienne, les princes et princesses détiennent des pouvoirs infinis. Le concert ‘Le violoncelle romantique’ ne pouvant se tenir au théâtre de verdure de Peynier,  c’est dans la splendide salle des fêtes de Peynier que le miracle a eu lieu. Les doigts magiques d’Olivia Gay au violoncelle et d’Aurélien Pontier au piano se sont emparés de l’âme des spectateurs. La salle bondée a bu, dans un silence de cathédrale, un programme romantique délicieusement interprété. Pour l’avant dernier concert, le 10 juillet, les murs du château ont assisté à la mort de Carmen dans les bras de José. ‘Carmen au Château’, éblouissant rendez-vous lyrique, vibrant d’émotion, entre un ténor, Luca Lombardo, une mezzo, Catherine Bourgeois, une soprano, Alexia M’Bassé, et le pianiste Pierre Laurent. Un spectacle enlevé, trépidant, enivrant les spectateurs, une fois encore, soulevés de bonheur.

Un final en apothéose : ‘La Nuit de l’Orient’

Les spectateurs qui, comme moi, ont eu le bonheur de voir plusieurs des concerts de ce festival, peuvent témoigner avec ferveur de celui du 12 juillet. ‘La Nuit de l’Orient’, a clôturé le festival dans la liesse générale. Quels adjectifs employer pour décrire la beauté, la splendeur de moments si intenses qu’on les eût voulus éternels ! Entre classicisme et modernité, la fascinante chanteuse tunisienne  Dorsaf Hamdani interprète des voix de légendes : Fairouz, Oum Kalsoum et Asmahan. Très célèbre, musicologue, cultivée, Dorsaf rayonne sur scène. Sa voix superbe –elle a le timbre unique des immenses chanteuses du Maghreb- pénètre les corps, résonne en chacun, charme, ensorcelle. Pour l’accompagner, Ramzi El Mabrouk au piano, Khalil Chekir au Kanoun et Saifeddine Helal aux percussions, musiciens admirables, permettent aux néophytes la découverte d’une très belle musique et d’instruments orientaux joués avec dextérité.  Devant la chanteuse, et durant tout le spectacle deux merveilleuses danseuses orientales, Nathalie Diebold et Karine Ghalmi, captivent le regard. Leurs gestes lascifs, leurs costumes somptueux, leurs voiles transparents, légers, sibyllins, irréels, envoûtants, ceignent chaque spectateur, ajoutent au charme puissant, au pouvoir surnaturel de cette soirée hors du commun. Des lutins joueurs auraient-ils ajouté quelque philtre magique aux vins offerts en prémisse à la soirée ? Le public retient son souffle. Le plaisir est total. Mais la féérie ne devait pas s’arrêter là !

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Avec Lévon Minassian et son doudouk virtuose, c’est l’Arménie millénaire qui se dresse sur scène, l’Arménie aux parfums de miel et d’abricot, l’Arménie des chaumières et des steppes, l’Arménie où les pierres hurlent encore au génocide, l’Arménie des glaïeuls et des muscaris bleus. Le son du doudouk de cet artiste international est à nul autre pareil, une complainte, une voix, un appel, un songe éveillé. Après l’inoubliable Mayrig, et d’autres morceaux rares, Lévon Minassian interprète le sublime ‘Prière pour l’Humanité’, tirant, au sens propre, des larmes aux spectateurs : une charmante touriste étrangère, assise devant moi, se reconnaitra. Pour accompagner Lévon Minassian, un musicien à part entière : Serge Arribas. Au synthétiseur ou au piano, Serge Arribas magnifie le doudouk. Il y ajoute, avec le ravissement des accords, la profondeur de la mer, les vagues mourant sur le sable, le soleil teintant de rouge le sommet du mont Ararat. Le doudouk pleure, sourit et se souvient, les danseuses tournoient autour des musiciens, les yeux des spectateurs sont autant d’étoiles.  Pour terminer le concert, les artistes rassemblés ont improvisé un air qui avait la nostalgie de l’au-revoir mais le goût du bonheur.

Des dégustations-buffets haut de gamme

 

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 Traiteur ‘La Fourchette d’Anna’ atelier Mozzarella di Bufala

Avant chaque concert, de véritables agapes ont séduit les papilles du public : Trois traiteurs, des dégustations haut de gamme, des ateliers ‘comté’ ou ‘ mozzarella di bufala’ … et des nectars divins. Ici, les personnes se côtoient, échangent, sympathisent, trinquent entre elles. C’est cela le Festival Les Nocturnes Sainte-Victoire. Un festival qui allie culture, convivialité, plaisir des sens. Un festival raffiné où le prix modique du billet –à la surprise quasi générale- comprend le buffet avant spectacle. Au final un festival épicurien qui rassemble !

