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Gender Matters à Marseille, chronique d’un succès public – chapitre 1

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Exploration Poétique des Genres et de la Tolérance : Le Triomphe d’Human Constellations’ à Marseille

Du 8 au 12 août dernier, le regard du badaud était attiré par un grand Bus noir stationné sur le Bas de Canebière. Des barrières Vauban entouraient le Bus et la petite scène constituée sur son flanc droit.  Une centaine de chaises déposées attendaient patiemment les spectateurs. A côté, un petit chapiteau blanc servait de loge pour les artistes. Montage de la scène et du matériel technique, remplissage du groupe électrogène… Un balai de techniciens et d’artistes s’affairaient le 9 août aux vues et aux sus de tout un chacun depuis le matin.

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Des Préparatifs Intenses : De la Scène au Public

Puis, ce fut l’heure de la mise en place des chaises pour la conférence de presse prévue en fin de journée. Le Bus Theater accueillait journalistes et élus pour leur présenter le projet Gender Matters, un projet européen financé par Creative Europe porté par 4 compagnies – venant d’Italie (Sciara Progetti et Bus Theater) du Portugal (Teatro Metaphora) et de France (Compagnie Duanama) – dont la dernière escale avait lieu à Marseille, un mois après la tournée qui leur fit traverser l’Italie, la Pologne et l’Allemagne. Un joli moment sous le regard de curieux ébahis. Mais que se passe-t-il donc ?

Après la conférence, voici venu, la nuit tombée, le temps des ajustements lumière et son, des répétitions devant un public amassé et curieux de savoir ce qu’il se tramait là. Derniers filages avant la représentation du spectacle « Human Constellations » par les artistes du Bus Theater, prévue le lendemain à 21h. Rendez-vous était pris, les réservations affluaient, par téléphone, par texto, sur site, in situ. Quelques ajustements pratiques et tout fut prêt le jour J pour la représentation.

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Le 10 août, 20h30… Le public afflue de toute part, tout le monde ne pouvait trouver de siège, priorité aux réservations et aux personnes en situation de handicap ou du bel âge. Quant aux autres, compréhensifs, ils s’amassaient derrière les barrières, de part et d’autre du bus, débordant du trottoir et s’agglutinant autour des rares espaces libres, sur les bancs. Des marseillais de tous les villages, des touristes finlandais, anglais, ou asiatiques, des grands-mères en vacance venant de Martinique et des îles, des mamans avec leurs enfants de tout âge, des groupes d’adolescents, des familles entières, des jeunes hommes et des jeunes femmes… Un public métissé, éclectique, multiculturel à l’image de Marseille, était venu en nombre assister au spectacle dont le thème aurait pu en faire fuir plus d’un.

« Human Constellations » : Naissance et Mort, Genre et Violence Poétiquement Explorés

Car « Human Constellations » parle de la Vie et traite des violences faites aux femmes et des violences de genre. Avec poésie et fantaisie, onirisme et douceur, nous suivons le parcours de quatre êtres de leur gestation quand ils n’étaient pas encore déterminés par leur sexe, fœtus au long manteau unisexe et à la tête en forme de cœur, à leur disparition symbolisée par une bougie qui s’éteint tout doucement, paisiblement, lorsque tous cheminent sur le toit, passant le témoin aux générations futures.

On assiste à leur naissance lorsqu’éclate le ballon-cœur, à leur découverte de la sexualité et de leur genre : ces jeunes êtres innocents s’amusent à se déguiser et se travestir mais le monde les rattrape. On y voit une femme maltraitée par son mari ; un homme en jupe malmené par un groupe de jeunes. En explorant les dynamiques de groupe et les relations humaines, le spectacle montre de façon métaphorique et imaginative l’effet d’entrainement du groupe sur l’individu, l’effet pervers des médias qui n’ont de cesse de couper la parole à leur invité (un moment ironique savoureux et drôle à souhait), les jeux, amitiés et flirts entre les membres d’un même groupe.  

Le spectacle visuel et presque sans parole mêle acrobaties, breakdance, manipulation d’objet, chorégraphies contemporaines, théâtre physique sur fond de gros son électro et d’airs d’opéras italiens avec une transformation à vue des comédiens-artistes ; tout l’espace du bus, in and out, top and down, est judicieusement utilisé de manière créative, donnant lieu à des images visuellement frappantes. Accompagnés par une création lumière efficace et subtile, chacun des artistes de la compagnie maitrise son art et l’ensemble est magistralement incarné, avec une mention spéciale pour Pimenta à la gestuelle d’une précision incroyable et Ilaria dont le jeu avec le manteau -lorsque la femme rencontre son amour- et les acrobaties sont fort bien exécutés.

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Un Public Curieux et Attentif : Réaction et Témoignages éloquents face aux Thèmes Audacieux abordés

Un très beau spectacle, de grande qualité et de très haut niveau largement plébiscité par le public, 400 personnes applaudissant à tout rompre, certains réclamant un bis comme dans les concerts. Le bonheur était palpable, la joie irradiait des visages des spectateurs. Tout d’abord surpris par la thématique, voire choqués pour quelques-uns, ils se sont laissés porter par cette rêverie et de l’aveu de certains, repartis heureux d’avoir été gentiment bousculés dans leur certitude et n’est ce pas la magie du théâtre, du spectacle vivant, que de susciter la réflexion chez le spectateur, remettre en question ses idées reçues, ses croyances, et lui ouvrir une porte vers plus de tolérance et de compréhension, d’acceptation de l’autre sans jugement ?

Je finirais en citant les mots d’une spectatrice radieuse, peu habituée au théâtre qui a été touchée par la poésie du spectacle et sa manière imaginative d’explorer la thématique : « au début, j’étais perturbée mais en fait, pourquoi un homme ne peut pas mettre une jupe ? Il faut accepter l’autre sans le juger. Ce spectacle me donne aussi beaucoup à réfléchir sur les violences faites aux femmes : on doit agir, nous, les femmes, pour empêcher ça, toutes ensemble ». Ce spectacle porte un message de paix et d’amour, de solidarité, qui a porté ses fruits. Cet événement artistique a réussi à aborder des thèmes complexes de genre et de violence avec créativité et sensibilité, suscitant des réflexions et des émotions parmi les spectateurs. Un triomphe et une réussite indéniable que ce premier chapitre de l’escale marseillaise du Gender Matters.

Pour les performances du lendemain, qui suivirent les visites du bus de l’après-midi – où chaque petit groupe est ressorti, émerveillé devant tant d’ingéniosité dans la modulation de l’espace intérieur et son aménagement- , nous laissons la plume à notre collaborateur, Yves Bergé. Diane Vandermolina

Crédit photo: DVDM

Un Souper Stratégique : Talleyrand, Fouché et l’Avenir de la France

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Présentée fin juin à la Divine Comédie de Marseille et interprétée par Francis Piet-Lataudrie et Jean Monatte, « le Souper » est une pièce de théâtre en un acte de Jean-Claude Brisville, écrite en 1989 d’après la biographie de Fouché par Stefan Sweig. La pièce met en scène Talleyrand, prince de Bénévent et ministre des Affaires extérieures sous le Premier Empire, et Fouché, duc d’Otrante et ministre de la police dans plusieurs gouvernements. Elle se déroule à Paris le 6 juillet 1815 à minuit, dans l’hôtel particulier de Talleyrand (également nommé hôtel de Saint-Florentin). Au cours de ce souper, c’est de l’avenir politique de la France et des deux hommes dont il s’agit.

Pitch

1815, la bataille de Waterloo est terminée et perdue. Après l’exil de Napoléon, Wellington et les troupes coalisées sont dans Paris. La révolte gronde. Trois semaines plus tard, en France, le pouvoir est vacant.

Fouché se rend à l’invitation de Talleyrand pour y parler affaires. Tous deux s’interrogent sur la nature du gouvernement à donner à la France. Dehors, des émeutiers sont contenus avec difficulté par le service d’ordre de la capitale. Durant le dîner, Talleyrand et Fouché, deux « faiseurs de rois », discutent de l’avenir du pays, et surtout du leur pour tenter de trouver une solution qui les remettra chacun dans leurs fonctions respectives de Ministre des Affaires Etrangères et de Premier Policier. Aucun des deux ne peut agir sans l’autre. Fouché pense qu’il faut revenir à la république.

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Pour Talleyrand, il faut restaurer les Bourbons ; mais pour cela, il a besoin de l’appui de Fouché, président du gouvernement provisoire, qui contrôle la ville de Paris. Ce fin souper avec ses mets succulents servis par Jean, le valet de Talleyrand, est ainsi l’occasion de convaincre Fouché que le retour de Louis XVIII sur le trône est la seule bonne solution. Entre deux plats, les deux hauts dignitaires révèlent – à demi-mot – leurs crimes, leurs trahisons, leurs intrigues. Commence alors une négociation, à la manière d’une passe d’arme, entre deux hommes puissants qui se détestent mais que les circonstances historiques condamnent à s’entendre. Il s’agit ici de rester, donc de s’allier. Malgré tout ce qui les oppose et qui devrait les faire échouer, leur alliance leur permettra d’avancer, du moins pendant un certain temps.

Un souper fictif inspiré d’une véritable rencontre

Ce souper entre ces deux personnages historiques perfides qu’étaient Talleyrand et Fouché est imaginaire, mais nombre de répliques ont été dites réellement par les deux hommes à des moments de leur vie, dans des situations similaires. Talleyrand aurait en secret invité Fouché à dîner avec lui dans son hôtel particulier à Paris… un 6 juillet 1804 à Paris. A cette époque, suite au coup d’État du 18 Brumaire en 1799, Napoléon Bonaparte venait tout juste d’être proclamé empereur sous le nom de Napoléon Ier.

