LES MAGRITTE..... le Must du cinéma belge
La releve des espoirs avec Thomas Doret et David Murgia

Bouli Lanners -Meilleur second rôle
Magritte ? Vous avez dit Magritte…?
A l’instar de la France qui a ses César, de l’Espagne ses Goya
...la Belgique a associé le nom de l’un de ses grands artistes à un
trophée et une cérémonie de remise de prix, Les Magritte du Cinéma, qui
couronne les meilleures productions du cinéma belge. Ce sont les
membres de l’Académie André Delvaux, soit 700 professionnels du cinéma
belge qui votent et attribuent 19 prix et un Magritte d’honneur. Tous
les Belges, flamands et francophones, ayant tourné dans des productions
francophones sont éligibles pour les différents prix, ce qui explique
la présence de nombreux films français dans la listes des nommés. Le
trophée chromé reprend en volume les éléments graphiques d’une affiche
commandée à Magritte, pour un festival du cinéma en 1958, et intitulée,
« Moments inoubliables du cinéma ».

Yolande Moreau
Le cinéma belge connait un certain succès en France et
internationalement, de même qu’il fait de plus en plus l’objet de focus
en festivals (Travelling Bruxelles à Rennes, Les Arcs … ou en ce moment
celui d’Annonay). Nul n’étant souvent prophète en son pays, il ne
semble pourtant pas passionner le public belge. En effet la Belgique
est un des pays européens dans lequel les films nationaux
ne se hissent pas à la seconde place, après les films provenant des
Etats-Unis. Il y a donc un désir évident des professionnels du plat
pays de valoriser leur cinéma mais aussi de conquérir leur public et
cela par le biais d’une vitrine médiatique supplémentaire qui serait
les Magritte du cinéma.

Emilie Dequenne et Natacha Régnier
1, 2,3 c’est bien parti
Pour leur troisième édition Les Magritte se sont déroulés le samedi 2
février 2013 dans le cube de verre du Square (Mons des arts) à
Bruxelles. Yolande Moreau en était la présidente et Fabrizio
Rongione le Monsieur Loyal de la soirée. Remarqué pour ses rôles
chez les frères Dardenne (« Rosetta », « Le gamin au vélo »…), il sera
prochainement dans le film « Une chanson pour ma mère » avec Sylvie
Testud, Patrick Timsit et Dave. Plus connu en France pour sa
participation à la série Mafiosa que pour ses one man shows, c’est
pourtant son humour caustique et décalé qui a fait de cette
soirée une réussite, ponctuée de faux Tweets drôles et d’actualités («
Depardieu: revend « passeport, état neuf jamais servi ») ainsi que
d’échanges taquins avec la salle. Une assemblée qui était composée du
monde du 7e art belge, du Prince Laurent, de la Princesse Claire et du
Premier Ministre Didier Reynders. Plus de 1000 demandes n’avaient pu
être honorées, c’est vous dire si cette manifestation pourtant parfois
controversée, est devenue incontournable. Retransmise en clair sur BE
TV et puis sur TV5 elle espère toucher le grand public. C’est également
pour cette raison qu’une note glamour a été rajoutée cette année. En
effet la cérémonie, orchestrée par Didier Vervaeren de l’ASBL MAD
Bruxelles et Tony Delcampe, le boss de l’atelier styliste de la Cambre,
fut tout autant un défilé de stars belges qu’un défilé de mode où les
plus prestigieux stylistes et jeunes talents belges furent représentés
tels que Dries Van Noten , Johanne Riss ,JP Lespagnard, A.F.
Vandevorst…ou encore Olivia Hainaut .

Lucas Belveau
Isabelle De Hertogh (l’époustouflante Claude d’« Hasta la vista », qui
tourne actuellement avec un autre Claude….Lelouch et un compatriote
Johnny Hallyday) s’est distinguée dans une magnifique robe à traine de
Vanessa Vukicevic et coiffée d’un exquis chapeau d’Elvis Pompilio. Tout
ce beau monde était maquillé par Dior et coiffé par L’Oréal.

Erika Sainte et Wim Willaert
Coté People nous retiendrons, Costa Gavras qui recevait un Magritte
d’honneur, Patrick Timsit, Virginie Efira venue soutenir le film
de son ex mari Patrick Ridremont (« Dead man Talking ») accompagnée de
son nouveau compagnon le réalisateur Mabrouk El Mechri dont elle attend
un enfant. Adamo qui chanta les nominations du prix du meilleur son,
Bernard Yerlès et Stéphane De Groodt que l’on voit souvent sur
notre petit écran notamment dans la série « Mes amis, mes amours, mes
emmerdes », Jonathan Zaccaï , Philippe Reynaert le Monsieur
Cinéma Belge… Mais aussi quelques nommés connus chez nous comme Jérémie
Renier pour « Cloclo », Natacha Régnier (« 38 témoins »), Emilie
Dequenne (A perdre la raison), Marie Gillain (Toutes nos envies), Jean
Luc Couchard («Dead Man Talking »)…Beaucoup ont regretté l’absence de
Benoît Poelvoorde et de Cécile De France.