A l’année prochaine….

Les Directeurs du festival, émus, ont remercié les spectateurs, la Présidente, les bénévoles, les équipes, les traiteurs, les artistes, les maires de Peynier et de Trets, les partenaires, donnant à tous rendez-vous à l’année prochaine.

Une jolie fillette –la plus jeune des bénévoles-, cheveux longs bruns, vêtue à l’orientale d’une belle robe blanche laissant découverte une petite épaule enfantine, a remercié Alexandra Lescure, Etienne Kippelen et les bénévoles. Petite artiste et musicienne en devenir, Ava, par sa candeur, a ravi l’assemblée. Il est vrai que l’avenir appartient aux enfants. Avec le talent oratoire et le sourire d’Ava, petite ambassadrice de cette édition particulièrement réussie, le Festival les Nocturnes Sainte-Victoire a de belles années devant lui.

Danielle Dufour-Verna

Photos de Benjamin Arragon

Kuo Shin Chuang Pangcah Dance Theatre: 038

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Danse/dès 6 ans/40min              

A 14h25 jusqu’au 28 juillet – Relâches : 10, 17, 24 juillet AU THEATRE DE LA CONDITION DES SOIES 13, rue de la Croix 8400 – Avignon/Réservations +33 (0)4 90 22 48 43 /Tarifs : Abonné 11 €/Plein tarif 16 €/Enfant (moins de 12 ans) 8 €/ Jeune abonné.e 12/25 ans – 22/28 juillet 10 €

Chorégraphe : Kuo-Shin CHUANG

Interprète(s) : Yi-Fan KAO, Iciyang NAMOH, Ti HUNG, Chih LIN, Sawmah KAROH, Yu-Yuan WANG, Jing-Ru WU

Directrice adjointe : Ching-Hui CHENG

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Crédit photos HUANG Wan Chen  黃婉甄© Centre culturel de Taïwan à Paris

Cette création questionne le rapport au pays natal, notamment lorsque les Pangcah ayant gagné la capitale rentrent chez eux à Hualien et retrouvent leur ethnie dans l’Est. Elle questionne également le rapport à la patrie, le sentiment d’appartenance, et la quête de soi, de son identité.

Le chorégraphe offre ici à découvrir un travail chorégraphique résolument moderne inspiré des danses traditionnelles et rituelles débarrassées de leurs stéréotypes : les mouvements sont certes ancrés au sol, on pourrait même parler d’une danse qui s’écouterait avec les danseuses qui martèlent le sol avec vigueur, mais leur gestuelle est très contemporaine avec ces mouvements tantôt rapides, tantôt lents, des ruptures nettes et précises… Pliés et dépliés des bras et du corps, têtes secouées et corps vibrants sous l’effet d’une transe, marches vives et répétées.

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Crédit photos HUANG Wan Chen  黃婉甄© Centre culturel de Taïwan à Paris

Des danseuses toutes de gris vêtues, au nombre de 5 puis 7, arrivent sur scène. Une voix off annonce le train pour Hualien. Ici, la mise en espace fait entrer le spectateur dans le vif du sujet : celui du retour chez soi, sa terre natale, avec tous les sentiments que procure ce retour : impatience, joie, sérénité.

A l’image de la foule qui s’amasse dans la salle d’attente pour attendre le train, elles amènent des chaises dans des mouvements vifs ne dissimulant pas l’impatience de leur attente. Les chaises deviennent wagons de train : les corps des danseuses sont ballotés à l’instar de ce train chahuté par les routes sinueuses qui jalonnent ce long trajet pour rentrer chez soi.

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Crédit photos HUANG Wan Chen  黃婉甄© Centre culturel de Taïwan à Paris

Puis c’est l’explosion de joie, l’exaltation de l’arrivée avec ces images projetées du pays natal, Mère nature à préserver, qui accompagnent la course effrénée des danseuses, leurs rondes joyeuses avant le calme, la jouissance de ce repos loin de la foule et de la vie citadine, plaisir délicat de cette fusion avec la nature harmonieuse dans un final tout en douceur et beauté où les danseuses forment une fleur qui éclot, bras dessus, bras dessous, mains dans les mains.

Cette création au travers de la fusion entre danse traditionnelle et danse contemporaine pose la question de l’identité et du sentiment d’appartenance à une entité taïwanaise multiculturelle chez les peuples aborigènes de l’île.

Saluons la prestation des danseuses qui offrent à découvrir un joli spectacle. Diane Vandermolina.

