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Petit théâtre au bout du monde

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Mise en scène, scénographie et marionnettes Ezéquiel Garcia-Romeu

Dramaturgie et conseil artistique   Laurent Caillon

Avec Ezéquiel Garcia-Romeu / Issam Kadichi, en alternance

Son Samuel Sérandour/Costumes Cidalia da Costa et Myriana Stadjic

Peinture des décors Claudia Andréa Mella Diaz/Accessoires Sabrina Anastasio

Technique et mécanismes Thierry Hett et Frédéric Piraïno

Avec la participation du Hublot Diffusion Nadia Lacchin – Fabrication des ensembles scénographiques ateliers du TNN centre dramatique de Nice Dessins et peintures Ezéquiel Garcia-Romeu

 

Réalisé par Ézéquiel Garcia Romeu en collaboration avec le dramaturge Laurent Caillon, ce spectacle s’inscrit dans un processus de recherches, d’expérimentations et de réalisations qui donne naissance en 2015 au « Petit Théâtre du Bout du Monde ». Ce théâtre de marionnette évolutif ne cesse de se transformer depuis 2014 pour nous offrir aujourd’hui une performance réussie, présenté à la Criée jusqu’au 13 mai.

Petit théâtre du bout du monde ©Nathalie Sternalski

Petit théâtre du bout du monde ©Nathalie Sternalski

La scène se compose d’un castelet vitré, constitué de deux « pièces » remplies d’objets incongrus, de mécanismes et bien sûr de marionnettes de différents genres. Le public, installé sur des bancs à moins d’un mètre de la scène, et tout autour d’elle, prend part à l’espace scénique. Il interagit, est encouragé à se lever, marcher autour pour mieux voir et comprendre ce qui s’y passe. Un vélo d’appartement relié à la scène par des câbles électriques est placé entre deux bancs pour, qu’à l’appel du marionnettiste, un spectateur courageux vienne pédaler afin d’alimenter la scène en électricité.

Ce que nous montre ce spectacle, ce sont deux mondes superposés, celui d’en bas qui semble faire fonctionner celui d’en haut, qui l’administre et le fait vivre. Ce dernier, (est) rendu vivant grâce à l’aide de petites marionnettes. Ces dernières, à l’image d’un technicien, en réveillent des plus grandes comme on active un jouet mécanique. Ce microcosme d’en bas ressemble à une fabrique à mondes, et celui d’en haut donne l’impression de ne devoir sa vie et son bon fonctionnement qu’à celui qui le soutient.

Beaucoup de mystère autour de ce monde où le temps tourne à l’envers, sans pour autant que le spectacle ne soit teinté d’absurde. Le mot bizarre vient à l’esprit en regardant les marionnettes, leurs mouvements, leur apparence parfois monstrueuse mais l’étrangeté ne nous perd pas, on comprend qu’un processus est en marche.

Petit théâtre du bout du monde ©Nathalie Sternalski

Petit théâtre du bout du monde ©Nathalie Sternalski

La communication semble apparaître comme un élément important de ce spectacle ; non seulement, elle relie ces deux univers entre eux par l’intermédiaire des marionnettes opératrices, via des lettres et signaux envoyés, mais également, elle lie la scène au public, à notre monde. Pour cela, un téléphone crée le lien entre la scène et les spectateurs, sonnant à plusieurs reprises pendant la performance pour faire participer l’audience.

Je passe près du téléphone lorsqu’il sonne et me laisse prendre au jeu, je décroche et j’interagis. Je réponds aux requêtes du marionnettiste placé au milieu de l’installation tantôt allongé tantôt accroupi : à l’autre bout du fil, il me demande d’effectuer une série d’actions à l’intérieur et à l’extérieur de la pièce. Ce procédé est très intéressant, il permet au spectateur de s’approcher au plus près de cet univers. Il lui propose de mieux voir tous les objets et de se retrouver dans les coulisses de ce monde mystérieux : on pénètre alors dans cet univers pour en devenir nous-même acteur, manipulateur et complice.

 

Dans un rythme très lent, les marionnettes s’agitent dans tous les sens comme des matelots sur un navire en pleine houle. Ils remplissent chacun leur tour une mission, une tache à effectuer pour le bon fonctionnement du vaisseau qui ici, se trouve être un monde à part entière, tel une allégorie de notre réalité. Ces personnages inertes, rendus vivants par l’artiste sont comme les ingénieurs de ce monde, surplombé en permanence par un hélicoptère policier, digne de l’univers de Big Brother, qui filme, émet des sons, surveille. Peut-être pour nous faire réfléchir sur notre liberté et sur notre propre monde. En effet, ce dernier est-il si différent ?

 

Nous avons ainsi été agréablement surpris par la poésie de cette création qui peut fasciner les enfants et par la réflexion philosophique mise en œuvre qui peut séduire les adultes.

 Mossé David

photos ©Nathalie Sternalski

Infos pratiques : Représentation du 4 au 13 mai au théâtre national de La Criée, 30 Quai de Rive Neuve, 13007 Marseille/ Durée 1h/ à partir de 13 ans

Rmt News Int • 10 mai 2017


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