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De l’économie de (la) culture.

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Avec trente-cinq mille festivaliers pour la Fiesta des Suds 2018 au J4, le bilan de la fréquentation de cette édition placée sous  le signe du retour au nomadisme est fort honorable. L’engouement populaire pour cet événement incontournable du paysage marseillais fait l’effet d’un baume au cœur encourageant pour l’équipe de Latinissimo occupant le Dock des Suds depuis 20 ans.

Hélas, l’avenir du lieu est plus qu’incertain, mettant en péril celui de la structure qui reverse un loyer annuel de 180000€ (TTC) à Euroméditerranée pour une autorisation d’occupation temporaire sans droit ni titre. Cerné par la tour La Marseillaise et les immeubles qui fleurissent alentour,  le Dock des Suds est en sursis temporaire (une décision de justice concernant une éventuelle fermeture ou requalification du site sera rendue en décembre) et l’association qui souffre de la hausse du coût de sécurité accru par les attentats de 2015 et 2016 peine à équilibrer les comptes. Rappelons que les subventions du conseil régional Sud PACA au festival Babelmed ont été réduites à peau de chagrin et que le financement de la Fiesta repose sur la générosité du Conseil Départemental 13, la ville de Marseille ne soutenant pas l’événement. Et ce ne sont pas les maigres subsides en soutien au lieu qui vont enrayer les difficultés de la structure, même si les soirées programmées au Dock des Suds emportent l’adhésion populaire et font le plein.

Un hiatus entre financement public et adhésion populaire qui n’est pas sans rappeler la délicate situation du théâtre Toursky. Ce dernier a réussi à stabiliser une situation financière déjà fragile grâce à la générosité des artistes et de son public venu en nombre aux soirées de soutien organisées en 2017/2018. Hélas, une baisse drastique des subsides votés par la ville de Marseille d’une ampleur rare va affecter considérablement le théâtre dont la seconde salle n’a pas reçu jusqu’à présent un quelconque soutien financier en termes de fonctionnement.

Là où le bât blesse, c’est que les tutelles préfèrent orienter leur aide sur un projet porté par une association plutôt que sur le fonctionnement d’une structure. Ce choix politique tend à rendre de plus en plus précaire les structures culturelles dont la charge salariale et les autres charges attenantes –frais incompressibles de fonctionnement d’un lieu : loyer, électricité, chauffage…) – restent, quant à elles, fixes qu’elles soient les recettes de billetterie engrangées. Ces dernières, stables, ne suffisent pas à compenser l’amputation de 10 à 20% d’une subvention qui contribue à ébranler les structures culturelles. Et ce quelle que soit leur taille : le théâtre du carré rond risque de fermer ses portes faute de soutien financier.

Ce phénomène déjà perceptible depuis 15 ans ne fait que s’accroître et s’accélérer depuis 2013, année culturelle qui a vu la disparition de l’Espace Culture: ce lieu emblématique où tout un chacun pouvait se renseigner sur un spectacle ou une sortie, un espace ouvert à tous (publics et professionnels) et qui faisait la part belle aux petits lieux marseillais a souffert de ce changement de politique culturelle devenue comptable. Contribuant au rayonnement d’une ville, ou d’un territoire, la Culture servait certes d’alibi pour les dirigeants qui en profitaient pour avoir un regain de notoriété et redorer leur image écornée en concédant quelques subsides. D’alibi, elle est désormais un objet de consommation de masse comme un autre, se devant d’être rentable.

La Culture ainsi mise en avant comme outil de marketing et de promotion d’un territoire au service de l’économique, à l’image de ces produits marchands mis en tête de gondole ou des vitrines des grands magasins alléchantes conçues de façon à attiser la convoitise de chacun, se trouve vidée de sa substantifique moelle et de sa raison d’être. Et la politique culturelle aujourd’hui décomplexée contribue à cette perte de sens en rabotant les aides apportées aux structures culturelles au prétexte qu’elles ne sont pas suffisamment rentables. DVDM

Prendre en compte la réalité complexe du terrain culturel

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En PACA, et même ailleurs en France, de nombreuses structures culturelles qui développent une culture dite de proximité en faveur des publics dits empêchés sont en très grandes difficultés, et cela concerne autant les grandes structures que les moyennes et petites associations culturelles.

Pour exemple, à Marseille, le Théâtre Toursky -dont on connait l’engagement dans le quartier Felix Piat- n’a pu élaborer de saison qu’à partir de janvier 2018, faute de subsides pour accueillir les artistes régionaux dans des conditions correctes au sein de sa salle Léo Ferré dédiée au soutien de ces spectacles qui ne pourraient « remplir » une salle de 750 places. Pas de budget pour cette seconde salle neuve ! Dans un tout autre genre, le théâtre Marie Jeanne qui a récemment ré-ouvert ses portes n’a pas de budget pour élaborer une programmation « complète » sur l’année et propose une programmation ponctuelle -4 à 5 ouvertures mensuelles-, où se côtoient spectacles accueillis en coréalisation et créations jeune public à destination des écoles. Et si bien d’autres ne jettent pas encore l’éponge, c’est qu’ils ont la passion chevillée au corps.

Les dé-conventionnements de compagnies par les DRAC sont légions, les subventions allouées par les tutelles sont en berne, si ce n’est en baisse ou conditionnées à une participation généreuse à des actions de promotion développées par ces mêmes tutelles : en notre ville, sans la nommer, une manifestation désormais mensuelle repose en grande partie sur le volontariat des compagnies marseillaises, la plupart acceptant le deal souvent à contre cœur ou à raison forcée. Les  témoignages en off sont hélas trop fréquents à ce propos et des dizaines de compagnies de tous bords déplorent que la culture et la création soient aujourd’hui considérées par les politiques comme un outil marketing de promotion et d’attractivité d’un territoire. Qu’est devenu « ce produit pas comme les autres », qui offre un supplément d’âme et n’est pas réductible à sa seule valeur marchande? Un moyen et non une fin, un objet et non une œuvre.

