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O.Q.P : Un festival protéiforme par, pour et avec les habitants du quartier Belzunce

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A l’occasion de la conférence de presse du 19 septembre dernier, Yann Gilg, directeur et créateur de la Compagnie Mémoires Vives a présenté, en compagnie d’Yves Millo, coordinateur du projet du théâtre de l’œuvre, le festival OQP : ce dernier  aura lieu au théâtre de l’œuvre mais également au Polygone Etoilé, à la Compagnie et aux Variétés du 23 octobre au 4 novembre.

Pièces de théâtre, concerts de Rap, projections de documentaires, courts et longs métrages, scène ouverte ou encore pastiche d’émission de Télévision sont au menu de cet événement qui se veut à la fois populaire et festif, avec des surprises gastronomiques et artistiques en ouverture et clôture de la manifestation : citons la venue de la fanfare les Brass Coulées le 4 novembre.

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OQP vise à proposer des spectacles et créations construites avec les habitants et les jeunes c’est-à-dire des créations partagées, issues de projets de développement et promotion artistiques et culturels menés au sein des quartiers populaires afin de valoriser et diffuser ces productions la plupart du temps exclues du circuit culturel « classique », souvent considérées par les acteurs culturels avec « un regard paternaliste teinté de mépris » dans la mesure où ils n’estiment pas ces travaux artistiques comme des œuvres à part entière, notamment lorsqu’ils sont financés par la politique de la ville et non la Drac.

Le festival O.Q.P souhaite s’inscrire comme « un espace de parole et de diffusion des œuvres liées aux questions mémorielles, aux questions de discriminations, d’inégalités sociales, culturelles et territoriale » et propose «  des idées de réflexion, à des territoires et des populations qui au-delà de leurs difficultés sont de véritables bouillons de Culture, l’endroit des possibles, l’endroit des luttes sociales, des anciennes et des nouvelles solidarités, l’endroit des dialogues interculturels ». Est ici brandi comme un étendard l’idée que l’art est intrinsèquement lié aux questions économiques et sociales du territoire et les créations ici proposées témoignent de l’intelligence, de la richesse, de l’innovation artistique et politique des Quartiers Populaires et de leurs habitants.

L’implantation du festival au théâtre de l’œuvre, « sorte d’auberge espagnole du quartier » où se côtoient artistes, couturiers, chanteurs, cuisiniers, situé au cœur de Belzunce,  était « une évidence politique et historique au regard du projet mené par l’association La Paix en charge du lieu », précise Yann Gilg. Ce dernier travaillait auparavant avec l’Espace Culturel Busserine avant la venue du FN en Mairie du 13/14 et a fixé l’antenne départementale de sa compagnie dans le 3ème arrondissement de Marseille où sont organisés des cercles littéraires entre autres activités menées en faveur des jeunes du coin.

A l’occasion du festival OQP, la compagnie mémoires vives présentera Les raisons d’un retour au Pays Natal, une création savoureuse à l’issue interrogative qui met en scène deux jeunes acteurs interprétant des personnages hauts en couleur. Ils joueront en ouverture du festival le 23 à 20h puis le 24 à 14h30 et 20h, un temps fort à découvrir si vous ne l’avez encore jamais vu. Suivra la présentation des Greniers de l’Empire, la dernière-née de la compagnie dont Yann Gilg nous explique l’origine avec émotion puisqu’il s’agit de la rencontre de deux jeunes à la recherche de leur héritage, l’un en monnaie sonnante et trébuchante, l’autre en quête d’archives historiques. Deux récits poignants, deux visions du monde, deux personnages qui  se répondent (le 26 à 20h et 27 octobre à 14h30 et 20h). Yann insiste sur le fait que ses comédiens sont au départ comme lui-même autodidactes.

La pratique amateur sera par ailleurs à l’honneur avec la présentation de « l’Epopée de Belzunce », une création partagée avec les habitants du quartier qui questionne « leur pouvoir d’agir ». Une des participantes, Soraya présente le jour de la conférence de presse, précise tout le bénéfice de son implication dans ce projet : « c’est une décision personnelle que j’ai prise sans en référer à mon mari ou un frère de m’investir dans le théâtre et cela m’a permis de m’affirmer comme une femme à part entière et de gagner en liberté, de tisser des liens étroits et forts ici ». Chanter et danser en public lui étaient difficile, « ce n’est pas dans ma culture mais ici, il n’y a pas de religion et le théâtre permet de vivre par soi ». Parlant de l’Alcazar, « la Mecque de Marseille, c’est un fouloir de soie qui flotte au milieu d’un sac de patates »». Un témoignage poignant sur l’utilité de la pratique artistique et ce que l’art, qu’on le pratique ou non, peut offrir à tout un chacun, selon son histoire, son vécu, ses pratiques.

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C’est un plaidoyer pour l’art, la culture pour tous, que propose ainsi le festival OQP avec une programmation qui mêle professionnels et amateurs, citons ici la venue de la compagnie Manifeste Rien et sa célèbre  « Histoire Universelle de Marseille » (le 30 à 20h et 31 octobre à 14h30 et 20h) ou encore le travail de Carole Errante autour du regard des femmes. Le rap s’invite également au théâtre avec « Tirades de vandales » de Ladja et Ismael Métis le 1 er novembre à 20h entre autres propositions. Un festival à suivre dont le prix d’entrée est libre! Texte et photos DVDM

Infos pratiques !

http://theatre-oeuvre.com/festival-o-q-p-memoires-vives/

Encadré : Interview d’Yves Millo coordinateur du théâtre de l’œuvre sur le projet du théâtre et l’accueil du festival OQP

Rmt News Int • 16 octobre 2017


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