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Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, un diplomate et homme politique français de grande envergure, avait été nommé ministre des Relations extérieures de Napoléon. Joseph Fouché, de son côté, était un homme politique et policier français qui avait un rôle important dans le ministère de la Police sous le règne de Napoléon. La rencontre entre Talleyrand et Fouché s’était déroulée dans un contexte de stabilité apparente sous le règne de Napoléon, après des années de chaos révolutionnaire, mais où subsistaient des tensions politiques et des aspirations divergentes.

Lors de ce souper, les deux hommes auraient discuté de la possibilité de renverser Napoléon et de restaurer la monarchie. Il est dit que Fouché avait des doutes sur la capacité de Napoléon récemment couronné à maintenir la stabilité du pays et envisageait un changement de régime. Cette rencontre témoigne des intrigues et des débats politiques qui animaient la France à cette époque charnière de son histoire.

Monarchie versus République 

Talleyrand prône le retour de la monarchie, Fouché voudrait un successeur républicain, pourquoi pas le fils de Napoléon. Talleyrand est fourbe, manipulateur, adepte de la diplomatie perfide. Fouché est froid, brutal, impitoyable (il a voté la mort du Roi). Ils sont tous deux de mauvaise foi, habiles dans leurs arguments. Il va ainsi falloir aux deux hommes créer de toutes pièces, et dans un temps record (le peuple gronde aux fenêtres et ne leur laisse, disent-il, que deux heures), rien moins qu’un gouvernement pour la France. République et Monarchie s’opposent ici sans merci dans un bain de diplomatie, à la fois fourbe et cynique, à l’origine bien souvent de toute politique.

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Réalisation

Sur fond de décors réalistes, la mise en scène intimiste, menée en temps réel, repose sur des éclairages alternant pleins feux, ondes rougeoyantes et lumière tamisée. Les bruits de foule scandés au balcon, lorsque Fouché entrouvre la fenêtre, viennent interrompre le souper et les palabres entre les deux hommes, attisant la peur de l’homme de loi et conférant suspens et rythme au déroulé de la pièce. Les rugissements de la foule laissent planer une pensée d’une mort proche, la mort d’un espoir pour le peuple qui se disperse à l’arrivée des violents orages s’abattant sur la capitale cette nuit-là. Son départ signe le début d’un accord entre les deux hommes et les révélations à venir sur leurs actes perfides.

La musique en fond, quant à elle, apporte une touche de mélancolie quand Fouché prend le portrait d’un parent guillotiné de Talleyrand : tombant le masque, ce dernier avoue au Premier policier déjà bien renseigné qu’il l’avait dénoncé pour sauver sa peau. Nous voilà ainsi dévoilées les manigances des deux hommes, chacun dans leur domaine, par goût du pouvoir. Et la pièce s’achève avec intelligence sur une voix off citant un extrait des «mémoires d’outre-tombe» dans lequel, Châteaubriand a écrit : «J’entrevis le Vice appuyé sur le bras du Crime». L’image finale où l’on voit les deux hommes immobiles sous une douche de lumière d’un rouge violacé est saisissante, troublante même : elle nous questionne sur la félonie intrinsèque au politique et à ses froids représentants ainsi que sur les espoirs dérisoires et vains d’un peuple dont les raisons de la colère sont ignorées, snobées, voire utilisées à des fins personnelles, si rarement entendues. Une interrogation encore d’actualité.  

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Interprétation

Outre le bonheur des répliques magnifiquement écrites et l’écriture ciselée et subtile de Jean-Claude Brisville, le jeu des deux comédiens principaux est juste et précis. Optant pour une direction d’acteur classique, le jeu est naturaliste : la diction avec ses phrases bien articulées permet de saisir toutes les nuances du texte et sa richesse grammaticale et lexicale, avec ses jeux sur la polysémie de mots et ses expressions savoureuses, ses sous-entendus et non-dits délicieusement amenés.

Le travail de diction réalisé met en valeur le récit car les acteurs sont ici au service de la plume de l’auteur, la gestualité des personnages et leur déplacement étant dictés par ce récit, sans fioritures même si par moments le plus jeune des acteurs, Jean Monatte, qui interprète Fouché se laisse emporter par sa fougue. Francis Piet-Lataudrie est, quant à lui, toujours aussi excellent dans le rôle de Talleyrand, subtil et perfide à souhait. Efficace, la pièce est un régal pour les oreilles et les spectateurs sortent ravis de cette représentation bien exécutée.

Bravo pour ce très beau moment de théâtre ! DVDM

Crédit photo: DVDM

Gender Matters, quand le geste est plus fort que les mots

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De la nécessité de combattre les discriminations

 

« Ensemble, nous pouvons créer un changement positif et œuvrer pour un avenir où les violences faites aux femmes et les discriminations de genre ne seront plus tolérées. » (Diane Vandermolina)

 

Gender Matters, Questions de Genre, ce projet ambitieux a été présenté à Marseille lors d’une conférence de presse non conventionnelle, devant un bus de type impérial, le Bus Theater, reconverti en théâtre.

 

Un projet humaniste

 

Les accents se mélangent : Ilaria, metteur en scène, dramaturge et comédienne, Monika, comédienne et gérante de la compagnie Duanama, Diane, journaliste, Paola, comédienne, Yuri, technicien et, très vite, un sentiment d’ouverture, de partage, de camaraderie, s’instaure car le projet artistique international financé par le dispositif Europe Créative de l’Union Européenne, s’il est audacieux, est avant tout humaniste. Il rassemble des partenaires culturels et artistiques de l’Italie, du Portugal et de la France dans le but de mettre en lumière les questions liées aux violences sexistes et de promouvoir le débat sur le genre. Si les accents se mélangent lors de la conférence, c’est par le geste, le regard, l’expression, que les artistes s’adressent au public lors des représentations participatives.  

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Coopération entre plusieurs compagnies

 

Il est nécessaire de sensibiliser les jeunes aux violences faites aux femmes. Pour combattre plus efficacement les violences sexistes, le problème doit être abordé sous tous ses angles. ‘Malanova’ est un monologue poignant relatant l’histoire vraie d’une jeune femme italienne victime d’abus pendant des années. C’est de cette histoire que le projet s’inspire. Gender Matters est le fruit d’une coopération entre plusieurs compagnies renommées telles que Sciara Progetti Teatro, Bus Theater, Teatro Metaphora et la compagnie Duanama.

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Un travail de sensibilisation avec un théâtre participatif 

 

Susciter un changement de regard et d’attitude face aux questions de genre, tout en favorisant l’échange et le dialogue

« Nous avons l’intention d’amener le théâtre là où il n’y a pas de théâtre. »

Le théâtre est avant tout une histoire collective, un lieu de rassemblement. S’il est un lieu de catharsis, il peut être un lieu d’échange, d’expression, de remise en question, en un mot, de culture. Il est également une source pour l’étude de la démocratie. Déjà, les Grecs l’avaient compris et prônaient un théâtre participatif. Le projet a ici pour but de donner au public, à travers le théâtre social, des moyens de comprendre et d’agir pour une meilleure prise de conscience du phénomène et induire un changement de comportements pour faire reculer les violences faites aux femmes. Il intègre une dimension participative forte et sera constitué de saynètes originales destinées à tous, et plus particulièrement à un public étudiant. Le public sera amené à réagir et à débattre pour prolonger la représentation sur les questions d’égalité et d’équité relatives à la question du genre. Des performances théâtrales et des ateliers de théâtre liés à la question du genre et de la non-violence seront également organisés dans le cadre de la tournée, animés par les partenaires du projet.

 

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Transcender les frontières linguistiques et géographiques

 

Pour transcender les frontières linguistiques et géographiques, une équipe de 12 artistes et techniciens italiens, français et de Madère a travaillé en collaboration lors de résidences artistiques. Ils ont créé une œuvre originale et participative abordant les questions de genre de manière innovante. Au-delà des performances proposées, Gender Matters offre des moments de rencontre sur les questions de genre, des visites du Bus Theater, symbole itinérant du projet Gender Matters, des projections de court-métrages et des ateliers interactifs.

 

Une tournée européenne fantastique, un travail de réflexion collectif

 

La tournée européenne de Gender Matters a débuté le 10 juin 2023 à Morfasso, en Italie, avec des performances captivantes et des échanges avec le public. Ensuite, les artistes se sont rendus à Wroclaw, en Pologne, pour partager leur vision audacieuse de l’égalité de genre. A Berlin, en Allemagne, le projet a continué à susciter la réflexion et l’engagement sur les questions de genre. Enfin, la tournée se termine à Marseille avec le stationnement du Bus Theater sur le bas de la Canebière (à proximité de la place du Général de Gaulle).

 

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Programme Gender Matters à Marseille les 10 et 11 août 2023

 

Les 10 et 11 août les habitants de Marseille ont une occasion unique de découvrir ces performances avant-gardistes, c’est la fin de cette tournée européenne.

10 août 2023

10h/12h : Workshop de la Cie Duanama

21h/22h : Spectacle « Human Constellation » par le BusTheater

11 août 2023

16h/18h30 : Visite du Bus theater et projections vidéo dans le bus

19h/20h : Performances de la Cie Duanama avec Monika Smiechowska et Paola Lentini suivies d’un échange avec le public.

 

Un voyage poétique et métaphorique

 

Gender Matters, quand le geste est plus fort que les mots

 

Le bus theater nous emmène en voyage, un voyage poétique, métaphorique, où le langage est universel, accessible à toutes et à tous. Pas de parole dans ce face à face émotionnel entre les artistes et le public mais la communication est assourdissante tant le propos est fort et le talent des comédiens évident.

