Voyage vers l’origine de la vie « La naissance : souviens toi et vas vers toi ! »












Texte : Jung Shih Chou / Production : l’Est et l’Ouest, The Flying Group /
Mise en scène : Jung Shih Chou, Ghislaine Herbera, Jade Shih /
Interprétation : Jung Shih Chou, Jade Shih, Yu Jun Wang /
Musique : Yu Jun Wang /
Dessins : Ghislaine Herbera /
Durée : 1h /
Langues : français, chinois /
Spectacle de marionnettes
Prochaines représentations :
du 31 janvier 2011 au 5 février 2011 au théâtre Massalia de Marseille (Bouches du Rhône), puis du 18 au 20 février 2011 au Guling Avant-garde Theatre à Taipei (Taïwan) /
Public : très jeune /
Tarif : 7€

« La naissance », spectacle pour enfants créé par la taïwanaise Jung Shih Chou se jouera au Massalia jusqu’au 5 février. La jeune femme s’est inspirée de légendes chinoises sur la naissance pour nous emmener dans son univers poétique…

Une femme entre en scène avec une valise. Elle la déplie, lui donnant la forme d’une baleine, et en sort une marionnette qui lui ressemble étrangement. La petite marionnette découvre un œuf dans le ventre de la baleine. « Mais les baleines ne font pas d’œufs ! » s’exclame-t-elle. Ainsi commence le fabuleux voyage de ‘la naissance’, qui nous fera rencontrer des mouettes, des poissons clowns ou encore un géant.
Cette histoire est l’authentique fruit d’un rêve de Jung Shih Chou, jeune actrice taïwanaise installée en France depuis quatre ans. Après la naissance de sa fille, elle décide de rendre son rêve réel et de nous le faire partager sous la forme d’une pièce de théâtre, composée de marionnettes et de jeux d’ombres et de lumière. Pour créer ce spectacle, la jeune metteur en scène s’est inspirée pour l’occasion de la légende de Pan Gou, dieu chinois sorti d’un œuf cosmique où se trouvaient le Yin et le Yang. Premier volet d’une quadrilogie traitant des quatre étapes importantes de la vie, ‘la naissance’ sera suivie de la croissance, la maladie et la séparation.
La scénographie est minimaliste et permet de se concentrer sur l’histoire. En fond de scène, coté jardin, un petit bureau pour la musicienne Yu Jun Wang (et ses instruments), coté cours, un grand rideau blanc cassé –représentant la voile d’un bateau imaginaire- sur lequel sont projetés les dessins grâce à un rétroprojecteur – les calques manipulés avec précaution sur ce dernier offrent à découvrir un récit animé in vivo. En avant scène, une valise en forme de baleine (avec un petit œil en mouvement). Il y a très peu de lumière, seule une poursuite lumière accompagnait le récit de l’actrice principale. Les dessins à l’encre de chine, réalisés par la française Ghislaine Herbera, sont magnifiques. Alternant couleurs tirant vers les ocres chaudes / noir et blanc, ils rappellent les vieilles estampes chinoises ou japonaises. Certains décors – un récif miniature de corail- sont installés sur la valise puis éclairés avec une lampe torche afin d’être dupliqués sur le rideau en ombres chinoises, leur donnant ainsi une agréable dimension. La musique est en permanence en symbiose avec le texte et les images, ne laissant nullement la place aux fausses notes.
L’actrice joue bien. Sa diction est en adéquation avec le texte et elle manipule avec tant de doigté sa marionnette que cette dernière semble prendre vie sous les yeux du public. Ses gestes sont lents et minutieux, ce qui laisse le temps de bien assimiler l’histoire qu’elle veut faire passer. Le spectateur ressent parfaitement son envie de transmettre la culture de son pays natal. Les enfants, cibles de cette création, venus en nombre, semblent s’être amusés de fait que le texte soit dit tantôt en français, tantôt en chinois. Les deux se complètent agréablement, amenant les non-sinophiles à imaginer les réponses aux questions que la petite fille se pose.