Alors que penser de la proposition de notre ministre de la Culture quand elle dit vouloir développer une « politique culturelle de proximité » afin de de « rattraper toutes celles et ceux qui se sentent aujourd’hui sur le bord de la route » (selon ses propres termes) c’est-à-dire les citoyens exclus des politiques culturelles, et plus largement ceux qui sont en situation d’exclusion économique, sociale, ou encore géographique. Cette politique culturelle de proximité est censée reposer « sur un rééquilibrage du budget en faveur des territoires (860 M€ de crédits déconcentrés en 2018, en hausse de +6%) et sur un nouveau cadre de contractualisation avec les collectivités territoriales ainsi que sur quatre relais privilégiés : l’école, les bibliothèques, le patrimoine et les artistes et les créateurs, qui sont l’essence de la vie culturelle et les plus à même d’atteindre tous les publics, sur tout le territoire ». Des propositions honorables avec un arrière gout de déjà vu…

La ministre a précisé que le budget de la culture 2017 (10 Mds d’€) serait conforté en 2018. Elle a également précisé « un renforcement des moyens en direction des projets artistiques qui vont aux devants des publics éloignés des politiques culturelles – grâce à des itinérances, des résidences rurales, des expositions hors-les-murs (3 M€) et l’ouverture accrue des structures labellisées, notamment pendant les vacances scolaires, pour favoriser la rencontre entre les artistes et les plus jeunes (3 M€). » Sur ce dernier point, cette annonce fait montre d’une certaine méconnaissance du terrain : les structures labellisées ouvrent désormais leurs portes pendant les vacances scolaires, notamment à la Toussaint. Pour preuve, le festival en Ribambelle à Marseille et les actions menées par les porteurs de ce festival, des structures labellisées en bonne et due forme (la Criée et le Massalia).

Cette promesse alléchante semble oublier les structures non labellisées – et elles sont majoritaires – qui œuvrent au quotidien sans forcément bénéficier de large contrepartie financière : à certains, il leur a même été répondu « on ne vous a pas demandé de le faire ». Elle semble ignorer aussi la situation d’agonie dans laquelle se trouvent ces « petits » acteurs culturels du spectacle vivant chichement aidés par les tutelles : ils ne sont même pas recensés dans les données ministérielles. Dans leurs récentes statistiques, sont dénombrés « 73 théâtres en PACA dont 39 dans les Bouches du Rhône »*. Or, quand nous savons qu’il y a à Marseille – et rien qu’à Marseille- une bonne trentaine de théâtres de toute taille en activité, ces chiffres nous questionnent sur ce qui est défini par le Ministère de la Culture comme « théâtre ». Sans aucun doute, les théâtres labellisés ou assimilés !

Sans vouloir faire d’amalgames entre acteurs culturels publics et privés, pour ma part, je trouve que la frontière -du point de vue des propositions artistiques dans le domaine du spectacle vivant- est devenue très floue entre les deux catégories et que l’antagonisme maintenu ne vise qu’à attiser les rancœurs des uns et développer les égos des autres –la qualité artistique, nous la trouvons dans le public et dans le privé ; idem pour l’enfumage. La différence réside essentiellement dans la mission de service public rendu par les acteurs publics subventionnés à cet effet, à laquelle ne sont point obligées les structures dites privées.

Le monde de la Culture était ravi de la nomination de Françoise Nyssen au poste de Ministre de la Culture, espérons qu’elle tienne la promesse de son annonce faite ce mardi 7 novembre**, et l’élargisse aux acteurs culturels pas forcément labellisés qui mériteraient un coup de pouce au regard de la qualité de leur investissement quotidien auprès des publics en difficultés, avec leurs créations partagées, souvent méconsidérés par leurs pairs, parce qu’ils font ce qu’on appelle des actions relevant « de la politique de la ville » et non des services dits « culturels ». Autre sujet de division des acteurs culturels qui trouve ses racines dans une politique culturelle menée depuis des décennies, ancrée sur la vision élitiste d’une culture légitime ou consacrée, opposée à une culture dite populaire non adoubée par les instances culturelles, à l’image du travail mené par la compagnie Mémoires Vives avec des jeunes rappeurs marseillais. DVDM

* Source Atlas régional de la culture 2017 http://www.culturecommunication.gouv.fr/Thematiques/Etudes-et-statistiques/Publications/Collections-d-ouvrages/Atlas-regional-de-la-culture/Atlas-regional-de-la-culture-2017 [2]

** Communiqué de presse accessible sur

http://www.culturecommunication.gouv.fr/Presse/Communiques-de-presse/Francoise-Nyssen-a-presente-devant-les-deputes-ses-priorites-pour-2018-sur-la-base-d-un-budget-conforte-elle-precise-les-objectifs-d-une-politique-culturelle-de-proximite [3]

 

Des bienfaits du théâtre Non Professionnel!

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Les Petits Bonheurs de Jimmy Jackson

Deux troupes Non professionnelles, donc, ont nourri ma faim de théâtre de Septembre 2017!!!!

Des projets antinomiques fondés sur un point commun, le goût des auteurs contemporains, et particulièrement d’Hanokh Levin….. KRUM, l’ectoplasme. De Levin, justement…..

A Saint Etienne, au Théâtre des TROIS COUPS, la troupe dirigée par CLAUDE GERBE, raconte l’histoire d’un quartier Israélien, dont les habitants se disputent autour de ce KRUM, qui « revient » et sert de révélateur aux névroses du lieu! Le ton caustique décalé, et pourtant si tendre de Lévin est admirablement servi par des acteurs habités (en photo ci-dessus), et une mise en scène dynamique qui fait la part belle à la régie ….