Isabelle Verna-Puget

E-mail: contact@duanama.com [38] /Site web: https://duanama.com/ [39]

Pour une Europe inclusive : Gender Matters ou la nécessité de combattre les discriminations

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Découvrez le projet artistique Gender Matters qui fait escale à Marseille les 10 et 11 août sur le bas de la Canebière. Dans et hors du Bus Theater, le curieux pourra assister gratuitement à un spectacle et des performances poignantes, suscitant la réflexion et l’ouverture d’esprit sur les questions de genre.

Nécessité de Réaffirmer la Lutte contre les Discriminations

Aujourd’hui, plus que jamais, il est nécessaire de réaffirmer la nécessité de la lutte contre les discriminations en Europe et dans le monde. En effet, actuellement, en Italie, le gouvernement d’extrême droite Meloni a entamé une politique discriminatoire envers les familles homoparentales en s’appuyant sur un vide juridique : en exigeant l’effacement du nom de la mère non biologique de l’acte de naissance de l’enfant, elle lui retire tout droit envers ce dernier.

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Atteinte aux Droits Fondamentaux et au Droit Européen

Sachant qu’en Italie en dehors de l’union civile entre couples de même sexe adoptée en 2016, les personnes LGBTQI+ n’ont que très peu de droits, cette décision est une atteinte aux droits fondamentaux des personnes contraire au droit européen en matière de non-discrimination (cf. Article 14 de la Convention européenne des droits de l’homme et Protocole nº 12 attaché à cette convention ainsi que l’article 21 de la section III de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne). Elle porte en elle la marque d’une régression sociale forte et pourrait inspirer d’autres leaders politiques européens aux tendances extrémistes.

Le Projet « Gender Matters » : Un Défi Européen pour l’Inclusivité et l’Égalité des Genres

Pourtant, la lutte contre les discriminations est un cheval de bataille de l’Union Européenne. Cette dernière promeut au travers de ses programmes, à l’image de Creative Europe, l’inclusivité et l’égalité des genres. Le projet Gender Matters, initié en 2021, fruit d’une coopération entre plusieurs compagnies européennes (Sciara Progetti Teatro, Bus Theater, Teatro Metaphora et la compagnie Duanama) s’inscrit pleinement dans ce défi européen de lutte contre les inégalités et discriminations, violences sexistes et de genre. Il réaffirme ici l’urgence de ces luttes afin que toutes et tous puissions être égaux sans distinction de sexe ou de genre.

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L’Urgence de Combattre les Inégalités et Discriminations de Genre

Cette urgence est d’autant plus forte que certains gouvernements européens rétifs aux lois anti-discriminations, profitent de l’absence de lois contre les discriminations dans leur pays pour porter atteinte à ce combat en s’inscrivant à rebours de ce progrès social prôné par les instances européennes.

Gender Matters : un projet artistique qui transforme les Regards

Gender Matters, inspiré de l’histoire de « Malanova », un monologue poignant relatant l’histoire vraie d’une jeune femme italienne victime d’abus pendant des années, met en lumière les questions d’égalité femmes/hommes et nous interroge sur les violences et discriminations de genre avec un spectacle captivant et quatre performances artistiques saisissantes afin de susciter chez nous un changement de regard et d’attitude envers ces questions et ainsi transformer notre vision du monde.

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Éveiller les Consciences : L’Impact des Performances Artistiques

Les performances et le spectacle proposés nous invitent à plonger dans l’intimité de personnages touchants, confrontés à leurs propres questionnements identitaires. Ces récits émouvants renforcent l’empathie et nous poussent à remettre en question les stéréotypes de genre profondément ancrés dans notre société.

Human Constellation : Un Voyage Onirique au-delà des Barrières de Genre

Dans un théâtre mobile pas comme les autres, le Bus Theater, se dévoile une performance chorale saisissante, « Les Passagers de l’impossible » (Human Constellation), présentée par le Bus Theater le 10 août à 21h. Cette odyssée onirique transcende les frontières linguistiques et géographiques pour explorer les stéréotypes, les violences de genre, l’orientation sexuelle, l’identité de genre, les rôles et les préjugés. Une constellation humaine qui émeut et bouleverse le public.

Let’s be Queer : Questionner la Notion de Genre avec Interactivité

Le 11 août à 19h, Paola Lentini et Monika Smiechowska de la Cie Duanama investissent la scène avec « Let’s be Queer ». Cette performance interactive incite le public à se questionner sur la notion de genre en explorant la possibilité de le redéfinir en fonction de l’expérience et de la culture. Plongeant dans la fluidité de genre présente dans le règne animal, la pièce bouscule les normes et les stéréotypes sociaux, offrant une réflexion profonde sur la diversité et la complexité des identités de genre.

Dans ma chambre à ciel ouvert : Un Clown Naïf en Quête d’Identité

Au cœur de l’intimité de sa chambre, Paola Lentini incarne Balla, un clown rêveur et maladroit qui explore son identité de genre dans « Dans ma chambre à ciel ouvert ». Cette performance touchante, proposée par la Cie Duanama, aborde avec sensibilité les questions d’identité et d’acceptation de soi, invitant le public à s’émouvoir et à s’interroger sur sa propre quête d’identité.

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Mes Princes Charmants : Regards Croisés sur la Masculinité

Monika Smiechowska prend la scène en solo pour livrer trois monologues percutants dans « Mes Princes Charmants ». La comédienne offre une exploration audacieuse du regard des femmes sur les hommes, mettant en lumière les modèles et les attentes profondément ancrés dans notre société. Une plongée saisissante dans les complexités de la masculinité moderne.

Pablito : Homme ou Femme ? La Quête d’Identité d’un Adolescent

Dans une performance émouvante, Monika Smiechowska raconte l’histoire bouleversante de « Pablito : Homme ou Femme ? ». Un adolescent en quête de sa sexualité et de son genre, confronté à la pression sociale et culturelle pour se définir. La pièce met en lumière les défis auxquels sont confrontées les jeunes générations dans leur quête d’identité et invite le public à s’engager avec empathie et compassion.

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Gender Matters : Un Rendez-vous avec l’Échange et la Réflexion

Au-delà des performances artistiques, Gender Matters propose des moments de rencontre et d’échange sur les questions de genre. Le Bus Theater, symbole itinérant du projet, ouvre ses portes le 11 août de 16h à 18h30 pour des visites inédites. Des projections de courts-métrages et des ateliers interactifs (workshop le 10 août de 10h à midi) complètent cette expérience immersive et inclusive.

Un Appel à l’Action pour un Avenir plus Égalitaire

Le public est invité à repenser les questions de genre, à remettre en question les normes établies et à favoriser un dialogue ouvert et inclusif. Car selon les organisateurs, ce n’est qu’« ensemble que nous pouvons créer un changement positif et construire un avenir où les violences faites aux femmes et les discriminations de genre ne seront plus tolérées ».

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Ne manquez pas cette expérience théâtrale unique et visionnaire, un rendez-vous incontournable pour bâtir un monde plus compréhensif et respectueux de la diversité des identités de genre. Car Gender Matters, c’est bien plus qu’un spectacle ou des performances, c’est une invitation à l’ouverture d’esprit et à l’action pour un monde meilleur. R.S.

Plus d’infos sur www.duanama.com [46]

Crédit photos : BusTheater

Encadré

Évolution des Questions de Genre : Un Voyage à Travers l’Histoire et les Luttes

Les Mouvements Féministes des XIXe et XXe siècles : Les Prémices d’une Prise de Conscience

Le concept de genre, une construction socioculturelle, évolue depuis des siècles, mais c’est au XIXe siècle que les premières traces de luttes pour l’égalité des sexes émergèrent. Les mouvements féministes du XIXe et du XXe siècle furent les pionniers de cette prise de conscience. Ils remirent en question les rôles traditionnels assignés aux femmes, exigeant l’accès à l’éducation, à l’emploi, et la reconnaissance de leurs droits fondamentaux.

Émergence des Études de Genre dans les Années 1970 : Leurs Contributions à la Reconnaissance des Questions de Genre

Dans les années 1970, une nouvelle ère s’ouvrit avec l’émergence des études de genre dans les milieux académiques. Ces disciplines explorèrent les constructions sociales du genre, les rôles de genre, les stéréotypes et les inégalités. Grâce à ces recherches, les questions de genre commencèrent à être reconnues comme des sujets sérieux d’étude et d’enseignement.

Mouvement LGBT+ : Une Lumière sur l’Identité de Genre et la Diversité

Les années 60 et 70 furent marquées par le mouvement de libération des personnes LGBT+, un pas de géant pour la visibilité et la reconnaissance des identités de genre diverses. Les militants LGBT+ ont lutté pour la reconnaissance des droits des personnes transgenres et non-binaires, remettant en question les normes binaires de genre et sensibilisant le monde sur la richesse de la diversité des identités de genre.

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Le Changement Légal en Faveur de l’Égalité et de l’Inclusivité

Au fil des décennies, de nombreux pays, dont la France, ont adopté des lois pour promouvoir l’égalité des sexes et l’inclusion des personnes LGBT+. Parmi les avancées notables, citons la loi Taubira promulguée en France le 18 mai 2013, qui permit le mariage pour tous en France et ouvrit la voie à l’adoption conjointe par les couples de même sexe. Cette loi historique a modifié le Code civil français, faisant de la France le 9e pays à légaliser le mariage homosexuel au niveau national. D’autres lois furent adoptées, notamment en faveur de l’inclusivité et de la lutte contre la discrimination et le harcèlement entre 2014 et 2019*. Ces avancées légales ont joué un rôle essentiel dans la sensibilisation accrue de la société aux questions de genre.