Car le spectacle alterne sans cesse questions et réponses. A qui appartient cet œuf ? Qui est ta maman ? Qui est ton papa ? Pourquoi ce sont les mâles hippocampes qui font les bébés ? Toutes les questions que peuvent se poser les enfants trouvent ici une réponse poétique et magnifique. Le spectateur ne peut s’empêcher de se laisser aller à rêver, à éprouver de la sympathie pour cette marionnette qui cherche désespérément les parents de l’œuf. Les plus jeunes se délecteront de cette histoire merveilleuse, les plus grands ne pourront que de se poser des questions sur l’origine de la vie. La fin de la pièce semble arriver beaucoup trop vite, à tel point que le public peut regretter d’avoir à retourner si brusquement vers la réalité du monde, comme la petite marionnette le fera lorsqu’elle naitra.

Charlène Tavares


RENCONTRE AVEC JUNG SHIH CHOU

« Je veux partager ma culture avec le public français »

Jung Shih Chou, jeune actrice taïwanaise installée en France depuis 4 ans, nous parle de son parcours et nous donne des détails sur son spectacle « La Naissance ».

Charlène TAVARES: Quel est votre parcours ?
Jung Shih Chou : Je suis originaire de Taïwan où j’ai fait mes études. J’ai étudié le commerce international à la fac de Taipei. Puis un jour que j’accompagnais une amie à un casting, le metteur en scène français, François-Michel Pesenti, m’a repérée. Je n’avais aucune formation d’actrice mais il a quand même voulu que je joue. Puis d’autres metteurs en scène m’ont repérée et ainsi de suite : j’ai collaboré ainsi avec les Shakespeare Wild Sisters ‘ Group et un réalisateur Taïwanais en tant que scénariste. Ca fait maintenant 14 ans que je suis actrice. Aujourd’hui je présente à Marseille une pièce pour enfants, ‘la Naissance’, qui sera également jouée à Taipei en Février.

CT: Vous avez fondé votre propre compagnie de théâtre « l’Est et l’Ouest ». Pourquoi ?
JSC: C’est très dur pour une étrangère de trouver du travail dans le milieu du spectacle en France. Surtout que j’ai un accent… J’en ai eu assez de demander à d’autres compagnies de porter mes projets… J’ai alors choisir de fonder ma compagnie. Et puis j’avais besoin de me créer de nouvelles racines, ici en France. Maintenant, je suis confrontée aux problèmes administratifs. Pour les demandes de subventions, il y a trop de papiers à remplir et j’ai du mal à les rédiger en français! En plus, c’est une jeune compagnie, on ne me fait pas encore confiance. Il faut du temps…

CT: Votre spectacle fait partie d’une quadrilogie intitulée « Entre repos et éveils ». Pourquoi ne pas avoir fait un seul spectacle ?
JSC: Le spectacle que je joue en ce moment traite de la naissance. Mais, dans la croyance chinoise, tout homme passe par quatre étapes importantes dans sa vie : la naissance, la croissance, la maladie et la séparation. Il m’a paru évident de proposer une quadrilogie. Effectivement, j’aurais pu rassembler les quatre étapes dans une seule et même pièce de théâtre. Mais je pense que ça aurait fait trop de choses. Le public n’aurait pas bien compris l’histoire, ça aurait été trop flou. En plus, vu que c’est un spectacle pour enfants, ça aurait été assez lourd pour eux.

CT: Dans votre spectacle, il y a des marionnettes et des dessins. Pourquoi avoir choisi Ghislaine Herbera, une française, pour faire ces dessins ?
JSC: Ghislaine a été une des premières personnes que j’ai rencontrée en arrivant en France. J’ai vu ses dessins et je les ai trouvés très beaux. A Taïwan, les dessins pour les enfants ne sont pas très parlants, ils n’ont pas vraiment d’impact réel. Or, je voulais vraiment des dessins que le public retienne et qui font passer un message fort. C’est pour ça que j’ai demandé à Ghislaine si elle voulait faire les dessins.

CT: Votre spectacle est dans les deux langues : chinois et français. Pourquoi ?
JSC: Je trouvais ça plus honnête. Après tout, je suis taïwanaise et la légende que j’utilise est chinoise. Tout faire en français aurait, je pense, été moins intéressant. C’est ma culture et je veux la partager avec le public français.

CT: Avez-vous déjà réfléchi aux prochains spectacles ?
JSC: Non ! Je sais juste que j’aimerais avoir des danseurs et danseuses français pour pouvoir travailler sur un spectacle autour du thème du corps, mêlant ballet et Kung Fu…

Charlène Tavares






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