A Saint Cannat, l’Atelier Théâtre de St Cannat, animé par l’Atelier du Possible, proposait De textes et de chaises. Ici, c’est Joël Pommerat qui domine l’admirable montage de textes de la Troupe….. Une chorégraphie de chaises bleues, une Bande son fascinante, entre épure et passion ! Un spectacle fascinant…

Le Théâtre amateur reste un espace de liberté. JM

Une rentrée en demi-teinte

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Voici venu le temps de la rentrée et de son cortège de conférences de presse, son florilège de contestations sociales et ses coups de gueule, après une trêve estivale bien trop courte : sachez que cette dernière se raccourcit d’années en années avec la rentrée scolaire avancée aux tous premiers jours de septembre. Il n’est plus de bon ton de prendre ses vacances après le 15 août et malheur à qui ne rentre que début septembre : boite email inondée, rendez-vous impromptus, dossiers débordant de la boite aux lettres, messages vocaux en cascade, certains remontant au 22 août !  Il faut penser à prendre le train en marche avant même le retour au travail à proprement parler …

Car, avec ses présentations de saisons théâtrales acte II, ses invitations aux traditionnelles manifestations de rentrée (Art-O-Rama le dernier week-end d’août ou Vivacité le deuxième week-end de septembre), ses dizaines de journées portes ouvertes coïncidant étrangement avec les journées du patrimoine du week-end du 16-17 septembre, ses premières grèves et appels à mobilisations contre les nouvelles lois imposées par un gouvernement élu par une minorité de citoyens (petit rappel à toute fin utile), nous voilà immergés, en apnée, dans le cœur, le vif, du sujet, à notre corps et cœur défendant.

Un retour au quotidien travaillé, aux banalités facebookiennes, aux lectures déprimantes des médias. Affligeantes non seulement par les mauvaises nouvelles dont ils sont le porte-parole, mais également par la médiocrité orthographique de leur contenu. Coquilles, fautes d’orthographes, voire de grammaire, tournures de phrases alambiquées et jargonneuses…. Le pompon revient à ceux qui traitent de la baisse du niveau scolaire des jeunes. Ah, qu’il est loin le temps où chaque média avait ses correcteurs ! Pauvre presse qui n’est plus que l’ombre d’elle-même avec ses titres accrocheurs, ses articles bâclés et ses jugements à l’emporte-pièce.

De grands journaux aujourd’hui en manque de sensationnalisme… Voilà à quoi me font penser mes lectures quotidiennes de mes confrères parisiens. A vouloir réagir à chaud sur l’actualité, à l’image d’un réseau social, la presse tend à perdre ce qui faisait autrefois sa renommée (sa capacité de recul -certes plus ou moins objective- et sa faculté d’analyse critique, nécessaires à l’élaboration d’un article pertinent), au profit d’une reprise telle quelle de communiqués de presse reçus ou d’arguments et autres raisonnements fallacieux trouvés sur le net (devenu source incontournable d’information pour nombre de journalistes, à prendre avec des pincettes) sans parler des fake-news abondantes qu’on trouve sur la toile, voire encore l’élaboration de récits romancés aux accents dramatiques dignes d’une tragédie antique –dans la lignée du story-telling – susceptibles de faire pleurer dans les chaumières et/ou d’indigner le peuple.

Ce dernier est réputé friand de ces anecdotes croustillantes et drames du quotidien mais ne le prenons-nous pas pour un imbécile crédule et ignorant ? Dans les récits de manifestations, les contr’enquêtes sont réduites à de petits encadrés où seul le bon mot d’un interviewé (si possible connu) est cité avant d’être repris à l’unisson, et en boucle, par tous tant ils sont à la recherche effrénée de la petite formule choc qui fera date (c’est d’ailleurs via ce prisme que sont analysés les dires des politiques et consorts, des mots souvent détachés de leur contexte qui conduisent à des extrapolations et arguties ubuesques, voire même des contresens érigés en vérité).

A défaut de se parler, les médias lisent les médias (et se recopient allègrement les uns les autres). Une profession sclérosée, en butte avec un rejet populaire, du fait de sa collusion avec le monde politique et le monde économique qui agissent tels des pressoirs sur les comités de rédaction au grand damne de tous ceux qui défendent la liberté d’expression du journaliste et se battent farouchement pour son indépendance. Un métier décrié qui pourtant attire encore les jeunes grâce à une image d’Epinal à la vie dure, celle du grand reporter intrépide et incorruptible. Une image reprise dans les films et séries, romans et BD.

Ne vous y méprenez pas, ce n’est pas une diatribe contre les médias ni les journalistes mais un triste constat qui me rappelle au quotidien l’urgence de proposer un média indépendant et libre de son action quel que soit son domaine de prédilection. La liberté a un coût. Et je crains que le coup d’arrêt des contrats aidés, couplé à la baisse constante des subventions, ne nuisent à la presse indépendante qui pour survivre y faisait appel. Et de nombreux médias locaux, petits par leur taille et grands par les idéaux journalistiques défendus, de prendre l’eau. A moins peut être de créer un fond de soutien et d’aide à ces structures éloignées du buzz médiatique.

Je ne parle pas ici de mutualisation des moyens dont on voit l’effet dévastateur qu’elle a pu avoir sur les structures culturelles marseillaises obligées mais d’un véritable projet qui permette sur le long terme à chacun de poursuivre son œuvre en bonne intelligence. Chaque média participe au pluralisme des opinions qui, en se confrontant, ouvrent la voix au débat. Chacun contribue ainsi au Progrès* de la société dont la démocratie est aujourd’hui bien défaillante. Mais n’est-ce pas le propre de la démocratie dans un grand pays? Par grand, j’entends un pays où le nombre de citoyens est trop élevé pour mettre en place une véritable démocratie, pleine et entière.

Voici donc quelques pensées jetées en pâture ici à votre bon soin. Quelques réflexions automnales de retour de vacances. Bonne lecture à tous,

Diane Vandermolina

*pris au sens d’Évolution de l’humanité vers un terme idéal.