Un Futur en Mouvement : Les Questions de Genre Restent au Cœur des Débats

Les questions de genre continuent d’évoluer et de progresser dans le discours public. L’identité de genre, l’expression de genre, la fluidité de genre, les stéréotypes de genre et la discrimination basée sur le genre demeurent des enjeux centraux dans la lutte pour l’égalité des sexes et la reconnaissance des droits humains. Aujourd’hui, plus que jamais, la société se mobilise pour créer un avenir égalitaire, respectueux et inclusif pour tous, indépendamment de leur identité de genre.

Une Quête Perpétuelle vers l’Égalité

De l’émergence des mouvements féministes aux avancées légales en faveur de l’égalité et de l’inclusivité, la question de genre est un voyage en perpétuelle évolution. Elle reste au cœur des débats sur la justice sociale et les droits humains. Avec chaque étape franchie, la société progresse vers une vision égalitaire, où chacun peut s’exprimer et s’épanouir librement, indépendamment de son identité de genre. Le chemin à parcourir est encore long, mais la quête vers l’égalité se poursuit avec résolution.

*La loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, promulguée le 4 août 2014, visait à promouvoir l’égalité entre les sexes dans les domaines de l’emploi, de la rémunération, de la représentation politique et de la vie familiale. La loi pour l’égalité et la citoyenneté, promulguée le 27 janvier 2017, comprenait des dispositions pour lutter contre les discriminations de genre et promouvoir l’égalité des chances pour les femmes et les hommes dans la société française. La loi pour l’interdiction des violences éducatives ordinaires, promulguée le 9 juillet 2019, interdit les châtiments corporels et les violences éducatives ordinaires envers les enfants, contribuant ainsi à lutter contre les discriminations de genre et à promouvoir des pratiques parentales non violentes et égalitaires. La loi de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice, promulguée le 23 mars 2019, renforça la lutte contre les violences sexistes et sexuelles en améliorant les dispositifs de protection et d’accompagnement des victimes. R.S.

Bon à savoir !

Les questions de genre dans le contexte de la lutte pour l’égalité des sexes et la reconnaissance des droits des personnes transgenres et non-binaires englobent divers aspects, notamment :

–             L’Identité de genre : c’est l’affirmation interne et personnelle de son propre genre, qu’il soit masculin, féminin, non-binaire ou autre. Certaines personnes peuvent ressentir que leur identité de genre correspond au sexe qui leur a été attribué à la naissance (cisgenre), tandis que d’autres peuvent ressentir un décalage entre leur identité de genre et leur sexe biologique (transgenre).

–             L’Expression de genre : c’est la manière dont une personne manifeste son genre à travers ses vêtements, ses coiffures, ses comportements et ses intérêts. Certaines personnes peuvent s’exprimer conformément aux normes traditionnelles de leur genre assigné, tandis que d’autres peuvent choisir de s’exprimer d’une manière qui ne correspond pas aux attentes sociétales.

–             La Fluidité de genre : Certaines personnes peuvent expérimenter une fluidité de genre, ce qui signifie que leur identité de genre peut varier avec le temps ou dans différentes situations. Ils peuvent se sentir à la fois masculins, féminins ou non-binaires, ou même passer d’un genre à un autre.

–             Les Stéréotypes de genre : Ce sont les croyances culturelles préconçues sur les rôles et les comportements attendus des hommes et des femmes. Les stéréotypes de genre peuvent être restrictifs et limitant pour les individus, contribuant ainsi aux inégalités entre les sexes.

–             La Discrimination basée sur le genre : Les questions de genre sont étroitement liées à la discrimination et à l’inégalité. Les personnes peuvent faire l’objet de préjugés, d’injustices et de violences en raison de leur identité ou expression de genre.

 

Vu à Avignon off 2023 : L’ARBRE par la Cie Rouges Les Anges

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Plongeons-nous l’espace de 40 minutes dans un lieu unique au monde, peuplé d’une immense diversité de faune ainsi que de flore. La nature y est luxuriante et les peuples nomades qui l’habitent se sentent protégés par des arbres immenses, telle une forteresse infranchissable.

Nous parlons de l’Amazonie : « le poumon de la terre ». Ce poumon, si malmené de nos jours par des feux de forêts, la déforestation, le braconnage etc…

Tout cela causé par un seul être : l’être humain, qui est capable du bon comme du mauvais, du meilleur comme du pire. « Il » ne se rend plus compte qu’il vit lui aussi dans ce milieu vivant, que cette nature l’aide à pouvoir respirer, créer des habitations, et donner suffisamment à manger, si nous arrivons à être en phase avec elle.

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Ce spectacle de marionnettes, nous raconte 3 histoires qui ont comme thématique le « mieux vivre ensemble, avec la nature qui nous entoure».

La première raconte l’histoire de « l’Arbre » : une histoire poétique qui subtilement nous sensibilise au thème de l’écologie.

La deuxième, dont le titre est « l’Amazonie dans mon jardin », met en lumière et interroge notre contribution à ce désordre écologique.

La troisième fait le lien avec l’histoire précédente grâce à un flash-back immersif dans la forêt amazonienne où on découvre la faune et la flore qui s’y cachent.

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Ce duo de marionnettistes est une belle réussite. Ils mélangent avec douceur, le chant et l’art visuel, jouant sur l’interactivité avec le public. Les marionnettes, ainsi que les décors minimalistes, sont une franche réussite.

Ce spectacle nous accompagne et guide vers une réflexion personnelle sur notre propre impact sur notre terre nourricière. Un spectacle qui sensibilise avec brio les plus grands comme les plus petits.

BBC

D’après un texte de Sandrine Thommen, Gilles Baum, Thierry Dedieu

Interprètes / Intervenants

Mise en scène : Laurence Belet

Interprète(s) : Céline Pique, Laurent Deville

Création lumière : Marco Gosselin

Scénographie : Delphine Lancelle

Marionnettes : Laurence Belet

Création musicale : Claude Delrieu

Bande son & bruitages : Joël Abriac

Cie Rouges Les Anges

Durée : 40 minutes

Le Festival d’Art Lyrique de Salon-de-Provence célèbre le Centenaire de Maria Callas

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Le Festival d’Art Lyrique de Salon-de-Provence, dans sa 18ème édition, s’apprête à rendre un vibrant hommage à l’une des plus grandes artistes lyriques de tous les temps : Maria Callas. Du 10 au 13 Août 2023, cet événement d’exception prendra ses quartiers au majestueux Château de l’Empéri – Cour Renaissance, Montée du Puech, Salon-de-Provence, pour des soirées qui s’annoncent empreintes d’émotion et de magie musicale.

Le festival, placé sous la direction éclairée de Jacques Bertrand, fondateur s Bertrand, qui se définit comme un homme de l’ombre, s’est entièrement dédié à honorer la mémoire de Maria Callas, la cantatrice grecque légendaire, à l’occasion du centenaire de sa naissance. Dans ce cadre enchanteur à l’acoustique exceptionnelle, véritable boite à musique dans un écrin somptueux, les amateurs d’opéra auront la chance de vivre des moments uniques, célébrant le talent inégalable de cette diva aux talents multiples.

Rencontre avec Jacques Bertrand, fondateur du Festival International d’Art Lyrique de Salon

 A l’occasion de cette édition anniversaire en Hommage à la Callas, nous avons eu l’immense honneur de nous entretenir avec Jacques Bertrand, fondateur du festival à la carrière bien remplie, producteur pendant 30 ans, ancien directeur du théâtre de la Colonne à Miramas. Le passionné d’Opéra travaille depuis un an à la réalisation de cette édition exceptionnelle qui espérons-le trouvera son public.

En effet, le festival souffre de l’après-covid, les amateurs d’art lyrique se font moins nombreux et se déplacent bien moins qu’avant la pandémie. Sur les 450/500 fauteuils, « on a du mal à avoir 250 personnes, on a divisé par deux. J’espère que cette année sera meilleure car les gens, jusqu’à l’année dernière, avaient encore peur de venir. Cette année, on a l’impression que les feux sont aux verts. J’espère qu’on va retrouver 80% de notre public. Même à Venise où j’habite, les meilleurs endroits ont perdu une grande part de leur clientèle cet hiver : il y a une peur du danger de la promiscuité. »

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Jacques Bertrand, fondateur et directeur du Festival International d’Art Lyrique de Salon

 Jacques Bertrand dont le festival est ouvert à tous les publics, avec sa tarification douce, souhaiterait proposer plus de représentations mais son budget étant contraint, il ne peut se permettre de proposer des œuvres moins connues et opte pour une programmation d’œuvres mondialement connues. Un choix artistique qui l’honore puisque cette année il propose une édition entièrement consacrée à la Callas. « Chaque année nous décidons de donner une orientation au festival. Par le passé, nous avons célébré Mozart, le bicentenaire de la naissance de Verdi etc.… et cette année, il se trouve que c’est le centenaire de la naissance de Maria Callas, nous avons décidé de lui rendre hommage ».

Une passion pour la Callas

 De son propre aveu, « ce n’était pas la plus belle voix, mais elle a révolutionné l’opéra et c’était une grande tragédienne » nous explique celui qui a eu la chance de la rencontrer chez elle à Paris avant sa mort. Avec nostalgie, il nous raconte cette entrevue et l’amitié qui la liait à Di Stefano.