Crédit photos HUANG Wan Chen  黃婉甄© Centre culturel de Taïwan à Paris

Retrouvez notre interview de Kuo Shin Chuang.

Ce dernier nous parle de son travail chorégraphique résolument moderne inspiré des danses traditionnelles et rituelles débarrassées de leurs stéréotypes ainsi que du rapport au pays natal questionné dans cette création.

https://www.facebook.com/mprovence13/videos/323012061978100/

Interview Diane Vandermolina/Vidéo Paola Lentini

Remerciements à TSENG Hsin-Ya pour avoir servi d’interprète pour l’interview du chorégraphe de 038.

FESTIVAL LES NOCTURNES SAINTE VICTOIRE (2/12 juillet 2019)

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Féérie en Provence

Ceux d’ici savent ! Les milliers de touristes qui visitent notre belle Provence chaque été doivent à tout prix découvrir ce festival unique pour un prix défiant toute concurrence. Alexandra Lescure et Etienne Kippelen en sont les maitres d’œuvre : Les Nocturnes Sainte Victoire marient délicieusement musique, chant, danse, gastronomie et lieux magiques. Imaginez :

Les Buffets-Spectacles

Aux prémices du concert, un grand buffet dînatoire à volonté inclus dans le prix du billet vous sera proposé dès 20h par le traiteur et servi par les hôtes et hôtesses des Nocturnes Sainte-Victoire. Une dégustation de vins de la Sainte-Victoire est également offerte à chaque spectateur. En cas d’entracte, l’espace boissons est ouvert à nouveau, afin de prolonger la convivialité au cœur de l’émotion musicale.

Quatre sites enchanteurs au pays de la Sainte-VICTOIRE

-le Château des Remparts  Boulevard Etienne Boyer 13500 TRETS

-Le Jardin des Remparts  Boulevard Vauban 13500 TRETS

-Le Théâtre de Verdure La Garenne 13790 PEYNIER

-La Chapelle Saint-Pierre  Chemin de Saint-Pierre 13790 PEYNIER

Les étoiles commencent à parsemer la voûte céleste. Sur scène le spectacle bat son plein. Un lointain parfum de pin, de lavande, un zéphyr comme un léger voile pour faire oublier la chaleur du jour, le moment est unique, magique, précieux.

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20 ARTISTES INTERNATIONAUX

S’il ne reste plus aucune place pour le concert qui ouvre le festival le mardi 2 juillet avec André Manoukian et China Moses, un conseil, précipitez-vous pour réserver sur les autres dates pour l’instant disponibles :

 Jeudi 4 Juillet 2019 20h15 Jardin des Remparts – Boulevard Vauban – 13530 Trets : YANOWSKI et LE CIRQUE DES MIRAGES CABARET ET CHANSONS A TEXTE

Deux ans après son triomphe aux Nocturnes, Yanowski revient sur la scène trestoise, flanqué de son acolyte, le pianiste de jazz Fred Parker. Son nouveau spectacle « Delusion Club » nous fait vivre des expériences poétiques licencieuses dans une ambiance de cabaret fantastique. Avec un sens aigu de la rime et du rythme, Yanowski, géant à la voix de stentor façon Jacques Brel, nous conte ses histoires poétiques, satiriques, érotiques ou fantastiques. C’est la fragilité de notre condition humaine que ce nouveau « Cirque des Mirages » donne à entendre, convaincu que le rêve finit toujours par se heurter à la réalité.

CULTURE BOX : « Un talent vocal et une musique exceptionnels, au croisement du Requiem et du cabaret, salués en Avignon par trois standing ovations. Hallucinant !

Dimanche 7 Juillet 2019 20h15 Chapelle Saint-Pierre – Chemin de Saint-Pierre – 13790 Peynier: BRUNO RIGUTTO – LES NOCTURNES DE CHOPIN

Bruno Rigutto cisèle le son comme un orfèvre taille ses joyaux. Mélange de poésie, de sensibilité et de raffinement, son toucher se marie à la perfection avec Chopin, dont il a choisi aujourd’hui d’interpréter dix-huit Nocturnes, hymnes romantiques à la rêverie et à la déambulation. De Samson François dont il fut l’un des rares disciples, l’un de nos meilleurs pianistes français a hérité de la souplesse du phrasé et le sens de la liberté, si précieuse à l’écoute de Chopin. Sous la Sainte-Victoire étoilée, au coeur d’un écrin enchanteur, la douce mélodie des Nocturnes fera résonner les pierres séculaires de la Chapelle Saint-Pierre.