 

Reprendre possession du Off

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Parce que nous souhaitons ouvrir nos colonnes aux artistes et leur laisser la possibilité d’exprimer leurs pensées sur les difficultés rencontrées quant à l’exercice de leur métier, nous publions ici la tribune d’un metteur en scène, David Nathanson (de la Cie Les Ailes de Clarence), écrite le 27 juillet 2017, à quelques jours de la fin du festival off 2017, où il exprime ses inquiétudes quant à l’organisation de cette « foire » au théâtre que le festival est devenu avec ses milliers de spectacles présentés et ces centaines de lieux où se cotoient jeunes artistes et têtes d’affiche. DVDM

 

Le festival off se termine bientôt et plusieurs constats s’imposent :

– La date de fin du off pour commencer.Certains (La Manufacture) terminent le 26, d’autres (Le Grenier à Sel) le 27, d’autres (Le Gilgamesh) le 28, la plupart le 30 et le In ayant fermé ses portes il y a 24 heures (le 26 juillet, ndlr), beaucoup de gens qui s’intéressent de près ou de loin au théâtre pensent que le festival est déjà terminé. Résultat : quelques spectacles continuent à attirer du monde, la plupart des autres tirent la langue et tout le monde se demande pourquoi ce festival est aussi long alors que manifestement les spectateurs ont commencé à déserter les salles (photo ci-dessus, ndlr).

– Les prix des théâtres (de certains théâtres) ont encore augmenté, évidemment les prix des locations à Avignon également et beaucoup de gens doivent en ce moment remercier les compagnies de les aider à financer leur deuxième piscine (je ne généralise pas, je sais que certains théâtres ne sont pas du tout dans cette démarche là et ils se reconnaitront sans aucun doute).

– Les durées des créneaux et donc le temps imparti aux montages et démontages : ça n’est pas nouveau mais peut-on raisonnablement demander à une compagnie de mettre 10 minutes à installer un décor dans lequel elle va jouer 1h20 avant de le démonter en 10 minutes également.

– Le formatage des spectacles : produire un spectacle à Avignon, c’est imaginer une pièce qui ne va pas durer plus d’1h20, qu’on ait une ou mille choses à raconter (et l’idée d’une pièce de théâtre est quand même d’en raconter deux, trois). Même si on n’est pas Thomas Jolly, on peut quand même parfois avoir besoin d’un peu plus de temps pour s’exprimer..

 

Bref… impossible de faire une liste exhaustive de ce qui ne va pas au Festival d’Avignon : je n’ai pas parlé des jours de relâches dont le financement n’incombe QU’AUX compagnies, aux cartes off dont la recette ne va QU’A A,F&C et de mille autres petites ou grandes choses qui nous rendent, à nous compagnies, la vie un peu compliquée.

Il y a un an, nous étions plusieurs à avoir eu envie de nous rassembler entre compagnies. Aujourd’hui, il y a urgence.

 

Il faudrait donc :

– Que nous nous fédérions entre compagnies de façon à devenir une force d’opposition mais aussi de proposition pour faire du festival off d’Avignon avant tout un festival des compagnies.

– Qu’un maximum de compagnies qui font, ont fait ou feront Avignon adhèrent à l’association A,F & C qui gère le catalogue du off. Cela coûte environ 30 euros par an et cela permet d’être partie prenante et donc d’avoir une voix qui compte lors des assemblées générales où sont prises les décisions qui NOUS concernent.

 

Ce n’est qu’à ces conditions que les artistes reprendront la main sur un festival qui ne se soucie pas assez d’eux et dont ils sont pourtant l’essence même.

David Nathanson

Sur la mise en scène aujourd’hui

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TAILLER DES VESTES[1]

Sur la mise en scène aujourd’hui

 

Du costume de scène aujourd’hui

Suprême élégance : être à l’aise partout, en smoking ou costume d’Adam. Si le débraillé règne aujourd’hui en maître parmi les spectateurs d’un théâtre qui a perdu sa valeur sacrale de célébration rituelle d’une société qui n’a plus le sens du sacré mais celui du consacré, on éprouve cependant une certaine lassitude à le voir installé sur scène. Si l’ennui naquit un jour de l’uniformité, que peut naître de l’uniforme qui règne depuis des décennies sur la scène en matière de costume ? Voilà près de cinquante ans que, sous prétexte de nous les rapprocher, de les moderniser, on nous joue les œuvres d’hier en vêtement d’aujourd’hui.

 

Petite panoplie vestimentaire

La surprise anti-conformiste de l’anti-culture des années 68 put faire en son temps son nécessaire choc au théâtre. Mais l’effet se défait, et ce qui est révolutionnaire au départ, installé, répété comme un pieux devoir de musée, devient une routine d’un illusoire épate-bourgeois : un académisme. Et le singulier d’une forme, généralisé, n’est plus qu’un uniforme. Avec dix ans de retard, la tendance s’emparait de l’opéra.

En 1976, Patrice Chéreau se faisait huer à Bayreuth pour une Tétralogie habillée en années 30 avant de devenir un « must » acclamé pendant vingt-cinq ans dans le même lieu. Les metteurs en scène germaniques, suisses ou belges, comme s’ils avaient mis trente ans à digérer Chéreau, nous resservent depuis le plat rance et réchauffé d’opéras habillés en tout sauf à l’époque du sujet, ce qui est d’une bien étrange pédagogie quand on veut initier des jeunes à la scène lyrique qui risquent d’égarer leurs repères chronologiques en découvrant le mythique Orphée de Monteverdi en smoking 1900, Agamemnon en débardeur et chapeau melon, Phèdre en tee-shirt, Hercules de Hændel en tee-shirt de marine et chemisettes multicolores par la grâce disgracieuse du metteur en scène ; ils peuvent en perdre leur latin en voyant les Romains de Poppée habillés de pyjamas orientaux, Jules César, en explorateur africain entouré d’officiers de la Wehrmacht, les chevaliers médiévaux de Rinaldo, en terroristes palestiniens. On a vu Tristan en complet veston ; pour Mozart, on a eu Cosí dans un Mac Do, La Clémence de Titus en habits Louis XIII et années 30 ailleurs ; un frigorifique Don Giovanni « Ikea » et « Findus » jouant à saute-moutons sur des caisses. Don Juan a été noir à Harlem, « golden boy » dans les françaises tours de la Défense, avec un Commandeur « manager » en fauteuil à roulettes, géniale idée reprise pour le Scarpia de Tosca ; des Noces de Figaro se situent dans un hall d’hôtel lugubre de Berlin-est et s’habillent en tendance « Tati » tandis que Suzanne accompagne le poétique duo sur la brise avec la Comtesse à la machine à écrire et que les récitatifs sont soutenus au synthé ou en tapotant sur des verres par un personnage nouvel inventé, « le récitativiste », qui commente l’action. La Princesse Eboli chantait joyeusement sa chanson sarrasine en repassant dévotement les catholiques calçons de Philippe II dans Don Carlo, rêvant sans doute de ravager ceux de l’Infant qu’elle aime.