 « J’ai rencontré 4 fois la Callas, j’étais un ami intime de celui qui a été probablement, un peu, sûrement, son amant, il était son compagnon, son confident. Elle a fait toute sa vie avec lui et ne pouvait pas respirer sans prononcer son nom, c’était Guiseppe Di Stefano, le ténor. D’ailleurs tous les enregistrements de la Callas sont faits à 90% avec Di Stefano. Il y a 30 ans, la Fnac de Paris organise une signature au travers de toutes ses filiales de France et Di Stefano me demande si je pouvais le véhiculer et l’accompagner dans toutes les FNAC où il allait pour faire des conférences et signer des autographes. Nous sommes partis tous les deux pendant deux mois pour faire ce tour de France ; on a longuement parlé de Callas pendant ces deux mois. Il m’a dit qui elle était probablement et qui est très différent de l’image qu’on se fait d’elle. A la fin de la tournée, il me dit mais tu la connais ? Non. Alors on va aller rue Georges Mandel, je lui passe un petit coup de téléphone. Il m’a emmené dans son appartement où elle est morte à Paris : on s’est salué, elle a été polie, elle m’a demandé deux trois choses du métier, on a parlé de la tournée de Di Stéfano qu’elle trouvait formidable. Puis je suis reparti, on n’était pas amis. Elle parlait parfaitement le Français. »

 Avec émotion, il poursuit : « J’ai eu la chance de l’entendre dans « Norma » en 1964 où j’ai fait la queue pendant une nuit avec mon frère au Palais Garnier, de 9h du soir à 11h du matin, ouverture des locations. On n’a pas eu de bonnes places. Puis l’année suivante, je l’ai entendue chanter « Tosca» à l’Opéra de Paris et puis je l’ai entendue, et là ce fut un moment d’une intense émotion, d’une ferveur, d’une déception, à son concert d’adieu en 1973 au théâtre des Champs Elysées avec Di Stefano. Je n’ai jamais entendu un succès pareil pour personne. On acclamait la carrière de Callas et sur scène, il y avait une tonne de roses rouges. Puis, elle a arrêté et est morte trois ans plus tard dans son appartement parisien où elle ne voyait personne ou presque. »

  « Je n’aurai servi à rien » Maria Callas

Dans une interview, « elle disait : personne ne vient plus me voir, personne ne m’adresse la parole, je n’aurai servi à rien » et en perspective avec ce que me disait Di Stefano, « elle n’a jamais été capricieuse, c’est un truc que les journaux ont monté en épingle, évidemment, c’était une star alors Christian Dior, ou Chanel, lui donnait un sac à main ou une montre à porter : c’est encore valable aujourd’hui. Comme disait Di Stefano, Callas n’a été qu’une folle furieuse de la perfection, ce n’était probablement pas la plus grande voix du siècle mais c’était la plus grande artiste. Elle donnait vie à Tosca, elle rentrait sur la scène, elle était Floria Tosca. »

 « Maria Callas a sauvé l’Opéra » Jacques Bertrand

Par ailleurs, « elle ne supportait pas les enregistrements de studio car on coupe en rondelle les opéras, on va commencer par les chœurs, les duos, les ensembles, etc… «Quand je fais mon premier jour d’enregistrement, je commence par la mort de Tosca : qu’est-ce que cette histoire de me faire mourir avant même que j’existe ? » s’exclamait-elle. « En effet, dans le découpage commercial, les gens qui produisent un disque saucissonnent l’œuvre puis le technicien remet tout ça dans l’ordre après. Oui, elle était perfectionniste et il y a des anecdotes extraordinaires à ce propos. Quand elle attaquait un ouvrage d’opéra, elle savait tout : elle n’imaginait pas chanter Norma sans savoir qui était la druidesse Norma, elle créait le rôle, et dans ce domaine, elle a été la plus grande, la meilleure. Et encore aujourd’hui inégalée. Elle a sauvé l’opéra de l’abîme dans lequel on l’avait jeté, c’était devenu ringard l’Opéra, avec de grosses dondons, des ténors ventripotents, qui se plantaient devant et chantaient leur truc puis repartaient etc… Callas a compris cela et même si elle a eu des difficultés vocales, sa voix l’a trahie à plusieurs reprises. Comparée à toutes ces grandes voix de l’époque, Freni, ou encore la Tebaldi, dont Toscanini disait qu’elle était un ange sur la terre car elle avait tout basé sur la beauté intrinsèque de la voix, Callas était appelée la Divine : elle jouait un rôle. Et en 20 ans, elle a abordé 52 rôles différents ! » énonce-t-il.

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Mihaela Dinu et Stephanie Portelli et Roberta Paroletti au piano

Un Hommage Enchanté à la Diva du Lyrique

Les festivités débuteront le 10 Août à 21h00 avec une projection sur écran géant dans la cour du château du magnifique film « Maria by Callas » réalisé par Tom Volf en 2017. Ce film retrace la vie et la carrière de Maria Callas d’une manière poignante, offrant aux spectateurs une plongée captivante dans l’univers de cette artiste extraordinaire « avec des documents inédits, certains colorisés, d’autres restaurés, où Callas elle-même raconte sa vie » précise Jacques Bertrand, fondateur du Festival et Président de l’association Mezza Voce, qui évoquera également la vie de la cantatrice, rendant hommage à sa carrière légendaire.

Tosca

La soirée du 12 Août à 21h30 promet un moment musical inoubliable avec l’opéra fétiche de Maria Callas, « Tosca », en trois actes de Giacomo Puccini dans une mise en scène de Stefano ORSINI. Cette représentation promet de faire revivre toute la passion et l’émotion intenses qui ont marqué les interprétations de Maria Callas. « « Tosca » est l’opéra dans lequel Maria Callas a quasiment débuté sa carrière et c’est avec Norma, un des rôles qu’elle a le plus chanté » développe notre interlocuteur en fin connaisseur de l’art lyrique. Sur scène, des solistes talentueux tels que Mihaela DINU « soprano connue dans toute l’Europe, avec plus de 700 représentations », dans le rôle de Floria Tosca, Diego DE SANTIS, un ténor « à la carrière florissante  qui a chanté sous la direction de Ricardo Mutti », dans le rôle de Mario Cavaradossi, et Clorindo MANZATO, « un grand baryton italien », dans l’incarnation diabolique du Baron Scarpia, se produiront accompagnés du Chœur de l’Opéra de Parme, « un des plus beaux chœur européen qui était jusqu’à récemment aux Chorégies d’Orange », et de l’Orchestra Sinfonica « Cantieri d’Arte », dirigés par le Maestro Stefano GIAROLI. Ce dernier « a commencé sa carrière en faisant des spectacles dans des petites villes en Italie. Quand il y a eu la crise en 2008, les grandes maisons n’avaient plus le budget pour faire appel à certains chefs et orchestres. Il faut savoir que l’Opéra, c’est dans l’ADN de l’Italie : on ne peut pas annuler un Opéra comme on le fait en France. Et de fil en aiguille, par le bouche-à-oreille, ils se sont tournés vers Giaroli : il amenait les chœurs, les costumes et l’orchestre pour 80 000€ au lieu de 300 000€. Petit à petit, il y a eu plein de gens qui se sont agrégés à sa compagnie qui aujourd’hui est la première compagnie itinérante en Italie ».

Pour la petite histoire, c’est « Mihaela DINU qui s’occupe de l’organisation du festival avec moi et du recrutement des chanteurs: nous arrivons à avoir des artistes de très haut niveau parce qu’on a développé de longues amitiés, je suis dans le métier depuis 50 ans, et que les chanteurs apprécient de venir à Salon, dans ce cadre magnifique, pour apporter leur contribution au festival. Cette année, la plupart sont italiens car c’est un ouvrage spécifiquement italien : les chanteurs italiens le maîtrisent complétement et, en France, c’est plus compliqué de bâtir un projet en si peu de temps car je n’ai pas trois mois de répétition, ni le budget d’une grosse production. Quand on organise un festival, on est obligé de construire un spectacle de qualité dans un laps de temps et un budget, tous deux contraints. On est sur la production depuis septembre, c’est-à-dire presque un an car on doit choisir les chanteurs et le chef, voir leur disponibilité, les rencontrer etc… pour qu’on puisse répéter en juillet avant le filage puis la représentation d’août. Et là, je peux vous dire que notre budget est passé. »

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Les plus grandes héroïnes incarnées par la Callas

En clôture du festival, le 13 Août à 21h30, un Grand Concert Lyrique intitulé « Les Grandes Héroïnes de Maria Callas » viendra enchanter le public. Mihaela DINU (soprano), Stéphanie PORTELLI (soprano), Jean GOYETCHE (ténor) et Clorindo MANZATO (baryton) se produiront accompagnés au piano par Roberta Paroletti du Gran Teatro La Fenice Di Venezia. Ce concert sera l’occasion de rendre hommage aux héroïnes mythiques que Maria Callas a si brillamment interprétées tout au long de sa carrière, nous plongeant dans l’univers fascinant de l’opéra : avec des airs de « la Gioconda, rôle dans lequel Callas a débuté à Vérone, un ouvrage que j’aurais adoré monter mais on n’a pas le public ici, le Trouvère, la Force du destin etc… »

Et pendant toute la durée du festival, du 8 au 14 Août, une exposition exceptionnelle intitulée « Les Visages d’un Mythe » se tiendra à l’Espace Culturel Robert de Lamanon. Cette exposition, d’entrée libre, présentera plus d’une centaine de photos de Maria Callas, la montrant telle qu’elle était au quotidien et sur scène. Capturant son aura intouchable, son élégance et sa prestance presque irréelles, ces clichés offriront aux visiteurs un aperçu unique de cette véritable tragédienne grecque. L’association Mistral de Venise et l’association Mezza Voce se sont unies pour offrir au public cette occasion rare d’admirer la beauté et la puissance d’expression de Maria Callas, véritable icône du monde lyrique.