FRANCE MUSIQUE : « Tant de tact, de classe et de délicatesse font de Bruno Rigutto un authentique aristocrate du coeur et de l’esprit ». (Olivier Bellamy).

Mardi 9 Juillet 2019 20h15 Théâtre de verdure – La Garenne – 13790 Peynier : OLIVIA GAY & VANESSA WAGNER – LE VIOLONCELLE ROMANTIQUE

Invitée des plus grands festivals depuis près de 20 ans, la pianiste Vanessa Wagner surprend par son toucher à la fois virtuose et velouté. Ce soir, elle se produit en duo avec la violoncelliste Olivia Gay, dont le premier CD vient d’être encensé par la critique. Au menu, un programme 100 % romantique, composé de sonates de Schubert et de Brahms, rehaussé des pittoresques Pièces dans le ton populaire de Schumann, avec, pour finir, la très brillante Rhapsodie hongroise de Popper, qui mêle la fougue tzigane au lyrisme intense du violoncelle.

LE MONDE : « Vanessa Wagner est la pianiste française la plus délicieusement singulière ».

Mercredi 10 Juillet 2019 20h15 Château des Remparts – Boulevard Etienne Boyer – 13530 Trets : CARMEN AU CHATEAU – SPECTACLE LYRIQUE

C’est l’histoire d’un rendez-vous entre un ténor, une mezzo et un soprano sous les remparts de Trets, qui décident de raconter l’histoire trépidante de Carmen à travers ses plus beaux airs. Après une mise en bouche espagnole composée d’intermèdes pianistiques et de mélodies de Granados, Falla et Turina, ce spectacle festif consacre un opéra de cœur  et de chair, encanaillée par les airs d’inspiration ibérique. Autour de Luca Lombardo, Alexia M’Bassé et Catherine Bourgeois, accompagnés par les doigts experts de Pierre-Laurent Boucharlat, enivrez-vous de la Séguedille, claquez du pied en rythme avec le fier Toréador, vibrez d’émotions avec Micaela et chaloupez en famille le temps d’une Habanera.

Catherine Bourgeois – mezzo
Alexia M’Bassé – soprano
Luca Lombardo – ténor
Pierre-Laurent Boucharlat – piano

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Vendredi 12 Juillet 2019 20h15 Château des Remparts – Boulevard Etienne Boyer – 13530 Trets: Sublime soirée de clôture du festival avec LA NUIT DE L’ORIENT – MUSIQUES ET DANSES ORIENTALES (à réserver sans réserve)

Nous le savons, tous les plaisirs ont une fin. En attendant l’été prochain, la clôture du festival promet une soirée-feu d’artifices à ne surtout pas manquer. Les talents ici réunis transporteront les spectateurs dans une féérie orientale dont la vue et les sons pénètrent l’âme. 

Véritable star dans son pays, la chanteuse tunisienne Dorsaf Hamdani et son trio de musiciens nous entraînent sur les rives envoûtantes du « malouf », un genre de mélodies orientales langoureuses et poignantes qui fleurent bon le soleil, le sable et le camphre. Sublimée par la chorégraphie originale de Nathalie Diebold et Karine Ghalmi. la voix marbrée de Dorsaf Hamdani offrira un sublime contrepoint au doudouk, cet instrument à vent d’Arménie joué par notre invité, l’envoûtant Levon Minassian, dont les solos complètent cet exquis panorama de l’Orient, composé en exclusivité pour les Nocturnes Sainte-Victoire.

Dorsaf Hamdani – chant

Levon Minassian – doudouk
Saifeddine Helal – percussions
Ramzi El Mabrouk – kanoun
Khalil Chekr – piano
Nathalie Diebold et Karine Ghalmi – danse

Fantastique Festival, unique en son genre, Les Nocturnes Saintes Victoires sont culture, passion, excellence et féérie.  

Danielle Dufour-Verna

SOURCES PROGRAMME DU FESTIVAL

RESERVATIONS 04 95 83 93 48 lesnocturnessaintevictoire.fr [25]

Gravité, création 2018 du ballet Preljocaj

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PRELJOCAJ Transgresse la loi de la ‘GRAVITE’

  au Théâtre National de la Criée – Marseille (présenté du 3 au 6 avril 2019)

« La loi universelle de la gravitation ou loi de l’attraction universelle, découverte par Isaac Newton, est la loi décrivant la gravitation comme une force responsable de la chute des corps et du mouvement des corps célestes, et de façon générale, de l’attraction entre des corps ayant une masse… » Si Angelin Preljocaj s’insurge contre la pesanteur et en joue, elle aura gain de cause, inévitablement !