On a eu le « tout à l’époque de la création de l’œuvre » à la mode Ponnelle (réussie) des années 70. Mais pour quelques réussites, rares, des initiateurs, on se perdrait à énumérer la longue série de spectacles, imités, copiés, plagiés jusqu’à la nausée, affligés de ces tics devenus du toc. Ce qui pouvait passer pour novateur à l’époque est devenu, quarante et plus après ans après, un conformisme, un académisme affligeant. C’est devenu la solderie permanente, l’interminable fin de série des vieux modèles sempiternellement repris sous prétexte de neuf depuis 68. Ce n’est plus de la mode, c’est du copié/collé dont on rougit pour les auteurs, guère embarrassés apparemment de répéter la répétition de la répétition.

 

L’imagination contre la répétition

Il ne s’agit pas de dénigrer la recherche en art qui, s‘il n’avance pas, recule. Les travaux de laboratoire, en ce domaine sont nécessaires, du moins quand le public n’est pas le cobaye général d’expériences singulières de nombriliques metteurs en scène à la mode.

Transposer une œuvre d’hier à une prétendue modernité d’aujourd’hui suppose beaucoup de méfiance quant à son pouvoir : une œuvre ancienne peut m’être aussi contemporaine qu’une contemporaine peut m’être lointaine et étrangère. Mettre en relief excessif sur scène la modernité d’une pièce implique qu’elle ne parle pas d’elle-même ; si sa modernité va de soi, la souligner, est un pléonasme. C’est un frein à l’imagination qui n’a même pas à aller chercher l’universel, l’intemporel, le contemporain dans la Rome antique puisque, appuyés, surlignés, tout mâchés, prédigérés, on les lui offre sur un plateau débordant d’intentions, si totales qu’elles en deviennent totalitaires. Le spectateur est ainsi traité avec le mépris ou la condescendance paternaliste qu’on a pour un enfant ignorant auquel on sert la becquée mâchouillée qu’on l’estime incapable de comprendre et de déguster tout seul.

Le physique nous est imposé par la nature ; le costume relève d’un choix, d’un goût, dit autre chose : ce que je suis vraiment, non ce que je parais malgré moi. L’Un se dissout dans l’uniforme. C’est donc l’imagination qu’il faut raviver : un Bakst, un Picasso, un Dufy, une Sonia Delaunay, Léonor Fini, Bernard Buffet pour Carmen, etc, inventèrent des décors et des costumes : d’authentiques créations, des œuvres d’art en soi. Ils ne se contentèrent pas de se fournir au fripier du coin.

Etrange paradoxe : une époque qui se gargarise de cultiver la différence, qui apparemment respecte l’Autre, n’a de cesse, sur scène, de l’assimiler au Même en ramenant platement l’hier singulier à l’aujourd’hui le plus quotidien.

De qui est cette phrase :

« Si au costume de l’époque, qui s’impose nécessairement, vous en substituez un autre, vous faites un contresens qui ne peut avoir d’excuse que dans le cas d’une mascarade voulue par la mode. » De qui sont ces lignes ? De Baudelaire.

 

De la mise en scène comme placage

Ainsi font-ils tous

         On se perdrait à faire la liste des « mises en scène » où, faute de fouiller la signification de l’œuvre, d’analyser son tréfonds, fond et forme, on se contente d’en habiller, d’en déguiser arbitrairement le sens pour faire du sensationnel.

Un seul exemple, cette Despina, soubrette frondeuse des deux belles oisives de Cosi fan tutte, pestant contre sa condition de domestique en une époque tout de même révolutionnaire, annoncée dans telle production comme leur cousine : si elle est de la même famille, de la même classe, de la même caste, où est sa révolte ? Ignorance historique et culturelle des metteurs en scène ? Je me suis étonné, dans diverses critiques sur divers Cosí, ramenés à une soi-disant modernité ou actualité, même à l’époque mussolinienne, de n’avoir jamais vu cet opéra interrogé dans sa même époque, son contexte, si riche : la Révolution française qui secoue un monde ancien face au frivole échange, à la libertine partie carrée des fiancés, à toute l’insouciance et l’inconscience d’une société aristocratique qui danse, en 1790, sur un volcan (littéralement, le Vésuve du texte) dans une Naples agitée aussi de convulsions révolutionnaires, où règne Marie-Caroline sœur de l’empereur Joseph II, commanditaire de l’opéra, et de Marie-Antoinette qui court vers la guillotine. La cruauté froidement expérimentale de l’épreuve et ses déguisements révélateurs, très Marivaux, le cynisme assez Laclos (Les Liaisons dangereuses), digne du libertin à l’œil froid de Sade, disparaît pratiquement toujours sous le déguisement moderniste imposé à l’œuvre. Et ne parlons pas de la généalogie commune absurdement imposée naguère à Aix aux personnages de Don Giovanni.

Pourtant, à Aix même, on a vu ce qu’apportait une étude subtile de l’Alcina d’hier de Hændel à une belle et profonde vision d’aujourd’hui : deux femmes hantées par le vieillissement, désir de réparer des ans l’irréparable outrage, recherche éperdue, perdue d’avance, de l’éternelle jeunesse et de l’amour.