En somme, le Festival d’Art Lyrique de Salon-de-Provence, dans cette 18ème édition en hommage à Maria Callas, s’annonce comme un événement inoubliable pour tous les passionnés de musique et d’opéra. Au cœur d’un cadre majestueux, avec une programmation riche et des artistes exceptionnels, ces soirées lyriques sauront captiver les spectateurs et perpétuer la mémoire de cette cantatrice légendaire. Venez célébrer l’art lyrique dans toute sa splendeur et rendre hommage à une diva inégalée lors de ce festival unique en son genre. Diane Vandermolina

 

En aparté

 Pensées de Jacques Bertrand sur l’évolution du milieu de l’Opéra

Le monde de l’Opéra a été très impacté par les années covid, du fait de son public vieillissant, mais également des coupes budgétaires effectuées ou encore de la stagnation des subventions. De nombreux opéras ont fermé leur porte bien avant la fin de la saison cette année et de nombreuses productions ont été annulées, le nombre de représentations par opéra ayant depuis plusieurs années drastiquement baissées : un Opéra comme « Carmen » a fait l’objet de seulement 5 représentations lors de sa venue à Marseille alors qu’il affichait complet et qu’il aurait fait le plein avec deux dates supplémentaires. Hélas, la venue d’un Opéra et le choix des solistes sont planifiés depuis deux, voire trois ans, en amont.

 De même, les coûts de production d’une œuvre lyrique chiffrent très vite, nous rappelle Jacques Bertrand : entre la création des décors et des costumes, la régie générale et la régie lumière, le transport du matériel et des artistes, leur hébergement et le coût des cachets des artistes et de l’orchestre, sans oublier les techniciens et toutes les personnes impliquées dans une production lyrique, les sommes deviennent très rapidement astronomiques d’autant plus qu’« on a suicidé l’Opéra en supprimant les troupes permanentes » rappelle-t-il et que certains cachets d’artistes sont trop élevés : « Pavarotti, paix à son âme, demandait 200 000 dollars par représentation sinon il ne venait pas. » nous dévoile-t-il.

 « J’ai connu tout le renouveau de l’Opéra de Paris avec Liebermann qui avait rendu à l’Opéra de Paris sa place aux côtés du Met, de Covent Garden, de la Scala… Liebermann me disait « pourquoi je vais chercher des grandes stars qui me bouffent la moitié du budget ? Si j’arrive à hisser le théâtre à ce niveau international, ces gens-là baisseront leurs cachets pour venir y chanter. Car ce qui est important pour un artiste, c’est aussi d’avoir chanté dans les plus grands théâtres. Domingo disait que s’il était invité même sans être payé dans une maison prestigieuse, il irait chanter » poursuit-il.

 Jacques Bertrand regrette que le nombre de représentations soit aussi réduit, et, lui qui a connu la belle époque des longues séries de représentations, il s’interroge sur ce choix : en effet, une production lyrique ne serait-elle pas plus « rentable » si elle était jouée sur une longue série ? « Certains frais restent les mêmes quel que soit le nombre de représentations – les frais fixes comme le transport, les décors, les costumes…- et le coût par représentation est amorti si on fait 6 représentations au lieu de 3. De plus, on a des accords avec les chanteurs quand il y a plusieurs représentations, les cachets groupés sont inférieurs au montant de 3 cachets successifs par exemple ». Hélas, les maisons d’opéra préfèrent réduire la voilure par crainte d’un public raréfié.  DVDM

Programme

Le Programme du Festival d’Art Lyrique de Salon-de-Provence au Château de l’Empéri – Cour Renaissance Montée du Puech, 13300 Salon-de-Provence « Hommage à Maria Callas »

10 Août 2023

Projection du film : « Maria by Callas », à 21h00 (sur Invitation – à retirer à la billetterie au Théâtre Armand)

Évocation de la vie de Maria Callas par Jacques Bertrand

12 Août 2023

« Tosca » à 21h30 (entrée 45€) de Giacomo Puccini, Opéra en trois actes

Les solistes seront accompagnés par le Chœur de l’Opéra de Parme et l’Orchestra Sinfonica « Cantieri d’Arte », sous la direction musicale du Maestro Stefano GIAROLI, mise en scène Stefano ORSINI.

13 Août 2023

« Les Grandes Héroïnes de Maria Callas » à 21h30 (entrée 35€), Grand Concert Lyrique

Les solistes seront accompagnés au piano par Roberta Paroletti du Gran Teatro La Fenice Di Venezia

Exposition « Les Visages d’un Mythe » : du 8 au 14 août 2023 (entrée libre) Espace Culturel Robert de Lamanon 120 rue Lafayette 13300 Salon-de-Provence

Informations pratiques

Billetterie du Festival d’Art Lyrique de Salon-de-Provence

Places Numérotées

Théâtre Armand 04.90.56.00.82 (renseignements et réservation sur place ou par téléphone)

Site de la ville de Salon-de-Provence

Placement libre (sur les rangs réservés Billetweb)

Billetweb (*Hors soirée du 10 août 2023 )

https://www.billetweb.fr/festival-dart-lyrique-de-salon-de-provence

Site : https://festivalartlyriquesalon.fr [53]

La Roque d’Antheron 2023 : Regards de femmes ; regards, deux femmes.

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Être femme et compositrice, être femme et artiste, être femme au XIXème siècle…

Le Festival international de piano de la Roque d’Anthéron proposait ce mardi 25 juillet, un magnifique concert avec Célia Oneto-Bensaïd, pianiste et l’Orchestre national Avignon-Provence dirigé par Debora Waldman. Regards de femmes pour ces femmes compositrices injustement oubliées, délaissées, ignorées. Les plus connues, Fanny Mendelssohn, l’exceptionnelle pianiste Clara Schumann et ses Lieder si émouvants, commencent à se faire une place et bousculent l’ordre établi de confrères installés, omnipotents et parfois sans plus de talent. Comment exister dans l’ombre de Robert Schumann, de Félix Mendelssohn? Et que dire d’Alma, écrasée par l’immense Gustav Mahler!

L’Orchestre national Avignon-Provence dirigé par Debora Waldman présente La Nuit et l’Amour, extrait de Ludus pro patria (Jeu pour la patrie) d’Augusta Holmès (1847-1903). Cet interlude purement symphonique, fait partie de la Cantate symphonique pour chœurs et orchestre (texte en vers), créé en 1888. Nuance douce, pianissimo, aux vents, écriture verticale suivi d’un thème aux violoncelles soutenu par les cors et relais des bois; le motif de la flûte entraîne un crescendo du tutti, phrase d’un beau lyrisme qui ressemble à un intermède d’opéra. Holmès était fascinée par Wagner. Le tuilage des phrases, le legato des cordes peut rappeler l’écriture du maître de Bayreuth. Les trilles des flûtes invitent à une cadence finale de belle facture. Une pièce qui dévoile la direction fluide et très expressive de Debora Waldman, et un orchestre symphonique de qualité qui sait faire ressortir toutes les palettes de timbres avec un bel équilibre.

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Célia Oneto-Bensaïd, Orchestre national Avignon-Provence, Debora Waldman © Valentine Chauvin

Célia Oneto-Bensaïd, pianiste reconnue internationalement, apparaissait alors dans un superbe ensemble blanc-or, pour nous dire toute sa passion, son engagement pour ces femmes injustement oubliées : Marie Jaëll, élève de Camille Saint-Saëns, protégée de Franz Liszt, était une immense compositrice, pianiste virtuose qui jouait l’intégrale des Sonates de Beethoven (32!); elle avait, dans ses doigts, toutes les œuvres pianistiques de Liszt! Elle composa ce premier concerto pour piano en ré mineur à 30 ans, le second quelques années plus tard. Bonne écoute! Une entrée en matière tonitruante, explosive! Micro en main, comme un slogan politique, la pianiste, très touchante avec cette envie de partager avec le public son combat de réhabilitation des compositrices oubliées. Rare à la Roque d’Anthéron avant un concert…

 Le Concerto en ré mineur de Marie Jaëll (1846-1925) garde la structure classique en trois mouvements. Le 1er, Lento-Allegro moderato, énonce un motif sombre aux cuivres; la pianiste joue deux motifs identiques puis déploie le troisième, de même écriture, mais plus développé, sur tous les registres du clavier, c’est brillant et puissant, démesure spatiale qui n’est pas sans rappeler Liszt. Le deuxième thème est un clin d’œil à la période impressionniste naissante, des vagues, en arpèges sur tout le clavier et un soutien des bois. Une mélodie accompagnée, plus apaisante, entraîne un déchaînement soudain. La technique époustouflante de Célia Oneto-Bensaïd permet de dompter l’écriture grandiose et très théâtrale de Marie Jaëll. Un déferlement de virtuosité.

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Célia Oneto-Bensaïd, Orchestre national Avignon-Provence, Debora Waldman © Valentine Chauvin

Alternance de passages de couleur tragique et des moments plus joyeux, les tonalités se bousculent. La complicité avec la cheffe d’orchestre est électrique, malgré un positionnement curieux. Debora Waldman est devant son orchestre, vigilante, vaillante, de dos à la pianiste. Mais une complicité se crée, des regards de femmes, des regards de flammes et cette fin de mouvement magique avec les accords de l’orchestre et du piano, précédés de silences obsédants, silences en parfaite symbiose: fabuleux. L’Adagio est surprenant par la continuité de déferlement, des phrases habillées de grands arpèges, croisement des mains, chevauchée romantique sans fin, écriture de nouveau très «remplie».  Puis un thème à l’unisson aux deux mains, minimaliste, suivi d’un passage élégiaque, sur un souffle, plus rien, le silence, des accords dans l’aigu, repris par les cordes et des cors très présents. Le troisième mouvement Allegro con brio démarre par une série d’accords surprenants, dialogue piano/orchestre. Célia Oneto-Bensaïd, toujours si engagée, déploie sa merveilleuse expertise, sa connaissance de la compositrice découverte il y a quelques années. On sent ce plaisir étonnant de donner, de partager. Un thème espiègle et sautillant annonce un final brillant, très puissant encore.