Le Théâtre de la Criée a accueilli en avril 2019 le ballet de l’immense chorégraphe pour son spectacle Gravité, sa dernière création, présentée pour la première fois à la 16e Biennale de Lyon.

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Photo @France3 RA

En noir et blanc !

Le rideau s’ouvre sur douze corps mêlés. Le blanc des membres tranche avec les maillots de corps noirs et l’obscurité qui les encercle. Les danseurs se redressent peu à peu, liés, déliés, séparés, groupés, penchés, courbés, pour former une sphère parfaite en rotation qui ondule par vagues, au gré d’une musique qui colle à leurs peaux. La terre ? Une planète ? La naissance de l’humanité ? Ne surtout pas détourner le regard, ne rien perdre de l’ensemble, voir et entendre ! La respiration des spectateurs est suspendue aux gestes des danseurs, suspendue à la musique, aux silences. C’est féérique !

C’est du Preljocaj et c’est sublime !

On ne présente plus Angelin Preljocaj.
Danseur et chorégraphe français de danse contemporaine, son travail est très imprégné de l’histoire des ballets classiques, mais est, néanmoins, résolument contemporain. Après une période d’étude auprès de Merce Cunningham à New York, en 1980, il rejoint la France et travaille avec la compagnie Quentin Rouillier et la chorégraphe américaine Viola Farber. En 1982 il est engagé comme danseur dans la compagnie de Dominique Bagouet. En 1985, il crée sa propre compagnie. Ses créations tournent régulièrement dans le monde entier et sont reprises au répertoire de nombreuses compagnies. Depuis la création de sa compagnie, Angelin Preljocaj a créé 45 chorégraphies, du solo aux grandes formes. Ses créations sont reprises au répertoire de nombreuses compagnies et certaines de ses chorégraphies figurent au répertoire du Ballet de l’Opéra national de Paris. Le Ballet Preljocaj est installé depuis 2006 au Pavillon Noir, à Aix-en-Provence, lieu entièrement dédié à la danse. 

‘Gravité’

Entre classique et contemporain, avec des incursions dans les pas de danse folklorique, 13 danseurs magnifient l’espace. Bruitage, musiques, Bach, Daft Punk, Chostakovitch, Philip Glass, Xenakis, 79Dmusique techno pour terminer en apothéose sur le boléro de Ravel, les accompagnent. Cosmos… danse tribale… l’amour… la mort… la fin des temps…. Des voix venues de l’espace en langue russe, puis en américain… Et une élégance dans les mouvements, une synchronisation, un talent qui relève du génie. Que ces danseurs sont beaux, légers, aériens ! La gravité les retient, l’espace les attire. La musique les propulse, les articule, les désarticule, les pétrit : pointes, grands-écarts, arabesques. Le chorégraphe magnifie la danse. Grandiose !

Les danseurs sont littéralement ‘habités’, déniant leurs corps et la pesanteur, fascinants, prodigieux, inouïs, divins. divins et profanes ! Cette totale alchimie, cette transgression à la loi de l’univers, cet envoûtement, un sortilège? 

Les costumes du russe Igor Chapurin, styliste et collaborateur du Bolchoï, qui cisèlent avec finesse les corps de noir ou de blanc et la précision subtile des lumières d’Eric Soyer participent de l’enchantement.

Angelin Preljocaj explique le ballet en ces termes : « La gravitation est l’une des quatre forces fondamentales qui régissent l’univers. Elle désigne l’attraction de deux masses. Elle est invisible, impalpable, immanente. C’est pourtant elle qui crée ce qu’on appelle la pesanteur. Depuis des années, les notions de poids, d’espace, de vitesse et de masse ont traversé de façon intuitive ma recherche chorégraphique. Le travail au quotidien avec les danseurs m’amène à expérimenter des formes dont les composantes fondamentales tournent autour de cette question à la fois abstraite et terriblement concrète. Fidèle à un principe d’alternance entre les pièces de recherche pure et des ballets plus narratifs, j’attends de cette problématique de la gravité qu’elle m’ouvre de nouveaux espaces d’écritures. »

Magique

Quand le Boléro de Ravel a terminé son enroulement, sa révolution, tous s’affaissent lentement sans rien perdre de ce lien qui soude les êtres humains entre eux. Les atomes de l’univers se referment alors sur les  corps à nouveau étendus à même le sol. Tout est dit. Le rideau se ferme. Aucun mot n’est assez fort, rien ne peut traduire la magie.

Le public du Théâtre de la Criée plein à craquer est debout. Il exulte et laisse aller cette émotion qui l’a étreint si fort. C’est un véritable triomphe pour les treize danseurs et leur chorégraphe.

Danielle Dufour-Verna