 

Les cas Carmen : cacophonie coruscante

Deux exemples récents : la   Carmen itinérante « de » Calixto Bleito, puisqu’on remarquera qu’on ne semble plus guère attribuer un opéra à son compositeur mais à son metteur en scène qui occulte le musicien et ne parlons pas des librettistes qui, finalement, passent au second plan par le premier conféré à celui qui n’est, après tout, qu’un simple régisseur qui n’a pas à usurper le premier rôle. Un accordera au moins, à Bleito, une interrogation intime de l’œuvre : le contexte de cette soldatesque de légionnaires, ici franquistes, hommes entre hommes, sans femme, et taraudés de désirs violents, est bien issue du texte, comme le danger des femmes guettées par des vautours, symbolisées par la fragile petite fille au risque des prédateurs. Mais, pour le reste, avec son apparente modernité, le traitement de l’héroïne en vulgaire allumeuse, qui joue le jeu des hommes et guère celui des femmes, enlevant d’emblée sa culotte et chevauchant et violant Don José, avec son outrancière modernité, balayant cinquante ans d’interprétations affinées, dignes et nobles des Berganza puis Uria-Monzon, renvoie à l’époque bourgeoise de la création où la critique vomissait Carmen et ses « fureurs utérines ». Quant à la scène, on aura apprécié : voie de garage pour Mercedes, non l’amie de Frasquita, mais les berlines Benz en plein et peine sur scène. Heureusement, il y a une cabine téléphonique sans doute pour appeler un garagiste. Ou un taxi. Où l’esprit, à défaut de la lettre, de Mérimée et Bizet.

En revanche, on chercherait en vain, dans la Carmen « de » Dmitri Tcherniakov, à Aix 2017, la moindre interrogation du livret ou de la musique qui justifierait sa proposition scénique. Encore une fois, dans l’incapacité de citer ou solliciter le vrai texte, il lui en substitue un autre, d’une rare platitude, et son traitement n’en est qu’un mauvais : la frondeuse tragédie d’une femme libre devient le vaudeville mou d’un homme impuissant. Aveu du metteur en scène ? De Bizet, on passe à Offenbach. La force anarchiste, féministe, de Carmen, réduite à n’être qu’une image de piquante pin-up pour stimuler une virilité défaillante, est ramenée à la thérapie bourgeoisement, socialement balisée, médicalement contrôlée, sans doute remboursée par la Sécurité Sociale dans une sorte de talk-show aux invités heureux de se vautrer publiquement sur scène.

Je concède à un artiste metteur en scène tous les droits sur une œuvre : c’est sa liberté. Mais à la liberté correspond la responsabilité et on attend de l’intelligence, celle de l’œuvre ; dans ce cas, on la cherche encore, malgré les extraordinaires chanteurs acteurs. Le « renouvellement » ne peut se faire que par une lecture nouvelle interne, intrinsèque, de l’œuvre qui, elle, demeure immuable si c’est un chef-d’œuvre, parlant à tout le monde et à tous les temps, sans ces artifices étrangers au fond et à la forme. Un metteur en scène cultivé peut et doit poser, apposer une grille de lecture à une œuvre pour en faire surgir des sens nouveaux, non imposer ces grillages externes superficiels qui n’en concernent pas le fond, pour cultiver une infantile originalité.

Or, ces types de mise en scène, fuyant la profondeur intime de l’œuvre, dans l’incapacité de l’analyser sérieusement, ne sont qu’un placage arbitraire, extérieur. Bref, un déguisement épisodique, épidermique, et non une réelle étude nouvelle. C’est un triste symptôme de la pauvreté superficielle du temps : on prend l’écorce pour la substance.

Cependant, à entendre les applaudissements moutonniers par lesquels ces propositions sont accueillies, on se dit que, finalement, nombre de spectateur prisent ces « mises en scène » sans doute parce qu’elles ont le mérite de leur faire supporter et de les distraire de l’œuvre qu’ils étaient apparemment venus voir, sinon entendre.[2]

Benito Pelegrín

[1] Article paru dans la revue culture du CNRS en 1992, CAES Magazine, N°65, simplement rafraîchi de quelques références nouvelles.

[2]  Bien sûr, juge et partie dira-t-on ? Non : légitimité critique de parler d’une œuvre sur laquelle on a réfléchi, longuement. Je me souviens du numéro de la Revue Autrement, Carmen, « Figures mythiques » dirigé par Élisabeth Ravoux Rallo, Paris, 1986 dans lequel j’ai publié un essai, fondé sur le texte et la musique, sur l’ambiguïté sexuelle de Carmen que j’avais intitulé : « Entre chien et loup de la sexualité », p. 50-75.

« L’Art et la Liberté sont en danger » : Le Théâtre Toursky appelle au-secours !

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Partout où, faute d’aides de l’Etat, la culture risque de disparaître, l’Art et la Liberté sont en danger. C’est le cas du Théâtre Axel Toursky. Son directeur-fondateur, Richard Martin, lance un appel lors de la présentation de la saison 2017-2018.

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« Pour la première fois depuis le début de notre aventure théâtrale, ce début de Saison ne connaîtra pas de programmation officielle dans aucune de nos deux salles. Mesure exceptionnelle et ô combien douloureuse que nous adoptons contraints. En effet, inaugurée il y a trois ans, la Salle Léo Ferré, écrin intimiste unique à Marseille qui permet depuis son ouverture à de nombreux saltimbanques d’exister et au public de les rencontrer, n’a reçu, malgré les promesses, aucun soutien financier dédié. Sa programmation et sa gestion se sont entièrement adossées au Toursky. Sans soutien financier supplémentaire, cette salle met en péril l’existence même du Toursky. Pour autant, il est impensable de la fermer.

Cette année, je vous demande donc de résister, de soutenir cette place forte de la démocratie, de la liberté et de l’art que sont le Théâtre Toursky et la salle Léo Ferré. De nombreux artistes ont déjà répondu à l’appel de solidarité, qui vous présenteront 8 soirées de soutien inédites dont les recettes seront intégralement reversées au Théâtre Toursky. D’autres moments solidaires émailleront cette fin d’année comme autant de possibilités pour vous de conjuguer résistance, soutien, engagement et émerveillement. 