La caractère intense, entier de Marie Jaëll trouve en Célia Oneto-Bensaïd l’interprète idéale. On pourrait penser à une virtuosité gratuite, une façon de surjouer pour prouver son talent à ses confrères masculins du XIXème siècle, pour exister: les traits, les motifs, les thèmes sont souvent à peine énoncés, puis aussitôt enjolivés, déployés sur tout le clavier, des guirlandes de notes incroyables, gammes ascendantes, descendantes, accords puissants, arpèges redoutables, comme si Jaëll devait bousculer les hiérarchies établies des hommes, par les hommes, bousculer les préjugés, ou simplement exister en tant que pianiste virtuose?

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Célia Oneto-Bensaïd © Valentine Chauvin

Elle a 30 ans, à cette époque (1876). C’était surtout une pianiste remarquable côtoyant Saint-Saëns, Fauré, Liszt, Brahms. Quand Franz Liszt tricote tel ou tel motif et s’étale sur tout le clavier de manière ostentatoire, est-ce moins critiquable?

Il est surtout galvanisant pour cette merveilleuse pianiste de réhabiliter ces femmes, non parce qu’elles sont des femmes mais parce qu’elles ont composé des œuvres de grande qualité. Partir de rien, sans référence discographique, d’interprétation, est un pari osé car tout est à créer. Célia Oneto-Bensaïd, lauréate de nombreux prix internationaux, avec une discographie riche d’une dizaine d’enregistrements, ne s’installe pas dans un confort de répertoire. Son album Chants Nostalgiques sur la Mélodie française, a obtenu un ffff Télérama et elle sortira en octobre un nouvel album consacré à quatre femmes compositrices du XXème siècle.

Un travail sans relâche à la découverte de nouvelles compositrices, au sein des collectifs La Boîte à Pépites, Le Palazetto bruzane, Présence compositrices...

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Célia Oneto-Bensaïd © Valentine Chauvin

Deux bis magnifiques, comme un hommage appuyé et une reconnaissance sincère: Dans les Flammes (Dix-huit Pièces pour piano d’après La Lecture de Dante, N°4) et Poursuite (idem, N°1) sont deux pièces pour piano solo de Marie Jaëll. La première est la métaphore du crépitement des flammes, arpèges sans fin de la main droite, dans un développement gigantesque pour une explosion spectaculaire, rappelant Le Vent dans la plaine de Claude Debussy (Premier Livre des Préludes) ou la Danse rituelle du feu de Manuel de Falla dans l’Amour sorcier. Ce qui prouve la modernité d’écriture de Jaëll! La deuxième pièce, théâtrale et grandiloquente, fait lever le public qui fait un triomphe à cette immense pianiste spectaculaire et si passionnée.

Avec la Symphonie N°1 en ut mineur op. 32 de Louise Farrenc (1804-1875), l’Orchestre national Avignon-Provence allait donner toute sa pleine mesure. Louise Farrenc, pianiste et compositrice, aussi injustement ignorée, pendant des décennies, était professeure de piano pour classe de filles (!) au Conservatoire de Paris de 1842 à 1872, les classes, celle de piano entre autres, étaient séparées selon le sexe des élèves et ne devinrent mixtes qu’en 1915 sous le directorat de Gabriel Fauré.

Elle compose cette première symphonie en 1841, à trente-sept ans, dans la continuité d’une grande tradition symphonique (Première Ecole de Vienne: Mozart, Haydn, Beethoven) mais avec des accents très personnels. Composition en 1841, création à Bruxelles en 1845, trois ans plus tard…! Farrenc composera 3 symphonies.

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Célia Oneto-Bensaïd © Valentine Chauvin

Trois mouvements: Andante sostenuto-Allegro. Une entrée calme, posée, d’un lyrisme mendelssohnien, puis un motif très dansant d’une belle densité aux accents beethovéniens. Grande puissance dramatique à la fin du mouvement. L’Adagio cantabile garde cette atmosphère planante du début dans de grandes phrases legato. La proximité de Debora Waldman avec son orchestre permet un équilibre parfait, une précision des attaques et une libération des énergies.

Minuetto amène plus de tension. Tempo 3/4 habituel, grand développement aux cordes, puis cuivres et bois en dialogue dans le Trio, avant une reprise tutti très marquée.

L’Allegro assai est un travail sur les timbres où se détachent clarinettes et flûtes et un thème empli de mélancolie aux violoncelles sur les pizzicati des autres cordes.

Nommée Talent chef d’orchestre par l’Adami, en 2008, Debora Waldman est directrice de l’Orchestre national Avignon-Provence. Invitée par les orchestres de Nice, Monte-Carlo, Jérusalem…, elle dirige avec l’Orchestre National de France, la création mondiale de la Symphonie Grande Guerre (1917) de la compositrice française Charlotte Sohy dont elle a retrouvé la partition oubliée. (Cf le livre La Symphonie oubliée, portraits croisés de Charlotte Sohy et Debora Waldman, chez Robert Laffont).

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Célia Oneto-Bensaïd, Orchestre national Avignon-Provence, Debora Waldman © Valentine Chauvin

Puisse ce regain d’intérêt pour les compositrices françaises du 19ème siècle et de la première moitié du 20ème siècle, être suivi de concerts, éditions, rééditions de ces partitions méconnues! Des compositrices largement oubliées après leur mort. Citons le remarquable ouvrage de la musicologue Florence LAUNAY, Les compositrices en France au XIXe siècle, Paris, Fayard, 2006, 544 p.

Dans les Histoires de la Musique du XXème siècle, l’absence des compositrices est criante. On sait maintenant, qu’à partir de sources diverses (New Grove Dictionnary of Women Composers, Londres 1992 et autres…) qu’un millier de musiciennes, environ, ont composé des œuvres données en concerts publics ou privés, entre 1789 et 1914, en France!! On connaît les destins malheureux de ces femmes de … On aura fait un grand pas quand on dira mari de…

Cette invisibilité dans le récit historique comme dans la caricature très ancrée d’une sensibilité féminine moquée, inapte à la création, malgré des talents reconnus, a été gommée ce soir, dans la magie de la Roque d’Anthéron. Célia et Debora, porte-paroles lumineuses de ces femmes oubliées. Un concert-référence grâce à deux femmes, immenses artistes, pour éveiller les consciences.

Yves Bergé

Crédit photos de Une : Célia Oneto-Bensaïd, Orchestre national Avignon-Provence, Debora Waldman © Valentine Chauvin

Concert mardi 25 juillet 2023

Festival International de piano de la Roque d’Anthéron

La Roque d’Anthéron 2023: Anne Queffélec et le Hong Kong Sinfonietta Orchestra

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Anne Queffélec et le Hong Kong Sinfonietta Orchestra ont fait taire les cigales.

La pianiste française, dans une magnifique robe vert eau, se fond, avec grâce dans le paysage toujours féerique du Parc du Château de Florans.

Beethoven est au programme, Concerto N°4 en sol majeur opus 58 et la 7ème symphonie en la majeur, op. 92. L’intégrale des cinq concertos du géant allemand se répartira entre quatre pianistes français. (David Kadouch les 1er et 2ème, François-Frédéric Guy le 3ème, Anne Queffélec le 4ème, Bertrand Chamayou le 5ème); superbe initiative du Festival.

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A Queffélec Hong Kong Sinfonietta Yip Wing-Sie © Valentine Chauvin 2023

Anne Queffélec est accompagnée par le Hong Kong Sinfonietta Orchestra, dirigé par Yip Wing-Sie.

Fondé en 1990, l’orchestre phare de la ville de Hong Kong, s’est attiré, depuis, une reconnaissance nationale et internationale qui ne cesse de grandir. Un large répertoire, allant de la période classique au monde contemporain et des passerelles mêlant danse et théâtre, prouve un désir régulier d’innovations.

Organisateur du Festival de films Life is Art, le Sinfonietta de Hong Kong, est l’un des fleurons du monde artistique asiatique avec sa cheffe emblématique Yip Wing-Sie, de 2002 à 2020.

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A Queffélec Hong Kong Sinfonietta Yip Wing-Sie © Valentine Chauvin 2023

Le Concerto N°4 en sol majeur opus 58 est en trois mouvements: Allegro moderato. Andante con moto. Rondo vivace.

   Un départ insolite au piano dans l’Allegro moderato, loin des traditionnelles introductions d’orchestre précédant l’entrée du piano. Des accords posés avec délicatesse, c’est déjà la patte Queffélec, et un thème élégiaque repris par l’orchestre dans un relais subtil. Anne Queffélec montre toute sa science dans ce passage très mozartien, d’un legato soutenu; l’équilibre avec l’orchestre est parfait; une grande phrase en arpèges et gammes ascendantes entraîne un beau duo avec les bois.

Peu démonstrative, mais très habitée, Queffélec fait partie de ces pianistes sans manières, sobres qui rendent hommage à l’œuvre, en s’effaçant. Piano et orchestre respirent ensemble.