Joaquim Lafosse et Olivier Gourmet
Le palmarès*
Cette année quatre films se partageaient l’affiche des nominations.
« Dead Man Talking » de Patrick Ridremont (8 nominations), et avec
respectivement sept nominations chacun « Mobile Home » de François
Pirot, « 38 Témoins » de Lucas Belvaux (réalisateur belge, production
française) et « À Perdre la Raison » de Joachim Lafosse. C’est ce
dernier qui est le grand gagnant de ces « Magritte ». Le poignant
long métrage de Joachim Lafosse, librement inspiré d’un fait divers
marquant en Belgique, l'Affaire Geneviève Lhermitte, a ainsi remporté
les « Magritte » du meilleur film, de la meilleure réalisation, de la
meilleure actrice pour Emilie Dequenne (précédemment primée à Cannes)
et du meilleur montage. La polémique qui avait entourée la sortie de ce
film dans son pays n’a donc pas gagnée la profession. Olivier Gourmet a
reçu le Magritte du meilleur acteur pour sa puissante interprétation
dans le film « L'Exercice de l'Etat » de Pierre Schoeller (également
meilleur film étranger en coproduction). Il succédait à Matthias
Schoenaerts, primé en 2012 pour son rôle dans le film « Bullhead-
Rundskop » et lui a ravi le prix, puisque Matthias Schoenaerts, était
lui aussi nommé dans cette catégorie pour « De rouille et d’os » de
Jacques Audiard. Son partenaire dans ce film, Bouli Lanners a reçu le
Magritte du meilleur acteur dans un second rôle. Yolande Moreau a,
quant à elle, été désignée meilleure actrice dans un second rôle pour «
Camille redouble » de Noémie Lvovsky, coiffant sur le poteau Stéphane
Bissot, superbe sœur d’Emilie Dequenne dans à « Perdre la raison ».
Anne-Pascale Clairembourg (« Mobile Home ») et David Murgia (« La tête
la première ») se sont vus remettre respectivement les Magritte de
meilleur espoir féminin et de meilleur espoir masculin. Un espoir
confirmé puisque David Murgia était déjà nommé l’année dernière pour «
Rundskop». De plus ce dernier triomphe en ce moment au Théâtre National
de Bruxelles dans le singulier et succulent spectacle « Le signal du
promeneur » du Raoul Collectif présenté dans le Off d’Avignon 2012, que
nous vous avions particulièrement recommandé. David Murgia succède à
Thomas Doret « Le gamin au vélo» qui avait été désigné la veille
Président des Machins*, sorte de Off des Magritte. Les Machins
décernent avec humour des petits prix improbables tels que le Machin du
bruit ou Prix ça croustille sous la dent qui a été décerné à Le feu qui
crépite (qu’on dirait des os qui craquent) dans Le Grand Tour de Jérôme
Lemaire. « Surréalistement » bon ! Tout comme le numéro qu’Abel
et Gordon (« La fée ») nous ont offert en préambule du prix du meilleur
acteur. Cocasse et touchant, un deux en un caché sous la veste, Fiona
Gordon faisant les bras d’Abel, montrant s’il en était encore besoin
qu’ils ne font qu’un.

Matthias Schoenaerts et Isabelle De Hertogh
Que ceux qui pensent que Les Magritte ressemblent trop aux Césars se
rassurent il n’y a vraiment qu’en Belgique où le tapis est bleu, où les
escaliers se descendent au lieu de se monter, et où l’on retrouve
quasiment les mêmes personnes à la cérémonie officielle (Les Magritte)
qu’à celle qui la pastiche (Les Machins). Ce qui atteste que la
singularité et l’autodérision restent bien une force belge que nulle
paillette ne saurait faire disparaitre! Espérons qu’aux César Le 22
février, le cinéma belge fasse autant parler de lui avec des
récompenses pour Yolande Moreau, Lucas Belvaux, Jérémie Renier,
Matthias Schoenaerts, Vincent Patar, Stéphane Aubier (« Ernest et
Célestine »), Michael R. Roskam (« Bullhead ») … ou pour « Le cri
du homard » de Nicolas Guyot, Magritte du meilleur court métrage 2013.
Des nominations qui témoignent d’une forte présence des artistes belges
dans notre cinéma.

Les Machins .Anne-Pascale Clairembourg et Christelle Cornil

Les Machins Jerome Lemaire
Nous reviendrons très vite sur notre site sur certains des lauréats et
des nommés, qui font déjà parler d’eux et vont bientôt envahir nos
écrans.
*Le palmarès complet.
http://www.lesmagritteducinema.com/newsfile.php?lang=fr&id=33
* Les Machins
https://www.facebook.com/lesmachinsducinema
Maryline LAURIN
Photos (c) M.Laurin