Puis 2018 ouvrira la Saison officielle de notre théâtre avec, comme toujours et dans nos deux salles, des talents confirmés, des pépites émergentes, du théâtre, de la danse, de la musique, de la poésie, de l’humour, des créations, deux festivals…

Cette saison rendra aussi hommage à Axel Toursky, né il y a cent ans. Son nom est celui du théâtre que j’ai fondé, de votre théâtre et de celui de tous les saltimbanques de toutes les rives. Axel Toursky est décédé l’année même où je mettais le pied dans ce théâtre, en 1970 et j’ai souhaité mettre en lumière un poète résistant occulté. Notre théâtre lui rendra hommage durant une soirée spéciale, avec la complicité de Bernard Plasse, le 10 octobre, salle Léo Ferré.

Enfin, je viens d’ajouter les mots Liberté, Egalité, Fraternité au fronton de notre théâtre. A l’heure où ils trouvent peu de sens ou d’incarnation militante aux murs de nos édifices républicains, c’est ici, dans nos théâtres, qu’il convient de les raviver, de les arborer, de les incarner et de leur insuffler la puissance de l’art et la magie des rncontres. Malgré les tumultes traversés actuellement par le Théâtre Toursky, le tableau économique, politique et social actuel suffit à maintenir vivante notre aspiration à la fraternité et à défendre corps et âme notre conviction que l’éducation et la culture seules peuvent tout combattre. Poursuivons l’aventure !

Je compte sur votre présente et sur votre soutien pour que le Toursky recouvre les forces nécessaires afin de dépasser les difficultés qu’il rencontre aujourd’hui et de s’atteler aux défis que la Culture a de devoir de relever pour le monde de demain. »

Richard Martin est un homme de culture qui s’est toujours battu pour la communiquer également aux jeunes, aux défavorisés, à ceux qui n’y ont pas accès ou si peu, enfonçant des portes qui, sans son acharnement, resteraient closes.  Richard Martin ouvre son théâtre à tous.

C’est « votre maison » dit-il. Et l’on s’y sent bien. On en ressort, à chaque spectacle, plus riche du savoir que l’on engrange peu à peu dans ce lieu admirable et extravagant. Extravagant, oui. Car il n’existe nulle part à ma connaissance un théâtre pareil : théâtre, festivals, musique, danse, conférences…

Un « grand homme » dont je tairai le nom par discrétion m’a dit il y a quelques jours : « Je viens me ressourcer ici. Je me sens en famille ! » C’était à la « fête de la dette ». Christophe Alévêque, Patrick Bosso et Eric Antoine venaient y « chanter » le Secours Populaire. C’est cela le théâtre Toursky. Pas un endroit qui ferait sa B.A. une fois par an. Non, la solidarité, la culture, l’amitié au quotidien. On en revient heureux, grandi ! C’est cela le Toursky !

Nous spectateurs marseillais, provençaux, ou d’ailleurs, étrangers, hommes libres de tous horizons, devons nous rassembler pour épauler cet homme et son équipe, ce frangin, cet artiste, ce saltimbanque au grand cœur qu’est Richard Martin. Seul, il ne peut rien. Faisons de cette maison le chantre de la vie culturelle Marseillaise, et que vive le théâtre !

Je reviendrai lors d’un prochain article sur le programme détaillé de la saison 2017-2018. Les spectacles présentés, les artistes accueillis sont d’une qualité exceptionnelle. Sans nul doute, cette saison sera un grand cru ! Vous pouvez d’ores et déjà consulter le programme sur : www.toursky.fr [5]

Danielle Dufour-Verna

Photo d’entête : copyright Arnaud Brunet

Pour un vrai journalisme critique, contre le buzz !

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En lisant de nombreux articles, brèves ou critiques, hélas, le constat de l’homogénéité du traitement de l’information est évident. Les mêmes sujets, traités de la même façon avec quelques variantes selon le média. Ce qui prime ? Les grands événements au détriment des manifestations de moindre envergure, plutôt intimistes certes, mais d’égale qualité. Et cela se confirme aux conférences de presse de ces « petits » : souvent, un à deux journalistes présents alors que celle des « grands » attirent toute la presse d’ici et d’ailleurs ! Et là, c’est mon expérience personnelle qui parle.

Prenons la bénédiction des navettes ou encore les dimanches de la Canebière, tout le monde y va de son petit article sur une tradition certes séculaire ou sur cette magnifique fête populaire visant à s’approprier l’artère phare de notre ville, mais personne ou presque ne va parler de la dernière création du petit théâtre du quartier (citons « l’Eloge de l’amour » ou encore « Ecuba »), tout le monde va s’émouvoir de la potentielle disparition d’une institution culturelle (citons le Badaboum théâtre sauvé des eaux par les institutions et ses fidèles) mais tout le monde, ou presque, ignorait la disparition d’un petit lieu (le Point de bascule ou encore le Carpe Diem), tout le monde vient à l’ouverture d’un nouvel espace à la Friche mais qui irait à l’ouverture d’un petit lieu dirigé par une obscure compagnie dont ils n’ont jamais vu une création (et je pense au M7 dont je vous parlerais ultérieurement) ?

Alors, il est vrai qu’il faut bien parler des grands lieux et des grandes manifestations, mais n’oublions pas la multiplicité et diversité de tous ces petits acteurs culturels qui, au quotidien, font un remarquable travail pour attirer un nouveau public – souvent jeune-, le former à la culture théâtrale, l’y intéresser avec succès en dépit de moyens financiers et humains trop limités! Ceux-là, qui les connaît ? Qui connaît leur dévouement et travail ? Alors oui, parfois j’en ai marre de tous ces journaleux qui crient à l’information positive mais ne s’intéressent qu’à ces lieux ou manifestations ou projets qui feront pour sûr du buzz ! Et Oui, je suis également contre ce journalisme qui ne fait que du copier/coller de dossiers de presse et reprend des informations sans les vérifier !