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A Queffélec Hong Kong Sinfonietta Yip Wing-Sie © Valentine Chauvin 2023

Les cigales assourdissantes accompagnent la grande montée chromatique du piano pour annoncer la reprise du thème. La cadence finale, piano seul, est d’un romantisme plus écorché, annonçant Robert Schumann; entrée de l’orchestre sur les trilles du piano, cordes en pizzicato, grand moment de plénitude.

Andante con moto démarre par une grande phrase à l’unisson des cordes, passage sombre; le piano, en écho, pose des accords tragiques enchaînant un jeu de questions/réponses très prenant, qui se resserre peu à peu. Tout le mouvement semble suspendu sur des nuances pp (pianissimo), p (piano), avec cette exceptionnelle dernière phrase qui retient le temps et laisse parler les résonances. Troublant.

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A Queffélec Hong Kong Sinfonietta Yip Wing-Sie © Valentine Chauvin 2023

Yip Wing-Sie semble jouer avec Queffélec, la pianiste semble diriger l’orchestre.

Rondo vivace: la tradition est à moitié respectée avec ce mouvement Rondo qui est, dans la période classique et préromantique, une forme typique (alternance Refrain/Couplets) et une expression plus joyeuse. Beethoven imprime une atmosphère plutôt triste avec un grand motif plaintif en nuance fortissimo (FF). La cadence est redoutable. Anne Queffélec joue à merveille les dessins, les motifs, les trais les plus vertigineux comme les plus délicats.

Une ovation méritée conclut cette première partie, avant un bis, véritable caresse baroque, alors que les cigales viennent de se taire: Le Menuet en sol mineur de Georg-Friedrich Haendel est un cadeau d’une pureté inouïe.

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A Queffélec Hong Kong Sinfonietta Yip Wing-Sie © Valentine Chauvin 2023

En complément de ce magnifique concerto, la 7ème symphonie en la majeur, op. 92 du même Beethoven. On retrouve le Hong Kong Sinfonietta Orchestra dans l’étalement spatial et symphonique, sur la coque mythique de la Roque pour laisser parler les timbres. Formation beethovénienne habituelle: 30 cordes frottées, les vents (bois et cuivres par deux), timbales. Les 2 cors et les 2 trompettes entourent flûtes et hautbois, pour un merveilleux effet acoustique.

Dans le 1er mouvement Poco sostenuto. Vivace, deux moments différents. Un très beau motif d’entrée, un orchestre aux belles rondeurs puis d’immenses envolées avec des crescendos puissants qui semblaient retenus dans l’accompagnement du concerto.

Le tube de la 7ème est bien sûr le fameux Allegretto et ce rythme lancinant d’une longue suivie de deux brèves qui en fera sa renommée. Tout s’ordonne autour et par ce rythme. Wagner, grand admirateur de Beethoven, appela ce mouvement: l’apothéose de la danse car il y a ce départ sur la pointe, qui vient de loin et ce crescendo magique par l’ajout et la densité des instruments.

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A Queffélec Hong Kong Sinfonietta Yip Wing-Sie © Valentine Chauvin 2023

Yip Wing-Sie, de sa main droite mécanique maintient le tempo quand la main gauche si expressive et libérée invite aux plus belles couleurs. L’orchestre prend alors tout son envol.

Stanley Kubrick ne s’était pas trompé par ce choix dans Barry Lyndon, en 1975: destin de ce jeune intrigant irlandais, sans argent, dans la fastueuse société anglaise du XVIIIème siècle. Ascension, audace, perversité. Chez Beethoven, une prodigieuse ascension avec l’audace des croisements de timbres. Et dire qu’il n’entendra jamais la beauté de ce thème unique!

   Depuis 1802 et la rédaction de son testament, à seulement 32 ans, invitant la mort à le surprendre, Beethoven est en proie au doute, au désespoir, à cause de sa surdité; il lutte contre un destin défavorable, mais il sait aussi se relever, prendre exemple sur des héros qui le fascinent et qui guideront son inspiration. L’énergie vitale que contient cette symphonie, sa remarquable unité sont les principaux exutoires pour Beethoven, ancré dans la certitude que l’exploration éblouissante du matériau sonore sera aussi un appel à l’Humanité pour croire en l’Artiste.

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A Queffélec Hong Kong Sinfonietta Yip Wing-Sie © Valentine Chauvin 2023

Après ce moment de grâce et cette immense fugue, hommage aux maîtres Bach et Haendel, sublimé par le Hong Kong Sinfonietta Orchestra, les 3èmes et 4èmes mouvements apparaissent presque anecdotiques. Presto avec ce départ très rossinien, flûtes en contre-chant des cordes, rappelant l’ouverture de la Gazza ladra (La Pie voleuse) du compositeur italien. Festif et grandiloquent. L’Allegro con brio final, est un thème très militaire, martial qui contraste avec les deux précédents. Beethoven libère le souffle imprimé aux trois premiers mouvements. Les départs de chaque pupitre sont d’une grande précision; de grandes phrases legato aux cordes arrondissent l’ensemble pour un final éblouissant. Les cigales se sont tues.

Triomphe d’une magnifique soirée.

Yves Bergé

A Queffélec Hong Kong Sinfonietta Yip Wing-Sie © Valentine Chauvin 2023

Samedi 22 juillet 2023

Festival international de piano de La Roque d’Anthéron

SORTIR ? (Avignon off 2023)

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Les Ailes de Canari : Une Épopée d’Espoir et d’Entraide

*clic* ! « C’est bon ça enregistre…. Alors… euh… Bonjour Madame. J’sais pas comment que tu t’appelles, oh pardon, j’sais pas non plus si je dois te dire tu ou vous ? J’vais dire vous, parce que t’ es vieille. Mais bon… c’est pas ça le problème…Depuis qu’on est ici, je suis comme toi : j’ose pas sortir. Papa, il comprend pas. Il dit que je fais ça pour l’embêter, que j’vais finir comme la vieille bique d’en face (ça, c’est toi !), que j’ vais moisir comme un poireau ! Moi, j’ai pas envie qu’on moisisse comme de vieux poireaux. Mais toute seule, j’arrive pas. Si on essaie ensemble, Papa il verra que je suis pas une froussarde et que t’es pas une vieille bique. Alors voilà comment on va faire…Suis bien tout ce que je dis, et on devrait y arriver… » *clic*

Ce spectacle de marionnettes et d’ombres joyeuses raconte l’histoire d’une enfant qui habite depuis peu dans sa nouvelle maison avec son père. Tous les jours, il lui demande de sortir de la maison pour : « prendre l’air, profiter du soleil, de la nature« . Malheureusement, dès qu’elle arrive devant la porte d’entrée, « Canari », comme il la surnomme tendrement, n’y n’arrive pas.

Un jour, il lui raconte l’histoire de cette vieille dame qui habite près de chez eux : cette vieille dame, on raconte qu’elle ne sort jamais… L’enfant, écoutant avec attention son père, décide d’utiliser son vieux dictaphone pour enregistrer des messages à son attention, déterminée à aider la « vieille dame », pour qu’elle puisse enfin sortir de son logement. Peut-être que si elle arrive à aider cette personne à sortir, « Canari » apprivoisera ses propres peurs ?

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Sortir copyright La Mecanique du Fluide

En déroulant le fil de l’entraide -prise comme ressort dramaturgique du récit-, la pièce, portée par les échanges affectueux entre la fille et son père, s’articule autour de scènes d’espoirs, mais aussi d’échecs, entrecoupées de nombreux rebondissements. Pleine d’humour et de douceur, elle fait irrémédiablement écho à nos existences, hélas souvent encore bien entravées par la peur d’un avenir non-maîtrisable, les dangers qu’il recèle.

Elle porte un magnifique message d’espoir : celui de nous en sortir, une voie qui serait tracée et initiée par les jeunes générations. Eblouis par la beauté de la vie, les enfants sont porteurs d’espoir, de bienveillance et remplis d’une irrésistible envie d’aider : aider à apprendre aux grandes personnes à apprivoiser leurs peurs les plus enfouies en eux, et sortir, oui, Sortir!!! Car le monde recèle des milliards de choses magnifiques à admirer et à vivre (un sourire, un rire, un concert, un repas, un coucher de soleil, etc.).

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Sortir copyright La Mecanique du Fluide

Ce spectacle, en usant d’un langage visuel et musical, embarque le public à travers l’épopée de la « vieille dame ». La féérie prend vie grâce à de merveilleux castelets qui laissent apparaître des décors totalement fantaisistes. Le spectateur reste admiratif devant la qualité des décors mais également face au nombre impressionnant d’accessoires manipulés avec dextérité tout le long du spectacle, créant en l’occurrence de superbes effets d’ombres. Le travail réalisé est en tout point remarquable.

La pièce est également splendidement accompagnée par une violoncelliste. Le jeu musical, en direct, offre un supplément d’âme au spectacle : les sons de l’instrument accompagnent avec fluidité et justesse le déroulement du récit, chaque changement de décor ou manipulation d’ombre. Ce mélange de marionnettes (l’enfant et le père), de musique (joyeuse du violoncelle), et de manipulation d’ombres et de castelets nous fait découvrir une combinaison réellement novatrice et efficace. C’est une franche réussite !

Benoit Bertrand Corso

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Visuel copyright La Mecanique du Fluide

Sortir ?

Auteurs : David Lacombez, Etienne Panier, Lucas Prieux.

Mise en scène : David Lacombez, Lucas Prieux

Interprète(s) : Louise Leverd, Martina Rodriguez, Vera Rozanova, Cerdric Vernet

Compagnie La Mécanique du Fluide

Jusqu’au 29 juillet au Théâtre De La Bourse Du Travail à 10h/Durée : 1h

Visuel de une : copyright David Lacomblez