En 2004, j’ai créé mon magazine papier puis internet pour parler des artistes, de leur travail, sans conditionner mes articles à leur capacité financière de m’acheter des publicités, mais en veillant à rester objective sur la qualité du travail présenté et ce, quelle que soit la notoriété des artistes ou du lieu. Et me réserve le droit de ne pas être tendre avec certaines créations dont beaucoup vante la qualité par peur de représailles commerciales ou faute d’esprit critique. Pourtant, ceux qui me connaissent savent que je suis d’un naturel bienveillant et doux, que la méchanceté gratuite n’est pas mon fort. Au contraire, j’ai toujours milité pour une critique juste et justifiée, honnête et sans jugement à l’emporte-pièce, une critique qui prend le temps de s’élaborer !

Car, mon magazine n’est pas un mag’ d’Actu ! Nous avons développé une sélection des spectacles du mois à découvrir et avons redéveloppé notre onglet « agenda » ouvert à tous. Notre travail est tout d’abord de nous efforcer d’offrir une information fiable et honnête, une information critique et analytique sur certains événements culturels et créations artistiques, de façon non exhaustive. Nous allons également redévelopper notre rubrique anglophone afin que les étrangers venant en notre belle Provence puissent découvrir des spectacles qui leur seraient accessible. Bien entendu, nous allons sous peu recruter de nouvelles plumes qui souhaiteraient soutenir notre travail exécuté en toute liberté et sans pression aucune afin de le poursuivre. Amoureux du buzz s’abstenir, Amoureux de la culture, soyez les bienvenus !

A bientôt donc pour de nouvelles créations et aventures culturelles, théâtralement vôtre, DVDM

Mésaventures ubuesques aux archives du CD13 …

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La rédaction de la RMT a souhaité publier ci-dessous ce coup de gueule d’un journaliste émérite, spécialiste de la Russie, suite à une mésaventure qui lui est arrivé en début de mois de décembre dans un lieu public marseillais, dans la mesure où au delà de l’aspect anecdotique de l’aventure, il est question de respect de l’œuvre d’un artiste vivant et de liberté d’expression muselée. Car si nous n’avons plus le droit d’exprimer notre indignation dans un espace culturel, sachant qu’il fut un temps où le public avait le droit de manifester sa contestation (au lieu d’être obligé à faire preuve d’une politesse bienséante comme c’est l’usage de nos jours), qu’en est-il de notre liberté et de la démocratie? Une question encore plus d’actualité aujourd’hui.

 

Aux archives départementales, il est interdit de s’indigner!

Le programme annonçait concert de jazz et projection d’un film muet.

Le film, en l’occurrence était Les Saisons d’Artavadz Péléchian. Et les organisateurs avaient misé sur le fait qu’aucun spectateur n’ait connu le grand réalisateur, un vieux monsieur qui se meurt dans un hôpital de Moscou. La fiche Wikipedia du film indique bien qu’aucune adaptation musicale ne peut être réalisée sans une lettre en russe au maître du cinéma soviétique. C’est pour laver l’honneur du créateur que j’ai bruyamment manifesté mon indignation en demandant aux musiciens de nous laisser écouter The sound of silence si cher à Péléchian. Il n’en fallut pas plus pour que M. Xabi Castorene, le conservateur des lieux, m’envoie des vigiles pour m’expulser déniant ainsi le droit à l’indignation d’un spectateur devant une forfaiture et le viol indécent d’une œuvre.

J’ai donc envoyé une lettre de protestation à l’intéressé, qui m’a menacé de porter plainte contre moi, lettre que faute de réponse, je m’autorise à rendre publique.

 

« J’ATTENDS LE PAPIER BLEU »

Samedi soir j’ai manifesté publiquement mon désaccord avec un spectacle programmé dans votre salle. Elle est financée ainsi que votre salaire par nos impôts, aussi je m’en sens copropriétaire.

L’annonce ambiguë de votre programme annonçait Musique et Cinéma.

J’ai pensé naïvement qu’après un concert, je pourrais voir le chef d’œuvre muet Les saisons d’Artavazd Pelechian.

Hélas les bruiteurs ne baissèrent pas d’un ton et leur musique tonitruante mi-jazz, mi-moderne devait pirater le film.

Plus grave : vous m’avez expulsé de la salle en faisant appel à des vigiles, ce qui est le comble pour un prétendu acteur culturel. Je ne brandissais pas de Kalach mais des mots pour exprimer mon indignation. Si vous ne l’avez pas fait, lisez ou relisez La ferme des animaux d’Orwell pour savoir qu’il ne faut pas envoyer les chiens-policiers avec le troupeau de moutons bêlants pour faire taire une voix dissidente. (Je vous l’offre bien volontiers).

Plus grave encore : vous m’avez demandé de ne plus mettre les pieds dans « votre » maison.

Peut-être vos vœux d’ordre seront comblés si d’aventure le FN arrivait aux manettes et c’est ce à quoi m’a fait penser votre attitude et vos propos de gardien de la pensée.

Vous m’avez menacé de porter plainte et j’attends avec impatience le papier bleu.

Dans le cas contraire j’exige des excuses de votre part pour votre comportement inacceptable d’irrespect pour une oeuvre. Oui, les goûts et les couleurs se discutent.

J’ai passé ma vie à me battre avec des mots et des idées et vous avez transformé une indignation en Bataille d’Hernani.

Je veux croire que votre jeunesse et votre inculture ont oublié ce que furent les flots d’injures et de bagarres physiques dans les théâtres du début du XIXème siècle.

Alors allez jusqu’au bout de vos menaces, au demeurant irrecevables, car il n’y a pas eu de voie de fait. Je m’ouvrirai de ce propos au talentueux Roland Hayrabedian et je me réserve le droit de le faire circuler auprès de mes amis journalistes et de votre tutelle.

Sachez enfin qu’au cours d’une discussion avec Artavadz à Erevan chez le regretté cinéaste Frounzé Dovlatian (Nostalgie interdite), il m’a dit que Mosfilm lui avait suggéré de mettre du Vivaldi en fond sonore ! Son désir était précisément d’envelopper de silence les hommes, leurs bêtes et le travail. Imaginez du Zim-boum-boum à fond la caisse pour accompagner le Kid de Chaplin !

Avec mes sentiments les plus cordiaux dus à votre jeune âge.

Jean Kehayan

Journaliste et essayiste